Le journal d'un assassin

Chapitre 5 : La nuit du premier sang

1647 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/06/2018 23:20



La nuit du premier sang




Le lendemain de ma convalescence, je me présentai à Elaine dans le salon, déterminé. Elle bouquinait tranquillement dans le canapé.

La Sheikah ferma son ouvrage et le posa sur la table basse.

« Alors... As-tu pris une quelconque décision ?

- Faites de moi un assassin... » 

Un petit sourire de satisfaction apparut sur son visage.

« Très bien, mais je te préviens, maintenant mes enseignements vont être beaucoup plus physique... Et vu que c'est ce que tu réclamais, ne viens pas te plaindre...

- Avec plaisir maitre !

- Et efface-moi ce sourire carnassier de ton visage... » Me dit-elle d'un ton à moitié amusé.

Difficilement, je parvins à retrouver un visage neutre, j'étais des plus excité.

« Que va-t-on faire, maître ?

- Dans un premier temps, tu va essayer de manier plusieurs armes afin que tu puisses trouver celles avec lesquelles tu es le plus à l'aise.

- Je me débrouille plutôt bien avec mes aiguilles...

- Oui, je suis au courant, mais il te faut au moins deux autres armes, une pour le corps-à-corps, et une pour les combats à distance. »

Elle se leva et me fit signe de la suivre, nous nous arrêtâmes devant un des murs de la salle, et elle appuya sur une des pierres qui s'enfonça sous la pression. 

« Je te présente la salle d'entrainement. »

C'était une grande pièce carrée, remplie de différents ateliers de travail : un mur d'escalade, une sorte d'arène de combat, un immense râtelier d'armes bien plus conséquent que celui du salon et une sorte de stand de tir. 

Je me dirigeai vers les armes afin d'inspecter ce qui était disponible. Après en avoir manié une bonne quinzaine, mon choix se porta sur des kunaïs et une longue chaine en acier. 

La chaine pourrait me servir à m'accrocher à des endroits ou pour attaquer à distance, les kunaïs pour le combat si un assassinat tournait mal et enfin mes aiguilles finiraient plantées dans la nuque de mes cibles. Maintenant que j'avais mes préférences, mon véritable enseignement pouvait enfin commencer : durant cinq ans, je subis un entrainement intensif, que ce soit de force ou de technique. J'enchaînai les séances de musculation, les courses d'escalade et le maniement du couteau à un rythme quasiment intenable. Mais l'éducation n'était pas en reste : les points vitaux, de la psychologie, tendre des embuscades et des techniques de sociabilité vu que, je le reconnais, c'est mon plus gros point faible. Je ne vais pas te raconter ces cinq ans parce que ce n'est pas très intéressant, c'était très répétitif. Répétitif mais nécessaire, il faut répéter et encore répéter les gestes pour apprendre... Même si cela parait épuisant et inutile, il n'y a que comme ça que l'on peut se perfectionner...

Non, je vais plutôt te raconter la nuit où j'ai mis mes compétences à l'œuvre. Je vais te conter mon premier meurtre.

***

L'homme qui devait mourir cette nuit n'était pas un terrible sadique torturant les enfants, ni un trafiquant de prostituées, non, c'était pour moi un parfait inconnu n'ayant aucune histoire. J'avais demandé à Mère pourquoi je devais le tuer, sa réponse fut des plus simple : « Parce qu'on nous l'ordonne. ». Sans me poser plus de question, j'acceptai cette réponse. Des fois, mieux vallait rester dans l'ignorance plutôt que d'en savoir trop... Je portais une tunique Sheikah assez basique : des bottes noires, une pantalon bleu large, des épaulières noires, de long gantelets de la même couleur, et enfin une capuche et un masque couvrant ma bouche et mon nez.


C'était une nuit d'été plutôt chaude, les grillons couvraient le peu de bruit que je faisais en me déplaçant. Le moment était idéal pour assassiner, car toute la maison dormait profondément. Je me suis faufilé entre les hautes haies soigneusement taillées en évitant les gardes à pas feutrés. Arrivé au pied de la façade, j'escaladai rapidement la paroi à l'aide de ma chaine et des fioritures ornant le plâtre, puis une fois sur le toit, je me glissai dans la cheminée, qui, heureusement, avait été ramonée il y a peu. Je descendis le plus prudemment possible afin de ne pas commettre la moindre erreur. Selon le plan de la demeure fourni par Mère, je devais aller dans le couloir et prendre la deuxième porte à droite afin d'y trouver ma proie. J'ai enfoncé la poignée le plus doucement possible et sans émettre le moindre grincement. Les charnières pivotèrent et un bruit de ronflement parvint à mes oreilles, ce qui me rassura et me permit d'avancer aussi silencieusement qu'un serpent vers le lit. Il dormait paisiblement sur le coté, s'il savait qu'il y avait un tueur juste derrière lui...

Je sortis une aiguille de la sacoche accrochée à ma cuisse et je l'approchai de son cou. Sans aucune hésitation, j'ai enfoncé le metal dans son bulbe rachidien, puis je l'ai étouffé à l'aide de son oreiller pour l'empêcher de crier. Pendant une demi seconde, il se débattit avant de s'immobiliser à jamais, et alors que j'allais m'extirper de cet endroit, derrière moi, une petite voix tremblotante prononça le mot : « Papa ? ».

Je fis volt-face immédiatement et je vis une petite fille, qui devait avoir mon âge, en robe de chambre blanche. Elle ne se retourna pas à cause du choc, et par réflexe, j'envoyai un de mes kunaïs qui la cloua à la porte avec son vêtement. La gamine essaya de le retirer mais elle n'y arriva pas. Elle réussit à se dégager en tirant fermement sur sa robe, laissant une partie de son vêtement accroché au niveau de la taille. Mais c'était vain... J'étais bien trop entrainé pour qu'une simple gosse puisse m'échapper. Je réussis à la saisir à la gorge et a la plaquer au sol en resserrant mes doigts pour l'empêcher d'hurler... Des larmes se mirent à perler au coin de ses yeux... Pendant que je la fixais droit dans les yeux, elle tomba dans les vapes, et je lui murmurai : « Désolé »

Mais... Vu le ton, je devais être tous sauf condescendant. Maintenant qu'elle était inconsciente, je devais trouver un scénario pour qu'on ne pense pas à un assassinat. Tu sais, quand on étrangle quelqu'un, il ne meurt pas sur le coup, il faut insister pendant plusieurs minutes pour y arriver.

Je déplacai alors le corps dans la chambre, puis j'y mis un maximum de bordel. Après avoir vidé les tiroirs et dispersé leur contenu partout, je mis le lit en vrac, retournai en partie le tapis et bougeai légèrement les meubles afin de faire croire qu'il avait eu un rude combat. Ensuite je pris les objets de valeur et les dispersai au sol, puis je pris un livre de conte pour enfant et y enfonçai mon kunaï. Je suis allé chercher une deuxième robe de chambre, puis je l'ai déshabillée. Elle n'avait rien en dessous et mon oeil s'égara rapidement sur son corps. Mais je n'en avais que faire, observer une femme nue ne m'intéressais absolument pas. Je lui passai le vêtement neuf, puis je la pris par le col, et, poussant un soupir, je lui enfonçai enfin mon couteau dans le cou. De la même manière que le père, ses cris furent étouffés, puis je la fit s'allonger sur le ventre un peu plus loin, afin de faire croire qu'elle avait essayé de s'enfuir. Enfin, je brisai quelques os à l'homme pour faire croire à un cambriolage qui aurait mal tourné.

Le livre pour enfant laissera supposer qu'ils étaient ensembles avant que le drame ne se produise, les blessures et le désordre feront penser qu'il a eu lutte, et pour la dernière touche, je répandis un peu de sang de poulet sur le sol. J'avais toujours un petit flacon sur moi pour ce genre de scénario.

J'ouvris la fenêtre et rejetai un rapide coup d'oeil afin de voir si cela tenait la route, et avec un sourire assez satisfait, je m'enfuis. Une fois arrivé au lieu de rendez-vous où m'attendait Elaine, je lui fis mon rapport sur la situation.

« Très bien, tu as fais du bon travail, comment te sens-tu ?

- Relativement bien. » Je pense que je devais encore être sous adrénaline, car je me sentais vraiment bien.

« Je te félicite, tu as su parfaitement réagir à cet imprévu ! » Elle m'ébouriffa les cheveux en me disant cela.

« Merci, maitre. » Dis-je, heureux qu'elle me complimente.

« Retournons à la calèche, nous rentrons au château ! »

Quelque minutes après le début du trajet, je commençais à me sentir mal, sans doute la fatigue pensais-je à l'époque. Je me levai et m'assis sur la banquette sur laquelle elle se trouvait.

« Que se passe-t-il ? » Me demanda Mère.

- Je suis fatigué... Vous permettez... »

Je me suis laissé tomber la tête sur ses genoux, et j'allongeai mes jambes sur le cuir rouge. Elle sursauta de surprise, je pense que ses sentiments devaient un peu se bousculer, son instinct maternel devait se battre avec son rôle de maître. Mais avant de m'endormir, je sentis sa main me caresser les cheveux et la joue. Cela ne m'était pas arrivé depuis des années, et je crois que, à ce moment là, j'étais heureux...



Sheik ne sut jamais que ce n'était pas le hasard qui avait fait réveiller cet enfant au pire moment possible... Car un second Sheikah s'était infiltré dans cette maison...


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