Battlespire

Chapitre 2 : Premier Sang

4670 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:50

Agnès reprit ses esprits alors qu'elle était étalée sur un sol de pierre. La sensation d'accélération causée par le voyage lui avait fait perdre connaissance. Elle se rappela des recommandations du préfet Varo, et son premier réflexe fut de vérifier autour d'elle l'état de ses affaires. La Bretonne constata en se levant qu'une bonne partie de son armure manquait.

Elle portait toujours sa cuirasse,  un gantelet à son bras gauche et ses bottes, mais son manteau, son casque, son gantelet droit et ses jambières manquaient. Éparpillés sur les dalles à côté d'elle, elle retrouva sa dague dont le fourreau avait disparu et sa lettre officielle d'admission. Impossible en revanche pour la légionnaire de dénicher son sac de paquetage et l'épée qu'elle avait réquisitionné à Fort Tiremuraille, lors de son voyage vers Fort Kingscrest.  Merde... Ils devraient revoir la technologie de leur portail. Non mais sérieusement... Pour une première impression, jaillir de ça à moitié à poile. C'est super quand on intègre la meilleure unité de la Légion impériale...

Agnès glissa sa dague dans se ceinture, la lettre et l'amulette entre sa cuirasse et sa tunique et se remit debout. Elle était prête a affronter le regard amuser de ceux qui avait assisté à son arrivée.  C'est alors qu'elle remarqua qu'il n'y avait personne autour d'elle. Le hall d'entrée était parfaitement désert, plongé dans une obscurité que seul brisait la lueur émanant de la colonne de lumière du portail derrière elle. La Bretonne était intriguée. Elle entendait des bruits assourdis au loin, par-delà les couloirs. C'était impossible. Où est le portier ? Et les gardes ? Les mages avaient dû se tromper, l'envoyer au mauvais endroit.

Elle s'avança prudemment, son cœur battant à toute vitesse sous sa plate d'acier. Il faisait de plus en plus sombre à mesure qu'elle s'éloignait du halo bleuté du portail. Agnès heurta une table du bras, et ses yeux s'habituant à la pénombre finirent par distinguer une lanterne posée dessus. Elle l'alluma d'une flammèche jetée du bout des doigts.

Agnès leva la lampe pour mieux distinguer les alentours. Des cadavres jonchaient le sol. Atrocement mutilés, leurs entrailles s'étalaient tout autour du hall d'entrée. Certains avaient été tiré dans les couloirs vers un lieu inconnu, ne laissant derrière eux que des trainées sanguinolentes. Tous portaient l'uniforme noir et rouge et l'armure d'acier des mages de guerre de la XXXIIIème légion. Peu semblaient s'être battus.

Agnès défaillit. C'est impossible... La panique commençait à la gagner. Elle tenta de la contrôler en respirant profondément, tâchant de faire abstraction de la boucherie autour d'elle. Un haut-le-cœur lui monta à la gorge. Merde... La Bretonne s'assit sur le sol pour réprimer sa nausée.

Que c'est-il passé ? Aucun ennemi de l'Empire n'est assez puissant pour lancer un assaut frontal contre Mortecime. Agnès força son regard à se tourner vers l'un des cadavres, le plus proche d'elle. Une femme assez jeune, d'origine Rougegarde. Sa cage thoracique ouverte jaillissait de son armure arrachée, et le reste de son corps était couvert de profondes entailles. Le visage du soldat, tourné vers le plafond laissait échapper une expression de peur et de surprise. L'attaque a dut être foudroyante. Inhumaine.

Les véritables ennemis de l'Empire n’appartenaient pas au royaume des mortels. Et c'est de ceux là que la Légion des Ombres avait pour tâche de s'occuper. Des daedras... Seuls eux étaient assez puissants et vicieux pour une telle attaque. Et s'ils étaient encore là ? Il fallait partir d'ici en vitesse. Avertir le commandement de la Cité Impériale.

Le portail ! Je peux retourner aux Piliers de Lumière, il est toujours ouvert ! La solution lui apparaissait maintenant comme une révélation dans toute sa simplicité.

La Bretonne se leva d'un bond, obnubilée par l'éclat bleuté vers lequel elle se dirigeait en courant. Elle traversa le pont de pierre menant à la plate-forme où se trouvait le portail, tremblante d'être passée aussi proche de la mort. Un choc violent suivit d'une douleur insoutenable la heurta au moment de franchir le portail. Agnès tomba en arrière sur le sol, paralysée par les flammes qui traversaient ses muscles en brûlant le moindre de ses nerfs, si fort qu'il lui était impossible de crier. Merde !

Il lui fallu un long moment pour s'en remettre. Quand ce fut fait, elle examina les alentours du portail, craignant pour ce qu'elle allait trouver. Non. Non. Une rune brillante était tracée au milieu du portail. Impossible d'éviter son contact qui causait la douleur que la Bretonne venait d'expérimenter. Non. Agnès défaillit une seconde fois en voyant ses espoirs s'évanouir. Personne ne pouvait sortir de la Battlespire par l'issue principale. Merde... merde...

Elle resta de longues heures à faire les cents pas autour de la plate-forme du portail, à réfléchir à ses options. Il lui faudrait du temps pour intellectualiser les récents événements. Elle n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'elle était piégée ici.  Agnès déglutit avec difficulté. Il y a bien quelque chose à faire... Il y a forcément quelque chose à faire. Il doit y avoir des survivants. Les meilleurs guerriers de l'Empire sont réunis ici. Il y a peut-être encore des combats, plus loin dans la Battlespire. Et une issue ? Les quartiers de l'artificier doivent comprendre un portail personnel, peut-être pour la Cité Impériale. Si les assaillants ne l'ont pas atteint, je pourrais retourner à Tamriel pour chercher des renforts.

Agnès n'avait aucune idée de comment s'orienter dans Mortecime. Son instinct lui soufflait de monter, les quartiers de l'artificier devant se situer très probablement en hauteur. Pour le reste, il faudrait improviser. La Bretonne nappa un mouchoir sur sa lanterne, et s'enfonça dans un escalier s'avançant dans le noir. La dague qu'elle brandissait dans sa main tremblante paraissait bien dérisoire dans ce lieu lugubre. De toute les affaires que j'ai perdue lors de ce fichu voyage, il fallait que ce soit mon épée.

Elle repensa au mages de guerres, loin quelque part sur Nirn qui l'avaient fait venir ici sans ce douter de la réalité de cet endroit. Est-ce bien certain ? Prit-elle soudainement conscience avec horreur. Les daedras n'étaient pas arrivés ici sans explication, après tout. Et pour que l'effet de surprise soit assez fort pour que personne n'ai eu le temps de se battre, ils avaient peut- être reçu une aide interne à la Légion. Peut-être que quelqu'un les avaient consciemment fait entrer ici.

Cette pensée atroce força Agnès à s’arrêter pour reprendre ses esprits. Merde... Et s'il y a un traître dans la Légion ? Ou ici ? Elle respira calmement et profondément pour faire le vide en elle. Il fallait absolument qu'elle reste concentrée tant qu'elle n'avait pas plus d’information. Tout ceci n'était que des supputation. Peut-être que tout ceci faisait partie intégrante d'un test pour évaluer ses compétences avant son entrée officielle au sein de la Légion des Ombres.

Agnès échoua à calmer ses pensée. Impossible pour elle d'arrêter de réfléchir.

Difficilement, elle se remis en route. Talos, prête-moi ta force. Donne-moi le courage d'affronter mes ennemis. Stendarr miséricordieux, prends en pitié la pauvre chose que je suis, perdue dans ce combat. Arkay, puisse-tu m'accueillir dans ton royaume si je venais à échouer...

Agnès n'était pas une croyante fervente, mais ses parents l'avaient éduquée dans la foi des Neufs. Il lui arrivait quelquefois de se rendre à l'office ou d'invoquer leur nom lorsqu'elle rencontrait des difficultés. Comme maintenant. Se concentrer sur la litanie et l'escalade des marches faiblement éclairées par la lueur tamisée de sa lampe permettait de calmer le flux qui envahissait son cerveau.

Elle s'était trompée de chemin. La Bretonne venait de déboucher sur une vaste salle éclairée par des pierres de Welkynd, coupée en deux par un gouffre insondable au fond duquel stagnait une nébuleuse de mana pure. Elle allait faire demi-tour pour retourner au hall du portail, quand un bruit de pas précipités heurta ses oreilles, en provenance de l'autre bord du précipice. Le fracas des armes et des piaillements suraigus se firent également bientôt entendre, suivit d'un cris d'agonie indubitablement humain.

Six humains jaillirent d'un couloir de l'autre côté, talonnés par une meute de diablotins à la peau parcheminée, leur hideux visage tordu par un rictus haineux hérissé de crocs. Les humains, en uniforme de légionnaire, tentaient de fuir. Le dernier de la file hurla quelque chose à ses compagnons et se retourna pour faire face à ses poursuivants. Il parvint à décapiter l'un d'entre eux et à étriper quelques autres avant que les agiles galopins ne le submerge sous le nombre. Il ne les avait retardé que d'à peine quelques secondes.

Un peu plus loin, le bord du gouffre se resserrait contre le mur de la salle. L'un des légionnaires donna un ordre, et tous se plantèrent au milieu du goulet à attendre l'ennemi, la faible lueur de la mana en dessous d'eux projetant de sombres reflets sur les armes d'ébonite dans leurs poings. Leur chef avait sagement jugé de la situation. Ici, sur cette passerelle étroite, le nombre de daedra n'avait plus d'importance. Les légionnaires taillaient leurs rangs de larges coups, sans faiblir. Un flot constant de galopin se jetait sur leurs boucliers pour finir empaler sur leurs lames.

Agnès assistait subjuguée  à ce spectacle, incapable de faire un geste. Personne n'avait encore remarqué sa présence, tous, humains et daedras, trop impliqués dans la bataille.

Un galopin parvint à atteindre le cou de l'un des légionnaires. Puis un autre. Bientôt, son corps entier fut couvert de ces créatures qui le déchiraient de leurs crocs et de leurs griffes. En tentant de les repousser, il trébucha et tomba, hurlant, dans l'abîme, entraînant plusieurs galopins encore accrochés à lui dans sa chute. Un autre soldat se détourna brièvement de la mêlée pour assister, impuissant, à la mort de son camarade. Agnès eu juste le temps de le reconnaître pendant le cour instant où il tourna la tête avant de reprendre la bataille. Josian!

Avec tout ces événements, la Bretonne avait complètement oubliée la présence de son frère aîné sur la Battlespire. Elle se sentait maintenant honteuse de ne pas s'être inquiétée pour lui avant. Elle était heureuse de constater qu'il allait bien. Enfin... La mort du légionnaire avait causé une brèche dans la défense que les daedras ne tardèrent pas à exploiter. Un autre soldat fut à son tour agrippé et traîné en arrière au cœur de la masse grouillante de galopin. L'un d'eux brandit au dessus de leurs rangs la tête du malheureux en guise de  trophée avant de la jeter dans le gouffre.

Josian et les deux légionnaires restant reculèrent prudemment, sans cesser de faire face à l'ennemie. Soudain, l'un d'eux se retourna en entendant un bruit qu'Agnès ne pouvait percevoir d'ici. Plusieurs formes humanoïdes hideuses, à la peau blafarde et aux bras démesurément longs, à la tête aveugle dotée d'une courte trompe apparurent derrière eux, marchant lentement. Les trois soldats étaient coincés. D'un côté, la meute hurlante de galopins, de l'autre, les vermaïs de plus en plus nombreux à chaque instant.

Les légionnaires déversèrent ensemble leur magie sur les galopins. Ils devait s'agir de leur ultime réserve de mana, puisqu'ils se mirent à saigner du nez à peine leur sort lancé. Josian projeta une boule de feu qui sema la mort et la panique au sein des rangs daedras. Un autre retarda la meute d'un mur de foudre posé devant leurs pieds, et le dernier manipula l'esprit faible des diablotins pour les pousser à s'entretuer. Et tout trois abandonnèrent la bataille en se jetant en courant vers les vermaïs, à moitié en les esquivant, à moitié en se taillant une route à coups d'épée. L'une des créatures tenta d'agripper Josian par une des sangles de son armures. Le Breton se débarrassa d'elle en lui tranchant le poignet et en lui enfonçant son épée de l'épaule au sternum. Puis il reprit sa course à la suite de ses camarades.

— JOSIAN !

Agnès s'était éveillée à l'instant. C'était peut-être la dernière fois qu'elle voyait son frère. Il fallait faire quelque chose.

Le Breton se tourna brièvement en entendant son nom, surpris de voir qu'il avait été hurlé par sa sœur blême de peur. Il ne s'attarda pas pour réfélchir outre mesure et accéléra autant que pouvait lui permettre ses jambes endolories pour rejoindre ses frères d'arme en fuite dans les couloirs de Mortecime.

Le cris avait aussi attiré l'attention des daedras. Ils la pointaient du doigt en se piaillant des ordres incompréhensibles. Les créatures se séparèrent en plusieurs groupes, chacun empruntant un couloir différent partant dans une direction différente. Merde... Agnès n'aura pas mis longtemps avant d'être repérée. Elle s'enfuit en courant de là où elle était venue et s'engouffra dans un couloir au hasard une fois revenue au hall principale. La Bretonne poussa un juron lorsque, dans sa fuite, elle manqua de glisser sur une flaque de sang dans laquelle baignait un garde sauvagement lacéré.

Elle tourna à gauche, puis à droite, et encore à droite. Elle passa devant plusieurs salles sans même jeter un coup d’œil à l'intérieur. A peine Agnès se rendit-elle compte à quel point son comportement était irresponsable qu'un galopin surgit dans le halo de sa lanterne, visiblement aussi surpris qu'elle. Il essaya de se jeter sur son visage, toute griffes sorties. Elle se recula à temps en poussant un jappement de frayeur, mais le daedra se rattrapa en s'accrochant au mur et repartit à l'attaque. La Bretonne l'empoigna par le cou et le lâcha sur le sol, d'où il se releva derechef pour mordre les mollets de son adversaire. Agnès fit décrire un cercle à sa lanterne qui le cueillit en plein visage. Le galopin s'écrasa sur le dallage en couinant, et la Bretonne l’empêcha de se relever d'un violent coup de pied et fini par l'achever sous sa botte, ne laissant de son torse qu'une pulpe sanguinolente.

Elle s'enfuit à toute jambes, craignant que les bruits du combat n'attirent d'autre de ses congénères. Agnès se réfugia dans une salle vide et condamna la porte derrière elle en déplaçant une lourde table croulant sous des diagrammes. Là, elle s'effondra dans un coin, haletante.

La Bretonne n'arrivait pas à croire qu'elle avait vu son frère sur le point de se faire tailler en pièce, et qu'elle n'avait pas bougée d'un seul pouce. Josian avait déployé un effort colossal pour un vulgaire sort de boule de feu, et elle était restée là à le regarder. Avec sa magie intacte. Ça ne lui ressemblait pas. Elle ne s'était jamais cru capable d'une telle passivité. Tout son entraînement rendait cela impossible. Mon entrainement... Il ne l'avait pas préparé à une telle chose. Plus de dix ans à suer et à saigner comme un goret, et pourtant, elle avait tout oublié au moment crucial. En baissant les yeux, Agnès remarqua avec honte qu'elle n'avait même pas pensé à se servir de sa dague contre le galopin qui l'avait attaquée. L'arme était toujours serrée bien inoffensivement dans son poing.

Dans ses fantasmes, son premier combat n'était pas censé se dérouler comme ça. Elle imaginait qu'elle serait entourée de ses frères d'armes, des camarades de sa promotions. Parfois, Josian était aussi présent. Ensemble, ils empêchaient l'ennemi de faire du mal aux citoyens de l'Empire. Il y avait des morts, bien sûr, y compris dans les rangs de la Légion. Mais leur visage était anonyme. C'étaient des uniformes, non des visages. Agnès se serait battue avec courage. Les officiers l'aurait remarquée, et l'on aurait validé sa demande de stage de formation pour devenir chef de section.

Au lieu de ça je suis prostrée dans le noir, trop effrayée pour sortir d'un placard à balais. L'image des morts dans le hall apparu sous ses yeux. Agnès revit le visage de la légionnaire Rougegarde qui avait vue la mort lui foncer dessus sans pouvoir réagir. Elle entendit le cris poussé par le soldat submergé par les galopins et qui avait sombré dans le vide. Elle fit disparaître ces vision en fermant les yeux. Une boule remplissait son estomac. Il n'y avait pas de mort aux entraînements. On nous a appris à la donner, à la recevoir, mais pas à y assister. Agnès savait que des gens mouraient à la guerre, et qu'immanquablement, certain de ses frères d'armes mourront aussi. Mais cette perspective était jusque là lointaine pour elle. Et je me prend soudain ça à la face. Merde... pourquoi il fallait que ça tombe sur moi ? Un an et demi que j'ai postulée sur la Battlespire. Et quand je suis finalement enfin admise, c'est pour arriver au beau milieu de ce merdier.

Il faut que je fasse de mon mieux avec ce que j'ai si je veux m'en sortir, se dit Agnès lorsqu'elle se fut calmer. Seule dans cette pièce, elle était en condition pour réfléchir à tout ce qu'elle avait vu.

Ce n'est pas un test. Elle avait vue des gens mourir sous ses yeux. A regret, la Bretonne chassa cette hypothèse rassurante de son esprit.

Il était maintenant évident que des daedras avaient envahis Mortecime. Mais ce constat amenait de nouvelles questions. Sous les ordres de qui? Agnès se remémora la brochure intitulée Recensement Impérial des Princes Daedra, que ses instructeurs avaient distribuée parmis les aspirants, il y a quelque temps.

L'Empire entretenait secrètement des relations diplomatiques avec plusieurs des princes Daedras, d'après la brochure : Azura, Clavicus Vil, Hermaeus-Mora, Malacath, Méridia, Sanghin, Vaermina, Boethia. De ceux-là rien à craindre. A défaut d'être sincèrement amicales, les relations avec ces princes étaient au moins pacifique.

L'Empire maintenait fermé les portails officiels menant au plan des princes plus instable : Hircine, Méphala, Namira, Nocturne, Peryite, Shéogorath, Molag-Bal et Mehrunes Dagon.

Hircine n'avait pas l'usage des serviteurs daedriques habituels, tel que les galopins. Il préférait chasser avec ses loup-garous. L'attaque sur Mortecime n'était pas une chasse, mais un massacre. Il était innocent.

Agnès exclue aussi Méphala et sa prédilection sont les complots. Jamais il ne lancerait un assaut au grand jour, à visage découvert.

Namira ne s'intéressait pas à ce genre de combat. Elle n'avait que faire d'une cible aussi stratégique que la Battlespire, elle qui se complaisait avec les déchets de ce monde.

Nocturne n'était pas un prince Daedra belliqueux envers l'Empire. Si aucune relation diplomatique n'était suivie elle, c'est qu'elle souhaitait conserver son indépendance. Elle n'en était pas moins dangereuse (elle comptait d'ailleurs parmi les princes les plus redoutables, prévenait la brochure), mais elle n'était sûrement pas coupable.

Peryite manquait sincèrement d'envergure pour une telle attaque. Agnès n'avait aucune preuve l'innocentant, si ce n'est son instinct qui lui criait qui était en dehors de tout cela.

Shéogorath aurait pu être à l'origine de l'invasion, mais l'attaque manquait "d'originalité" pour que ce soit lui. Et puis il s'entourait surtout de ses Saintes Dorées, non de galopins et de vermaïs.

Restait Molag-Bal et Mehrunes Dagon. Agnès hésitait. Tout deux avaient les moyens et l'ambition. Tout deux s'étaient déjà attaqué à Nirn par le passé, et Molag-Bal avait d'ailleurs presque réussi à annexer le plan des mortels, sept cent ans plus tôt. Il se tenait à carreau depuis, et ses activités sur le territoire de l'Empire se cantonnaient à la prolifération de la nécromancie et des vampires. Merhunes Dagon était en revanche l'ennemi numéro un de l'Empire. Des moyens considérables étaient mis en œuvre pour surveiller les Terres Mortes. Jamais l'organisation d'une attaque de cette envergure n'aurait pus filtrer à travers le réseau d'espion. Sauf s'il y a un traître. Ou que plusieurs princes se sont unis.

Agnès hésitait, mais son cœur penchait pour Dagon. Elle rangea la question dans un coin de sa tête, et passa à la suivante : pourquoi ?

C'était évident: en s'en prenant à la Battlespire, les daedras s'attaquaient directement à l'une des défenses principales de l'Empire contre les dangers de l'Oblivion. Considèrent-ils seulement qu'une base mortelle en Oblivion est un affront qu'il leur faut châtier, où est-ce le premier mouvement d'une invasion de grande envergure? La deuxième solution était de loin la plus effrayante. Sans la XXXIIIème Légion, le reste de l'armée impériale serait incapable d'affronter une attaque sur Nirn. Si un prince Daedra voulait s'emparer de Tamriel, il était logique que la Battlespire soit sa première cible. Si c'est le cas, il est impératif que le commandement soit avertit de ce qu'il se passe ici. Agnès repensa à l'hypothèse d'une traîtrise au sein de la Légion. Elle n'avait aucune preuve de cette théorie, mais n'arrivait à se défaire de cette idée. Et ça compliquait beaucoup de chose.

Les réponses ne viendront pas toute seules si je reste ici. Son inaction la dégoûtait. Elle se leva, les jambes flageolantes. Son esprit, lui, était parfaitement lucide et la Bretonne était maintenant décider à agir en légionnaire.

Elle allait retrouver Josian et, ensemble, ils trouveraient un moyen de s'échapper. Josian savait qu'elle était ici, et aurait sûrement la même idée. Quel moyen a t-il trouvé pour me contacter ? Agnès réfléchit à ce que son frère fairait dans une telle situation. Il faudrait d'abord qu'il ai survécu, lui souffla une petite voix dans sa tête. Agnès la fit taire. D'accord, mais c'est de ta faute si c'est le cas, lâcha la voix en s'éteignant.

La Bretonne dégagea la table de devant la porte, empoigna sa dague dans une main, la lanterne dans l'autre et sortit silencieusement de son abris. Maintenant, trouver Josian.

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