Natifs, l'ère d'après

Chapitre 2 : A la manoeuvre

1282 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/08/2017 12:44

Préquelle "The 100" - Natifs, l'ère d'après

Par "Lexa1983"

Chapitre II : A la manoeuvre


Les éclats de bois jaillir à travers la pièce. Seul le barreau de la chaise qu'Igon venait de désintégrer violemment contre un des murs de la salle du trône lui restait dans la main.

« Jamais je n'aurais dû lui faire confiance ! », tonna le Roi de la Nation des Glaces.

Linka ne se départit pas pour autant du calme dont elle était coutumière. Elle accorda quelques secondes à son frère dans l'espoir qu'il revienne de lui-même à la raison avant de se prononcer.

« L'idée de placer toutes nos chances en une seule et même personne n'était pas la plus pertinente », piqua-t-elle.

Elle s'approcha tranquillement d'Igon et posa sa main sur le bras du monarque.

« Reste que je n'imagine pas un instant qu'elle n'ait pas au moins essayé. Peut-être avons-nous simplement sous-estimé la valeur d'Heda. Comme son abnégation à nous voir intégrer la coalition ».

« Et où est-elle maintenant ? », cracha-t-il, les yeux gorgés de colère.


« Elle a fui ! Contrairement à la confiance que tu plaçais en elle, c'est une lâche. »Linka mesura sa réponse avant de l'énoncer.

« Je suis persuadée que non. Il y a nécessairement une explication. Mais la trouver n'est pas notre priorité. Il nous faut désormais penser à la suite à donner à cette lutte ».

« La suite à donner ? Qu'entends-tu par là ? », tempêta le Roi.Les forces d'Azgeda étaient désormais réduites à peau de chagrin. Le peuple, épuisé, meurtri, manquait de vivres.

Et d'espoir. La grogne montait dans les rues de la citadelle. Jusqu'à quand le clan répondrait à l'appel d'Igon, jusqu'où lui resterait-il fidèle.

« Si rien n'évolue, tu seras bientôt à la tête d'un royaume sans sujets », clarifia Linka.Igon faisait les cent pas entre le trône et la grande porte de la salle royale.

« Et que proposes-tu ? Céder. Négocier. Que je perde définitivement la face.»


Sa sœur restait impassible, son état contrastait avec l'agitation qui animait son frère.Est-ce de la peur que je lis dans son regard ? Se demanda Linka. Elle ne croyait pas le Roi capable d'un tel sentiment. Les propos qui suivirent lui donnèrent raison.« Je vais convoquer les derniers chefs de tribu. Nous allons jouer le tout pour le tout. Demain, je me promets d'aller moi-même trancher la tête de Lexa ».

« Les promesses ne valent que pour ceux qui les croient », chuchota Linka pour elle-même.

Anya écarta sans ménagement la tenture qui couvrait l'entrée du dôme du Commander. Lexa avait ôté son armure et s'aspergeait le visage à l'eau claire. Des ruisseaux d'encre noire goûtaient depuis ses joues surle sol.

« Dis-moi », lança-t-elle à sa conseillère sans lever la tête.

Anya inspira profondément.

« Même constat qu'hier nous concernant. Des pertes mineures, des blessés légers. »

« Et ? », l'invita à poursuivre la commandante.

« Une dévastation », résuma Anya. Elle avait pesé sciemment ses mots.


Lexa appuya ses deux mains sur le rebord du meuble où était posée la cuve d'eau. Dévastation. Le mot était peut-être encore trop faible. Elle avait rencontré bien des difficultés à dissimuler la frayeur qui l'avait saisie au crépuscule des combats en découvrant les corps inanimés de leurs adversaires.

Elle se redressa et se tourna vers Anya.

« Peux-tu me dire qu'elle Commander je suis si j'accepte le... Le chantage d'Igon. Chantage qui consiste à nous imposer de massacrer un peuple ? », déplora-t-elle.

Anya s'abstint de formuler une quelconque réponse. Quels mots pouvaient-elles trouver pour atténuer l'aigreur qui animait Lexa à cet instant. Elle la laissa poursuivre. Il était nécessaire qu'elle évacue l'exaspération et l'impuissance qui l'habitaient. Et l'écœurement qui grandissait en elle d'avoir dû agir contre la vertu et la grandeur d'âme qu'elle incarnait. C'était indispensable pour que la Commander trouve une issue descente et respectable à cette situation.

« Qui suis-je, qui sommes-nous pour prétendre agir aussi cruellement en nous dissimulant derrière des intentions louables, j'en conviens, mais contraires aux actes que nous commettons pour les réaliser ? »


Lexa était tourmentée, assiégée de questionnements. Elle se torturait l'esprit. Sous le regard inquiet mais bienveillant d'Anya, elle allait et venait, parcourant la tente de long en large. Fallait-il taire la compassion et continuer à suivre la même ligne de conduite ? Sans égard pour les victimes innocentes qui s'amoncelaient sur la route ? Après tout, se dit-elle, ces femmes, ces vieillards, ces enfants avaient accepté leur sort ? Ils disposaient comme chacun d'un libre arbitre ? En était-elle si certaine ? Qui pouvait imaginer les manœuvres psychologiques qu'Igon utilisait pour asservir ainsi son peuple ? Quelles intimidations, quelles menaces il s'autorisait pour les rallier à sa cause. Et les sacrifier ? Tout son raisonnement s'échafaudait sur des conjectures, de stupides suppositions. Elle ne pouvait agir en ignorant le sort des membres d'un clan, en le renvoyant aux agissements inconséquents de leur Roi. Quelle légitimité aurait-elle si la coalition s'obtenait au prix d'un massacre ? De l'anéantissement de la lignée Azgeda ? C'était inconcevable. Et mettrait en péril le projet, l'avenir des natifs. Il était peut-être déjà trop tard.


Le visage crispé, les traits noués, elle finit par s'immobiliser.


« Il faut changer de stratégie », conclut-elle.

Anya ne put retenir un sourire de satisfaction. Jamais elle n'avait douté du caractère et des facultés de sa protégée à évaluer avec justesse les situations les plus inextricables.


« Je t'écoute », déclara-t-elle.


Tout n'était pas encore limpide dans l'esprit de Lexa. Renoncer au combat ne devait en aucun cas laisser penser à l'adversaire qu'il remportait la victoire. Il était nécessaire d'agir avec finesse. Ne surtout pas déserter les lieux, bien sûr. Imposer une trêve et la justifier habilement. Puis trouver un subterfuge pour négocier à nouveau. Mais différemment. Plus astucieusement que précédemment. Cette variable lui échappait encore, mais elle en triompherait en temps voulu. Elle n'avait pas d'autre choix.

La commandante se pencha sur la grande table qui servait de pupitre à l'élaboration des batailles et redressa lentement la tête. La colère, le doute ne se lisaient plus dans son regard. Ses yeux verts de gris avaient retrouvé leur éclat magnétique. Anya fût presque troublée, transportée de fierté en découvrant l'intensité de ces prunelles qui affichaient toute la conviction et la confiance retrouvées.


« Cette nuit, la moitié des troupes prend la route de Polis. Une retraite partielle que nous justifierons en évoquant l'affaiblissement des forces adverses et l'inutilité de réquisitionner autant de mains alors qu'il y a tant à faire à la capitale. A l'aube, nous hisserons une bannière blanche sous l'étendard de la coalition pour signifier à Azgeda qu'une trêve est engagée. Trêve que nous imposons pour épargner les habitants de la citadelle. Un messager sera envoyé sur place pour exposer les détails. La population appréciera, je l'espère. Quant au Roi, je ne m'attends pas à ce qu'il interprète cette décision autrement que comme un aveu de faiblesse. Mais nous savons qu'il a tord. Laissons-le pour l'instant à ses illusions. Les pions sont positionnés. Reste à imaginer le coup de maître qui mettra définitivement fin à cette guerre absurde ».

Anya afficha un air convaincu. Mais se hasarda tout de même à interroger Lexa sur les prochaines étapes de cette nouvelle stratégie.


« Il me manque une pièce. Il me manque la clé... », reconnu Lexa. « Fais moi amener la prisonnière. Sur le champ ».


Laisser un commentaire ?