Sous le feux des projecteurs (Première Partie, Premier jet)

Chapitre 16 : Le point de non-retour

Chapitre final

1536 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/03/2024 22:15

Je ne sais ce que pense Alvaro de ma blague. Qu’a-t-il dit aux passants ? M’en veut-il ?


J’ai échappé aux sirènes, aux appels, aux cris et à la foule. Je me suis caché sous un pont, partageant une moitié d’un breuvage douteux avec un homme déjà aviné jusqu’au repas du midi. En repartant, il m’a offert une cigarette et j’ai toussé un peu en fumant par intermittence, méfiante sous ma capuche.


La pluie n’a pas atténué ma détermination et ma lâcheté. Durant trois heures, j’ai erré entre la ville et un grand parc. Les pigeons quémander à manger et je n’ai leur juste offert ma détresse.


J’ai encore patienté, en mettant en sourdine mon téléphone, terrer comme un fugitif près de l’école, la nuit qui tombe. Dans une ruelle, à côté de la poubelle et mon flingue toujours chargé.

Puis, je suis monté par un escalier de secours sur le toit. J’ai bloqué la porte avec un simple balais bien qu’au fur à mesure des aiguilles, personne ne viendrait pour fumer. Ni même me chercher ….


Pourtant j’hésite à me rendre…mais comment m’expliquer ? Vais-je être comprise ou être pardonner ?

Je sors mon arme et j’hésite à tirer. Or, j’ai peur qu’on m’entende.

Mon corps s’effondre et je me noie ayant du mal à respirer.


Mon téléphone vibre une nouvelle fois et c’est Roberto. Un énième signe et ça me brise encore plus. La peur me ronge, ma culpabilité aussi et l’envie d’en finir s’approche à grand pas.

Vingt-une heure.  Je me lève et jette mon arme sur le côté. Mes yeux secs, je me recoiffe, souffle un bon coup et démarre une vidéo.


« Finit, terminer, j’en suis désolée.

Je vous ai fait souffrir toute la journée et j’avoue que c’est bien par lâcheté que je ne compte pas m’expliquer.

On savait depuis la rentrée, que ma fin était annoncée. J’ai toujours été une survivante et je veux me retrouver.

J’ai passé de belles années à vos côtés. Réaliser de beaux projets et le ciel m’appel.

Il va m’apaiser. Désolé de partir si brutalement. Je vous aime.

Mais avant, je voudrais être enterrer près d’elle. Eva.

Je sais qu’on a une tombe familiale mais il y a de place à ses côtés. C’est mon souhait d’être à ses côtés pour l’éternité.

Tant d’années, seule, là-haut. On a tant partagé même notre propre secret. Je ne l’ai pas sauvé comme vous ne m’aurez pas aidé aussi.

Ne vous en voulez jamais. Jamais !

Une torture inutile.

C’était et c’est ma décision. Je vous aime et on se rejoint là-haut. Au revoir »


Une fois l’enregistrement finit, je décide d’enlever le balai pour une raison qui m’échappe. Vu que je finis par reprendre le flingue et revenir à ma place.

Je joue avec le téléphone et l’arme. Puis je regarde le trottoir et à nouveau les deux objets. Finalement, je laisse définitivement tomber l’arme à la même place. Le silence est ma meilleure solution.

Eva a tenté de faire de même, ce terrible jour d’hiver. Une date floue mais le souvenir tenace.


Je m’étais réveiller en entendant l’orage et je l’ai aperçue sur son vélo, vers une heure du matin, dans la lumière du lampadaire, déterminée à aller vers le chemin de fer.


J’avais ouvert ma fenêtre et c’est pieds nues, tremper, après avoir refermé un peu la vitre, que j’ai couru jusqu’à elle. Presque dix minutes pour la retrouver sur le pont en observant les rails où passaient encore des trains de marchandises.

Les autres lampadaires accompagner de la lune et des éclairs, lui donner un air spectral.


« — Eva !!

Elle se tourne vers moi avec un étrange sourire. Flippant, sadique, fou ! Je me suis arrêté à ses côtés. J’ai tant de chose à lui dire mais seule quelques mots basiques, sont sorties de ma bouche d’une simple fille de treize ans :

—               Ne fais pas de bêtises ! S’il te plait !

—               Laisse-moi, c’est ma décision.

—               Eva !


Elle me repousse assez fort pour enjamber la barrière et se tourner vers moi. Je regarde derrière moi et hésite à chercher de l’aide. Mais le temps qu’elle saute, il sera trop tard. Son rire me surprend.

Elle a perdu la tête depuis qu’il a touché, nous a droguer et menacer de parler. C’est normal après tout non ?! Je répète encore une fois mes recommandations et mes maigres tentatives de réconforts.

—               Eva ! Je t’en prie, écoute-moi ! Alvaro ne mérite pas ta mort !

—               Ferme-là ! Ne prononce plus jamais son nom !

—               Il faut le condamner ! J’étais là ! La police, nos familles nous …

—               Ferme-là !! C’est ma faute pas la sienne ! Il est juste malade et moi je lui ai tout donner pour l’aider !

—               Tu délires j’espère non ?! Il nous a forcément endormis et tu en malheureusement fais les frais !

—               ….


Je sens qu’elle cogite, elle tremble, a du mal à respirer mais une dernière fois, elle me regarde alors que je lui tiens son bras et lui tend ma main pour qu’elle fasse demi-tour. Elle pleure avant de me dire :


—               J’ai passé de très belles années avec toi Marta, ma sœur de cœur. Je sais qu’au fond tu as raison mais je n’aurais pas dû aller dans la gueule du loup même si mes parents n’étaient pas contre. Je ne saurais jamais pourquoi, il a voulu de moi mais je pense qu’il voulait aussi de toi. Je suis désolée de te quitter ainsi que mes parents. Tu es une belle personne Marta. Une belle danseuse, chanteuse et j’aurais voulu continuer la route ensemble. Moi, je ne peux supporter ma souffrance. Je t’aimerais toujours, ma meilleure amie, ma sœur de cœur. N’oublie jamais, ne m’en veux jamais ! C’est une torture inutile ! Je t’aimais, je t’aime et t’aimerais.

Elle me lâche et s’écrase au sol. Un train la fauche et j’ai eu le temps de tout voir. Je repars comme elle, en fantôme et rentre pour oublier. Ou tenter »


Je pleure à nouveau, cette fois, debout sur le rebord. Mon téléphone vibre et c’est à nouveau Roberto qui me laisse un message « Reviens nous vite, ne fais pas de bêtise. Tu seras pardonné. Je t’aime et t’aimerais toujours ma belle »


Le signal de trop, la rage silencieuse, je jette mon téléphone vers l’arme et après quelques respirations, je me jette enfin. J’ai oublié que la grande poubelle me retient un instant avant d’atteindre le sol.

Cependant, je ne saurais pas que je suis sauvé assez rapidement. Marta est enfin morte, mais à quel prix ? Un coma, une grande amnésie, une longue rééducation et encore des questions pour mes proches.  

                                                                                                         


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