Un cœur en cage

Chapitre 3 : Mauvaise influence

3376 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 4 jours

Malgré mon encouragement à ralentir le rythme, Papyrus termina le rangement des bibliothèques en une heure. Je n'eus qu'à inspecter la première étagère pour me rendre compte de l'efficacité de son travail. Pas un livre au mauvais endroit, et il avait même classé les œuvres d'un même auteur par couleur pour les rendre plus attrayants. J'étais impressionnée.


N'ayant rien de plus à lui faire faire, je l'autorisais à prendre un peu de temps pour lui. Il emporta les boîtes de puzzle dans sa pièce, puis me demanda l'autorisation de prendre une table. Je l'aidais à déplacer l'objet contre un mur, puis entreprit de vider un peu la réserve pour lui donner plus de place. Je décrochai toutes les affiches du mur, vidai les étagères de leurs dossiers encombrants et poussai dehors quelques porte-documents que je n'avais pas ouverts depuis des lustres. Papyrus me regarda empiler les déchets sur mon propre bureau, puis je l'invitai à entrer d'un grand geste de main.


— Voilà ! C'est ta pièce. Tu peux en faire ce que tu veux, et même fermer la porte. Je ne rentrerai jamais dedans sans toquer. Ça te va ? Je sais que ce n'est pas grand-chose, mais...


— C'est parfait comme ça, merci.


— J'ai laissé un paquet de punaises sur l'étagère si tu veux accrocher des choses sur les murs. Tu peux imprimer des choses depuis mon ordinateur. Le mot de passe est sous le clavier. Ne te gêne surtout pas pour vider l'encre de l'imprimante, c'est M. Langley qui paie. Toi comme moi n'existons pas à ses yeux. Jeter son argent par les fenêtres est un bon moyen de lui rappeler que nous ne sommes pas des robots. Ne t'inquiète pas, je te couvrirai.


Papyrus sourit, amusé. Il posa les boîtes de puzzle sur une des étagères, à l'exception d'un, encore emballé, qu'il installât sur la table. Il s'agissait d'une image bien clichée : deux petits canards et un chiot dans l'herbe. Papyrus se mit au travail en silence, déjà concentré, et je le laissai s'amuser. Je profitai de son inspiration pour m'occuper de la paperasse sur mon ordinateur. Je révisai quelques cours, m'occupai des derniers retours de livres et envoyai quelques mails à des élèves qui avaient dépassé la date de prêt de plusieurs jours.


Je fus interrompu dans mon travail par le bruit de la porte. Un large sourire illumina mon visage en reconnaissant Yzaline.


— J'ai entendu des bruits de couloir quant à ton arrivée fracassante ce matin, commença-t-elle sans préambule. Des chèvres, vraiment ?


J'éclatai de rire. Tout se savait dans cette école.


Yzaline et moi avions sympathisé très tôt après mon arrivée. Elle travaillait dans l'établissement depuis un peu plus de cinq ans maintenant, et avait encore cinq ans de plus à trimer avant de pouvoir prétendre à la nationalité du pays. Yzaline était une réfugiée politique. Elle avait fui son pays en guerre avec toute sa famille, mais le long voyage, épuisant, avait causé la disparition de ses parents et grands-parents, tombés malades et trop affaiblis par la famine à laquelle ils avaient à peine survécu. Elle vivait non loin de chez moi, dans un petit appartement qu'elle partageait avec ses trois sœurs cadettes, dont elle s'occupait seule. Elle m'avait soutenu après mon déménagement lorsque j'étais au plus mal, et depuis, nous étions inséparables. Nous passions tout notre temps ensemble, et nous partagions la garde de nos enfants respectifs. J'essayai toujours de la convaincre de s'installer à la maison, assez grande pour loger toute sa famille, mais Yzaline tenait farouchement à son indépendance, ce que je pouvais comprendre. Dans son pays, les femmes n'étaient pas autorisées à posséder quoi que ce soit. C'était un changement auquel elle s'habituait encore.


— Je n'aurais jamais dû descendre de ce bus. Mais regarde, j'ai au moins réussi à prendre quelques photos mémorables.


Je lui tendis mon téléphone. J'avais pris quelques selfies avec les chèvres qui m'avaient empêché d'arriver à l'heure. L'une d'elles m'avait d'ailleurs mangé une mèche de cheveux, que j'avais tenté de cacher tant bien que mal dans ma queue de cheval.


— Il n'y a vraiment qu'à toi que ça arrive, ça. Langley ne t'a pas trop fait la peau ?


— Il m'a donné un énième dernier avertissement. Je vais essayer de me tenir à carreau jusqu'à ce qu'il oublie, comme d'habitude.


— J'ai entendu dire que tu avais un nouvel invité également. Il s'est remis de ses émotions ? Le pauvre, il m'a rappelé ma traversée en bateau. On était tous entassés dans un conteneur, c'était horrible.


— Ah, oui, il est derrière. Papyrus ?


Le squelette sursauta, se leva précipitamment de sa chaise et nous rejoignit en quelques enjambées.


— Je te présente Yzaline, lui annonçai-je. Avec moi, c'est la seule à avoir tenté de t'épargner ça. Yzaline, voici Papyrus. Tu peux parler librement devant elle, dis-je à Papyrus. Ce n'est pas une professeure. Tu nous verras sans doute beaucoup tous les deux.


— Bienvenue, Papyrus. Terriblement désolée pour l'horrible accueil que tu as reçu. J'espère que, malgré tout, tu réussiras à te faire une place parmi nous.


— Merci, répondit-il avec politesse. Ravi de faire votre... ta connaissance.


Je levai mon pouce pour lui indiquer qu'il pouvait la tutoyer sans problème. Je repoussai les quelques papiers autour de moi et me levai pour rejoindre mon amie. C'était notre rituel quotidien. Elle venait me chercher avant le service des enfants pour aller manger. Je m'apprêtais à la suivre quand elle s'arrêta, inquiète.


— Il ne mange pas ?


— Langley ne veut pas le voir ailleurs qu'en train de travailler, grognai-je.


— Foutaises ! Il ne tiendra jamais l'estomac vide. Il y a toujours des tonnes de gâchis dans cette cantine, un repas de plus ou de moins ne changera rien. Et puis... Si on mange à l'arrière, Langley n'en saura jamais rien.


— Je suis d'accord avec toi, mais... Comment est-ce qu'on fait rentrer Papyrus discrètement ?


Sous mes yeux ébahis, elle retira le foulard qui recouvrait ses courts cheveux bruns, et vint l'enrouler autour de la tête de Papyrus, confus, qui la laissa faire sans rien dire. Elle me pointa le squelette d'un geste théâtral, comme si ça réglait le problème.


— Je ne veux pas te décevoir, mais il n'y a pas que sa tête qui est faite d'os, ris-je.


Papyrus souleva le foulard pour dégager ses yeux, recouverts par le tissu. Le squelette, réservé, semblait un peu nerveux.


— Je ne veux pas vous attirer de problèmes... Si c'est mieux que je reste ici...


— Balivernes ! Si quelqu'un demande, il y a eu un accident en cuisine et je l'ai appelé pour aider à nettoyer. Si notre cher directeur trouve quelque chose à redire, je peux toujours lui rappeler que s'il n'y a pas assez de personnel à la cantine, c'est à cause des coupures budgétaires qu'il a réalisé pour se payer sa petite lubie colonialiste. On va voir qui de nous deux baissera les yeux !


J'hésitai. Je me fichai bien de m'attirer des ennuis, mais je n'avais pas envie que notre escapade retombe sur Papyrus. Le squelette était trop poli pour le dire de lui-même, mais je pouvais voir l'inquiétude luire dans son regard. Je décidai de calmer un peu l'enthousiasme de ma collègue.


— On peut faire ça pour aujourd'hui, mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée sur le long terme. Je n'ai pas envie que Langley s'acharne sur Papyrus plus que nécessaire. Il est déjà tellement aimable avec lui... Demain, on pourrait peut-être ramener les plateaux ici et manger dans la bibliothèque ? Personne ne nous dérangera, et si on a besoin d'intimité, on ferme les rideaux et c'est réglé.


— Ça peut se faire, approuva Yzaline. Il y a des chariots, et je livre en général l'infirmière. Trois plateaux de plus ne devraient pas déranger. Ça te va, mon gars ?


Papyrus sursauta, surpris qu'elle lui demande son avis. Il hocha timidement la tête.


— Parfait, allons manger !


Yzaline se dirigea vers la porte. Papyrus me lança un regard interrogatif. Je l'invitai à me suivre à l'extérieur. Il obéit, collé à mes talons. Je remarquai qu'il avait recommencé à jouer avec ses bracelets, signe qu'il était nerveux. Je posai une main sur son bras.


— Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer. Et puis... Yzaline a raison. Tu n'as pas mangé depuis plusieurs jours. Je m'en voudrais de te laisser comme ça. Est-ce que... Est-ce que tu peux seulement manger de la nourriture humaine ? réalisai-je.


— Oui. C'est plus difficile à digérer que ce que je mangeais avant, mais ça ne me pose pas de problèmes.


— Est-ce qu'il y a un moyen de se procurer de la nourriture comme avant ? Si je peux en trouver...


— Non, dit-il, amer. Pour pouvoir infuser la nourriture, j'ai besoin de ma magie.


— Je suis désolée, je n'ai pas réfléchi.


Il balaya le sujet d'un geste de la main.


Nous traversâmes le couloir en silence pour rejoindre Yzaline, qui nous attendait près de la porte qui menait à la cour de récréation. Elle était encore vide, les cours ne se terminant qu'une demi-heure plus tard. La cantine se trouvait derrière les bureaux de l'administration. Yzaline proposa d'avancer la première avec Papyrus pour ne pas paraître suspicieuse. Je regardai la cantinière traverser la cour avec le squelette, puis sortit à mon tour pour la rejoindre, de la manière la plus naturelle possible. M. Langley me jeta un long regard depuis la porte ouverte de son bureau, mais se reconcentra rapidement sur son ordinateur. De toute évidence, il ne s'était rendu compte de rien.


Je poussai la porte de la cantine et adressai un pouce levé à ma complice pour lui annoncer la réussite de notre plan. Elle attrapa trois plateaux et se dirigea derrière les buffets pour les élèves. J'attrapai les couverts et les verres. Papyrus se proposa pour m'aider en remarquant ma difficulté à tout tenir dans mes mains.


Yzaline avait tiré une table dans la pièce réservée au personnel de la cantine. Elle ferma la porte derrière nous à clé pour éviter d'être dérangés. À cette heure-là, il n'y avait de toute façon que le chef cuisinier présent, et il était en pause en attendant le début du service. Je dressai la table sur les trois plateaux avant de suivre Yzaline vers le fond de la salle où étaient disposés un bac avec le plat du jour, quelques entrées et des desserts.


— Prends ce que tu veux, dis-je à Papyrus. C'est tout pour nous.


Suivant l'exemple d'Yzaline, je me servis. J'optai pour des carottes râpées et une tranche de pâté en croûte en entrée, le plat du jour — des pâtes, de la ratatouille et une cuisse de poulet —, un morceau de camembert, un yaourt et une poire pour le dessert. Les mains bien chargées, je retournai à ma place pour déposer mon butin sur mon plateau.


Du coin de l'œil, je vis Papyrus s'avancer vers le buffet pour se servir. Il se tourna une nouvelle fois vers moi pour me demander l'autorisation. Je lui assurai de nouveau qu'il pouvait emporter le buffet intégralement s'il le voulait et que personne ne lui en voudrait.


Il revint s'asseoir quelques minutes plus tard. Il s'était servi une très généreuse portion de pâtes et de ratatouille. Il avait aussi pris trois entrées : du céleri rémoulade, du taboulé et des betteraves rouges. En dessert, il avait empilé deux yaourts au chocolat et trois belles pommes. De toute évidence, Papyrus avait faim.


J'espérais que manger autant d'un coup ne le rendrait pas malade. Je ne savais pas vraiment à quoi l'on pouvait reconnaître qu'un monstre était en état de malnutrition, en particulier quand il était déjà constitué d'os, mais une intuition me soufflait qu'il était en souffrance depuis bien plus longtemps que son arrivée. Elle se confirma lorsqu'il commença à manger ses entrées à toute vitesse.


Je posai une main sur son bras.


— Je sais que tu as faim, mais tu devrais ralentir et mâcher. Est-ce que... Ça fait longtemps que tu n'as rien mangé ?


— Les bracelets sont censés nous donner une dose de magie suffisante quotidienne pour fonctionner normalement. Je... Je n'étais pas nourri par mon précédent propriétaire.


Yzaline et moi nous lançâmes un regard horrifié. Depuis combien de temps Papyrus n'avait rien mangé ? Avait-il seulement eu un estomac — ou peu importe quel organe magique lui servait à stocker la nourriture — plein depuis sa mise en captivité ?


— Je suis tellement désolée, soupirai-je. Tu devrais quand même faire attention avec la nourriture. Les personnes affamées ont souvent des problèmes à se réadapter à la nourriture solide après beaucoup de temps de privation. Je ne veux pas te rendre malade.


Il fit un effort pour ralentir sur les coups de fourchette, mais continua à manger rapidement. Je ne pouvais pas le blâmer. Au moins, il faisait honneur à la cuisine de mon amie, ce qu'elle paraissait apprécier. Je savais que le gaspillage était un sujet sensible pour elle, et qu'elle ne savait que trop bien ce que je voulais dire sur la malnutrition.


— Tu ne manges pas de viande ? demanda Yzaline, curieuse.


Papyrus tira la grimace à la simple mention du nom.


— Les gens de mon peuple ne mangent pas de viande, non. Je suis... Végétarien ? Je crois que c'est le mot ? Je n'ai pas de problème avec le lait ou les œufs.


— C'est ça. Mon grand est végétarien aussi, lui dis-je. J'essaie de faire attention à ma consommation aussi. Il paraît que ce n'est pas très bon pour l'environnement de toute façon.


— C'est bon à savoir, approuva Yzaline. J'apporterai des options végétariennes pour tes prochains repas. On donne toujours le choix aux enfants.


Papyrus hocha la tête avant de planter sa fourchette dans son assiette une nouvelle fois. Il se retenait tellement de tout dévorer que ses mains tremblaient. J'espérais que ses fringales se calment avec un retour normal à la nourriture.


Je fis les gros yeux à Yzaline en remarquant qu'elle observait le squelette manger avec intensité. Je lui donnai un deuxième coup de pied sous la table pour attirer son attention, mon premier signal n'ayant pas fonctionné. Elle toussa, puis détourna le regard.


Nous mangeâmes en silence quelques minutes, avant que mon amie ne décide de crever le silence.


— Alors, Papyrus... Tu sais faire de la magie ?


Je me tapai le front de la main. Papyrus sembla hésiter, légèrement tendu, puis relâcha ses épaules.


— Oui, comme tous les monstres. Mais je ne peux pas l'utiliser librement, à cause de... Vous savez.


— Quel type de magie ? poursuivit Yzaline, qui n'avait de toute évidence pas remarqué que le sujet mettait mal à l'aise Papyrus. J'ai vu des monstres capables de faire des flammes une fois dans une foi... Ce n'est pas important, je suppose. Mais ça m'a rendue curieuse. Est-ce que vous pouvez tous faire ça ?


— Non, répondit-il poliment.


Je remarquai immédiatement que sa main avait agrippé son bracelet, signe de malaise. Papyrus n'avait pas envie de parler de ça.


— Je maîtrise la magie bleue, et quelques compétences en soin.


— Bleue ? Je n'en ai jamais vu avant. Est-ce que...


— Yzaline, laisse-le tranquille, grognai-je. Désolée, m'excusai-je auprès de Papyrus. Je sais que tu n'as sans doute pas envie de parler de ces sujets. C'est des informations sensibles, n'est-ce pas ?


Papyrus hocha la tête, de toute évidence soulagé de pouvoir changer de sujet. Je décidai de dévier légèrement le sujet.


— Tu dis que tu as vu des monstres de feu ? C'était quand ?


— Ce week-end. Il y avait une exposition dans la salle des fêtes. Tu n'y as pas été ? On aurait pu y aller ensemble.


— Je ne sais pas. Je crois que j'ai eu ma dose de monstres obligés de performer pour le plaisir des yeux avec l'arrivée de Papyrus.


— Oh mon dieu, c'est vrai ! Tu as pu te remettre, mon garçon ? Tu n'avais vraiment pas l'air bien, s'inquiéta mon amie.


— J'ai connu pire, avoua le squelette dans un murmure qui ne me plut vraiment pas. Je vais bien.


Yzaline se tourna vers moi.


— Qu'est-ce que tu as prévu de lui faire faire, du coup ?


— Oh, Papyrus m'a bien aidé avec le rangement ce matin. J'ai cours cet après-midi, donc à moins que Langley ne défonce ma porte pour te traiter comme un chien, dis-je à Papyrus, tu es libre. Tu pourras rester dans ta pièce au calme. Tu as déjà bien travaillé.


Quelqu'un toqua à la porte, nous faisant sursauter tous les trois. Je lançai un regard paniqué à ma collègue, qui agita les mains inutilement. Elle se leva pour aller ouvrir. Papyrus avait cessé de manger, nerveux face à notre réaction. Je me tenais prête à le pousser sous la table pour le cacher.


Nous poussâmes cependant un soupir de soulagement lorsque la porte s'ouvrit sur un jeune garçon, Yvan. Diabétique, il venait simplement prévenir de sa présence à la cantine ce midi. Il m'adressa un grand sourire en m'apercevant, puis s'éloigna une fois sa réponse obtenue. Fausse alerte.


Nous ne nous attardâmes pas pour autant. Une fois nos repas avalés, j'accompagnai Papyrus vers la cour de récréation, non sans saluer Yzaline, qui s'apprêtait à attaquer le service. Les enfants excités commençaient à envahir la cour et s'agglutiner à l'entrée de la cantine. Aucun ne fit vraiment attention à Papyrus, si ce n'était quelques regards curieux.


Nous étions presque arrivés à la porte quand une voix trop familière nous interpela.


— Mademoiselle Hickmore ! appela M. Langley, qui sortait de son bureau.


Je soupirai, las.


— J'ai entendu parler de votre altercation avec Joseph.


— Oh, vous l'appelez par son prénom ?


— Ne jouez pas à la plus futée avec moi. M. Banes s'est plaint des livres en vitrine, et je ne peux qu'approuver. Notre école n'est pas un lieu pour encourager... Vos idéologies. Nous avons bien de problèmes avec les ravages qu'elle a causé chez certains de nos élèves.


— Je vais faire comme si je n'avais pas entendu ce que vous venez de dire. Je ne retirerai pas mes livres, et la tolérance n'est pas une idéologie. Vous devriez essayer, dis-je en pointant Papyrus. Respecter ce que l'on ne connait pas, ce n'est pas si compliqué.


Son visage rougit de colère, cependant, plusieurs enfants nous observaient. Il se rabattit donc sur une cible plus accessible.


— Qu'est-ce qu'il fait là, lui ? dit-il agressivement, en pointant Papyrus de la tête.


— Il m'aidait à porter des cartons. Viens, Papyrus.


Je coupai court à la conversation et me dirigeai vers la bibliothèque, Papyrus sur les talons. Je fermai la porte à clé derrière lui. Nous avions encore une heure de répit avant le premier cours de l'après-midi. Le squelette me questionna du regard.


— Tu peux vaquer à tes occupations.


— Est-ce que... Ça va ?


— Oui, ne t'inquiète pas. Ce n'était qu'une petite altercation, ce n'est pas important. N'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit.


Il hocha la tête et regagna sa pièce. Il hésita, puis ferma la porte, m'arrachant un sourire. Il méritait bien quelques instants d'intimité.


Je me laissai tomber sur le siège devant mon ordinateur et passai mon heure de repos à regarder des vidéos de chaton, pour ne plus penser à ce qu'il venait de se passer. Dès que les enfants se présentèrent à ma porte pour leur cours, j'avais retrouvé le sourire.


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