Coeur au Ventre

Chapitre 2 : I - Commence la traque

2099 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/08/2017 19:53

Beaucoup de OCs par ici, mais qu'on se rassure : nous sommes bien dans une fiction Zelda et les personnages principaux reprendront vite leurs droits.

Bonne lecture à vous.


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Chapitre 1 : Commence la traque

 

 



« Sais-tu comme ta peau sucrée m'a manqué ces derniers jours ? murmurait Albacide, capitaine de la garde armée d’Hyrule. Il enfouit son nez au creux du cou chaud et palpitant de la belle Malorie, serveuse à l'auberge du Boc dans la petite bourgade du Moulin de Forge, située au sud-ouest de la Grande Plaine.

- Hum... Veux-tu me faire croire que tes mains sont restées sages depuis nos bagatelles de la semaine dernière ? répondit la jeune femme dans un sourire de volupté, alors que ses doigts fiévreux redessinaient les contours d'un étrange tatouage en forme de losange sur le torse brûlant de son amant.

- Tu sais bien que même occupées par des conquêtes de passage, mes mains ne jurent que par la douceur de tes charmes… » susurra l'homme à la peau brune qui resserrait son étreinte autour de la taille ronde de Malorie. La jeune femme gloussa, étirant des lèvres tendres et pulpeuses comme la chair d’une mandarine.

 

Depuis quelques mois, la recrudescence des actes de rébellion face au durcissement du pouvoir en place amenait le capitaine à redoubler ses campagnes. Il parcourait régulièrement le royaume en compagnie de ses hommes, en quête d'informations sur les troupes rebelles qui se formaient çà et là sur les terres d'Hyrule, et de cet homme en vert. Aussi, lorsque ses excursions le lui permettaient, il n'était pas rare qu'il s'arrêtât à l'auberge du Boc pour savourer les faveurs généreuses de la jeune Malorie, qui ne manquait jamais de lui chauffer la couche. Albacide aimait les femmes et ne s'était jamais senti exclusif pour personne. Il avait l'avantage de jouir d'une belle allure, portée par sa silhouette élégante et vigoureuse, et sa figure émaciée aux contours harmonieux. Sa peau brune comme l'écorce de chêne témoignait de son lignage des peuples nomades. Sa chevelure épaisse et noire comme le jais lui tombait en cascade sauvage jusqu'au milieu du dos quand elle n'était pas nouée en catogan. Son apparence atypique lui conférait une aura nitescente, qui se voulait aussi séduisante qu'autoritaire, selon les humeurs. Que ce fût par son grade ou son allure, Albacide ne laissait pas indifférent. Il le savait, et cela lui convenait parfaitement. Mais de toutes les douceurs de chair qu'il avait goûtées, le parfum suave et l’allégresse de Malorie comptaient parmi ses plaisirs favoris. 

 

Alors que ses doigts avides s'attaquaient à la pénible tâche du corsage, trois coups mal assurés retentirent depuis la porte de la petite chambre poussiéreuse.

« Euh … capitaine ? Puis-je entrer ? » appela la voix timide de Fabio, un jeune soldat affecté à sa garnison.

Malorie se raidit tandis qu'Albacide, imperturbable, poursuivait son exploration audacieuse dans le corsage de la jeune femme. La réputation de celui-ci n'étant plus à faire, la plupart de ses hommes hésitait longuement avant de venir frapper à la porte d'une chambre qu'il occupait. Albacide comptait sur elle pour décourager les jeunes recrues de venir l'indisposer pour la moindre vétille. Malgré cela, il sentit les mains frêles de Malorie l'agripper fermement.

« Cide, c'est peut-être important ! signala la jeune femme en fronçant les sourcils.

- Quoi de plus important qu'une trêve chaleureuse entre tes bras, ma chère ? » murmura le coquin avec un sourire lutin qui découvrait ses dents blanches.

La jeune serveuse était sur le point de succomber quand trois autres coups, encore plus hésitants, retentirent à nouveau.

« … Capitaine ? » réitéra la voix juvénile.

Albacide soupira bruyamment et abandonna l'espoir d'une parenthèse bienheureuse.

« Entre. »

La porte s'ouvrit doucement dans un grincement plaintif, et le jeune Fabio pénétra timidement dans la petite pièce sombre.

« Capitaine … Mademoiselle, salua gauchement le soldat tandis que Malorie rajustait son corsage avec agacement. Je suis navré de vous importuner … Je sais bien que...

- Trêve de politesses, viens-en aux faits, grogna Albacide en saisissant sa chemise de lin, jetée négligemment sur le lit.

- La garde en patrouille vers l'Est nous fait savoir qu'une troupe d'insurgés a été repérée près du Bois du Tertre, bredouilla Fabio.

- Combien sont-ils ? demanda le capitaine en enfilant son vêtement.

- L'éclaireur fait mention de six hommes, capitaine. »

Albacide haussa un sourcil perplexe et lança un regard dubitatif au jeune homme qui peinait à garder contenance.

« Six ? Et c'est pour cela que tu viens frapper à ma porte ?

- C'est-à-dire que …

- L'officier Bardin est déjà sur place. J'imagine qu'il pourra contenir sans peine ce petit débordement. Maintenant laisse-nous, ordonna Albacide sans un regard pour le soldat.

- Capitaine, attendez ! coupa vivement Fabio en agitant les mains. Vous aviez demandé à ce qu'on vous informe au sujet des déplacements du chef rebelle... Il se pourrait qu'il soit avec eux. »

Le supérieur se tourna lentement vers son subalterne en dardant sur lui des yeux noirs et brûlants.

« Les hommes en patrouille ne peuvent en attester de source sûre mais...

- C'est par là que tu aurais dû commencer ! trancha sèchement le capitaine alors qu'il rassemblait ses effets de service, éparpillés partout dans la pièce. Fais seller mon cheval, je descends sur-le-champ !

- Bien capitaine. »

Et le jeune Fabio disparut sans demander son reste.

 

Malorie se précipita vers son amant pour l'aider à revêtir son équipement.

« Le chef... Penses-tu que c'est bien lui ? demanda-t-elle, inquiète, alors qu'elle resserrait le col de la broigne du capitaine.

- C'est possible, répondit-il en s'asseyant sur le lit pour chausser ses lourdes bottes. Les derniers rapports font état d'un regain d'activité des troupes rebelles dans la région, depuis quelques jours. On y parle également de cet homme en vert. C'est d'ailleurs la raison de ma venue ici.

- Les insurgés font parfois preuve d'audace mais ils s'en prennent rarement à la garde, surtout en si petit nombre.

- Ils ont pu être pris par surprise » déduisit Albacide.

Malorie observa silencieusement le capitaine resserrer ses jambières, l'air grave.

« Cide, même si Link est un combattant hors pair, il ne fera pas le poids face à toute une garnison. S'il est capturé aujourd'hui, l'espoir de la Résistance sera définitivement anéanti.

- Précisément. C'est pourquoi je dois me hâter. L'aubaine est bien trop belle pour la Couronne et mes hommes seront gonflés d'excitation, comme des chiens devant un lièvre. Il faudra une main ferme pour tenir la laisse. »


 

Enfin revêtu de son armure, le capitaine fila en direction des écuries en se repeignant brièvement la crinière avec les doigts, avant d'ajuster son heaume. Décidément, les trêves voluptueuses étaient de courtes durées ces temps-ci. Bien que dispersés et mal organisés, les rebelles donnaient du fil à retordre aux soldats de la couronne. Si la rumeur chuchotait que le Héros déchu d'Hyrule en était le chef, ce dernier restait difficilement localisable. De fait, si ses hommes pensaient l'avoir identifié dans la plaine de l'est, il devait s'y rendre sans tarder.

 

Albacide rejoignit quatre de ses hommes qui l'attendaient aux écuries. Mais alors qu'il s'apprêtait à monter son destrier déjà attelé avec soin, une voix fluette l'interpella :

« Halte là ! »

Le capitaine se tourna lentement en direction de l'appel pour y découvrir un garçonnet freluquet, campé sur le chemin boueux qui menait à la sortie du village. Il brandissait devant lui un vieux sabre dont la lame ébréchée ne devait guère trancher plus qu'un coupe-papier :

« Vous ne passerez pas ! » réitéra le garçon, le visage crispé malgré son corps grêle et frémissant comme un oisillon.

Albacide jeta un regard amusé à ses hommes qui n'avaient même pas pris la peine de sortir leur lame. Il fit quelques pas nonchalants en direction de l'enfant, la main sur le pommeau de son épée qui pendait à son côté gauche.

« Eh bien ! Que t'arrive-t-il, gamin ? Aurais-tu quelque envie suicidaire ?

- Je vous ai entendu parler du Héros ! Vous savez où il est et vous allez le poursuivre. Je ne vous laisserai pas faire ! lança le garçon sans faiblir, ses mèches brunes collées à son visage.

- Ton Héros n'est autre qu'un pilleur et un assassin qui s'est rendu coupable de trahison envers la Couronne, répondit tranquillement Albacide en plongeant ses yeux placides dans ceux, fiévreux, de l'enfançon.

- C'est pas un assassin ! Il a sauvé Hyrule de l'emprise de Ganondorf et il a rétabli la paix ! Il a sauvé mon père des agents du Crépuscule ! C'est un Héros ! Sans lui, on serait tous morts ! »

Albacide soupira bruyamment et fit signe à ses hommes de se préparer à prendre la route.

« Je n'ai pas le temps pour les enfantillages, gamin. Ecarte-toi du chemin ou tu finiras sous les sabots de mon cheval, répondit froidement le capitaine avant de se désintéresser du môme.

- Je ne vous laisserai pas passer ! » s'écria ce dernier en resserrant fébrilement ses mains sur le manche de son sabre.

Albacide se tourna de nouveau vers le garçon tremblant et dégaina lentement son épée avant de s'approcher de lui. Arrivé à sa hauteur, il croisa le fer et d'un mouvement doux, abaissa la lame de l'enfant vers le sol.

« Tu as raison fiston, Link fut un grand Héros et un guerrier exemplaire, doté d'un grand courage. Il a œuvré pour le bien de tous et a rendu sa fierté au Royaume. Mais cette époque est maintenant révolue. Ce Héros que tu admires tant est à présent un ennemi de la Couronne, et ses actes héroïques ne le placent pas au-dessus des lois. Garde le souvenir de sa bravoure passée, et ouvre les yeux sur la réalité. »

La voix du capitaine s'était faite plus douce et son regard plus clément tandis que celui du garçonnet s'emplissait de larmes.

« Vous allez le tuer... murmura l'enfant en relâchant complètement la prise sur son sabre.

- Oui, répondit simplement Albacide, sans s'émouvoir.

- … Pourquoi ?

- Parce que de tels crimes ne peuvent rester impunis.

- C'est pas lui qui fait tout ça ! Et vous le savez ! C'est facile de se déguiser et de faire croire à tout le monde qu'il est l'auteur des crimes dont vous parlez. »

Un fin sourire se dessina sur le visage bistré d'Albacide. L'espoir et la détermination qui brillaient dans les yeux du gamin le touchaient, d'une certaine façon. Il rengaina son épée et posa une main ferme sur l'épaule frissonnante du garçon.

« Comment tu t'appelles, petit ?

- Evan... répondit l'enfant d'une voix presque inaudible.

- Evan, tu es courageux et intelligent. Des qualités précieuses que tu devrais mettre au service des tiens. Les temps sont durs et ta famille aura besoin d'un homme fort comme toi. Rentre à la maison et veille bien sur elle. »

Le capitaine se redressa et rejoignit ses hommes juchés sur leurs montures impatientes.

« Faites pas ça … implora une dernière fois le jeune garçon.

- Rentre chez toi, petit. Reste auprès des tiens » réitéra Albacide en enfourchant son destrier.

La cavalerie s'élança sur le chemin dans un bruit de sabots assourdissant, soulevant des lambeaux de terre molle sur son passage. Evan, qui s'était finalement écarté de la route, regardait, impuissant, les cavaliers s'enfoncer dans l'horizon brumeux, son sabre tombant à son côté et les yeux pleins de larmes.

 

Une étrange fatigue froissa le visage du capitaine tandis que sa troupe chevauchait en hâte vers la Grande Plaine, laissant derrière elle le garçonnet sanglotant.


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