Une dernière promesse

Chapitre 13 : Fugitifs

3651 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/09/2020 21:22

Tous les écrans de la ville diffusaient désormais l'arrestation de la famille royale et l'exécution d'Undyne. Sans contact avec Nouvelle Nouvelle Maison, il était difficile de prévoir comment les monstres réagiraient à la nouvelle. Tous connaissaient la capitaine de la garde royale et peu importe le nombre d'horreurs et de rumeurs qu'ils sortaient sur son compte, Frisk savait que leur peuple ne se rangerait pas cette fois-ci du côté des humains. L'adolescent et le squelette étaient activement recherchés en ville, pour terrorisme. Leurs photos étaient placardées partout et leur petite cachette devenait de moins en moins sécurisante.


Après la mort d'Undyne, les policiers avaient été alertés par les cris de Frisk. Papyrus n'avait pas hésité une seconde et l'avait porté pour courir se mettre à l'abri. Il ne sut combien de temps ils avaient couru sous les balles et les cris des passants. L'adolescent n'arrivait plus à réaliser ce qui se passait. Tout était allé trop vite. Son ami avait affronté la crise seul, l'enfant étant incapable de faire autre chose que pleurer pendant toute la durée de leur course poursuite. La pluie s'était mêlée à leur fuite effrénée et ils avaient fini par semer leurs assaillants. Mais à quel prix ? Ils étaient maintenant seuls à Ebott City et toute la ville en avait après eux.


Ils avaient trouvé refuge dans un vieil immeuble abandonné en bordure de banlieue. Les fenêtres étaient brisées, mais il y avait des meubles et un point de vue sur l'unique entrée, quatre mètres plus bas. Cela faisait maintenant trois jours qu'ils logeaient là, dans l'espoir que les choses s'arrangent et que leur vie reprenne un semblant de normalité. L'immeuble donnait aussi sur les écrans du centre-ville. De ce fait, ils étaient tenus régulièrement au courant de l'avancée de la situation.


Et celle-ci était loin d'être réjouissante. Barry Flicker, l'air grave, avait annoncé la veille avoir été victime d'un attentat orchestré par Toriel et Asgore. C'était entièrement faux, bien sûr, mais les humains étaient incroyablement doués pour croire n'importe quoi. Les images d'Undyne se ruant sur les policiers pendant l'arrestation avait donné la légitimité qu'il recherchait à ses mots. Depuis, les médias ne cessaient de charger la famille royale en parlant des enfants disparus dans Mont Ebott, mais aussi de comment Sans avait fait justice lui-même lors de l'attaque au couteau qui avait visé Frisk pendant le discours, deux ans plus tôt. L'enfant était désormais présenté par les journalistes comme déséquilibré, et toutes ses prises de paroles précédentes déformées pour être retournées contre lui. Cela avait relancé le mouvement d'opposition aux monstres qui avait déjà fait de nouvelles victimes. Plusieurs monstres d'Ebott City avaient tenté de fuir la ville, mais ils avaient été ramenés brutalement par des manifestants et brûlés devant la police, qui n'avait rien fait pour les arrêter.


Frisk n'arrivait plus à tenir cette violence, et commençait même à comprendre pourquoi Chara en voulait autant aux humains. A côté de cela, il y avait Papyrus. Le squelette était épuisé par les récents événements mais prenait son rôle de gardien très au sérieux. Il avait échappé par miracle aux balles et sortait régulièrement chercher à manger. Il avait notamment récupéré la veste de Sans et une partie de leurs affaires dans les poubelles de l'hôtel. Frisk s'était immédiatement blotti dedans, aussi bien pour lutter contre le froid que pour s'accrocher désespérément à son ami disparu, qui lui aurait certainement supporté bien plus facilement tout le stress de la situation. Bien plus que lui, en tout cas.


Il jeta un coup d'œil vers le canapé. Le squelette était rentré tard et il dormait encore, roulé en boule. L'adolescent fouilla le sac qu'il avait laissé sur la table basse et récupéra une barre chocolatée, avant de retourner surveiller à la fenêtre. Le soleil se levait à peine, et déjà les informations du jour étaient audibles.


"Nuit noire dans la capitale des monstres. Plusieurs explosions ont retenti aux alentours de deux heures du matin. Les attentats, orchestrés par des mouvements d'opposition aux monstres, ont fait plusieurs centaines de victimes. Nous n'avons pas encore assez d'informations pour faire un point plus complet sur la situation. Ces attaques prennent place dans un contexte chaotique suivant l'arrestation du roi Asgore Dreemur, suspecté d'avoir fomenté une attaque contre le président Barry Flicker. Une manifestation de soutien au peuple des monstres est prévue ce matin à Ebott City. Flicker l'a interdite, mais cela n'a pas semblé dissuader les premiers manifestants, déjà présents sur place."


Une image montra des humains et des monstres assis pacifiquement devant l'Ambassade, des pancartes dans les mains. L'image lui réchauffa un peu le cœur. Les soutiens étaient rares, mais ils existaient.


"L'ambassadeur des monstres, Frisk Dreemur, est toujours en cavale. Un grand squelette répondant au nom de Papyrus l'accompagne. Ces individus sont extrêmement dangereux et peut-être armés. Nous vous recommandons de contacter les forces de l'ordre si vous avez la moindre information sur leur position."


Une photo des deux fuyards s'afficha sur tous les écrans. Frisk poussa un soupir. Le flot de haine pouvait reprendre. Il s'éloigna de la fenêtre et décida d'arpenter un peu l'appartement, à la recherche de quelque chose pour se laver. Leur appartement n'avait rien du grand luxe. Il avait trois petites pièces : un salon-cuisine lugubre, une chambre à moitié effondrée et une salle de bain à l'hygiène douteuse. Frisk essaya d'ouvrir un robinet, mais rien ne coula, pas même une goutte. Pas d'électricité, pas d'eau et des ressources limitées. C'était leur nouveau quotidien. Il abandonna l'idée pour se concentrer sur autre chose. Son bras le faisait toujours souffrir, malgré les soins de Papyrus, et il commençait à craindre que ce ne fut pas normal. Malheureusement, ils ne pouvaient pas se rendre dans un hôpital pour le moment, alors il devrait faire avec. Son plâtre était déformé à cause des épreuves récentes et sale et humide par endroits.


Le squelette bougea légèrement derrière lui avant d'ouvrir les yeux. Il s'étira en faisant craquer chacun de ses os avant de se redresser. Il regarda autour de lui, sans doute dans l'espoir que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve, avant de sourire à Frisk.


"Tu aurais dû me réveiller, humain Frisk. Depuis combien de temps est-ce que tu attends comme ça ?

— Tu étais fatigué. Je ne voulais pas te réveiller."


Tu l'es toujours, songea-t-il à la vue des énormes cernes noires qui couraient sous ses orbites. Le squelette avait connu des jours meilleurs. Ses vêtements étaient troués par endroits et il avait l'air très abattu. Frisk faisait de son mieux pour le soutenir, mais il n'était lui non plus pas de très bonne compagnie. Papyrus se leva et replia soigneusement l'espèce de torchon qui lui avait servi de couvertures. Il poussa un long soupir puis jeta un regard anxieux vers les écrans.


"Il y a eu des explosions à la maison, annonça Frisk sombrement. Il y a sans doute des centaines de morts et tout le monde s'en fiche parce qu'on est en cavale et que c'est plus drôle de théoriser sur combien de temps on va tenir dehors.

— Des nouvelles de...

— Non. Ils sont toujours sous surveillance. J'espère qu'ils vont bien... Alphys..."


Il serra les poings pour empêcher les larmes de sortir. La scientifique avait vu sa fiancée se prendre plusieurs dizaines de balles sous ses yeux. Frisk ne pouvait pas imaginer dans quel état elle se trouvait désormais. Elle avait les autres pour l'entourer, bien sûr, mais le choc de l'exécution resterait gravé sans doute de longues années dans sa mémoire. Papyrus baissa les yeux.


"On organisera quelque chose pour elle quand tout sera terminé. Elle n'aurait pas dû... Partir maintenant. Undyne ne méritait pas ça. Ils ne lui ont laissé aucune chance, dit-il, dégoûté. A chaque fois que j'y pense, je me dis que j'aurais pu faire quelque chose pour la retenir, mais...

— Ils t'auraient tué aussi, s'adoucit Frisk, en lui prenant la main. Ce n'est pas de ta faute, Papyrus."


Il ne répondit pas et détourna le regard. L'adolescent baissa lui aussi la tête. Si même Papyrus baissait les bras, comment pouvait-il seulement continuer à espérer que tout redeviendrait comme avant ? Frisk en voulait presque à Sans d'être parti aussi tôt. Il les avait abandonnés avant le début de problèmes bien plus importants que juste traverser les Souterrains et résoudre des problèmes. Le jeune garçon se sentait à la fois responsable et complètement dépassé par les événements. Il se mit une claque mentale. Ce n'était pas le moment de perdre sa légendaire détermination. S'il voulait sauver sa famille et recoller les morceaux, il allait devoir se reprendre en main.


"On devrait repartir à Nouvelle Nouvelle Maison, dit-il au squelette. On ne peut rien faire pour Maman et Papa pour l'instant. On sera plus utile auprès de ceux qui ont vraiment besoin de nous. Ils n'ont plus personne pour les diriger, ça doit être le chaos. Et s'il y a des blessés, on pourra peut-être les aider... En plus, on ne peut pas rester ici. Qu'est-ce qui va se passer s'ils nous attrapent ? J'en... J'en ai marre de perdre des gens, Papyrus. J'en ai marre que des gens se sacrifient pour moi sans que je ne puisse rien faire pour les protéger en retour."


Le regard de son ami s'embua de larmes. Frisk fronça les sourcils.


"Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu... Tu ressembles beaucoup à Sans, tu sais. Avant... Avant qu'il ne devienne comme il était, paresseux, jamais souriant, toujours à me cacher des choses...On n'a pas eu une enfance facile, mais lui... Il a toujours tenu la barre, quoi qu'il se passe, parce qu'il détestait quand rien ne se passait. C'est peut-être pour ça que vous vous entendiez si bien, malgré... Ce que tu m'as dit."


La remarque troubla Frisk. Papyrus lui sourit et sortit de sa bulle nostalgique pour ranger leurs affaires. L'adolescent l'aida sans dire un mot, songeur. Il n'avait jamais questionné Sans sur son passé. C'était un sujet sensible pour lui et Frisk était certain qu'il noierait la question sous une pluie de vannes et de mauvaises blagues pour changer le sujet. Néanmoins, il y avait clairement des choses étranges chez ces deux squelettes et Frisk avait déjà une grande liste de suppositions.


Sans et Papyrus avaient tous les deux côtoyés le milieu scientifique à un moment de leur vie. Les connaissances de Sans sur le sujet lui paraissait des fois même supérieures à celles d'Alphys, même si ça ne durait jamais longtemps. Après un exposé, le squelette paraissait parfois troublé, comme si lui-même ne savait pas d'où il connaissait tout ça. C'était un peu la même chose pour Papyrus, à d'autres échelles. Il était extrêmement doué pour créer des puzzles et des casse-têtes, et beaucoup ressemblaient à des labyrinthes qu'on pouvait retrouver dans des laboratoires pour tester l'intelligence des animaux. Il y avait leurs pouvoirs, également. Frisk avait eu beau chercher, personne à part ces deux-là ne paraissaient maîtriser les magies gravitationnelles. Tout comme personne ne connaissait jusqu'à l'existence du karma, cette magie spécifique à Sans qui infligeait plus ou moins de dégâts selon le niveau de violence de la personne visée. Frisk avait aussi remarqué que les frères squelettes avaient parfois des réactions un peu exagérées, et notamment Papyrus. Dès que l'adolescent faisait un mouvement trop brusque derrière lui, il bondissait en arrière en se protégeant instinctivement le visage. L'adolescent ne connaissait que trop bien cette mimique, et il se doutait bien que l'aspect ultra-protecteur de Sans envers son frère était le résultat d'années de maltraitance.


Mais il restait la question de qui leur avait infligé ça. Sans semblait sincère quand il disait qu'il ne savait pas qui étaient ses parents. Asgore ne se rappelait pas non plus avoir jamais vu les deux frères accompagnés de quelqu'un, même s'ils se rappelaient étrangement les avoir logés quelques années dans leur jeunesse. Il avait bien une théorie : ce squelette difforme derrière la porte grise dans les Souterrains. Frisk ne l'avait croisé qu'une fois, mais le sentiment de terreur et le regard vide de cet être qui avait simplement disparu lorsqu'il l'avait touché, il s'en souvenait parfaitement. Ou peut-être pas. Parfois, il se demandait si ce n'était pas un rêve, tant il avait l'impression que ça n'avait pas été réel. Il devait faire des efforts pour s'en rappeler.


.... A quoi pensait-il déjà ? Il secoua la tête, ça n'avait pas d'importance. Il ramassa les quelques boîtes de pâtes que Papyrus avait réussi à voler et ils se mirent en route. Le soleil se levait à peine et les premiers travailleurs sortaient déjà pour rejoindre leurs usines et bureaux. Frisk vissa la capuche de la veste de Sans sur sa tête et suivit Papyrus dans les rues. Le squelette avait lui aussi opté pour un hoodie orange assez long qui masquait légèrement son visage. Tous les deux avaient bien compris qu'il n'était pas bon d'être un monstre ou ouvertement pro-monstres pour l'instant.


"On ne va pas pouvoir prendre le train, annonça Papyrus. Nos visages sont placardés partout, ce ne serait pas sûr. On va devoir faire le chemin à pied. Tant qu'on a la montagne en visuel, ça ne devrait pas poser de problème."


Il avait raison. Le Mont Ebott se tenait haut et fier à l'horizon. Les monstres habitaient à son pied. Une ou deux journées de marche suffiraient à y retourner, si tant était qu'aucun obstacle ne venait se dresser sur leur chemin. Malheureusement, leur chemin se retrouva déjà bloqué aux portes de la ville. Une rangée de policiers inspectait minutieusement les véhicules et les passants qui quittaient Ebott City. Dans l'une des voitures, un petit monstre qui se cachait dans le coffre d'une voiture tenta de fuir avant de se prendre une balle dans la tête. Papyrus ralentit l'allure. Plusieurs tas de cendres étaient visibles au loin, signe que le pauvre bougre qui venait d'être abattu n'avait pas été le seul. Frisk blêmit légèrement et tira Papyrus en arrière. Tout à coup, il n'était vraiment plus certain que ce soit une bonne idée. Si son ami se faisait tirer dessus, ou pire, qu'est-ce qu'il lui arriverait ? Et s'ils le tuaient lui ?


"Ils ne vont pas rester ici éternellement, tenta de le rassurer Papyrus. On... On peut essayer de passer par un autre endroit.

— Ce sera pareil partout, réalisa Frisk. Ils ne vont pas nous laisser partir. Ils vont..."


Une énorme explosion retentit non loin de là, dans le centre-ville. Frisk et Papyrus firent volte-face, juste à temps pour voir un énorme nuage noir s'envoler vers le ciel. Frisk n'avait pas besoin d'y aller pour savoir d'où est-ce que ça provenait : l'Ambassade. Les policiers lâchèrent tout ce qu'ils étaient en train de faire pour courir vers la source du drame. Le squelette tira l'enfant dans une ruelle le temps qu'ils passent. C'était leur ouverture. Même si abandonner à leur sort les probables victimes de l'explosion lui fendait le cœur, Frisk savait qu'ils n'auraient pas d'autres issues.


"On y va, viens !"


Papyrus l'accrocha dans son dos et sprinta vers la sortie de la ville. Les deux policiers restés là tentèrent de les arrêter en les reconnaissant, mais la foule qui s'échappait du centre-ville en masse les submergea bientôt, les empêchant de leur tirer dessus. Ils ne cessèrent de courir avant d'atteindre les abords de la gigantesque forêt qui couvrait la zone entre Ebott City et le Mont Ebott. La verdure devint rapidement si dense que même des hélicoptères ne pourraient pas les remarquer. Pourtant, ils ne crièrent pas victoire trop vite. Des policiers avaient été témoins de leur fuite hors de la ville. Les traqueurs, un groupe d'élite que Frisk avait rencontré une seule fois, se lancerait à leur poursuite. Ils étaient l'équivalent de ce que Undyne était aux Souterrains : des individus tenaces et passionnés qui n'abandonnaient qu'une fois leur cible abattue.


Néanmoins, après près d'une heure à s'enfoncer entre les arbres, ils s'autorisèrent à ralentir l'allure. Si Papyrus avait pour lui son entraînement de garde, Frisk n'avait encore que des petites jambes fragiles d'adolescent et il n'arrivait plus à suivre le rythme, épuisé. En plus de cela, les moustiques lui tournaient autour et leur bourdonnement incessant commençait à lui taper sur le système. Le squelette, n'ayant pas de peau, ne comprenait pas vraiment pourquoi il faisait toute une histoire pour de si petites créatures.


Ils reprirent la route à un rythme plus tranquille, dans l'espoir d'atteindre au moins la moitié du chemin avant la tombée de la nuit. Frisk n'aimait pas marcher dans le silence, alors il en profita pour prendre des nouvelles de son ami.


"Tu es sûr que tu n'as pas été blessé ? Tu as... Une marque, derrière le cou.

— Oh... Elle est là depuis... Depuis longtemps, pour tout dire. Mais je ne sais pas comment je me la suis faite. J'en ai plusieurs autres, et certaines que Sans avait lui aussi.

— C'est étrange cette amnésie quand même.

— C'est une part de notre histoire, je suppose. Nous n'avons jamais été considérés comme des monstres normaux de toute façon. Et puis, on a vécu plusieurs années dans la rue, si ça se trouve, ça vient simplement de là. De toute manière, même si Sans savait quelque chose, il n'est plus là désormais... Alors ça restera un mystère."


Frisk hésita, avant de reprendre.


"Tu crois qu'il savait ?

— Sûrement. S'il ne me l'a pas dit, c'est certainement parce que c'était quelque chose qui m'aurait déplu fortement. Je ne lui en veux pas. J'ai fait un trait sur tout ça il y a fort longtemps. D'ailleurs, toi non plus tu ne nous as jamais parlé de ton passé, donc je suppose qu'il n'y a pas que nous qui gardons des secrets.

— C'est vrai, rit Frisk. Mais... C'est aussi parce qu'il n'y a pas énormément de choses à raconter. Mes parents n'avaient pas assez d'argent pour s'occuper d'un enfant, donc ils m'ont vendu très jeune à quelqu'un pour que... je travaille et rentabilise l'achat. Je distribuai du courrier. Au début, tout allait bien, parce qu'on ne fait pas de mal à un jeune enfant, mais plus je grandissais et pire c'était.

— Les marques sur ton dos ?

— Oui. Il me frappait, il m'enfermait des jours sans manger ou boire. Et un jour, j'ai été "choisi" par les dieux d'un culte obscur pour être sacrifié pendant une fête païenne. Mon maître a décidé que c'était un grand honneur et m'a offert en contrepartie d'un paquet d'argent. C'est dans ma cellule que j'ai entendu parler de cette vieille légende sur le Mont Ebott, que ceux qui y vont ne reviennent jamais. J'ai profité d'un moment d'inattention du garde pour m'enfuir. Je voulais juste partir, loin. Mais arrivé dans une grotte, j'ai glissé et... Et la suite, tu la connais."


Le squelette garda le silence, pensif.


"C'est horrible, grimaça-t-il. Je... Je sais ce que ça fait, d'avoir un entourage violent. Undyne... Undyne n'a pas toujours été la grande capitaine qu'elle était. Plus jeune, elle venait souvent se réfugier chez nous avec des bleus et des cocards. Son père ne supportait pas qu'elle échoue. Et... Et quelque part ça l'a rendue meilleure. Elle a juré de protéger ceux qui ne le pouvaient pas parce qu'elle ne supportait plus que son père lui dicte sa vie.

— Qu'est-ce qui lui est arrivé ? A son père ?

— Rien. Il est toujours en vie. Un matin, elle en a eu assez et elle a décidé de partir de chez elle pour aller confronter Asgore, pour se prouver qu'elle valait quelque chose. Asgore l'a mise au sol, mais il a aussi décidé de la prendre sous son aile. Après ça, il l'a entraînée et elle est devenue celle qu'elle est aujourd'hui. J'aurais aimé avoir autant de courage qu'elle à son âge. C'est aussi parce que je l'admirais secrètement que j'ai insisté pour qu'elle m'engage à peine deux jours après sa promotion à la tête de la garde royale. J'ai attendu toute la nuit devant chez elle, jusqu'à ce qu'elle craque."


Il poussa un soupir et baissa la tête.


"Mais tout ça n'a plus d'importance maintenant qu'elle est..."


Le mot se perdit et il ne termina pas sa phrase. Frisk ne réussit pas à lui remonter le moral cette fois-ci. Il sentait lui aussi une boule désagréable se former dans sa gorge. Ils n'avaient même pas pu lui dire au revoir !


Un aboiement retentit derrière eux, puis un deuxième. Papyrus blémît légèrement.


"Ils sont sur nos traces. On doit avancer, viens."


Il prit la main de Frisk et accéléra le rythme.


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