Le premier humain tombé
Chara s'efforça de ne regarder personne lorsqu'il traversa le couloir menant au self, serrant son sac de toutes ses forces. Il baissait les yeux et faisait de son mieux pour ignorer les rires des étudiants lorsque ceux-ci le pointèrent du doigt. Un colosse se planta alors devant lui, un jeune homme aux épaule très larges et aux muscles saillants, visiblement le genre de personne que personne ne voudrait croiser. Il regarda l'enfant en face de lui avec un visage hilare.
"Dis, ça te dirait qu'on se tape ? Il parait que t'adores ça !"
Chara ne leva même pas les yeux, se contentant de passer son chemin. Le colosse lui fit un croche-pied et le garçon trébucha par terre, sous les rires des passants. Il ne leva toujours pas la tête même lorsque le pied d colosse lui broya les phalanges, se contentant de serrer les dents et de se dégager vite fait en ignorant la douleur. Il se remit sur ses pieds le plus vite possible et s'enfuit en courant, se renfrognant en sentant des boulettes de papier percuter son dos. Au fond de lui, une haine grandissait, jour après jour. Chaque méchanceté que Chara subissait dégoûtait un peu plus l'enfant de l'école entière. La nuit, il rêvait qu'il devenait absolu, il rêvait qu'il avait le pouvoir de tuer tous ceux qui l'avaient un jour ou plus humilié. Il rêvait de les faire ployer. Il rêvait de leur infliger le même enfer que le sien.
Les choses empiraient chaque jour. La semaine dernière, Chara avait trouvé tous ses vêtements dans les douches allumées. Il les avait fait sécher, et alors qu'il revenait dans sa chambre, on l'avait enfermé dans le local du concierge. Il en était sorti en défonçant la porte, tout chamboulé. Son épaule avait été bandée pendant trois jours, et ça , ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autres.
Il se précipita dans le hall de l'école. Chaque matin, le facteur déposait le courrier à cet endroit, et le personnels les déposait devant les portes des chambres, mais Chara ne voulait pas que Jim ait la possibilité de lire son courrier. Un jour, Jim avait réduit en cendres la lettre de Chara ainsi que l'argent que ses parents lui avaient envoyés. Le garçon fouilla dans le tas de lettres et trouva un journal qui lui avait été envoyé par ses parents accompagné d'un mot et une lettre de sa soeur Laura qui avait été envoyée dans un autre internat en même temps que lui.
Laura. Sa petite soeur adorée. Celle qui savait le consoler mieux que quiconque.
Ce courrier fit oublier à Chara tous ses problèmes. Il s'enferma dans les toilettes et ouvrir précipitamment le journal.
Toute sa joie s'évanouit.
L'article le plus mis en avant lui sauta aux yeux.
"Une fillette de moins de dix ans a fugué de son établissement scolaire."
La photo qui illustrait l'article était la photo de Laura qu'elle avait sur sa carte d'identité. Dans le mot, ses parents lui demandaient si il était au courant de quoi que ce soit et le pressaient de leur envoyer la moindre information concrète.
L'enfant ne lut pas le journal. Il ouvrit directement la lettre de Laura qui disait ceci :
"Hey frérot,
J'ai fugué. Je n'étais pas heureuse à l'internat. J'espère quand même que toi, tu l'es et que tu feras jamais la même bêtise que moi.
Je me sens comme un fantôme à l'école. Personne ne me parle. Tout le monde m'ignore. Même les professeurs oublient que je suis arrivée ici. Je me sens si seule, personne ne me porte aucune attention. Tu me manques, Chara. Papa et maman me manquent. Je vois d'ici la tête qu'il vont faire lorsqu'ils vont se rendre compte de ce que j'ai fait, mais tant pis.
De toute façon, ce que j'ai fait est totalement stupide. Je ne peux pas rejoindre papa et maman, ils me renverront directement là-bas parce que la maison n'est pas encore prête. Je ne pourrai plus aller nulle part sans qu'on me ramène chez la police, mais tant pis. Au moins, je ne m'ennuierai pas à mourir. J'ai pris assez d'argent pour tenir un peu avec moi, ainsi qu'une couverture et un déguisement. Personne ne me reconnaîtra. Je prie pour que tu ne te sente pas comme moi dans ton propre internat.
Laura"
Les larmes roulèrent sur les joues de Chara, qui s'accroupit. Il déchira le journal et mit la lettre dans sa poche. C'était désormais le seul souvenir qui lui restait de sa famille, ça et une photo dans sa chambre. Cependant, lorsqu'il sortit des toilettes, une lueur d'espoir brillait dans ses yeux rouges. Pour la première fois, depuis un mois, il marchait la tête haute, la tête vide de toute la haine et la rage qui l'habitait depuis belle lurette. Cependant, il ne se dirigea pas vers le self. Il n'avait pas faim. À la place, le garçon alla dans sa chambre malgré l'appréhension qu'il ressentit lorsqu'il y allait. Après tout, Jim pouvait très bien dégrader son côté de la chambre, et Chara craignait une mauvaise surprise. Lorsqu'il poussa la porte et balaya la pièce du regard, il poussa un soupir, soulagé. Ses affaires étaient en bon état.
Chara s'assit sur le lit. Ses sentiments balançaient entre l'espoir de quitter bientôt cet enfer et l'angoisse quant au sort de Laura. Il l'imaginait s'acheter des bonbons, les manger dans un parc, toute frissonnante dans sa couverture.
Il ne trouva cependant pas le repos dont il avait tant besoin. La peur l'habitait sans relâche. Chara se leva et sortit dans le couloir, et lorsqu'il fut sûr que personne n'était là, il inspira à fond et se mordit la main jusqu'au sang.
Il vécut la sensation désormais familière qu'il avait lorsqu'il se mutilait ainsi. Le sang coulait à flots, mais peu lui importait. Il se rendit dans les douches et y trouva des serviettes en papier, qu'il utilisa pour stopper l'hémorragie.
La cloche sonna. Le garçon devait aller en cours d'arts plastiques, un cours qu'il redoutait plus que les autres état donné le champ de possibilités de l'embêter bien plus étendu avec la peinture, les craies, les toiles etc. Cependant, Chara ressentait moins de peur qu'à l'ordinaire. Lorsqu'il entra dans la salle, il se sentait presque plus léger, mais cela ne dura pas.
Sa table était complètement inondée d'eau et sa chaise avait disparu. Toutes ses affaires étaient sur le sol, éparpillées un peu partout dans la classe, certaines étaient même complètement irrécupérables et d'autres étaient cassées. Il y avait cependant son livre d'histoire, qui n'avait rien à faire là, et lorsque Chara l'ouvrit, il se rendit compte avec horreur que presque toutes les pages avaient été découpées, déchirées et saccagés avec du feutre indélébile. Chara se dépêcha de remettre tout en ordre avant que le prof ne débarque, ce qu'il réussit malgré les chuchotements qui parvenaient à ses oreilles. Cependant, alors qu'il rangeait le dernier pinceau, une violente douleur le saisit au ventre. Chara se leva, tenant son abdomen douloureux, constatant les visages et les mines réjouies de ses camarades.
Yuto restait cependant en retrait. Depuis quelques jours déjà, il avait cessé tous ses coups bas, se contentant de regarder ce qui se déroulait sous ses yeux. Il n'y participait pas, il n'intervenait pas. Lui et Luke semblaient ne plus beaucoup se parler.
Chara tituba, se remettant prudemment debout, mais un autre coup de pied dans le dos le renversa par terre. Des rires moqueurs s'élevèrent. Toute la rage qui animait Chara le matin ressurgit alors, et il se jeta sur un élève random qui filmait toujours avec un appareil hors de prix. Aussitôt, vingt-deux élèves plaquèrent Chara au sol, tandis que la victime le frappait. Pourtant le garçon ressentait moins la douleur que précédemment. Ses rêves de vengeance l'occupaient ailleurs.
Des bruits de pas se firent entendre. Tous se relevèrent, sauf Chara, qui peinait à se mettre debout. Lorsque le professeur entra, deux jeunes garçons hypocrites vinrent vers Chara.
"Hé Chara, relève-toi, ça va aller, dit l'un d'eux d'une voix mielleuse.
— Désolé m'sieur, il y avait un peu d'eau par terre et il a trébuché," mentit le deuxième sur le même ton.
Chara n'écoutait même pas ce qui se passait. Il semblait tout étourdi, ce qui alerta l'adulte.
"Vous devriez aller à l'infirmerie, jeune homme. Vous semblez confus. Yuto, accompagnez-le. Il ne faudrait pas qu'il tombe dans les escaliers, évidemment."
Yuto se leva brusquement de sa chaise à contrecoeur et prit le bras de Chara, l'entraina dans le couloir.
"Yuto..., articula l'enfant mal en point. Pourquoi... tu ne m'embêtes plus ?"
L'intéressé soupira.
"Je n'ai jamais souhaité que ça aille aussi loin.
— Quoi ?!
— Quand j'ai dis ce que t'avais fait, je m'attendais à ce que ça dure une, deux semaines maximum. Luke s'est laissé emporter, voilà tout. Il voulait se distraire. Tous voulaient se distraire. C'est l'effet de foule, Chara. C'est pour ça que Luke et moi on se parle plus. On n'est pas d'accord.
— Mais... mais... pourquoi tu ne me défend pas, alors ?"
Yuto lâcha le bras de Chara et lui lança un regard assassin, tandis que celui-ci se préparait à un éventuel coup de pied retourné.
"Tu le sais mieux que moi. Ç'aurait eu le même effet que si tu te défendais toi-même. De toute façon, je peux pas y faire grand-chose. Si c'est des abrutis finis, ils restent mes amis."
Chara fut stupéfait. Il ne dit rien pendant que Yuto l'emmenait à l'infirmerie, où l'on banda les rares plaies qu'il avait eu. Cependant, la haine du garçon n'avait pas cessé d'exister. Elle avait même augmenté.
Ils se croient au-dessus des conséquences. Ils pensent que tout leur est permis. Ils le font parce que c'est facile pour eux.
L'humanité est franchement cruelle.
Chara regarda en direction du mont Ebott. Peut-être sa soeur Laura se cachait-elle là-bas, vivant une vie difficile mais heureuse, à l'abri des regards. Pendant un instant, Chara songea à la rejoindre. Tous les deux, ils seraient heureux. En même temps, Laura voulait que son frère ne fasse pas comme elle, ce qui rendait la chose plus compliquée.
Lorsque Chara revint de l'infirmerie environ une heure plus tard, une bande de deux filles et trois garçons l'attendaient.
"Hé Chara, viens on va causer un peu !"
Le garçon commença par refuser, prétextant un mal de tête, mais les cinq élèves le tirèrent de force, tantôt déchirant les manches de son tee-shirt, tantôt lui donnant une claque derrière la tête pour le faire taire. Ils n'avaient pas fait deux mètres que Chara commençait déjà à avoir mal partout. Finalement, ils le relevèrent sans ménagement et le trainèrent avec force.
Chara tenta de se libérer. Les élèves l'avaient emmené dans les toilettes et étaient en train de le noyer dans le lavabo. Un tenait ses bras, une autre ses jambes, un troisième lui enfonçait la tête dans l'eau, une quatrième lui mettait de l'eau dans le dos et le dernier filmait en tenant de se retenir de rire. L'enfant s'était débattu, mais lorsqu'il le faisait, celui qui lui tenait les bras resserrait sa poigne et les autres faisaient de même. Il avait crié, sa voix avait été remplacé par des glouglou incompréhensibles et les rires qui s'élevaient rendaient le garçon impuissant.
Celui-ci commençait à voir flou. L'oxygène lui manquait, ses poumons lui brûlaient, son coeur accélérait les battements, des taches blanches dansaient devant ses yeux. C'est à ce moment précis que toute la pression se relâcha. Chara prit une profonde inspiration avant qu'un coup de pied le fasse tomber
"Hé Chara, ça te dirait un petit pari ? Si tu le fais, on ne laissera en paix."
Cette phrase laissa l'intéressé bouche bée, alors qu'il suffoquait, aspirant goulûment l'air qui s'offrait à lui. Il était certain que c'était juste un piège, mais cela ne l'empêchait pas de rêver.
"Si je le fais, articula-t-il avec peine, vous me laisserez... tranquille ? Toujours ?
— Toujours, répondit celui qui filmait à l'instant sans cesser de sourire. Alors, tenté ?
— Qu'est-ce que c'est ? rétorqua Chara sur un ton de défi.
— C'est simple, répondit la plus petite du groupe. Tu dois sauter dans le mont Ebott."
YOLO !!!!!!!!!
Omg ce chapitre est super long et encore, j'aurais pu plus développer ! mais bon, faut pas abuser non plus !
Vous avez compris, l'histoire originale d'Undertale se met en place, sauf que... c'est une fanfiction, alors je fais ce que je veux !
N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de l'histoire ! En tout cas moi j'ai beaucoup hésité avant de poster ce chapitre, mais sinon ça avancera jamais donc bah... tant pis !
J'espère quand même que ça vous aura plu que je continue, malgré toute la violence gratuite !