De l'autre côté (Deuxième Partie, en cours) Premier jet et phase correction
— A qui est envoyé le message ?
— Le directeur des « Membres oubliés ». Oui, ça existe depuis la nuit des temps. Une vaste base d’archives des organes, membres et tout ce qui constitue le corps interne. Peut-importe la race, quand il y a eu une opération ici ou par le passé, il est gardé dans ce lieu. Je peux comprendre que ce n’est pas facile à concevoir.
— Comment on peut le retrouver ?
— Adrian nous le dira.
— Il va nous sauver ?
— J’attends sa réponse et son délais pour venir. En attendant, on n’a pas le choix de rester ici. Comment tu te sens ?
— Malade…je peux prendre l’air ?
— Tu veux marcher un peu dehors ?
— Oui.
Elle m’aide à me lever et je réussie à faire quelques pas hors de la petite cavité. Pas loin du lieu de la lutte, je me remémore le projet de Zok…Si j’adore me battre, il m’a tellement ruiné ma santé, que je préfère mourir…
— Suza ?
— Oui ?
Elle prépare un lapin avec des herbes sur le feu. Tellement bienveillante que je n’ose vouloir lui demander ce qui est quand même réalisable. Et pourtant, en revenant chancelante, adossée au rocher ocre…
— Je ne veux plus vivre.
Mes mots brisent la patte droite, elle qui commençait à le dépecer. Elle hésite à me contredire rapidement sauf que j’argumente en frottant mon bras enflammé.
— Tout ma vie, je n’ai cessé de lutter pour ne pas croire à mes dons, pour ne pas croire à la mort d’une amie et de ma grand-mère à quelques jours près alors qu’elles étaient finalement en vie… Toujours cherché la gloire et la lumière par ma danse. Rendre fier mes parents par mon acharnement. Tout ma vie, je n’ai cessé de croire en ma bonne étoile, à ma capacité de raisonnement agressive pour prouver que je mène ma vie. Toute ces dernières années, je n’ai jamais voulu pensé que tout allé s’arrêter si vite. Mon cœur qui devient du poison pour mes projets, pour ma vie. Le cardiologue mettant une horloge angoissante, quand il ne te reste moins d’un an à vivre si un don ne tombe pas du ciel…Et puis, me pensant sorti d’affaire, je n’avais absolument pas prévu son arrivé. Jamais son nom ne fût prononcer par ma grand-mère…et puis, comment une vivante arrivait-t-elle des années après, à me parler ? Me posséder ? Je n’avais eu que de rare moments d’entrainements…Eva me racontait qu’elle lui avait appris, ce don presque unique, dont je ne sais plus le nom et dont je me fiche. Sans doute est-ce parce que j’ai tant bataillée avec mon vrai cœur, qu’il me voit enfin comme une capitaine capable de soulever une armée ? Aucune idée…je n’ai plus la force, le courage de trouver ce cœur. Il l’a gagné une seule chose, ma soumission face à la mort. Il me manipule, j’en suis encore persuadé, en pensant prendre l’option du duel, mon cœur ne sera qu’un maigre réconfort de mon ancien vrai moi, sans aucun pouvoir que simplement d’adrénaline. Et si, je retourne dans le passé, qui c’est, si tout ce que j’ai vécu ne va pas me hanter ? Et quand bien même, il réussit son pari, celle d’être son fidèle lieutenant, il ne l’accomplira jamais, lui qui haï tellement l’autre sexe. Alors, ce n’est donc pas un aveu de faiblesse, juste un soulagement. Si tu me l’offre, je t’en serais reconnaissante, car je ne serais plus un fardeau pour personne…je ne l’ai jamais souhaité.
Avant qu’il pleuve des sages paroles de miels, mes pas me guident dehors. Sous le soleil chaud, je suis une ligne invisible jusqu’à courir sans vraiment de raison. Suza m’appelle, me course et me rattrape alors que je m’effondre en larme dans ses bras :
— Je ne jamais accorder la poussière sauf pour des rituels. Que ce soit en bas ou ici, il a détruit une si belle âme. Et tes théories sont plus que probable sauf qu’il ne faut pas le laisser gagner.
— Pardon mais je m’en fiche de la guerre…
— Tout le monde va être impliqué directement ou non. Taurin est au courant et va commencer à le surveiller avec d’autres puissants. Tu es juste affaiblis par tant de traitements et je me persuade comme malheureusement pour lui, que ton cœur fera la différence. Subir deux fois une lourde opération, dénature la vision qu’on a de sois. Tu as en toi, une deuxième âme qu’il faut rendre à son donateur. Cet organe est aussi un élément perturbateur.
— Sur Terre, les dons d’organes, du moins dans pas mal de pays, sont anonymes. Alors comment il sera rendu ?
— Adrian saura le faire.
Elle me force à la regarder et elle me rappelle Adela, ma mère, Eva et même Carmen quand elle sèche mes larmes.
— Tout ma vie, j’ai voulu le voir poussière. Je n’ai pas d’aussi grand pouvoir que de pauvres remèdes de soins...Mais j’ai comme toi, ce courage intérieur, cette volonté de protéger les autres, de prouver ce que je vaux dans ce vaste monde de Dieux, de créatures plus puissantes, plus terribles que même Zok en a forcément peur. Je connais ses forces et ses faiblesse.
— Et c’est quoi ?
— L’aveuglement, la capacité de prévoir à quelques secondes près, sa grande queue piquante si douloureuse quand il en use et bien sûr, les mots. Mais surtout, notre fille peut le rendre vulnérable et toi.
— Moi ? Mais, mais j’ai dit que….
— Souvient toi que tu l’as dans ta peau. Il a avoué qu’en possédant ta grand-mère, il a réussi à t’avoir et il avait tenté de reprendre son gros morceau comme il disait. Tu…
— D’où le poison ?
— Oui. Il t’a finalement emmené près de lui pour mener de plus près son plan. Une fois dans la fosse, il n’aura plus à se soucier d’une quelque vengeance venant d’une fille de ton garçon car tu n’es plus là pour transmettre la religion ou l’art de médium.
— C’est ce que tu penses ?
— Oui.
— Et mon grand-frère pendant mon accouchement ? Je n’ai pas voulu savoir le sexe…
— Il a fouiné pour te montrer un fils, justement, pour renforcer ce lien.
— La preuve en ai que j’ai contacté ce bébé alors…que c’était stupide ! Un bébé ne parle pas ! D’ailleurs Zok c’était moqué ! Je…il m’écoute ?
— Il sait qu’on ira voir Adrian, il nous l’a aussi avoué. Rassure-toi, il ne va pas t’embêter enfin, j’espère. Il cherche à que tu sois bien en vie pour que tu décides qu’elle voie tu vas prendre. Tu as toujours lutter même avant d’en faire sa connaissance, donc il sait également que tu ne laisses jamais faire même dans tes moments de faiblesse.
— Tu pensais qu’il pouvait mettre en cage mon cœur ?
— En fait, je redoute cette option…
— Combien de temps avant la délivrance ?
— Deux jours de vols, donc retour dans quatre jours si aucun vent ne le détourne. Adrian n’est jamais venu ici à ma connaissance…Mais avec nos coordonnées, il peut être là trois jours après le retour de Rida. En résumé, une bonne semaine.
— Je ne pense pas tenir….
— Il le faut, même si j’ai de quoi manger, je partirais à la chasse tout à l’heure. Il vrai que tu n’es pas une mortelle comme les autres. Aussi souffrante, aussi utilisé par un Dieu qui n’a plus de respect pour les humains…Je pense que tu es la pire de toute son armée…
— Achève-moi alors…je ne veux pas être un….
— Je ne te lâcherais pas. Tu es comme mon enfant même si cela fait moins d’une longue journée qu’on se connaît, je te considère comme telle. Je te sais courageuse et je serais là pour t’accompagner pour la paix.
Je m’effondre une deuxième fois en larme en murmurant des remerciements qu’elle considère normal. Puis, on revient au chaud. Elle prépare un plus grand feu et un grand lit pour que je me repose. Avant de m’endormir avec ses ultimes herbes sur mon front, je lui pose une dernière question voir deux :
— Sait-tu la signification de mes brûlures sur mes cicatrices ? Et cette boue ?
— La première évidence c’est le doux rappel de ton absence de cœur, ta culpabilité à cause de la balle dans ton bras ainsi que ta scarification. La deuxième vérité, réside, à mon sens, dans le fait que cette substance est le fruit d’une difficulté à avancer, un ralentissement de ton impulsivité, de ta possible rébellion, pour mieux t’affaiblir. Ajouté à ce dégout de soi-même, à donc une volonté de sortir son mal, son âme et qu’à genoux, tu lui montres ce qu’il voudra enfin voir après l’ultime épreuve d’une course contre la montre pour avoir ce que tu as déjà perdu.
— Et si Adrian n’arrive pas ? Et si je disparais ?
— Il est extrêmement rare de s’en aller. Adrian saura venir, il ne se laisse jamais avoir par qui que soit et dans le doute, il saura se défendre seul ou avec ses collègues. Repose-toi, je vais trouver à manger pour faire des réserves, le temps que ça cuise.
— Reviens-vite…
— Promis.
Elle chantonne des douces paroles en fermant mes yeux et je m’en vais dans un sommeil sans rêve, sans même d’étranges visions ni même des souvenirs ou mes proches. Un vide qui au lieu de m’angoisser, m’apaise….