TWD : Au-delà de tout
Chapitre 43 : Flash-back 5 : Si les morts y étaient…
2241 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 09/11/2016 16:50
… ils nous mangeraient
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Des grognements, des raclements et des gémissements emplirent leur paisible espacement. Il y avait moins de ces choses parmi les arbres mais elles s’avancèrent au cœur de la forêt et la hantèrent. Ce monde n’était plus le nôtre. C’était le leur dorénavant.
Se forçant, Brooke se releva et reprit son sac. Samuel aida Elliot à reprendre sa place. Puis, l’homme et la jeune fille reprirent leur chemin.
C’était plus calme qu’au début. Plus d’avion ou d’hélicoptère. Les humains s’étaient apparemment éclipsés. Cela faisait des heures que la famille Horner déambulait sans croiser âme qui vive. C’était sûrement mieux ainsi. Personne pour les dépouiller ou se faire dévorer.
Le soleil semblait sur le point de se lever. Une nuit d’horreur s’achevait. D’autres à venir.
Ils étaient vivants. Ils n’allaient pas s’en plaindre. Qui pouvait bien savoir combien étaient tombés ne serait-ce que pendant ces dernières heures ?
Maintenant que le plus gros s’était passé, ils pouvaient souffler. Néanmoins, ils se devaient de conserver une marche rapide. Elle s’essouffla assez rapidement. Samuel comprit qu’il devait leur trouver un abri. Ils avaient tous grandement besoin de dormir au moins quelques heures. Ils avaient besoin de panser leurs plaies. Aucun d’eux n’avait encore réellement pris conscience de ce qui était advenu. Deborah « Debbie » (Jones) Horner était morte. Femme charmante, fille aimée, épouse dévouée et mère aimante. Ils avaient grandement besoin de panser leurs plaies diverses…
Les jours se succédèrent. Plus de Geeks et moins d'humains. Et le huitième jour après le début de l'apocalypse et la mort de Debbie, Élie demanda pour la première fois où était sa mère. La réponse le poussa dans ses retranchements psychologiques. Il ne prononça plus un mot et il laissa Bob dans les bois... Sa casquette, il l'avait troqué contre une bleue trouvée dans une maison. C'était Debbie qui lui achetait ces trucs avec la petite éponge jaune carrée. Avec l'accord de son époux, bien entendu.
La famille Horner avait fini par quitter la forêt et se risquait dans les petites villes pour y trouver de quoi survivre. Brooke trouva un couteau convenable pour ses petites et délicates mains. Ils y déambulèrent sans réel but précis. Qui plus est, Samuel avait perdu sa chère Winchester lorsqu’ils furent pris en chasse par une meute de créatures. Il ne lui restait maintenant qu’un seul chargeur. Celui qui était dans son 9mm. Chaque balle comptait dorénavant.
La cheville de Elliot s’avérait fracturée, finalement. Puisqu’elle ne fut pas convenablement soignée, les os ne se ressoudaient pas très bien. Il avait très mal et ne pouvait pas marcher normalement.
Avec le temps, Samuel constata plusieurs choses en ce qui concernait ses très chers petits. Son fils boitera à jamais et sa fille était faible physiquement. Toutefois, elle possédait une étonnante capacité. Celle de supporter beaucoup sur son dos en continu. Samuel savait qu’elle pouvait porter son petit frère mais seulement sur de moyenne distance. Alors, il se mit à porter Élie et sa fille transportait les choses qu’ils débusquaient lorsqu’ils fouillaient les véhicules abandonnés et les maisons inoccupées. Samuel préférait éviter les grandes villes à la population bien trop préoccupante à son goût. Brooke ne courait pas vite mais au moins avait de l’endurance. Toutefois, ce n’était pas suffisant pour traîner aux alentours des grandes métropoles.
Neuf jours de plus passèrent et leur situation se dégrada davantage.
De retour dans la forêt, le soleil s’était couché et la température commença à descendre.
Brooke épuisée et le regard hagard : J’ai faim…
Samuel : Je sais mon trésor. Moi aussi.
Brooke jetant un coup d’œil à son petit frère endormit à ses côtés : Lui aussi. Il ne le dit pas mais je sais qu’il a la dalle.
Samuel : Il a parlé depuis ce matin ?
Brooke regarda Élie de ses yeux humides : Non… Et ça commence à m’inquiéter. Elle repoussa des mèches sur son petit front et le lui caressa. Il est si paisible et il a cessé de m’appeler Lynn…
Ils avaient tous changé. Samuel avait abandonné son complet pour des vêtements confortables qui convenaient mieux à leur mode de vie dès le lendemain de leur fuite. Brooke était moins enjouée et devenait farouche. Elle paraissait rajeunir de jour en jour. Sa casquette gavroche éternellement vissée sur sa tête n’aidait pas vraiment.
Les nuits étaient fraîches et les journées des plus humides et chaudes. Elle portait un short vert en jean coupé au-dessus des genoux et passait par-dessus un pantalon de jogging la nuit où elle s’enveloppait de sa veste brune dont elle ne se séparait jamais. Son chandail bleu à manches longues n’empêchait pas le vent de mordre sa peau délicate ou le soleil de la darder de ses rayons. Sa camisole noire était l’autre seul rempart face à mère nature. Elle avait toujours ses chaussures. Elle était sale et avait perdu du poids. Comme le reste de sa famille. C’était inquiétant pour le petit. Il était déjà du genre malingre. Ça n’aidait en rien son état.
Retirant son couvre-chef, elle essuya son front humide avant d’en faire autant avec sa main contre sa cuisse. Elle se savait dégoûtante et se répugnait elle-même. Elle refit sa queue de cheval en regardant son père. Il tenait bon et elle se sentait en sécurité à ses côtés. Lorsqu’il fouilla son bagage et en sortit de quoi faire un collet, elle sut qu’ils allaient bientôt manger. Elle n’aimait pas la chasse mais l’acceptait quand c’était l’unique façon d’une personne de subvenir à ses besoins et à ceux des leurs. Autrement dit, elle ne chialait plus quand son père désirait mettre fin à la vie d’un animal forestier.
Samuel cependant qu’elle remettait son chapeau : J’y vais.
Brooke excitée : Très bien !
Samuel comprenant son sentiment : Garde ton couteau sous la main et garde l’œil ouvert. Ne laisse rien vous approchez et ne quitte pas ton frère des yeux.
Brooke agacée qu’il lui répétait constamment les mêmes choses : Je sais !…
Samuel : Bien.
Sur ce, il s’en alla, lame en main et son nécessaire sous le bras. Elle demeura assise avec ses doigts contre le manche de son arme. Elle vérifia que Elliot dormait toujours à poings fermés et se releva. Elle se sentit étourdie et dut prendre quelques secondes pour que sa vue lui revienne. Ensuite, elle s’éloigna de quelques mètres pour mieux voir le périmètre. Elle préférait lorsqu’ils étaient dans la petite ville qu’ils avaient récemment visitée même si elle en ignorait le nom. Elle savait qu’il y avait des fermes dans le coin mais son père disait qu’il était préférable de les éviter. Pour l’instant, c’était la forêt. Encore ! Maintenant, elle savait pourquoi. Leurs vivres n’étaient que souvenirs à présent. Son paternel allait leur ramener de la viande, espérait-elle…
Des feuilles bruissèrent et elle se crispa. Vérifiant de l’autre côté de l’arbre contre lequel dormait Élie, elle crut voir du mouvement. Elle s’avança prudemment en évitant les petites branches sur le sol. Elle ne voulait pas attirer l’attention de quoi que ce soit vers elle. Ou vers l’enfant projeté dans son petit monde intérieur.
Fausse alerte. Ce n’était que le vent après tout. Elle revint vers Elliot et…
Brooke tétanisée : Élie ?…
… ne le vit point. Il n’était plus là ! Il s’était levé et était parti ! Elle paniqua et hyperventila. Sa vue s’embrouilla de nouveau. Des larmes de pure terreur l’aveuglaient. Elle ne pouvait plus respirer ou penser. Sauf qu’avec sa cheville esquintée, il ne pouvait être bien loin… Son seul espoir de le retrouver avant qu’il n’ait des problèmes…
Samuel au loin : Putain de merde !!!
Sa colère était plus que palpable. Elle était coupante et tranchante comme un rasoir. S’affolant, elle partit à sa rencontre.
Elle trouva Elliot étendu sur le dos et en pleine crise de larmes. Son père était rouge de colère. Elle fut soulagée de le retrouver. Or, l'expression de l'homme au-dessus de lui, lui donna un frisson qui parcourut son épine dorsale...
Brooke : Papa ? Pas de réponse. Papa ?! Il y a un problème ?
Samuel explosa en se tournant vers elle : Je t’avais demandé une chose. Une seule ! Le surveiller ! Et tu n’en as même pas été capable. Veux-tu bien me dire à quoi tu me sers dans ce cas ?!
Brooke se terra sur elle-même : Pardon…
Samuel ramassant ses choses inutiles : Explique-moi ce qui t’a passé par la tête.
Brooke d’une petite voix : J’ai cru entendre quelque chose. J’ai voulu vérifier.
Samuel la toisant : Et tu l’as laissé ?!
Brooke d’une voix plaintive : Il dormait ! J’étais loin de m’imaginer qu’il partirait comme ça ! Avec sa cheville en plus…
Samuel s’en alla : Ramasse-le et fais-le taire. Un Walker passa par-là. Tu ne t’étais pas trompée finalement. On récupère nos choses et on retourne dans la dernière ville.
Brooke : Qu’est-ce qui s’est passé ?
Samuel plus loin : Il a débarqué en criant ton nom. Ton stupide surnom en fait. Le lièvre que j’avais levé a pris peur.
Il n’y avait rien d’autre à rajouter. Elle se tut et prit l’enfant dans ses bras. Elle essaya de le calmer mais rien à faire. Il avait fallut qu’il ne la voie plus pour lui délier la langue. Or, s’en était maintenant fini. Il ne parlerait probablement plus pour un long moment. Sauf qu’elle ignorait pourquoi il était dans cet état. D’autres Geeks arrivèrent. Il les rameutait tous.
Leurs sacs en leur possession, ils sortirent de nouveau de la forêt.