Le premier humain tombé

Chapitre 7 : Laura Dreemurr

2579 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/05/2017 17:01

"Laura, reprit Chara, que fais-tu ici ?"

        Il n'eut aucune réponse. La fillette regardait dans le vague, ses yeux amande semblaient morts. Chara frissonna en songeant que quelques fois dans sa vie, ses yeux rouges avaient eu la même expression vide. Puis, une puissante rage monta en lui. Cela faisait un an qu'il n'avait pas vu un humain, un être vivant descendant de cette race méprisable qui l'avait opprimé, lui avait rendu la vie pareil à un enfer sans issue.

        Laura tomba par terre, une poupée de chiffon sans force. Chara resta là sans bouger, lorsqu'Ariel surgit et se précipita vers l'humaine.   

        "Hé, ho, ça va ? Tu m'entends ? Chara, aide-moi, on doit la sauver !

        — Pourquoi faire ? demanda l'intéressé d'une voix dénudée d'émotion. Ce n'est pas notre problème.

        — Qu'est-ce qui te serait arrivé si je ne t'avais pas secouru ? rétorqua Asriel d'une voix forte, ce qui était inhabituel de sa part. Allez viens, on va la porter."

        Chara soupira, et prit un bras de sa petite soeur. À ce contact, il sentit son sang se glacer d'effroi : elle n'avait que la peau sur les os et elle était glacée. Chara prit son bras par-dessus son épaule tandis qu'Asriel prenait l'autre bras, et tous trois rentrèrent au château.

        Toriel poussa un petit cri en constatant l'état de Laura, et Asgore la porta immédiatement, libérant les deux enfants de leur fardeau. Chara s'affala sur sa chaise, épuisé, tandis que les parents amenaient la blessée sur l canapé, l'allongeant confortablement ; Toriel banda ses plaies, et Chara la regarda faire, choqué. Sa petite soeur était blême, ses mains et ses pieds pleins d'engelures. Ses joues s'étaient encore creusées, on percevait nettement ses os sous sa peau. Elle était couverte d'égratignures, et quelques coupures et bleus çà et là ; ses lèvres étaient craquelées, gercées. Elle dégageait une aura malade ; si personne ne l'avait trouvée, elle serait morte à coup sûr.

        Elle se réveilla dans l'après-midi, en état de choc devant tout ce qu'elle voyait. Asgore lui apporta une chemise blanche avec des lacets dans le dos qu'elle peina à enfiler. Asriel restait côté d'elle, l'aidant à boire, à manger. Sa faiblesse était incomparable.

Chara ne la quittait pas des yeux. Finalement, alors qu'elle se reposait dans leur chambre, Chara vint lui parler, tentant de calmer sa rage intérieure.

        "Qu'est-ce qui t'es arrivé ?"

        Elle ne répondit pas tout de suite? le garçon lui donna un coup de coude aussi mesuré qu'il put et elle sembla sortir d'un songe.

        "Comment es-tu tombée, Laura ?"

L'intéressée leva les yeux vers lui, et posa sa tête sur son épaule ; Chara réprima une forte envie de la pousser.  

        "Papa et maman sont partis à ma recherche. Toute la ville a appris ta disparition, et les journalistes ont annoncé ton soi-disant décès. Papa et maman sont venus ici avec la police, et ils m'ont trouvée. Je ne voulais pas partir avec eux, j'avais peur de redevenir un fantôme aux yeux de tous. J'ai reculé, j'ai glissé, je suis tombée."

        Chara soupira, nostalgique.     

        "Tu es toujours aussi maladroite..."     

        Laura sursauta à la fin de sa phrase. Ses yeux verts croisèrent ceux, rouges de Chara et son regard s'illumina. Elle avait ainsi retrouvé un aspect vivace.

        "Chara, c'est toi ! Oh que je suis contente de te voir !

        — Tu n'avais pas remarqué ?

        — ...

        — C'est rien , c'est rien ! s'empressa d'ajouter l'enfant en constatant la mine confuse de sa soeur. Moi aussi je suis content de..."

        Il ne termina jamais sa phrase. Laura pencha la tête en avant, l'air soucieux.

        Lors du repas, Laura se montra plus active, papotant comme jamais. Chara, lui, restait silencieux. Il remuait des pensées bien sombres. Sans elle, je n'aurais jamais rencontré les Dreemurr, c'est vrai. Mais sans elle, je ne me serais jamais battu.

Sans elle, je n'aurais jamais été persécuté.

Finalement, il déclara d'une voix claire qui fit sursauter tout le monde :

"Asriel, si on faisait un gâteau ?"

Des regards étonnés se posèrent sur l'humain, qui affichait un petit sourire satisfait.

"Excellente idée, Chara ! répondit Toriel, ravie. Pourquoi n'en feriez-vous pas un pour votre père ?

— Génial ! On le fera demain, hein Chara ?

— Sûr ! Tu veux venir avec nous Laura ?

— Je veux bien, dit-elle timidement d'une voix encore faiblarde malgré les bavardages qu'elle avait fait il y a peu.

— Ok ! J'irai voir si vous avez bien les ingrédients qu'il faut ! déclara Asgore. Je suis sûr que ce gâteau sera incroyable !"`

Chara sourit encore plus. Cette idée lui permettait de se changer les idées et de renouer les liens avec sa soeur, et avec un maximum de chance, renouer avec l'humanité... ?

Non, cette dernière partie était impossible. l'humanité l'avait transformé, et jamais il ne pourrait pardonner sa tentative de suicide.

Cependant, l'idée de renouer avec Laura lui plaisait bien , et c'est sereinement qu'il se glissa dans son lit ce soir-là.

Il avait douze ans.


Le lendemain, les trois enfants commencèrent le gâteau. Asriel mettait les ingrédients, Laura lisait la recette et Chara faisait le reste. Laura était encore fatiguée et Asriel avait insisté pour plus participer, mais Chara lui avait expliqué que s'il faisait trop de choses, ça risquait de mal tourner et à sa grande surprise, le petit monstre avait hoché la tête, compréhensif.

Tout se passait bien lorsque Laura expliqua qu'il fallait mettre des coupes de beurre. Asriel ouvrit le frigo...

"Il n'y a pas assez de beurre pour le gâteau ! fit-il, dépité en sortant ce qui restait du beurre. Qu'est-ce qu'on fait ?

— Il faudrait trouver un substitut, fit Chara en réfléchissant. En même temps, on pourrait y mettre quelque chose d'original !

— J'ai trouvé ! dit Laura. Et si on mettait des fleurs dorées ? Ça donnera un bon goût, j'en mangeais parfois à la surface ! Ça fera l'affaire !"

Chara fit une grimace en se rappelant l'état dans lequel était sa soeur lorsqu'il l'avait trouvée, agonisante.

— Tu es sûre Laura ? demanda Chara, peu convaincu. Tu te rappelles ? Tu es encore malade, je te signale. Ce n'est pas une bonne idée.

        — Allez Chara ! insista Asriel. Ça va, c'est des fleurs ! Qu'est-ce qui pourrait se passer ? Ils ne vont pas êtres malades, quad même !"

        Chara se leva à contrecoeur et suivit le monstre qui se dirigeait déjà vers le jardin de son papa qui était garni de fleurs dorées. Asriel en cueillit toute une poignée et les tendit à son ami. Ses joues roses et sa figure enfantine contribuaient à rendre ce visage enfantin.

        "Il y en a assez je crois.

        — Moi aussi. Mais je suis sceptique.

        — On verra bien."

        Ils retournèrent à la cuisine où Laura les attendait. Toriel lisait un livre dans son salon, et elle semblait tellement absorbée dedans qu'elle n'adressa pas la parole aux deux enfants qui sortaient et rentraient avec des fleurs plein les mains.   

        Asriel tout sourire les fourra toutes sans ménagement dans le saladier avec la farine, le lait et le sucre.

        "Mettez les oeufs et utilisez le batteur à oeufs..."

        Asriel réussit à les casser sans mettre la coquille et Chara se saisit du batteur à oeufs, dont il se servait d'une main habile.

        "La levure ensuite... et mélangez un peu jusqu'à obtenir une belle pâte."

        Asriel et Laura contemplèrent l'enfant qui touillait comme pas permis avec ses petites mains. Finalement Laura se leva avec difficulté de sa chaise et malgré sa marche bancale, voulut aider son frère. Elle tomba au sol et Chara regarda sa petite soeur, attendri.


        "C'est prêt !"

        Les trois enfants étaient impatients de voir leurs parents goûter à ce gâteau. Chara avait oublié les fleurs incorporées dedans et était aussi joyeux que sa soeur et son frère adoptif.

        "Magnifique ! Ce gâteau a une allure splendide !

        — Permets-moi de goûter en premier ma chérie, je ne tiens plus en place !"

        Asgore se servit une part généreuse et mordit dedans à pleines dents. Il mâcha un peu : son visage exprimait tout d'abord l'euphorie celui ravit les jeune bambins, mais cette expression se décomposa. et le roi tomba à terre, se tenant le ventre.      

        "Papa ! papa, qu'est-ce qui t'arrive ?"

        Chara se précipita vers lui, aux côtés d'Asriel. la panique l'envahissait peu à peu, il sentait une sueur froide couler le long de son dos. Asgore ne répondit pas : il s'étouffait, était secoué de violents spasmes. Toriel arriva à son secours et demanda aux enfants :

        "Vous avez bien mis les ingrédients qu'il fallait dans cette recette n'est-ce pas ?

        — Heu... On a mis des fleurs dorées, fit Asriel, baissant la tête. Il n'y avait plus de beurre."

        L'inquiétude de Toriel laissa la place à une colère monstrueuse.

        " Quoi ?! Les fleurs dorées sont réputées pour contenir un poison mortel ! Quelle quantité avez-vous mis ?

        — Juste une poignée."

        La chèvre sembla se calmer un peu, les traits de son visage se détendirent.

        "Dieu merci, ce n'est pas assez pour le tuer. Chara, appelle le Dr Gaster."

        L'enfant s'exécuta immédiatement.

        

        Une heure plus tard, le roi monstre était allongé dans son lit, dormant aussi paisiblement qu'il le pouvait. Laura et Gaster restaient à son chevet et Chara et Asriel restèrent dans les ruines, un endroit calme et tranquille. Gaster avait immédiatement pris la température du roi et avait annoncé un état critique, mais néanmoins variable.

        Chara tripotait langoureusement le collier qu'Asriel lui avait offert la veille. Il laissait ses souvenirs se déferler en lui, une vague d'émotions différentes e semblables. Il regarda le trou où il était tombé. C'est en se jetant dedans qu'il avait choisi son destin.

        Petit à petit, ses pensées se tournèrent vers les monstres. Ils n'avaient jamais connu la surface pour la plupart, et Chara souhaitait qu'ils la découvrent. Qu'une nouvelle guerre entre les humains et les monstres éclate. Que ces derniers la remportent. Qu'ils soient libres et heureux, comme il l'avait été pendant les premières années de sa vie.

"Asriel ?

— Mmh ?

— Ça te dirait d'être libre ?

— ... Comment ça, libre ?

— À ton avis ? À la surface, crétin !

— Quoi ?! Pourquoi tu me demandes ça ?"

Asriel perdait son calme. Voir la surface, c'était comme devenir humain : c'était pour lui un rêve impossible à atteindre, et il n'y pensait pas trop. Mais là...

"Je vais trouver une idée Asriel. Pour libérer tous les monstres. Tu vas voir.

— Chara ne dis pas ça. Je sais même pas si je dois te prendre au sérieux.

— Tu devrais. Je suis très sérieux Asriel.

— ...

— Allez souris ! Tu seras bientôt libre !

— J'espère que tu n'y arriveras pas Chara."

Sur ces mots, l'enfant sauta sur ses pieds et rejoignit Laura au chevet de son père aussi vite qu'il put, et dont l'état risquait de basculer à tout moment.

Chara décida de rentrer à la maison lui aussi quelques minutes plus tard. Il savait qu'il fallait l'âme d'un humain et d'un monstre pour passer la barrière. Donc un monstre devait prendre son âme. Mais comment ?

Alors quel traversait le jardin nonchalamment, son regard en braise glissa vers les fleurs dorées. Si la quantité qu'Asgore avait ingéré n'avait pas suffi à le tuer, Chara n'avait qu'à augmenter la dose.

Un sourire aux lèvres, il commença à cueillir les fleurs quand il sentit la pression d'un regard qui s'était posé sur lui. Il se retourna, et vit Laura qui s'agrippait au mur pour ne pas tomber, les membres tremblants, sa tête penchant sur le côté. Elle était loin d'être remise en une journée.

Chara laissa tomber sa cueillette au sol et retourna dans sa chambre sans aider sa petite soeur qui tremblait toujours. Pensif, il s'allongea sur le lit. Finalement, heureusement que Laura était arrivée, car l'idée de mourir le séduisait beaucoup moins que la première fois. S'il se plantait dans la dose, ce ne serait pas joyeux. L'effet des fleurs dorées était horrible : saignement du nez, migraine, nausées sanguinolentes, diarrhée, etc (C'EST PAS ÇA DANS LA VRAIE VIE MAIS BALEK).

Dois-je vivre avec ma famille ou mourir pour les rendre heureux ?


YOLO !!!!!!!!!

J'espère VRAIMENT que mon histoire vous plait (plus de 200 vues c'est pas rien quand même merci ;p) et oui j'ai ralenti dans la sortie des chapitres, mais ils prennent de plus en plus de temps à écrire parce que j'adore ça !

N'hésitez pas à me laisser vos impressions en commentaires ça fait plaisir, et à plus ! XD



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