La Légende du Phénix Bleu [Twilight Princess]

Chapitre 34 : Sentiments enfouis

4664 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/03/2021 15:55

« Qu'est-ce qui m'est arrivé... ? Où suis-je... ? »

 

C'était à peine si Gray parvenait à aligner correctement ses pensées, tant il se sentait confus et éreinté. Alors qu'il reprenait connaissance allongé dans un lit, quelques souvenirs lui revinrent en tête: Envy qui se révélait être Gabriel... Ce dernier qui meurt de ses mains... Son combat contre Gilgamesh... Le cadavre d'Epon à ses pieds...

Bien que ce dernier fait n'était qu'une illusion du faucheur, le jeune homme n'arrivait pas, dans son état actuel, à démêler le vrai du faux.

Pour couronner le tout, alors qu'il venait d'ouvrir ses paupières, il remarqua que tout était lumineux autour de lui. Il se retrouvait dans une chambre plutôt étroite mais bien aménagée, dans laquelle les rayons du soleil traversaient une fenêtre proche, lui apportant une douce luminosité.

 

« Cette chambre... pensa l'élu de Din qui, toujours couché, balayait du regard une partie de la pièce. Elle ne m'est pas inconnue...

– Gray ? fit alors une voix masculine que le jeune homme n'avait jamais entendue auparavant. Tu es réveillé ? »

 

En tournant sa tête en direction de sa provenance, l'argenté remarqua un jeune homme aux cheveux courts blonds et coiffés en bataille, qui s'était approché de lui avant de s'asseoir sur le bord du lit, tout en posant sa main sur le visage de l'alité. Mais ce dernier s'écarta doucement en se redressant sur le matelas, à l'étonnement de l'inconnu.

 

« Hé ! Tout va bien ? lui demanda celui-ci. Tu as dormi pendant très longtemps ! J'ai même cru que tu ne te réveillerais plus jamais ! »

 

Que se passait-il ? Qui était cette personne se montrant aussi familière avec lui ? Gray le dévisagea: Il avait l'air plus jeune que lui, mais pas autant que Link ou Epon. À en juger par sa carrure semblable à celle de l'élu de Din, ce blond devait avoir une petite vingtaine, tout au plus. Toutefois, son visage qui arborait à présent un tendre sourire dégageait quelque chose de juvénile qui donnait à Gray une impression de déjà-vu. De plus, il possédait des yeux d'un bleu profond identique aux siens, ce qui accentuait encore plus la confusion chez l'argenté.

 

« On dirait que tu as vu un fantôme, plaisanta le plus jeune devant la mine abasourdie de l'autre.

– Juste... Qui es-tu ? » demanda l'homme en noir. Mais au même moment, quelqu'un frappa à la porte de la chambre et entra. La personne qui venait de pénétrer dans la pièce était un homme que Gray connaissait. D'ailleurs, il s'était figé sur place à sa vue. Ces longs cheveux dorés... Ces yeux d'un beau gris... Comment était-ce possible ?

 

« Gabriel ? » s'étonna l'alité d'une petite voix. Le concerné lui adressa alors un sourire en s'approchant de lui, visiblement soulagé. Il s'assit ensuite sur l'autre bord du lit et enlaça tendrement Gray:

 

« Mon ange... Je suis tellement heureux que tu sois enfin réveillé. Je n'y croyais plus !

– Doucement quand-même, Gaby ! fit joyeusement le plus jeune des blonds devant une telle scène. J'ai l'impression qu'il est un peu paumé après un si long sommeil. »

 

Gray était-il en train de rêver ? Gabriel était mort. Il l'avait lui-même tué ! Quant à ce garçon qui semblait les connaître tous les deux...

 

« Ne t'inquiète pas, Lyon, répliqua l'homme aux longs cheveux en souriant et en se décollant de Gray. Jamais je ne me permettrais de lui faire du mal.

– Lyon ? répéta l'argenté à l'entente de ce prénom alors qu'il semblait choqué.

– Oui, Lyon, c'est bien mon nom, affirma celui-ci en ébouriffant doucement les cheveux de l'élu de Din. Tu ne reconnais donc plus ta famille, frangin ? »

 

À cet instant précis, l'homme en noir était complètement largué. Lyon ? C'était son petit frère qui se tenait devant lui ? Et qui plus est, adulte ?

 

« Mais... fit l'argenté qui ne voulait pas y croire sur le coup. Tu étais mort en même temps que maman, papa et tous les habitants d'Orkidië... Tu n'étais encore qu'un enfant ! »

 

Les deux blonds affichèrent un air stupéfait. Ils n'avaient pas l'air de comprendre ce que l'argenté racontait.

 

« Moi ? Nos parents ? Et tous les autres ? Morts ? questionna Lyon.

– Tu as dû faire un cauchemar, mon ange, tenta de rassurer Gabriel. Notre village va bien. Tout comme nous, tes parents et les autres. D'ailleurs, ils seront tous ravis de te revoir sur pied. En particulier Nicole. »

 

Nicole... Le regard de Gray s'était perdu dans le vide à l'entente de ce prénom. C'était celui de sa mère. Et à en croire Gabriel, elle était vivante et n'attendait qu'à revoir son fils aîné.

 

« Qu'est-ce que c'est que ce bordel... » murmura l'élu de Din en se pinçant l'arête du nez. Impossible pour lui de savoir s'il était en train de rêver, ou si tout ceci était la réalité. Non. Se souvenant du royaume du Crépuscule et de la mission qu'il menait avec Link et Epon, ce qu'il lui arrivait actuellement ne pouvait pas être réel... Sauf si ce qu'il pensait être la vérité n'était en fait que le fruit de son imagination, et qu'il venait de se réveiller d'un très long rêve. Alors qu'il essayait de démêler le réalité de l'illusion, son jeune frère et son meilleur ami s'échangèrent un regard inquiet.

 

 

 

En tout cas, de là où il se trouvait, il ne pouvait pas deviner qu'au même moment, de nombreuses personnes s'inquiétaient à son sujet alors qu'il était allongé sur le lit d'une chambre du palais du Crépuscule, avec la marque rouge de Din luisant sur son épaule. Link, Impa, Midona mais également Zelda se tenaient à son chevet. La princesse d'Hyrule avait eu vent de tout ce qui s'était passé, ainsi que de l'histoire concernant les élus maudits des déesses grâce à Link et à Impa. Bien que ces deux derniers auraient préféré garder ce secret plus longtemps, face à l'urgence de la situation, ils n'avaient pas vraiment eu le choix. Ils s'étaient toutefois abstenus de mentionner le phénix bleu d'Epon.

 

« Comment va Epon de son côté ? demanda la souveraine du royaume lumineux sans lâcher Gray du regard.

– Elle va bien, répondit solennellement Impa. Grâce à Link et à la Triforce qu'il possède, elle a pu se réveiller de sa léthargie.

– Il pourrait faire pareil avec ce jeune homme ici présent. » proposa Midona avant de se tourner vers le héros vêtu de vert. Celui-ci s'était déjà approché de Gray dans l'intention de le libérer de la psysalis dans laquelle il était enfermé, comme il l'avait fait précédemment avec Epon. Mais Zelda le freina:

 

« Je vais le faire. » annonça-t-elle à l'étonnement des autres qui ne s'y attendaient pas. La suzeraine aux cheveux bruns, à l'instar de Link, était une élue des déesses et l'un des détenteurs d'une Triforce: Celle de la sagesse. Si le porteur de la relique sacrée du courage était parvenu à délivrer Epon de sa prison spirituelle, alors Zelda pouvait probablement en faire de même avec Gray.

 

« Je préfère que vous vous occupiez de l'élue de Farore dont vous m'avez parlez. Cette Leviah. Si elle est dans le même état que Gray et qu'un porteur de la Triforce peut la réveiller, autant faire d'une pierre deux coups en les sauvant tous les deux.

– Euh... fit Midona en croisant les bras, pas très convaincue par un certain détail. Zelda, je sais que tu es plutôt du genre miséricordieux, mais est-ce vraiment une bonne idée de réveiller cette folle en rouge tout de suite ? N'oublie pas qu'elle est l'une de nos ennemis. Qui sait ce qu'elle tentera de nous faire, une fois qu'elle aura repris connaissance !

– Je pense connaître la raison pour laquelle Zelda me demande de la sauver aussi, lui confia Link avant de se tourner vers la princesse d'Hyrule. Étant donné qu'elle se retrouve seule entre nos mains, autant en profiter pour lui soutirer des informations au sujet de Gilgamesh et d'Alvaro. »

 

Zelda lui adressa un léger sourire, satisfaite de voir que le blond était sur la même longueur d'onde qu'elle.

 

« Ce serait effectivement l'idéal si elle accepte de coopérer, intervint toutefois Impa, l'air pensif. Mais je vous avouerai être aussi dubitative que Dame Midona à ce sujet. »

 

L'idée de la brune ne faisait donc pas l'unanimité et beaucoup de méfiance subsistait vis à vis de Leviah. Probablement à raison. Mais l'heure n'était pas aux débats. Le temps pressait et il fallait vite sortir les élus de Din et de Farore de leurs psysalis respectives. Plus vite cette tâche serait accomplie, plus vite ils pourraient se mettre à la recherche de Gilgamesh et d'Alvaro pour les arrêter.

 

Comprenant l'urgence de la situation, Midona et Impa finirent pas approuver le plan de Zelda. Toutefois...

 

« Princesse, l'interpella Link. Pardonnez ma question qui va vous sembler étrange et brusque mais... Pourquoi ne pas me laisser m'occuper de Gray ? C'est mon ami après tout. En plus, du peu que j'ai pu voir, il ne vous porte pas vraiment dans son coeur. »

 

Tandis que la princesse twili affichait un air surpris, I'hylienne demeura silencieuse tout comme la sheikah qui avait détourné le regard en croisant ses bras.

 

« Je ne saurai pas répondre à cette question, Link, avoua la concernée en regardant l'argenté. Je veux juste l'aider, peu importe s'il m'apprécie ou non. »

 

L'oeil averti du héros d'Hyrule remarqua que sa souveraine avait serré ses poings. On pouvait ressentir une certaine détermination mêlée à un soupçon d'anxiété chez elle. S'en voulant d'avoir jeté un froid au sein du groupe, le seul homme conscient dans la pièce s'excusa pour sa maladresse. Mais Zelda ne lui en voulait pas, et comprenait même l'étonnement du blond vis à vis de sa décision de s'occuper Gray.

 

« Très bien, finit par approuver Link avec un léger sourire. Je vous laisse donc vous charger de lui. Je m'occuperai de Leviah de mon côté.

– Dans ce cas, je viens avec toi, proposa Midona. Si jamais cette folle en rouge tente quoi que ce soit au moment de son réveil, tu pourras compter sur moi pour l'assommer à nouveau ! »

 

Devant une telle idée et si la situation n'était pas aussi grave, Link aurait pu lâcher un petit rire. Il s'était contenter de sourire à son amie à la chevelure flamboyante, tout en acquiesçant par un signe affirmatif de la tête. Les deux quittèrent donc la chambre pour se diriger vers les geôles du palais, laissant Zelda et Impa seules avec Gray. La blanche se tourna vers sa princesse:

 

« Je vais être honnête avec vous, dame Zelda. Je me suis posé la même question que Link.

– Je savais que ma décision vous aurait tous surpris. Mais quelque chose me pousse à aider cet homme qui a déjà beaucoup souffert par le passé, et qui continue de souffrir aujourd'hui à cause de tous ces événements. D'autant plus que je peux comprendre son antagonisme à mon égard.

– Vous n'êtes en aucun cas responsable de ce qui est arrivé à Orkidië ou à Gray.

– Je ne suis certes pas directement la cause de tout cela. Mais je ne peux pas nier le fait que ma famille a préféré laisser ce village tomber dans l'oubli au lieu de le sauver. Je ne peux certes pas effacer les erreurs commises par mon entourage, mais si j'ai la possibilité des soigner les blessures qu'elles ont laissé, ne serait-ce qu'un peu, je veux bien m'atteler à cette tâche. »

 

Connaissant ainsi les motivations de Zelda, la sheikah afficha un léger sourire. Ses doutes s'étaient envolés suite aux explications de la souveraine. Celle-ci, jugeant qu'il était temps de passer à l'action, s'était assise sur le bord du lit alors qu'elle approchait sa main du front de Gray. Sa Triforce se mit à luire en symbiose avec le glyphe de Din présente sur l'épaule droite de Gray. Sous l'air à la fois inquiet mais confiant d'Impa, la princesse d'Hyrule utilisa sa relique sacrée pour entrer dans la psysalis de l'argenté.

 

 

 

Ce nouveau paysage face auquel Zelda faisait désormais face, était à la fois beau et dépaysant. Elle se retrouvait au milieu d'un petit village au style western, encerclé par de petites falaises qui l'isolaient du reste de ce qui semblait être le royaume d'Hyrule. La seule façon d'accéder et de sortir de ce lieu était de passer par une caverne creusée dans la roche un peu plus loin.

 

« Où suis-je ? » se demanda la princesse alors que quelques enfants s'étaient mis à courir autour d'elle sans pour autant la remarquer. Ce dernier fait étonna d'ailleurs la jeune femme. Avec sa robe royale qui détonnait du style vestimentaire varié mais simple des villageois, elle ne pouvait pas passer inaperçue. Pourtant, ni les enfants jouant à ses côtés, ni les gens à proximité ne semblaient faire attention à elle. C'était comme si personne ne la voyait.

 

« Eh bien ! s'exclama une voix de jeune fille à son adresse. D'abord le héros d'Hyrule, et maintenant la princesse de ce même royaume ! Je vais finir par croire que c'est un jour spécial, aujourd'hui ! »

 

Zelda remarqua devant elle une adolescente aux cheveux roses et toute vêtue de cette même couleur. Comme la souveraine, il était difficile pour cette mystérieuse personne de ne pas se faire remarquer dans un tel endroit. Mais aucun des habitants de ce village n'avait l'air de la voir ou de l'entendre.

 

« Que vient donc faire la princesse Zelda dans l'esprit d'un élu destiné à semer le chaos ?

– Je vois... fit son interlocutrice qui connaissait à présent l'identité de celle qui lui faisait face. Link m'a parlé d'une gardienne des psysalis. Tu es donc Alys, n'est-ce pas ?

– Très rusée, la dame ! la complimenta faussement la rose. Ceci étant dit, je ne suis pas sûre que tu sois la bienvenue dans ce lieu spirituel. Surtout que celui à qui appartient ce dernier ne t'apprécie pas beaucoup. »

 

En disant cela, elle s'était tournée vers une maison en particulier situé à une dizaine de mètres de leur position. En regardant à son tour dans cette direction, Zelda vit avec surprise Gray qui était accompagné de Gabriel et d'un jeune homme blond qu'elle ne connaissait pas. L'argenté venait de frapper à la porte de cette maison et celle-ci s'ouvrit, laissant apparaître une belle femme âgée d'une bonne trentaine d'années. Ses longs cheveux noirs lâchés et partiellement bouclées lui donnaient une certaine prestance, tandis que ses yeux bleus rappelaient étrangement ceux de Gray. Délaissant Alys, la princesse la dépassa pour se rapprocher du groupe. Gray semblait figé sur place à la vue de cette femme qui affichait un tendre sourire:

 

« Ton long sommeil m'a effacée de ta mémoire, Gray ?

– Il a réagi de la même façon avec Lyon, lui raconta Gabriel en se retenant de rire gentiment. Je pense qu'il faut lui laisser le temps de retrouver complètement ses esprits. »

 

Mais alors que l'homme aux longs cheveux dorés venait d'achever sa phrase, l'argenté s'était approchée de celle qui lui avait adressé la parole:

 

« Maman ? fit il, complètement stupéfait. C'est vraiment toi ?

– Qui veux-tu que ce soit d'autre, mon chéri ? » répliqua celle qui se révélait être sa mère et dont le sourire s'était élargi. Ni une ni deux, l'homme en noir plongea dans les bras de sa génitrice, visiblement heureux de la revoir, sous les yeux attendris de celle-ci des deux hommes qui l'accompagnaient.

 

Zelda fut légèrement bouleversée par une telle scène. Toutefois, ce n'était pas ce qui se déroulait sous ces yeux en cet instant qui la surprenait le plus, mais plutôt le fait qu'elle commençait à comprendre ce qu'était ce village.

 

« Cela te choque tant que ça de voir Orkidië ainsi ? lui demanda Alys en s'approchant d'elle avec une démarche enfantine. C'était le village dans lequel vivaient paisiblement Gray, sa famille et ses amis. Si tu te poses la question, j'ignore pourquoi cette psysalis a adopté cette forme. Mais je mettrais ma main à couper que c'est parce qu'une telle vie lui manque énormément. Tu vois les trois personnes avec qu'il se retrouve en ce moment ? »

 

La porteuse de la Triforce de la sagesse observa de nouveau le groupe. La femme s'appelait Nicole et il s'agissait de la mère de Gray. Quant au plus petit des deux blonds, c'était son frère cadet Lyon.

 

« La mère et le jeune frère de Gray sont décédés il y a plus d'une dizaine d'années suite à la tragédie qui a touché Orkidië, reprit la rose. Mais ça, tu le sais déjà, non ? Après tout, la famille royale d'Hyrule n'a même pas cherché à défendre ou à reconstruire ce village qui n'avait rien demandé à personne. »

 

La brune fronça les sourcils, légèrement irritée d'entendre quelqu'un médire sa famille de la sorte, d'autant plus que celle-ci n'existait plus aujourd'hui. Néanmoins, avant de répliquer quoi que ce soit, elle préféra laisser finir la gardienne:

 

« Quant à l'homme aux longs cheveux, Gabriel, savais-tu qu'il s'agissait en réalité d'un monstre démoniaque nommé Envy ? Savais-tu aussi que Gray a été obligé de le tuer lui-même ?

– Je sais tout cela. » répondit Zelda qui faisait preuve de beaucoup de calme mais qui était de plus en plus troublée parce ce qui se déroulait autour d'elle. Le paysage s'était tout à coup assombri, et plusieurs maisons commencèrent à prendre feu. Au même moment, une multitude de monstres en tous genres se mirent à pousser des cris tout en envahissant Orkidië.

 

« Oh ? s'étonna Alys sans pour autant perdre son sourire espiègle. Autant pour moi ! J'ai plutôt l'impression que Gray est en train de revivre d'une certaine manière le jour du massacre de son village natal ! »

 

C'est avec un air horrifié que Zelda observait le triste spectacle qui se déroulait sous ses yeux: Alors que quasiment toutes les habitations étaient en flammes, les créatures maléfiques massacraient un par un et sans pitié les villageois. Homme, femmes, enfants, vieillards... Ils n'épargnaient personne. Les enfants qui s'amusaient autour de la princesse quelques minutes plutôt avaient été abattus, et chacun d'entre eux gisaient sur le sol sans vie.

 

« Déesses... » pensa la brune après s'être vivement tournée en direction de Gray et de son entourage. Tandis que Lyon et Gabriel se trouvaient au sol, chacun gisant dans une flaque de sang, un bulblin venait d'embrocher Nicole au niveau du ventre, alors qu'elle tendait sa main en direction de son fils aîné:

 

« Va-t-en... Ne... les laisse pas te tuer... »

 

Des larmes de tristesse et de colère étaient visibles sur les joues de l'élu de Din alors qu'il s'était précipité vers le monstre qui avait donné le coup de grâce à sa génitrice. Il prit ensuite la créature à la peau verdâtre par les épaules pour la renverser au sol. Puis, il saisit une planche en bois brûlant à moitié qui se trouvait non loin de lui, et frappa le bulblin avec à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il succombe. Une fois cela fait, il se précipita vers Nicole qui venait tout juste de s'effondrer par terre sans vie, non loin de Lyon et de Gabriel qui semblaient dans le même état qu'elle. En voyant, ou plutôt en revoyant Orkidië se faire détruire de cette façon, l'argenté tomba à genoux, laissant couler encore plus ses larmes.

 

« Gray... murmura Zelda en s'approchant de lui, attristée par un spectacle pareil.

– Alors princesse, l'appela Alys qui n'avait pas disparue et qui semblait prendre un malin plaisir à tourmenter la souveraine. Qu'est-ce que ça fait de voir le massacre du village que tu as abandonné ?

– Je n'ai rien à voir avec les décisions prises par ma famille !

– Intéressant... fit la gardienne devant une telle réponse. Mais dans ce cas, puis-je te demander pourquoi tu n'as rien fait pour rebâtir ce village ? Tu connaissais pourtant son existence et son histoire, même si tu n'es pas la responsable de sa disparition. »

 

La brune serra ses poings, frustrée. En vérité, la question de la rose méritait d'être posée. D'ailleurs, Zelda avait la réponse. Mais pour une raison qu'elle ignorait elle-même, elle ne souhaitait pas révéler la raison pour laquelle Orkidië avait été laissé à l'abandon après son massacre.

C'est alors qu'une voix féminine se mit à raisonner, à l'étonnement de la princesse mais également de la gardienne.

 

« Gray... Pourquoi es-tu le seul a avoir survécu ? »

 

Les yeux de tous se tournèrent de concert vers le cadavre de Nicole qui observait Gray. Celui-ci écarquilla les yeux de stupéfaction.

 

« Quoi... ? demanda-t-il d'une petite voix qui trahissait sa peine et son incompréhension.

– Tu aurais dû mourir avec nous... continua sa mère. Tu aurais dû disparaître en même temps que notre village. »

 

Que se passait-il ? C'était la question que Gray et Zelda se posaient face à la tournure des événements. Même Alys semblait étonnée par cette affaire.

 

« Si je m'attendais ça cela ! rigola-t-elle. L'esprit de ce type est tellement tourmenté que même sa psysalis est complètement confuse !

– Qu'est-ce que tu veux dire par là ? lui demanda Zelda en fronçant les sourcils.

– Hum... fit la rose en prenant un air à la fois pensif et moqueur. Et si je n'ai pas envie de te le dire ? »

 

La suzeraine d'Hyrule s'avança alors de quelques pas vers elle et la regarda froidement:

 

« Parle. Maintenant ! »

 

Deux mots précis, prononcés d'une voix grave et menaçante. Bien qu'elle n'était pas armée en cet instant, et même si elle ne connaissait quasiment rien d'Alys, la princesse était prête à lui faire avouer les informations qu'elle cachait de gré ou de force.

 

« Tu penses réellement pouvoir faire quoi que ce soit face à moi, juste parce que les déesses t'ont gentiment offert une Triforce ?

– C'est exactement ce que je pense ! » répondit sans hésitation Zelda, dont la Triforce de la sagesse luisait sur le dos de sa main. La rose avait envie de rire face au répondant dont faisant preuve son interlocutrice. Mais une voix, masculine cette fois, se fit entendre:

 

« Frangin... Je ne voulais pas mourir... »

 

Tout comme le cadavre de Nicole, celui de Lyon avait bougé et s'était même redressé pour parler à son aîné:

 

« C'est pas juste... Pourquoi je suis celui qui meurt ? Pourquoi ce n'était pas toi ? »

 

Terrorisé parce qui se déroulait devant lui, Gray se releva soudainement et recula de quelques pas:

 

« Je... J'ai essayé de vous sauver...

– Alors pourquoi m'as-tu tué, mon ange ? »

 

Comme si tout cela ne suffisait pas, c'était au tour du corps de Gabriel de mouvoir et de s'adresser à l'argenté.

 

« Je t'adorais... murmura l'homme aux longs cheveux blonds alors que des larmes perlaient ses yeux. Et tu me tues de façon aussi atroce ?

– Non ! Je... balbutia l'élu de Din qui ne savait pas comment réagir devant de tels propos de la part de ses défunts proches. Je ne voulais pas te tuer, Gaby !

– Il semblerait qu'au plus profond de lui-même, ce cher Gray trouve injuste le fait d'être le seul survivant de tout ce carnage, parla Alys à l'adresse de Zelda. Et il pense que son entourage perdu lui en veut terriblement par rapport à cela. Bien sûr, rien de tout cela n'est de sa faute ! Malheureusement, cette tragédie l'a marqué à jamais. Et visiblement, la mort de Gabriel a empiré la chose. Tous ces sentiments négatifs se sont mélangés et ont donné forme à cette psysalis particulière. Je ne peux pas vraiment y faire grand-chose mais c'est divertissant à voir. Tu ne trouves pas ? »

 

Zelda observait son homologue féminin d'un air outré, avant de se tourner vers Gray en serrant à nouveau ses poings. Elle se sentait impuissante en cet instant. Si seulement elle avait le pouvoir de retourner dans le passé pour empêcher ce massacre... Si seulement elle avait su que Gabriel et Envy n'étaient qu'une seule et même personne... L'argenté avait injustement souffert et la famille de Zelda était indirectement responsable de sa douleur.

 

« Sa souffrance te divertit peut-être Alys... parla le souveraine qui en avait assez de tout cela. Mais il est temps qu'elle s'arrête. »

 

À l'étonnement de la gardienne des psysalis, Zelda s'était approchée de Gray qui ne bougeait plus et ne lâchait pas ses proches du regard. Puis, lentement, elle posa sa main sur l'épaule du jeune homme en lui murmurant:

 

« Je suis vraiment désolée pour tout ce que tu as dû endurer à cause de ma famille... »

 

Alors que sa Triforce luisait en même temps que la marque divine de l'élu de Din, l'environnement changea autour d'eux. Au Palais du Crépuscule, la princesse d'Hyrule reprit connaissance sous les yeux inquiets d'Impa.

 

« Dame Zelda ! Vous revenez enfin à vous ! »

 

La blanche remarqua également que Gray s'était réveillé et redressé sur son lit, l'air choqué. À l'instar d'Epon lorsque Link l'avait sortie de sa psysalis, le jeune homme était complètement secoué par ce qu'il venait de vivre.

 

« Gray ? hésita la sheikah en s'approchant de lui. Tu vas bien ? »

 

Le concerné la regarda un instant, l'air ébahi, mais hocha néanmoins la tête pour répondre de façon affirmative. Toutefois, lorsque ses yeux se posèrent sur Zelda, son ahurissement s'agrandit: La princesse pleurait en silence tandis qu'elle avait détourné le regard du jeune homme et de sa soldate.

 

« Princesse ? s'étonna cette dernière qui ne voulait pas y croire.

– Je vais bien... Ne vous en faites pas. »

 

La brune avait balayé ses larmes d'un revers de la main, mais s'obstinait à ne pas regarder les deux autres personnes présentes dans cette même chambre. Si Impa se disait que c'était probablement la psysalis qui lui avait fait un choc, Gray, de son côté, s'interrogeait à la fois sur ce qu'il venait de vivre dans son esprit et sur la raison pour laquelle Zelda se trouvait dans un tel état.



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