Une nuit de Terreur

Chapitre 1

2099 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/10/2017 00:59

— Soyez prudents, il a beaucoup plu ces derniers jours, tout est détrempé.

— Ne t’en fais pas, O, on fera gaffe.


Bellamy Blake s’empara d’un fusil et d’un sac dans lequel il jeta une gourde et des rations. Il le passa en travers de son torse et fit glisser la bandoulière du fusil dans l’autre sens. Il pivota ensuite vers les trois autres garçons qui l’accompagnaient, en train de finir de se préparer. Soudain, Clarke Griffin s’approcha et déposa un fusil debout sur sa crosse, contre une pile de caisses.


— Tu as… l’intention de sortir ? lui demanda Bellamy, étonné.

— Ouais, je viens avec toi, répliqua la blonde. Je ne suis pas sortie depuis des semaines, je ne peux plus voir l'Infirmerie.

— Hé là, pas question, lâcha le brun. Et qui va gérer le camp ?

— Moi, répondit Octavia Blake, la petite sœur de Bellamy, et accessoirement l’unique sœur de toute l’Arche.


Bellamy regarda sa sœur avec la radio dans la main et comprit.


— Oh, je vois, railla-t-il avec un sourire en coin. Les femmes se rebellent ? Vous aviez déjà tout prévu, c’est ça ?

— En effet, répondit Clarke en lui tirant la langue. Aller, on décolle, le jour se lève.


Bellamy serra les mâchoires. Pas qu’il n’aimait pas cette fille, elle était gentille, mignonne, mais elle avait un sale caractère et avait tendance à vouloir décider de tout depuis qu’ils avaient été envoyés ici par les Dirigeants de l’Arche. Leur débarquement remontait maintenant à trois mois et ils avaient survécu tant bien que mal en chassant pour manger, mais un ennemi coriace et brutal les menaçait. Les Terriens vivaient ici malgré les radiations qui avaient envahi la planète après la Grande Guerre qui avait effacé toute vie à sa surface. Certains y avaient malgré tout survécu et avaient, en quatre-vingt-dix-sept ans, réussi à survivre et à repeupler – légèrement – la Terre, de créatures solides et rompues à la vie des bois. Tout le contraire des Cents.


Observant Clarke ordonner que l’on ouvre la porte du camp, Bellamy grimaça. Sa sœur posa alors une main sur son bras et il croisa son regard. Elle lui sourit et il se secoua en lui disant de le contacter s’il se passait quoi que ce soit sur le camp. Elle promit.


~


— Allons vers l’est, dit Bellamy. Le ruisseau y va, les animaux ne devraient pas être loin.


Les trois garçons opinèrent et lui passèrent devant, et le jeune homme observa Clarke qui avait abattu, d’un tir précis fait avec une fronde artisanale, un lapin plutôt grassouillet. Elle était en train de lui ficeler les pattes arrière pour le suspendre à son sac à dos.


— Tu es adroite, admit Bellamy quand elle le rejoignit avec le lapin dans la main.


Il le lui prit et noua la ficelle à la bretelle du sac à dos.


— Merci, j’avais vu cette arme dans un bouquin, sur l’Arche, je ne pensais pas que ce serait aussi efficace, répondit la blonde. Tu veux essayer ?

— Je préfère la lance, c’est plus pratique pour les gros animaux. Aller, on y va.


Clarke serra les lèvres et le suivit en grommelant. Bellamy fit comme s’il n’entendait pas et jusqu’à ce que le soleil soit à la verticale d’eux, ils longèrent le ruisseau qui disparaissait de temps à autres dans le sol pour rejaillir quelques kilomètres plus loin en une cascade bouillonnante.


Quand le soleil commença à redescendre, Bellamy décida de faire une pause pour déjeuner et ils firent un feu pour cuire le lapin de Clarke.


— Montre-moi ta fronde ? demanda Maxim, l’un des trois autres garçons. C’est rudimentaire mais ingénieux quand même…


Le jeune homme regarda autour de lui et ramassa une pierre bien ronde, usée par l’eau. Il la plaça dans la petite poche que lui indiqua Clarke puis il se leva et la jeune femme lui montra comment placer ses doigts sur les longues lanières de cuir. Elle lui montra ensuite un tronc d’arbre mort comme cible et il visa. La pierre partit mais tomba mollement dans l’herbe à trois mètres de sa cible. Les trois autres rigolèrent et Clarke sourit.


— Ça demande un peu de pratique, admit-elle. Regarde…


Elle reprit la fronde, enroula l’une des lanières autour de son annulaire et la maintint solidement avec l’auriculaire et le majeur. Ensuite, elle plaça l’autre lanière entre son index et son pouce puis glissa une pierre dans la poche. Levant le bras, elle fit tourner la fronde puis lâcha la lanière entre son pouce et son index. La pierre fila en sifflant et heurta l’arbre si violemment que le bois sec éclata dans un bruit de coup de feu.


— Impressionnant, admit Bellamy. Je peux essayer ?


Clarke haussa un sourcil à son intention puis sourit et lui montra comment tenir la fronde. Il rata son premier tir mais toucha le tronc avec le suivant.


— Ça manque de force, constata-t-il comme son caillou n’avait même pas égratigné le tronc. Mais ça pourrait servir pour la chasse des petits animaux, au lieu de gaspiller des balles, dit-il en rendant l’arme rudimentaire à Clarke. Bon, ceux qui veulent encore essayer, faites, après, on repart.


Il retourna près du feu et entreprit de terminer les derniers morceaux de viande qui trainaient sur la carcasse du lapin. Il racla ensuite l’intérieur de la peau avec son couteau pour la nettoyer puis la roula et la glissa dans le sac de Clarke. Tout était bon pour rajouter un peu de confort au camp, et les fourrures des animaux chassés était parfois un plus considérable la nuit…


~


La journée touchait à sa fin et ils n’avaient pas trouvé un seul gros animal qui puisse fournir suffisamment de nourriture aux leurs pendant plusieurs jours. Ils croisèrent bien un cochon géant noir couvert de poils drus et doté d’une double paire de défenses de chaque côté de son gros groin, mais Bellamy estima plus prudent de contourner l’animal, occupé à fouiller un tas de terre retournée, plutôt que tenter de le tuer, au risque de de se faire tuer en retour par l'animal...


— Le jour baisse, on va devoir faire demi-tour, dit l’un des garçons.

— On va plutôt trouver un abri et on rentrera demain, dit Bellamy en regardant le ciel. Les nuages ne me plaisent pas et on sera trop exposés si on marche de nuit. Nos lampes sont de vrais phares.


Le garçon ne sembla pas du même avis mais quand il jeta un regard à Clarke, celle-ci hocha la tête.


— On fait comme il a dit, dit-elle. Je ne me vois pas rentrer de nuit, surtout s’il risque de pleuvoir. Autant passer la nuit au sec et repartir demain matin.


Le garçon s’inclina. Bellamy plissa le nez et le groupe se mit alors à la recherche d’un abri pour la nuit suffisamment grand pour les loger tous les cinq. Ce ne fut que lorsque les premières gouttes se mirent à tomber qu’ils décidèrent de se dépêcher un peu, quitte à se serrer.


Laissant les trois garçons marcher devant eux, Bellamy marchait à côté de Clarke, calant son pas sur le sien. Tous deux étaient silencieux, écoutant les discussions à voix basse des trois autres. Les mains nouées dans les lanières des bretelles de son sac, Clarke serrait ses coudes contre ses côtes. Elle regardait le sol devant elle, sans doute pour ne pas risquer de se tordre une cheville, mais Bellamy la sentait tendue. Elle devait réfléchir à quelque chose, sans doute au moyen de passer la nuit au sec.


Bellamy observa la jeune femme. Ses cheveux humides se séparaient en mèches ondulées dans son dos et lui tombaient sur le visage. Elle les repoussait d’un mouvement de tête trahissant l’habitude et, quand une desdites mèches lui glissa sur le front, elle décrocha une main pour la coincer derrière son oreille. Bellamy remarqua alors qu’elle avait une balafre sur la tempe.


— T’as fait ça quand ? demanda-t-il.


Clarke haussa les sourcils et lui jeta un bref coup d’œil puis posa deux doigts sur la petite plaie déjà quasiment soignée.


— En chassant, dit-elle. Une branche m’est revenue dans la figure comme je coursais un lapin… C’est rien, c’est quasiment guéri. Ça date de plusieurs jours maintenant...

— Hm, ok. Tiens, il se remet à pleuvoir…


Un grondement se fit alors entendre au loin et Clarke grimaça. Des orages, ils en avaient eu une ou deux depuis qu’ils avaient atterri ici, et la jeune femme avait rapidement réalisé qu’elle détestait ces roulements sourds accompagnés de flashs lumineux qui zébraient le ciel…


— Les gars, l’orage approche, vous voyez quelque chose qui pourrait nous servir d’abri ? Même un terrier… demanda alors Bellamy.

— Non, répondit Maxim. Il n’y a rien pour l’instant.


En réalité, ils avaient un peu oublié de chercher, mais de toute façon, ils avaient quitté la forêt depuis plusieurs heures et ils marchaient sur une grande bande de terre herbeuse qui avait sans doute dû être une autoroute autrefois tellement elle était large.


Bellamy trébucha soudain et Clarke se retourna. Le jeune homme se baissa pour ramasser l’objet qui l’avait fait buter et il regarda le bloc plat granuleux d’un air sceptique.


— C’est du goudron, dit alors Clarke en effritant le morceau noir entre ses doigts. Mon père m’a parlé de ce revêtement fait de graviers et d’une sorte de colle noire très puissante, qui servait à faire les routes avant la Grande Guerre. On doit être sur l’une d’elles, c’est trop plat et large pour être naturel.


Bellamy rejeta le bloc en hochant la tête puis ils reprirent leur chemin et, après avoir contourné un épaulement rocheux, un éboulis récent, ils découvrirent que leur chemin s’arrêtait là, la route étant barrée par un éboulement qui semblait récent. La route était en effet encadrée par une haute colline et d'un profond ravin.


— Fantastique, gronda Maxim. Chef, on ne peut pas aller plus loin, c’est bouché !


Bellamy et Clarke s’approchèrent pour constater et Clarke s’éloigna ensuite vers le bord de l’éboulis. Elle estima la pente à plusieurs dizaines de mètres de long.


— C’est trop instable pour descendre là, dit-elle en regardant les garçons. Il vaudrait mieux retourner sur nos pas et contourner cette pente.

— Et pourquoi on ferait ça ? demanda Bellamy. Si on continue de marcher, on va se faire surprendre par la pluie, on est trempés et transis et on n’a pas d’abri.

— Dans ce cas, on creuse ce tas de cailloux et on se fait un terrier, dit la jeune femme en haussant les épaules. Je ne suis pas à ça près, si c’est pour dormir au sec…


Elle se détourna en faisant tressauter son sac sur son dos et soudain, un déluge leur dégringola dessus.


— Génial ! s’exclama Bellamy en regardant le ciel. Tu ne pouvais pas attendre encore dix minutes, non ?!


Clarke le regarda et serra les lèvres pour ne pas rigoler. La pluie lui martelait le visage et elle fut rapidement trempée. Elle rabattit ses cheveux sur son crâne et retourna vers les garçons. Soudain, elle perdit l’équilibre et écarta les pieds pour se stabiliser.


— Le sol a tremblé ? cria-t-elle aux garçons.


Bellamy la regarda, étonné, et soudain, il tendit le bras vers elle.


— Clarke ! s’exclama-t-il. Le sol se tire !


La jeune blonde regarda ses pieds et longea des yeux une longue fissure qui venait d’apparaître dans le sol. Son pied droit descendit alors brusquement d’un cran et elle poussa dessus pour retourner vers les garçons. Le sol se déroba alors sous elle et elle se sentit tomber.


— Clarke !!! entendit-elle hurler au-dessus d’elle. Clarke !!!!


A suivre...

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