TWD : Au-delà de tout
Rick s’interrogea sur les raisons qui avaient poussé Daryl à vouloir faire sauter la tête de son meilleur ami. Il en vint à la conclusion que la meilleure façon de les découvrir était d’aller voir Shane directement. Même si Dixon avait ses défauts, il n’était pas du genre à attaquer sans raison. Il avait dû se passer quelque chose.
Rick : Shane !
Shane : Je sais, j’ai déconné.
Rick : Oh ! Tu crois ?!
Shane : Si j’avais su… Jamais je n’aurais ouvert ces satanées portes. Mais je suis sûr qu’il savait.
Rick : Il dit que non. Il allait répliquer mais il le fit taire en haussant le ton. Peu importe Shane ! Ce n’est pas pour ça que je voulais te voir.
Shane : Pour quoi ?
Rick : Daryl…
Shane d’un sourire reconnaissant en parlant fort : Ouais mec ! Tu m’as bien sauvé la mise sur ce coup ! Sans toi, ce malade…
●●●
Les éclatements de voix des deux hommes attirèrent l’attention de Andrea et de Brooke. Elles sortaient de la maison où il semblerait que Hershel ait soigné la jeune fille. La femme blonde gardait un bras protecteur dans son dos en la conduisant à leur tente. Sa lèvre rougit n’échappa pas au leader.
Il l’avait déjà vu lorsqu’elle vint lui parler mais il ne l’interrogea pas. Il préférait voir avec son pote puisque ça s’était passé pendant qu’il en était responsable. Qui plus est, le regard de Andrea trahissait déjà un début de réponse des plus désagréables.
●●●
Rick le coupant sèchement : Garde ça pour plus tard. Uh ?
Shane : OK. C’est quoi le problème ? Tu comptes faire quoi ? Hmm ? Avec lui ?
Rick : Et si tu m’expliquais ce qui est arrivé ?
Shane : T’as vu comme moi ! Le mec était hors de contrôle.
Rick : J’ai vu. J’aimerais savoir pourquoi.
Shane : C’est à lui qu’il faut demander.
Rick : C’est à toi que je demande.
Shane : J’crois qu’on a un problème. Hmm ? Pourquoi venir me faire chier avec lui ? Uh ? C’est ton nouveau meilleur pote maintenant ?
Rick : J’commence à me dire qu’il est peut-être plus fiable que toi.
Shane : Qu’est-ce qu’il t’a raconté ? Tu connais les Dixon ! On peut pas se fier à eux !
Rick : Je le connais lui. Et je te connais toi. Du moins celui que tu étais avant.
Shane : J’ai pas changé.
Rick : Alors, qu’est-ce qui s’est passé ?
Shane : J’ai perdu la tête une fraction de seconde.
Rick : C’est comme ça que tu expliques ton geste ? Uh ?
Shane : C’était un simple coup de tête. Que dire de plus ? Qu’est-ce que tu attends de moi ?!
Rick : Un simple coup de tête ? Est-ce la première fois que tu lèves la main sur elle ?!
Shane : Whoa mec ! Relaxe un peu ! De quoi tu parles ?!
Rick perdit patience : Du visage de Brooke !!
Walsh tourna la tête vers les deux femmes et il avisa la bouche tuméfiée de la jeune fille. La honte changea son visage. Il fit deux pas en arrière en se passant les mains dessus.
Shane la fixant : Merde… J’ai fait ça ?
Rick : C’est ce que je te demande. C’est arrivé comment ? C’est arrivé quand ? Pourquoi c’est arrivé ?!
Shane : Je… J’en sais rien… Je l’ai poussé quand elle a voulu m’empêcher d’ouvrir les portes de la grange. En fait, je pensais l’avoir seulement poussée. Mais je l’ai frappé…
Rick : Est-ce que c’était la première fois ?
Shane : Qu’est-ce que tu crois ? Bien sûr que oui ! Merde, Rick !! C’était un accident… Je n’avais même pas remarqué que c’était elle…
Rick d’un ton sans équivoque : Uh-huh… Alors si ton, il fit le signe des guillemets, accident se reproduit, hé bien ! Ça en sera également un si je n’arrive pas à empêcher Daryl de te faire la peau. Et si je le laisse faire, ça en sera également un…
Shane : Je devrais aller la voir… M’excuser.
Rick : Vas-y maintenant. Pendant que Andrea est avec elle. Elle est armée et c’est une excellente tireuse je te rappelle. Il se rapprocha de lui et parla dans le creux de son oreille. Si je te surprends à rôder auprès d’elle pendant qu’elle est seule, je te tuerai moi-même…
Shane le prenant très au sérieux : Je n’ai pas l’intention de recommencer.
Rick reculant pour lui faire face : Alors, ça va…
La tronche qu’il tirait disait autre chose. Observant de loin, il vit son ami se diriger vers Andrea. Elle lui bloqua le passage et il dut parler par la moustiquaire en s’accroupissant. Regardant la femme, Rick sut qu’il présentait ses excuses. Quelles soient vraies ou pas ne changeaient rien au fond du problème. Maintenant, ça sera comme au début. Elle aura un regard fuyant et sursautera au moindre bruit…
Qui plus est, un détail titilla le shérif. Il n’aimait pas vraiment que Walsh précise qu’il n’avait pas reconnu la jeune fille. C’était quoi ça exactement ? Qu’il n’aurait eu aucun remord s’il s’agissait de Beth ou de n’importe quel autre membre du groupe ou de la ferme ? Pourquoi sa répugnance face à son geste contre Brooke en particulier ? Grimes n’était pas sûr de réellement aimer ce qui commençait à germer dans son esprit…
Ce ne fut pas la seule conséquence fâcheuse de l’impulsivité de Shane. Les Greene les avaient pris en grippe. Carol s’était murée dans un silence morbide. Elle ne mangeait presque plus. Ne désirait voir personne. Carl était inconsolable. Lori devenait surprotectrice à son égard. Il ne pouvait aller où que ce soit sans elle.
Le pire fut pour Daryl… Lui qui s’était donné tant de mal pour la retrouver. Et tout ça, en vain. Elle était morte à la seconde où Rick était revenu sur l’autoroute.
Le chasseur ne s’était jamais autant investi pour qui que ce soit dans sa vie. Hormis Merle. Mais il n’était plus. Le plus jeune des frères Dixon s’était fermé aux autres.
Mais voilà qu’une petite fille se perd dans les bois. Sa mère lui brise le cœur. Il fait tout pour la retrouver, la sauver. Ce fut Brooke à la place. Toutefois, Sophia ne quittait pas ses pensées. Il la pistait même s’il n’y avait plus de trace à suivre. Tout ça, pour rien.
Il avait choisi de s’ouvrir aux autres et de déverrouiller son cœur pourtant résolu à demeurer clôt à jamais. Se rapprochant de Carol. Se confiant à Brooke. Se livrant à l’espoir pour des jours meilleurs. Son cœur n’avait pas l’habitude d’autant de sollicitation. Sophia sortant de la grange ? Inoubliable. Le choc fut brutal pour l’organe déjà bien meurtri par une enfance horrible, atroce, brutal, sauvage où Daryl fut dénigré, ignoré, négligé, maltraité, battu, torturé.
L’effondrement de celle qui était devenue sa meilleure amie ? Un vrai déchirement. Cette mère aimante refusant d’assister aux funérailles de sa propre enfant ? Un crève-cœur.
Le cœur bousillé, l’espoir envolé, Daryl Dixon s’effondra sur lui-même. Se recroquevillant dans ses derniers retranchements, il s’abîma dans les méandres de son enfer abyssal personnel. Refusant de souffrir encore, il choisit la seule voie qui s’offrait à lui en cet instant de doute profond. Plongeant dans les tréfonds de sa propre déchéance, il redevint le connard qu’il était lorsque Merle lui engourdissait le cerveau, lui obscurcissant les pensées.
Il cessa de parler, de regarder les autres. Il déplaça son campement encore plus loin. Il n’entrait plus dans la maison, mangeant ce qu’il pouvait tuer, se privant dans le cas contraire.