Unité Spéciale

Chapitre 6 : Trahison

2835 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:13

Vilena, Golfe du Mexique.

Munroe se tenait dans son bureau face à Garza. Il ouvrit son ordinateur portable et lui montra la vidéo de la caméra de sécurité.

- Expliquez-moi comment deux tueurs professionnels reconnus ont pu entrer sur l'île, tuer à eux seuls quarante et un soldats et réussir à filer sans être inquiétés le moins du monde. Non, ne me répondez pas Général. Ils ont bénéficié d'aide bien sûr. Et pas n'importe laquelle, celle de la seule fille du coin qui veut que son père et ses acolytes meurent. Visiblement les parasites de cette compagnie de tueur l'ont atteinte et je peux même vous dire comment.

Il appuya sur une autre touche et Alex apparut à l'écran.

- Cette jeune femme qui a l'air si inoffensive est la fille d'un des deux tueurs et je peux vous assurer qu'elle est loin d'être un ange. Elle a vécu sous le toit de votre fille pendant un mois et à tuer un de vos hommes et blesser un autre gravement. Heureusement que Paine a réussi à attraper cette nana. Nous la détenons et nous allons nous servir d'elle pour que son père revienne sur l'île. Elle a semé la confusion dans l'esprit de votre peuple. Votre fille, Garza, a aidé nos ennemis à nous atteindre. C'est tragique. Il va falloir que vous preniez des dispositions.

- On ne tue pas sa famille, dit Garza.

Le Général quitta le bureau et claqua la porte derrière lui. Munroe fit signe à un de ses sbires de faire entrer l'homme qui voulait les voir. Jensen pénétra dans le bureau.

- Je dois vous dire que je ne suis pas rassuré de parler affaire avec un géant armé jusqu'aux dents, lui dit Munroe.

- Je connais le groupe que vous recherchez. J'en ai fait parti. Je sais où ils sont.

- Pourquoi vous les trahissez ?

- Querelle d'amoureux.

- Cinquante comme c'était prévu.

- Non mec. Je vous ai dit cent mille direct dans ma poche.

Paine, l'un des deux sbires de Munroe, pointa son arme sur Jensen.

- Calme toi, Paine. Nous avons besoin de lui.

- Je veux le descendre.

- Baisse ton arme tout de suite, lui hurla Munroe.

 

 

Portland, Oregon.

Ils étaient tous assis autour de la table. Barney avait éteint les lumières et à l'aide d'un projecteur leur faisait un topo de l'affaire.

- Ce type Chapelle est un membre de la CIA.

- Donc on bosserait pour l'Agence ? demanda Yang.

- Nous avons été engagé pour nous débarrasser de Garza mais je pense que la principale cible c'est ce type : James Munroe. C'est un ancien de l'Agence. Mais, il a été appâté par le gain donc il s'est associé avec le Général pour contrôler le marché de la drogue. La CIA ne peut pas se permettre d'envoyer les ressources officielles pour mettre fin à cette affaire donc c'est pour ça qu'ils ont fait appel à nous. On le liquide ni vu ni connu.

- Et après, l'Agence nous fait éliminer, répliqua Christmas.

- On ne manquera à personne, dit Barney.

- C'est toujours cinq millions ? demanda Yang.

- Tu n'auras jamais le temps de les dépenser. Je vais dire à Chapelle que je résilie le contrat.

Caesar et Toll se regardaient sans rien dire. Christmas rongeait son frein.

- Ça vous paraît correct si on refuse cette mission.

- Et Alex ? Demanda Christmas.

- Je pars la récupérer. Seul.

Ils se mirent tous à protester. Barney n'écouta aucune de leur protestation. Christmas quitta la pièce et ils entendirent sa moto démarrer.

- Qu'est-ce qu'il a ? demanda-t-il aux trois autres.

Aucun ne répondit et ils quittèrent tous la pièce sans un regard pour leur chef. Eux aussi appréciaient Alex et ils voulaient l'aider. Ils n'allaient pas laisser leur chef y retourner tout seul.

 

 

 

Christmas avait besoin de réfléchir. Il devait repartir là-bas. Il ne pouvait pas la laisser. Il roulait vite à travers les rues ne faisant pas attention au code de la route. Il se rendit compte qu'il se retrouvait dans la rue d'une de ses ex, Lacy. Il arrêta sa moto devant la maison. Ça faisait deux mois qu'il ne l'avait pas revu. Il n'en avait pas eu envie. Il y a deux mois, il était rentré de mission et était parti la rejoindre aussitôt. Elle l'avait accueilli en petite tenue, enfin, il avait cru que c'était pour lui. En fait, elle était avec un autre type. Elle lui avait balancé qu'il n'était jamais là en six mois de relation et qu'elle ne savait même pas quel boulot il faisait. Il était reparti sans un regard en arrière. Il avait enfourché sa moto et était reparti chez Tool. Alex était là ce soir-là. Elle sortait de son boulot et s'était arrêtée pour boire une bière avec l'équipe qu'elle considérait comme sa famille. Il s'installa près d'elle à table et il la regarda rire avec Toll et Yang. Il ne pensait pas à elle en des termes intimes. Il la considérait seulement comme la fille du chef. Il ne pouvait rien avoir entre eux alors il ne se posait pas de question sur elle. Elle se leva, en saluant tout le monde. Elle sortit et revint quelques instants plus tard. Sa voiture était en panne. Barney lui prit les clés et lui dit qu'il la regarderait demain. Il demanda à Christmas de raccompagner sa fille. Il se leva et entendit les protestations de la jeune femme. Elle n'aimait pas les motos, ça la rendait nerveuse. Il démarra et elle grimpa derrière lui. Il la sentit se cramponner à lui. Les autres se mirent à rire en la voyant aussi stresser. Il accéléra et elle se mit à hurler dans son casque. Il sentit ses mains sur sa peau nue. Elle entourait de ses bras son ventre. Il se mit à rouler doucement au début et puis plus rapidement. Plus il roulait vite, plus elle se collait à lui. Et il se rendit compte que ce contact lui plaisait. Il devinait dans son dos, les courbes sensuelles de la jeune femme. Il s'arrêta le long du trottoir sans arrêter le moteur. Elle descendit tout en retirant son casque. Ses longs cheveux noirs cascadèrent sur ses épaules. Il retira le sien aussi et ils se regardèrent.

- Désolée de t'avoir agrippé comme ça. Je flippe un peu en moto, rit-elle.

Assis sur sa moto, il l'attira à lui et l'embrassa. Il s'attendait à se prendre une gifle mais elle lui rendit son baiser. Elle s'était détachée de lui et plongea ses yeux noirs dans les siens. Il avait coupé le contact et s'était levé. Elle lui avait pris la main et l'avait conduit jusqu'à la porte d'entrée. Ils étaient rentrés et s'étaient encore embrassés. Il l'avait plaqué contre la porte. Ils n'avaient même pas atteint la chambre. Ils avaient fait l'amour contre la porte d'entrée avant de recommencer sur le sol du salon. Il était reparti au milieu de la nuit, heureux. Et depuis cette fameuse soirée, ils se voyaient en cachette ne voulant pas dire à Barney qu'ils se fréquentaient. Ils étaient heureux de leur vie telle qu'elle était. Ils ne s'étaient pas jurés fidélité et amour éternel mais ne se préoccupaient seulement de l'instant présent. Il redémarra sa moto et prit la direction de chez lui. Mais aujourd'hui, il avait envie de se stabiliser avec la jeune femme. La savoir en danger lui avait fait comprendre une chose essentielle. Elle ne le rendait pas seulement dingue. Il en était fou amoureux.

 

 

Vilena, Golfe du Mexique.

Garza était descendu dans les rues avec ses hommes. Ils tiraient en l'air et procédaient à des arrestations et à des tabassages. Ils alignèrent des hommes de tout âge le long d'un mur. Munroe fouillait la maison de Sandra. Il découvrit les dessins qu'elle réalisait. Il arracha l'un d'eux et ressortit de la maison. Il le balança au visage de Garza.

- Votre fille peint également. Je comprends mieux comment elle a pu entrer en contact avec eux quand on sait que leur base se situe dans un salon de tatouage.

Garza, les mâchoires serrées, le regarda s'éloigner avec Paine. Il entendait les hommes pleurer. Il fit signe à ces hommes de faire feu. Il regarda les corps tomber sur le sol. Il ne prenait plus de plaisir à faire régner un tel climat de peur. Ses hommes ramassèrent les corps et les entassèrent les uns sur les autres avant d'y mettre le feu avec leurs papiers de propagande.

 

 

Portland, Oregon.

Tool peignait une rose sur la guitare qu'il venait de s'acheter. Il vit dans le miroir la silhouette de Barney.

- Tu ne dors toujours pas ?

- Non. Ta copine Cheyenne ça va ?

- Une de perdue, dix de retrouver, rit Tool. Tu n'es pas venu me parler de Cheyenne.

Il entendit son ami rire derrière lui.

- Je suis inquiet pour Alex ? Et j'ai l'impression de m'être mis les hommes à dos. Mais, je ne peux pas leur demander de risquer leur peaux pour sauver ma fille.

- Tu as oublié une chose essentielle. Tout le monde aime Alexa. Elle est la fille, la sœur de chacun des membres des Expendables.

- Je me fais vieux, rit Barney.

Il entendit son ami s'asseoir et décapsuler une bière.

- Il y avait une fille sur cette île qui a aidé Alex.

- Il y a toujours une fille dans l'histoire, rit Tool.

- Son père est le Général Garza et pourtant elle nous a aidé. Elle a refusé de nous suivre alors qu'elle savait ce qu'elle risquait à rester sur l'île. J'aimerais me sortir ça de la tête mais je n'y arrive pas.

- Tu te rappelles de notre escapade en Bosnie où on a tué le méchant serbe qui tyrannisait le village. Nos équipiers tombaient comme des mouches autour de nous. Je me demande encore comment on a fait pour s'en tirer vivant. Quand je suis rentré, je me suis soûlé à la vodka sur le port. J'ai vu cette femme sur le ponton qui passait de l'autre côté de la balustrade. Je l'ai regardé dans les yeux, je savais ce qu'elle avait l'intention de faire. Tu sais ce que j'ai fait. J'ai continué mon chemin jusqu'à ce que j'entende le plouf, signe qu'elle avait sauté. Avec tous les hommes que j'ai tué, j'aurais pu sauver une vie et je ne m'en suis même pas donné la peine. Je me dis les soirs où je suis seul, que si je l'avais sauvé j'aurais peut-être sauvé un peu de mon âme avec.

Barney ressentait la même chose que lui. Il avait l'impression de perdre de son âme à chaque mission. Les gens sauvés ne compensaient pas tous les innocents morts par dommages collatéraux.

 

 

Vilena, Golfe du Mexique.

Le camion militaire s'arrêta devant le palais du Général. Munroe fumait un cigare devant la porte. Il regarda les militaires descendre Sandra, menottée et dont les vêtements avaient été déchirés. Il s'approcha d'elle et écarta ses cheveux pour bien regarder le visage de la jeune femme. Il vit qu'elle retenait ses larmes. Il arracha d'un coup sec le petit pendentif qu'elle portait autour du cou.

- Un homme très sage m'a dit un jour qu'un homme, un vrai, ne frappe jamais une femme. Tu la bouscules un peu si nécessaire mais ne la frappe jamais. J'ai été élevé de cette manière. Par contre, cet homme ne partage pas mon point de vue, dit-il en indiquant Paine qui souriait à Sandra. Il l'a prouvé sur ton amie. Alors la question est simple, les américains vont-ils revenir ?

Une bouteille de whisky vint s'écraser à leurs pieds. Garza était complètement saoul. Il se pencha par la fenêtre et hurla en espagnol sur sa fille.

- Tu veux que je me fasse tuer ?

- Tu dois payer pour tous les gens que tu as tué ou fais tuer, lui cracha-t-elle. Pourquoi tu ne me tues pas comme tu as tué les autres ? Assassin.

Paine s'approcha d'elle et lui colla un coup de poing en pleine figure. Elle s'écroula, inconsciente. Garza regarda l'homme ramasser sa fille et la jeter sur son épaule. Il vit du sang couler le long du nez de Sandra. Paine l'emmena dans une salle où l'attendait son acolyte, Sparks. Alex était allongée sur une table en bois. Les pieds et les mains ligotés. Il assis rudement Sandra sur une chaise à côté. Elle commençait à reprendre ses esprits. Elle se mit à hurler quand elle vit dans quel état était son amie. Ils l'avaient frappé et à moitié dénudé comme elle. Du sang coulait d'une plaie qu'elle avait au front. Sparks mit la tête d'Alex en arrière au-dessus d'une bassine. Il lui posa un linge sur le nez et la bouche et Paine commença à vider une cruche dessus. Munroe regardait la torture debout à côté de la table en buvant son café. Sandra essayait de se libérer pour venir en aide à son amie qui se faisait torturer sous ses yeux. Paine arrêta de renverser l'eau et retira le linge humide. Alex régurgita de l'eau en toussant. Il lui redressa la tête pour qu'elle en recrache un peu plus.

- Vont-ils revenir ? redemanda Munroe.

Sandra ne répondit pas. Il fit signe à ses hommes de recommencer. Ils remirent Alex en position et recommencèrent à vider de l'eau sur son visage. Elle l'entendait tousser en luttant pour ne pas avaler l'eau. Elle devait se taire et ne pas dire ce qu'elle savait. Elle sentit les larmes lui piquer les yeux et les premières gouttes glissèrent sur ses joues. Elle ferma les yeux pour ne plus voir cette scène de torture.

Laisser un commentaire ?