L'Histoire d'une Journey

Chapitre 2 : Sauvetage & Retrouvailles

5230 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:39

Survive. C’était quasiment le seul mot auquel je pensais. Ça et un multitude de questions concernant mon avenir dans ce monde dévasté.

 

Cela faisait environ douze heures que j’étais toute seule à l’arrière de l’ancien Publix. C’était une pièce d’une trentaine de mètre carré qui servait de réserve autrefois. Il y avait deux portes, une qui donnait sur l’arrière des caisses et une autre à deux battants au fond de la réserve, à côté d’une petite fenêtre horizontale. C’était là, juste dessus l’ouverture et à quelques mètres de la porte que j’avais décidée de m’installer. Jugeant que l’endroit était plus ou moins sécurisé et que j’avais une issue en cas d’invasion du supermarché. J’avais posé toutes les serviettes de bain trouvées dans les rayons du magasin par terre en guise de matelas, en n’en gardant qu’une pour mon hygiène.

Il y avait de nombreuses fissures au plafond d’où je pouvais voir le ciel. J’avais placé deux gamelles pour chiens en-dessous pour récupérer l’eau de pluie. Je m’en servais ensuite pour boire et pour ma toilette. J’avais dévalisé le rayon hygiène du Publix en ramenant les trois ou quatre gel douche et dentifrice qui restaient. Je refusait catégoriquement de rester sale et d’attraper des saloperies par la même occasion.

Il restait encore des provisions dans la réserve qui n’avaient pas été prises quand l’invasion avait commencé. Quelques légumes en boîte, un carton entier de paquet de six tranches de jambons, même si je détestais ça, je n’allais pas rechigner sur de la nourriture par les temps qui couraient, et à mon plus grand bonheur il restait aussi un carton de bonbons de toutes sortes. Comme j’étais très gourmande, je m’étais dis que je me forcerai à manger que deux sucreries par jour pour les garder le plus possible. J’avais aussi remarqué deux énormes paquets de croquettes pour chien, dans un coin de la pièce. Ça me rebutait de devoir manger de la nourriture pour canin mais je savais que je n’aurais pas le choix quand les bonbons, le jambon et les légumes seront finis.

 

Les zombies qui étaient à ma poursuite avaient abandonnés depuis au moins huit heures mais quand ils étaient partis j’étais restée deux heures, complètement recroquevillée sur moi-même, le visage en larmes et les pensées en vrac. D’habitude, mes protecteurs étaient toujours là pour tuer ces choses avant même qu’elles s’approchent de moi. Mais là j’étais seule

 

Puis je mettais reprise en main. Je m’étais relevée comme je le faisais toujours parce que je suis Journey Woods et que j’ai l’habitude des coups durs. Ma principale motivation était que je ne voulais pas ou plutôt que je ne méritais pas de mourir toute seule au fond d’un magasin.

J’avais ainsi mis en place ma récupération d’eau de pluie et avait tenté une sortie dans les rayons avant qu’il ne fasse nuit. Puis tombant de fatigue après mettre retenue quelques heures de m’endormir, par peur qu’une de ces créatures me mordre dans mon sommeil, je m’allongea sur les fines serviettes et ferma les yeux.

 

***

 

Un mois. Un mois entier que j’avais été séparée de mon groupe. Que j’étais restée coincée dans ce foutu supermarché. Valait mieux ça qu’errer seule dans la forêt, mais tout de même la solitude me pesait fortement : le contact humain me manquait, voir d’autres personnes, toucher un autre humain, parler. Je n’avais pas lâché un mot depuis des semaines, je n’en voyais pas l’intérêt. Je n’allais quand même pas me mettre à parler toute seule comme une cinglée. Je ne savais même pas si je pourrais de nouveau lâcher un son, tellement la parole me semblait inconnue.

 

Parfois j’avais souhaité que le plafond s’écroule sur moi, me tuant dans mon sommeil. Pour ne plus à subir la réalité de ce monde cruel. Pour effacer cette douleur perpétuelle dans ma poitrine que je ne pouvais expliquer.

 

En parlant de douleur, il y en avait une que je pouvais expliquer. Celle de ma cheville droite. Dix jours plutôt je m’étais faite attaquée par surprise par une de ces carcasses pourries entre le rayon épicerie et celui ustensile de cuisine. En voulant m’enfuir, je m’étais coincée le pied dans une machine qui trainait là et étais violemment tombée à terre. Me relever fut impossible tellement ma cheville me faisait mal. J’avais vraiment cru mourir à cet instant, le zombie s’était jeté sur moi, les dents noires et pleines de sang dehors, près à me dévorer. J’avais eu juste le temps d’attraper une poêle dans le rayon et de lui fracasser le crâne avec. Depuis, la vue du corps décomposé sur mes genoux, du sang et de la chair moisie partout sur moi, était gravée dans mon esprit. J’y repensais sans cesse, comme si j’avais été traumatisée à vie. C’était peut-être ce que j’étais, traumatisée.

 

À la suite de cette attaque, la poêle ne me quittait plus. Je la serrais contre moi la nuit, et la brandissait en avant dès que je mettais un pied en dehors de la réserve.

C’étais certes un peu ridicule quand j’y pensais, mais il n’y avait personne pour se moquer de moi.

Ces sales gosses qui se foutaient de moi à longueur de journée n’existaient plus. Les Ashley étaient eux aussi morts et ils méritaient leur sort. Quel genre de famille abandonne une gamine de 15 ans dès l’annonce d’une invasion ? La réponse est aucune famille. Sauf les Ashley.

Ils ne me manqueraient pas. Oh non ! Pas un seul instant dans ma vie je ne les regretteraient.

 

Ma véritable famille c’était mon groupe. C’était eux. J’espérais tant qu’ils soient encore en vie, que je les retrouve bientôt ou qu’ils me retrouvent enfin.

En attendant que ce jour heureux arrive, j’appliquais les conseils qu’ils m’avaient enseignée : couvrir les fenêtres pour ne pas que la lumière attire les zombies mais penser à aérer pour ne pas m’intoxiquer avec la fumée du feu, être la plus discrète possible pour ne pas qu’ils m’entendent et mettre un fil avec des objets comme les boîtes de conserves devant chaque ouverture pour que le tintement me signale la présence d’une carcasse pourrie.

J’avais mis en place ces petites installations dès les premiers jours passés seule et depuis je vivais une sorte de routine monotone. Mais tout ça allait bientôt changé.

 

***

 

Des bruits provenants de l’intérieur du magasin me réveillèrent en sursaut. Quelqu’un ou quelque chose était dans les rayons du Publix.

Un peu paniquée, je m’armai de ma poêle et me dirigeai d’un pas de loup vers la porte donnant sur les caisses. Je collai mon oreille contre le métal froid.

Mon coeur battait la chamade, j’avais l’impression qu’il voulait sortir de ma poitrine.

J’entendis plusieurs voix, des voix de vivants. Un large sourire prit place sur mes lèvres. J’allais enfin de nouveau vivre parmis les humains.

J’entrouvris la porte pour jeter un oeil à l’intérieur du supermarché. Il y avait un homme avec une arbalète qui ne semblait pas commode et à ses côtés une grande femme noire qui portait des dreadlocks et un sabre de samouraï. Il y avait d’autres personnes entre les rayons du magasin que je n’arrivai pas à entendre.

Ils n’avaient pas l’air très avenants mais comme ils étaient nombreux je me dis qu’ils accepteraient bien une jeune adolescente seule, qui ne représentait aucun danger.

Alors je commençai à ouvrir la porte pour me glisser dans le magasin, toujours ma poêle à la main, on ne sait jamais.

Je n’avais pas ouvert la porte en grand, qu’un grand fracas se fit entendre. Je mis quelques secondes avant de comprendre que c’était le plafond du magasin qui s’écroulait. Un hélicoptère ! Un hélicoptère venait de traverser le plafond du Publix. Il devait y avoir des zombies sur le toit car il en tombait plein à l’intérieur du magasin. Je commençai à paniquer, la tête me tournait.

Soudain, un morceau de ferraille recouvert de plâtre chuta juste devant mes pieds ce qui me fit basculer en arrière. Je m’étalai sur mon derrière. J’entendais les survivants crier, je ne pouvais pas les aider. Je ne savais même pas si je pouvais me sauver moi-même.

Je traversai la réserve en courant, m’arrachant des cris de douleur causés par ma cheville endolorie. Je sortai du magasin par la porte à double battant, la défonçant violemment d’un coup d’épaule.

La lumière du jour m’éblouie les yeux quelques instants, je mis ma main devant ceux-ci pour les cacher du soleil.

Mon coeur battait à tout rompre. J’étais paniquée au possible me demandant comment j’allais m’en sortir cette fois-ci. Les survivants avaient été sans doute tué dans le Publix. J’étais de nouveau seule.

 

Quand ma vision se rétablie enfin, se fut pour faire poser mon regard sur une vingtaine de zombies décomposés, qui avançaient vers moi, les bras en avant, près à me dévorer.

La première carcasse avait le ventre ouvert et ses entrailles sortaient de l’entaille dégageant une odeur insoutenable. J’attendis que la créature se rapprocha de moi, pour mieux la frapper. Je pliai mes bras vers l’arrière, serrant fort ma poêle, comme ci je jouais au baseball. Puis quand la chose fut proche de moi, m’étouffant avec son odeur de pourriture, je la frappa en pleine tête avec le dos de mon arme. Du sang mélangé à de la cervelle gicla de son crâne arrosant le sol. J’eus un haut-le-coeur qui me décolla l’estomac et je dus me faire force comme jamais pour me retenir de vomir.

Le cadavre s’étala sur le sol définitivement mort. La fierté m’envahie un instant avant de me quitter quand je vis les autres zombies clopiner vers moi.

Je reculai de plusieurs pas pour me préparer à me battre comme je ne l’avais jamais fait auparavant. La situation ne me semblait pas réelle. J’avais l’impression de rêver, qu’en réalité j’étais toujours allongée sur les serviettes de bain au fond de la réserve. Tout venait de s’écrouler encore une fois. Je n’allais donc jamais vivre tranquille, du moins autant qu’on puisse l’être dans ce monde détruit.

 

Mon raisonnement me mena de nouveau à la possibilité que je meurs. Et s’en m’en rendre compte, je laissai tomber mon arme au sol, provoquant un rafus terrible.

Le bruit attira d’autres morts. Ils arrivaient de tout les côtés, m’encerclant totalement.

Mais je ne réalisai pas. J’étais comme endormie ou choquée.

 

Je vis une créature s’avancer plus vite que les autres. Mais je ne fis rien.

Ce qui me réveilla ce fut le sang qui gicla sur mon visage. Une fléche venait de transpercer la cervelle de la carcasse pourrie, me sauvant la vie.

Je clignai des yeux et ramassai ma poêle, de nouveau prête à me battre. Mais ce ne fut pas la peine. Le groupe de survivants démarqua devant moi, tuant tous les zombies. Ce fut la femme noire qui se plaça devant moi pour me protéger en me poussant légèrement en arrière.

 

Je pus enfin voir tous les membres de ce petit groupe : il y avait un jeune asiatique, un homme noir, une femme aux longs cheveux bruns et le propriétaire de la flèche qui m’avait sauvée la vie.

Il m’avait semblé qu’il y avait une personne de plus avant que le plafond s’écroule, peut-être n’avait elle pas survécue. Pour moi, c’était déjà un miracle que toutes ces personnes aient survécues après que l’hélicoptère fut passé à travers le plafond.

 

Au bout de quelques minutes, il n’eut plus aucun zombie debout. Je fus soulagée et détendis les muscles de mes bras qui me faisaient mal.

Je sentis une goutte descendre le long de ma joue droite et je me rendis compte que j’avais toujours du sang de mort partout sur le visage. Dégoutée, je m’essuyai avec mon t-shirt qui était de toute façon déjà très sale. Quand je rabattis mon haut, tous les yeux des survivants étaient braqués sur moi.

J’ouvris la bouche pour dire quelque chose mais les sons restés bloquer dans ma gorge. Je toussai pour évacuer ce qui me gênait pour parler, mais avant que j’essaye une nouvelle fois de prononcer un mot, l’homme à l’arbalète s’avança vers moi.

- Comment tu t’appelles ? Me dit-il d’une voix rauque.

Je me raclai la gorge puis articulai mon prénom d’une voix que je ne reconnus pas.

- Et bien Journey, je vais te poser trois questions...

- Daryl, c’est une gamine et elle est seule, le coupa le jeune asiatique en me montrant du menton.

- Vois ça avec le Conseil et Rick, répliqua méchamment Daryl avant de reprendre, je vais te poser trois questions et si les réponses nous conviennent tu pourras venir avec nous dans notre campement. Enfin si tu veux continua-t-il avec le même ton bourru.

Je secouai vivement la tête. Bien sûr que je voulais aller avec eux. Quel genre de personne veut rester seule dans un monde pareil ?

Il fallait juste que je réponde correctement à leurs mystérieuses questions.

- Combien as-tu tué de ces créatures ? me dit l’homme en désignant le cadavre qu’il avait tué un peu plutôt.

J’avais peur de répondre. Je n’avais tué que deux zombies. Et si cette question servait d’évaluation de mes compétences meurtrières, j’étais fichue.

- Deux... Je n’en ai tué que deux. Dis-je en baissant la tête.

L’arbalétrier secoua la tête en signe d’approbation et ne fit pas de commentaire. Je ne décelai même pas une expression de mépris envers moi. Par contre, ce fut le jeune asiatique qui ouvrit de grands yeux d’étonnement à ma réponse. Je ne pus pas observer le visage du jeune homme plus longtemps car la voix de mon sauveur arriva dans mes oreilles à nouveau.

- Combien d’humains as-tu tué ?

Cette question me choqua. Cette fois-ci c’est moi qui ouvrit de grands yeux.

- Je... Non, je n’ai pas... Pourquoi devrais-je tuer un humain ? Enfin... On ne doit pas se battre entre nous ! Dis-je d’une voix forte, emportée par l’absurdité de la question, ce sont eux les ennemis, annonçai-je en donnant un violent coup de pied dans la carcasse à terre.

C’était étrange comme réaction, mais j’étais en colère d’entendre ces mots. Tuer un humain. J’avais été seule pendant un mois, espérant de tout mon être qu’une personne vivante me trouve, et quand c’était enfin le cas, c’était pour me demander combien d’humains j’avais tué !

 

- Pourquoi ? Me demanda Daryl de sa voix rauque.

- Pourquoi quoi ?! Commençais-je à m’énerver. La Journey à fleur de peau, et perturbée remontait à la surface, comme avant que tout ça commence. Pourquoi nous devons nous serrez les coudes entre vivants ?! Pourquoi il ne faut pas qu’on s’entretue ?! Parce que sinon on est tous morts ! Parce que sinon l’humanité va s’éteindre ! Et ce sera de notre faute ! Finis-je, la voix épuisée par ma petite tirade.

J’étais consciente que ma réaction était disproportionnée, même une partie au fond de moi me disait que j’en faisais trop. Mais il fallait que ça sorte. Pas seulement ce que je pensais sur cette stupide question mais aussi sur tout le reste : mon abandon, ce mois dans ce fichu magasin, ce zombie que j’avais tué... J’avais besoin d’évacuer.

Les survivants me regardaient tous. Je vis l’homme noir toucher la gâchette de son arme, comme près à tirer. Je voulus lancer une remarque, mais ma voix resta bloquée dans ma gorge, j’avais visiblement bien trop forcé sur mes cordes vocales après tant de temps de silence.

Les larmes me vinrent et je ne pus les retenir de couler. La poêle me glissa des mains et vint se fracasser sur le béton. Bientôt je la rejoignis, me recroquevillant sur moi-même, le visage en pleurs.

Les survivants chuchotèrent entre eux. Ils devaient vraiment me prendre pour une folle.

Une voix féminine lâcha un  “Elle est à bout, regardez la !” plus fort que le reste de leur conversation. Puis des pas vinrent dans ma direction.

- Allez. Viens. Me dit la même voix de femme.

Je relevai la tête et vis le visage calme de la jeune femme brune. Elle me souriait et je ressentis comme un sentiment de sécurité.

La survivante m’aida à me remettre debout et m’encercla de ses bras comme pour me maintenir sur pied ou pour me protéger. Puis elle se présenta ainsi que les autres membres du groupe.

- Je m’appelle Karen, elle me montra le jeune asiatique, voilà Glenn, Michonne, me dit-elle en me tournant vers la jeune femme de couleur avec le sabre. Puis Karen me présenta l’homme noir nommé Bob et Daryl dont je connaissais déjà le prénom.

- Nous avons des voitures, garées à quelques mètres devant la supermarché. On va rentrer au camp d’accord ? Me dit Karen encore plus doucement.

Je hochai la tête, ma voix toujours absente et nous nous mîmes en route.

 

Aucun zombie ne s’était fait voir sur le chemin jusqu’aux voitures, je les aurai presque oublier. J’avais séché mes larmes, me sentant en sécurité dans les bras de la jeune femme, qui ne m’avait pas quitté. La jeune femme me tenait fermement, m’empêchant ainsi de m’écrouler.

J’avais appris pendant le trajet que Bob était un ancien médecin de l’armée et qu’il venait à peine d’intégrer le groupe de Daryl et les autres, il m’avait gentiment proposé d’examiner ma cheville une fois dans l’auto. Ça n’allait pas être une partie de plaisir, rien que la toile de mon pantalon me faisait souffrir.

- Bon, dit Michonne quand nous arrivâmes à la hauteur d’une Hyundai verte et d’une moto, Bob et Karen montez à l’arrière avec Journey. Je conduis. Annonça-t-elle en regardant Glenn qui lui fit un hochement de tête.

Je pris donc place sur la banquette en me traînant misérablement. Karen se mit à ma gauche tandis que Bob se plaça à ma droite. Michonne démarra la voiture et s’engagea sur la route après Daryl et sa moto. J’étais sûre que la bécane était à lui, ça semblait bien être son genre.

Je rendis compte que je n’avais pas mis ma ceinture de sécurité. Puis en voyant que les autres passagers ne l’avaient pas fait, je me donnai une claque mentale. Il y a aucun risque d’accident, c’est pas comme si il y avait beaucoup de circulation. Et puis en cas d’attaque des carcasses pourries, il serait bien plus facile de se dégager de la voiture sans ceinture.

 

Bob me tira de mes pensées en soulevant ma jambe. Même si j’étais certaine qu’il l’avait fait avec toute la douceur du monde, son geste m’arracha un grognement de douleur.

- Désolé, me dit Bob avec des yeux pleins de compassion.

Je lui souris. Karen me tourna de façon à ce que je sois dos à elle et que j’ai la jambe sur les genoux de l’ex-médecin. La jeune femme me caressa les cheveux.

Ce geste maternel me calma. J’en avais bien besoin étant donné la douleur dans ma cheville.

- Mmm, c’est pas joli joli, annonça Bob en remontant mon pantalon à mi-mollet, c’est une sacré entorse que tu as là.

C’est vrai que l’état de ma cheville était horrible. L’articulation avait triplé de volume et avait adopté une inquiétante couleur violette foncé, et c’était sans compter les nombreuses égratignures tout le long de ma jambe, dont les plus profondes semblaient infectées.

- Vous pouvez la soigner ? Demandai-je.

- Oui, mais tu mettras au moins deux semaines avant de courir correctement. Et puis il va falloir désinfecter tout ça. Dit l’ancien soldat en agitant son doigt au-dessus des coupures sur ma jambe.

Je lui fis un grand sourire, qu’il me rendit.

 

 

Sur le reste du trajet, Karen m’expliqua le fonctionnement de leur camp. Tout d’abord, ils habitaient un ancienne prison qu’ils avaient nettoyés. Il y avait une trentaine d’habitants de tout âge, certains étaient rescapés d’une ancienne ville dirigé par un certain Gouverneur, qui avait perdu la tête et avait mis le feu à sa ville. Les autres étaient des survivants venu trouvé refuge dans la prison.

Un certain Conseil gérait la vie au campement. Chaque habitant avait des tâches à accomplir exceptés les enfants et les personnes trop âgées.

C’était une vraie communauté, une grande famille. Je ne pourrai que me sentir bien là-bas.

 

Après une demi-heure de route, je vis une tour carré émerger des arbres. Nous étions arrivé à la prison.

La Hyundai s’engagea dans l’allée menant à l’entrée.

De l’excitation et de l’appréhension se faisaient sentir. Mes mains étaient nouées par le stress. Je savais que je ne devais pas espérer trop mais je voyais enfin le bout du tunnel. Ce long mois de solitude prenait fin et j’allais enfin retrouver un semblant de vie. Mon seul regret est que ça ne soit pas avec mes anciens protecteurs. Ils me manquaient tellement. Mais il y avait peut-être une chance que je les retrouve un jour, qui sait ?

 

- On va te présenter au Conseil, puis on va te soigner, dit Glenn en se retournant vers moi.

- D’accord, acquiesçai-je, d’une petite voix qui trahit ma nervosité.

- Eh, ne t’inquiètes pas, me rassura Karen en me serrant dans ses bras.

Je lui souris nerveusement.

La voiture passa les deux clôtures qui entouraient la prison. Le premier portail fut ouvert par un vieil homme avec une jambe manquante. Il avait les cheveux blancs noués en une petite queue de cheval dans la nuque.

- C’est Hershel, me dit Glenn, il fait partie du Conseil.

- Comment a-t-il perdu sa jambe ? Demandai-je par curiosité.

- Quand nous sommes arrivés à la prison, on était un petit groupe. Il y a eu un problème et on a été envahi par les rôdeurs. Hershel s’est fait mordre. Pour lui sauver la vie, on a du lui couper la jambe.

J’ouvrais des yeux ronds. C’était autant horrible que fascinant. Certes le vieil homme avait perdu sa jambe mais il avait survécu à la morsure d’une carcasse pourrie.

Le deuxième portail fut ouvert par un garçon qui semblait avoir mon âge. Il avait un chapeau de shérif sur la tête mais il n’y avait plus l’étoile dorée accrochée au centre.

Nos regards se croisèrent lorsque l’auto passa devant lui. Il avait le regard dur pour un adolescent. La vie n’avait pas dut lui faire de cadeaux. J’étais curieuse de connaître son histoire.

 

La Hyundai se stationna. Karen m’aida à descendre du véhicule. Michonne s’était garée dans une cour, il y avait des bidons un peu partout autour. Plus loin il y avait visiblement un potager. Cet endroit était parfait.

Je me retournai pour voir les habitants de la prison dont certains étaient regroupés derrière nous.

C’est alors que je le vis. Il était de dos mais je ne pouvais que le reconnaître, avec son éternel bonnet bleu marine. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Je n’arrivais pas à réaliser. Je l’avais retrouvé, mon protecteur je l’avais retrouvé !

Je fis quelques pas chancelant dans sa direction. Karen m’aida à avancer davantage. Elle semblait avoir compris que je connaissais un habitant.

À cinq mètres de ma cible, je m’arrêtai. Était-ce un rêve ? Une hallucination ? Il n’y avait qu’un moyen de le savoir. J’ouvrais la bouche pour prononcer son nom. Ma gorge me faisait mal et je dus forcer pour obtenir un son.

 

- Tyreese ?

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