Pour le bien de l'humanité

Chapitre 9 : Sauvetage inespéré

2049 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a plus de 4 ans

Les bruits féroces des armes à feu tirèrent les enfants de leur sommeil à l'aube. Papyrus, toujours collé contre son frère, ouvrit de grands yeux terrifiés et se mit presque immédiatement à trembler, prisonnier des mauvais souvenirs. Sans le décrocha lentement et se jeta hors du canapé pour s'approcher de la fenêtre. Il entrouvrit les rideaux discrètement. Des soldats humains tiraient à vue sur un groupe de monstres en armures noires caractéristiques de la garde royale. Les hommes étaient en infériorité numérique et plusieurs se vidaient de leur sang au sol, de multiples lances magiques plantées dans le dos.


Le casque impressionnant d'un des soldats de son peuple le repéra malgré sa tentative d'être discret. Sans hésita à se dévoiler plus pour en être certain. Ils avaient désespérément besoin d'aide. Son cœur se mit à battre plus fort lorsque le guerrier au casque à cornes lui fit signe de rester caché d'un geste de main autoritaire. Le combat reprit de plus belle et plusieurs balles vinrent ricocher dans le petit jardin de leur cachette. Proches. Trop proches.


Le squelette prit de grandes inspirations pour ne pas céder à la panique. S'ils entraient, les soldats humains n'auraient aucune pitié. Et vu comment ils cherchaient à se replier, ce moment pourrait advenir plus tôt que prévu. Il se tourna vers les enfants, serrés les uns contre les autres. Undyne se balançait doucement, ses genoux serrés contre elle et les mains sur les oreilles. Papyrus n'était pas loin de laisser les larmes couler. L'humain, plus calme, attendait ses instructions. Ils ne pouvaient pas rester ici, ils devaient se cacher et rapidement. 


"Bien, vous... Vous allez prendre ma main, et on va aller se cacher dans le grand placard de la chambre. Tout va bien se passer, je vous le promets."


Undyne et l'humain obéirent maladroitement, les jambes tremblantes. Son frère en revanche resta paralysé par la peur, le regard vide et la respiration sifflante. Sans le tira doucement vers lui et prit Papyrus dans les bras. Il l'enroula dans la couverture pour essayer de le rassurer au mieux. Il ne pouvait pas faire autrement.


Ils avancèrent la tête basse jusqu'à la chambre, en essayant d'ignorer les hurlements de plus en plus nombreux à l'extérieur, des hommes et des monstres. Ils s'assirent tous les quatre dans le placard encombré et Sans ferma la porte derrière lui, les plongeant dans le noir. Il ne restait plus qu'à attendre et prier pour que son peuple l'emporte. Sinon, ils devraient trouver un autre moyen de s'enfuir.


Le squelette sentit les mains de son frère se crisper sur son manteau. Il respirait de manière saccadée, il faisait tout son possible pour ne pas pleurer. Sans le serra contre lui pour essayer d'étouffer ses hoquets de terreur. Il lui caressa doucement la tête et le berça comme son père le faisait lorsqu'il faisait un cauchemar. Peu à peu, Papyrus se calma, son pouce dans la bouche.


En tout cas jusqu'à ce qu'une forte explosion fasse vibrer les murs. Les vêtements et les jouets au-dessus d'eux tremblèrent. Undyne poussa un cri aigu, effrayée, et Papyrus l'imita immédiatement. Sans plaça une main sur leur bouche pour les supplier de se taire. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait, mais ce n'était vraiment pas le moment de faire du bruit. L'humain, nerveux, cherchait frénétiquement quelque chose autour de lui. Sans l'ignora pour se concentrer sur les deux petits monstres.


"Chut, calmez-vous, tenta de les rassurer l'aîné. On... On est en sécurité, ils ne peuvent pas nous atteindre. Mais il faut rester silencieux, s'il vous plaît."


L'humain approuva le squelette d'un signe de tête et se déplaça discrètement vers le fond du placard. Il se retourna et fouilla dans les vêtements, avant de brandir victorieusement un pic de bois camouflé dans un pantalon de petite taille. Charlie le montra à Sans avec un grand sourire. Il mima un coup sec en plein cœur qui fit frémir le squelette d'effroi. Il prit l'arme et la jeta au fond de l'armoire. L'humain, surpris, leva les mains en l'air pour lui demander ce qu'il lui prenait.


"Je ne suis pas un meurtrier, murmura-t-il d'une voix sombre. Pas comme eux. Pas comme toi.


— Dehors, c'est tuer ou être tué, réagit l'enfant, agacé. Ils sont dangereux ! C'est notre seul moyen de défense, insista-t-il.


— Et alors ? Il y a une différence entre se battre pour une cause et tuer juste parce qu'on le peut, par surprise. Personne ne mérite de mourir, pas même eux. Ton peuple tue peut-être pour le plaisir, mais non, dans le mien, c'est la pitié et la compassion qui coulent dans nos veines. Ne brandis plus jamais ça devant moi ou tu vas passer un mauvais moment, le menaça-t-il.


— Tu ne sais rien de mon peuple, cracha l'enfant. Si tu refuses de te battre, tant mieux pour toi. Mais moi, je ne me ferais pas tuer comme un idiot."


Sans serra les poings alors que l'humain le poussait pour récupérer son jouet mortel. Ils n'avaient pas le temps de débattre de cette question maintenant. Undyne se rapprocha imperceptiblement de Sans pour bloquer le passage de l'humain, nerveuse depuis que Charlie avait sorti une arme. Le squelette s'apprêta à lui crier dessus lorsque la porte de la chambre grinça. Les quatre enfants se figèrent brusquement, les yeux écarquillés par la peur.


Des pas retentirent derrière les portes de leur cachette. Papyrus trembla plus fort, puis se mit à pleurer à chaudes larmes, retenu seulement par son frère qui lui masquait la bouche de sa main pour le faire taire. Une ombre boucha les raies de lumière de l'armoire. Sans leva la main devant lui et son œil vira au bleu.


« Pour quelqu'un qui ne veut pas se battre... cracha Charlie, méprisant.

— La ferme, siffla Sans, mauvais. »


La forme s'appuya contre la porte. Elle allait ouvrir. Ils étaient en danger. Sans paniqua légèrement. Serait-il capable de se téléporter une nouvelle fois pour leur sauver la vie ?


"Je vois ta magie à travers la porte, petit monstre, dit calmement une voix derrière la porte. Je ne te veux aucun mal. Je t'ai vu depuis la fenêtre. Le danger est écarté. Tu es en sécurité maintenant."


Sans concerta les autres enfants du regard. Aucun n'avait vraiment envie d'ouvrir. Le squelette décida de prendre le risque. Doucement, il poussa la porte du bout du pied. La femme en armure noire qui lui faisait face lâcha immédiatement son arme, qu'elle tenait jusqu'alors braqué sur eux. Elle ouvrit la porte en grand et posa son regard sur chacun des enfants.


"Sans et Papyrus, n'est-ce pas ? dit-elle en pointant les deux squelettes. Je connais quelqu'un qui va être très heureux de vous voir ! Et qui sont vos deux... amis, reprit-elle en posant son regard sur l'humain."


A l'entente de son nom, Papyrus jeta un regard timide à la femme casquée. Il serra la main sur le bras de son frère, qui le rassura d'un petit sourire. Elle releva sa visière d'un geste assuré. Les deux squelettes et Undyne glapirent de stupéfaction en reconnaissant la fourrure blanche caractéristique des Dreemur. Ils avaient devant eux la reine des monstres en personne, Toriel. Elle leur sourit chaleureusement pour les rassurer.


"C'est terminé, vous êtes en sécurité désormais."


Un autre monstre dans une armure encore plus impressionnante entra dans la pièce. Il leva lui aussi sa visière, révélant le même pelage, un peu plus roux. Deux immense cornes surmontaient sa tête. Le roi, Asgore, vint se placer à côté de sa compagne. Il sourit aux trois enfants.


"Enfin une bonne nouvelle, grogna-t-il, satisfait. Je n'en pouvais plus de trouver ruines et cendres sur notre passage. Il manquait un peu de rêves et d'espoir pour illuminer cette journée. Mes pauvres enfants, vous êtes dans un sale état. Je ne pensais pas que des squelettes s'en étaient sortis, mis à part Gaster, et vous deux maintenant. 

— Ce sont les petits de Gaster et Arial, confirma Toriel. 

— Oh ! Je vois. Et toi, demanda-t-il à Undyne, ne serais-tu pas apparentée à Toryne ?"


La petite hoqueta à la mention de sa mère, profondément ébranlée. Elle voulut répondre, mais aucun son ne sortit de sa bouche et elle éclata en sanglots. Toriel la prit doucement dans ses bras pour la consoler et la fillette se laissa aller contre elle. Asgore resta silencieux, conscient d'avoir fait une bêtise, avant de tourner un regard interrogatif vers Sans et Papyrus. L'aîné des deux baissa la tête.


"Elle n'a pas survécu, expliqua-t-il doucement. Nous sommes les seuls survivants de son groupe. Toryne est morte en nous protégeant.

— Mais Sans nous a sauvé la vie, le coupa Papyrus d'une voix teintée de fierté. Il est devenu tout bleu et pouf, dans la forêt, dit-il en mimant la téléportation.

— C'est vrai ? demanda Asgore, en s'accroupissant devant eux. »


Sans releva timidement la tête. Le roi était gigantesque et l'armure noire le rendait encore plus impressionnant. Le squelette hocha timidement la tête. Il ne voulait pas vraiment en parler. Pas devant lui. Quand son père apprendrait qu'il avait développé de nouveaux pouvoirs, il ne le lâcherait pas. Après tout ce qu'ils avaient vécu, c'était bien la dernière chose dont il avait besoin.


« Alors je te dois des remerciements, Sans. Tu as su protéger ces enfants tout ce temps. Tu peux être fier de toi. J'espère que ton petit frère est fier d'être apparenté à toi.

— Je ne suis pas un héros, bougonna l'intéressé, mal à l'aise. J'ai juste protégé mon petit frère."


Charlie passa doucement la tête hors du placard et s'avança pour les rejoindre. Toriel et Asgore se figèrent comme un seul homme. Papyrus, innocent, vint prendre la main de l'humain et l'entraîna vers les monarques, enthousiaste. Malgré la situation délicate, Sans ne put s'empêcher de penser que ça faisait un petit moment qu'il ne l'avait pas vu aussi excité. Son petit frère avait toujours admiré la famille royale, les voir « pour de vrai » devait lui avoir occasionné un choc. Il n'était pas certain qu'il réalisait encore tout à fait la situation. Après ça, lui retirer l'envie de rentrer dans la garde royale plus grand deviendrait compliqué.


"C'est Charlie, c'est mon ami, dit-il fièrement. C'est notre humain ! Sans a dit qu'on ne pouvait pas l'emmener à la montagne, mais... On peut quand même ? supplia-t-il les deux têtes couronnées.

— Papyrus... s'inquiéta son frère. C'est... Ce n'est pas notre humain."


Le roi se gratta la barbe et appela à l'aide sa femme du regard. Sans retint son souffle. S'ils le tuaient, Papyrus ne lui pardonnerait pas. Toriel s'abaissa à son tour au niveau des deux enfants et leur offrit un sourire réconfortant.


"Il faudrait être sans âme pour abandonner ce pauvre petit seul ici. As-tu de la famille ?

— Oui, répondit timidement le garçon. Mais... Je les ai perdu. Je ne sais pas où ils sont. Des... Des monstres sont venus et... On a dû courir... Et...

— La guerre n'est tendre avec personne, s'excusa Asgore. Ne crains rien. Nous ne sommes pas les ignobles créatures dépeintes par les tiens. Tant que tu le voudras, tu es libre de séjourner avec nous. Quant à vous trois, nous vous ramenons au camp, à la maison."


Papyrus laissa éclater sa joie par une petite danse improvisée qui les surprit tous autant qu'elle les fit sourire. Même Sans s'autorisa à espérer, l'espace de quelques minutes, que le cauchemar était enfin terminé. Ils allaient retrouver leur père et tout allait redevenir comme avant. Si tout seulement pouvait redevenir comme avant.


Oui, décidément, les événements prenaient un tournant qui lui plaisait beaucoup.


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