Expendables
Portland, Oregon
Alex s'était réveillée complètement courbaturée, étirant un à un ses muscles pour les détendre. Elle descendit dans la cuisine et attrapa la boîte d'aspirine que son père avait laissé pour elle. Un petit mot était glissé en dessous. En le lisant, elle se rendit compte que la nuit était tombée au dehors. Son père l'invitait à les rejoindre au bar pour fêter comme il se doit leur retour au bercail. Une partie d'elle voulait remonter et regagner son lit au plus vite et l'autre partie avait envie de tout raconter toute son aventure à sa meilleure amie. Elle partit sur sa deuxième idée. Elle irait rejoindre l'équipe plus tard de toute manière, ils allaient y rester toute la nuit. Alors si elle manquait, un morceau de la soirée cela ne se verrait pas plus que cela. Elle passa sous la douche. L'eau chaude lui faisait un bien fou, finissant de détendre ses muscles endoloris. Elle regarda par la fenêtre et ne vit pas la voiture de son amie dans l'allée de sa maison. Bizarre. Elle allait quitter la maison quand elle entendit un coup de klaxon. Puis un deuxième. Elle se mit à rire et se précipita dehors. C'était du Trish tout craché de s'annoncer de cette façon. Elles se sautèrent dans les bras, heureuses enfin de se retrouver.
- Caesar m'a dit que tu étais revenue ?
- Caesar ? Tu es en contact avec Caesar ?
Trish se mit à rougir violemment. Son amie était partie depuis un peu plus d'un mois et n'avait pas suivi radio ragot. Trisha se mit à tout lui expliquer de A à Z. Sa relation avec Caesar en premier. Alex la regardait, médusée. Elle n'en revenait pas que son amie s'était mis en couple avec le grand black baraqué de l'équipe. Mais, d'un côté, cela ne l'a surprenait pas plus que cela non plus. Comme on dit, les opposés s'attirent. Trish enchaîna avec le chagrin de Barney.
- Franchement, tu n'aurais jamais dû partir de cette façon. Ton père a été trente sixième dessous. Il avait atteint un stade de dépression encore pire que celui de ma mère.
- Impossible. Ta mère bat tous les records, s'exclama Alex.
Les deux filles se mirent à rire. C'est vrai que la mère de Trish était réputée pour être dans une déprime continuelle. Rien ne l'a rendait heureuse. Elle ne sortait plus de chez depuis plusieurs années. Trish continua à énumérer toutes les choses qu'Alex avait raté. Et, il y en avait un bon paquet. Elle prit une pause et se tourna vers son amie. Elle avait une chose importante à lui dire. Une chose qu'elle avait apprise de Tool et elle savait que son amie n'était pas au courant.
- Christmas s'en va.
Alex regarda son amie, sans comprendre. Elle retournait la phrase dans sa tête encore et encore. Il ne pouvait pas partir. Il l'avait embrassé. Il ne pouvait pas partir après ça. Elle se redressa et courut jusqu'à sa voiture. Trish la vit débouler de l'allée et foncer sur la route. Elle espérait que son amie puisse arriver à temps.
Une voiture, tous phares éteints, était garée dans la rue un peu en retrait de la maison d'Alex. La silhouette ne quittait pas la jeune femme des yeux. Elle était stationnée là depuis le matin. Personne n'avait fait attention à cette voiture et à la personne à l'intérieur. Une voiture banale. Dans un quartier banal. Elle vit Alex grimper dans sa voiture et partir sur les chapeaux de roues. Elle décida de la suivre.
Barney buvait bière sur bière. Il n'était pas au courant du départ de Christmas. Il le saurait bien assez tôt. Il avait prévu de le lui annoncer après être parti. Tranquillement, installé dans l'avion qui le mènerait chez lui. Tool était le seul à le savoir. Il avait tenté de le faire changer d'avis à plusieurs reprises. Mais, Christmas savait qu'il ne pouvait plus rester. Barney avait été clair sur ce sujet. A aucun moment, son chef n'avait émis un changement d'opinion sur le fait qu'il devait rester. Les choses avaient été dites. Barney n'accepterait jamais sa relation avec la jeune femme. Si relation il y avait bien sûr. Deux baisers échangés étaient loin de mettre les bases d'une relation. Et le deuxième baiser n'en étaient pas vraiment un. Christmas posa sa pinte et se leva. Il était temps de finir ses bagages. Il salua tout le monde et avant de quitter le bar, il se retourna pour les observer une dernière fois. Ils allaient vraiment lui manquer.
Alex roulait vite. Très vite. En vue de l'immeuble de Christmas, elle freina brutalement et se gara à l'arrache. Une roue à moitié sur le trottoir. Maintenant, qu'elle était arrivée à destination, elle fut prise d'un doute. Mais que faisait-elle là ? Si il voulait partir, qu'il parte. Elle n'était rien pour lui. Elle n'avait aucun droit sur lui. Pour qui elle se prenait de décider à sa place. Elle allait redémarrer quand elle vit la moto passée près de sa voiture et pénétrer dans le parking souterrain. Sa colère était revenue d'un coup. Elle n'allait pas le laisser partir comme un voleur. C'était hors de question. Elle sortit de sa voiture, claqua la portière et courut jusqu'à l'entrée de l'immeuble. Un gardien était posté derrière le comptoir. Il la regarda, en souriant.
- Je peux vous aider, Mademoiselle ?
- Je souhaiterais voir Lee Christmas.
- Il faut l'autorisation de Monsieur Christmas ou la clé pour accéder à son étage privé.
Alex accusa le coup. Un étage privé. Une clé ou une autorisation. Elle n'avait rien de tout ça. Elle allait faire demi-tour lorsqu'une idée germa dans son esprit.
- Vous allez me prendre pour une folle mais je dois absolument le voir. Mais, il ne doit pas savoir que c'est moi. Pouvez-vous m'aider ?
Le gardien l'observa du coin de l'œil. Joli brin de fille. Elle le regardait avec des yeux suppliants. Aucune fille n'avait jamais demandé à voir Monsieur Christmas. Aucune n'était jamais venue d'ailleurs. Il était toujours seul. Il ne pensait pas que cette fille puisse causer le moindre problème à l'immeuble.
- Je dois faire quoi ? répondit-il, en soupirant.
- Vous appelez son appartement. Et, vous lui dites que Barney Ross souhaiterait monter.
Le gardien prit son téléphone et appela l'appartement de Christmas. Il lui répéta ce que la jeune femme lui avait dicté. Il leva un pouce en raccrochant. Il passa une clé à la jeune femme et lui expliqua le mode de fonctionnement. Les portes se refermèrent. Elle inséra la clé et appuya sur le bouton du dernier étage. La petite musique d'ascenseur lui tapait sur les nerfs. Elle tapotait du bout des doigts sur son jeans à bout de patience. Les portes s'ouvrirent sur les valises empilées près de l'ascenseur.
Christmas ne s'attendait pas du tout à avoir la visite de Barney. Pas ce soir. Il n'était jamais venu chez lui jusqu'à maintenant alors pourquoi aujourd'hui s'était-il donné cette peine ? Il voulait le retenir ? C'était trop tard pour cela. Le bruit de l'ascenseur arrivant le tira de ses pensées. Il se dirigea vers l'entrée. Alex, les bras croisés, le foudroyait du regard.
- Tu allais partir comme ça ? lui lança-t-elle.
Elle s'avança vers lui et le gifla. Une bonne claque avec toute la colère dont elle était capable à ce moment-là. Il posa son sac et la regarda à son tour, l'œil noir.
- Je ne savais pas qu'il fallait que je te fasse un rapport de mes moindres faits et gestes. A preuve du contraire, c'est ton père mon employeur. Pas toi.
Elle accusa le coup et fit demi-tour. Elle appuya sur le bouton de l'ascenseur.
- Je n'aurais pas dû venir. Je voulais seulement voir si tout cela était vrai. Tu pars comme ça ? Sans un au revoir. Sans un regard pour ceux qui restent.
- Je t'ai dit au revoir à Vilena, murmura-t-il, à son oreille.
Elle ne s'était pas aperçu qu'il s'était rapprochée d'elle. Prise dans la tourmente de ses sentiments, elle avait baissé sa garde.
- Alors dis-moi vraiment au revoir cette fois-ci, murmura-t-elle à son tour.
Christmas prit possession de ses lèvres. Ses mains parcoururent le corps de la jeune femme. Il lui dégrafa son jeans qui glissa le long de ses jambes. Il passa ses mains le long de ses fesses et, ses doigts glissèrent sous l'élastique de la culotte. Il l'appuya contre le mur. Elle passa ses mains sous son tee-shirt et de ses ongles lui griffa doucement le dos. Il retira son haut et le jeta en travers de la pièce. Il la porta jusqu'au lit tout en défaisant son soutien-gorge d'une main qui glissa au sol. Ses jambes entouraient la taille de son compagnon. Elle défit la ceinture du pantalon et se battit un instant avec les boutons du jeans. Il la déposa sur le lit et retira son pantalon devenu gênant. S'allongeant sur elle, il reprit possession de sa bouche. Leurs langues se frôlaient doucement. Tendrement. Il lui retira sa culotte et s'insinua doucement en elle, tout en plongeant ses yeux dans les siens. Il l'entendit gémir faiblement contre son oreille. Il savait qu'il n'aurait pas dû. Pas elle. Pas la fille de son chef. La tentation était trop présente. Il ne pouvait pas partir sans l'avoir possédé une fois. Il en était littéralement dingue. Il sentait ses ongles rentrer dans la peau de son dos. Ses jambes enserrant sa taille, elle gémissait à chaque coup de reins. Il allait de plus en plus vite. De plus en plus fort. Se sentant au bord de l'orgasme, il explosa en elle, déversant sa semence chaude au creux de son ventre. Il rouvrit les yeux et la vit, sous lui, comblée. Il se retira doucement et s'allongea près d'elle. Il la prit dans ses bras et lui déposa un léger baiser sur le haut du front. Elle soupira d'aise en fermant les yeux. Il rabattit la couette sur leurs deux corps nus.
Tool vit Trisha passée la porte du bar. Elle lui fit un clin d'œil complice et sut que la jeune femme avait divulgué le secret sur le départ de Christmas. Il espérait juste que sa nièce avait eu le temps de dire au revoir à celui qu'elle aimait. Et qui sait peut-être que tout redeviendrait à la normale après cela. Il avait vu les regards de Christmas. Il connaissait ses regards qui en disaient longs sur les sentiments. Derrière son bar, il en voyait tous les jours. Des couples qui se font. Des couples qui se défont. Mais, il savait qu'entre Christmas et Alex s'étaient bien plus profonds. Le vrai coup de foudre. Celui qui n'existe qu'une fois dans la vie. Celui qui unit deux âmes soeurs. Il aurait préféré comme Barney que sa nièce s'amourache d'un autre mais le cœur a ses raisons, que la raison ignore. Son frère serait bien obligé de se faire une raison et Alex ne pourra pas laisser filer l'homme qu'elle aimait. Il observa Trish, assise sur les genoux de Caesar. Elle aussi avait enfin trouvé quelqu'un à aimer et qui l'aimait tout autant en retour. Il était peut-être temps pour lui et Barney de se trouver également quelqu'un à aimer. Alex était grande maintenant. Elle serait peut-être même heureuse que son oncle et son père trouvent l'amour à leur tour.
Il contempla son corps nu lorsqu'elle se leva. Elle était magnifique. Il ressentit une nouvelle poussée de désir pour elle. Elle se tourna vers lui avec un petit sourire coquin. Il se leva et entoura sa taille de ses bras. Il l'embrassa dans le cou. Elle sentait son sexe durcir contre ses cuisses. Elle se retourna pour lui faire face. Il l'embrassa en la plaqua contre la fenêtre. Il la porta d'une main sous les fesses et la pénétra. Ils firent l'amour plus doucement cette fois. Plus passionnément. Plus longuement. Il la porta jusqu'au lit où ils s'écroulèrent, épuisés.
La voiture était toujours stationnée devant l'immeuble de Christmas. La personne à l'intérieur tapotait doucement de ses doigts sur le volant. Elle jetait de temps en temps un regard vers l'appartement où aucune lumière ne filtrait. Le gardien à l'accueil s'était endormi, le corps renversé sur son siège qui penchait sous le poids de l'homme.
Elle était allongée nue sur le lit. Il caressait son ventre d'un doigt en faisant le tour de son nombril. Alex s'assit au bord du lit et attrapa son portable dans la poche de son pantalon. Elle regarda l'heure. Il fallait qu'elle rentre. Elle se leva et se dirigea nue vers la salle de bains, sous le regard brûlant de Christmas. Il entendit l'eau coulé et la jeune femme chantonna sous la douche. Il se leva à son tour, enfila son caleçon et but une gorgée de café. Il était face à la baie vitrée. Portland, la nuit était magnifique. Il sentit Alex derrière lui.
- C'était un au revoir digne de ce nom, dit-elle. Le meilleur au revoir de tous les temps. Car cette nuit, ce qui s'est passé entre toi et moi ce n'était que ça ? Le fait que je suis folle amoureuse de toi ne change rien au fait que tu vas partir.
- Je ne pars plus, déclara-t-il en se retournant et lui faisant face.
Il se dirigea vers elle et la prit dans ses bras, en lui déposant un baiser dans le cou.
- Deux ans que tu me mets au supplice.
Il l'embrassa tendrement scellant le début de leur histoire.
Le jour allait pointé le bout de son nez et la jeune femme n'était toujours pas ressortie de l'immeuble. La silhouette avait l'habitude des longues attentes en voiture. Pas trop mangé. Pas trop boire surtout pour éviter tout incident qui pourrait gâcher une filature. Son portable sonna près d'elle. Elle lut rapidement le message qui venait d'arriver. Elle savait très bien que le temps jouait contre elle. Pas besoin de le lui rappeler sans cesse. Elle balança son téléphone sur le siège arrière. Elle vit Alexa sortir de l'immeuble et se diriger vers sa voiture.
- Alexa, dit la femme, en ouvrant sa portière.
Cette voix. Alexa la reconnaissait entre mille. Cette voix légèrement cassée. Mais ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas être là. Elle se retourna et regarda la femme qui lui faisait face. Grande, brune et des yeux azurs comme les siens.
- Maman ? fut les seuls mots d'Alex.