Teenage Dream : Le rêve d'une adolescente
Cher Journal, j'ai dormi presque toute la nuit dans le car. C'est étrange, non? D'habitude, c'est assez difficile de trouver le sommeil dans une voiture, un train ou un car. Je rêvais que j'étais dans l'école à Madrid, dans une salle où il y avait une scène. J'étais sur scène, on aurait même dit que je passais une audition. Soudain, je vis quelqu'un entrer dans la salle, mais je le connaissais, mais je n'arrivais pas à le reconnaître. J'étais à deux doigts de me souvenir de qui c'était, quand j'entendis :
- Lucie... Lucie, réveille-toi!
Une voix qui m'étais familière, mais je n'arrivais pas à mettre un nom dessus. Décidément, j'avais un problème de mémoire! J'ouvris les yeux, et vis M. Jil accroupi à ma hauteur.
- Qu'est-ce qui se passe? demandais-je d'une voix un peu ensommeillée.
- Bon anniversaire! Il est minuit très exactement, et tu es officiellement adulte!
- C'est vrai? Et... on a passé la frontière?
- Pas encore, mais ça ne saurai tarder. Il ne devrait pas y avoir de problème. Bon, écoute, je sais que ce n'est pas l'anniversaire dont tu rêves, mais les autres dorment encore.
- Pas la peine de leur dire, pour mon anniversaire. Je n'ai pas vraiment d'ami ici, à part Joyce et Sandra, mais elle ne sont pas là, alors...
- Je t'aurais bien proposé d'appeler tes parents, mais vu les circonstances...
- Mon frère, je peux l'appeler, non? Il est peut-être encore réveillé.
Soudain, le car s'arrêta.
- Je crois qu'on est à la frontière.
M. Jil s'éloigna et moi, je cherchais à joindre Tommy.
- Allô?
- Allô, Tommy, c'est Lucie.
- Bon anniversaire!
- Merci, merci de ne pas l'avoir oublié!
- Jamais je ne pourrai oublier. Alors, t'es en Espagne?
- On est à la frontière, là, j'espère qu'on n'aura pas de problème!
- Ne t'inquiète pas, je leur ai dit pour ton anniversaire, et ils ont compris qu'ils ne pouvaient plus rien faire. Par contre, Papa ne veut plus jamais te voir, et Maman, elle pleure tous les soirs. Ils ont peur pour toi, tu sais.
- Tu leur diras que tout va bien pour moi, et qu'ils ne doivent pas pleurer, mais se réjouir, parce que je vais enfin faire quelque chose que j'aime vraiment.
- Je leur dirai, mais pas sûr que ça change grand-chose.
- C'est pas grave. Bon, tu veux peut-être que je te laisse pour que tu puisses dormir.
- Oh, tu sais, je ne suis pas pressé de me recoucher, c'est vraiment cool que tu sois en Espagne!
- Pas encore, Tommy, on est à la frontière. Euh, bon, je te laisse, le car redémarre.
- T'es en Espagne, je te dis! Bon, à plus!
Il raccrocha et M. Jil revint.
- C'est bon, tu vas pouvoir passer.
- Je viens d'avoir mon frère au téléphone. Mes parents ont accepté l'idée que j'entre dans une école à Madrid.
- Tant mieux, tu vas pouvoir faire ce que tu veux, alors, et moi, je n'aurai pas de problème.
- Ma mère pleure tous les soirs dans sa chambre, dis-je en commençant à pleurer à mon tour. Je... je lui fais du mal en restant ici, je devrai rentrer, et retourner à l'école et..., en pleurant encore plus sans me contrôler, je continuai : et passer mon bac, trouver... un métier bien, comme médecin... ou avocat.
- Ce n'est pas ta faute si ta mère est triste. Elle sait que c'est ton choix, et que tu es heureuse comme ça. Tu n'as pas à t'en vouloir. Ecoute, si tu veux rentrer chez toi, là c'est moi qui t'en voudrai, parce que tu as la chance incroyable d'intégrer une grande école qui va pouvoir t'aider dans ta future carrière. Qu'est-ce que tu aurais fait si jamais je n'étais jamais venu te voir?
Il avait raison. Aurais-je réussi à continuer d'aller au lycée jusqu'au bac? Et après, qu'est-ce que je serai devenue?
- Tu vois bien que tu n'avais pas d'autre choix que de me suivre, continua-t-il.
Malgré la rudesse de ses paroles, il avait réussi à me consoler. Il s'apprêtai à retourner à sa place, mais je lui ai dit :
- Merci.
- Pourquoi? demanda-t-il.
- Vous avez réussi à me consoler, et ce n'est pas rien.
- Ne me remercie pas pour ça. C'est mon boulot de prof, rien de plus.
- Merci quand même. Certains profs ne prendraient pas la peine d'écouter leurs élèves.
Quelques heures plus tard, le car s'arrêta à nouveau : on était arrivé à Madrid. En fait, j'ai dit quelques heures plus tard, mais je ne sais pas vraiment combien de temps on a roulé, parce qu'après je me suis rendormie. Mais une fois les yeux de nouveau ouverts, il faisait jour. Nous descendons tous du car, et j'ai à peine le temps de descendre que Sandra et Joyce me prennent dans leurs bras.
- Ca fait si longtemps! s'exclama Joyce. Alors tu as pu venir?
- Oui, difficilement mais j'ai réussi. Et vous, qu'est-ce que vous faisiez à Madrid?
- On a enfin réussi à trouver un moyen d'échapper à l'école : en venant en Espagne pour un voyage linguistique, expliqua Sandra.
- Et vos parents vous laissent partir, comme ça, sans rien dire?
- Ils ne peuvent rien nous dire, je te rappelle qu'on a déjà eu 18 ans, répondit Joyce. D'ailleurs, joyeux anniversaire! cria-t-elle avec Sandra.
- Merci les filles, vous n'avez pas oublié!
- Bon, vous venez? nous interrompit M. Jil. On est attendus à l'école.
On avait pas le choix, il fallait remettre notre discussion à plus tard pour rentrer dans cette fameuse école pour laquelle j'avais tout plaqué.
Elle se trouvait à peine à quelques mètres de l'endroit où le car s'était garé. Nous entrons tous, et là, incroyable! Je crois que je viens de rentrer dans l'école de mes rêves! De gens chantent et dansent de partout, on entend de la musique s'échapper des salles de classe c'est merveilleux! Je me sens vraiment à ma place.
M. Jil est vite rejoint par une dame un peu âgée aux cheveux blonds bouclés, qui est vraiment élégante. Elle inspire confiance, je suppose que c'est la directrice. Ils parlent quelques minutes puis M. Jil s'avance vers nous tous.
- Bienvenue dans l'école de Carmen Arranz, ici présente. Avant de vous présenter quoi que ce soit de cette grande école, vous allez passer les auditions. Les professeurs sont déjà installés. Vous allez passer par ordre alphabétique, mais vous pouvez vous installez ici dans le couloir en attendant, ou à la cafétéria, mais surtout, ne partez pas de l'école, et ne décidez pas de la visiter maintenant, parce que si je ne vous retrouve pas, alors vous pouvez tirer un trait sur votre audition et donc votre place dans cette école.
Après ce discours un peu trop solennel à mon goût pour être dit dans un couloir, les premiers élèves commencèrent à passer. On ne savait pas en quoi on allait passer, on ne pouvait même pas leur poser de questions après leur passage, parce qu'après ils passaient immédiatement les autres épreuves.
Je commençais à stresser sévèrement quand M.Jil vint me voir.
- Lucie, c'est ton tour.
Je le suivis jusque dans une salle dans laquelle il y avait une scène et un jury composé de quatres personnes. Soudain, ça m'a paru comme une évidence. Le rêve que j'avais fait dans le car, il était prémonitoire. J'étais exactement au même endroit que dans mon rêve. M. Jil quitta la pièce, et me laissa en tête à tête avec le jury qui m'autoriserait ou pas à passer à la prochaine étape.
- Bonjour... Lucie, c'est ça? me demanda un des jurés. Bienvenue à l'épreuve de chant. Tu dois chanter une chanson de ton choix a cappella.
En fait, j'étais à La Nouvelle Star, c'est ça? Parce que franchement, ça y ressemblait beaucoup.
- Bon, très bien. Euh... je dois vous dire ce que je vais chanter ou vous devez le deviner? demandai-je, histoire de me déstresser un peu.
- Tu as de l'humour, ça change des autres candidats. Dis-nous ce que tu vas chanter.
Je réfléchis un instant. Qu'est-ce que je pourrai chanter? Pas du français, ils ne comprendraient pas. De l'espagnol, donc... Mais je ne connais aucune chanson en espagnol! Alors il faut que je chante en anglais. Une chanson, une chanson, vite! Impossible, de James Arthur, ça devrait le faire, non?
- Je vais chanter Impossible, de James Arthur, répondis-je dans le micro.
Je respire lentement. Ca y est, je suis calmée, je peux commencer à chanter. La musique démarre, d'ailleurs, d'où elle sort, je devais chanter a cappella, non? Je n'ai pas le temps de m'en soucier, je dois commencer à chanter.
- I remember, years ago, someone told me I should take, caution when it comes to love, I did. And you were strong and I was not, my illusion my mistake...
Maintenant ça devenait naturel, je n'avais plus besoin de me concentrer pour me rappeler des paroles.
- Tell them all I Know, now...
Juste à ce moment-là quelqu'un entre, mais je n'arrive pas à voir qui. Je me concentre sur ma chanson, mais je me rends bien compte que le rêve que j'avais fait cette nuit était prémonitoire. Tout y est pareil. Mais je chante pour oublier. Il faut que je rentre dans cette école. Je ne dois pas me laisser perturber par des rêves prémonitoires. Quand je finis la chanson, la personne qui était entrée dans la salle applaudit.
- Tu chantes toujours aussi bien, dit-il.
Cette voix m'est particulièrement familière, et pour cause, quand il sort de l'ombre, je reconnais sans peine Micha, mon ex. Mais qu'est-ce qu'il fait là??
Je ne lui réponds pas. Quant au jury, il semble être hypnotisé par sa présence. J'ai oublié une chose, cher Journal : Micha est un grand chanteur. On s'est séparé à cause de ça, justement, ou plutôt il est parti à cause de ça. Il a préféré choisir sa carrière plutôt que moi, et j'admets que je ne lui en veux pas, ou plus. Je ne l'avais jamais revu depuis.
Le jury le regarde, comme s'il venait d'avoir une vision, et me demande sortir de la salle sans même daigner me lancer un regard.
Un peu secouée par ce qui venait d'arriver, je n'ai même pas eu le temps de marcher que je suis rentrée dans quelqu'un.
- Je suis désolé, dit-il en ramassant les feuilles tombées qu'il tenait dans sa main.
- Non, c'est moi qui suis désolée, répondis-je en ramassant les feuilles qu'il n'avait pas ramassé.
- Je ne t'ai jamais vu dans cette école.
Il regarda les portes que je venais de franchir.
- Tu as passé les auditions pour entrer dans l'école, c'est ça?
Je relève la tête pour lui passer ses feuilles manquantes, quand soudain je reconnais le chanteur Marc, un chanteur très connu, aussi. C'est la première que je vois d'aussi près une célébrité, hormi Micha, bien sûr.
- Je.. euh oui, je viens de passer l'épreuve de chant.
- Bon, je dois y aller, on se reverra sûrement, dit Marc avant de partir.
A ce moment-là, M.Jil vint me voir.
- Bon, tu as fini de passer l'épreuve de chant?
- Oui, mais vous le saviez que c'était l'épreuve de chant, pourquoi ne pas l'avoir dit?
- Parce que c'était le deal, vous ne devez pas savoir à l'avance l'épreuve que vous allez passer, pour ne pas vous préparer et savoir vraiment ce que vous valez.
Nous marchions vers une autre salle dont les murs extérieurs étaient des vitres, donc tous les élèves pouvaient voir ce que je faisais. Mais il y avait encore quelqu'un à l'intérieur.
- Alors, ça c'est bien passé? demanda mon professeur.
- Je ne sais pas, à vrai dire.
- Pourquoi, il s'est passé quelque chose?
- C'est...compliqué.
Un élève sortit de la salle, quelqu'un de ma classe à qui je n'ai jamais prêté grande attention.
- C'est ton tour, tu peux y aller, m'encourage M.Jil.
J'entrai et un jury composé de trois personnes m'accueillit.
- Bonjour... Lucie, c'est ça?
- Oui.
- Bienvenue à l'épreuve de danse. Avant que tu commences, nous devons avoir certaines informations. Tu peux t'asseoir.
Je regardai derrière moi : une chaise vide n'attendait que moi. Je m'assis.
- Donc tu as 17 ans, c'est bien ça?
- Non,j'ai 18 ans depuis quelques heures.
- C'est vrai, bon anniversaire, d'ailleurs. Est-ce que tu as déjà pris des cours de danse?
- Non, jamais.
- Est-ce que tu aimes danser?
- Oui, mais je ne sais pas danser.
- Très bien. Est-ce que tu sais faire le grand écart?
- Non.
- D'accord. Si tu intégrais notre établissement, tu prendrais des cours de danse débutant si c'était en option?
- Oui, sans hésiter. Je veux être à la hauteur de votre école.
- Normalement, tu devrais danser en improvisation, mais vu ta situation, nous n'en avons pas besoin. Ah oui, une dernière question : as-tu le sens du rythme?
J'étais loin de m'attendre à cette question.
- Euh... oui, je suppose.
- Très bien, merci d'être venue. Nous espérons vous revoir en tant qu'élève de cette école, cette fois.
- Merci, au revoir.
Je sortis de la salle. M. Jil était déjà là.
- Alors tu n'as pas dansé?
- Vous avez tout vu, n'est-ce pas?
- Non, juste la fin.
- Je n'ai jamais pris un seul cours de danse.
- Maintenant, tu vas passer la dernière épreuve.
- Le théâtre, c'est ça?
- Oui. Nous sommes arrivés. Bonne chance.
- Vous dites ça pour que je rate tout ou quoi?
Il n'eut pas le temps de me répondre puisque j'entrai dans la salle. D'ailleurs, c'était la même salle que pour l'épreuve de chant, sauf que le jury avait changé. Je reconnus la directrice, Carmen Arranz.
- Bonjour Lucie. Les autres épreuves se sont bien passées?
- Oui, merci.
- Comme tu t'en doutes, tu es à l'épreuve de théâtre. Nous voulons que tu improvises.
- Je veux bien, mais quelle est la situation que je dois improviser?
- On te laisse choisir.
Génial! Comme si je savais quoi interpréter, moi! Non, mais franchement, c'était abusé, là! Même pas une petite piste, rien! Bon, comme je ne savais pas quoi faire, une idée me vint soudain.
- Euh, est-ce que je dois vous dire ce que je vais faire ou pas?
- Non. Tu peux commencer, nous t'écoutons.
Je marchais à travers la scène, pendant un moment, comme si je réfléchissais. Soudain, je m'arrêtai.
- Ah! J'ai trouvé : la soitude, c'est un bon thème, non? Parce que quand on passe une audition, comme ça, on est tout seul. Et puis, je sais pas si vous vous rendez compte, mis c'est vraiment stressant.
Je continuais de parler tout en marchant.
- Et puis, là, vous vous êtes mal placé, le jury. Il faudrait que vous soyez plus... espacés. Parce que selon où on est assis, on ne voit pas la prestation de la même façon.
Je fis comme si je regardai l'heure à ma montre.
- Bon, là je dois y aller, je suis en retard pour mon audition.
Je descendis de scène comme si j'étais pressée. Je comptais sortir de la salle, mais tous les membres du jury se levèrent et m'applaudirent. Au moins une chose était sûre : j'avais réussi l'épreuve de théâtre.