Petite Etincelle

Chapitre 34

13327 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a plus de 2 ans

Gros gros chapitre, je sais, oui. Je condense, mais il y a tant à raconter…

CHAPITRE 34

POV Normal

Optimus n’avait plus ressenti pareille sérénité depuis fort longtemps.

Il avait retrouvé son travail de chercheur-fouilleur au sein de sa petite équipe, la ville de Iacon n’était plus sous une menace imminente, et sa fille était auprès de lui la majeure partie des cycles. Il ne pouvait pas rêver mieux. Après avoir accepté sa proposition d’intégrer son groupe d’Autobots, Moonlight n’avait jamais manqué une seule occasion de descendre avec eux jusqu’aux ruines souterraines se trouvant sous la ville elle-même. Pas une seule fois en presque un orn en tant que nouvelle recrue. Ce qui laissait à Optimus la liberté de penser qu’elle prenait finalement goût aux fouilles d’anciennes reliques et que, peut-être, elle trouverait une vocation dans ce domaine très précieux. Une idée qui le remplissait d’espoir, car cela signifierait qu’elle serait toujours en sécurité entre les remparts de la ville.

Cependant, le charismatique leader savait aussi que cet espoir qu’il nourrissait secrètement au fond de lui était quelque peu… Égoïste ? Dans un sens, oui, mais ce n’était pas de sa faute. Ce besoin brûlant naissait d’un instinct bien plus puissant que sa propre volonté. Lui tout ce qu’il voulait, c’était s’assurer que sa fille serait toujours protégée et loin du danger omniprésent, à tout prix. Par conséquent, chaque mission qui ne nécessitait pas de s’éloigner de la ville semblait parfaite aux optiques d’un créateur soucieux du bien-être de sa création. Du moment qu’il pouvait garder une optique discrète sur Moonlight, tous ses choix lui convenaient, à quelques exceptions près bien entendu. Ratchet lui avait formellement interdit de se mêler des décisions de sa fille ou de l’empêcher de réaliser certains de ses rêves, comme rejoindre ces fameux camps d’entraînement qui l’attiraient tant depuis que Bumblebee était revenu plus fort grâce à eux. En revanche, rien ne lui interdisait de l’influencer d’une manière douce, de la guider, puis de la conseiller pour qu’elle évolue dans la bonne direction.

Un créateur qui se préoccupait de tout… Il voulait juste qu’il ne lui arrive rien. Pouvait-on vraiment le lui reprocher ?

Les longues soirées de lecture au bord de sa couchette médicale lui avaient fait comprendre beaucoup de choses, à commencer par le fait que le temps perdu ne pouvait jamais être récupéré. Cette perspective de la vie était totalement nouvelle pour lui, mais comme le disait si bien Ironhide, il n’était jamais trop tard pour changer. Pour réapprendre à vivre, pour voir les choses sous un autre angle.

Tous ces cycles de nuit passés au chevet de sa fille en soins intensifs lui avaient permis de réfléchir au sens même de son existence. Était-il vraiment seulement destiné à conduire les Autobots vers la victoire ? À simplement mettre fin à cette guerre qui ne connaîtrait peut-être jamais son dénouement ? À juste exister, comme un porte-parole ? Des questions qui commençaient peu à peu à trouver leurs réponses, au fur et à mesure qu’il avançait aux côtés de Moonlight. Il prenait enfin conscience de l’importance de ces moments-là, ces instants rares d’authenticité où ils oubliaient une partie de leurs problèmes. Il réalisait que les véritables victoires n’étaient pas toujours celles remportées sur un champ de bataille, mais parfois dans le silence d’un regard échangé ou d’un mot murmurant la tendresse. Il apprenait à écouter autrement, avec le Spark plutôt qu’avec les ordres.

Comment avait-il pu être aussi aveugle durant tous ces cycles stellaires ? Et quelles avaient été les répercussions négatives sur sa création ? Chaque fragilité de sa fille lui rappelait sa propre vulnérabilité, longtemps ignorée sous l’armure du commandement. Il avait lutté contre tant d’ennemis extérieurs qu’il en avait oublié ceux qui l’habitaient en silence. Il l’avait éduquée selon son propre instinct, et même s’il s’était parfois montré sévère, c’était toujours pour son bien. Mais toutes ces révélations faisaient naître en lui un profond sentiment de culpabilité, ainsi que l’envie de tout reprendre à zéro pour prouver qu’il était capable de s’améliorer. D’évoluer vers le droit chemin, un autre chemin que celui que lui avait tracé Sentinel. De montrer qu’il ne l’avait jamais oubliée, pas une seule fois. Moonlight occupait toujours un coin de son esprit, même lorsqu’il exécutait une mission ou assistait à une réunion. Elle était toujours là, dans son Spark. Il l’aimait, et l’aimerait toujours de la même façon. Et maintenant, c’était à lui de corriger ses erreurs passées en commençant par la soutenir dans ses projets, puis en faisant en sorte qu’elle ne se sente plus jamais délaissée.

En pleine introspection, le grand commandant rouge et bleu au centre des ruines, esquissa un faible sourire lorsqu’il capta le rire chaleureux de Moonlight qui se trouvait entre Chromia et Ironhide. Après avoir découvert l’emplacement exact de la forge de Solus Prime, lui et son équipe avaient décidé de conserver les ruines dans leur état actuel et de chercher un autre accès dans la pièce sécurisée, derrière une immense porte ovale sur laquelle étaient gravés des symboles en ancien Cybertronien. De couleur or, ces étranges symboles étaient presque devenus illisibles avec le temps.

Son sourire s’élargit légèrement au moment où il vit le visage radieux de la petite fembot souriante, son Spark se serrant agréablement sous les plaques de son torse. Cette expression insouciante lui avait énormément manqué, remarqua-t-il d’une pointe d’adoration. Il avait pris la bonne décision en l’affectant à ce duo célèbre pour leurs scènes. Il avait d’abord hésité entre ces deux-là puis Wheeljack, mais il craignait que le tempérament fougueux et le manque de discipline de ce dernier n’aient un impact négatif sur Moonlight. Car il n’avait pas spécialement envie que sa fille devienne une rebelle…

Mais oui, la fembot s’intégrait à merveille, d’après ce qu’il constatait depuis les quatre derniers cycles. Tout le monde l’appréciait, et chacun faisait preuve de patience pour lui apprendre à utiliser le matériel mis à disposition dans les ruines. Quant à lui, il partageait tout son savoir sur les Anciens pour l’instruire sur le passé qui avait forgé leur image de ces temps modernes. Dès qu’ils avaient un moment à eux, il lui racontait des histoires en rapport avec les Treize Primes Originels, prenant le temps de lui expliquer tous les détails historiques qu’il avait rassemblés au fil de ses recherches. Des moments qu’il chérissait tout particulièrement, parce qu’ils étaient très importants, autant pour lui que pour Moonlight. Des groons et des groons passés à bavarder, à remettre certaines choses en question, à débattre sur des choix tout en réfléchissant à la signification de ce temple antique aux mesures titanesques.

Les Ruines du Passé restaient pour le moment un grand mystère non résolu. Pourquoi les avoir construites sous la surface de la planète ? La fraîcheur humide des souterrains contrastait avec la chaleur des soleils à la surface, offrant un refuge silencieux aux secrets du temps. Pourquoi ici ? Pourquoi enfermer l’artefact de Solus derrière une porte blindée ? Les Anciens cachaient encore beaucoup de secrets qu’Optimus et son équipe étaient déterminés à percer aux optiques de tous. Et avec un peu de chance, la désignation de Moonlight ferait partie de ceux ayant découvert l’un des plus grands secrets de tous les temps. Mais pour l’instant, ils ne pouvaient qu’émettre hypothèse après hypothèse en attendant de trouver la solution, n’ayant pour l’instant que la possibilité de rêver. Un monde meilleur, des conditions de vie meilleures… Un conflit lointain. Créateur et création s’autorisaient parfois à rêver ensemble à ce que le monde pourrait être sans toutes ces tragédies qui l’avaient façonné.

Se seraient-ils même rencontrés ? Était la grande question alors qu’ils admiraient les fondations fissurées de ce temple ancestral.

Pourtant, derrière ces nombreux sourires qui le ravivaient, le Prime sentait que sa fille portait un lourd fardeau sur les épaules. Une part d’elle-même un peu plus sombre, un poids qu’elle avait ramené avec elle lors de son emprisonnement chez l’ennemi. Elle tentait de le dissimuler derrière ces facettes qu’elle arborait pour ne troubler personne, mais cela n’échappait pas à la vigilance d’un créateur. Un malaise la tracassait, il en était certain. Mais quoi ? Qu’était-il arrivé pour qu’elle soit soudainement si triste ? Toutefois, Optimus ne voulait pas risquer de la brusquer en engageant la conversation, il ne voulait pas la forcer à parler si elle n’en ressentait pas le besoin. Il se contenterait donc de rester patient et d’attendre le moment opportun pour lui demander ce qui n’allait pas, prenant garde de respecter son intimité. Si elle souhaitait s’ouvrir à lui, alors il serait à l’écoute. Mais le commandant avait l’intime conviction que le problème venait de ses amis. S’étaient-ils disputés ? Une simple supposition qui se confirmait au fil des cycles alors que Moonlight passait le plus clair de son temps sous le métal avec son équipe.

Faisant des allers-retours entre l’infirmerie et les ruines, la fembot ne voyait plus aucun de ses amis, du moins c’était ce qu’il avait constaté. Or, il ne supportait plus de voir cette tristesse contenue dans ses optiques. Il n’aimait pas savoir qu’elle était malheureuse après tout ce qu’elle avait déjà traversé. Ces moments où son visage s’assombrissait sans raison apparente, et où ses optiques se ternissaient, étaient les plus durs à endurer. La curiosité le rongeait, mais il se résignait à chaque fois à ne pas poser de questions, préférant observer plutôt que d’intervenir pour l’instant. Il espérait sincèrement que le problème se résorberait avec le temps, afin de retrouver la véritable Moonlight.

Sans tracas.

{==Rue de Iacon, 2 groons plus tard==}

Le CPU de Moonlight était envahi d’interrogations. Cela faisait bientôt quatre cycles entiers qu’elle n’avait plus revu un seul de ses amis proches… Aucun n’avait tenté de la contacter, tout comme elle n’avait pas osé le faire après cette soirée qu’elle percevait comme un trou noir complet. Sa mémoire lui faisait toujours défaut… Impossible pour elle de se souvenir des instants précédant sa rencontre avec les jumeaux, malgré ses efforts incessants. C’était un problème récurrent depuis qu’elle était étincelant, comme des zones d’ombres dans son esprit et des moments absents qui survenaient au hasard. Lorsqu’une mémoire était erronée, il n’y avait aucun moyen de récupérer les fichiers sans l’intervention d’un médecin spécialisé. Et Moonlight n’avait absolument pas envie de demander cela à Ratchet, bien trop honteuse de son comportement pour assumer une telle démarche. D’autant plus que le médecin Autobot avait déjà fort à faire avec Bumblebee.

Alors, la fembot tourmentée s’interrogeait sur ce qui avait bien pu arriver ce cycle-là après sa libération, pour que ses amis se mettent soudainement à l’ignorer ainsi, se sentant responsable à tous les niveaux. Même si elle n’en avait aucune idée ni du pourquoi ni du comment. Mise à part les explications douteuses d’Hot Rod, en qui elle n’avait plus trop confiance, elle ne connaissait toujours pas le fin mot de l’histoire. Il était clair que le mecha avait volontairement ignoré certains passages. C’était donc pour cette raison précise qu’elle se dirigeait désormais vers un bâtiment situé juste en face de la Tour des Cieux, afin d’en découvrir les prémices. Déterminée mais néanmoins anxieuse, Moonlight s’arrêta devant les grandes portes d’entrée scintillantes aux derniers rayons des soleils du cycle, les observant avec appréhension. Elle jeta quelques coups d’optique incertains à droite puis à gauche avant de revenir à la porte où des ornements de cristaux s’éparpillaient dans un joli motif.

Juste avant de quitter les Ruines du Passé pour prendre congé, après avoir salué le reste de l’équipe, son Opiluk lui avait rapidement glissé un mot à l’audio. Il lui avait expliqué qu’il avait libéré un bâtiment pour y installer un système de dons de pièces inutilisées par les citoyens, afin de les transférer ensuite aux centres médicaux, là où la demande explosait depuis son retour de Kaon. Un lieu où les plus défavorisés pouvaient trouver de l’aide. Avec les pillages répétés des Decepticons et la pénurie de matières premières, ils étaient contraints d’instaurer ce mouvement collectif en attendant des cycles meilleurs. Mais il n’avait pas partagé cette information complètement par hasard, car Niltrex travaillait comme bénévole dans cet endroit depuis quelque temps. Une information qu’elle ignorait, puisque ses amis continuaient de l’ignorer. Optimus avait compris que quelque chose n’allait pas, malgré les sourires et le lien neutre que Moonlight affichait pour cacher son mal-être. Son créateur n’était pas dupe, loin de là. Il excellait dans l’observation du langage corporel, tout comme dans l’analyse des situations.

Opi… Bien joué. Se dit-elle d’un sourire en coin alors qu’elle franchissait enfin les portes.

Pénétrant craintivement dans ce lieu inconnu, la fembot remarqua rapidement une longue file d’attente qui s’étendait jusqu’aux points d’échange où trois robots s’affairaient derrière des comptoirs. Plusieurs bots patientaient pour déposer leurs pièces inutilisées, tenant dans leurs mains des fragments d’armure ou des circuits défectueux, prêts à être échangés ou recyclés. Plus loin, à travers l’ouverture béante d’une cloison, on distinguait une pièce adjacente où de larges conteneurs métalliques se remplissaient peu à peu, le cliquetis des pièces tombant résonnant comme une pluie froide et régulière. Nerveusement, Moonlight chercha du regard le mecha qu’elle était venue confronter mais au premier coup d’optique, elle ne le vit pas. Ce n’est que lorsqu’un large robot aux épaules carrées se déporta sur la gauche qu’apparut la maigre silhouette de son ami. Immédiatement, un grand sourire éclata sur son visage. Le mecha noir s’activait derrière son comptoir, un comptoir trois fois plus grand que lui, constata Moonlight avec une pointe d’ironie.

Elle se sentait fière de voir l’implication de son ami au caractère plutôt réservé, dans un lieu bondé comme celui-ci à parler aux étrangers et à annoter son écran holographique sans jamais sourciller. Il était pleinement concentré sur son travail, appliqué et déterminé. Il gagnait en assurance face aux robots qu’il ne connaissait pas, une nette amélioration qui réchauffait son Spark. Niltrex avait toujours eu du mal à se faire une place en société, à sortir de cette solitude qu’il s’était imposée en raison de ses difficultés de communication. Pourtant, c’était un mecha bourré de qualités… Lorsque son tour arriva enfin et qu’elle se retrouva face à lui, Moonlight faillit perdre son courage, à deux doigts de faire demi-tour pour fuir cette foule étouffante. Sa nervosité atteignait son comble. Elle se racla la gorge dès que leurs optiques se croisèrent, son ami affichant une mine renfrognée à ce premier contact visuel. Elle chercha aussitôt un moyen d’engager la conversation sans paraître trop ridicule ou gênée. Et maintenant ? Elle n’avait pas fait tout ce chemin pour se contenter d’admirer ses optiques bleues !

Allez, courage !

«Salut.» Hésita-t-elle d’un sourire fébrile.

«Je n’ai pas le temps de discuter. J’ai du travail.» Répondit platement le mecha derrière le comptoir avant de détourner le regard pour ramasser une boite en métal à ses pedes. Moonlight insista.

«Niltrex… Si j’ai fait quelque chose de mal, je veux que tu saches que je suis vraiment désolée.» Débuta prudemment la fembot bleu ciel en posant ses mains à plat sur la surface du comptoir gris.

Elle suivit du regard le bot qui faisait mine de l’ignorer, ce qui la poussa à poursuivre pour détendre l’atmosphère ; «Est-ce que tu sais où est Isis ?»

«En cours de vol.» Coupa Niltrex avant même qu’elle n’ait eu le temps de finir sa phrase.

Cette froideur… Ce n’était pas normal, surtout venant de lui.

«Écoute, je n’avais aucune intention de vous blesser, ni toi, ni Isis.» Tenta encore Moonlight après quelques nano-kliks de malaise. Cependant, elle ne s’attendit pas au regard noir que lui lança subitement Niltrex, ahuri par sa déclaration.

«Aucune intention de nous blesser ?! Vraiment ?» Répéta-t-il sèchement après s’être redressé, les mains sur les hanches en haussant une crête optique de dédain à l’attention de la jeune fembot visiblement confuse.

«Oui. Évidemment !» Elle cligna des optiques, perplexe à son retour flamboyant.

«Alors dis-moi pourquoi tu t’es conduite aussi mal. Pourquoi tu t’es comportée comme ça avec nous, tes véritables amis. Tu sais, ceux qui s’inquiétaient pour toi. Ceux qui étaient toujours présents quand tu en avais le plus besoin…» Poursuivit le mecha de manière ambiguë, cherchant toutes traces d’embarras dans le regard de la fembot face à lui qui affichait de plus en plus de confusion au fil de ses accusations. Murmurant une rapide excuse à sa collègue qui lui demandait de s’activer car la file ne cessait de s’allonger, il revint vite à Moonlight toujours en quête de ses mots.

«J-je ne comprends pas…» Balbutia-t-elle en secouant la tête d’incrédulité tandis qu’un mecha derrière elle rouspétait de son manque de réactivité. Elle voulut lui dire d’aller se faire voir, mais se ravisa aussitôt. Elle n’avait aucune envie de faire honte à Niltrex ni de provoquer un scandale dans un lieu caritatif. Ce n’était ni l’endroit, ni le moment, même si l’envie la dévorait.

Cette soudaine colère la déstabilisait.

«Ah oui ? Tu ne comprends pas. Pourtant, c’est simple. Tu préfères t’amuser avec des robots qui n’ont aucun intérêt pour toi et qui ne te respectent même pas, plutôt que d’assumer d’avoir des amis comme nous. Imparfaits, mais loyaux ! Il suffisait de nous le dire si tu ne voulais pas traîner avec nous, au lieu de nous rabaisser comme tu l’as si bien fait pour satisfaire ton égo. Pour eux, en plus ! Il n’y a vraiment pas de quoi être fière. Maintenant, si tu permets, j’ai du travail.» Claqua rudement Niltrex entre ses dentas, jetant des coups d’optique nerveux derrière Moonlight en direction du robot impatient et de sa collègue qui rouspétait. Sur le point de s’éloigner, il fut cependant surpris lorsque la main de la fembot attrapa la sienne dans une poigne désespérée.

«Mais qu’est-ce que tu racontes ? C’est n’importe quoi ! Niltrex, il faut à tout prix que tu me croies. Je n’ai aucun souvenir de ce qui s’est passé, je ne sais pas de quoi tu parles !» S’évertua à se défendre Moonlight, dont la voix trahissait une panique grandissante. Une peur sincère se lisait dans ses optiques grandes ouvertes, voilées d’incompréhension. Elle ne jouait pas, elle ne mentait pas. Qu’avait-elle bien pu dire ou faire pour provoquer une telle réaction chez Niltrex ? Quelle faute si grave lui avait échappé, au point d’effacer tout ce qu’ils avaient construit ensemble ?

Qu’avait-elle fait… Encore.

«Bon, tu bouges ? Il y en a d’autres qui aimeraient passer. Ce n’est pas parce que tu es la petite protégée du Prime que ça te donne tous les droits !» Fulmina le grand Autobot vert derrière elle, l’intonation agacée de sa voix profonde faisant vibrer son petit cadre. Cette vive exclamation incita les autres robots dans la file à manifester leur mécontentement. Mais Moonlight n’y prêta pas attention, son visage abasourdi toujours tourné vers celui, blessé, de son ami. Le mecha arracha sa main de sa poigne avant de reculer d’un pas, puis siffla la chose suivante d’une voix basse.

«Tu savais que je le détestais. Tu savais à quel point ça me ferait du mal… Mais tu as préféré suivre ces abrutis pour aller te saouler à l’energon de haute qualité plutôt que de rester avec nous. Alors que tu détestes ça ! Pour quoi ? Pour faire bonne figure ? Pour du mérite ? Tu nous as traités d’idiots ! Tu as dit qu’on était ennuyants et que tu avais besoin de changements ! Qu’on ne savait pas s’amuser. C’était quoi ce petit numéro, hein ? Tu as juste voulu faire plaisir à ce crétin de Sideswipe et à son arrogant de frère pour gagner leur sympathie !» S’indigna Niltrex en lui lançant un regard accusateur, ses évents soufflant fortement pour refroidir son protoforme en ébullition.

«Niltrex…» Chuchota Moonlight, horrifiée, incapable de prononcer un autre mot tant le choc la paralysait. Qu’est-ce qu’il racontait ?! Elle n’avait strictement aucun souvenir de tout ça ! Pas un flash, rien du tout. Jamais elle n’aurait pu dire des atrocités pareilles… Jamais elle n’avait pensé ça ! Surtout pas d’eux, ses plus fidèles amis…

«Qu’est-ce que dirait Bumblebee…» Murmura Niltrex en secouant la tête avec désapprobation. Il se détourna ensuite avant d’essuyer son visage de sa main droite, ignorant les nombreuses plaintes des robots autour d’eux.

«Niltrex !» Appela Moonlight lorsque le bot noir s’éloigna du comptoir pour disparaître dans une autre pièce, la laissant plantée là. Les optiques écarquillées de désarroi, elle fixa la porte désormais fermée face à elle, un épais voile de confusion obstruant les bords de sa vision. Les sons s’estompaient peu à peu, et tout ce qu’elle pouvait encore identifier, c’étaient les pulsations erratiques de son Spark.

Que venait-il de se passer ?

«Dégage de là !»

«Va faire ta scène ailleurs !» 

Les habitants s’énervaient mais la fembot, complètement désemparée, n’était pas affectée par leurs vociférations. Toujours en proie au choc, elle finit par s’éloigner du comptoir pour se diriger machinalement vers la sortie, son Spark lourd comme une tôle. Laissant Niltrex à son travail, elle ne se rendit même pas compte qu’elle se retrouva dans la rue animée avant qu’un inconnu ne la bouscule par inadvertance, la sortant brutalement de cet état d’ébranlement. La réalisation la frappa de plein fouet. Une vague de tristesse s’empara alors d’elle, la submergea, la menant tout naturellement à des larmes qui dévalèrent ses joues grises. Moonlight cacha ses optiques dans la paume de ses mains, mais, n’ayant pas la force de vaincre son chagrin, ses épaules se mirent à trembler de manière incontrôlable. Elle se sentait démunie. Prise au piège par sa mémoire incomplète…

Fuyant les passants et les passantes pour chercher un coin reculé loin du monde, elle s’empressa de s’engouffrer dans une ruelle avant de déboucher sur une autre rue nettement moins fréquentée. Elle s’y glissa jusqu’à atteindre une petite alcôve à l’ombre, invisible depuis la rue principale, où elle s’effondra sans un mot. Il ne lui fallut pas moins d’un breem pour calmer ses larmes ravageuses et retrouver un semblant de contrôle sur ses émotions, car elle ne voulait surtout pas inquiéter son Opiluk. Ne rien laisser transparaître… Il avait déjà assez de travail comme ça avec la ville et ses problèmes. Adossée contre un mur d’un bâtiment apparemment abandonné, d’après son apparence désuète, Moonlight prit un instant pour observer où elle se trouvait. Elle n’avait pas vraiment fait attention à l’endroit où elle courait pour fuir le monde, mais maintenant qu’elle était un peu plus calme, elle pouvait voir qu’elle n’avait jamais mis les pedes dans cette partie de Iacon. La plupart des bâtiments voisins semblaient délaissés au fil du temps... Baignés par les derniers rayons du soleil, ils paraissaient croupir sous le poids des vorns.

«Qu’est-ce que c’est que ça…» Marmonna-t-elle lorsque ses optiques bleues se posèrent sur un grillage faisant le tour de plusieurs hangars protégés des regards indiscrets.

Tu dois forcément savoir ce qui se passe dans le centre médical ouest.

Résonna la voix de Smokescreen dans son esprit alors qu’elle étudiait cet étrange endroit d’une optique méfiante.

Un pede appuyé contre le mur du bâtiment derrière elle, Moonlight se décolla lentement de celui-ci pour décroiser les bras de son châssis, tandis qu’elle prenait quelques pas. La curiosité avait rapidement chassé sa tristesse. Ses ailettes se redressèrent dans son dos lorsqu’elle capta d’étranges vibrations provenant des entrepôts. Elle plissa suspicieusement les optiques vers le portique de contrôle où un robot relativement costaud se tenait. Un garde ? De plus en plus intriguée, elle observa les hangars situés à plusieurs mètres plus loin, derrière un immense tarmac où plusieurs porte-charges stationnaient à l’arrêt. D’imposants aéronefs, déployés lors de missions importantes ou en cas d’évacuation massive, les mêmes qui avaient été utilisés lors de l’attaque de Kaon. Mais elle n’en avait jamais vu d’aussi près… Que faisaient-ils là ? Pourquoi ces engins se trouvaient-ils dans un quartier aussi délabré et reculé ? Ce n’était ni une base militaire, ni un spatioport officiel. Tout ici sentait l’opération dissimulée, le silence imposé, les secrets enfouis.

Elle s’approcha un peu plus de la grille, mais restait dans l’ombre de l’alcôve pour ne pas être repérée par le garde armé. Les vibrations qu’elle percevait s’intensifiaient à mesure qu’elle se focalisait sur les quatre gros hangars. C’était comme des échos… Non, des pulsations. Subtiles, mais régulières. Comme celles d’un Spark sous surveillance. Se rapprochant encore la fembot, captivée par sa découverte, tourna d’abord la tête vers la rue derrière elle où elle pouvait voir des robots passer, avant de revenir aux entrepôts. Ou peu importe ce que c’était. Elle voulait juste s’assurer qu’elle n’était pas seule, au cas où. Mais ce qui était étrange, c’était que le tarmac était désert. Il n’y avait aucun signe de vie à l’intérieur des grilles, mis à part le garde qui surveillait l’entrée. C’était quoi, cet endroit mystérieux ? Pourquoi était-il isolé ? Laissant passer une fembot violette, Moonlight se dépêcha d’atteindre le grillage de l’autre côté de la rue pour tenter d’obtenir des indices sur l’utilité d’un pareil endroit aux allures sinistres. Elle était partagée entre la curiosité et la peur.

S’il s’agissait vraiment d’un nouveau centre médical, qu’est-ce qui pouvait bien s’y trouver à l’intérieur pour déployer autant de moyens ?

«C’est quoi ton petit secret…» S’interrogea-t-elle tout en plissant les optiques vers les bâtiments plus loin. Peut-être se faisait-elle des illusions après tout.

«Hey ! Lâchez-moi tout de suite ! Je connais mes droits !»

Surprise dans ses pensées, Moonlight cligna des optiques à cette voix masculine qui s’exclamait sur sa gauche, avant de s’apercevoir que deux gardes escortaient un robot vers la sortie. Intriguée par le remue-ménage, elle observa les deux grands guerriers traîner un mecha sur le tarmac, puis le balancer sans effort sur la chaussée de l’autre côté de la grille sans échanger un mot avec celui qui avait tenté de s’infiltrer en douce dans la base.

«Ce n’est que partie remise, les gars ! Demain, même groon ?» Plaisanta le robot qui se redressait sur ses genoux pour dépoussiérer sa carrosserie neuve, les gardes s’éloignant.

Moonlight connaissait cette voix… Elle était certaine de l’avoir déjà entendue. Toutefois, ses traits physiques ne lui disaient rien du tout. Pour assouvir sa curiosité débordante, elle se rapprocha de la scène et constata que le mecha étendu sur le sol n’était autre que Smokescreen, le bot avec qui elle avait eu une petite conversation nocturne dans l’infirmerie de Ratchet. Quand on parlait du Cyberwolf… Bon, au moins maintenant elle avait la certitude qu’elle n’avait pas déliré ce cycle, c’était déjà ça de gagné, non ? Les bras croisés sur son châssis, elle s’arrêta à quelques mètres du robot cherchant toutes traces de rayures ou de bosses sur son armure fraîchement repeinte. Majoritairement blanche avec des touches de bleu, notamment sur son châssis et ses jambes, le mecha n’avait plus rien à voir avec celui qu’elle avait rencontré un orn plus tôt. Fini les rayures et les pièces manquantes, fini le gris ennuyant. Place à un tout nouveau robot bien plus charmant avec cette combinaison sympathique de couleurs sur une armure assez épaisse.

«Tiens tiens, mais ne serait-ce pas la petite guerrière ?» Smokescreen sortit Moonlight de son inspection quand il prit conscience qu’il n’était pas seul sur la chaussée.

«Ravie de constater que tu n’étais pas une invention de mon CPU. Je peux savoir ce que tu fais ici ?» Questionna la fembot d’un haussement de crête optique lorsque le mecha se releva sur ses pedes pour retirer la poussière invisible sur sa carrosserie, encore une fois. Manifestement, il tenait à son apparence.

«Je fouine, tout comme toi.» Il haussa les épaules d’un sourire décontracté.

«Je ne fouine pas ! Je cherche des réponses. Ce n’est pas pareil.» Se défendit vainement Moonlight tandis que le robot blanc et bleu éclata de rire.

«Oh pardon, et moi qui pensais que c’était la même chose ! Je devrais peut-être sortir cette excuse aux gardes la prochaine fois qu’ils me choperont en train d’escalader cette grille. À tous les coups, ça fonctionnera ! Merci pour l’astuce.» Plaisanta Smokescreen tout en levant ses pouces vers elle, ce qui ne sembla pas convaincre la fembot car l’instant d’après, elle se détourna puis marcha en direction de la rue opposée.

«Eh, attends ! Où est-ce que tu vas ?» Appela-t-il à la hâte en courant après elle, esquivant de justesse un véhicule à deux roues qui passait au même moment.

«Je rentre chez moi. Et tu devrais en faire de même avant que ton inconscience ne finisse par te faire écraser.» Indiqua la fembot agacée après avoir lancé un petit signe de tête vers le véhicule au loin. Elle rejoignit la chaussée, mais les bruits de pas de Smokescreen dans son dos commencèrent sérieusement à l’irriter. Elle n’avait pas le moral pour discuter, et encore moins avec un comique comme lui.

Il lui rappelait beaucoup trop d’Hot Rod.

«Mais je n’ai pas de chez moi. Tu te souviens ? J’étais au même endroit que toi il n’y a pas si longtemps… Ça fait une éternité que je n’avais pas remis les pedes dans cette ville. C’est à peine si je me souviens des endroits fréquentables. Wow…» Lança le mecha en tournant sur lui-même pour admirer les tours qui se dressaient fièrement tout autour de lui. Intemporelles et merveilleuses architectures… Il ne s’en lasserait jamais. Avec un sourire émerveillé, il faillit perdre de vue la fembot apparemment pressée de rejoindre son domicile.

«Arrête de me suivre.» Ordonna Moonlight en pressant le pas pour mettre de la distance avec le bot collant. Mais se sentant coupable d’être aussi froide avec lui, elle ralentit puis soupira par ses évents ; «Je n’ai pas la tête à faire connaissance avec qui que ce soit. Laisse-moi.»

«Mais tu sais, nous ne sommes plus vraiment des inconnus. Nous avons déjà fait connaissance dans l’infirmerie ! Tu as la mémoire courte, on dirait.» Ricana Smokescreen mais il s’arrêta net lorsque la fembot, plus petite que lui, le fusilla du regard. Il comprit alors qu’elle n’était vraiment pas d’humeur à plaisanter. Sur le point de lui dire au revoir pour la laisser tranquille, il se rendit soudainement compte à quel point elle semblait malheureuse… À quel point ses optiques étaient ternes et tristes. Son visage gris était luisant, non pas de larmes d’energon, mais d’une mélancolie profonde qui lui pesait lourdement sur le Spark.

«Tout va bien ?» S’inquiéta-t-il, son sourire contagieux ayant disparu pour laisser place à un froncement de crêtes optiques soucieux. À cette question, la fembot face à lui cligna rapidement des optiques avant de détourner le regard avec embarras.

«Je vais très bien, merci.» Acquiesça-t-elle.

«C’est vrai que tu sembles baigner dans le bonheur. Est-ce que ça a un rapport avec ton ami dans le coma ? Le mecha amoché ? Tu as eu une mauvaise nouvelle ?» Smokescreen était un peu maladroit dans ses questions, mais voir cette peine sur le visage de la fille du Prime ne le laissait pas indifférent, pour une raison qu’il ignorait. Peut-être parce qu’ils avaient vécu le même enfer ? Une sorte de… Connexion ?

Cependant à cette déclaration plutôt indiscrète, l’expression abattue de Moonlight s’assombrit, devenant presque ténébreuse. Les lèvres pincées, la fembot lui tourna le dos tout en croisant les bras sur son châssis comme pour se protéger du monde extérieur. Profondément touchée par les quelques mots du mecha, qui ne pensait pourtant pas à mal. C’était une évidence : il manquait simplement de tact. Malgré tout, cette douleur sourde provoquée par ses questions innocentes, était impossible à vaincre ou à repousser. Elle reprit son chemin, le menton bien bas, sans un mot. Elle ne pouvait s’en empêcher, c’était plus fort qu’elle... Chaque fois que quelqu’un évoquait Bumblebee, une vague de culpabilité et de tristesse s’abattait violemment sur elle, au point de lui miner le moral. Broyant du noir, elle ne remarqua même pas lorsque Smokescreen se planta devant elle pour la bloquer, une main levée face à elle et l’autre posée sur son épaule droite. À ce contact physique, elle se raidit.

«Moonlight, attends, je suis désolé. Vraiment. Je n’ai plus l’habitude d’avoir des discussions avec des robots normaux, avec des bots comme toi et moi. La réadaptation est difficile. Quand tu n’as plus aucun repère, plus d’amis… Tu te sens seul et incompris de tout le monde. On te regarde comme si tu étais une espèce de monstre… Un déviant dans une ville qui aspire à la perfection.» Admit le mecha blanc et bleu, sa main tombant doucement le long de son châssis tandis que ses optiques bleu clair se baissaient, résignées.

«Tu n’es pas un monstre.» Se retrouva à dire Moonlight, scandalisée par ses propos. C’était sorti tout naturellement, se revoyant dire la même chose quelques orns plus tôt. D’une brève secousse de sa tête, elle tenta de croiser à nouveau le regard du bot solitaire. Il répondit par un sourire navré.

«Tout le monde ne pense pas de la même façon quand tu reviens d’un endroit où toutes les atrocités sont permises.» Répliqua-t-il, ce qui assombrit le regard de la fembot, ses ailettes retombant dans son dos. Pour chasser cette lourdeur, le mecha gonfla le torse puis changea de sujet, cherchant à redonner un peu de lumière à la petite guerrière.

«Mais je crois que tous ces robots qui nous jugent oublient une chose essentielle !» Smokescreen leva son index, attirant le regard incrédule de Moonlight ce qui lui permit de poursuivre ; «Nous sommes libres de faire ce que nous voulons ! Rien ni personne n’a le droit de nous dicter quoi faire ni comment penser.»

«Mais il y a des règles…» Moonlight était perplexe.

«Les règles sont là pour fixer des limites, mais où sont les tiennes ?» Demanda le mecha qui se pencha vers elle pour lui faire un clignement d’optique. Avant même que la fembot ne puisse répliquer, il lui attrapa la main et l’entraîna avec lui de l’autre côté de la rue, riant quand elle laissa échapper un petit cri de surprise.

Le duo improbable s’enfonça dans les rues et se faufila parmi la foule, se fondant facilement dans la masse. Ils s’approchèrent tous deux d’une fontaine à huile située au centre d’une grande place où se mêlaient fembots, mechas et quelques rares étincelants. Sans prêter attention aux passants, Smokescreen lâcha soudainement la main de Moonlight et sauta à pedes joints dans la fontaine. Sous le regard abasourdi de cette dernière et de certains habitants, le mecha d’une humeur taquine jeta son pede dans l’huile pour faire des éclaboussures tout en riant aux éclats, les bras levés à ses côtés. Il s’amusa à patauger dans le liquide visqueux, attirant l’attention de deux petits étincelants qui le pointèrent du doigt en riant. À l’inverse de leur créatrice, visiblement peu enchantée par les pitreries de Smokescreen. Jetant un regard contrarié dans sa direction, elle tira les jeunes bots avec elle en leur ordonnant d’arrêter leurs sottises, mais leurs optiques restaient fixées sur le mecha adulte qui jouait dans la fontaine. Il était clair qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir quelque chose comme ça tous les cycles !

«Smokescreen ! Arrête ! Tu te fais remarquer.» S’empressa de dire Moonlight même si elle ne put s’empêcher de rire en se couvrant le visage avec son bras pour protéger ses optiques des éclaboussures.

«Et c’est exactement ce que je veux ! Me faire remarquer !» Hurla le robot en retour avec un large sourire.

«J’en ai partout !» Se plaignit la fembot en inspectant sa carrosserie couverte de gouttes d’huile. Son sourire ne cessait de grandir tandis qu’elle levait les bras pour les laisser s’égoutter, pendant que Smokescreen s’extirpait enfin de la fontaine. Il se moquait bien des grosses traces laissées au sol ou d’être couvert d’huile, car tant qu’il amusait son acolyte, tout était permis.

«Tu vois, on est libres. Personne ne nous interdit de prendre un bain d’huile si l’envie nous en prend !» Répéta-t-il d’un sourire narquois tout en observant la fembot qui tentait de nettoyer sa carrosserie.

«Oui, mais pas un bain d’huile dans une fontaine.» Déplora Moonlight, ses joues grises légèrement teintées de bleu.

«Ah bon ? Zut. Moi qui espérais profiter de cette installation pour me décrasser un peu. Tant pis.» Haussant les épaules avec ironie, Smokescreen eut soudain une nouvelle idée. Sans attendre la réponse de la fembot, il lui reprit la main et l’entraîna vers une destination que lui seul connaissait.

«Où est-ce qu’on va ?» Cria-t-elle en essayant de suivre le rythme des grandes enjambées du mecha surexcité. Plus petite et donc moins rapide, elle peinait à garder le pas mais il ne semblait pas en tenir compte, la tirant entre les passants qui se plaignaient d’être bousculés.

«Trouver les étoiles !» Répondit mystérieusement Smokescreen après avoir bifurqué dans une rue au sud de la ville, en direction d’un quartier nettement moins fréquenté.

Cette fameuse zone avait été sévèrement touchée par une attaque Decepticons il y a quelques vorns en arrière, mais n’avait pas encore été entièrement restaurée par manque de moyens. Pratiquement désertée depuis lors, il y avait des échafaudages ainsi que des caisses de métal dispersées un peu partout entre les bâtiments où sifflait le vent, une grande machine monte-charge s’élevant vers le ciel au-dessus de leurs casques. Les échos lointains du passé résonnaient entre ces murs délaissés, témoins silencieux d’une bataille encore vive dans les mémoires. Cependant, Moonlight n’avait pas le temps d’admirer le paysage, car le mecha était pressé de rejoindre le bord d’un immeuble en réparation qui se trouvait à la limite de la ville, non loin des remparts sud. S’arrêtant juste devant le mur pour jeter un coup d’optique à la hauteur vertigineuse du bâtiment à l’abandon, Smokescreen finit par se retourner vers la fembot dubitative qui attendait une explication de sa part.

«Et maintenant ?» Dit-elle d’un haussement de crêtes optiques incertain.

«On grimpe, bien sûr !» S’exclama-t-il tout en indiquant le haut de la tour avec sa main, son sourire confiant et son expression déterminée donnant le courage à Moonlight de le suivre sans poser de questions.

«D’accord.» Fut la seule réponse qu’il obtint alors qu’elle le dépassait pour examiner les points d’accroche sur la façade. Le sourire de Smokescreen s’effaça, surpris qu’elle accepte cette proposition farfelue aussi facilement. Il était pour le moins… Agréablement étonné. Revenant rapidement à lui, il se plaça aux côtés de la fembot décidée à franchir le mur de métal. Joignant ses mains, il se baissa pour lui permettre de grimper sur lui.

«Un petit coup de main ?» Proposa-t-il d’un sourire malicieux, sauf que la fembot le surprit encore avec une proposition inattendue.

«On fait la course ?» Défia Moonlight en imitant son sourire, puis elle sauta pour attraper l’échafaudage et commença à grimper, riant lorsque le mecha en bas râla qu’il n’était pas prêt. Tant pis pour lui ! Au moins, elle aurait un peu d’avance avant qu’il ne la rattrape.

Gravir les étages était presque un jeu d’étincelants. Il suffisait de ne jamais regarder en bas pour ne pas avoir le vertige, rien de bien compliqué. Moonlight avait appris à grimper avec Bumblebee lorsqu’ils étaient encore très jeunes, donc cela ne lui posait aucun problème, tant qu’elle gardait ses optiques en hauteur et non pas braquées vers Smokescreen qui peinait à la rattraper. Tiens, c’était inespéré… Avait-il des soucis de coordination pour réduire la distance avec elle ? Amusée par cette constatation, Moonlight se hâta d’atteindre le sommet en sautant sur une barre transversale pour se projeter d’un bond élégant jusqu’au toit. Atterrissant à genou, elle se redressa tranquillement en se frottant les mains l’une contre l’autre en attendant l’arrivée du mecha plus si bavard tout à coup. Se moquant doucement de lui, elle regarda autour d’elle et constata que la vue à cette hauteur était tout simplement époustouflante.

«Merveilleux…» Chuchota-t-elle dans l’émerveillement, ses optiques fascinées captant chaque détail que lui offrait cette vue inouïe sur la ville et au-delà des remparts.

Grâce à cette hauteur à peu près équivalente à celle de la Tour des Cieux, Moonlight pouvait encore apercevoir les deux magnifiques soleils descendre lentement entre les bâtiments argentés, leurs rayons l’éblouissant un court instant. Le spectacle du coucher de ces soleils baignait la ville d’une lumière douce et orangée, plongeant doucement l’horizon dans une atmosphère de crépuscule apaisant. Juste assez longtemps pour qu’elle réadapte ses optiques à cette luminosité excessive. Dressée au milieu des tours en reconstruction, elle se sentait invincible. Inatteignable. Elle était sur le toit du monde, loin de la civilisation mais plus proche du ciel. Elle avait déjà escaladé des bâtiments avec Hot Rod autrefois, mais aucun ne rivalisait avec cette tour bien plus haute, offrant une vue des plus spectaculaires. D’ici, elle pouvait apercevoir le canyon des Milles Voix. Le vent soufflait par bourrasques, mais il n’était pas assez puissant pour la faire vaciller. Bercée par la quiétude qu’offrait cet endroit éloigné de tout, la fembot, en admiration, faillit oublier qu’elle n’était pas seule si elle n’avait pas entendu les gémissements répétitifs de Smokescreen en contrebas. Il venait tout juste d’atteindre le sommet.

«Arf… Tu es déjà arrivée ? Pfiou !» Se plaignit-il en peinant à se redresser au bord du bâtiment.

«Il ne faut jamais sous-estimer son adversaire. Un coup de main ?» Moonlight se pencha vers le mecha en difficulté pour lui tendre la main d’un sourire railleur. La victoire était nette et sans appel !

«Comment tu as fait pour monter aussi vite !» Impressionné par la rapidité de la fembot, le robot écarquilla les optiques en acceptant sa poignée de main pour terminer son ascension.

«Je suis plus légère, donc plus rapide.» Expliqua-t-elle d’un haussement d’épaules quand le mecha face à elle tourna son visage vers le ciel d’un soupir d’épuisement théâtral. Elle croisa les bras quand il baissa les optiques sur elle ; «J’ai l’habitude de faire ce genre de choses.»

«Je vois ça ! C’était impressionnant. Remarquable, même.» Accorda-t-il d’un signe de tête admiratif.

«Alors, c’est ici que tu viens pour te ressourcer ? Ton petit refuge secret ? Comme un… Lieu de méditation en quelque sorte ?» Demanda Moonlight tout en levant les bras pour montrer l’espace dégagé sur le toit.

«En quelque sorte, oui. J’aime admirer la vue. Et puis, ça me permet de prendre un peu de recul quand je me sens oppressé par toute cette foule. Ça fait du bien au moral.» Rit-il nerveusement, son regard embarrassé suivant la fembot qui faisait le tour du toit. Ou dans son cas, le tour du propriétaire.

«Je te comprends. Parfois, il faut prendre du recul. Loin de tout.» Souligna Moonlight en se retournant vers Smokescreen qui venait de s’asseoir au bord du toit, laissant pendre ses pedes dans le vide, les mains posées sur ses cuisses robustes. Ses épaules, légèrement voûtées, révélait une fatigue passagère tandis que son visage se tournait vers les bâtiments voisins scintillant à la lumière crépusculaire.

«Est-ce que ça t’arrive de penser à ce que ressembleraient nos vies si on n’avait pas connu la guerre ? À ce que nous serions devenus sans le soulèvement des Decepticons ? Je me surprends souvent à me demander ce que j’aurais fait dans une autre vie.» Partagea calmement Smokescreen quand Moonlight vint s’asseoir à sa gauche.

«Ça m’arrive, oui. Mais ce qui est fait est fait. Nous ne pouvons plus revenir en arrière, et je ne pense pas que j’aimerais que le passé change, même s’il représente les groons les plus sombres de notre histoire.» Avoua-t-elle, évasive.

«Pourquoi ?» Smokescreen était perdu.

«Parce que je n’aurais jamais rencontré mon Opiluk. Je n’aurais pas rencontré mes amis ni ma famille, ni connu cette vie certes imparfaite mais remplie d’amour et de bonté. Des pires horreurs peuvent parfois naître les plus grands bonheurs. J’ai appris que le passé était très important, mais qu’il fallait aussi le laisser là où il était pour pouvoir avancer. Cela étant dit, c’est difficile de l’accepter parfois…» Répondit-elle alors que son regard se perdait dans le vide immense sous ses pedes, le Spark étrangement lourd après cette courte confession. À côté d’elle, le mecha blanc et bleu se redressa soudainement d’un sourire excité.

«Comment est-il ?» Questionna-t-il, voyant que la fembot était désormais interpellée.

«Qui donc ?» Hébétée, Moonlight cligna des optiques avec confusion jusqu’à ce que le bot à sa droite se couche en arrière sur ses coudes pour contempler le ciel où les astres commençaient à apparaître.

«Optimus Prime ! Ça fait quoi de vivre avec le plus grand combattant de tous les temps ? Est-ce qu’il recharge comme nous ? Ou est-ce qu’il travaille même durant le cycle de nuit ? Je parie qu’il recharge les optiques ouvertes ou alors avec des datapads dans les mains !» Débita le mecha curieux d’en savoir plus sur le quotidien de la petite protégée du Prime.

«Quoi ? Bien sûr qu’il recharge comme nous ! Et en fermant les optiques, de préférence.» Ricana Moonlight, le regard dérouté face à son interlocuteur. Plaisantait-il ou était-il sérieux ? Pour le moment elle n’arrivait pas à le déchiffrer, alors elle prenait garde de ne pas le vexer.

Mais décidément, tout le monde semblait curieux de connaître son quotidien avec le Prime ! D’abord Hot Rod, et maintenant Smokescreen ? C’était plutôt amusant.

«Mhm, oui, bien sûr. C’est logique. Mais est-ce qu’il a le temps de boire des cubes d’energon ? Attends, ne dis rien ! Je suis sûr qu’il a un système haute performance lui permettant de tenir pendant de longs joors sans carburant ! Incroyable…» S’extasia-t-il en étant emporté par sa propre imagination, à la consternation de la fembot qui faisait de son mieux pour ne pas pouffer de rire.

«Smokescreen, pourquoi toutes ces questions ?» Réussissant miraculeusement à garder son sérieux, Moonlight se pencha légèrement en arrière pour examiner l’expression rêveuse du mecha, qui devint vite mal à l’aise sous son regard intrigué. Une fois de plus déstabilisé en sa présence, il se redressa puis attendit quelques nano-kliks avant de lui répondre avec davantage de gravité.

«Pour tout te dire, je suis son plus grand admirateur. Je le trouve extraordinaire. Il n’a peur de rien, il se bat pour la bonne cause, tout le monde le respecte. Son altruisme rime avec humilité. J’ai lu toutes les archives le concernant ! Je connais chacun de ses combats, chacune de ses batailles remportées contre Megatron. Il est fort et déterminé, brave et courageux. Un cycle, j’aimerais être comme lui. Aussi puissant, aussi charismatique, aussi dévoué, aussi-» Cependant, Smokescreen n’eut pas l’occasion d’énumérer toutes les qualités qu’il voyait en son leader car Moonlight l’interrompit.

«Oui oui, j’ai compris l’idée. Mais tu sais, il lui arrive aussi d’avoir peur… D’avoir des doutes, de ne pas se sentir à la hauteur. Derrière le Prime se cache un Autobot, comme nous.» Expliqua-t-elle en posant sa main gauche sur son châssis, juste au-dessus de la vitre centrale. Elle partageait son admiration, en revanche il ne fallait pas oublier qu’Optimus était aussi un Autobot, avec des besoins et des envies comme tous les autres dans cette ville. Et il méritait d’être considéré comme tel. Pas seulement comme un chef qu’on voulait irréprochable. Alors, quand le sourire adorateur du mecha faiblit légèrement, elle s’empressa de reprendre.

«Je veux dire par là qu’il a aussi le droit à l’erreur. Il excelle dans le rôle de leader, mais c’est aussi un créateur exemplaire, qui a appris à le devenir grâce à ses erreurs. Avec des règles et une autorité qui ne sont pas toujours faciles à vivre, mais ça m’a permis de grandir, de m’endurcir. D’apprendre à repousser mes limites pour m’améliorer, pour le rendre fier… Et me rendre fière. Nous sommes tous égaux.» Moonlight se sentit moins coupable lorsque le sourire de Smokescreen revint, sauf qu’elle ne s’attendait pas à sa réponse.

«Ouais, je veux définitivement être comme lui.» Satisfait, le bot se recoucha à nouveau sur ses coudes, le regard perdu dans cette immensité qui s’étendait à perte de vue.

«Pourquoi ne pas simplement être toi ? Une fois, un sage m’a dit qu’il suffisait de rester soi-même, qu’il n’y avait pas besoin de ressembler à quelqu’un d’autre, juste de s’accepter.» Récita la fembot à ses côtés, faisant bien évidemment référence à ses paroles lors de leur première rencontre dans l’infirmerie. Ce qui entraîna un sourire sincère à ce souvenir, ainsi qu’un sentiment de familiarité. Au final, elle avait une bonne mémoire ! Lui-même ne se souvenait plus exactement de toute la conversation qu’ils avaient eue ce cycle-là.

«Mon rêve, c’est de devenir un guerrier légendaire. Un guerrier qui n’a peur de rien, puissant et féroce. Inarrêtable sur le champ de bataille, plus rapide que la lumière, plus fort que tous les Constructicons réunis. Mon épée d’énergie ? Elle transpercerait n’importe quelle matière, personne ne pourrait me stopper !» Rêvassa encore Smokescreen tout en glissant sa main vers les étoiles ci-dessus, s’imaginant être le propre héros de son histoire. Sachant pertinemment qu’il exagérait volontairement son rêve, Moonlight ne put toutefois se retenir de poser la question suivante avec nonchalance.

«Qu’est-ce qui t’en empêche ?» Curieuse, elle fronça rapidement les crêtes optiques quand le visage du mecha tomba, puis il se contenta d’hausser les épaules sans rien dire. Apparemment, il n’était pas encore prêt à dévoiler tous ses secrets, ce qui la poussa à continuer sans hésiter.

«Je pourrais peut-être en toucher un mot à mon créateur…» Elle balança ses pedes d’avant en arrière après avoir adopté la même position que le mecha en pleine réflexion, ce qui eut pour effet de le surprendre.

«C’est vrai ? Tu ferais ça ?» S’étonna-t-il, les optiques grandes ouvertes. Elle acquiesça avec enthousiasme.

«C’est à ça que servent les amis. Ils se serrent les coudes.» Moonlight esquissa un sourire chaleureux tandis que Smokescreen la regardait longuement sans un mot, avant que son propre sourire ne révèle sa joie d’être reconnu comme un véritable ami.

Un silence complice s’installa entre eux, aussi dense que le crépuscule qui s’étirait lentement au-dessus de la ville. Le ciel déployait un dégradé enflammé, du pourpre au bleu profond, pendant que les deux soleils disparaissaient derrière les collines lointaines, cédant doucement leur place à la nuit. Profitant de ce moment de répit, ils tendirent l’audio aux bruits nocturnes de la ville en contrebas. Autour d’eux, le murmure de Iacon s’animait : le crissement aigu des pneus sur le bitume, des voix étouffées dans la distance, et le métal qui grinçait doucement sous la caresse des vents naissants. Face à eux, le célèbre observatoire de Iacon s’illuminait, ses néons violets et bleus diffusant une lumière froide qui baignait les environs. Cette immense sphère de verre et de métal, aussi vieille que la cité elle-même, dominait la tour où ils étaient perchés. Gardien silencieux des trésors architecturaux de la capitale, il conférait à Iacon son aura à la fois mystique et éternelle. La ville semblait comme suspendue entre passé et futur.

Magnifique et glorieuse capitale...

Appuyée en arrière sur ses mains avec les pedes ballant dans le vide, Moonlight leva les optiques vers le ciel sombre où scintillaient des constellations familières.

Parmi elles la constellation de Micronus, aux contours délicats, et celle d’Onyx, facilement reconnaissable à la silhouette imposante de ses grandes ailes draconiques. Elle en connaissait presque toutes les figures, apprises au fil des longs groons passés aux côtés d’Optimus, lors de ses nombreuses lectures sur les Treize Primes pendant sa remise en forme. Elle se souvenait avec émotion des rares moments où, après un cycle passé dans les ruines, Optimus lui montrait patiemment ces étoiles en lui racontant l’histoire de chacune des entités. Leur nombre était vaste, et il y avait même une constellation dédiée au Fallen, malgré les horreurs qu’il avait autrefois infligées à ses frères. Optimus lui avait expliqué que le Fallen avait sa place dans le ciel, afin que jamais ils n’oublient d’où ils venaient ni les épreuves traversées. Pour honorer leur mémoire, pour garder le souvenir de tous les sacrifices consentis, afin que leur race puisse perdurer encore et encore dans l’espoir d’une paix retrouvée. Une paix qui, malheureusement, restait pour l’instant hors de portée mais pour laquelle ils travaillaient sans relâche. Dans l’attente qu’un cycle, elle revienne enfin.

La fembot, bercée par ses douces pensées, jeta un petit coup d’optique discret à sa droite pour regarder Smokescreen absorbé par les étoiles scintillantes au-dessus d’eux. Pensait-il aussi aux vieilles histoires sur leur civilisation ? Elle se le demandait, mais au fur et à mesure qu’elle le fixait furtivement, son regard parcourut sa toute nouvelle carrosserie. Il était plutôt solide et bien bâti, avec de larges épaules et d’épais avant-bras, un châssis assez imposant, un casque surmonté de deux grandes crêtes rouges... Les pièces de son armure peintes en bleu faisaient ressortir le blanc immaculé et brillant du reste de sa carrosserie, mettant en valeur la couleur singulière de ses optiques. L’expression sur le visage de Smokescreen était sereine, presque rêveuse, contrastant avec la robustesse de son apparence. Celles-ci brillaient intensément dans la nuit, illuminant doucement toute son armure ainsi qu’une partie de ses jambes pendantes dans le vide. Son regard s’attarda alors sur ses portes ailes où elle remarqua des inscriptions gravées, plutôt un numéro en particulier. Cette découverte la sortit doucement de son silence.

«Pourquoi le numéro trente-huit ?» S’interrogea-t-elle alors que le mecha sortait de sa méditation pour la regarder avec surprise, ne s’étant pas attendu à ce qu’elle parle après ce long moment silencieux.

«Mhm ? Oh, eh bien, c’est une longue histoire.» Dit-il en détournant le regard pour se concentrer sur ses mains jointes entre ses cuisses. Son expression insouciante s’était transformée en quelque chose de plus sombre.

«J’ai tout mon temps.» Titilla Moonlight d’un sourire en coin, encourageant le mecha à raconter son histoire qui semblait lourde. Toutefois, Smokescreen mit beaucoup de temps à reprendre la parole, cherchant ses mots et peut-être aussi un peu de courage pour s’ouvrir à elle. Après tout, ils ne se connaissaient pas encore et n’avaient pas grand-chose en commun pour l’instant.

Pourtant, il ressentait au fond de lui qu’il pouvait lui faire confiance.

«Ce numéro a une signification bien précise. Je le porte fièrement, pour ne jamais oublier d’où je viens.» Commença-t-il avec hésitation, son ton dépourvu de toute ironie devenant soudain très sérieux. À ses côtés, la fembot resta muette.

«Lorsque j’ai été fait prisonnier, les Decepticons nous attribuaient à tous des numéros d’immatriculation. C’était plus facile pour eux de nous identifier, mais aussi plus simple quand ils nous jetaient à la déchèterie. J’avais un camarade avec moi dans ma cellule. Nous étions interrogés ensemble, torturés à tour de rôle pour soutirer des informations sur la localisation des troupes. J’ai même reçu une dose de Tox-En. C’est là que j’ai découvert que j’étais plutôt résistant au poison. Qui aurait cru qu’un bot comme moi pouvait emmagasiner autant de cette substance mortelle sans passer l’arme à gauche ?» Ricana-t-il sans une once d’humour, la tête penchée sur le côté alors qu’il se perdait dans ses souvenirs tumultueux.

«En tout cas, ces expériences m’ont appris beaucoup de choses. J’étais solide. À l’épreuve de la rage Decepticon. Nous étions souvent pendus à des chaînes pendant de longs groons. Ils nous forçaient même à nous regarder quand ils nous électrocutaient pour soutirer des informations… Mais nous n’avons jamais lâché un seul secret.» Il débuta prudemment son récit obscur, n’osant pas croiser le regard de la petite fembot à sa gauche car il craignait d’y déceler de la pitié. Il libéra la pression dans ses évents puis continua.

«Tout comme toi, j’ai eu droit au collier électrique. Cette saleté te laisse de sacrées marques…» En évoquant ce souvenir, Smokescreen leva la main et toucha son cou du bout des doigts d’une grimace de dégoût. Il avait repéré les mêmes stigmates sur le cou de Moonlight lorsqu’elle était à l’infirmerie.

«C’était pour me faire parler, qu’ils disaient… Mais quand tu te prends une décharge, tu n’as plus vraiment la capacité de parler. Plus d’une fois, j’ai cru que j’allais mourir, mais j’ai tenu le coup. Encore et encore. Shockwave m’appelait le coriace, au plus grand regret de Starscream qui espérait que je finisse par craquer sous la torture répétée... J’ai appris à les connaître au fil du temps, à identifier les pires d’entre eux. Je ne sais pas combien de temps j’étais coincé dans ce trou à scraplets, j’avais complètement perdu la notion du temps à force d’être coupé du reste du monde. Peut-être trois orns, peut-être… Quatre deca cycles ? Huit ? Je suppose que c’était l’une de leurs techniques de torture favorites de nous laisser dans l’ignorance.» Rit-il amèrement après un rictus.

«Puis un cycle, ils l’ont tué. Juste sous mes optiques. Mon coéquipier et seul ami, ils l’ont abattu d’un coup de blaster sans aucune hésitation. Il portait le numéro quatre-vingt-douze, mais ça, personne ne le saura jamais. Car comme tous les autres avant lui, il finira par être oublié.» Smokescreen plissa les optiques de colère avant de tourner la tête vers Moonlight pour la regarder avec une haine à peine dissimulée envers les Decepticons. Ce regard intense fit vaciller le Spark de la fembot horrifiée, à court de mots.

«Mais moi, je n’oublierai jamais ce qu’ils ont fait. Je n’oublierai pas les tortures répétées, les passages à tabac, ni les cycles entiers passés enfermé dans cette cellule sans lumière. Je n’oublierai pas non plus leurs insultes, leurs moqueries, ni le visage de ce sadique de cyclope et ses inventions abominables. J’étais à deux doigts de craquer après cette exécution, convaincu que c’en était fini pour moi… Je ne pouvais plus supporter davantage. Jusqu’à ce que j’entende cette fameuse rumeur, qui circulait comme quoi la fille du Prime avait été capturée.» Dévoila-t-il soudainement, les crêtes optiques levées comme s’il revivait la scène. Puis, lentement, il pointa un doigt vers le châssis de Moonlight, comme pour lui montrer qu’elle en était la preuve vivante.

«Tu étais là ! Amochée et désespérée, mais vivante ! Tu tenais le coup. Tu tenais tête aux Decepticons, et c’est là que j’ai retrouvé espoir. Nous avons tous repris espoir. Car Optimus Prime ne laisserait jamais sa fille entre les griffes de Megatron. Les Autobots allaient tous nous sortir de ce cauchemar… Le grand leader et héros de notre nation allait nous sortir de là.» Complètement absorbé par son récit sordide, le mecha ne se rendait même pas compte à quel point ces paroles étaient difficiles à entendre. À quel point elles désolaient Moonlight, qui voyait la face cachée de cette histoire, attristée d’entendre de l’admiration dans la voix de Smokescreen alors que personne ne serait venu si elle n’avait pas été là… Ou du moins, ça aurait pris beaucoup plus de temps.

Elle en avait carrément mal au réservoir.

«C’est en quelque sorte grâce à toi que je suis encore là. Même si j’aurais préféré te rencontrer dans des circonstances un peu moins… Dramatiques !» Finit-il par dire avec une touche de plaisanterie, retrouvant peu à peu son sourire bienveillant, bien loin de l’accablement que la fembot éprouvait face à lui.

«Je suis vraiment désolée, Smokescreen… Terriblement désolée.» Moonlight cherchait ses mots, incapable de traduire tout le poids de son désarroi. Elle ne s’excusait pas seulement pour les sévices qu’il avait subis entre les mains de l’ennemi, mais aussi pour le comportement honteux des Autobots envers les prisonniers de guerre. Elle prenait conscience que tout le monde n’était pas aussi innocent qu’ils le prétendaient, et que bien des actes peu glorieux avaient été passés sous silence pour préserver l’image parfaite d’une communauté soudée. C’était injuste… Et elle en éprouvait une profonde honte.

«Oh non, ne t’excuse pas, ce n’est pas de ta faute. Comme j’aime souvent le dire, ça nous forge le caractère ! Et puis, c’est de l’histoire ancienne maintenant. C’est derrière nous tout ça. Il faut se tourner vers l’avenir. On peut se considérer chanceux d’être encore en vie et de pouvoir honorer la mémoire de ceux qui ne s’en sont pas sortis. Il ne faut surtout pas les oublier.» Prévint-il très sérieusement en cherchant de l’approbation dans les optiques attristées de Moonlight qui ne pouvait faire autre chose que hocher la tête en accord.

«Tu es très courageux, tu ferais un fabuleux guerrier.» Affirma la fembot bleu ciel d’un sourire émouvant avant de s’autoriser à poser sa main sur l’épaule du plus grand mecha.

«Merci ! J’espère arriver à atteindre mon but et à impressionner Optimus pour qu’il m’accepte dans la Garde d’Élite !» S’enchanta-t-il en levant les bras pour montrer sa force, son immense sourire offrant un baume au Spark douloureux de Moonlight qui ne pouvait qu’acquiescer malgré son malaise.

Ce robot avait un incroyable fond… Il était finalement bien différent d’Hot Rod. Sa personnalité et son vécu rivalisaient avec ceux de la plupart de ses connaissances, et Moonlight l’admirait pour sa force d’esprit.

.:Moonlight ? Il est temps de rejoindre l’infirmerie. Je t’attends devant le centre médical. Ne sois pas en retard.:. La voix barytonne de son Opiluk résonna soudainement dans ses audios, rompant instantanément ce moment de complicité. Prise de court et un peu déçue de devoir partir, Moonlight lui répondit sans tarder.

.:Je serai là dans les temps.:. Puis elle coupa la communication interne d’une pression sur son audio droit.

«Je dois partir. Je suis attendue à l’infirmerie et si je n’y vais pas tout de suite… » Prononça-t-elle d’une grimace alors qu’elle se levait du sol pour indiquer le bord du toit par là où ils étaient montés.

«Ce bon vieux Ratchet risque de t’en faire voir de toutes les couleurs. Je connais le phénomène. Vaut mieux pas tester sa patience !» Smokescreen se redressa sur ses bras pour regarder la petite fembot qui, nerveusement, jetait des regards entre le bord du bâtiment et lui.

«Exact. Je ne préfère pas tenter Unicron.» Rit-elle tout en nouant ses mains avant de lui accorder un autre sourire maladroit. Elle se racla le vocaliser puis poursuivit avec sincérité.

«Encore merci pour cette balade. Pour… Tout ça. » Elle fit un vague geste de la main, désignant l’endroit et les discussions qu’ils avaient eues. Elle ajouta dans cette même voix timide ; «C’était vraiment très sympathique et agréable. J’en avais bien besoin.»

«Tout le plaisir est pour moi ! Maintenant file, avant que Ratchet ne déboule dans ma planque pour te chercher par le pot d’échappement. Je n’aimerais surtout pas assister à un spectacle pareil !» Plaisanta Smokescreen en frissonnant, incapable de retenir l’image qui venait d’envahir son processeur. Un Ratchet en colère, c’était horriblement flippant…

Moonlight lui fit un dernier signe de la main en guise d’au revoir, puis elle entama la descente du bâtiment avec un sourire qui atteignait presque ses audios.

Sur le toit, Smokescreen leva les optiques vers les étoiles pour chercher quel astre pourrait représenter sa nouvelle amie, le Spark beaucoup plus léger désormais.

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Moonlight ouvrit les optiques.

Elle se trouvait dans l’infirmerie, seule. Allongée sur sa couchette devenue familière avec un cristal d’energon en guise de veilleuse, elle fixait le plafond au-dessus d’elle, un étrange pressentiment stagnant dans son Spark. Aucun bruit ne venait troubler ce silence prolongé. Pas un chuchotement, pas un bip de machine. Rien du tout. Parfaitement immobile sur cette surface métallique glaciale, ses optiques bleues scrutaient le plafond gris qu’elle connaissait si bien au fil du temps passé dans cette même position. Tout était d’un silence absolu. Rien ne l’aurait alertée si ce n’était cette impression d’avoir été brusquement sortie de recharge par quelque chose d’inhabituel… Quelque chose qui la rendait étrangement mal à l’aise.

Au fur et à mesure qu’elle fixait le plafond de sa chambre dans l’infirmerie, la perspective de Moonlight commença à changer. D’abord, ce n’était qu’une espèce d’hallucination visuelle se traduisant par des formes ovales, puis par la suite, elle remarqua que de petites particules noires en suspension flottaient dans la pièce. Incrédule, elle tourna la tête sur la gauche pour remarquer que ces étranges particules étaient nombreuses et montaient toutes lentement vers le plafond. Comme des aimants attirés. La pièce lui paraissait soudainement distendue, comme si les murs s’étiraient avant de revenir à leur position d’origine, créant une sensation de vertige et d’instabilité qui fit vaciller son Spark. Paradoxalement, le silence devenait assourdissant… Tandis qu’elle prenait conscience de ce qui se passait, la fembot voulut se redresser pour appeler quelqu’un, mais son protoforme refusait catégoriquement de lui obéir. Coincée sur sa couchette et figée dans cette position étendue, elle tenta simplement de lever ses mains, un mouvement devenu impossible.

Effrayée, bien que d’une tranquillité étrange, elle se focalisa sur la sensation du poids de son corps… Avant de découvrir avec horreur que le plafond de l’infirmerie avait changé. Ce n’était plus ce gris clair qu’elle fixait, mais un gris beaucoup plus foncé, marqué de sillons de rouille qui s’étendaient sur toute sa largeur, et où de profondes fissures parsemaient le plafond de part et d’autre. La lumière rassurante du cristal à sa gauche s’était complètement occultée. À peine percevait-elle encore les contours de la pièce et des meubles alentour. Tentant désespérément d’appeler à l’aide bien qu’incapable de produire le moindre son, la fembot paralysée sentit son réservoir se tordre douloureusement alors que l’ambiance continuait de se métamorphoser. L’obscurité et le froid gagnaient du terrain, s’insinuant dans chaque recoin. Un horrible sentiment de familiarité avec ce nouvel environnement l’envahit, et chaque nano-klik passé ici semblait grignoter son CPU.

Et puis…

Son energon ne fit qu’un tour.

Là, au-dessus d’elle, une grille d’aération venait d’apparaître en un clignement d’optiques, brouillant sa capacité à distinguer le réel de l’imaginaire. Enchaînée par des liens invisibles, Moonlight sentit son Spark se briser dans son châssis lorsqu’elle aperçut, derrière les barreaux, deux optiques orangées lumineuses. Ces optiques la fixaient intensément, immobiles. Elle voulut se débattre, mais son corps refusait d’obéir tandis que la grille se déverrouillait lentement, s’ouvrant sans un bruit. La noirceur à l’intérieur de cette aération était terrifiante, mais pas autant que la silhouette tapie dans son ombre. Pétrifiée par la peur, la fembot sentit le corps longiligne de la créature sombre s’enrouler autour d’elle. Ici, la prise n’avait pas la même douceur que la dernière fois. Son corps noir, écailleux et épais, serpentait autour de ses bras puis de ses hanches, avant que le bout de sa queue ne s’enroule autour de son cou. Elle avait l’impression que son monde tout entier sombrait. Resserrant toujours plus sa prise, Moonlight sentait que des parties de son armure cédaient sous la pression implacable.

Retenue immobile dans cette étreinte mortelle, Moonlight se contenta de plonger son regard dans les optiques brillantes de la créature à moitié sortie de ce conduit apparu de nulle part. Un frisson parcourut le châssis de la fembot prise au piège de son propre protoforme. Dans cet instant suspendu, le monde autour d’elle semblait s’effacer, ne laissant place qu’à cette énigmatique présence. Ses yeux rouge orangé luisaient avec une intensité telle qu’elle ne percevait plus qu’eux… Ils semblaient aspirer son âme, l’ensorcelant par leur pouvoir mystérieux et magnétique. Prisonnière, la fembot avait la sensation qu’elle pourrait quitter son cadre tant la peur la rongeait, du sommet de son CPU jusqu’au bout de ses pedes. Puis la créature aux traits féminins flottant au-dessus d’elle esquissa un sourire lent, presque doux, avant de poser son index sur ses lèvres en un geste silencieux d’intimidation. Le silence était impératif. Ensuite, avec une lenteur calculée, elle tendit de sa main gauche un petit boîtier rectangulaire orné d’un bouton rouge lumineux en son centre vers Moonlight.

Shhhh… Il écoute.

Susurra-t-elle tout en plaçant le boitier dans la main de la fembot.

Moonlight reconnaissait ce petit dispositif. Elle savait exactement de quoi il était capable.

Les optiques grandes ouvertes et la main tremblante, elle voulut s’en débarrasser mais son protoforme ne lui obéissait pas. Elle était forcée d’accepter ce sinistre cadeau. La panique monta en flèche dans son Spark sur le point d’imposer, son bourdonnement bruyant dans ses audios. Elle tenta de se débattre, de se libérer, mais c’était en vain. La prise de la créature la maintenait fermement immobile. Elle était devenue une marionnette, un jouet entre des mains invisibles. Incapable de décider, incapable de choisir, complètement piégée. Puis soudainement, la créature disparut de son champ de vision. Moonlight sentit alors un changement, comme si la queue écailleuse s’était muée en quelque chose de bien plus lourd, plus pesant, et affreusement familier. Sans même avoir besoin de réfléchir, elle comprit de quoi il s’agissait. Un collier électrique était serré autour de ses câbles de cou, les comprimant douloureusement. Un froid glacial la traversa. Horrifiée, ses optiques tombèrent sur la télécommande d’activation, toujours fermement retenue dans sa main tremblante…

Et que son pouce se trouvait sur le bouton.

«Moonlight !»

Brusquement, Moonlight ouvrit les optiques d’un hurlement perçant. Elle était allongée sur sa couchette de retour dans l’infirmerie, mais cette fois-ci, elle n’était pas seule. Ratchet se tenait à sa gauche avec une main posée sur son épaule, ses optiques préoccupées cherchant à rencontrer les siennes terrifiées. Il la tenait fermement en place contre le dossier de la couchette tandis qu’il tentait de la ramener à elle après un cauchemar particulièrement violent. Son autre main levée pour la calmer, le médecin lui posait toutes sortes de questions mais il n’obtint aucune réponse. Il fut néanmoins surpris lorsqu’elle leva immédiatement ses mains pour chercher quelque chose à son cou… Frénétiquement, ses doigts s’enroulèrent autour de ses câbles alors que ses optiques se remplissaient de larmes d’effroi, des sons étouffés sortant de son vocaliser. Elle n’y trouva évidemment rien. Assistant impuissant à ce spectacle des plus déroutants, Ratchet fronça ses crêtes optiques quand la fille de son leader se redressa sans un mot pour se jeter contre son châssis dans une étreinte désespérée.

Perplexe, il enroula automatiquement son bras autour des épaules tremblantes de la fembot en pleine crise de larmes qui resserrait son emprise sur lui comme si elle craignait de le voir disparaître, son rictus se dissipant au même moment où l’inquiétude gagnait son Spark. C’était la toute première fois qu’il assistait à une telle détresse psychologique après l’un de ses épisodes... Une scène impressionnante, même pour Ratchet. Pour la rassurer qu’il ne partirait pas, il tapota doucement son dos en prenant soin de ne pas écraser ses ailettes, mais préféra garder le silence afin de lui laisser le temps d’évacuer toute la pression. Elle avait besoin de sa présence, pas de mots. Il resserra instinctivement sa prise sur elle, alors que les bruits déchirants de ses pleurs emplissaient la pièce. Son visage larmoyant enfoui contre les plaques de son châssis rouge et blanc, le médecin semblait désemparé et impuissant. Pourtant, une question le taraudait tandis qu’il écoutait ses lamentations, ses optiques attristées veillant sur Moonlight toujours maintenue contre lui.

Un cauchemar… Ou un souvenir ?

À suivre…

À bientôt,

VP

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