L'ombre du Mal

Quand je me réveille, je suis allongée sur un sac de couchage en peau. La première chose que je vois en ouvrant les yeux, c'est le visage inquiet d'Arnael. Il s'éclaire aussitôt en me voyant ouvrir les yeux.

-Lena, tu es enfin réveillée !

Je sens un éclair de douleur me traverser le dos. Je grimace de douleur. Arnael pose une main sur mon front tout en me parlant doucement.

-Ne bouge pas. Tu as une côte cassée et une belle plaie. Tu as eu de la chance de ne pas finir broyée par les mandibules de ce monstre!

-Que s'est-il passé ? croassai-je.

-Le chaurus à failli te broyer. Quand tu es tombée au sol,une lumière noire t'as enveloppée et le chaurus est tombé raide mort à côté de toi. Les centaures ont eu peur, mais ils ont accepté de nous aider quand la petite licorne est venue vers toi et t'as touché le front avec sa corne. Ils ont dit que tu devais être importante pour qu'il fasse cet effort dans son état de faiblesse. Ils nous ont aidé à remonter, toi, la licorne et moi, avant de nous ramener ici. Thalerior était furieux quand il a vu ton état. Il m'aurait presque tué !

-Pourquoi ne l'a-t-il pas fait? demandai-je.

-Je ne sais pas trop... Tu veux manger quelque chose? me demande-t-il ensuite.

-J'ai soif, dis-je plutôt. Je n'ai pas faim.

Il me soulève doucement la tête pour me permettre de boire et tient un verre pour m'aider à boire. Puis il me tend une espèce de gâteau étrange.

- Mange, me dit-il. Je n'ai pas envie que Thalerior me jette en prison pour t'avoir mal soigné.

Je le fixe avec des yeux ronds. Il rit.

-Il en serait capable! me dit-il.

-C'est quoi? demandai-je en fixant le gâteau.

-Un petit pain. C'est délicieux, crois-moi.

Je le prend et goûte une bouchée. C'est vrai que c'est délicieux. Je dévore vite le reste. Et j'entends mon estomac gargouiller, ce qui fait rire Arnael.

-Je croyais que tu n'avais pas faim?

-L'appétit vient en mangeant, lui dis-je.

Il rit.

-Je suis tellement heureux de te voir encore en vie, me dit-il.

   Je souris. Soudain, je revois son visage tourmenté dans mon rêve. Je frissonne.

-Ça va? me  demande-t-il.

-J'ai fait un rêve étrange, lui dis-je.

- Raconte, me demande-t-il.

   Je lui explique donc ce qu'il s'est passé. À mesure que j'avance dans mon récit, je vois son visage s'assombrir. À la fin, il fronce les sourcils, inquiet.

-C'est trop étrange pour un rêve, dit-il.

-J'ai déjà fait des rêves très bizarres, expliquai-je.

- T'ont-ils déjà semblé réels?

Je réfléchis.

- Moins que celui-ci, concédai-je. Dans mes autres rêves, quand un dragon se posait, je n'ai jamais senti la terre trembler.

-Dans la deuxième partie de ton rêve, est-ce que les voix résonnaient en toi, ou les entendais-tu juste autour de toi?

-J'avais l'impression qu'elles s'adressaient à moi par mon esprit.

Son visage devient encore plus grave.

-Alors ce n'était pas un rêve.

-Et c'était quoi? demandai-je, inquiète.

-Tu as eu une vision. Il faut en parler à Thalerior. Je vais le chercher. Ne bouge pas d'ici.

-Très drôle, ris-je avant de faire une grimace.

-Tu n'auras pas à aller me chercher, fait une voix à l'entrée de ma tente.

   Nous sursautons. Thalerior est là, Clara et Ernaelle à côté. Il me sourit.

-Je vois que tu t'es enfin réveillée. Nous avons eu vraiment peur, cette fois. Surtout Arnael. Mais t'en es sortie. J'ai l'impression que cette licorne n'est pas étrangère à ton rétablissement...

   J'entends un petit  hennissement. En tournant la tête, j'aperçois un bébé licorne allongé sur le sol. C'est celui qui était bloqué dans le gouffre!

-Une minute...dis-je. C'est une licorne noire!

Le bébé s'approche de moi. Sa robe est noire comme de l'encre, tout comme sa corne, ses sabots et ses yeux. Il donne un petit coup de museau sur ma main. Je la lève doucement et lui caresse les naseaux. Il renâcle doucement.

-C'est vrai que c'est rare, dit Ernaelle. Et encore plus qu'il t'ait adopté. Les licornes noires sont connues pour leur caractère...indomptable.

-C'est un signe, murmure Arnael.

Je ris quand le bébé lèche les petites miettes de pain dans ma main. Je demande une pomme à Arnael, qui m'en tend une. La petite licorne lève la tête, oreilles dressées. Je lui tend un morceau de pomme. Elle le renifle, puis l'engloutis. Je ris en la voyant en chercher un autre. Il va voir Arnael, qui a le reste de la pomme, et lève vers lui ses grands yeux noirs. Arnael me demande:

-Je peux?

-Bien sûr ! ris-je.

Il lui donne un petit bout, que la licorne avale en manquant de lui mordre les doigts au passage. Puis elle revient vers moi et pose sa corne sur le pansement qui m'entoure les côtes. Je sens quelque chose piquer, puis une agréable chaleur se répand en moi. Les autres écarquillent les yeux. Quand la petite licorne se redresse, je me sens plus forte. Je tente de me redresser.

-Ne bouge pas! me dit Arnael.

   Mais je pose mes pieds par terre et me remets debout. La licorne me regarde, ses yeux noirs fixant mes côtes désormais réparées. Arnael est figé sur place, la bouche ouverte. Les autres me fixent avec surprise. Clara semble à deux doigts de tomber dans les pommes.

-Mais par quel miracle... murmure Arnael.

Puis il fixe la licorne. Celle-ci incline la tête. Quelque chose me dit qu'elle est bien plus intelligente qu'elle ne semble l'être...

- Décidément, me dit Thalerior, tu es vraiment indestructible !

-Je n'ai rien fait, me défendis-je. C'est elle, dis-je en pointant la licorne.

- Lui, me reprend Ernaelle en voyant la licorne baisser les oreilles.

-Ah, dis-je. Enfin, c'est la licorne qui m'a sauvée. Sans elle...ou lui...

Le bébé s'approche de moi et pose la tête sur mon bras. Je lui caresse l'encolure. Arnael sourit en s'approchant de moi. Il pose une main sur la mienne. Ses yeux dorés brillent de joie, mais une trace d'inquiétude reste visible.

- Au fait, c'est quoi cette histoire de vision? demande Ernaelle.

Je regarde Arnael. Il me fait un léger signe de tête. Je leur raconte donc mon rêve. À la fin de mon récit, Ernaelle semble soucieuse. Clara écarquille les yeux et les yeux de Thalerior se sont assombris.

-Azura et Meridia? me demande Thalerior. Tu es sûre de toi?

-Oui, répondis-je. Pourquoi?

-Ce sont des princesses daedras. Si elles commencent à te parler...

-Mais c'est rare que deux princes apparaissent en même temps à une même personne, non? demande Arnael.

- En effet, confirme Ernaelle. Ce n'est arrivé que trois fois depuis l'ère première. La dernière fois, c'était...

Elle marque une pause.

- Je ne sais même pas, finit-elle. C'est que quelque chose de grave est sur le point de se produire.

-Au début de mon rêve, une voix disait que la fin des mondes est enfin arrivée. Et un des géants parlait de réduire les habitants de ces mondes en esclavage.

-C'est terrifiant, murmure Arnael.

-Où est le parchemin? demandai-je.

-Tu crois qu'il y a un rapport avec ta vision? demande-t-il.

- L'une des deux voix me demande de décrypter la prophétie. Il y a sûrement un rapport avec le parchemin.

-Viens avec moi, dit Thalerior. Et vous aussi, ajoute-t-il en regardant Clara, Ernaelle et Arnael.

   Nous sortons. Au passage, j'attrape un morceau de viande sur la table de ma tente. Elle a un goût étrange, mais très bon.

-C'est du steak de mammouth, m'informe Arnael.

J'avale de travers, ma réaction le fait rire. Thalerior se retourne et fronce les sourcils.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive encore? me demande-t-il.

- Elle a goûté au steak de mammouth, répond Arnael avec un sourire.

-Pfff...fait Thalerior en levant les yeux au ciel.

Devant les ruines Thalerior s'arrête et me dit en désignant la licorne, qui me suit depuis qu'on a quitté la tente:

-Dis à cette bête de rester ici.

La licorne baisse les oreilles et gratte le sol avec son sabot.

-Il vient avec nous, lui dis-je. Je ne peux pas le laisser seul. Et ce n'est pas une bête ordinaire, ajoutai-je en comprenant ce qui l'avait fait réagir aussi vite.

-Elle reste ici.

La licorne baisse la tête et menace de foncer sur lui. Il commence à prendre peur.

-Je ne pense pas qu'il m'obéira, dis-je.

Il semble céder. Il se retourne en agitant la main pour nous dire de le suivre. Arnael me glisse à l'oreille:

- Je crois qu'il va falloir que tu dresses cette licorne, me dit-il. Tu as réussi à le vexer.

- Si tu as un guide de dressage des licornes, ce se serait avec plaisir que je le ferai, répondis-je.

Thalerior me lance un regard assassin. Je me tais aussitôt, pendant regarde ailleurs l'air de rien.

   Quand nous arrivons dans la salle du parchemin, Thalerior me tend ce dernier sans un mot. Clara se penche au-dessus de mon épaule. Je le déroule doucement. Quand elle voit les dessins, ma meilleure amie pousse un cri. Elle pointe du doigt le garçon que j'avais déjà repéré.

-C'est Théo! dit-elle.

-Tu le connais? demandai-je.

-Bien sûr ! Il était dans ma classe l'année dernière. On joue même au même jeu en ligne!

-Et il ne t'as jamais semblé bizarre? demandai-je.

-Pas bizarre. Plutôt pénible. Comme Gollum cette année.

   À la mention de ce nom, j'ai un flash. Je revois celui qui m'a tant énervée cette année. On l'avait surnommé comme ça car il lui ressemble beaucoup, tant au niveau du caractère qu'au niveau physique. Du coup, je revois la créature aux yeux globuleux qui réclame toujours après son "précieux"... L'anneau unique!

  Je sens quelqu'un me secouer l'épaule. Je regarde le parchemin, l'anneau brillant devant mes yeux... Je revois celui du film, son aura maléfique, ainsi que l'inscription en elfique dessus...

-Un anneau pour les gouverner tous, dis-je,

Un anneau pour les trouver,

Un anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier...

Au pays de Mordor où s'étendent les ombres.

-Lena, tu m'as sorti 20 mille fois cette année...me dit Clara.

-C'est lui, murmurai-je en montrant l'anneau sur le parchemin... L'Anneau Unique...

-Et tu ne pouvais pas le dire plus tôt? me demande Thalerior.

- C'est Clara qui m'y a fait penser, répondis-je.

Cette dernière s'illumine.

-Mais oui! dit-elle. Quoi de mieux comme lieux obscurs que le Tartare, l'oblivion et le Mordor?

- Le Mordor? demande Ernaelle. Qu'est-ce que c'est?

-C'est le repaire de Sauron, dis-je en pointant l'œil. Un monstre peu commun. Il a créé un anneau magique qui lui confère une puissance hors du commun.

-Mais alors...dit Clara.

Je la regarde. Ses yeux noirs brillent d'une lueur étrange.

- La terre du Milieu existe vraiment, finis-je.

-Je ne vous suis plus, dit Thalerior.

-C'est un monde imaginaire entièrement inventé par un écrivain du nom de Tolkien, répondis-je. C'est lui qui a créé le monde imaginaire le plus complet. C'est l'un des plus grands écrivains de notre monde, et certainement le père de la fantasy.

-Heu...ton dernier mot, là...fait Ernaelle.

-La fantasy est un genre littéraire de notre monde, dis-je. C'est une histoire se passant dans un monde autre que le nôtre, et mettant en scène une histoire merveilleuse, qui dans son sens littéraire signifie que l'anormal est normal.

- Donc, si j'ai bien compris, dit elle, ton jeu qui se passe ici c'est de la fantasy, vu que personne ou presque ne croit à l'existence d'un autre monde dans le tien.

-En gros, c'est ça, répondis-je. 

- Bon, nous coupe Thalerior, après cet intéressant cours qui, je n'en doute pas, va nous servir dans cette quête, si on retournait à l'étude de ce parchemin qui je dois le dire commence à me faire peur?

- C'est bien simple, dis-je en entourant de mon doigt les phrases au centre. Je pense qu'il s'agit de l'elfique utilisé dans le Seigneur Des Anneaux, donc probablement du sindarin ou du quenya, je ne sais pas trop.  

-Et donc? demande Arnael.

- Puisque Tolkien a probablement trouvé un moyen de se rendre en Terre du Milieu, et certainement à Fondcombe, Mirkwood ou Lórien, il va falloir se rendre là-bas aussi pour déchiffrer ce beau parchemin, dis-je.

Thalerior se prend la tête entre les mains.

- Décidément, dit-il, ce parchemin nous aura fait voyager...

-et il t'aura permis de révéler ta véritable nature, me souffle Arnael, me rappelant notre sortie dans les bois.

Je ne peux m'empêcher de sourire.

-I m'aura aussi permis de rencontrer un elfe génial, lui dis-je.

Thalerior me foudroie du regard.

-Je te rappelle que vous avez failli vous faire tuer parce qu'il n'a pas été capable de s'occuper du chaurus.

- C'est moi qui aurais dû sentir le piège, répliquai-je.

- Tu n'y es pour rien. Il aurait dû mieux te protéger. Et surtout ne pas t'emmener dans la forêt.

-C'est moi qui l'ai voulu.

La petite licorne vient de poster près de moi, la tête levée vers lui.

-Elle ne devait pas rester dehors? me demande-t-il.

- Je ne le contrôle pas, répondis-je. Il fait ce qu'il veut.

-Et tu n'essaye même pas de le faire obéir?

-les licornes sont indomptables, intervient Ernaelle. Quand elles décident de quelque chose, personne ne peut les faire changer d'avis.

Thalerior me regarde, les yeux lançant des éclairs.

- Alors attache la à l'extérieur, mais fais-lui comprendre qu'elle ne doit pas te suivre ici!

Je regarde la licorne, qui me fixe d'un oeil apeuré. Puis je regarde à nouveau Thalerior et lui dit:

- Je n'essayerais pas de l'attacher. Il est né libre, et il le restera. S'il décide de me suivre partout, alors je l'accepterai.

Son regard de fait encore plus menaçant.

-Toi, siffle-t-il, à force de défier les ordres, tu vas t'attirer de gros ennuis...

-Elle a toujours été comme ça ? demande Ernaelle à Clara.

-Pas que je sache, répond mon amie, même si je sais qu'elle a souvent rêvé de désobéir à ce qui lui semblait injuste.

-Comme?

-Les punitions collectives, les devoirs supplémentaires à cause des nuls en classe, les restrictions que lui mettaient ses parents notamment à propos des trucs dit "fantastiques "...

-D'accord, d'accord, dit Ernaelle.

-Et si on allait rendre visite aux ennemis du Mordor? proposai-je pour qu'ils arrêtent de parler de moi

Cinq minutes plus tard, j'essaye de persuader la licorne de rester ici. Thalerior est parti donner quelques ordres pour savoir qui nous accompagnera de l'autre côté du portail cette fois-ci. Déjà, il y aura Arnael, Ernaelle, Clara et moi. Je pense que quelques soldats viendront également. Mais Thalerior a insisté pour que le bébé licorne ne me suive pas. J'essaye de le laisser dans ma tente pour qu'il comprenne qu'il ne pourra pas être tout le temps près de moi, mais il refuse de rester seul. Il me suit en permanence. Je finis par me laisser tomber sur mon lit, complètement désespérée de le laisser sur place. Arnael , qui est resté avec moi, me dit en quittant mon portable des yeux:

-Tu n'y arrivera pas.

Je le regarde. Il continue:

- Quand une licorne  décide quelque chose, c'est presque impossible de la faire changer d'avis. Même les bébés.

- Thalerior va devenir fou, lui dis-je. Il me tuera de sa main s'il nous accompagne.

Il rit.

-Je ne pense pas qu'il te tuerait. Il tient trop à toi pour ça. Mais oui, il deviendrait sûrement fou...

   Je me redresse doucement. La licorne vient frotter son museau dans mes mains, à la recherche de nourriture. Je lui caresse l'encolure. Sa robe noire brille à la lueur du soleil. Il est magnifique.

-Il lui faudrait un nom, me dit Arnael.

-J'y réfléchis.

- Fais vite alors, reprend-il. On dit que les licornes ont tendance à s'énerver si elles n'ont pas de nom.

-Je prends mon temps pour lui trouver un nom qui lui ira bien.

- Quelque chose en rapport avec ton monde?

Je me tourne vers lui. Ses yeux dorés expriment le fond de ses pensées.

-Peut être, lui dis-je. On verra.

-Tu voudrais y retourner?

   Je le contemple deux minutes sans le voir. À côté de moi le bébé licorne à les oreilles tendues, en attendant ma réponse. Mais au fond, j'ignore si je voudrais le revoir.

-Peut être,  répondis-je enfin.

-Il faudra que tu me le fasse visiter, alors. Il a l'air tellement intéressant! s'exclame Arnael.

Je lui souris avant de répliquer:

- Alors tu me feras visiter ce monde ci. Tamriel est un mystère pour moi.

-Je croyais que tu le connaissais déjà grâce à un jeu.

- Le jeu est si différent de la réalité...répliquai-je. Par exemple, ils voient les thalmors comme des tyrans, dans le jeu. Or d'après ce que j'ai pu voir vous n'êtes pas si horribles que ça. Et dans le jeu les altmers sont très mal représentés. Vous êtes bien plus beaux que dans le jeu.

-J'ai cru voir, rit-il. Et ils se ressemblent tous, dans ton jeu.

- Pas exactement tous, répliquai-je, prête à défendre les créateurs du jeu qui m'ont quand même sauvé la vie indirectement. Et c'est déjà bien d'avoir réussi à programmer autant de personnages! 

-Je n'ai absolument rien compris, me répond Arnael. 

   Le bébé licorne hennit d'un air indigné. Quand je me tourne vers lui en lui demandant ce qu'il a, il baisse légèrement les oreilles et gratte le sol de son sabot avant de tendre le museau vers les pommes, sur une table. Arnael rit.

-Si tu as faim, dis-je à la licorne, il y a de l'herbe verte dehors!

Je vois une pomme voler à travers la tente et se couper en quartiers toute seule. Arnael les attrape avant d'en tendre un au bébé, qui se jette dessus. Je ris en le voyant mordiller la manche de la robe d'Arnael pour en avoir encore un.

- Gourmand, lui dis-je en lui faisant un bisou sur le bout du nez.

Il  relève la tête et ses yeux noirs me fixent deux secondes. Puis il se secoue en renâclant doucement. Je suis certaine qu'il me comprend. Arnael lui tend un second bout de pomme, que la licorne avale en quelques secondes. Je ris quand il essaye de mordre les doigts d'Arnael. Ce dernier se retourne, les sourcils froncés, mais un sourire aux lèvres. Il se lève et  vient vers moi.

- Alors comme ça, ça te fait rire? me demande-t-il dans une imitation parfaite de l'air sévère de Thalerior.

Je me mets à rire encore plus. Il esquisse un sourire en me prenant les mains. Il me  relève et me prend dans ses bras. Ses yeux brillent d'une lueur étrange. Il me murmure doucement :

- Tu es une elfe adorable, Lena. Je t'adore.

Il m’embrasse doucement sur le front, puis me relâche en me disant:

-Je reviens. Je vais voir qui Thalerior a choisi pour nous accompagner. Ne bouge pas.

Il dépose un bisou sur mon crâne avant de sortir. Je souris et même perds dans mes pensées, seulement troublée par le bruit léger des sabots de la licorne...