PRINCE OF BLOOD

Chapitre 1 : LA LAME DU DESTIN

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 14:08

Musique lascive, vampires décadents adeptes des jeux de rôle, des rires qui sonnaient faux au milieu du tintement de verres de la société de la nuit. C'était tout ce qu'il détestait ... N'importe où mais pas ici. Tous les "Kaname-sama" et autres faux semblants l'écoeuraient , mais il ne le montrait pas cependant . Tous ces parents qui se collaient à lui dans le seul but qu'il accorde ses faveurs à leurs filles, il ne pouvait plus les supporter. Donnant congé à ceux qui le suivaient partout comme leur ombre , il sortit prendre l'air sur le balcon. Eloigné de la foule, l'air embaumé de l'odeur du jasmin lui apporta un soupçon de paix.
"Ils sont tous pareils", se dit-il , "ces femmes qui m'admirent ne sont que des êtres vides et superficiels camouflés sous des traits flatteurs , tous les autres ne sont que des chiens affamés, seul mon sang les intéresse, mais la crainte les rend ridiculement soumis" .
Etre aussi entouré mais se sentir si seul, c'était là ce que à quoi il avait droit. Il se retourna pour les observer, ces vampires bouffons sans consistance. Une ombre passa devant ses yeux.
Son corps se raidit lorsque l'ombre stoppa sa marche et se tourna brusquement vers lui. Il lui sembla découvrir le monde pour la première fois à travers ces prunelles sombres qui le dévisageaient.
Qui était-il? se demanda t-elle . L'être magnifique la scrutait d'un regard si électrisant qu'elle en oublia presque où elle se trouvait. Elle se perdait, se perdait, se perdait encore, malgré les mètres qui les séparaient, elle pouvait sentir l'aura incroyable qui se dégageait de cet homme.
"Homme?" Elle sursauta. "Ce n'est pas un homme" se dit elle , "un vampire... cependant je n'ai jamais vu un vampire aussi..."

- Yui .

Une voix. Quelqu'un l'appelait.

- Yui!! fit la voix d'un ton sans appel . Elle sursauta.

Le regard furieux de son père la ramena sur terre.

- Arrête de révasser tu veux? J'ai des personnes à voir et... Huh!

Il s'arrêta net en apercevant l'homme qui se tenait sur le balcon et leur faisait face. Après quelques secondes, il fronça les sourcils et attrapa violemment le bras de sa fille pour l'attirer plus loin. Yui n'avait jamais vu son père se comporter de la sorte. Il connaissait cet homme, et pour une raison inconnue, il ne souhaitait pas s'y attarder.

L'ange disparut du champ de vision de Kaname. Cette femme était mortelle et l'homme qui l'accompagnait n'était autre que le Président du Conseil des chasseurs de vampires. Il soupira. Il n'avait jamais entendu parler d'elle auparavant. Ses longs cheveux bruns dansaient autour de son visage délicat, ses yeux formaient un lit d'étoiles merveilleuses et il avait pû y déceler une grande intelligence, sa peau légèrement rosée étincelait, il aurait souhaité la caresser du bout des doigts pour en savourer toute la douceur.
"Cest une mortelle, une humaine" se dit il alors, comme s'il se rappelait à l'ordre. Il se détourna, s'efforçant d'oublier cette apparition.

- Kaname, j'aimerais te présenter quelqu'un.

Il n'entendit pas Takuma qui était venu le chercher.

- Kaname? Takuma soupira. La terre appelle Kaname!

Kaname se retourna.Takuma souriait , amusé, mais il s'arrêta net en apercevant l'air plus froid qu'à l'accoutumée de son ami.

- Heu.... excuse moi... je ne voulais pas te déranger.

- C'est bon. Je te suis , puisqu'il le faut, répliqua t-il d'une voix blanche.

Yui s'ennuyait, son père ne faisait que saluer des gens, gens qui l'observaient avec une avidité qui la mettait mal à l'aise. Elle se savait pourtant en sécurité avec son père, rien ne pourrait lui arriver ici. Pourtant... elle était entourée de vampires, civilisés, de la haute société, mais vampires malgré tout. Les yeux perdus dans le fond de son verre, ses pensées revinrent encore vers lui. Il l'obsédait. Ces magnifiques cheveux bruns, ces yeux pénétrants, et cet aura... cette puissance qui se dégageait de lui. Soudain elle l'aperçut, son coeur s'arrêta. Il se tenait à quelques pas, discutant avec un homme sans âge. Elle ne put détacher ses yeux de lui, elle était plus proche à présent et pouvait presque sentir tout le magnétisme de son corps. Prenant subitement conscience qu'elle l'avait observé un temps qui aurait pû commencer à éveiller des soupçons, elle se détourna et s'éloigna rapidement .
"Il faut que je m'éloigne de lui" se dit elle, la gorge nouée, "pourquoi cet homme me fait-il cet effet?"

- Où allez-vous d'un pas si vigoureux très chère ?

Surprise, elle se retourna.

Le blond vampire aux yeux verts qui se tenait en face d'elle était grand , jeune, et affichait un sourire avenant. " Un vrai aristocrate avec un noeud papillon parfait " pensa t-elle , ironique.

- Votre père m'a accordé le privilège de danser avec vous, continua t-il de sa voix mielleuse.

"Il n'a pas pris la peine de me consulter" pensa t-elle . En d'autres circonstances, elle aurait parlé à voix haute, mais elle se retint, trop perturbée pour entrer dans une jouxte verbale.

- Faites donc, lâcha t-elle d'un ton pourtant trop sec. Le blond vampire eut un éclair de surprise , puis la prit par le bras et l'entraîna sur la piste de danse .

Ils entamèrent une valse entraînante .

- Vous appréciez cette soirée ma chère? lui susurra t-il à l'oreille.

- Oui, mentit elle , elle est très réussie. Elle ne put s'empêcher de le chercher du regard, mais il n'était plus là. Le coeur lourd, elle laissa échapper un soupir résigné.

- Pardonnez moi , mais j'ai pourtant l'impression que quelque chose vous trouble. Elle sursauta.

Il resserra son étreinte.

- Mais...j'ose espèrer que c'est ma présence qui vous met dans ce trouble. Je me sentirais honoré.

L'atmosphère avait changé, son ton avait changé. Un frisson d'effroi la parcourut lorsqu'il s'approcha plus près et vint respirer le creux de sa gorge. Pourtant, elle croyait qu'elle ne risquait rien en cet endroit. Oserait il la mordre ici?

- Monsieur... Pourriez-vous garder vos distances s'il vous plaît? fit elle d'une voix mal assurée, je ne tiens pas à faire honte à mon père, les rumeurs peuvent faire beaucoup de mal ...

- Ma chère enfant... souffla t-il , comment le pourrais-je? Vous êtes si... appétissante. Je pourrais vous entraîner loin de cette piste de danse et nous pourrions avoir un charmant tête à tête.

Son coeur s'affola. La peur s'empara définitivement d'elle. Il allait mettre ses menaces à éxécution, elle le sentait. Elle allait peut être mourir ce soir. Il commençait déjà à l'entraîner tout en continuant à danser. Fermant les yeux, elle avait déjà accepté son sort. Personne n'avait remarqué ce qui se passait, personne ne viendrait l'aider.

- Monsieur ?

Une main ferme se posa sur l'épaule du vampire qui arrêta net sa course.
Yui ouvrit les yeux. Il se tenait là , juste devant elle...
Son dangereux cavalier arborait à présent une mine terrorisée. Un seul regard de cet homme pouvait-il le tétaniser à ce point?

- Je pense que la danse est terminée, dit-il d'une voix si calme qu'elle n'en était que plus effrayante.

- Heu... heu ... Oui, bégaya l'autre . Je... je ne voulais pas... je voulais juste....

- Juste quoi? l'arrêta t-il . Juste satisfaire vos envies salaces ? Misérable vermine.

Yui vit les yeux de l'homme devenir d'un rouge incandescent . Il avait l'air d'un vampire, un vampire féroce, prêt à tuer... Le sang de la jeune femme se glaça. Le blond vampire, secoué de peur, prit la fuite si rapidement qu'elle ne le vit plus. Sans un mot, l'homme la prit par la taille et l'entraîna dans la danse. Au contact de ses mains, sa peau prit feu, une chaleur sans égale s'empara de son corps , et elle se demandait si il s'en était aperçu... Elle n'osait pas lever les yeux vers lui.

- Comment pourrais-je vous remercier? murmura t-elle.

- En me regardant lorsque vous me parlez, répondit-il d'un ton toujours aussi calme. Cependant sa voix chaude n'avait plus cette rage de quelques instants plus tôt.

Elle sursauta.

- Mon regard vous insupporte donc à ce point?

Insupporter? Comment cela pouvait-il être? Elle ne pouvait pas le regarder, simplement parce qu'elle ne pouvait soutenir ce regard de braise sans être consumée à son tour. Combien de temps resta t-elle ainsi? Cette danse avec cette créature divine était le paradis et un tel supplice à la fois. Elle ne sentait plus le sol, elle flottait , enivrée par son odeur boisée, le corps torturé par la sensation de ses mains qui la tenaient.
Elle rouvrit enfin les yeux , et laissa échapper un cri. Ils n'étaient plus sur la piste de danse. Ils se trouvaient sur le balcon où elle l'avait aperçu pour la première fois. Toute à ses sensations qui s'entremêlaient dans sa tête, elle ne s'était pas rendue compte qu'il l'avait entraînée ailleurs. Ils ne dansaient plus. Il était immobile devant elle , à l'une des extrémités du balcon, là où personne ne pouvait les voir. Elle frissonna lorsqu'elle sentit ses doigts sur son menton. Il lui releva la tête et l'obligea à le regarder. Faire face à ses yeux c'était courir à sa perte. Ses yeux qui étaient si pénétrants qu'ils semblaient sonder son âme. Le feu se propogea de nouveau.

- Est-ce que tu as peur? demanda t-il .

Kaname ne savait pas pourquoi il l'avait entraînée là. S'étant fait violence, il s'était juré de se tenir loin d'elle, car il savait où cela mènerait. Cependant... la voir dans les bras de ce vampire insignifiant lui avait fait oublier toute réserve. Après tout, elle n'était rien pour lui. Ce vampire l'aurait tuée, il n'avait pas à s'en mêler. Combien de mortels subissaient ce sort jour après jour? Elle n'aurait été qu'un nom de plus ajouté sur une liste déjà trop longue. Mais il n'avait pû se contenir et l'envie de meurtre qui s'était emparée de lui face à ce vampire avait atteint son paroxysme. A présent, il l'avait amenée là, loin des regards. Il était lui aussi un vampire, et l'odeur de cette mortelle était plus obsédante que tout ce qu'il avait humé jusque là. Il la voulait. Il voulait la goûter. Son parfum était un appel auquel nul vampire ne pouvait résister. Qu'allait-il faire d'elle ? Il était un vampire avec des instincts de vampire, il le savait, et à voir ses yeux effrayés, elle le savait aussi. Il parvint à se ressaisir.

- Pardonne moi , fit il en lui souriant avec douceur , je ne voulais pas t'effrayer.

- Effrayer? répondit-elle surprise.

- Oui, fit-il en libérant ses doigts de son menton. Je vois dans ton regard que tu as peur de moi.

Il s'éloigna jusque la rembarde du balcon et lui tourna le dos. Le costume noir qu'il portait épousait son corps à la perfection. Un vent léger vint flirter avec ses cheveux.
"Comment peut-il penser une telle chose?" se demanda t-elle , "il m'a sauvée, il est... il est ce que je désire , pourquoi serais-je effrayée?"

- Non! laissa t-elle échapper dans un cri . Surpris , il se retourna. Les rayons de la lune dansaient sur son visage d'albâtre.

- Heu... pardonnez-moi, fit-elle confuse, je voulais dire, non, je n'ai pas peur de vous.

- Pourquoi ça? demanda t-il.

Sa voix sensuelle faisait trembler chaque particule de son être. Elle s'appuya d'une main contre le mur pour ne pas défaillir.

- Je... je ne sais pas, avoua t-elle en baissant les yeux . Peut-être parce que vous m'avez sauvée d'une mort certaine ...

- Je vois, répondit-il .

- Et je dois dire... pour une raison que j'ignore, j'ai confiance en vous.

Elle releva la tête et soutint son regard.

Kaname l'observait . Il avait pensé que laisser quelques mètres de distance entre eux l'aurait aidé à se retenir. Mais il était vain de penser cela, une telle aberration était absurde. Lui, le vampire connu pour sa droiture, sa maîtrise de soi, l'être de la nuit le plus respecté, ne maîtrisait plus rien. Un seul regard de cette femme avait détruit tout ce qu'il avait érigé. Il était redevenu un homme, un homme affamé, un vampire assoiffé.
Sa gorge était à présent douloureusement sèche alors qu'elle le regardait, indécemment belle dans ce fourreau blanc qui moulait ses formes parfaites. Il fut près d'elle en un instant.

De ses bras puissants, il la plaqua contre le mur. Elle ne cria pas. Etait-ce un tort? Allait-il la mordre pour la tuer ensuite? Qu'importait la réponse, il lui était impossible de détacher son regard du sien. Elle était comme aspirée par ces prunelles redevenues rouge incandescent, happée par la soif de ce vampire, envoûtée par son parfum. Si la mort l'attendait , alors elle l'acceptait avec joie, être tuée par lui était un destin qu'elle embrassait, elle était prête.
Il respira longuement ses cheveux, son geste était empli de dévotion . Puis il la fixa de nouveau de ses yeux de fauve , et le moment béni arriva enfin. Ses lèvres prirent les siennes avec autorité alors que sa langue caressait la sienne avec une infinie douceur. Est-ce que le temps s'était arrêté? La musique avait-elle cessé? Elle n'entendait ni ne sentait rien d'autre que lui . Elle s'aggripa à son cou instinctivement et glissa ses doigts dans ses cheveux. Elle se sentait brûler de l'intérieur et fut prise de vertiges lorsqu'il lâcha ses lèvres et descendit plus bas....
Il ne pouvait plus se détacher d'elle , il savait que c'était mal. Mais que faire face à une telle chose? Il voulait explorer chaque centimètre de son corps, la posséder toute entière, cette passion qu'il n'avait jamais connue l'avait terrassé et terrassé toutes ses belles résolutions. Il enleva le haut de sa robe et découvrit sa poitrine offerte. Fou de désir il prit possession de ses seins déjà durs qui se durcirent encore plus sous la pression de sa bouche. Elle gémissait. Cela le rendait encore plus téméraire. Il sentait les mains de la jeune femme qui s'aggripaient avec violence à ses cheveux tandis que sa langue affamée se promenait sur sa poitrine. Il l'entraîna avec lui sur le sol. Il n'avait plus de barrières. Sa main glissa sous sa robe , remonta lentement le long de sa jambe et arriva entre ses cuisses. Il la regarda alors. Il garda son regard plongé dans le sien pendant que ses doigts exploraient habilement la partie la plus intime de son corps. Il la regardait, l'admirait, alors qu'elle gémissait sous ses caresses audacieuses. Cette femme était sienne à cet instant.

- Je veux être le seul qui ai le droit de te caresser ainsi... souffla t-il en faisant pénétrer ses doigts en elle .

Elle était à bout. Elle ne pouvait retenir ses gémissements de plaisir, était-ce mal? Elle se faisait caresser par cet inconnu sur ce balcon. Quelqu'un pouvait arriver à tout moment. Mais plus rien n'importait. Nulle place pour la honte , il n'y avait de place que pour lui.

- Oui, s'entendit elle lui répondre entre deux gémissements d'une voix qu'elle ne connaissait pas, je ne serai qu'à toi... juste à toi...

A ces mots, il redoubla la pression de ses doigts en elle. La sentir aussi pleine de désir, aussi humide, le rendait fou. Lorsqu'elle glissa sa main le long de son torse pour arriver plus bas, il émit un souffle rauque.
Elle voulait le sentir plus fort elle aussi, lui rendre les caresses qu'il lui offrait. Elle commençait déjà à défaire le bouton de son pantalon, c'en était trop pour lui . Il mit sa bouche près de sa gorge, sortit ses crocs, prêt à se nourrir d'elle, prêt à prendre ce qui pour lui était un supplice, maintenant plus que jamais: son sang.

Il se raidit . "Que diable suis-je en train de faire?" se demanda t-il soudain, "je vais la tuer si je fais ça, je n'ai pas le droit, je ne veux pas!" .
Il s'écarta d'elle. Retirant ses doigts, il l'arrêta de sorte qu'elle n'aille pas plus loin.

Pourquoi arrêtait-il? Elle ne comprit pas la raison de ce revirement soudain. Le désir la tiraillait de toutes parts, elle ne voulait pas que ça s'arrête. Alors qu'il remontait les bretelles de sa robe, très doucement, comme s'il avait peur de la blesser, elle ne put retenir une larme. Il eut un mouvement de surprise.

- Pourquoi pleures tu? lui demanda t-il , un brin d'inquiètude perçait dans sa voix.

- Je ... Pardon... Je ... , balbutia t-elle.

Elle avait l'air si désemparée, ça le tuait de la voir ainsi. Il la prit tendrement dans ses bras et la tint enlacée pendant de longues minutes.

- Je te demande pardon, murmura t-il. Je n'aurais jamais dû faire ce que j'ai fait. C'est impardonnable.

Elle fut transpercée de lames douloureuses. Ces instants magiques, intenses, qu'ils venaient de partager, tout cela était une erreur? Pourquoi s'excusait-il?

- Je n'ai que faire de ton pardon, répondit elle . Il la regarda, hébété, il ne s'attendait visiblement pas à cette réponse.

- Ces moments n'ont été rien pour toi, n'est-ce pas? Tu me fais ressentir ce que jamais je n'ai ressenti auparavant, et tu t'excuses? Je ne suis pas assez bien c'est ça? Je sais bien que je ne suis rien, une simple humaine, insignifiante à côté de toi , mais... j'avais espéré avoir droit à autre chose qu'à des excuses.

Elle baissa les yeux, résignée. Il dessina le contour de ses lèvres avec son doigt.

- N'as tu donc rien remarqué?

Elle releva la tête.

- Hein?

Il sourit.

- Tu n'as rien remarqué , conclut il . J'ai failli te tuer .

Elle se raidit, resta sans voix.

- Oui, continua t-il tout en la relevant du sol, j'ai failli te mordre, ce qui pour toi, aurait été synonyme de mort. Je t'aurais vidée de ton sang, ou si tu avais eu le malheur de survivre, tu serais devenue un vampire. Ne penses tu pas à présent que j'ai des raisons de m'excuser?
Il soupira.
- Comprends bien cela, je suis une bête. Ton odeur, ton corps, ta bouche, tes yeux, tout ton être m'a rendu fou. Je ne pourrais pas me le pardonner. Je te promets que je me tiendrai à distance respectable de toi, je ne te verrai plus, je ne veux plus risquer de commettre un crime.
Il prit son visage entre ses mains.
- Surtout à toi... murmura t-il avec tendresse.
Son regard était à présent empreint de tristesse.

Sous le choc, elle ne sut d'abord comment réagir. Il s'éloignait déjà.

- Attends! Il s'arrêta sans se retouner.

- Ne me laisse pas, lâcha t-elle d'une voix tremblante.

Un long silence s'installa.
"Que devrais-je lui répondre?" se demandait-il , "je ne peux pas me retourner, j'aurais envie de la serrer fort dans mes bras pour ne plus jamais la laisser partir, je n'en ai pas le droit".

- Je suis désolé, répliqua t-il d'une voix séche, une voix si sèche qu'elle sentit son coeur se briser. Je ne peux pas. En vérité, nous n'avons rien à faire ensemble.

La terre s'écroula. Elle savait qu'ils n'étaient pas du même monde. Mais l'entendre le dire de cette façon était plus douloureux que la mort. Qu'avait-elle donc espèré? Que cet être magnifique hors du temps pouvait s'intéresser à elle ? Il pouvait avoir toutes les femmes qu'il désirait, des femmes vampires, de superbes créatures à côté desquelles elle faisait pâle figure. Parfois la réalité nous rattrape avec une cruauté sans nom, entachant nos rêves pour finir par les briser en miettes.

- Dis ... dis moi au moins ton nom, fit-elle d'une voix à peine audible. Je m'appelle Yui, Yui Tsuruga.

- Je suis Kaname Kuran.

Il partit.

Son absence emplit son coeur. Sa poitrine était si lourde qu'elle s'appuya contre le mur pour tenter de retrouver une respiration normale. Des larmes roulaient sur ses joues, les lames acérées continuaient à lui transpercer le corps et le coeur sans ménagement et lui arrachaient des sanglots convulsifs. C'est ainsi que son père la trouva. Sans lui poser de questions, il l'emmena et ils quittèrent la réception.

Kaname la vit s'en aller aux bras de son père. Il ne put s'empêcher de les fixer jusqu'à ce qu'ils disparurent complètement de son champ de vision.

- Kaname?

Il se retourna vers Takuma.

- Ce sont les Tsuruga qui sont partis à l'instant?

- Oui, Taka Tsuruga et sa fille.

Takuma fut surpris par la tristesse qui perçait de sa voix mais n'en laissa rien paraître.

- Quand je pense qu'ils étaient les seuls humains à cette soirée, continua son ami, je suis surpris qu'aucun vampire n'ait tenté quoique ce soit contre sa fille. Elle est très belle, ne trouves tu pas ?

- Je n'ai que faire des humains Takuma, et cette femme est quelconque, rétorqua t-il avec rudesse.

Il s'éloigna.

- Hé Kaname! Attends!

Il ne l'entendit pas .

"Pardonne moi Yui... Ma princesse..."
 

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