De l'autre côté (Deuxième Partie, en cours, premier jet)
— Enfin tu reviens ! Je me sens en prison ici ! Combien de temps je tourne en rond comme un rat en cage ?!
— Trois mois et six jours.
— Suis-je libre ?!
— Comment tu te sens mentalement ?
— Comment veux tu que j’aille bien ?! Je me suis suicidé laissant mes proches dans l’incompréhension, la peine et la colère !! J’ai besoin de les câliner ! Tous et surtout mon fils !!
— Tu veux vraiment ?
— Oui !! Même si tu me donnes une illusion, des poupées ou que sais-je !! Je suis en manque ! Une torture ! Pourquoi voulais je mourir si on ne peut plus être proche autant que sur Terre !?
— Calme toi. Tu crois qu’une fois mort, là haut on a le droit de retrouver la même sensation que les vivants ?
— ….
— Non. Non, hélas on se doit de s’accommoder à l’absence. Être patient et en attendant on est quand même entouré des anciens, des siens déjà ici. Je sais que tu désires parler à Rosa et Maria sauf que tu n’es pas encore prête à supporter le deuil. Passe d’abord les sept étapes du deuil. En phase avec les tiens rester au pays. Je t’autorise à regarder la TV pour voir en bas.
— Les sept !?
— Le choc, le dénis, la colère et le marchandage, douleur et tristesse pour finir la résignation et l’acceptation. Chaque personne est différente dans ses étapes là. Certaines ne ressentirons rien, d’autres vont passer de longs ou courts moments dans quelque phase. Ou bien encore passer certaines sans en connaître d’autres.
— Tu te moques de moi là ?!
— Non. Je suis ton guide ici. Écoute mes sages paroles pour mieux t’en sortir.
— Et tu crois que m’enfermer ici va vraiment m’aider ?!
— Tu es sous le choc et le dénis de ta mort. Dehors c’est l’inconnu et tu risques de te perdre encore plus.
— Et les autres morts ?!
— Ho eux, n’ont pas ce lien privilégié avec moi. Je suis comme je t’ai milles fois expliquer, un Dieu des morts parmi d’autres. Réserver à une seule communauté. À dire vrai, aucune idée de comment ils acceptent le passage de l’autre côté. Ils sont bien reçu mais je ne sais pas tout. J’ai déjà dû travail avec tous les Zokias et maintenant toi.
— Tu penses accueillir ma famille ?
— Il faudrait qu’il croit en moi mais c’est mal partit. Dans tout les cas, vous allez vous retrouver.
— Comment ça ?! Ça doit être aussi vaste que l’univers !
— Je te le promets. Cependant tu as encore beaucoup d’années. La vie est un jeu mortel. Bon à plus tard.
Il rit de sa blague et je me rassoie fatiguée. Depuis mon arrivée ici, je lis à peine et ne fait rien d’autre que de revenir en boucle dans le cycle de mes souvenirs.
Curieuse de son idée, j’allume l’écran qui me propose de visionner en direct avec le son compris ma famille. C’est glauque, flippant mais nécessaire pour me rassurer. Dire que je ne l’ai jamais utilisé pour les films.
L’écran me propose plusieurs onglets ainsi que plusieurs points de vue. Où aller ? Je choisi Elias. On l’a mise à la crèche depuis six mois pour qu’il se sociabilise. Et puis, essayer de couper un peu le cordon en me reprenant en main par du sport ou sortir entre amis.
Si les vivants savent qu’ils sont espionnés …Enfin, j’ose penser que c’est qu’avec Zok ou que c’est dans mon rite de passage. Je prends un coussin pour mieux m’installer. Puis finalement un autre pour le serrer contre moi. La lumière m’hypnotise et j’arrive pour la première fois à sourire en larme. Surtout quand Roberto passe le chercher :
«
— Tu grandis vite mon petit. Maman serait fier de toi.
— Maman…veux maman…
— Moi aussi mon grand, moi aussi. »
Il s’en va en direction du parc et s’amuse avec lui au ballon avec d’autres. De temps en temps, il semble regarder le ciel puis les arbres et j’aimerais manifester ma présence. Maintenant, je passe voir mes parents.
Ils masquent leur peine dans leur activité routinière. Ma mère s’occupe du linge et mon père nettoie ses outils de chasse. Enfin, Adela fume l’esprit ailleurs dans son appartement, elle tourne en rond pour aller ensuite se servir un verre de vin puis deux. J’ai réenclencher son addiction, je mérite de souffrir !
Et toi Eva ? Tu joues de la guitare en chantant de belles paroles rappelant nos moments. Ça m’apaise et j’endors enfin.
«
— Marta ?
— Roberto ?
Sur la colline, je me tourne vers lui. Il porte son costume blanc de mariage et quand il veut attraper ma main, elle le traverse.
— Tu n’es pas mort hein ?
Il pleure, je ne bouge pas. Puis, j’entends une voix plus dure, plus puissante, plus flippante :
— Tu es à moi !
— Marta ? Vient, rentre à la maison, ne l’écoute pas ma belle. Prend ma main.
L’ombre comme un dôme nous envahis, la terre tremble et un ouragan se déchaîne en bas. Je tombe, me réveille, hurle et tente plusieurs fois de m’agripper à Roberto. Je suis sourde à ses mots et la chose m’embarque dans les ténèbres.
Le choc de me voir dans un autre lieu. Une salle de boxe entourée de miroir. Je suis pleine de sang, de blessures et de rage. Je tourne en rond pour me fixer jusqu’à taper sur le punching-ball au centre.
Plus je frappe, plus je saigne, moins je ressens. J’hurle sans m’entendre et pourtant mon corps est plein de force, de sueur, d’essoufflement. Je m’effondre à nouveau et sors de mon coma avec ses mêmes mots :
— Tu es à moi ! «
— Tu es à moi !
Je crache de l’eau boueuse mêlant à du sang. La télé s’est coupée et ses pieds sont devant. Il frappe un grand coup avec son bâton pour me forcer à me lever et lui faire face :
— Tu es en rage et c’est normal. J’ai un bon exercice pour toi. Suis-moi.
Heureuse de finalement prendre l’air, je le suis pour malheureusement s’arrêter à quelque porte de là. Un écriteau « Salle émotionnelle » sur une porte noire n’augure rien de bon. Et j’ai raison.
Dès la porte passée, l’horreur s’imprègne dans ma rétine. Zok ne montre rien et exige que je m’imprègne de tout mes sens. Dans cette grande salle ovale, des hommes, des femmes et même deux ados, s’infligent des douleurs.
Des coups de lames, des coups de fouets, de poings…Tout s’enchaînent dans un concert non coordonnées. L’odeur du vomis, les cris de détresses, les mains sans peau qui se régénèrent et qui pourtant osent me toucher…J’en peux plus et je sors moi aussi les tripes retournées.
— Ta conclusion ?!
— Je…pourquoi ils se punissent ?!
— La salle est le reflet de ton état. La colère est bon signe cependant évite qu’elle se retourne contre toi. Tu dois la transformer en du positif. Souviens-toi que personne ne revient à la vie, surtout avec son corps. Je te laisse en prendre connaissance, je te ramène chez toi.
Trop faible pour réagir, j’ai quand même du plaisir de me prendre un bain loin de toute ces choses ! J’étais vraiment capable de me faire du mal ? Evidemment et j’aurais aimé retracer d’autres routes. Ma colère me laisse dans la tristesse personnelle…