La Destiné de la Terre des Illusions (DdlTI)

Chapitre 78

Opération secrète

         C'était une journée ordinaire dans cette ville qui l'était beaucoup moins, du moins, pour les habitants de l'extérieur de celle-ci. L'une des habitantes regardait le ciel étoilé, un ciel magnifique, sans aucun nuage pour masquer la vue. Elle se reposait d'une longue journée de travail et d'études de données qu'elle recevait depuis des jours. Elle passa sa main dans sa chevelure bleu clair et la repoussa légèrement de son visage alors que son autre main l'attachait en une queue-de-cheval avec un ruban jaune. Elle se demandait si ses prochaines journées allaient être toutes aussi épuisantes. Quand elle soupira, une personne entra. Il s'agissait d'un garde, vêtu d'une armure japonaise qui serait datée d'il y avait plusieurs siècles. Il s'excusa de son intrusion et pria la jeune femme d'accepter le document qu'il vint lui apporter. Tout en soupirant, elle accepta et lui demanda de la poser sur son bureau, déjà encombré par des centaines de documents en tout genre. Après avoir effectué son devoir, il se retira, laissant la jeune femme dans une déprime latente. Ses fonctions l'obligeaient à de nombreuses concessions mais depuis un certain temps, elle n'avait même plus le temps de respirer. Chaque jour, elle recevait de nouvelles données et informations qu'elle devait traiter, analyser puis redistribuer aux différents secteurs concernés tout en apportant un rapport précis et méticuleux à son seigneur. De plus, depuis un certain temps déjà, une nouvelle menace s’était rajoutée à la menace traditionnelle qui pesait sur son peuple. Et depuis la découverte de la survie de la renégate Hōzuki zoku Tenraito mais surtout de sa disparition, les inquiétudes grandissaient dans la cour de son seigneur. Les prisons étaient pleines de traîtres qui pouvaient devenir à chaque instant, sources d'inspiration pour de nombreux concitoyens de la cité. Plus la menace était présente et pesante, plus les partisans radicaux se faisaient nombreux. Et dire qu'ils devraient être si sages, se disait la jeune femme en souriant tout en regard dehors, vers la ville.

Soudain, on frappa une nouvelle fois. Sur un ton sympathique, elle autorisa qu'on entre. Sa surprise fut grande de voir cette personne, sa propre grande sœur. Elle avait, comme à son habitude, son large chapeau blanc avec un nœud rose ne couvrant pas du tout la magnifique chevelure blonde et lisse. Celle-ci devait revenir de son travail habituel, bien différent de la jeune femme aux cheveux bleu clair.

– Alors, ta journée est déjà finie ? Elle s'est bien passée ?

– Comme d'habitude. Les soldats commencent enfin à comprendre que la situation est critique en ce moment, et cela, on le doit à toi.

– Et c'est pas reposant... T'as vu ce que j'ai sur le bureau ?

– Cela passe difficilement inaperçu, sauf peut-être ton bureau, vu comment il est enseveli...

– Ça va, pas la peine de le préciser...

– Cela ne te met pas de bonne humeur on dirait...

– Car je suis bien plus sérieuse que toi ! Chaque jour j'étudie les menaces et depuis son retour, je crains toujours le pire... entre les menaces internes et les menaces externes, je ne sais plus où en donner de la tête.

– Tu as besoin de sortir te reposer un peu, dit-elle en sortant une pêche de sa poche et de commencer à la grignoter.

– Tu sais, dit sa sœur en posant sa main sur la garde de son épée qu'elle portait à la ceinture, j'aimerai tellement qu'elle soit là pour nous aider...

– Tu veux parler de ...

– Évidemment... elle était la meilleure professeure qu'on pouvait avoir. Une personne très intelligente, pleine d'esprit et qui connaît très bien cette cité...

Soudain, un garde entra et invita les deux jeunes femmes à le suivre, prétextant que le seigneur voulait les voir. Elles furent toutes les deux surprises de cette audience inattendue et marchèrent d'un pas rapide vers le lieu donné, le bureau de défense de la cité.

En entrant dans la salle, le seigneur les vit et ordonna à toutes les personnes présentes de les laisser seules pour discuter. Dans un calme remarquable, le personnel quitta la salle par la porte que les deux sœurs avaient empruntée pour entrer puis elles marchèrent vers leur seigneur avant d'appliquer un strict protocole.

– Cela va aller, on n'en pas en cérémonie, annonça le seigneur.

– Pour quelles raisons, moi et ma sœur, nous avons été convoquées par votre majesté sublime ? demanda l’aînée.

– Vous connaissez bien les dangers qui nous menacent, non ?

– C'est exact mon seigneur. Ma sœur les étudie attentivement alors que je prépare nos troupes pour y faire face, répondit la plus jeune.

– Si c'est vous deux, et non d'autres de vos sœurs que j'ai convoquées, c'est parce que vous avez un puissant lien que vous entretenez avec une certaine personne.

– Que voulez-vous dire mon seigneur... dit la plus jeune en hésitant légèrement.

– Watatsuki no Toyohime, je sais que tu vas régulièrement revoir ta professeure, celle qui nous manque tous mais qui ne pourra jamais revenir, à cause de ce qu'elle a fait. N'accuse pas ta sœur pour cela, je le sais par d'autres sources. Je ne te punirai pas pour cela car à moi aussi, dame Yagokoro me manque. On était si proche que je peux comprendre. Cependant, tu sais que cela est interdit. Cependant, cela va nous servir.

– Comment mon seigneur ?

– Vous êtes habituées à aller en Gensokyo, vous connaissez donc la menace que représente l'impureté mais vous savez l'éviter et la combattre, ce que trop de monde ici en est incapable. Rien que l'attaque des fées dans la Mer de la Tranquillité d'il y a des décennies prouvent que nous sommes faibles sur ce point.

– Que voulez-vous mon seigneur ?

– Inversez les rôles ! On ne va pas attendre d'être envahi ou infiltré, on va être les premiers à le faire ! Watatsuki no Toyohime, Watatsuki no Yorihime, vous allez aller sur Terre !

– Quoi ?! s'étonna Watatsuki no Yorihime.

– Mais... je ne... rajouta Watatsuki no Toyohime.

– Yorihime, tu sais que l'être source de toute corruption est désormais libre, ce qui explique l'agitation sur Terre.

– Je le sais mon seigneur.

– S'il parvient à gagner, la Terre sombrera. Là, le chaos se déchaînera dans nos rues car la peur les animera. Il ne faudra pas attendre longtemps avant qu'une invasion de yokais ait lieu. Une attaque qui supplanterait de loin les précédentes et à laquelle, nos chances de survivre seront bien minces.

– Que devons-nous faire ? demanda femme aux cheveux bleu clair.

– Passez par le Monde des Rêves et restez discrètes. Vous devez analyser la situation et nous envoyer le plus d'informations possibles. Partons donc avec votre animal.

– Devrons-nous abattre la menace ? demanda la femme aux cheveux et aux yeux dorés.

– Si vous avez la possibilité, faites-le, ou moins, faites votre possible sans vous faire prendre ou pire. Votre mission première est de nous tenir informée. Tuer la créature n'est que secondaire et uniquement si cela ne vous conduit pas à faire des choses déraisonnables.

– Nous le ferons ! Répondirent les deux sœurs simultanément avant disposer et de partir chacun son côté pour se préparer. 

Dans un espace différent, Tom et Yukari s’entraînèrent, encore et toujours. Elle poussait son apprenti jusqu'à ses limites, et même, plus loin. Yukari savait très bien que Tom devait finir par être l'une des créatures les plus puissante afin de vaincre Corruption, dont la puissance défiait l'entendement. Elle savait bien que ce futur combat serait difficile. Cependant, elle savait qu'il pourrait compter sur ses amis et sur des alliés, et pas forcément les plus attendus.

À cet instant, Yuuka, qui regardait son élève se faire démolir par Yukari avec un certain amusement, ressentit quelque chose de bizarre. À la vue l'étrange comportement de la Yokai, Tom cessa le combat pour aller la voir. Il lui demanda ce qui n'allait pas.

– Ce n'est rien de grave... juste bizarre...

– Mais quoi ?

– Tu l'as ressentie aussi ? demanda Yukari qui s'était rapprochée. Tu es bien fragile ma vieille.

– Je n'ai pas autant l'habitude que toi de ce genre de chose.

– Mais quoi ?

– On a pénétré avec force dans le Monde des Rêves. Je l'ai sentie.

– Mais comment ?

– Pour une Yokai aussi sensible à ce monde comme moi, la moindre modification dans la « frontière » entre le Monde des Rêves et les autres univers sont perceptibles. Et encore, là, ceux qui ont fait ça, ont vraiment forcé la frontière. Ce n'était pas aussi gentillet que quand Yukari abuse de ses brèches.

– Mais qui a fait ça ?

– Des personnes qui utilisent cet univers pour accéder à un autre.

– Cela ne nous dit pas qui c'est, vu le nombre d'univers possible.

– Probablement des gens qui ont l'intention d'aller sur Terre, répondit Yukari.

– Comment tu le sais ? s'étonna Tom envers celle-ci.

– Une intuition je dirais.