Sans faiblesse
Son armée, vaincue, avait été écrasée à ses pieds. Pas un seul de ses hommes n'avait échappé au terrible feu qui les avaient cueillis dans la fleur de l'âge. Il ne restait plus que lui, le dernier général, retenu captif par son ennemi mortel qui s'apprêtait à lui prendre la vie à son tour. Il se sentait amer. Humilié.
Même son propre frère, endormi depuis longtemps à son poste, n'avait esquissé le moindre geste lorsque le dragon s'était jeté sur son dos dans un combat final aussi intense qu'épuisant. Tout espoir était mort lorsqu'il avait franchi les portes de la caverne.
Attaché sur sa chaise, le général regardait le dragon chantonner en préparant l'immonde potion qui mettrait fin à ses jours, sans gloire ni honneur. Il avait été condamné à boire la terrible potion de Bashu, le pingouin maléfique, et à mourir dans d'atroces souffrances. Pourtant, le général restait digne. Il ne ferait pas l'honneur à son ennemi de supplier.
Satisfait, le dragon se retourna, une tasse en plastique dans la main, qu'il alla poser sur la table dans une lenteur dramatique. Il pointa ensuite l'immonde concoction, noire comme la nuit, pour lui ordonner de boire. Le général soupira. La fin était venue.
Ses mains tremblant d'émotion, il peina à rentrer son doigt épais dans la petite anse en plastique de la tasse. Prenant garde à ne pas renverser le liquide sur le sol de la grotte - il avait des standards, et très peur de Maman Dragon, qui l'observait d'un sale œil depuis son fauteuil, plus loin -, le général porta la potion à ses lèvres et la but d'un coup.
La potion fit rapidement effet, et le général fut pris de violents soubresauts. Dans une série de gargouillements dramatiques, il s'effondra sur le dos, les bras en éventail. Il aurait sorti sa langue s'il en avait une. Mort. Il était mort.
Mais alors qu'il livrait son dernier souffle, le dragon changea subitement d'avis et se jeta sur sa cage thoracique pour le réanimer.
— Papy ! Ne meurs pas, Papy ! s'inquiéta le dragon, terrifié. Papy ! cria-t-il plus fort.
Sa lèvre se mit à trembler et ses yeux se remplirent de larmes, ce qui attira immédiatement la fureur de Maman Dragon, qui se leva brutalement de son siège.
— Tu vois bien que tu lui fais peur, sombre crétin !
Elle appuya sa tirade d'un coup de pied douloureux dans son pelvis. Le général grogna, mécontent, mais Maman Dragon grognait plus fort et lui cloua le bec d'un simple regard meurtrier.
Papyrus décida que c'en était assez pour cette session de jeu qui tournait lentement au vinaigre. Frisk, déguisé en dragon, se débattit dans les bras de sa mère, la reine Toriel, pour descendre. Cette dernière céda, et reçut un regard culpabilisant de l'enfant.
— Pas taper Papy ! le sermonna-t-elle. Papy gentil !
— Mais oui, mon ange, je ne vais rien lui faire. À la seule condition qu'il nettoie tout ce qu'il a sorti de la caisse à jouets dans les trente prochaines secondes.
Le soldat croisa les bras pour tenter de résister, mais considéra finalement que le risque était trop important pour lui désobéir. Non sans une certaine agressivité, le squelette commença à jeter les soldats de bois dans le bac, pour bien montrer qu'il était contrarié. Par ailleurs, il donna un grand coup de pied dans le fauteuil où son grand frère, Sans, faisait la sieste depuis deux heures. Le petit squelette perdit l'équilibre et s'écrasa la tête la première sur la moquette bleue, ce qui ne le sortit pas de ses songes pour autant.
Papyrus soupira. Comment en était-il arrivé là ? De capitaine de la garde royale à nounou pour un gamin d'à peine cinq ans. Si on lui avait dit ça il y avait encore quelques mois, il aurait ri à gorge déployée, mais Frisk n'était pas un gamin ordinaire. Il était le septième humain, celui dont les monstres avaient besoin pour briser la barrière et détruire l'humanité, et, depuis peu, celui que le capitaine Papyrus de Snowdin devait protéger au nez et à la barbe d'Asgore, le roi des monstres. L'enfant avait traversé une partie des Souterrains mais, au moment de le laisser rencontrer son destin funeste, il avait su convaincre Sans, le juge, que ça n'en valait pas la peine et que laisser Asgore prendre son âme ne les conduiraient tous qu'à un génocide dont personne n'avait envie. Depuis, un pacte était né entre Toriel, Sans, Papyrus, Undyne, Alphys et Mettaton : ils se relayaient pour protéger l'enfant et lui offrir une vie décente dans les Souterrains, à l'abri du danger. Une affaire loin d'être simple quand la moindre traîtrise était rapportée au roi et finissait en exécution publique.
Papyrus n'était toujours pas certain que ce soit la bonne solution, mais il était un squelette d'honneur. Il aimait l'enfant, comme les autres, mais il se demandait parfois ce qu'ils allaient faire quand Frisk, plus grand, se rendrait compte qu'il était condamné à ne jamais pouvoir sortir sans l'un d'entre eux au risque de perdre la vie. Papyrus était bien placé pour savoir que ce ne serait pas bon pour son équilibre et qu'il allait se rebeller. Le squelette l'avait bien fait en s'engageant dans la garde royale malgré les avertissements répétés de Sans et le regrettait amèrement aujourd'hui. Il n'y avait plus aucune porte de sortie pour lui, prisonnier de son rôle de capitaine tyrannique. Il ne voulait pas que l'enfant devienne comme lui, et s'inquiétait de le voir le prendre comme modèle. Papyrus n'était pas sans faille, malgré ce qu'il cherchait à faire croire.
Une fois les jouets rangés, Papyrus décida qu'il valait mieux partir avant que quelqu'un ne se demande ce que les frères squelettes faisaient dans les ruines. La porte qui séparait la forêt de Snowdin et cette partie des Souterrains était censée être scellée, ce qui n'était plus le cas depuis que les protecteurs de l'enfants se relayaient pour lui rendre visite et lui donner l'impression qu'il voyait du monde. Tout pour éviter qu'il ait de nouveau des envies d'indépendance qui pourraient lui être fatales. Exceptionnellement, il pouvait sortir avec les frères squelettes ou Undyne de temps à autres, mais jamais plus de quelques heures pour ne pas alerter leurs rivaux respectifs. On ne s'attaquait pas à un capitaine de la garde royale, on le dénonçait aux autorités les plus hautes pour que quelqu'un le fasse à sa place.
Le squelette salua l'enfant une dernière fois, qui le serra dans ses petits bras comme à son habitude, puis Papyrus ramassa Sans qui n'avait pas bougé sur le sol. Il le plaça sur son épaule comme un sac à patates, puis fit une révérence à la reine comme exigeait le protocole, promettant de revenir d'ici quelques jours pour passer un peu de temps avec Frisk. Le squelette descendit au sous-sol et se dirigea vers l'entrée des Ruines, la seule porte de sortie de cette partie des Souterrains. Juste avant de l'ouvrir, il laissa tomber Sans au sol. Le squelette poussa un grognement douloureux et se redressa en se tenant le dos.
— C'était obligé, ça ? marmonna Sans. On n'est même pas dehors encore.
— La récréation est terminée, Sans. Tu retournes à ton poste, ordonna-t-il. J'ai rendez-vous avec Undyne.
— Ouais, ouais...
Papyrus ouvrit la porte. Sans se téléporta hors de sa vue immédiatement. Le capitaine de la garde royale referma derrière lui avec précaution, puis adressa un signe aux buissons les plus proches. Le signal. Pendant leurs visites, Alphys, la scientifique royale, coupait les caméras près des Ruines, et les remettaient en route quand quelqu'un entrait ou sortait. Personne ne devait savoir que la porte était ouverte, et surtout pas le Roi.
Le squelette prit le chemin du retour pour changer complètement de comportement. Le dos bien droit, le regard sévère, il avança à grandes enjambées sur l'unique sentier qui menait à la ville de Snowdin. Ici, il n'avait pas le droit d'être Papyrus. Il était le capitaine de la garde royale, le monstre à abattre, celui que tout le monde détestait. Il passa devant la station de Sans, sans même lui accorder un regard, tout comme lui-même l'ignora complètement. Dehors, ils limitaient les contacts au strict minimum. Il n'existait pas de liens familiaux dans les Souterrains, seulement des faiblesses à exploiter. Tuer ou être tué.
Papyrus avait eu le naïf espoir qu'après Frisk, qui leur avait ouvert les yeux sur leurs pratiques ridicules, les choses changeraient. Mais il savait au plus profond de lui-même que tant qu'Asgore serait en vie, personne n'oserait se rebeller. Les conséquences seraient trop importantes pour eux. Mortelles.
Il soupira. Pour l'instant, il devait maintenir la façade. Il n'avait pas le choix.
Bientôt, la ville apparut à l'horizon. Le squelette évita les nombreux pièges et barrières de gardes sur la route, cria sur une ou deux sentinelles endormies à leur poste, et s'assura qu'aucun bandit ne l'attendait au coin d'une rue pour lui tendre une embuscade. Depuis qu'il avait démantelé une partie du réseau la semaine précédente, cependant, ils se faisaient rare. Aujourd'hui n'y fit pas exception et il atteignit Snowdin sans l'ombre d'un problème.
Plusieurs de ses gardes en patrouille le saluèrent chaleureusement, les seuls qui pouvaient encore se le permettre, protégés par son ombre. Papyrus était un capitaine dur, mais il s'assurait toujours que ses hommes soient traités correctement et se sentent assez bien dans son équipe pour venir se confier à lui en cas de problème. Ils n'en étaient pas au point de se faire confiance, mais il leur assurait une immunité relative ainsi qu'à leurs familles, un cadeau précieux dans des caves où une vie pouvait disparaître à tout moment.
Le soldat s'arrêta devant chez lui, la posture droite, et regarda autour de lui, surpris. Comme tous les jours, il avait rendez-vous avec Undyne, la capitaine de la garde de Waterfall, pour un rapport de situation. Cependant, aujourd'hui, Undyne n'était pas là. En quinze ans de service, il ne l'avait jamais vue arriver une seule fois en retard, ou tout du moins, pas sans un mot d'excuse lorsqu'elle avait un rendez-vous urgent avec le roi. Papyrus frissonna involontairement. Un garde qui manquait à l'appel était rare, et la plupart du temps synonyme de m... Il chassa la pensée. Undyne était la plus coriace d'entre eux, même si cela faisait mal à l'égo du guerrier de l'admettre.
Tâchant de garder son sang-froid, il ignora les regards curieux des passants pour sortir son téléphone de sous son armure, tout en ne les quittant pas du regard. Un mot. Un seul mot serait tout ce qui prendrait pour qu'ils l'attaquent tous si quelque chose était arrivé à Undyne. Réputée increvable, Papyrus savait que si le peuple comprenait que ce n'était pas le cas, il ne ferait aucun cadeau. Les Souterrains étaient proches de la guerre civile depuis des années, et la mort d'un capitaine de la garde royale pourrait être l'événement qui mettrait le feu aux poudres.
Il tapa le numéro d'Undyne et patienta, le crâne collé au combiné. Une sonnerie, deux, trois. Il resta deux longues minutes à attendre, le souffle coupé. Ce n'était pas normal. Il prit une grande inspiration, puis tapa le numéro de Sans.
— Boss ? répondit le squelette, la voix à demi-ensommeillée.
— Undyne ne répond pas, murmura-t-il en espérant que les autres n'aient pas entendus. Je veux que tu ailles vérifier les avant-postes de Waterfall, tout de suite.
— J'y vais.
Le téléphone émit plusieurs grésillements désagréables à mesure que Sans disparaissait et apparaissait plus loin dans les Souterrains. Une routine quand un garde disparaissait, le squelette étant le seul doué de téléportation pour une quelconque raison. Le guerrier grogna. Il détestait ce bruit. Il lui rappelait des choses désagréables, sans qu'il ne se l'explique. Presque comme si quelqu'un parlait, ou hurlait, dans le vide que son frère traversait.
Papyrus devint nerveux à mesure que les téléportations se succédaient. Sans ne trouvait pas Undyne. C'était mauvais signe. Très mauvais signe.
Soudain, dans le blizzard, une forme se détacha. Papyrus soupira de soulagement. Enveloppée dans un épais manteau, Undyne arrivait enfin. Le garde prévint Sans et raccrocha, avant de s'approcher.
— C'est pas trop tôt ! aboya-t-il. Je suis en retard sur ma prochaine tournée ! Je peux savoir pour quelle raison madame arrive avec autant de retard ? Sans prévenir !
— Quoi ? À t'écouter, on dirait presque que tu t'es inquiété, se moqua la guerrière. J'avais rendez-vous au château, ça a duré plus longtemps que prévu.
— Encore ? s'étonna Papyrus. Pourquoi faire ? Tu y as été il y a deux jours.
La femme poisson l'observa avec intensité, avant de détourner le regard.
— On se les caille dehors. On rentre chez toi ? J'aimerais en finir vite, je dois voir Alphys en soirée.
Papyrus nota le changement de sujet, mais hocha la tête. Undyne le dépassa, et le deuxième capitaine remarqua immédiatement qu'elle boitait légèrement. Comme la plupart des habitants de Snowdin, qui murmurèrent à son approche. La guerrière défonça la porte de la maison du squelette d'un grand coup de pied et s'invita à l'intérieur. Le guerrier soupira avant de la suivre. Il allait encore devoir réparer les gonds. Il replaça le bout de bois tant bien que mal à sa place avant de se tourner vers Undyne, qui avait déjà investi le canapé, les pieds sur la table basse.
— Sérieusement ? Combien de fois il va falloir que je répète qu'il y a une poignée sur cette saloperie de porte ? s'énerva le squelette.
— Une fois de plus, apparemment, répondit la femme poisson, nullement impressionnée. Alors, quoi de neuf ?
Papyrus s'assit à côté d'elle, à une distance respectable. Il n'aimait pas la façon dont Undyne prenait ses aises dans sa maison, mais il était fatigué de se battre contre elle. Lorsqu'ils se disputaient, plusieurs pièces de son mobilier finissaient par être détruites de manière collatérale, et son porte-monnaie n'était pas extensible.
— J'ai maté un rebelle dans la forêt un peu plus tôt ce matin, répondit Papyrus d'une voix plus professionnelle. Aucun humain à reporter. Aucun signe de reprise d'activité criminelle, le réseau semble avoir été entièrement démantelé, ou ils sont trop peu nombreux pour se montrer pour le moment. La ville est calme. Un cambriolage hier soir, suspect arrêté dans la nuit sans effusions de violence.
— Rien à reporter à Waterfall, répondit la guerrière. Journée calme. Ah si, un Temmie s'est fait buter, mais on n'a retrouvé que les cendres et c'est dans une zone sans caméra. Les gardes ont enquêté, mais il n'y a aucune preuve, comme d'habitude. Je leur ai dit d'abandonner la chasse. Perte de temps.
La guerrière s'étira.
— Mais on s'en fout. Tu as été voir le gamin ? Comment il va ?
— Undyne ! siffla le squelette entre ses dents.
— Oh, ça va, c'est pas comme si quelqu'un pouvait nous entendre, on est chez toi.
Le squelette grinça des dents. Ils n'étaient pas supposés parler de Frisk, mais Undyne avait du mal à garder sa bouche fermée. C'était la principale raison pour laquelle Papyrus avait refusé dans un premier temps qu'elle fasse partie de l'alliance. Cependant, la capitaine connaissait l'existence de l'enfant de tout façon, et les autres n'avaient pas voulu risquer qu'elle aille tout raconter au roi juste pour le plaisir de les contrarier. Il valait mieux compter Undyne parmi ses alliés que ses ennemis.
Papyrus se détendit légèrement. Elle avait raison. Ils étaient en sécurité, personne ne pouvait les entendre ici.
— Frisk va bien. Il... Il m'a reparlé de la barrière, mais j'ai dérivé le sujet et lui ai proposé un scénario de bataille à la place, et il a oublié. Mais... Ça devient de plus en plus compliqué. Il veut vraiment nous aider à sortir, mais il ne réalise pas qu'Asgore... Qu'Asgore sera moins clément que n'importe lequel d'entre nous. Il va falloir travailler sur sa naïveté, quand il sera un peu plus âgé.
— Ils sont tous trop optimistes au début. Ça viendra quand il se rendra compte que les Souterrains ne sont pas un endroit idéal pour grandir.
— J'ai peur qu'il veuille devenir garde royal. Il m'imite beaucoup en ce moment, et... Je ne suis pas certain d'être le modèle qu'il lui faut.
Il soupira. Undyne lui donna un coup de poing dans l'épaule, ce qui le fit sursauter. Elle sourit étrangement, comme à chaque fois qu'elle essayait de lui remonter le moral. Malheureusement, elle n'était pas très douée non plus pour ça, ce qui lui donnait plus l'air d'un requin affamé que d'une amie réconfortante.
— Papyrus, même s'il le voulait et qu'il avait toutes les capacités, le gamin ne pourrait pas passer le concours d'entrée. On doit tous passer devant Asgore à un moment ou un autre, et il ne le peut pas. Fin de l'histoire.
— Je ne suis pas certain qu'il se contente de cette version de l'histoire. Il pourrait se convaincre d'aller combattre Asgore pour prouver sa valeur, et là...
Il n'acheva pas sa phrase. Ils savaient tous les deux comment une rencontre avec le roi finirait. Il n'avait aucune pitié. Papyrus se rappelait sans mal son rival pour devenir major de promotion, à son concours d'entrée. Asgore lui avait explosé le crâne d'une simple pression de la main avant même qu'il ne commence à se battre, juste parce qu'il avait osé lui répondre. Il secoua la tête. Il était le seul à être sorti vivant de cette promotion, parce que le roi n'était pas d'humeur à entraîner de futurs soldats. Il ignorait toujours pourquoi lui avait été épargné. Il avait dû voir quelque chose chez lui qui l'avait convaincu. Ou peut-être Sans l'avait-il payé, ce qui arrivait régulièrement. Il n'aurait jamais de réponse.
Undyne aussi paraissait perdue dans ses pensées. Elle avait les sourcils froncés et l'expression sévère. Peut-être que son intronisation s'était passée de la même façon. Ou peut-être que quelque chose s'était passé avec Asgore, réalisa-t-il. Elle avait esquivé le sujet, après tout.
— Il t'as engueulé ? demanda le squelette.
— Pas tes oignons, répliqua-t-elle.
— Undyne, tu arrives en retard et tu es bizarre. Ce n'est pas bien difficile de...
— Ta gueule, Papyrus ! Il ne s'est rien passé, arrête de pousser ! s'emporta-t-elle.
Le squelette en avait la certitude à présent. Asgore lui avait fait quelque chose. Il n'aimait pas être tenu à l'écart des affaires officielles. Elle devait s'en être pris beaucoup dans la figure pour s'énerver aussi rapidement. Peut-être que son travail ne satisfaisait plus le roi ? Ce ne serait pas la première fois. Ce n'était jamais bon pour les gardes dans cette situation. Il n'existait pas de retraite pour les gardes royaux. Ils se battaient jusqu'à la mort ou tombaient de la main d'Asgore lorsqu'il décidait qu'ils n'étaient plus utiles. Papyrus préférait ne pas trop y penser et se concentrer sur son travail.
— Je vois ça, ne put s'empêcher de répondre Papyrus, ce qui fit sortir la guerrière de ses gonds.
Elle se leva du canapé, lui adressa un regard noir, et se dirigea vers la sortie.
— On en a fini. Je me casse.
— Undyne...
— Demain, c'est toi qui viens pour le rapport. Ne sois pas en retard.
Elle acheva la porte d'un nouveau coup de pied. Les deux gonds cédèrent et elle s'écrasa sur le sol. Papyrus passa une main sur son visage, las. Il ne fit pourtant rien pour empêcher la capitaine de sortir. Il ne servait à rien de lui courir après. Undyne était têtue et refusait toute main tendue. Il n'arriverait pas à la faire parler.
Pour autant, le squelette garda cette information dans un coin de son esprit. Il n'avait pas assez de temps pour fouiner et s'assurer qu'elle ne cachait rien de grave, mais il comptait bien mettre son meilleur agent sur l'affaire.
Il sortit son téléphone et cliqua sur le premier numéro. Le destinataire mit du temps à répondre, trop de temps.
— ... Boss ? répondit une voix ensommeillée.
— Sans, quitte ton poste immédiatement. Tu es demandé ailleurs. Rendez-vous à la maison.
— Ouais, ouais...
Papyrus soupira.
— Et si tu te rendors, je te jette dans le premier piège à ours que je croise et je te laisse là pour la nuit. Tu as trente secondes.
Satisfait, il raccrocha. Il savait qu'il n'aurait pas à compter. Sans savait très bien que sa menace n'était pas que du vent.