The Legend of Zelda : Le dernier Cataclysme
La chevauchée était tranquille. Link était parti il y a plusieurs heures et l’après-midi était chaude et agréable. Avant de partir, il avait bien sûr fait ses adieux à Orco mais surtout à Marine et son père. Il avait d’ailleurs toujours la flûte de pan de Marine sur lui, bien attachée à sa ceinture. Heureusement pour le jeune épéiste, cette région d’Hyrule était très propice au voyage. Les paysages s’offrant à lui étaient tout simplement idéals : un chemin large, de verte prairie et quelques parties plus boisées. Comme Orco le lui avait conseillé, Link comptait faire escale à Adeya. Ce petit village Hylien avait une auberge réputée pour sa bière et ses plats de champignons d’Hyrules. Le jeune voyageur avait d’ailleurs bien pensé à prendre sa bourse qui contenait quatre-vingt-trois rubis. Puis, voulant arriver avant la nuit, et aussi par plaisir d’être au galop, Link fit accélérer la jument.
La journée était maintenant bien entamée et Link arrivait enfin proche d’Adeya. Il s’attendait à voir des personnes aux alentours du village et entendre du bruit, mais rien n’émanait de cet endroit. Curieux, il se dépêcha d’atteindre le village. Plus Link avançait, plus il sentait de l’angoisse montée en lui. Il n’y avait rien et ce n’était pas normal. Puis, arrivé dans le village même, une vision effroyable s’offrit au jeune épéiste.
Devant lui se dressait un champ de ruines. Plusieurs maisons étaient partiellement détruites, voir même complètement brûlés. Pas loin à côté se trouvait un vieux puit totalement asséché, et les cultures avaient été ravagées. Link vit même des traces de sang séchées au sol. Mais le pire était sans aucun doute cette odeur, cette odeur écœurante et pestilentielle. Elle émanait du centre du village ! Il ne perdit pas une seconde et se précipita vers la place centrale d’Adeya. C’était une vision cauchemardesque. Au centre du village se trouvait une montagne de cadavres. Tous les villageois que l’on reconnaissait encore vaguement grâce à leurs vêtements atypiques, des hommes, des femmes, des enfants, tous morts, le visage encore tordu d’effroi.
Link descendit maladroitement de son cheval, encore choqué par cette scène d’une violence inouïe. Il glissa dans une flaque de sang, chuta et tomba nez à nez avec les restes d’une femme qui avait été gravement mutilée. S’en était trop pour Link. Il se précipita vers un fourré et vomit une bile amère. En état de choc, il resta assis de longues minutes. Puis il prit son courage à deux mains et commença son inspection du village. Il essaya de retourner sur la place, mais l’odeur forte des cadavres en décomposition lui donna plusieurs hauts de cœurs. Après s’y être pris à plusieurs reprises, il alla inspecter un des cadavres. C’était un homme d’un certaine âge, la cinquantaine ou plus peut-être. Il y avait des traces de luttes armées. Les blessures avaient été pour la plupart faites avec des épées, mais Link repéra aussi des griffures et des morsures. Ce n’étaient donc pas des humains qui avait fait ça, mais quel genre de bête sauvage tuerais pour le plaisir et ramènerais méthodiquement des cadavres au même endroit ? Link parti de la place à la recherche d’une réponse logique et de survivants. Et finalement, un peu à l’écart du village, il trouva un campement, lui aussi en ruine. Ce petit campement était constitué de trois tentes. Celles-ci étaient rouges et portaient comme emblème le sceau de la famille royale d’Hyrule. Au sol, on pouvait trouver des traces de luttes encore plus intenses : des armes, du sang, des cadavres de soldats et surtout des cadavres de monstres ! Au milieu des soldats en armures se trouvaient des bokoblins morts ! Cette créature était connue comme étant le monstre le plus commun d’Hyrule. Ils étaient de vraies petites teignes, qui avaient longtemps fait la loi en Hyrule. Mais depuis plusieurs années maintenant, les monstres étaient en infériorité numérique et vivaient le plus clair de leurs temps dans des grottes ou des bases à l’abri des regards. C’était d’ailleurs la première fois que Link voyait un vrai bokoblins. Il en profita donc pour inspecter un cadavre de cet odieux monstre. Le bokoblin qu’il inspecta était de taille moyenne, à peu près dans les 1 m 40. C’était un bipède qui avait des allures porcines : une tête plus grosse que celle d’un humain avec à la place du nez un groin, de grandes oreilles, des petits yeux bleus injectés de sang et une peau rouge très rugueuse.
Mais à part des cadavres il n’y avait rien d’autre. Link s’apprêtait à opérer un demi-tour pour trouver des survivants ailleurs quand il entendit un drôle de bruit. Cela venait de sous une tente et il s’agissait de gémissements étouffés ! Se dirigeant vers le bruit, Link trouva une tente un peu à l’écart qui s’était totalement écroulée. En relevant la toile, il trouva enfin un survivant, un soldat. Il avait une blessure assez profonde au niveau du bas-ventre et son visage était blême. Le soldat essayait d’articuler des mots, mais Link n’arrivait pas à le comprendre. Il décida donc de lui faire boire de l’eau. Après quoi le soldat dit :
« - Merci voyageur. Je suis le soldat Erick de la 1ère division des brigades anti-monstres du capitaine Hoz. »
Les brigades anti-monstres ! Elles existaient depuis maintenant longtemps, fondé à une époque où les monstres étaient plus nombreux et agressifs. Maintenant, l’utilité de ces brigades était limitée, mais on les envoyait surtout pour rassurer la population.
« - Notre brigade a été envoyé à Adeya il y a maintenant une semaine. Un monstre aurait attaqué un voyageur dans cette région. Un incident mineur comme souvent, mais hier soir nous avons été violemment attaqués. »
Même blessé et en état de choc, le soldat expliquait de manière claire. Un professionnel jusqu’au bout. Mais combien de monstres étaient-ils pour les avoir décimés ainsi ?
« - Je dirais qu’ils étaient une trentaine de monstres, très organisés. Ils ont attaqué à la faveur de la nuit. Nos veilleurs, ayant un peu trop poussé la bouteille, ne les ont vu que trop tard. La bataille a eu lieu ici même. Nous leur avons opposé une certaine résistance, mais ça n’a pas suffi. Ensuite, ils ont mis le village à sac.
- Mais quels étaient leurs objectifs ? Où sont-ils partis ?
- Ils sont juste là pour piller, tuer et saccager. Et il me semble qu’ils sont partis vers le nord. »
Le nord ! Le village de Link était en danger !
« - Tu es de Toal petit ? Les habitants de ton village courent un grave danger ! Malgré le fait que tu n’as aucune chance contre eux, j’ai envie de t’encourager à y aller. Tu as un cheval ?
- Oui.
- Et des armes. Oui, tu arriveras peut-être à temps pour les prévenir. Mais tu ne dois pas perdre une seconde ! Pars d’ici !
- Et vous ? Vous êtes gravement blessé !
- Je suis déjà fini. La blessure est profonde et pourrie à l’air libre depuis plusieurs heures. Cependant, quand ton village sera hors de danger, part prévenir des autorités compétentes. C’est une crise sans précédent, il faut faire venir l’armée pour mener une chasse aux monstres.
- Dès que Toal sera hors de danger, je foncerais au Bourg d’Hyrule et demanderais une audience au Roi s’il le faut.
- Tu as l’air fort et intelligent. Décidément, tu as peut-être une chance. Aller fonce, ne perd pas une seconde de plus ! »
Link remercia le soldat d’un signe de tête et partit en courant vers Carotte. Mais en repassant dans la place du village, il ne put réprimer un frisson d’effroi en imaginant Orco et Marine sur une pile de cadavres.
Le soldat était à nouveau seul avec ses pensées. Il éprouvait une certaine tristesse. Ce garçon risquait de voir d’autres choses horribles dans sa vie. Car au vu de la bande organisée de monstres qui avait détruit Adeya, il ne faisait aucun doute que d’autres évènements graves allaient se produire. Cela faisait presque un siècle qu’un village n’avait pas été détruit par des monstres. Peut-être était-ce le commencement d’un nouveau Grand Cataclysme. Des milliers de gens allaient mourir dans les prochaines années, et lui, Erick, un soldat brillant et expérimenter n’allait rien pouvoir faire. Il avait failli devant une bande de voyous, et n’avait pas eu la capacité de vaincre leur chef. Oui, il pensait sincèrement que sa fin était pitoyable. Mais ce garçon lui a donné de l’espoir. Il avait un grand avenir devant lui, à n’en pas douter. Il ne lui restait qu’à espérer que les guerres futures ne noircisse pas son cœur.