Pile ou Face : De l'autre côté (En cours et en correction)

Chapitre 18 : Réconforts

2210 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/12/2024 00:46

Dans le bureau, de retour à la maison, je m’isole pour étudier les documents médicaux mais je ne comprends pas grand-chose. Je suis quand même heureuse, que le ministre de l’Education a pris en compte ma demande et j’attends avec impatience un futur entretien.


De plus, Elias m’a informé que l’école souhaite renouveler le concert en fin d’année pour le pérenniser. Je ne sais pas si je vais accepter mais peut être qu’en payant les entrées, cela pourrait financer des sorties scolaires ?


En attendant, je décide de laisser de côté cette langue inconnue et remet l’ensemble dans la petite malle. Je sors m’ouvrir une bouteille de vin et m’installe fumer sur le transat dans la nuit étoilée. Je ressemble bien à ma sœur…Préférant penser au sol qu’au ciel en appelant surtout quelqu’un qui manque.


« 

— Que conclure mamie ?

— Tu y tiens, alors que tu radotes ? Très bien, c’était un homme complexe, multipliant les projets, étant incapable de rester dans sa bonne voie, être chirurgien. Un homme malade, qui m’avait convaincu de t’emmener au bunker pendant deux ans. Seul avec lui, je n’ai pas su voir avant tant d’années, qu’il t’hypnotiser, nous manipuler. Il a su voir tant de prédictions, je reconnais que c’est extraordinaire. Regrettable aussi, qu’il ne me disait rien. Un homme qui a usé de notre pouvoir unique pour le pourrir. Un être qui pensait avoir engendré son monstre, toi. Toi pour renverser avec vos enfants, le monde. Il voulait sans doute aussi, sauver des vies, manipuler d’autres âmes pour créer une armée. Tu as réussi à fuir, tu aurais pu le tuer et tu l’a laisser s’autodétruire.

— Hum…Et Eva ? Pourquoi elle m’est revenu comme à ses treize ans alors que…non, oublie, je crois te l’avoir déjà demander. Au fait, tu en penses quoi de mon projet de centre de recherche ?

— Soit le cobaye pas la cheffe.

— Pourquoi ?

— Tu n’y connais rien en médecine. Mais tu peux sauver tant de vies en prouvant comme les deux argentins, ta longévité. Après, le mieux est de conserver les originaux et de donner des copies aux autres centres d’études mondiales.

— Hum…Comment il a réussi à ce que tu lui raconte toute ma vie ?

— Je vais te montrer.

 

La porte se ferme pour s’ouvrir sur un souvenir. Jamais, elle ne m’a la montré, ce talent là. Une bulle dans lequel baigne ma grand-mère, plus jeune, vers la soixantaine et lui, dans sa trentaine voir un peu moins. Ils sont dans le bunker, dans le bureau et on sent déjà qu’il dicte le jeu :

 

 

« 

— Je suis venu exprès pour toi Ambrosio, ne me fait pas attendre. Je dois aller chercher mes petites-filles.

— Je suis si heureux de t’annoncer que j’ai eu, une vision.

— Hum, une première ?

— On s’en fiche mais, ça concerne la petite dernière.

— Marta ?!

— Ho oui !

— Tu me fais peur tu sais. Vu ton rire, tu penses avoir trouver en elle, celle qui représentera Zok sur Terre ?

— La clef de mon projet.

— Un projet ? Tu as changé d’avis ? Il ne suffit plus de recréer notre petite religion ?

— Je n’ai pas de compte à te rendre Maria !

— Je suis la dernière représentante des médiums, ta branche ne peut pas dire autant !  Depuis, qu’on se connait, je ne sais jamais ce que tu attends de moi.

— Ta première petite fille Adela, comme ta fille, n’ont rien en commun avec nous. Hors, je ressens la force unique de Marta. Je sais que tu désires faire revenir Zok grâce aux femmes comme ça été si longtemps le cas. Et justement, j’attends de toi, que tu me dises tout sur elle.

— En quoi sa vie peut-être utile pour toi ?

— Par la pensée, lettre ou téléphone. Je veux connaitre tout ce qu’il se passe, comprendre son ou plutôt ses modes de fonctionnement. Décortiquer sa vie pour savoir si elle est bien celle qu’on attend.

— Quelle est la représentation idéale d’une jeune médium pour les Zokias ?

— Une femme de caractère, dominante. Qui apprivoise les morts, les fait chanter pour obtenir des explications, des secrets dans le cadre de l’aide aux vivants.

— Je n’ai jamais compris pourquoi, notre don est si rare chez vous, les hommes. Ni, pourquoi, tu n’as pas cherché une jeune femme pour peut-être, réussir à le transmettre.

— Je ne cours pas auprès d’elles. Une perte de temps, d’énergie. Je me consacre pour le moment à ma création d’un centre de recherche en Argentine pour mon expérience sur la transplantation cardiaque.

— Hey bien, mon cher, continue sur cette belle lancée.

— Merci Maria. Au fait, je sais que tu m’as déjà évoqué à ta sœur.

— Tu es pire qu’une puce, tu sondes toutes mes pensées ?

— Quand ça m’arrange, quand tu es vulnérable aussi. Tu vieillie.

— Et alors ? Tu comptes me punir d’avoir parlé d’un membre de notre famille à Rosa ?

— Je sais qu’elle garde le secret, en tout cas, je t’ai à l’œil. Etant désormais le chef, j’exige une parfaite confiance entre nous.

— Je n’arrive pas toujours à te cerner mais tu as su à chaque fois, me convaincre que les Zokias ne sont pas morts. Et que depuis des lustres, un grand destin attends l’une de nous. Si tu penses que Marta est la bonne, je te crois. J’espère que je ne serais pas déçu.

— On va plus se voir avant quelques années. Elle a quel âge en ce moment ?

— Deux ans.

— Je pars en Argentine dans deux jours. Vers huit ou dix ans, j’aimerais la rencontrer. Tu seras d’accord ?

— Bien sûr.

— Parfait ! En attendant, n’oublie pas tout ce que je te demande. Tout comportement inhabituel est bon à prendre. Je viendrais aussi, te donner des tests à lui passer.

— Quels tests ?

— Tu es médium, je suis, ce que mon père appelait, un passeur. Si on arrive à communiquer entre vivants rien qu’à deux, faudra que je tente de passer de toi à elle. Je n’ai rien décider et souviens toi, on n’a le même projet. « 

 

La bulle se referme quand elle pleure, je l’accompagne. Sa fierté me glace encore le sang. Ma cicatrice me brûle et je me gratte tout en essayant de renouer le contact. Folle de rage, je brise le verre dans main avant de jouer avec le bout coupant proche de ce mot.


« Laisse tomber les morts, laisse ton sang noir couler sur l’herbe fraîche de la nuit. Tu n’as rien à te reprocher ma petite. C’est ma faute, moi, qui était convaincu qu’on pouvait être guider par un Dieu vivant. Il a déchiré notre désir, nos rêves, notre famille. Il pouvait continuer à t’empoisonner en cage, te guider. Seulement, il se savait condamné. Il avait vu défilé ta vie, vu des connaissances, des amis. Et plus, tu allais dans son sens, sans qu’il n’est intervenu, comme Eva et ta déperdition, plus il était fou. Il jouait avec une vie, la brisant de son âme, arrachant toutes ses carapaces. Il attendu ta greffe, pour amorcer sa phase finale. Notre détresse. J’avais fui chez ma sœur, pour le fuir lui. Il me cogner sans cesse pour que tu accomplisse n’importe quoi. Passant de la tempête au calme. Et puis, Eva. Ho, Eva, elle m’est bien venu à moi, pas à lui. Il t’a menti comme toujours. C’est moi, qui est conseillé à Eva de te chercher, te parler sans attendre. Je suis vraiment désolé d’avoir été trop aveugler. Je pensais vraiment, que tu pouvais être comme moi. Hors, tu es aussi comme lui. Un passeur. Tu es aussi, forte, persévérante. Fermant les yeux pour ses morts, qui te laissait indifférente, alors que moi-même, j’en avais la trouille. Tu suis tes rêves avec lucidité, tu es aussi une bonne mère, une bonne épouse, une bonne fille. Pardonne moi, cette encore, long monologue, c’est mon moindre réconfort. J’ai toujours cru en toi ma chère petite-fille, toujours. Ta mamie qui t’aime. »

 

Dès qu’elle m’a donner le feu vert pour m’ouvrir les veines, c’était trop tard. Une simple métaphore mais dont chaque lettre de « Coupable », ne signifie plus rien. Je sais, qu’on m’a confirmé sa mort, je sais que c’est mal et pourtant, ça me soulage.


Sur l’herbe, ne voit pas mon sang, juste du noir. Oui, je le laisse couler, une saignée comme au moyen-âge et dont je ne veux plus supporter ce mot. Je me ferais un tatouage pour le masquer…Après cette longue agonie, je prends ma cigarette pour essayer de brûler ma peau. Plus j’approche, plus je tremble, plus je ne perçois pas la panique de Roberto.


— Marta ! Stop ! Arrête !


D’un geste maitrisé, il écrase ma cigarette sous sa chaussure droite et sert fermement mon bras. Je n’ai aucune la force de bouger, ni de parler. Je m’effondre dans ses bras. Il me susurre des mots doux et me ramène dans la chambre, en direction de la salle de bain.


— Tu ne dors pas ?

— Je me disais aussi qu’après huit de captivité, tu ne pouvais pas reprendre une vie normale.

— Une vie normale ?


Il me sourit pendant le pansement et j’ose enfin me voir dans la glace. Une poupée de chiffon ou une droguée, rien qu’il puisse m’éclairer sur son amour éternel pour un cas comme moi.


 

— Marta, tu as subis un choc traumatique, une fois de plus. Manque de sommeil, perte d’appétit, tes humeurs, tout cela est normal. Pourtant, une fois sortie de ta rééducation, tu as repris un rythme assez rapidement. Mais, ça cache quelque chose. Faut que tu reprennes les thérapies au plus vite.

— La musique, notre famille et mon projet ne compte pas peut-être ?

— Depuis ta sortie du centre, tu es plongé dans un état second. Même s’il est mort, il te hante. Il t’a pourri ta vie, je pense qu’il faut que…

— Tu as raison mais…je ne veux plus de médocs ! Même à Adela, je lui ai dit…j’ai en fait peur qu’on me sonde à nouveau. J’ai trop avoué, trop donné et ce soir, c’était libérateur, crois moi, mamie m’a parlé et je lui pardonne.

— Et si je venais avec toi ? Pour te rassurer ?

— Oui, merci. Au fait, je pense que c’est impossible de chercher un nouveau centre de recherche, je vais annuler le rendez-vous avec le Ministre et juste envoyer gratuitement en copie, les documents médicaux.

— Comme tu le sens ma belle. Je t’ai préparé un somnifère, je l’ai posé dans la cuisine, tu veux le prendre ?

— Bonne idée, merci de ton soutiens. Au fait, comment tu as su que j’étais dehors ?

— Elias, je l’ai entendu partir au toilette. Comme tu n’es pas venu dormir, je me suis levé, il m’a croisé et montré que tu fumais. Ne te rajoute pas un cancer des poumons aussi.

— C’est rare en ce moment. Bon, il est quelle heure ?

— Deux heure. Je t’attends ?

— Oui, j’arrive. Merci mon cœur. Je t’aime.

— Moi aussi. Plus que tu ne le penses.


Un doux baiser permet de me préparer à dormir. Une fois la pilule prise, je me love dans ses bras.


— Demain, je pense visiter le bunker.

— Tu en as vraiment besoin ?

— Après que j’aurais nettoyé mon bordel, oui. Tout le monde peut venir même mes parents. Au fait, où est mon père ? Je viens de remarquer son absence ! Ils ont divorcés ?!

— Désoler de te l’apprendre, il est mort d’une crise cardiaque, il y a quelques années.


Je suis sous le choc. Il m’aura jamais vu revenir et je me promets que sur la route, je passe lui rendre hommage. Je comprends pourquoi, personne ne m’a prévenu. Un tremblement de plus. Et puis, emmener sa famille et Eva et même Carmen là-bas ? Vraiment ? Et puis, puis-je revenir comme ça ? Faut que je demande à la police pour avoir les clés. 

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