Le premier humain tombé
Chapitre 10 : La fin d'une chose et le début d'une autre
2315 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 29/05/2017 20:53
Asriel et Chara se retournèrent, et ce dernier pâlit. Maxime, un de ses bourreaux, se tenait derrière Asriel, tremblant de la tête aux pieds. Laura se recroquevilla derrière le monstre.
Maxime ne disait rien. Ses lèvres étaient pincées ; il avait l'air de chercher une réaction crédible à la situation à laquelle il faisait face. Chara pensa à deux choses : il était en train de voir son cadavre pâle, les yeux grands ouverts, portant un pyjama à bas bleu et à haut bleu avec des rayures mauves. Il avait nettement grandi en un an, se dit-il. Dommage qu'il ne grandirait plus jamais.
Le premier réflexe de l'humain décédé suite à ces pensées fut de tuer ce (censuré) qui l'avait persécuté. Il s'apprêtait à lever la main et lui balancer des éclairs lorsque l'enfant hurla, un cri plaintif, strident.
Aussitôt, les portes, les fenêtres des habitations s'ouvrirent, et des humains se rassemblèrent. Ils s'étaient armés de couteaux, de râteaux, de scies, etc. Leurs regards se posèrent d'abord sur la fusion de l'humain et du monstre, tandis que ce dernier tremblait de peur. Puis les centaines de paires d'yeux croisèrent le cadavre de Chara qu'Asriel tenait dans ses bras, et enfin Laura qui s'accrochait à la toge de ce dernier.
Un silence s'installa.
Tue-les, ordonna Chara d'une voix froide à Asriel. Fais-les tous payer pour tout ce qu'ils nous ont fait.
Asriel allait s'exécuter et balancer un éclair meurtrier quand sa conscience reprit le dessus.
Ne les tue pas. Cela pourrait déclencher une nouvelle guerre, plus sanglante encore que la précédente.
Non ! rétorqua Chara, brûlant de rage. Souviens-toi de papa et maman, leur détresse et celle du royaume. Tu dois les venger.
Avant qu'Asriel ait eu le temps de faire quoi que ce soit, un des humains présents s'avança rapidement vers lui et lui donna un coup de hache, que le monstre évita de justesse.
"Tu a tué cet enfant, et tu vas en capturer un autre ! Ça, c'est ce que tu voudrais faire, sale monstre, mais on te tuera avant ! gronda l'humain téméraire.
— Non, je ne vous veux aucun mal..."
Asriel, mais qu'est-ce que tu fais ? s'énerva Chara, qui commençait à paniquer. Tu ne te souviens pas ? On doit tuer six humains ! C'est pour ça qu'on est là !!
Je ne peux pas les tuer... Ça m'est impossible...
Une pluie de coups s'abattit alors sur le monstre qui ne chercha pas à riposter. Il se contenta de reculer malgré les cris de Chara qui faisait tout pour reprendre le contrôle.
"Laura... Écarte-toi... C'est... dangereux..."
L'humaine obéit immédiatement effarée. Chara regretta alors de l'avoir emmenée. Il n'avait pas pensé aux conséquences de ses actes avant de manger les fleurs dorées. Il ressentait toute la douleur et la résignation de son meilleur ami, bien qu'il ne partageait pas ce dernier sentiment. Sa haine envers l'humanité avait décuplé, au contraire. Ils étaient sur le point de tuer son meilleur ami et de rendre malheureuse sa précieuse petite soeur. Ce sentiment était d'autant plus renforcé que Chara était impuissant. Asriel avait repris le contrôle de son corps et était décidé à le garder.
Asriel se faisait frapper de tous côtés. Du sang coulait de ses plaies peu nombreuses mais profondes, un de ses yeux avaient été crevé, et il avait entendu un craquement inquiétant venant d'une de ses jambes si ce n'était les deux. Un râteau lui frôla la joue : il n'avait qu'une envie, se défendre t'émeut montrer sa véritable puissance, mais cela ne ferait que renforcer la menace imminente. Sa fin serait proche, mais avant cela il tenait à revoir ses parents. Une larme perla au coin de son oeil valide lorsqu'il vit leurs visages si euphoriques dans son esprit. Il se redressa, et alors qu'un humain dans son dos avait lui porter un coup à l'aide d'un couteau de cuisine qui lui aurait sûrement été fatal, Laura se précipita et s'agrippa à son dos, le faisant tomber en arrière.
"Laissez-le ! Il n'a rien fait de mal !
— Alors tu vas nous expliquer gentiment ce que tu fais avec lui, et ce qu'il faisait avec un cadavre dans les bras, gamine, rétorqua un homme d'une trentaine d'années environ."
Laura se tu. Elle ne pouvait pas expliquer à une foule en délire tout ce que les élèves de l'internat de son frère et du sien leur avaient fait subir, et elle était trop faible. Chara voulait lui hurler de s'enfuir, mais elle s'interposa entre la foule et le monstre. Asriel se leva péniblement et reprit le corps de Chara dans ses bras.
"Hé ! Mais où...
— Laissez-le, trancha Laura. Sur ces mots, elle arracha le couteau des mains de l'homme et se passa la lame sur la gorge. Si vous tentez quoi que ce soit, je me tue.
-Parce que tu penses en avoir le courage ? Regarde-toi, ma fille. Si jeune, si fragile. Ne risque pas ta vie pour sauver quelqu'un qui n'en vaut pas la peine," lui dit un vieillard d'une voix faussement bienveillante.
Le cœur de Laura fit un bon, et elle appuya la lame sur sa gorge. Une légère blessure se forma, et elle fit signe au monstre de partir.
Asriel la remercia d'un simple signe de tête, n'ayant plus la force de parler ou de l'empêcher de commettre des bêtises pareilles. Il se téléporta à la barrière grâce au peu d'énergie qui lui restait sous les yeux larmoyants de l'humain qui lâcha l'arme et se laissa tomber à genoux. La foule se dispersa, et des murmures se firent entendre.
"Allez viens petite chose, lui dit une femme qui lui tendait la main. Tout va bien se passer maintenant, d'accord ?"
L'enfant la fusilla du regard. Cette humaine n'avait pas le regard si aimant et maternel que posait Toriel sur n'importe quel enfant qu'elle croisait, humain ou monstre. Jamais elle ne reverrait une femme avec autant d'amour à partager. Elle accepta à contrecoeur et se remit sur ses pieds, suivant la femme tête basse. De toute façon, elle devait soigner sa coupure. Elle jeta un coup d'œil par dessus son épaule et eut le temps de voir Asriel traverser la barrière tan bien que mal.
Asriel traversa la barrière, titubant. Il eut assez de forces pour atteindre le jardin, où ses parents discutaient avec le capitaine de la garde royale, mais arrivé là il s'effondra, éreinté. Ses blessures saignaient abondamment et ses jambes s'étaient engourdies. Son œil détruit le brûlait de l'intérieur. Les deux chèvres se retournèrent après avoir congédié le capitaine, et leurs yeux s'écarquillèrent. L'âme d'Asriel était apparue devant lui, rouge. Le corps de Chara était étendue à ses genoux, leur fils biologique était mortellement blessé. Toriel et Asgore accoururent vers lui.
"Mon enfant !
— Mon fils, que t'est-il arrivé ?!
— Maman... Pa... p..."
Son corps commençait à fondre dangereusement. La reine serra Asriel dans ses bras, pleurant toutes les larmes de son corps.
"Je suis là, mon enfant. Nous sommes... Tous là pour toi... Tu m'entends ?"
Le jeune prince voulut les serrer à son tour, mais il ne sentait plus rien. Il voyait son âme fusionnée fondre et il ne sentait plus la présence de son meilleur ami.
Asgore se joignit à l'étreinte générale, mais alors que le corps d'Asriel fondait de plus en plus, il se transforma en poussière sous leurs yeux impuissants. Les deux parents ne tenaient plus que de la poudre blanche qui leur filait entre les doigts.
Le roi sécha rapidement ses larmes, secouant la tête pour reprendre ses esprits et déclara d'une voix qui trahissait sa perte :
"Dorénavant, les humains qui tomberont ici seront tous tués... Et leurs âmes seront utilisées pour briser la barrière."
Toriel s'étouffa dans ses sanglots et se releva. Les ordres de son mari l'avaient profondément choquée.
"Quoi ?! Asgore, je ne suis pas d'accord, je demande pourquoi !
— Les humains nous ont pris nos enfants ! Tu souhaites peut-être que cela se reproduise ?!"
Les pleurs des monstres avaient recommencés, et même redoublés d'intensité. Tous deux commençaient à perdre leur sang-froid.
" Tu ne peux pas voir tes propres erreurs malgré ton grand chagrin ! Tuer ces humains ne fera qu'empirer les choses !
— Parce que tu crois qu'on avancera en ne faisant rien ?"
Toriel recula et toisa son mari d'un regard qui n'était pas familier chez elle. Le ton qu'elle employa ensuite ne fit que la rendre plus imposante.
"Je trouverai les humains qui tomberont ici. Je les protégerai de toi, et je les élèverai en me rappelant de mes si chers enfants."
Sur ces paroles pleines de haines, elle jeta sa couronne sur le sol, reprit le corps de son enfant et s'enfuit du jardin.
"TORI !!! TORI !!"
Elle ne répondit pas aux appels de son désormais ex-mari, qui tomba à genoux et ramassa la poussière de son fils bien-aimé, pleurant amèrement sans que personne ne vienne le déranger. Le roi avait l'impression que le malheur s'abattait sur lui sans pitié. Il ne voulait pas se disputer avec sa femme, mais c'était trop tard. Il avait perdu toute sa famille en une seule nuit.
La peine de Toriel était incomparable. L'idée de tuer la répugnait au plus au point, et elle ne pensait pas Asgore être capable de commettre un meurtre de sang-froid. Elle partit se réfugier dans les Ruines, et plus personne ne la revit.
Une semaine s'écoula tristement. Le royaume tout entier s'était habillé de noir pour le deuil des princes morts. Asgore n'était plus que l'ombre de lui-même. Il ne mangeait plus, ne parlait plus, ne riait non ne souriait plus. Pour lui, sa vie n'avait plus aucun sens : quel espoir funeste que des humains tombent dan l'Underground ?
Le lendemain alors qu'Asgore arrosait ses fleurs, un petit cri attira son attention.
"Papa ? Maman ?"
Le roi fit tomber son arrosoir et se précipita vers une fleur qui avait des yeux et une bouche et qui appelait à l'aide. Il n'en croyait pas ses yeux, d'autant que la voix de la fleur qui paraissait familière. Pour la première fois depuis une semaine, son regard s'eclaira.
"Papa ? Tu me reconnais ? C'est moi, Asriel !"
Asgore se laissa tomber aux côtés de la fleur. Celle-ci pleurait amèrement, mais le roi était intérieurement fou de joie. Un de ses enfants était vivant ! Sous la forme d'une fleur, mais vivant !
"Asriel, mon fils !! Que je suis heureux de te voir !
— Papa, que s'est-il passé ici ? Quelque chose a l'air différent de d'habitude...
— Rien n'a changé, mon petit."
Asgore passa de longs moments en compagnie d'Asriel. Il lui lit des histoires, lui expliqua tous les événements récents du royaume. Celui-ci cependant semblait toujours blasé et perdu dans ses pensées, jusqu'à ce qu'il lui pose une question... étrange.
"Papa, tu m'aimes toujours ?
— Bien sûr Asriel, répondit le roi, étonné. Je t'aime, et rien ne pourra changer cela.
-Oh... Ok."
Le lendemain, Asgore retourna voir son fils dans le jardin, un livre à la main et chantonnant gaiement jusqu'à ce que ses yeux se posent dans le jardin.
La fleur était partie.
Des années passèrent depuis ce jour. Chara avait passé son temps à observer la vie des monstres sans lui. Il avait fallu au peuple un an pour se remettre du drame, mais aujourd'hui ils étaient plus heureux. Papyrus et Sans avaient bien grandi tous les deux, la petite Undyne était devenue capitaine de la garde royale et entraînait Papyrus, Alphys était devenue la Scientifique Royale d'Asgore, Mettaton était la star de l'Underground. Toriel vivait recluse dans les Ruines et avait enterré le corps de Chara sous un tapis de fleurs dorées.
Et six autres humains étaient tombés après lui. Ils avaient tous été tues par Asgore et leurs âmes avaient été collectées : gentillesse, bravoure, patience, persévérance, justice et intégrité. Il ne manquait plus qu'une seule âme avant de pouvoir détruire la barrière. Cependant, ces derniers détails importaient peu à Chara, qui se préoccupait d'autre chose depuis sa mort.
Poursuoi notre plan n'a pas fonctionné ? Est ce ma faute ? Celle d'Asriel ? M'aurait il trahi en refusant de les tuer ?
Ces questions tournaient sans cesse dans sa tête en boucle. Il ne savait pas à qui il devait en vouloir, et cela le frustrait plus qu'autre chose.
Alors qu'il était assis sur sa tombe, une sensation étrange se fit sentir. Il sentait la détermination renaître en lui, le nourrir.
Je ne veux pas mourir...
Chara vit alors son propre corps sortir de sous terre, et se redresser lentement. Ses yeux et sa bouche étaient restés clos, sa peau s'était jaunie avec le temps, ses cheveux étaient devenus plus foncés et il portait toujours son pyjama. Un cadavre animé. Littéralement.
Chara regarda la couleur de son... âme ?! Rouge. Le garçon se sentait vraiment étrange. Il sentait presque les fleurs dorées sous lui, il ressentait une grande confusion.
L'enfant se leva. C'était incroyable. Chara sentait vaguement la terre sous ses pieds, la détermination de l'enfant.
HEY !!!
Vous vous y attendiez pas à celle-là, hein ?
Bon, mon projet se met en place. Ces dix premiers chapitres servaient plus d'introduction qu'autre chose, et c'est à partir du prochain chapitre que les choses sérieuses vont commencer. Et ne vous en faites pas, tout n'est pas perdu pour notre cher Chara ...