Le masque, l'art de cacher
Dix-sept heures quarante marquent le début d'une rencontre historique, dans une petite boutique se situant dans le quatrième arrondissement de Tokyo.Une goule et une humaine un peu trop curieuse discutent autour d'un café.Sans faire aucun bruit, nous nous asseyons sur le rebord du plan de travail, disposé en face de la table autour de laquelle ils se sont installés.La goule qu'est Uta, le faiseur de masques, croise les bras sur la table, et comme à son habitude, penche la tête de côté.Tandis que son invité, moins décontractée que son voisin, comme si elle avait enfin ressenti quelque chose de cette atmosphère étrange qui les emparait depuis qu'ils s'étaient rencontrés, se tient raide et droite comme un piquet.La jeune fille ne comprend pas, elle ne saisit pas pourquoi, elle, qui d'habitude a un caractère très assuré se met à trembloter de la sorte. Un bruit incessant retentit dans la salle, raisonnant de plus belles. C'est un bruit qui nous titille tout autant qu'Uta, à ce que l'on remarque de part l'expression de son visage. La goule a en effet l'air agacée par le bruit que suscite le frottement de la petite cuillère contre la paroi de la tasse de café, causé à par les tremblements nerveux de Mae Lin.Ce petit spectacle nous amuse quelques peu car c'est bien la première fois que Mae se met dans de tels états. Elle n'a jamais été de nature timide. Elle ressemble maintenant un peu à son ami disparu, Kaneki Ken. C'est bien cela qui nous intéresse. C'est aussi la raison pour laquelle nous suivons cet être. L'évolution constant de son comportement, qui varie selon la personne avec qui elle interagi, est ce qui, à présent, attise de plus en plus notre attention. Nous sursautons en même temps qu'elle, à l'instant où la chaleur d'une main fine et puissante venant se poser sur la sienne se fait ressentir. La main tatouée s'empare de la sienne, et la tasse de café se pose alors sur la table, faisant taire tout bruit irritant nos oreilles.«Tu as l'air plutôt embarrassée... Tu sembles beaucoup moins arrogante qu'au premier soir. Dit-il.Je me demande si c'est parce que tu es chez moi. »La jeune fille lève la tête et retire sa main de la sienne. Elle s'excuse, et lui dit timidement qu'elle n'est pas en très grande forme.«Ce n'est pas une raison pour trembler de la sorte... Souffle t-il, avant de rajouter : J'aimerais te parler un peu.- Ah... ? Fait-elle.- Oui. Il y a beaucoup de questions que j'aimerais te poser. Lui répond t-il sur un ton assuré.- Je vois... Poses-les donc. Lui dit alors Mae d'un léger sourire.- Um... C'est un peu soudain. Je ne sais pas trop quoi te demander là, tout de suite. »La goule se met à rire, soudainement, à la plus grande surprise de Mae Lin. De même pour nous, c'est bien la première fois que nous voyons une goule « rire ». Non, nous en avons vu bien souvent, des goules qui riaient, parfois à plein poumons même. Ce n'était cependant pas le même type de rire. Le rire produit ici, était... Comment dire... Voilà. Cela suscitait quelque chose de différent. Un sentiment différent. La goule, celle-ci, cet homme tatoué, qui venait de rire sous nos yeux, riait d'une voix claire et posée, et c'était un rire vrai. Un réel rire. Un rire que tout être produit lorsqu'il est satisfait, lorsqu'il veut témoigner de sa joie. Non pas d'une joie éphémère, mais d'une réelle joie, d'une joie pure, celle qu'on éprouve lorsque l'on partage un moment agréable avec un être cher. Ce n'était ni un rire narcissique, ni sarcastique, ni sadique, rien de tout cela. Cela était juste un rire purement enfantin, qui, un temps soit peu, nous avait fait oublié la nature monstrueuse même de cet énergumène. Oui, c'était bien la première fois qu'un monstre comme nous en avions toujours vu riait de la sorte. C'est un rire innocent, comme celui d'un véritable être humain...Tous les attraits de la goule qui avaient tendance à nous révulser s'évaporent à présent en nous, laissant monter en notre for intérieur un sentiment chaleureux. C'est ainsi que se poursuit notre observation du spectacle.La jeune fille se met à rire de même, puis déclare :« C'est pas grave, j'ai tout mon temps devant moi. J'ai juste un rendez-vous vers 19h à ne pas louper ce soir. »A ces mots, la goule jette furtivement un regard à l'horloge accroché au mur au fond de la pièce. Il n'est que dix-huit heures moins le quart.« Je vois. Dit-il.Dans ce cas, je vais essayer de faire vite. Je sais que je suis un peu long à la détente haha, je ne suis pas aussi intelligent que toi.- Non, haha, renchérit la jeune fille. Ce n'est pas vrai !Moi, je t'ai toujours trouvé ouvert d'esprit et assez perspicace, même si ça fait peu de temps qu'on se connaît. - Peut-être bien... Mais je le suis bien moins que toi, car tu m'as bien surpris ce soir-là. Dit-il, amusé.Et bien. Je viens de réfléchir à une première question...- Oooh... Fait-elle encore.- Oui. Acquiesce t-il alors.Je trouve que tu es une jeune fille un peu...comment dirais-je... « fouineuse ».- Vraiment ? Hahaha, non, je ne le suis pas ! Je suis curieuse, c'est tout.- Pourtant, tu m'as envoyé un message tout de suite alors qu'on ne s'était vu qu'une seule fois. Lui fait alors remarquer la goule, tout aussi amusée.- C'est vrai... Mais... Ce n'est pas de la fouine ça ! C'est parce que je suis plutôt sociable ! Dit-elle en riant.- Il ne faut pas se fier aux apparences, tu sais, je le suis aussi.- Oh mais je n'en doute pas !- Bon... Venons-en au fait. Interrompt-il donc.En fait, je voulais tout d'abord savoir pourquoi tu es venue étudier ici, au Japon, alors que tu es française...- Ah. Fait-elle. C'est parce que j'aime beaucoup ton pays, dit-elle en fixant le fond de sa tasse. Cela fait longtemps que je prévoyais de venir y faire ma vie. De plus, un évènement m'a malencontreusement poussé à quitter le pays. - Je vois... Dit la goule en baissant le regard, comme s'il semble touché.Excuse-moi.- Oh ! Coupe t-elle à son tour. Mais ce n'est rien !- Si...Enfin... » Nous le voyons, même au travers de ses lunettes de soleil, nous pouvons voir la gêne qu'il ressent à présent. Enfin, pourquoi ?Bien même s'il ne semble pas être un intellectuel, nous l'avions vu, qu'il n'était pas si bête. Cette goule était, comme Mae l'avait bien dit, plutôt perspicace. A un point où, par curiosité, nous nous imprégnons actuellement une fois encore dans son esprit, l'espace d'un instant, et nous y décelons alors l'envers de sa pensée. A l'instant « t », en effet, cette goule vient de deviner la cause de l'incident que la jeune humaine se tenant devant lui avait vécu, avant de venir dans son pays. Il avait vu juste, du moins, il pressent cela, et seuls nous, pouvons déterminer de l'authenticité de son hypothèse. Cette hypothèse est actuellement vraie : la mort de proches causée par des goules en France est, ce qui a dû déclencher le départ imminent de la jeune fille vers le Japon. Nous pouvons sentir son humeur, à partir de la lourde atmosphère toujours pesante dans la sombre pièce, et il craint bien que son départ soit l'affaire de goules françaises. Il craint de bien devoir manger cette petite humaine, cette souriante petite humaine.« J'aimerais... Fait la goule, hésitant. J'aimerais...- Um ? - J'aimerais... Enfin, je... » « Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? », c'est la question qui nous pouvons très clairement lire, qu'il ne cesse de se répéter en lui. Il paraît maintenant plus hésitant que jamais, et ces réactions tendent à nous démontrer le fait que cet homme semble vraiment humain.De quoi a t-il peur ? Il pourrait très bien engloutir la jeune fille et oublier cette histoire une bonne fois pour toutes, comme il l'avait si bien fait de nombreuses fois. C'est bien cela que nous avons du mal à saisir.Pourquoi maintenant ? Pourquoi pour cette fille ? Les sentiments que l'on ressent diffèrent selon les personnes, et à présent, nous savons que cela s'applique aussi pour les goules. Il finit alors par déglutir quelques mots.« Pourrais-je savoir quel est cet évènement ? »Ca y est. C'est dit. Il vient de le dire et nous pouvons déceler l'aura de stress s'émanant de lui.Oui vraiment, cela serait dommage de manger cette humaine-ci, c'est ce que nous pouvons toujours clairement décrypter des simulacres qu'il nous envoie.Mais elle finit dès lors par répondre :« Um... », fait-elle seulement.La goule ne tient plus en place, il souhaite une vraie réponse. C'est pourquoi, brusquement, il s'empare d'une chaise et s'y assoie, juste en face de l'humaine.Bras croisés, il semble attendre cette réponse impatiemment.L'humaine, elle, ne bouge pas, et ne se doute évidemment de rien. Elle se contente juste de se tenir là, devant lui, en fronçant les sourcils, l'air bien songeur. Il nous semble qu'elle réfléchit. Oui, elle réfléchit, et c'est d'ailleurs pourquoi son regard ne se focalise plus qu'en une seule direction. Toujours dans la même position, elle est maintenant inerte, et ne prononce plus un mot ni plus un son.Cinq longues minutes s'écoulent, et enfin, elle brise le silence.Uta redresse la tête, et serre les poings. Cela nous est plus inquiétant que jamais, et une fois de plus encore, nous maudissons notre incapacité d'agir en ce monde.Que va t-elle dire encore ? C'est ce qui nous intrigue, car il suffit encore une fois d'une mauvaise réponse pour que la goule en finisse avec elle.Alors, elle dit :« Désolée... Je réfléchissais à une question que je pourrais te poser en retour, si jamais je te réponds. »Elle se met à rire. Nerveusement ? Sûrement pas, non ! Elle n'a absolument aucune idée de ce qui se trame, et c'est cette insouciance, qui seule, nous agace bien chez elle.Beaucoup de gens profitent de son innocence, depuis toujours. Cela pourrait lui coûter la vie un jour, nous en sommes conscients. Alors, nous jetons un regard furtif sur le prédateur. Non, celui-ci ne semble en aucun cas troublé. Il semble plutôt curieux, curieux de savoir ce que cette humaine va bien pouvoir lui demander.Alors, il répond :« D'accord. »Juste ça, « d'accord », car il n'a rien à lui reprocher ni à raconter. Il veut juste savoir et peut-être est-ce parce que la jeune humaine l'amuse, finalement.« Yosh ! Crie t-elle donc, en manquant de nous faire sursauter. Faisons comme ça alors ! On va faire un deal, dit-elle en souriant. - Okay.- Je te réponds et... et, et, et, et ! - Et... ? Demande la goule en penchant la tête.- Et... Je te poserais une question qui ne va pas te plaire car je te l'ai déjà posée. Désolée, mais ça m'intrigue à mort depuis que je t'ai rencontré alors il faut absolument que je sache ! S'exclame la jeune fille.- ...Ah. Dit-il, surpris, comme pour dire « yeah ».- Et bien, c'est un peu gênant mais je vais t'expliquer ce qui m'est arrivé quelques mois avant que je ne quitte la France. »A ces mots précis, les battements de notre coeur s'intensifient. Cela flambe presque à l'intérieur de notre poitrine, et nos membres commencent à s'engourdir. « C'était le jour où j'ai été diplômée de mon Baccalauréat. Dit-elle en relevant la tête afin de voir si Uta l'écoute.Je suis rentrée chez moi, ce soir-là, mais personne n'était à la maison. Je me doutais bien qu'ils voulaient me faire une surprise. Soupire t-elle. »A cet instant, nous pouvons voir les doigts de la goule se tortiller nerveusement.L'humaine poursuit : « Je suis sortie de chez moi après avoir lu le mot laissé sur la table à manger.- Qu'est-ce que c'était ? Demande la goule, curieuse.- C'était marqué : « On t'attend au Sakura pour fêter ça. » - Au Sakura ? Demande la goule, perplexe.- Oui, haha, c'est un restaurant japonais qui se situe dans la ville où j'habitais en France. Enfin, ce n'est qu'un détail.- Je vois...- Oui... Enfin. Fait-elle avant de poursuivre.Donc, je me suis rendue au Sakura. J'ai longtemps attendu devant, mais ils ne sont pas venus. Je suis donc rentrée dans le restaurant et j'ai demandé au personnel s'ils ne les avaient pas vu.- Où étaient-ils ?- Et bien... Il se trouve qu'ils s'étaient fait surprendre par une goule avant d'arriver au restaurant. Je le sais car deux policiers m'avaient ramené des loques de vêtements de mes parents le lendemain. »Un silence pesant s'installe dans la pièce. La goule l'a prévu, mais il semble tout de même être touché par son histoire, lui qui est pourtant un grand gourmand. C'est parce qu'il s'était tout de même lié avec elle. Maintenant, ce qu'il craint, c'est sa question.Mae le sait-elle ? A t-elle réellement fini par découvrir qu'il est une goule ?Puis, subitement, nous le voyons, nous sentons son coeur se serrer quelques peu. Subitement, lorsqu'il l'entend, de la sèche et faible voix de la fille dire : « Les deux policiers m'avaient, de plus, précisé qu'ils avaient retrouvés le corps de mes parents dans un état épouvantable... C'est dans cet état-là que j'ai voulu les voir une dernière fois, car je n'ai pas voulu qu'on les touche avant l'incinération. Je voulais voir l'étendu des dégâts causés par cette goule dégoutante qui n'avait pas osé les manger jusqu'au bout. »Alors, de nouveau, lourdement, le silence s'installe dans la pièce.L'atmosphère s'alourdie de même qu'elle prend une couleur, car nous avons aussi cette faculté de voir les humeurs en couleur.La couleur qui reflète cette situation est le noir. C'est noir, on ne peut plus noir, parce que le noir représente le vide. Ce n'est pas le même noir que lorsque l'on ferme les yeux ou que celui qu'on aperçoit lorsqu'on tente de dormir. C'est plutôt un noir absolu. C'est aussi ce noir là que l'on croise lorsqu'on, comment dire, voilà, lorsqu'on se sent seul.C'est ça. C'est la solitude.La pièce se happe d'une certaine solitude. Cette solitude, elle n'a pas durée. Elle n'a pas longtemps été ressentie lorsque l'on remarque le petit sourire qui se dessine à présent sur ces lèvres, par ce matin d'hiver ensoleillé.Mae Lin s'étire longuement dans son lit tandis que le réveil de son portable refuse de s'arrêter de sonner. « muhhh », gémis t-elle, tout en déverrouillant l'Iphone, avant de désactiver l'alarme matinale.Elle fixe le plafond et souris encore. Elle repense à ce qui s'est passé la veille.La gêne s'était bien établie durant plus de dix minutes de silence. Dix minutes s'étaient longuement écoulées. Les deux êtres passaient ce temps-là à se jeter l'un l'autre des regards furtifs, vous savez, ce regard timide que vous avez lorsque vous vous trouvez dans une situation embarrassante...Ce fut Mae, qui, au final, brisa à nouveau ce silence :« Enfin bon... », avait-elle soufflé avant de rajouter, « maintenant, tu sais. Et puis... On va pas s'éterniser sur cette histoire. »Si nos souvenirs sont bien bons, à cet instant précis, une sueur froide avait coulé le long du visage de la goule. Il n'avait pas répondu à cela, il devait être en pleine hésitation.La jeune fille, elle, s'était contentée de poursuivre le deal. « A toi maintenant ! », avait-elle chantonné. Il nous semble avoir vu la goule avaler sa salive, à l'écoute de ces mots.Il craignait la pire des questions et le moment qu'on attendait tous arriva alors, enfin.« Dis-moi... »Il serra les dents.« Pourquoi... »Ses muscles se contractèrent.« Tu... »Ses paupières se refermèrent.« Portes... »Ses yeux s'élargirent d'un seul coup. « Attends, quoi ? », s'écria dit la goule en son for intérieur. Cela nous étonna autant que lui.Elle avait bien dit « Pourquoi tu portes toujours ces lunettes de soleil » ? Il s'était vraiment attendu au pire. Quel soulagement ! Il expulsa un long et douloureux soupir. « Bah...quoi ? Demanda la jeune fille.- Rien du tout», lui répondit-il en esquissant un sourire.C'est alors qu'il lui répondit q'à moitié. En effet, il ne pouvait sûrement pas enlever ses lunettes car cela trahirait tout de suite son identité. Cela ne l'avait pas dérangé, du moins, de ne pas savoir à quoi ressemblaient les yeux du jeune garçon qui se tenait assis en face d'elle. Elle respectait humblement sa décision. Sa réponse ? Enfin, plutôt son excuse, c'était bien : « C'est parce que ça donne un look plus 'cool' ».C'est cela, oui, « C'est un accessoire que je trouve essentiel pour affiner le style du rockeur », avait-il rajouté. Quel sens de l'humour tordu. C'aurait été vraiment plus rapide de l'engloutir que de s'échauffer à imaginer des excuses. Ce n'était évidemment pas ce que nous voulions, pourtant, nous ne cessons de penser que son comportement était étrange.C'est lorsqu'elle se rendit compte qu'elle allait être en retard à son rendez-vous avec Nagachika Hideyoshi au restaurant, qu'elle se passa des formalités pour s'empresser de sortir. Uta, la goule, qui avait compris, s'empressa d'aller lui tenir la porte. Il la salua.Elle le remercia.Il lui demanda, pourtant, une dernière chose avant qu'elle ne le quitte, la veille au soir. C'est cette question-ci qui nous prouve qu'il ne trouvait pas cette humaine désagréable, et qu'il la reverrait sans doute.« Est-ce que tu déteste les goules depuis ce qu'il est arrivé à ta famille ? », avait-il soufflé.C'est « non » qu'elle lui avait alors répondu. Elle lui avait alors dévoilé son plus grand secret : « mon rêve, tu vois, c'est de trouver un moyen d'établir la paix entre humains et goules. Même si c'est idéaliste, et que la plupart des gens, peut-être même toi aussi, doivent trouver ça complètement stupide, je ferai mon possible pour trouver la solution. »C'est sur ces dernières phrases que s'ensuivit un claquement de porte, marquant son départ pour le restaurant. Ce fut avec Hide un rendez-vous plus que banal. Juste un rendez-vous entre amis, juste histoire de savoir comment évolue votre train de vie quand vous ne vous étiez pas vus depuis un bout de temps.Accoudée sur la table, elle parlait à son camarade universitaire de ses récentes péripéties en omettant les plus gros détails. Enfin, elle lui avait juste dit qu'elle s'entendait bien avec un gars « charmant », ces temps-ci.Puis, au fur à mesure que le temps passait, la conversation se centra à nouveau sur Kaneki Ken.Ce fut lorsque le repas fut terminé, car bien entendu, à chaque conversation que les deux jeunes étudiants ont au restaurant, on parle de Kaneki Ken juste au moment de partir. A croire que le destin s'en mêle au bon moment, afin de les attrister à chaque revoyure. Enfin, Hideyoshi lui dit qu'il n'avait cessé de chercher son meilleur ami, sans résultats. Et ce fut au moment de partir qu'il commença à flancher et à le croire mort.Alors, la jeune fille, touchée par la confidence de son camarade, lui répondit qu'elle ferait aussi son possible pour le retrouver, et qu'il n'était pas le seul à mener ce combat. Non, il n'était pas le seul. Ils le retrouveraient bien un jour ou l'autre, elle en avait la certitude.C'est aussi ce qui la rongeait à présent, alors qu'elle prend son petit-déjeuner en lisant Tatsuki Sen, dans le mini salon de son modeste appartement. Elle lit, concentrée, tandis que le beau soleil qui éclairait le ciel commence à se faire engloutir par d'immenses nuages de pluie.A chaque page tournée, elle porte la tasse de café à ses lèvres. Puis, après avoir lu un chapitre, elle se met à observer le fond de la tasse.Non, elle ne voit pas encore le fond, ni nous ni elle, car la mixture noirâtre y demeure encore. Le café est d'un noir impeccable. Avant de replonger dans sa lecture, elle croit apercevoir le reflet de son ami disparu se former dans le café. Frustrée, elle ne termine pas le chapitre qui suit, elle pose le livre sur la table et se frotte les yeux. Kaneki Ken l'obnubile. « Combien de temps déjà...? », pouvons-nous lire sur ses lèvres. Combien de temps en effet ? « Peut-être bien plus d'un bon trimestre, car on bien samedi », se dit-elle, tout bas. « Samedi ?! », crie t-elle alors. Oui, elle allait encore manquer un autre rendez-vous, mais celui-ci nous enchante beaucoup moins que celui d'Hide... Elle allait encore se confronter au danger.Dans le vingtième arrondissement de Tokyo, une jeune étudiante cours sous un ciel lourd et pluvieux. Elle y arrive enfin, au café de « l'Anteiku ». Elle n'y a encore jamais mis les pieds. Tout ce qu'elle sait à propos de ce café, c'est que Kaneki Ken, son ami, adorait cet endroit, et que c'est aussi après être allé dans ce café qu'il a disparût.Une goule excentrique, à la chevelure violette, habillée de manière très extravagante, se met à crier en français, faisant grimacer une jeune serveuse. « Mais tais-toi donc ! Je travaille, moi ! », crie la jeune serveuse en lui servant son café. C'est ainsi que Mae remarque l'étrange personnage qui l'avait invité la veille, et va s'asseoir à sa table. La première chose qu'elle remarque en s'asseyant, c'est la chevelure bleutée de la serveuse impulsive.Elle la trouve incroyablement jolie.