L'Histoire d'une Journey
Cela faisait plus de trois semaines que j'étais à la prison. Elles avaient été les trois semaines les plus calmes de ma vie. Je dormais sans soucis, je mangeais à ma faim, j'avais des amis, une famille. Jamais je n'aurais cru cela possible. Je n'avais pas à me méfier des rôdeurs car ils étaient tous derrière les grilles de la prison, bien loin de moi. Et je prenais grand soin de ne pas m'approcher trop près des barrières.
Ma cheville avait guéri. Elle me faisait plus du tout souffrir. Mais Hershel m'avait conseillé de ne pas la vriller, sous peine de faire repartir l'entorse.
Carl et moi étions souvent ensemble depuis deux semaines. Il m'avait raconté la mort tragique de Lori, qui n'avait pas pu accoucher naturellement de Judith. Il m'avait expliqué comment Rick s'était complètement détourné de son arme et de son rôle de chef depuis la mort de sa femme, laissant le Conseil gérer la prison. L'ancien shérif était maintenant obnubilé par son potager et son élevage. Carl ne le comprenait pas. Il ne reconnaissait plus son père. Lui voulait garder la forme, s'entraîner à tirer, aller exterminer les rôdeurs derrière la clôture avant qu'ils ne la fasse tomber.
Je trouvais que Rick délaissait un peu son fils. Mais je répétais souvent à Carl qu'il était en sécurité ici, qu'il pouvait se reposer et s'amuser sans pour autant laisser son arme de côté. Il fallait vivre sa vie d'adolescent tant qu'on en a encore le temps. En réalité, j'essayais de me convaincre moi-même. Une chose était sûre, jamais nous ne serons en sécurité quelque part.
Nous avions alors passé une sorte de pacte Carl et moi. Il m'apprenait à tirer avec un revolver et échange il jouait aux cartes avec Beth et moi.
En parlant de Beth, j'étais devenue très amie avec elle aussi. Elle était à peine plus âgée que moi, et c'était vraiment agréable de parler d'histoires et de problèmes de fille avec elle. Je n'avais jamais eu la possibilité d'avoir des conversations de femmes avec qui que se soit. Elle m'apprenait des choses et ne me jugeait pas. Quand j'avais eu mes menstruations et que j'avais paniquée car je n'avais pas de serviette hygiénique, Beth avait accouru en m'apportant tout ce dont j'avais besoin. Elle avait même fait le garde devant la porte des douches le temps que je me lave. Elle était une sorte de grande soeur pour moi. La soeur que je n'avais jamais eu.
Quand je n'étais pas avec Beth ou Carl, je suivais Tyreese partout. Lui aussi m'avait raconté les péripéties par lesquelles ils étaient passés Sasha et lui. Je tremblais quand il me parlait du Gouverneur et de son armée. J'essayais de me rassurer en me disant que nous étions en sécurité dans le pénitencier mais je redoutais une attaque du camp Woodbury.
J'étais tellement heureuse que Tyreese ait trouvé Karen. Dès que je la voyais arriver dans la direction de mon protecteur, je m'éclipsais afin de les laisser seuls.
Après quelques jours au sein de leur groupe, le Conseil m'avait attribué une chambre pour moi toute seule. C'était très agréable d'avoir un peu d'intimité, c'était là que je me réfugiais quand j'avais besoin de solitude. Mais parfois au contraire, je me sentais seule, surtout la nuit. Alors je me levais pour aller à la tour de guet où je retrouvais Daryl ou Sasha. Celle-ci était toujours contente de me voir arriver, je lui tenais compagnie. L'arbalétrier lui me supportait, il poussait toujours un gros soupir d'exaspération en me voyant. Mais finalement, c'était toujours lui qui engageait la conversation. Daryl jouait le solitaire, cependant il appréciait avoir de la compagnie. Il ne voulait simplement pas l'avouer.
Le Conseil m'avait donnée des tâches à accomplir. Je devais ranger les vivres que les expéditeurs rapportaient. Et je devais distribuer les objets qu'ils ramenaient pour chacun. Je le faisais de bon coeur. C'était plaisant de se sentir utile. Parfois je faisais la vaisselle, passer une coup de balai dans la prison ou je réparais des petites choses par-ci, par-là. Le Conseil m'avait plusieurs fois dit que je n'avais pas besoin de faire tout ça, mais je continuais tout de même. Ça me faisait du bien du travailler et d'être serviable.
Le soir, j'allais coucher les enfants. Un véritable instinct maternel était né en moi. Je faisais attention à ce que rien de dangereux ne traîne dans le pénitencier à la portée des petits. Je coiffais les petites filles et raccommodais les vêtements des petits garçons. A mon plus grand étonnement, Carl était même venu une fois jouer avec tous les enfants et moi à une grande partie de cache-cache.
J'étais simplement heureuse. J'aimais mon groupe et je me sentais aimée en retour.
***
Ce matin-là, j'étais dans ma cellule. Je consacrais ma matinée à décorer les murs de ma chambre. Ceux qui partaient en expédition, nous ramenaient parfois des posters, des grandes feuilles de papier, des stylos et crayons de couleur. Glenn et Maggie avaient même eu droit à un appareil photo, les chanceux.
J'étais en train de m'arracher les cheveux en essayant de planter une punaise dans le mur en béton, afin d'afficher une grande feuille de papier où j'écrivais ce qu'il me passait pas la tête, quand Carl arriva dans ma chambre et s'allongea sur mon lit en poussant un gros soupir.
- Qu'est-ce-qu'il t'arrive ? Lui demandai-je.
- Mon père veut que j'aille aux séances de lecture de Carol. Et il veut que tu viennes avec moi. Me répondit-il avec exaspération.
- Mais elle lit des contes pour enfants. Protestai-je.
Tous les enfants qui assistaient à ces séances étaient très jeunes, certains ne savaient pas lire. Nous n'avions rien à faire là-bas. Nous n'étions plus des enfants.
- Je sais... Mais on est obligé. Dit Carl avec mécontentement.
- Bon... C'est à quelle heure ? Me résignai-je.
- Dans une demi-heure.
Cela me laissait largement le temps de finir la décoration de mon mur.
- Tu peux m'aider à enfoncer ça ? Demandai-je à mon ami en lui montrant la punaise et l'affiche que je voulais accrocher.
Il se leva de mon lit, prit la punaise et s'approcha du mur. Il le scruta puis enfonça la punaise dans un petit trou du béton. Je me demandai pourquoi je n'y avais pas pensé plutôt.
- Je ne sais pas si ça va tenir longtemps. Annonça-t-il.
- Je vais demander à Daryl ou Sasha de me ramener quelque chose d'autre pour accrocher mes posters.
Nous discutâmes quelques minutes puis nous nous dirigeâmes vers la bibliothèque où avait lieu la séance de lecture.
Nous arrivâmes juste après Patrick, un ami de Carl. Nous nous installâmes dans le fond. J'aperçus Mika et sa soeur assises devant Carol. J'adorais Mika, elle devait avoir 10 ans. Elle était absolument adorable. C'était une petite fille qui avait toujours le sourire. On papotait ensemble de temps en temps et elle aimait bien se mettre entre mes jambes quand on jouait aux cartes Beth, Carl et moi.
Mais au contraire, je n'appréciais pas du tout sa grande soeur Lizzie. Elle croyait dur comme fer que les rôdeurs étaient toujours humains. Elle leur apportait des rats à manger et leur donner des noms. Cette gamine me mettait mal à l'aise.
Il y avait aussi la petite Molly, Luke.
Carol commença à lire.
Mais après quelques lignes, elle regarda Ryan, le père de Lizzie et Mika. Celui-ci lui fit un signe, qui semblait signifier que la voie était libre. Carol posa le livre à terre, et sortit tout un assortiment de couteau d'une boîte sur laquelle elle était assise.
- Aujourd'hui on va parler des couteaux, comment s'en servir et bien se défendre avec...
Alors je compris, la séance de lecture était un prétexte pour apprendre aux enfants comment se servir des armes. Je n'étais pas contre cette idée, les enfants devaient savoir se défendre. Mais Carol le faisait dans le dos du Conseil et de Rick. Et je n'étais pas certaine que cet enseignement soit bénéfique pour tous les enfants. Lizzie semblait déjà assez perturbée comme ça...
Patrick dit quelque chose à Carol puis partit. Il passa devant nous, mais ne nous prêta aucune attention. Il avait l'air fiévreux.
Je regardai Carl. Il semblait outré. Je me décidai à dire quelque chose. Je m'avançai vers Carol, qui continuait son cours sur les armes blanches. Elle leva les yeux vers moi et fut surprise. Je pus même déceler de la peur dans son regard. Manifestement, elle ne nous avait pas vu Carl et moi.
- S'il vous plaît, ne dites rien à Rick. Supplia-t-elle.
Carl était venu ma hauteur, il regarda Carol puis fit demi-tour et partit en courant.
Je restais seule devant elle.
- Carol, ils sont trop jeunes. Ils doivent savoir se défendre mais là, ça va les troubler plutôt qu'autre chose. Lui dis-je. Je ne dirai rien à Rick mais il faut cesser ça.
- Le cours est fini les enfants.
Je savais très bien que si l'on ne parlait pas de ça au shérif ou au Conseil, Carol recommencerait. Je me retournai pour aller retrouver Carl et savoir si il allait parler à son père. Je ne voulais que personne soit réprimandé.
Je m'étais déjà engagée dans la couloir quand une voix m'interpella :
- Si tu ne veux pas savoir te défendre c'est ton problème.
Je me tourna et fit face au petit Luke.
- Mais nous on veut ! On veut pouvoir se battre. Toi tu es faible, tu vas mourir et personne viendra te sauver. Reprit-il méchamment.
Ses mots résonnèrent dans ma tête. "Personne viendra te sauver". Ils firent écho à ma plus grande peur, celle que j'ai enfouie tout au fond de mon coeur depuis que je suis à la prison : être à nouveau seule.
Je ne sais pas pourquoi j'ai fais ça, mais j'ai marché tout droit vers le gamin avec les yeux remplis de colère. En me voyant, Luke essaya de s'enfuir mais je le rattrapai par le col de son t-shirt et le retournai face à moi. Je levai la main droite aussi haut que possible et la rabaissai avec une telle violence sur la joue de l'enfant qu'on aurait cru que sa tête allait s'arracher.
Il se mit à hurler. Carol accouru alors que je tenais encore le gamin. Elle me poussa brusquement pour m'écarter.
J'étais comme en état de choc. J'avais l'impression que c'était moi qui avait reçu cette giffle. Ma tête tournait et des larmes brouillèrent ma vision. J'avais frappé un enfant. Quoiqu'il m'ait dit, je n'aurais jamais dû lever la main sur lui. J'étais devenue comme les Ashley, je maltraitais des enfants. Les larmes coulèrent en torrent sur mes joues. Je pris la fuite, comme une lâche.
Je courus à travers les blocs et sortis dans la cour. Je la traversai et allai me réfugier dans un coin tout derrière le pénitencier où je n'étais jamais allée. Je m'assis sur l'herbe et me recroquevillai sur moi-même comme pour disparaître de la surface de la Terre. Je me sentais honteuse. Je me dégoutais.
Soudain, j'entendis du bruit qui venait dans ma direction. Je ne pris pas la peine de relever la tête. Si c'était quelqu'un ou quelque chose qui voulait ma mort, alors qu'il me tue.
Mais les pas s'arrêtèrent à côté de moi. Puis quelqu'un s'agenouilla à ma droite. Je levai les yeux vers la personne, c'était Hershel. Il regardait le ciel bleu.
- Tu regrettes ton geste ? Alors tu es une bonne personne. Dit-il calmement.
- Je ne suis pas une bonne personne, j'ai frappé un enfant. Lui répondis-je la voix tremblante.
- Qu'est-ce-qu'il a fait pour que tu le frappes ?
J'hésitai à répondre. Il allait me prendre pour une fêlée. Puis je me dis qu'il fallait que je me confie à un adulte. Hershel est sage. Il saura me dire ce que je dois faire pour me faire pardonner.
- Il m'a dit que je suis faible, et que personne viendra me sauver... Que je mourrais seule...
J'éclatai en sanglots. Je me trouvais ridicule et en même temps je rageais contre Luke pour avoir prononcé ces paroles qui me hantent depuis toujours.
- La solitude t'effraie ?
J'acquiesçai d'un hochement de tête.
- Tu sais, moi aussi j'ai peur d'être seul. J'ai toujours été entouré de ma famille jusqu'ici, je ne me suis jamais retrouvé totalement seul, alors que toi, tu as été enfermée dans un magasin pendant un mois. Tu as survécu alors que tu étais seule. Tu es une personne tellement forte. Je n'aurais jamais tenu le coup à ta place. Regarde-moi ! Entouré de tout ce monde et j'arrive à me faire mordre la guibolle ! Dit Hershel en rigolant.
Il secoua son moignon ce qui me fit rire.
- Tu as un lourd passé. Il a fait de toi ce que tu es. Tu es une bonne personne malgré tout ce que tu as traversé. Il faut simplement que tu travailles sur cette facette de ton caractère, cette impulsivité. C'est un défaut quand tu es entourée de personne mais c'est une qualité quand tu es entourée de rôdeurs. Alors veilles tout de même à ne pas totalement l'effacer.
Il essuya mes larmes et je lui sourit. Je me remis debout afin de l'aider à se lever avec ses béquilles.
Il me conseilla d'aller me reposer dans ma chambre quelques heures. Je me dirigeai donc vers ma cellule sous quelques regards méprisants. Arrivée dans ma chambre je me jetai sur mon lit puis regardai mon mur. Finalement, je me levai, pris un stylo et écrivis en grosse lettre sur la grande feuille de papier : TRAVAILLER MON IMPULSIVITÉ.
Je me décidai à aller voir Carl. Je pris le chemin de sa cellule. Arrivée devant, j'entendis la voix d'Hershel qui provenait de l'intérieur. Je me cachai dans un coin et écoutai.
- Je te dis simplement qu'elle est instable et fragile mentalement. Elle peut-être douce, raisonnable et serviable autant que belliqueuse, rebelle et impulsive. Dit la voix du vieil homme.
- Jamais Journey ne me ferait du mal. Répondit Carl durement.
Mon coeur se serra dans ma poitrine. Hershel mettait Carl en garde contre moi. Comme si j'étais une bête dangereuse. Après ce qu'il venait de me dire sur le fait que j'étais une bonne personne.
- Non, je ne pense pas non plus. mais je voudrais que tu la surveilles. Avec les autres, elle peut être dangereuse.
Ces mots furent comme un coup de poignard. Le vétérinaire n'avait absolument pas confiance en moi. Mais le pire c'est que je n'arrivai même pas à lui en vouloir. Il voulait juste protéger les siens.
Le vieil homme sortit de la cellule. Je me plaquai contre le mur pour qu'il ne me voit pas.
J'attendis quelque secondes pour ravaler mes larmes, encaisser ce que je venais d'entendre. Je me sentais comme un monstre.
J'entrai dans la chambre de Carl rapidement et le prit dans mes bras. Je me mis à pleurer. Il me frotta le dos pour me consoler.
- J'ai pas peur de toi Journey. Tu n'es pas dangereuse.
Mes larmes redoublèrent.
***
J'avais quitté Carl en larmes pour aller m'enfermer dans ma cellule, où j'avais passé le reste de ma journée. Personne n'était venu me parler. Seule, Mika était venue m'apporter à manger le midi mais j'avais refusé.
Je restai à fixer le mur, plongée dans mes pensées les plus sombres.
Le soleil se coucha et je gardai les yeux rivés sur le béton.
Une petite voix me sortit de mes réflexions :
- Je peux venir dormir avec toi ? Me demanda Mika d'une petite voix timide, en écartant le drap que j'avais suspendu aux barreaux afin de cacher les ouvertures.
Quelques fois elle venait dormir avec moi, je lui avais dit une fois que je me sentait seule la nuit et depuis elle s'invitait dans mon lit. Elle me tenait compagnie et je me sentais comme une grande soeur protectrice.
- Oui, viens. Répondis-je doucement.
Elle poussa la grille et entra. Mika retira ses chaussures et vint se coucher à côté de moi. Cette petite me calmait, elle était tellement douce et calme. Elle n'avait pas peur de moi.
- Tu vas bien ? Me demanda-t-elle naïvement.
- Pas vraiment. Mais ne t'inquiètes pas, ça va passer.
Le silence s'installa. Mika s'endormit rapidement mais je restais éveillée. Au bout de quelques heures, je me levai en prenant garde à ne pas réveiller la petite. J'enfilai mes chaussures et sortis de ma chambre sans aucun bruit. Je filai aux escaliers qui menaient à la tour de guet et les montaient quatre par quatre. Je vis, arrivée en haut, que c'était Daryl qui était de surveillance. Je m'approchai de lui. Il tourna la tête vers moi.
- Salut. Dit-il
- Salut.
Je m'installai à ses côtés, et commençai à scruter l'horizon. Je ne voyais rien car il faisait trop noir mais je gardais tout de même les yeux fixés sur la forêt. Ces derniers temps, j'étais devenue Maître en l'art de fixer les choses.
- T'as bien fait, d'le giffler c'sale gosse. M'annonça soudainement Daryl.
- Non, dit pas ça. C'est affreux ce que j'ai fait. Je sais pas ce qui m'a prit.
- Pff, n'importe quoi. Il f'sait chier tout le monde. Il t'as dit un truc qu'il aurait pas pu dû dire. Mais toi tu t'es pas laissé faire, p'être qui va arrêter maintenant.
- Tu comprends pas, j'ai pas voulu le frapper. Je me suis pas contrôlée. Hershel dit que je suis trop impulsive.
- Mais arrête ! Tu dis ça comme si c'était horrible ! Je suis pareil, mon frère était pareil ! Et ça ne l'a pas empêché de mourir en héros ! C'est pas un défaut ! Dit l'arbalétrier en haussant le ton. Tu es normale. Je dirai même que t'es une personne faite pour survivre. Alors arrête de te lamenter !
J'écarquillai les yeux. J'avais eu un déclic. Il venait de prononcer les mots dont j'avais besoin. Ceux qui m'ont mis une claque pour me réveiller. Je souriai.
- Merci Daryl. Lui dis-je avec une grand sourire.
Je le déposai un baiser sur la joue puis je repartie dans ma cellule. Je me sentais lavée de ma culpabilité. Demain, j'irai tout de même m'excuser auprès de Luke. Mais après, je tirerai un trait sur cette histoire et irai de l'avant. Je suis normale, je suis une personne faite pour survivre. Et c'est bien ce que je compte faire. Je ne vais plus me laisser abattre, je vais me battre. Que je sois seule ou non, je vivrai.
Je me replaçai à côté de Mika et m'endormie avec un sourire figé sur mon visage.