Petite Etincelle
CHAPITRE 1
POV ?
Je déteste les Decepticons.
Ces monstres sans pitié qui prennent plaisir à exterminer des robots sans défense.
Une telle violence ne devrait pas exister dans un monde comme le nôtre. Pourquoi avoir troublé une paix aussi prometteuse ? Tout se passait à merveille ! Nous avions de l'energon à volonté, une énergie illimitée et une magnifique ville portant le nom de Trypican.
Les habitants de cette ville avaient tous une tâche attribuée, une famille, des amis, ainsi qu'un gouvernement plus que respectable. La réussite nous souriait pour un avenir radieux et sans peur, loin des ténèbres et de l'amertume.
Le seul bémol, c’étaient les "Gardiens de la Paix".
Ils étaient les grands protecteurs de Trypican dirigés par leur chef tout-puissant, Megatron. Notre guide, Sentinel, héritier de la lignée des porteurs de la Matrice, avait choisi Optimus pour lui succéder au titre de chef des Autobots, mais aussi pour diriger le département scientifique. Tandis que Megatron, connu autrefois sous la désignation de Megatronus, avait été son deuxième choix pour prendre la tête des forces de défense Cybertronienne. Une grossière erreur et aujourd'hui, nous en payons le prix fort.
Car malheureusement, cela n'avait pas plu au mecha tyrannique assoiffé de vengeance d'avoir été le second choix de Sentinel Prime. Quelque chose d’intolérable pour lui qui avait tant de projets de conquêtes... Des idéologies toutes plus sombres les unes que les autres. Et apprendre qu'Optimus allait devenir le chef de tous les Autobots l'a rendu fou de jalousie, incontrôlable et dangereux, animé par une haine profonde envers son frère d’armes de toujours.
Alors, il nous a trahis et a fondé une rébellion symboliquement baptisée "Decepticons".
Et maintenant, nous avons deux factions distinctes : les Decepticons et les Autobots.
À ce cycle, nous en sommes à une guerre absurde qui perdure depuis bien trop longtemps. Trypican venait tout juste de se faire bombarder et déjà plusieurs corps sans étincelle de vie jonchaient les trottoirs de la ville. Nous avons tout perdu...
Mais à présent, c'est à notre tour de répliquer.
Mon nom est Starwind, et je suis une Autobot.
{==1 Vorn avant ==}
POV Starwind
C'était un jour ensoleillé sur la majestueuse ville de Trypican. Tous les habitants allaient et venaient dans les rues animées, discutant entre eux, insouciants du temps qui passait. Des cris de joie résonnaient à des kilomètres à la ronde. Les étincelants, débordants de vie et d’énergie, se pourchassaient mutuellement, jouaient avec leurs créateurs bien plus âgés qu'eux qui ne semblaient pas croître au fil du temps. Le bourdonnement constant des conduits d’énergie, les échanges codés dans les ruelles, les grandes tours argentées de Trypican scintillant dans les rayonnements chauds des soleils...
Ah, les soleils.
Cela faisait une éternité que nous étions dans le noir complet, à souffrir de cette peur qui nous rongeait de ne plus jamais revoir la lumière d’un nouveau cycle. Une obscurité si dense qu’elle semblait avaler jusqu’à nos pensées, anéantissant toute trace d’espoir. C’était l’une des périodes les plus sombres de notre histoire... Un peuple divisé, où la famine se mêlait à la guerre de territoire des suprémacistes Decepticons. Les réserves d’energon s’épuisaient, les alliances se brisaient, et chaque district ne vivait plus que pour sa propre survie. Des morts, toutes ces morts inutiles... Des Sparks arrachés trop tôt, des noms oubliés dans la poussière des ruines d’un champ de bataille où une violence inouïe avait fait rage. Une génération entière traumatisée à cause de ce terrible manque de solidarité pour traverser les ténèbres. Nous avons vu les jeunes naître sans futur, les anciens s’éteindre sans espoir, et les plus braves tomber sans être pleurés.
Mais désormais, grâce à Sentinel et à ses courageux Autobots, nous avons à nouveau cette précieuse lumière qui nous manquait tant, tout comme une source d’énergie fiable et durable. Une lueur nouvelle perce enfin les cendres de notre passé, guidant notre peuple vers une renaissance tant attendue. Deux merveilleux soleils pour réchauffer le métal de Cybertron. Cet incroyable exploit, nous le devons à l’inventeur et mentor Alpha Trion qui a créé une fabuleuse machine capable de transporter un soleil d’une autre galaxie, inhabitée, pour que jamais plus nous ne vivions dans la terreur et la famine. La traversée fut interminable et vivre ainsi relevait de l’agonie, mais nous avons survécu à ce désastre et nous en sommes sortis plus forts. Plus unis que jamais. Et maintenant, Trypican était en paix. Mais pour combien de temps ?
Sortant de mes pensées vagabondes, je pris une profonde inspiration par mes ventilations comme pour chasser les ombres persistantes du passé et retrouver un peu de clarté. Il était inutile de ressasser ces douloureuses visions. Je repris donc ma marche d’un pas léger, me dirigeant vers le nouveau centre de recherche là où Sentinel devait nous faire une annonce capitale. De quel genre d’annonce s’agissait-il ? Là était toute la question, et malgré l’incertitude, je sentais une étrange sérénité m’envahir. J’avais confiance en lui. Confiance en cet avenir encore fragile mais bien réel qui se dessinait doucement sous chacun de nos pas métalliques. De toute façon, le temps des hésitations était révolu. Nous n’avions plus le luxe de la peur. Si nous voulions éviter un nouveau basculement, une autre descente brutale dans le chaos, il nous fallait avancer main dans la main, unis par une volonté commune. À chaque problème, sa solution : telle était la maxime de notre grand leader respecté de tous. Et aujourd’hui plus que jamais, nous avions besoin de croire en ces mots.
Sans appréhension.
D’un petit soupir, je marchais tranquillement dans les rues de la ville de Trypican tout en saluant les passants et les passantes que je croisais d’un petit hochement de tête timide, mes couleurs bleues et argents brillants aux soleils chauds de l’après-midi. Je n'étais qu'une Cybertronienne lambda assez petite avec des roues en guise de talon, des doigts fins et longs, des épaules recouvertes d'une roue chacune, des audios très sensibles aux ultrasons qui se terminaient en pointes vers le haut. Une petite fembot parmi tant d'autres qui cherchait à se faire une place dans cette société en pleine reconstruction. Mon quotidien avait beau être répétitif, il était rassurant.
Mon cadre était assez agréable à regarder, enfin du moins, d'après les dires. Je veillais toujours à ce que mes plaques brillent, que ma carrosserie soit parfaitement polie. Entretenue dans les moindres détails. Pourtant pour être honnête, je ne me trouvais pas vraiment spéciale ni différente des autres fembots qui peuplait notre monde. Mais les rares amis qui partageaient ma vie me trouvaient jolie. J'étais d'un bleu profond avec les hanches, les doigts et les pedes argentés. Mes optiques d'un bleu lumineux, plus clair que la plupart des habitants que je croisais quotidiennement, étaient ce que j’avais de plus précieux. Mon véritable atout. Dans chacun de mes bras, je cachais des lames rétractables à doubles tranchants qui ressortaient jusque dans mes coudes d’une simple traction de mon majeur. Que je n'utilisais bien sûr qu’en cas d'extrême urgence, vous vous en doutez bien.
Dans mon dos, je portais une paire d’ailettes bien particulières. Pas destinées au vol, non, mais à quelque chose de bien plus subtil, car elles captaient les moindres changements de température, les ultrasons et les vibrations. Des appendices aussi élégants que redoutablement efficaces. Et croyez-moi, quand on vit constamment sur ses gardes, cette sensibilité peut faire la différence entre la survie… Et l’effacement. Ces fines ailettes offraient aussi une précieuse maîtrise aérodynamique à mon mode alternatif, une moto à deux roues conçue pour la vitesse et l’agilité. Grâce à elles, je pouvais négocier des virages serrés à pleine vitesse, filer dans les ruelles étroites de Trypican ou m’abriter en une fraction de klik lorsque la pression atmosphérique chutait brusquement. Ce qui, sur Cybertron, arrivait bien plus fréquemment qu’on ne le souhaiterait depuis quelques vorns. Mais en réalité en quelques mots, j’étais une habitante de Trypican tout à fait banale.
Munie d’un petit sourire satisfait, je continuai d’avancer même si mes optiques, elles, ne cessaient de balayer prudemment la foule autour de moi. Chaque robot croisé m’arrachait un bref regard en coin, presque furtif, comme si mon système nerveux central refusait de relâcher la tension. Je n’étais vraiment pas à l’aise avec autant de monde autour. C’était plus fort que moi. Aussi loin que remontaient mes souvenirs de base de données, j’avais toujours eu du mal à me faire de nouveaux amis à cause de ça. Ma timidité excessive était une barrière constante invisible, mais bien réelle. D’une nature plutôt solitaire, j’avais fini par en faire une sorte de refuge. Un cocon dans lequel je m’étais installée par habitude, et peut-être aussi par peur de m’exposer. Pour mon propre équilibre, j’évitais donc les dialogues inutiles avec les inconnus, ou tout autre contact d’ailleurs ! À dire vrai, cela me facilitait la tâche. Moins de liens, moins de complications.
Et alors que je me perdais une fois de plus dans cette introspection familière, je fus brutalement ramenée à la réalité en me heurtant à quelque chose de dur. Très dur, même. Et surtout… Inattendu. Levant timidement mon regard, prête à marmonner des excuses pour ma maladresse, je fus accueillie par un grand sourire sympathique et des optiques d'un beau bleu profond.
«Excusez-moi, Mademoiselle-»
Malheureusement pour ce parfait inconnu, je ne lui laissai même pas le temps de finir sa phrase avant de réagir au quart de tour. Sans hésiter, je m’étais déjà enfuie dans la direction opposée, mon regard refusant de croiser le sien ne serait-ce qu’une seconde fois. Je ne pouvais tout simplement pas affronter cela, c’était au-dessus de mes forces… Mes cycles étaient rythmés par cette fuite effrénée, une tentative désespérée de passer inaperçue. Mieux valait se fondre dans la masse, devenir une ombre parmi tant d’autres, plutôt que de briller pour de mauvaises raisons. Mon Spark pulsait la chamade, bourdonnant frénétiquement dans ma poitrine métallique et menaçant à chaque instant de s’échapper de mon châssis. Mais je ne pouvais pas faire marche arrière. Je devais continuer à courir, trouver un refuge.
Je me ruai alors dans une ruelle moins fréquentée, esquivant de justesse les bots qui bloquaient le passage et évitant de heurter qui que ce soit dans ma course. Il ne fallait surtout pas que j’attire l’attention sur moi, pas maintenant, pas ici… Pas avant d’être prête. Lorsque j'atteignis enfin cette fichue rue qui semblait abandonnée mais qui donnait néanmoins sur la voie principale, je me laissai lentement glisser le long du mur jusqu'à ce que je me retrouve assise. Puis je laissai échapper un souffle tremblant par mes évents. D'une main sur mon front et l'autre au-dessus de mon Spark irrégulier, je pris quelques kliks pour me ressaisir de cette timidité soudaine et irrationnelle. Par Primus, j'étais morte de honte... Pourtant, c'était une réaction complètement imprévisible et naturelle qui survenait toujours dans les pires moments.
Tremblotante à cause de cette soudaine montée d’adrénaline qui avait animé mes circuits, j’attendis quelques nano-kliks de plus pour me ressaisir. Il fallait que je récite une série de chiffres aléatoires dans ma tête. C’était le seul remède que je connaissais pour aider mon système à retrouver un semblant de stabilité. Me concentrer sur autre chose, c’était la clé. Après avoir enfin repris mes esprits et calmé mon spark, je tournai légèrement la tête à gauche pour voir où se trouvait le mystérieux bot que j’avais bousculé plus tôt. Il restait planté là, au beau milieu de la rue principale, ignoré par tous les passants. Il regardait autour de lui, sûrement pour deviner dans quelle direction je m’étais enfuie. Le pauvre semblait perplexe face à ce qui venait de se produire, ce qui n’aidait pas à atténuer ma honte déjà bien présente dans mes câbles. Et en plus, ce mecha n’était pas désagréable du tout à regarder ! Et il avait l’air gentil… Perdu certes, mais gentil.
Avachie contre le mur dans mon dos à l’ombre d’un bâtiment, je m’autorisais quelques instants pour mieux l’observer. Il arborait différentes nuances de bleus, mais son châssis et ses épaules étaient nuancées de pièces rouges, alors que ses hanches et ses doigts étaient gris foncé. Des lignes lumineuses bleues se dessinaient sur son ventre ou encore sur ses cuisses, le rendant encore plus spectaculaire qu’il ne l’était déjà avec cette carrure impressionnante et un peu intimidante. Plus robuste que la moyenne, ce bot était relativement costaud avec de larges épaules capables de supporter des missiles, se démarquant assez facilement des autres robots dans la rue. Ses audios étaient aussi pointus que les miens, et sur chacune de ses jambes se trouvaient deux énormes roues. J’en déduisis donc que son mode alternatif devait être un véhicule de guerre.
En globalité, c'était un mecha vraiment imposant qui dégageait un certain charisme, une certaine prestance. Et un grand charme aussi qui ne me laissa pas indifférente, même à cette distance. J’avais toujours eu un faible pour les grands bots, surtout lorsqu’ils étaient aussi bien bâtis que celui-ci ! Mon regard continua de se déplacer tranquillement le long de son corps massif jusqu'à arriver dans ses optiques, un petit sourire enjôleur à mes lèvres qui se déroba instantanément lorsque je réalisai enfin ce qui venait de se passer.
Attendez, quoi ?!
Oui, ses optiques regardaient directement dans les miennes, mais il semblait perdu dans ses pensées, comme s’il ne me voyait pas vraiment. Son regard était indéfinissable, j’avais l’impression qu’il était rempli d’une pesante solitude, un fardeau invisible alourdissant ses circuits. Les épaules légèrement plus basses en signe de défaite, ses bras retombèrent de part et d’autre de son châssis. J’éprouvais presque des regrets de m’être enfuie ainsi... Un silence presque palpable s’installa autour de nous, malgré l’agitation lointaine de la rue bondée à ce groon du cycle. Toutefois, je rompis immédiatement le contact visuel avec le mecha pour me réfugier à nouveau contre le mur dans mon dos, écrasant douloureusement mes ailettes dans le processus. Ma timidité excessive frappait une fois encore. Mes propres optiques s’agrandirent de stupeur et, à mon plus grand malheur, je sentis une montée d’energon parcourir mes plaques de joues. Je devais être toute bleue ! Quelle ironie.
Les optiques larges, ma main droite vola automatiquement jusqu’à ma bouche pour y contenir tout bruit. C’était tellement ridicule comme comportement, j’en avais bien conscience, mais je ne pouvais rien y faire. J’avais peur ! Peur du regard des autres et de leurs jugements. Peur d’être le centre de leur attention. Malgré mon attirance et ma curiosité, je priais Primus pour que le mecha dans la rue ne m’ait pas repérée ! Sinon, je ne sais pas ce que je ferais. Est-ce que je m’enfuirais encore ? Sans l’ombre d’un doute, oui. J'attendis donc encore quelques kliks de plus avant de prendre mon courage à deux mains pour regarder une seconde fois le plus discrètement possible la rue animée. Rien. Parfait ! Rassurée, je me redressai calmement puis courus dans la foule en direction de l'assemblée générale, le Spark nettement plus léger.
Malgré tout ce fut bien dommage, c'était un très beau bot.
À suivre...
VP