Les Volturi.
Chapitre 6 : Erreur, Horreur, Terreur & Bonheur ... Partie 1
Catégorie: M
Dernière mise à jour 10/11/2016 01:58
Je dus rouvrir les yeux bien trop tôt. Ou bien trop tard... Le manque de fenêtre ne m'aidait pas à me situer dans le temps. Mais la sensation de bien être et de détente me laissait penser que j'avais très bien dormi.
Je me redressais lentement, quelque peu courbaturée, et regarda autour de moi.
Grâce à la lumière passant sous la porte, je distinguais le gros de la pièce.
Elle était assez spartiate en réalité, rien à voir avec le reste du palais. Dix mètres carré, à vue, une grande armoire mangeant une bonne partie de la chambre, un tapis, un bureau posé dessus et le lit au fond, sur lequel j'avais dormi je ne sais combien de temps...
Je me levai prudemment, tâtant les mur de ma paume, à la recherche d'un interrupteur.
N'en trouvant pas, je me mis à genoux, cherchant frénétiquement mon sac à dos.
Il était posé contre le mur, à côté de mon lit.
Surprise, ne m'attendant pas vraiment à le trouver, je pris mon zippo et éclairai un peu la chambre.
Je fixais la pile de vêtement près du sac et tentai de me remémorer ce qu'il s 'était passé.
Peine perdu, j'avais tellement été obnubilé par le corps de Félix, par ses lèvres et son... que je n'avais rien remarqué d'autre.
Je relevais les yeux sur le lit. Immédiatement, des dizaines d'image me revinrent : ses yeux noirs me fixant avec fièvre, son souffle glacé sur ma peau brulante, le mouvement de nos corps en parfaite communion...
Je me secouais et me redressais pour me rhabiller.
Une fois présentable, le zippo levé bien haut, je me sentis bien oppressé. L'envie d'allumer une cigarette me torturait, comme un signal dont je ne connaissais la définition.
Je ne fumais pas beaucoup, et n'en ressentais le besoin que lors de grand moment de stress.
Je fermais mon sac et posai ma main sur la poignet de porte, hésitante. Prenant une inspiration, je fermai brutalement le zippo en ouvrant.
Le couloir était vide. Je relâchais ma respiration. Cette peur nouvelle m'était inconnu. En temps normal, me retrouver seule dans un endroit effrayant ne me stressait pas autant.
Puis je sus ce qui me perturbait : le silence, l'impression que ce palais enfermait la mort dans ses murs.
Aucune fenêtre ne laissait la lumière du soleil pénétré en ces lieues, aucun courant d'air ne le rendait vivant. J'inspectais le plafond éclairé par les torches, cherchant, en vain, un signe de vie sur les pierres grises et tristes. Rien, pas la moindre toile, pas le moindre insectes.
J'avais l'intime conviction que ce n'était pas parce qu'une horde de femmes d'entretien prenaient leur travail trop à cœur, mais plutôt que rien ayant l'étincelle de la vie ne voulait se trouver entre ces murs.
Mon frisson se transforma en tremblement et je fis la seule chose qui me semblait utile : parcourir le couloir.
Comment se fait il que lorsque Félix était avec moi, je m'étais senti chez moi ?
Je secouai la tête : me perdre dans ce genre de réflexion ne me permettrais pas de trouver une sortie.
Au bout de ce qui me semblait un bon quart d'heure, mes yeux se posèrent sur une porte qui n'avait rien à voir avec les autres. Plus grande, de facture nettement supérieure. Sans hésitation, je l'ouvris.
Ce fut avec un soupir que je tombais sur la salle des merveilles.
Je la traversais promptement, résistant à l'envie de poser les yeux sur les objets de cette salle de peur de me vautrer dans une transe artistique, et parvins enfin à la porte de la grande salle.
Je m'apprêtais à l'ouvrir quand je perçu des cris.
Des cris de terreur et de douleur.
Effrayée, je reculais de quelque pas.
Que se passait il ? Aro et les autres avaient ils un problème ?
L'inquiétude rongea peu à peu la peur et j'ouvris la porte à la volée, le sac posé, les poings serrés, prête à en découdre.
La première première chose que je remarquai fut le bruit envahissant : tout ces hurlements qui s'entrechoquaient, d'hommes, de femmes, jeunes, vieux... Des supplications, des « non » répété des milliers de fois, s'achevant d'un gargouillement de douleur... Des dizaines de personnes hurlaient comme si la mort les emportaient douloureusement.
Au dessus de cette cacophonie douloureuse, des ricanements se faisaient entendre, des déglutissements, de même que des feulements bien peu humain.
Puis vint l'odeur.
Une odeur infecte qui envahissait mes narines au point de me donner la nausée.
Le sang surplombait ce pot pourri immonde. Cette odeur métallique, qui roulait sur la langue telle la bile que l'on venait de rejeter. La peur aussi, avait une odeur. Celle de la merde et de l'urine. De la sueur et de la gerbe.
Puis vint enfin l'image.
La scène qui se déroulait sous mes yeux était plus monstrueuse encore que ce que mes deux autres sens m'avait prédit.
Sous mes yeux écarquillés de terreur, je voyais des gens courir dans tous les sens, paniqués, d'autre en morceau sur le sol, ou encore d'autre se faisant brutalement dévorer la gorge par... par les habitant du château aux étranges yeux rouges.
Les amis ou la cours d'Aro, appelez les comme vous voulez, n'avaient plus rien d'humains.
Ils sautaient sur leurs pitoyable victimes, magnifiques malgré leur terrifiante danse.
A la fois terrifiée et fascinée, ce qui se déroulait devant mes yeux ne me paraissait pas réel. J'avais l'impression d'être spectatrice d'un cauchemar qui ne m'appartenait pas.
Cette impression cessa aussitôt que je croisais le regard d'Aro.
Fini ce visage à la fois sympathique et impassible. Ce que j'y lisais complétait le tableau que j'avais fait de lui auparavant. Il était un monstre sanguinaire doté d'aussi peu de pitié que moi face à un gâteau au chocolat.
Le rouge du sang coulant sur son menton tranchait avec sa peau translucide et ses yeux, plus rouge que jamais, transperçait mon âme.
Je restais immobile, craignant même de respirer.
Il se redressa sans me quitter des yeux.
Avança d'un pas.
Hypnotisée, je ne fis rien lorsque, traversant la salle jonché de cadavre et de personne à l'agonie, il se retrouva à un mètre de moi.
Il tendit le bras, et de sa main enduite de sang me caressa la joue.
Ce fut alors que je me mis à pleurer.
Je ne pleurais jamais. Rien ne m'atteignait, ni la tristesse ni la joie. Même devant la plus merveilleuse des oeuvres, aucune larme ne coulait sur ma joue. De même, ayant affronté la mort deux fois, cette dernière ne me faisait pas peur.
Mes larmes m'étaient incompréhensibles.
Sous son masque de sang, Aro me sourit.
« Et maintenant, pourrais tu me peindre ? »
Je tentais de répondre, mais aucun de mes muscles acceptaient de bouger.
Un brusque mouvement me tira de ma transe toute neuve.
Je réagis à temps pour esquiver l'une de ses créatures.
À temps, façon de parler. Disons qu'au lieu de me le prendre de plein fouet, ce fut mon épaule qui prit le plus gros du choc.
Je tombais sur le sol en un rouler bouler avant de me redresser, de nouveau maitresse de moi.
Je cherchais du regard la personne qui s'était précipité sur moi. Je croisais le regard de Démétri, « l'ami » de Félix.
Il découvrit les dents dans un rictus moqueur.
J'inspirais doucement.
« Ne fais pas ça. »
J'avais parlé sans m'en rendre compte.
Avant que mon courage ne se dégonfle comme un ballon de baudruche, je continuais.
« Si tu me tus ici et maintenant, ça détruirait Félix. Il te détruira à ton tour. Mon sang ne t'apportera rien de plus qu'un goût agréable et la satisfaction d'avoir lâchement tué une fille aussi faible que moi. »
Il ricana en me tournant autour.
Je savais que je ne faisais aucun poids face à lui.
Cependant, l'esquive de tout à l'heure me disait que je connaissais plus de tour que je ne pouvais en douter.
Sans prévenir, le monstre qui me faisait face se rua sur moi, toute dents dehors.
Il bougeait si vite que je pus à peine apercevoir son mouvement.
Néanmoins, mon corps s'était mis en branle avant même qu'un seul de ses muscles ne se contracte.
J'avais roulé sur le sol, et, cette fois ci il ne me toucha même pas.
Cherchant frénétiquement un objet pouvant me servir de bouclier ou d'arme, je me risquais à le quitter des yeux.
À peine eu je posé le regard sur mon sac que sa main aggripa mon épaule.
Avec un cri, je le frappai au visage.
J'entendis un craquement provenant de mes phalanges. La douleur envahit mon bras et me fit pousser un hurlement.
Un ricanement cruel répondit en retour.
Deux choix s'offraient à moi : soit j'accueillais la mort que j'avais déjà fuit par deux fois, trahissant la vie que m'avait offert mes parents, soit je luttais jusqu'au bout, quitte à paraître effrayée.
J'optais pour une solution tout autre qui s'imposa à moi presque naturellement.
« Vas y. Prouve toi encore que tu es un monstre. Après tout, qui se soucie de moi ? Je n'ai ni famille, ni ami. Je suis revenue d'entre les morts deux fois. J'ai vu ce que vous étiez capable de faire. Alors vas y Démétri. Si tu es capable d'avoir la mort d'une personne qu'un de tes amis à baisé sur la conscience, une personne dont tu connais le nom, ne te gène surtout pas. Moi, je m'en fous, je ne serais plus là pour te montrer du doigt et pour te regarder en face. Mais sache que si je reste en vie, je ne te reparlerai plus de ce jour, j'oublierais même le fait que tu me détestes en ce moment même. En revanche, ce que je n'oublierais pas, c'est ce que tu es. Cette créature impitoyable et fascinante, qui a le choix de vie ou de mort sur ma personne sans que je puisse rien y faire. Je ne te crains pas, parce que la mort, ça m'y connait. Je n'ai plus peur, parce ce que je n'en ai pas besoin pour me sentir en vie. Je pourrais te peindre en intégralité pour que tu trouves ta putain de place dans ce monde, place que je sais que tu cherches à avoir malgré ton inhumanité. »
Incrédule, il me fixa, immobile, son bras de marbre entourant mon biceps d'une étreinte douloureuse.
Je ne détournais pas le regard, ravalant la peur qui menaçait de m'envahir si je pensais à ce qu'il était réellement. À ce qu'ils étaient tous, ces gens qui m'avaient fait entrevoir ce que pourrait être un nouveau foyer.
Il se redressa, m'entrainant avec lui.
Sans un mot, je posais ma main sur la sienne, le défiant de m'en empêcher.
Il me lâcha quelques secondes après.
« Tu ne sens pas la peur. »
Je haussais les épaules avec nonchalance.
« Et tu ne mens pas. »
Je lui souris, tentant d'ignorer le massacre autour de moi.
Même lors de mes transes, mon monde ne partait pas autant en couille. Il restait toujours une part de réalité.
Là... Là, ma pauvre vision étriquée d'humaine en prenait un sacré coup. Tout était en bordel dans ma tête et aligner deux pensées cohérentes relevaient d'une lutte entre la raison et la folie.
Je fermais les yeux, inspirai un bon coup, et retourna dans la pièce aux merveilles. Je récupérai mon sac, et me tournai vers Aro, toujours immobile, et Démétri, encore surpris.
« Bon appétit. »
Et je claquais la porte.
Ce fut à ce moment là que je me permis de craquer. Une fois seule, je hoquetais et tremblais, cherchant un quelconque objet sur lequel me retenir. Pour finalement vomir au pied d'une statue, bouleversée par toutes les horreurs que j'avais vu, persuadée que si je n'avais pas gardé mon calme je serais morte à l'heure qu'il était, et pour de bon cette fois ci.
Une fois calmée et l'estomac vide, j'allais m'asseoir dans un coin sombre de la pièce, serrant mes genoux entre mes bras, les yeux vacants.
« Vampires... »
Je murmurais ce mot plusieurs fois, comprenant la réalité de celui ci. De tout les mythes qui me passionnaient, c'était les vampires auxquels je croyais le moins. J'étais persuadée qu'ils avaient été inventé à partir d'un groupe de guerrier des temps anciens cannibales ou un truc du genre.
Mais, même si mon cerveau refusait d'accepter ce qu'il venait de voir, j'avais à présent la preuve qu'ils existaient vraiment.
Que devais je faire de cette découverte ? La hurler au monde entier ? La garder pour moi ? Allais je pouvoir repartir de l'Italie ou me tiendraient ils prisonnières jusqu'à se lasser de moi ?
Cette dernière idée me fit frissonner. Si j'avais pu espérer me refaire une vie... C'était foutu. Elle ne m'appartenait plus.
Alors pourquoi n'avais je pas aussi peur que ce que je le devais ?
J'aurais du hurler, chercher à m'échapper, ou me tuer immédiatement pour éviter de me ronger les sangs en entendant ma mort...
Puis l'image de Félix se fit un chemin dans mes pensées. Il devait être dans la salle, se nourrissant de ces innocents... J'avais couché avec un monstre. Un tueur de première catégorie, possédant aussi peu d'âme qu'un cure dent. Mais... ne m'avait il pas prévenue ? Et quand il fut déjà trop tard pour faire demi tour, la veille, ne m'avait il pas murmurer une promesse ?
Je me pris la tête entre les mains, en poussant un gémissement.
« Tu n'auras jamais du revenir la première fois. »
Je me redressais brusquement. L'homme de mes pensées se tenaient devant moi, les lèvres encore rouge du sang dont il s'était abreuvé, les yeux encore plus vif que d'habitude.
« Je t'avais bien dit que tu n'aimerais pas ce que je suis. Je t'ai prévenue à mainte reprise, tu n'as pas voulu m'écouter. Elena... (Il s'accroupit devant moi, prudemment. Je remarquais des tache sombre sur sa chemise noire. Réprimant une moue de dégoût, je lui laissais attraper ma main.) El, n'ait pas peur... Je ne te ferai aucun mal, je te promet...
-
Tu as aussi promis de me protéger, rétorquais je. Et Démétri a faillit m'égorger, tout à l'heure. Que faisais tu alors ?
-
Je...
-
Ne fais plus des promesses que tu ne peux tenir, l'interrompis je sèchement en retirant ma main de la sienne.) Et ne me touche plus. Plus jamais.
-
Elena, écoute moi...
-
Pour t'entendre dire quoi ? Que tu n'as pas choisi d'être un... un... MERDE ! »
Je me levais et me dirigeai vers un tableau.
« Je l'ai choisi. »
Je me figeai, sentant mon sang se glacer.
« J'ai voulu être un vampire, Elena. Et si je devais le refaire, je le referai. Je ne me plains pas de ce que je suis. J'en suis même heureux.
-
T'es heureux d'être un monstre ? De tuer des innocents ? Je suis quoi pour toi ? Une vache ? T'allais me baiser jusqu'à ce que tu décides que je serais mieux dans ton estomac plutôt que sur ta q...
-
Ne deviens pas vulgaire ! Grogna t il en me retournant violemment et me plaquant sur le mur.
-
Oh, excuse moi ! Lui hurlais je en pleine face. Je devrais en plus surveiller mon putain de langage alors qu'un carnage se déroule à quelques mètres de moi ? Devines tu seulement ce qu'il se passe dans ma tête ? Ou as tu oublié ce que pouvais ressentir un humain ? Merde, Félix, tu n'aurais pas du coucher avec moi si tu considères mes semblables comme des big mac !!
-
Dès la première fois que je t'ai vu, je savais que tu n'étais pas une vulgaire poche de sang, El !
-
Ne tombe pas dans les déclarations enflammées, ordure ! J'ai couché avec un putain de cadavre sans le savoir ! Tu sais au moins ce que ça me fait ? Merde, il y avait des gens plus jeunes que moi dans votre menu ! »
Il me fixa, immobile, sa main serrant mon bras jusqu'à le broyer. Mais je m'en moquais. J'étais furieuse.
« Je te déteste sale v-vampire de mes deux ! »
Sa bouche se déforma en un rictus agressif. Je crus qu'il allait me tuer là, tout de suite, mais au lieu de sentir ses dents pénétrer ma chair, ce fut ses lèvres qui se plaquèrent brutalement sur les miennes. Aussitôt, je sentis tous mes sens s'enflammer et, bien que je le frappais de toute mes force de ma main libre, je le laissais me laper, me posséder, me mordiller, me faire perdre la tête.
Quand il rassembla mes mains au dessus de la tête, je ne pus rien faire sauf mordre violemment dans sa lèvre.
Il poussa un grognement primitif et se plaqua contre moi.
Oh, j'étais écœurée de ce qu'il avait fait. De ce qu'il était. Mais je ne pouvais empêcher mon corps de réagir au sien.
Il recula légèrement le visage pour me fixer.
« Va pourrir en enfer, marmonnais je en serrant les dents.
-
Si tu viens avec moi, j'irais volontiers. »
On se dévisagea un moment.
« Je n'accepte toujours pas ce que tu es.
-
Je n'attends pas de toi que tu l'acceptes. Je n'attends rien de toi sinon que tu restes avec moi. »
Son bassin alla se coller contre le mien, bougeant de façon suggestive.
Toutes pensée me désertèrent.
J'enroulais une jambe autour de sa taille, l'amenant à moi pour l'embrasser.
Aussitôt que nous reprirent possession de nos bouches respectives, j'en oubliais jusqu'au goût du sang qui s'attardait encore sur ses lèvres, jusqu'à ce que j'avais vu quelques minutes auparavant.
Je ne voulais qu'une seule chose, qu'il me prenne, contre le mur, immédiatement.
Nos pensées furent apparemment les même puisque d'une main, il déboutonna mon jean hâtivement.
L'aidant comme je pouvais, me tortillant dans tous les sens, j'envoyais mon pantalon voler à travers la pièce, les mains toujours maintenu contre le mur.
Mon sous vêtements suivit le même chemin quelques secondes plus tard.
« Vite, grondais je contre sa bouche, passant le bout de ma langue sur ses canines. »
A peine eus je prononcé ce mot, que je sentis l'extrémité de son sexe caresser le mien.
« Dis le, susurra t il dans mon cou en le mordillant.
-
Jamais. Je ne le dirais jamais. »
Dans un feulement, il me pénétra d'un coup de rein.
Je criai de plaisir, le sentant glisser en moi, long et dur, liant nos corps.
Il lâcha enfin mes mains pour mieux me tenir, tandis que j'enroulais les deux jambes autour de lui.
J'attrapais une pleine poignée de cheveux et tirais fort, tandis que ses mouvements brusque et vifs me faisait perdre la tête.
Le mur me rappait le dos et le choc de chaque rencontre entre nos corps aurait du me faire mal, mais je ne ressentais que le plaisir sauvage de ce moment.
Je basculais ma tête contre le mur, bruyante et impudique, suivant ses va et viens comme je le pouvais.
Quand la première vague orgasmique monta en moi, je tournais le visage de Félix vers le mien pour l'embrasser profondément, criant dans sa bouche, mordant dans ses lèvres, déchirant sa chemise poisseuse de sang.
Puis je perdu la vue et l'ouïe, ne ressentant plus que sa peau, son odeur et le goût de sa langue contre la mienne.
Je ne pensais plus, je ne respirais plus, je ne vivais plus que pour lui.
Dans une ultime poussée, je l'entendis gronder tandis que je criai une dernière fois.
Essoufflée, je me sentis mollir dans ses bras, le laissant me serrer contre lui. Nous étions toujours emboités parfaitement, debout dans la salle des merveilles, à côté d'une boucherie. Pourtant, je me sentais ailleurs, loin des questions qui me tiraillaient avant qu'il n'arrive.
« Ma fragile petite humaine... murmura doucement Félix. Ma belle Elena... »
Puis je pleurais une deuxième fois en une heure, la vérité me frappant en plein visage comme une vague sur un bateau lors d'une tempête : implacablement, sans aucune fourberie.
Je me moquais bien de ce que je pourrais penser de moi même après ça.
Je me moquais bien de ne plus voir d'humains.
Je me moquais bien de le voir massacrer des faibles créatures comme moi tous les jours.
J'étais prête à affronter mon dégoût rien que pour ces quelques mots.
Je pleurais contre lui, faisant le deuil d'un avenir qui aurait pu être normal.
Pleurant ma liberté et même mon humanité.
Car quiconque accepte de coucher avec un monstre n'est plus tout à fait humain...
Un peu plus tard, nous nous étions rhabillés sans un mot.
J'évitais de le regarder, de penser et même de faire le moindre geste superflue.
Nous attendions sagement que la salle d'à côté soit vidée et nettoyée, moi assise à même le sol, Félix debout à deux mètres de moi, immobile comme... comme un mort.
Je frissonnais.
Il était mort. Enfin, d'une certaine façon.
Le silence devenue trop épais à mon goût je me râclai la gorge.
« ça fait quoi ? »
Il me regarda, interrogateur.
« ça fait quoi... De ne plus avoir de coeur qui bat ? De ne plus avoir besoin de respirer ? De vivre... pour l'éternité ? »
Il soupira et vint s'asseoir à côté de moi.
« Au début, c'est flippant, répondit il au bout de quelques secondes. Ensuite... Ensuite, on se sent vraiment fort, puissant, invulnérable. On sait que l'on est devenu une créature immortelle, rapide, impitoyable et inhumaine, mais on s'en moque. Il y a aussi la soif de sang qui n'est jamais totalement assouvie. C'est la partie la plus dérangeante de la chose. Le désir de saigner tous les passant... Et de savoir qu'on peut le faire et s'en moquer. »
Je baissais les yeux sur mes mains jointes.
« Tu peux mourir ?
-
Pas seul, encore moins par la main humaine. Seule une bombe nucléaire en serait capable je pense. Et encore, si on se trouve pas loin.
-
Le soleil ?
-
Tout ce que tu as entendu dire sur les vampires est faux. Pas de longue canines, l'eau bénite, les crucifix, les pieux, le soleil, bref, rien ne peut nous tuer. On peut nous voir dans les miroirs, on peut nous prendre en photo. On ne saigne pas. On ne peut pas mourir empoisonner par quoique ce soit.
-
Bah merde alors...
-
Je pense que tu as bien résumé ce que pense un humain qui désire nous tuer, avant qu'on le déchiquète.
-
Quel âge as tu ? »
Il baissa les yeux vers moi, me laissant hypnotiser par cette mer rouge sang. Je me secouai.
« Et puis non, je ne veux pas savoir. Par contre, vous êtes obligés de tuer pour vous nourrir ?
-
Oui.
-
Que dois je savoir d'autre ? »
Il appuyant sa tête contre le mur, me regardant en biais d'en haut.
« Certains d'entre nous, tel Aro et Jane ont des dons particulier.
-
Quel est le tiens ?
-
Je suis plus fort que la grande majorité des miens. Bien plus fort. »
Je haussais les épaules.
« Je ne veux pas dire, mais tu as parfaitement la tête de l'emploie, on dirait un joueur de football américain...
-
Merci.
-
Et Aro ?
-
Il te le dira lui même, je pense. Il attendait dès qu'il a perçu ton don que tu découvres ce que nous étions. Jane... Étrangement, elle m'a menacé de me torturer si je ne te faisais pas partir.
-
Oups... Mais elle en est capable ?
-
Oh, ça, oui... »
Je pouffais devant l'image improbable de Félix dominé par la jeune et frêle Jane.
« Ne ris pas, gronda t il d'un air menaçant. Ne te fie pas au apparence, ici. Jane pourrait te tuer d'une pichenette sans même y penser.
-
Et toi ?
-
Moi aussi. Lorsque je te touche... (Il ferma les yeux, une grimace douloureuse tordant ses lèvres.) A chaque fois que nous faisons l'amour...
-
On ne fait pas l'amour, répliquais je sèchement. Je ne t'aime pas. Tu ne m'aimes pas non plus. »
Il grogna en se passant la main dans ses cheveux courts.
« Appelle ce que nous faisons comme tu veux. Mais sache que je suis beaucoup plus vieux que toi et que je n'aime pas vraiment dire que je te b...
-
Bref. Continue. »
Je sentis son regard me parcourir d'en haut, tandis que je baissais les yeux involontairement.
« A chaque fois que j'ose te toucher, je risque ta vie. Si je n'avais pas possédé une force supérieure à celle de mes semblables, je ne pense pas que j'aurais pu parvenir à ce contrôle. (Il éclata d'un rire dur.) Avant de te connaître je ne pensais même pas parvenir à me retenir autant. Je n'ai jamais trouvé... utile de tester ma retenue sur des humaines.
-
Je suis donc unique en mon genre ?
-
À ma connaissance, un seul vampire est parvenu à retenir ses pulsions face à une mortelle. Mais ils s'aiment. D'après Aro, qui a lu dans ses pensées, cet amour est vrai et indestructible. Ce doit être ça qui lui permet de bien se tenir...
-
Mais... il n'y a jamais eu d'autres cas ?
-
J'ai entendu parlé d'un clan de femelles qui avait pour amant des humains. Mais elles ne peuvent pas briser les côtes de leur partenaires quelque soit la position dans laquelle elles...
-
Ouais, bon, j'ai compris. »
Il sourit discrètement, tournant son magnifique visage vers la porte.
Je crus qu'il se cachait de moi, mais le bruit de la poignée démentit cette impression.
Je me tournais à mon tour, tordant mon corps pour voir qui osait pénétré dans la pièce.
Ce n'était que Démétri, à présent bien sûr lui, une moue moqueuse remplaçant son regard haineux.
Méfiante, je me levai, sachant avoir plus de chance de lui échapper debout.
Il sourit plus sincèrement face à ma réaction.
« Tu apprends vite.
-
Je pense que la scène traumatisante que j'ai vécu tout à l'heure a fortement contribué à cette amélioration.
-
Soit, je n'aurais pas du. Mais ne soit plus si méfiante... Aro nous a expressément demandé de ne jamais te faire de mal. Sauf si tu nous donne la permission, bien entendu...
-
Dans tes rêves, cadavre. »
Cette fois ci, il éclata d'un rire franc.
« Tu répliques plutôt bien pour l'instant. (Il fit une révérence.) Mademoiselle, vous êtes convoquée devant les Volturi... »
Je déglutis en cherchant les yeux de Félix. Mais ce dernier n'osait pas me regarder.
« Ok. »
Bien que ce fut d'un pas décidé que je me dirigeais vers ce qui allait surement être la fin de ma liberté, je me sentais nauséeuse et je dois l'avouer, un peu impatiente.
Je devais surement être folle pour espérer au fond de moi qu'un groupe de psychopathes buveurs de sang m'accepte dans leur château. Ou alors... Pas très humaine...