L'Age du Landfall

Chapitre 3 : La Tour d'Airain

Chapitre final

4220 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:10

Andriel savait très exactement où il allait. On ne Le voyait plus, d'ici, mais il devinait Sa présence d'après le chemin qu'ils avaient pris pour Le fuir et qu'il avait mémorisé. Il se contentait de marcher, en trébuchant sur le sol inégal. Le jeune elfe ignorait si l'elfe-noire était toujours en vie. Il ne s'en était pas assuré après avoir lâcher ce rocher sur sa tête et lui avoir pris sa sacoche. Il avec ensuite déchiré les magnifiques ailes de Mehrese, qui faisaient visiblement sa fierté. En plus de lui procurer un certain plaisir jouissif, ce geste aurait le mérite de la retarder si elle s'avisait de se lancer à sa poursuite.

Il n'avait conservé que la gemme spirituelle. Le reste, Andriel l'avait jeté dans le première crevasse rencontrée. Même les plantes et ingrédients qui auraient pu fournir de quoi manger. Il n'avait aucun regret. La sacoche empestait la pourriture de la Dunmer. La gemme, il la serrait fort dans sa main. L'objet était noir, avec des reflets d'un violet sombre. De fines volutes iridescente dansaient à l'intérieur. L'âme de Pal, à n'en pas douter.

Andriel était prêt à tout pour libérer sa grand-mère. Il ne parlait pas de la ressusciter. Elle lui avait bien souvent raconté l'histoire de nécromanciens inconscients qui usaient de leur pouvoir pour réveiller les morts. Ces contes se terminaient invariablement par l'irruption d'un héros qui interrompait le rituel à grand coups d'épées, ou par la mort du mage imprudent qui voyait ses expériences se retourner contre lui. Non. Le jeune elfe voulait simplement que sa grand-mère trouve le chemin de l'Aetherius pour y demeurer en paix.

Il longea des crevasses fumantes et contourna des montagnes abattues. Le temps passait incroyablement lentement maintenant qu'il était seul. Il arrivait parfois qu'Andriel en vienne à regretter la présence de l'elfe-noire à ses côtés. Quand elle lui venait à l'esprit, il chassait cette pensée en crachant sur le sol avec dégoût.

Le jeune elfe finit par arriver au désert lacéré de fissures à travers lesquels on apercevait le noyau de Nirn et ses incompréhensibles rouages, puis au bord du gouffre insondable donnant sur le cœur de la planète. Il était impossible de dire s'il s'agissait de l'endroit exact où lui et Pal avaient rencontré Mehrese pour la première fois. Tout se ressemblait dans le paysage de ce monde. Andriel chemina le long du précipice, en se dirigeant vers les lueurs vives qui apercevait à l'horizon. Bientôt, des explosions de bruit se firent entendre, de plus en plus fort à mesure qu'il approchait de son but. Elles devinrent rapidement assourdissantes, au point d'étouffer le bruit de ses pas. Le jeune elfe se hâtait.

Des scories volaient autour de lui en retombant sur le sol. Et des pierres plus grosses s'écrasaient de plus en plus souvent sur le sol à moins de cent mètres de lui. Et Il n'était même pas encore visible... Dire que lui et sa grand-mère avaient vécus toute leur vie dans la crainte d'une chose qu'ils n'avaient jamais vu, sans même jamais prononcer Son nom. Andriel se souvenait que Mehrese l'avait prononcé, la toute première fois qu'ils l'avaient rencontrée. Il fit un effort pour se rappeler de la conversation. Ça y est ! Il hurla dans Sa direction, la voix perdu dans le fracas ambiant de métal tordu et de roche torturée :

— ANU-MIDIUM !

S'en était finit de la peur. Là-bas, il trouverait quelqu’un, dieu ou héro, peu importe, qui permettrait à l'âme de Pal de rejoindre l'Aetherius. Puis il ferait face au bourreau de Nirn et le regarderait droit dans les yeux. Et s'il survivait, c'est en paix qu'il irait au pôle pour y vivre dans les communautés dont avait parlé l'elfe-noire.

Le jeune elfe n'avait plus aucune notion du temps. Il marcha des jours, des semaines peut-être. Le soleil était maintenant constamment caché derrière un épais voile de fumée noire. Et quand il plut, les gouttes charrièrent des dépôts de suie qui maculèrent le sol en séchant. Plusieurs fois il fut tenté de faire demi-tour. De retourner chercher Mehrese, si elle était toujours vivante. De l'implorer à genoux pour la supplier de le pardonner et de l'emmener en sécurité. Et elle tuerait le garçon en riant. Plutôt mourir de Sa main que de la sienne.

Il escalada un pan de croûte terrestre soulevé hors du sol par une main de fer. La pente douce mais instable menaçait à chaque instant de s'effondrer. Andriel était mû par la seule volonté d'un dément qui n'avait plus rien à perdre. Et lorsqu'il atteint la crête, il Le vit enfin à l'horizon.

Le jeune elfe ressentit immédiatement une profonde déception. Le destructeur de Nirn, Celui qui avait fait de cette planète un enfer invivable ressemblait dans ses fantasmes à un monstre de métal titanesque dont la tête touchait les cieux. Ce qu'il voyait là ne devait mesurer qu'à peine plus de quarante mètres de haut, à l'échelle des points noirs volant en nué autour de Lui, qui devaient être Ses adversaires. Les attaques qu'ils lançaient rebondissaient sur Son corps, renvoyant dans les cieux les aveuglants éclairs lumineux que l'on apercevait à des centaines de kilomètres à la ronde.

Andriel s'approcha de plus en plus. Toute trace de peur avait disparu au profit d'une fascination morbide. Le sol tremblait. L'air vibrait. La vision du combat se fit de plus en plus nette. Les héros étaient accompagnés de créatures fantastiques. Tant de choses sur lesquelles le jeune elfe était incapable de mettre un nom.

Plusieurs des combattants chevauchaient des dragons. Des thu'ums de flamme et de glace jaillissaient de leur gueule. Les Nordiques de l'ancien temps et de l'à venir n'étaient pas en reste. Sovngard s'était vidé des ses guerriers pour cette bataille, dirigés par Ysgramor en personne. Leur Voix se mêlait à celle des créatures, unies dans un but commun. Les Altmers avaient beaucoup souffert du Numidium, mais leurs logiciens L'avaient repoussé pendant les dix milles ans qu'avait duré le siège d'Alinor. Ces mages se servaient de miroir pour réfléchir les attaques du golem et protéger les autres combattants. De tout ceux qui prenaient part à la mêlée, les Dunmers étaient les plus nombreux. Beaucoup étaient ailés, comme Mehrese, et ils volaient autour de la tête du Numidium en le harcelant d'une multitude sorts. Aux milieu d'eux, les Tribuns imposaient par leur acharnement. Armé de sa lance Muatra, Vivec frappait sans répit les faiblesses des articulations de la structure du golem, flanqué de ses amis Bal, Nerevar et Almalexia.

Aussi courageuse, déterminée et nombreuse que soit cette armée, leurs efforts étaient vains. Le Numidium avançait au milieu d'eux comme un homme perturbé par une nuée de mouche qu'un mouvement du poignet suffit à écarter. Aucune attaque ne pouvait percer Sa peau aussi épaisse que l'esprit d'un peuple entier.

Andriel continua de s'approcher prudemment, afin d'éviter les retombées de flammes, de rocs et de corps qui pleuvaient de toute part. C'était exaltant. Personne ne prêtait attention à lui, tous focalisés sur leur adversaire. Il en était encore loin, mais Il dominait le jeune elfe de toute sa taille. Il dominait toute la scène que se jouait ici. Garnit de piques des pieds à la tête, il était fait de métal ouvragé doré exactement similaire à celui qu'Andriel avait trouvé dans cette grotte dwemere, il y a si longtemps. Et par dessus l'assemblage de pistons et de rouages qui Le faisait fonctionner, Sa peau était transparente comme de l'eau.

Le jeune elfe l'admira longtemps, insensible au chaos tout autour de lui. C'est vrais qu'il avait l'air immense et puissant, vu d'ici. Andriel s'interrompit. Il avait une tâche à accomplir. Il se dirigea vers le guerrier le plus proche, une chose massive invisible sous son armure d'os et de chitine. Même ses yeux étaient dissimulés derrières des lunettes. Le guerrier manipulait un assemblage complexe composé de différentes pierres, gemmes et pistons qui faisait jaillit à intervalle régulier des jets de rayon lumineux sur la carcasse du golem.

Andriel hurla pour se faire comprendre par dessus le vacarme:

— Savez-vous comment libérer une âme prisonnière d'une gemme spirituelle ?

Le guerrier ne se retourna pas. Le jeune essaya de lui donner une tape sur l'épaule pour attirer son attention. Il la sentit même pas à travers son épaisse armure. Le garçon abandonna, et chercha quelqu'un d'autre du regard. Là. Il y avait une femme, troublante avec sa peau dorée, ses vêtements de soie et de coquillages qui laissaient sa poitrine à l'air libre, et son crâne rasé percé de bijoux. Andriel alla la voir, non sans indifférence.

Alors qu'il allait aborder la créature, il sentit une poigne puissante lui agripper la nuque. Le jeune elfe se retourna d'un coups pour tomber sur le visage de Mehrese. Les lèvres de l'elfe-noire bougèrent avec virulence, mais pas un son n'en sortit. Tout du moins, pas un son qu'il puisse entendre au milieu de la bataille. Quand elle s'en rendit compte, la Dunmer se débarrassa de sa lance en la plantant dans le sol et jeta autour d'eux un sort d'altération qui atténua le bruit ambiant.

Enfin il pouvaient s'entendre. C'était une sensation bizarre que de se trouver au cœur d'un combat d'une violence aussi inouïe, et de ne l'entendre que de manière étouffée, comme à travers un tampon d'ouate.

— Espèce de sale petit raclure de larve de kwama ! Tu pensait t'en tirer après ce que tu as fait !

Mehrese pointa un couteau sous la gorge d'Andriel qui la regarda avec insolence. Il n'avait pas peur d'elle. Le jeune elfe était étonné de la voir ici, de constater qu'elle avait pris la peine de le poursuivre même sous Son ombre. Sa haine était compréhensible, après ce qu'il lui avait fait subir : sa paupière s'ornait toujours d'un hématome livide, et une profonde cicatrice à peine refermée balafrait son arcade sourcilière jusqu'à la naissance du cuir chevelu. Quand à ses ailes de libellules, elles étaient comme neuves, frémissantes sous les courant d'air brûlants qui traversaient le champs de bataille.

Mehrese continua d'invectiver le jeune elfe.

— Je te jure que tu vas le payer ! Me forcer à venir ici ! Et qu'est-ce que tu fais là, d'abord ? Qu'est-ce qui t'as pris de venir ici ?

Andriel resta silencieux, tout en continuant à la fixer calmement. Sa main se serrait contre son coeur, dans laquelle il tenait la gemme spirituelle. Mehrese remarqua le geste.

— Qu'est-ce que tu... mais c'est ma gemme spirituelle!

Elle essaya de la lui prendre. Andriel ne se laissa pas faire. Jamais elle ne toucherait à Pal ! Il se débattit, sortit instinctivement le surin rouillé qu'il trimballait sur lui, et porta un coup à la poitrine de Mehrese. La lame glissa le long de la carapace chitineuse de on armure sans lui faire de mal, mais l'intention y était. La Dunmer ne rigolait plus. Elle avait elle aussi son poignard dans la main, avec l'avantage de toute une vie d’entraînement et la ferme intention de tuer.

Andriel grimaçait comme un chat sauvage. Il n'ignorait pas que ses chances de tuer cette elfe-noire étaient mince. Il voulait seulement lui faire verser le plus de sang possible avant que tout cela ne se termine. Il ne Le voyait plus, pas plus que la mêlée autour de lui que le sort de Mehrese assourdissait toujours. Seul comptait elle. Il était tellement concentré qu'il ne remarqua pas les deux ombres qui s'abattirent sur lui. Et soudainement, deux immondes créatures ailées lui agrippèrent les bras, s'efforçant de l'immobiliser.

Ça n'avait pas était facile pour Mehrese de regagner la fidélité d'Irfuala et Malign. Elle avait dût se soumettre à un long processus composé d'invocations et de punitions pour qu'enfin elles acceptent de se soumettre de nouveau. Comme les daedras ne peuvent refuser l'appel de l'invocation d'un sorcier, elle avait successivement conjuré les deux Ombres Ailées, demandé de lui prêter allégeance puis bannie en cas de refus pour recommencer ensuite. Au bout d'un moment, les daedras avaient finit par lassitude à accepter son commandement.

C'est à cette activité que la Dunmer avait passé le plus clair de son temps en attendant que les sorts de guérison qu'elle utilisait sur elle chaque jours ne finissent par régénérer ses ailes et son visage. Une fois remise sur pieds, elle s'était lancé sur les traces du jeune garçon, qui l'avaient conduite au beau milieu de cet enfer.

— Bloque-le ! Bloque-le ! piaillait Malign de sa voix stridente.

Sa comparse déploya son dard de scorpion pour piquer Andriel à la hanche, une dose juste assez forte pour le faire hurler. Les griffes des créatures s'enfonçaient dans la chair de ses épaules, le soulevant par intermittence de quelques centimètres au-dessus du sol. Mehrese caressa son visage tuméfié avec un sourire satisfait. Ses deux daedras faisaient du zèle.

— Qu'est-ce qu'il cache dans sa main ? Ce ne serait pas la gemme que cherchait Telvanni Mehrese ?

— Oui! Celle qu'il lui a piqué ! Ce méchant garçon a volé madame Telvanni et lui a ravagé son beau visage, n'est-ce pas?

— Oui ! renchérit l'autre en riant. Et il lui a déchiré ses ailes, aussi...

Irfuala se mit à chantonner doucement:

— Telvanni Mehrese a perdu ses aileuh... Telvanni Mehrese a perdu ses aileuh... Telvanni Mehrese a perdu ses aileuuuh...

— C'est bon, la coupa sèchement la Dunmer. Prenez-la simplement et donnez-la moi. Il faut que je retourne sur le champs la remettre au seigneur Hermaeus Mora, en Apocrypha. Faite ce que vous voulez du garçon, ajouta-t-elle après un moment.

Andriel hurla et se débattit, lui valant une dose supplémentaire de venin. De ses griffes, Malign lui farfouilla dans la main qu'il persistait à maintenir fermée. Le jeune elfe allait céder quand Irfuala poussa un petit cris strident et s'enfuit dans les cieux à tire-d'aile. Maligne laissa tomber la main du garçon et l'imita au moment où une ombre passait au-dessus de leur tête. Andriel leva les yeux.

Merhese voyait aussi ce qui avait causé la fuite des deux daedras, et son visage s'emplit d'horreur. Ils étaient tant concentrés sur leur chamaillerie, isolé du monde par le sort les entourant qu'elle même avait lancé qu'ils n'avaient pas remarqués que le Numidium s'était approché d'eux. Son pied gigantesque s'était levé au dessus de leur tête, et il l'abaissait en ce moment même.

Tout ce déroula en un instant. Merhese fit le vide dans son esprit pour accueillir dignement la mort. Sa dernière vision fut celle d'Andriel qui levait les yeux aux ciel, le visage extatique tourné vers la masse de métal sur le point de l'écraser. Il avait les mains jointes, resserrées comme en prière sur la gemme spirituelle. Le jeune elfe semblait heureux de recevoir enfin la mort.

A peine Mehrese eut-elle le temps de penser à cette remarque qu'un bras vigoureux la saisit et l'emporta vers l'arrière. Le pied du golem fracassa le sol dessinant de profondes crevasses en étoile autour du point d'impact au moment exact où une autre silhouette se jeta sur Andriel pour le mettre à l’abri.

Les fissures s'élargissaient, engloutissant des rochers dans les profondeurs. L'une d'elle faillit emporter Mehrese, qui se sentit léviter à la place de tomber et fut ramenée sur le bord. De nouveau, deux bras la saisirent et l'emportèrent loin à l'écart, en volant. On finit par la faire atterrir. En regardant autour d'elle, la Dunmer vit qu'Andriel était sauf également, et que lui aussi avait été transporté jusqu'ici. Elle chercha des yeux leurs sauveurs. Et reconnu immédiatement les Tribuns Vivec et Almalexia.

— Telvanni Mehrese. Cet endroit n'est pas pour les conflits personnels. Vois comme Nordiques et Dunmers, jadis déchirés par la haine, se sont unis contre la menace de Numidium. Ne peux-tu faire de même?

Vivec flottait en position du lotus au dessus du sol. Des flammes bleues et or enveloppaient le corps du dieu seulement vêtu d'un pagne. Dans une main, il portait sa lance Muatra et dans l'autre une targe de chitine. Ses yeux doux reflétant une sagesse infinie fixaient Meherese pour pénétrer son âme. Il avait lancé le même sort d'altération que la Dunmer pour se faire entendre à travers le vacarme.

Andriel n'avait pas les mots pour décrire la personne qui l'avait sauvé. Une femme, mille fois plus belle que Mehrese avec sa peau doré et ses cheveux roux, le corps seulement couvert de tatouages et de bijoux éclatants. Le jeune elfe ne parvint pas à détacher son regard d'elle quand elle rejoint en volant Mehrese, en pleine discussion avec une autre personne qui lévitait à hauteur d'homme, en tailleur. Il s'approcha.

— ...est indispensable pour le seigneur Hermaeus Mora, disait la Dunmer. Si vous vous êtes déjà rendu en Apocrypha, alors vous savez à quel point il est difficile de s'y retrouver au milieu de tout ce savoir amassé. Disposer de l'âme du propriétaire d'un souvenir permet de l'identifier, pour pouvoir le retrouver le plus simplement possible. D'autant plus s'il s'agit des souvenirs d'une des dernières Trameur d'Yffre, une connaissance d'une valeur absolument inestimable. Il est hors de question que ce savoir ne se perde dans les bibliothèques d'Apocrypha faute de pouvoir être classé !

La femme recouverte de bijoux intervint:

— Ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour discuter de cela, Vivec. Bal et Nerevar nous attendent. Il y a une bataille à mener.

— J'arrive. Ce ne sera l'affaire que de quelques instants. Approche, Bosmer.

Andriel s’exécuta. La voix de Vivec n'était ni masculine, ni féminine. D'ailleurs, les deux genres se mélangeaient de manière assez troublante sur son corps: le dieu avait une musculature d'homme, mais des hanches et une poitrine de femme, de même que son visage était parfaitement androgyne.

— C'est donc là la gemme spirituelle qui contient l'âme de ta grand-mère ?

Le jeune elfe acquiesça sans desserrer ses mains de l'objet. Vivec sonda le regard du garçon, qui, géné, se trouvait néanmoin dans l'incapacité de baisser les yeux.

— Je vois que tu a vécu de longues épreuves. De longues souffrances. Telvanni Mehrese, tu a jouis toute ta vie des richesses de ta famille, puis des privilèges accordés par Hermaeus Mora. Tu as en face de toi quelqu'un qui a souffert toute sa vie du dénuement le plus total, et voilà que tu tente de le spolier de l'unique chose qui lui soit chère ?

Mehrese voyait la situation tourner à son désavantage. Elle se braqua.

— Le seigneur Hermaeus Mora...

—... pourra bien se passer d'une âme pour une fois. Je ne t'empêche pas de remplir ta tâche, mais fait le avec décence. Donne-moi cette gemme, Bosmer.

Andriel hésita, puis la tendit à Vivec. Le dieu la fit léviter dans sa main en murmurant tout bas, puis un éclair jaillit de la gemme vers le ciel avec fracas.

— Puisse son âme trouver le repos dans l'Aetherius infini, conclut Vivec en retournant la gemme vide à Mehrese.

Andriel sourit, son visage exprimant une immense gratitude à l'égard du dieu. Vivec n'avait nul besoin de mot pour ressentir la sincérité de ces remerciements. Le sol se secoua violemment à cet instant alors que le Numidium venait de réduire en poussière une montagne voisine, envoyant haut dans l'atmosphère des nuées de poussières et de rocs.

— Monsieur ? Votre Altesse... demanda le jeune elfe en Le désignant. Pourquoi ?

— Parce que. Il a été conçu comme une arme, mais son fonctionnement dépasse tout ce que l'on peut imaginer. Ce n'est pas sa taille qui fait sa force, pas plus que les attaques de ses poings et de ses jambes. Son véritable pouvoir est celui du nihilisme. Il est capable de nier jusqu'à l'existence de ses adversaires, et de les faire ainsi disparaître. De les annihiler. Il ne s’arrêtera que lorsqu'il n'y aura plus rien à nier, y comprit lui-même.

— Pourquoi continuer à se battre ?

— Pour la même raison que tu as continué à survivre pendant tout ce temps.

Le sort d'atténuation du bruit ambiant commençait à s'estomper. Andriel regarda en direction du golem, aux côtés des Tribuns Vivec et Almalexia et de Mehrese. Le golem entouré de flammes continuait Son œuvre de destruction. Par-dessus le vacarme assourdissant de la bataille, ils L'entendirent distinctement prononcer un mot :

— Non.

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