Murphy et Sandie
Playlist: http://8tracks.com/sabina_33/murphy-sandie
La musique “Werewolves of London” résonne dans la pièce où Murphy vient d’entrer. Il regarde autour de lui tout en avançant petit à petit, la porte en acier se refermant derrière lui. La chanson devient de plus en plus forte et finalement, John se retrouve dans ce qu’on peut appeler la maison d’un roi. Peut-être est-ce la terre promise de la cité des lumières ? À ce moment là, rien n’a l’air plus intéressant que les deux Harley Davidson neuves qui sont placées soigneusement dans un coin de la maison, un sourire en coin apparaît sur le visage du jeune garçon. Il balade son regard de gauche à droite; à gauche une salle à manger avec une table assez longue, trois chaises de chaque côté et même un billard qui se trouve au milieu. Dans la même pièce à droite un salon avec un canapé, deux fauteuils, une télévision, et même une cheminée. Il ne sait même plus où donner de la tête. Il s’avance vers le billard, le jeu en est même ouvert. Il pince ses lèvres et prend une des boules dans sa main, la lance sur le tapis vert et le bruit aigu de deux boucles qui se touchent se fait entendre. Murphy s’avance et remarque des paquets sur la table, sont-ils pleins de nourriture ? Il se jette littéralement dessus avant de commencer à en ouvrir un et bingo, il y trouve du pain, des biscuits, des gâteaux. Sans plus attendre il les fourrent dans sa bouche en fermant les yeux, cela fait déjà quelques jours qu’il ne mange à peine, faut dire que la veille il a passé la journée dans un désert sans provisions.
La mélodie toujours présente dans la pièce, il balance sa tête sur le rythme de celle-ci comme si le cadet de ses soucis s’est soudainement volatilisé. Un pichet rempli d’un liquide marron est posé sur la table, lui même accompagné de quelques verres en cristal. Sans plus attendre il s’approprie le pichet et se sert dans un verre. Peu importe ce qu’il y a à l’intérieur, il a tellement soif. Il boit une gorgée en plissant les yeux; c’est définitivement une boisson alcoolisée. Il tousse légèrement avant de reprendre un biscuit dans sa bouche. Son regard se repose sur l’endroit qu’il vient de découvrir, est-il vraiment réel ou est-ce que c’est un plan? Un essai? Une ouverture vers la mort? Il ne sait pas et il s’en fiche complètement, il va carrément en profiter. Accompagné de son verre et de sa poche de nourriture, remarquant le nombre infini de lumière qui se trouve dans deux pièces couplées, il s’affale dans le canapé en étant bien étonné de la propreté de cet endroit. Quelqu’un vit-il ici? Il hausse les épaules en se répondant lui-même à cette question. Ses yeux bleus se posent sur la télécommande noire qui trône sur la table basse devant lui, il l’attrape et appuie sur un des boutons et l’écran s’allume.
Quelques heures passent et encore aucun signe humain dans cette demeure, il en a bien fait le tour et il a également pris connaissance de la grande salle de bain, de deux chambres dans lesquelles se trouve une garde-robe, de la cuisine. Il ne manque rien ici et c’est ce qui lui hérisse le poil. Il n’a pas pu s’empêcher de fouiller un peu partout, peut-être qu’un indice peut apparaître et ainsi lui dévoiler pourquoi il n’y a personne ou bien qui en est le propriétaire. Après quelques minutes de réflexion, John se décide à prendre une douche car ça fait maintenant un moment qu’il n’a pas eu la chance de sentir l’eau chaude couler sur son corps. En quelques minutes, cette chance se produit et il ferme les yeux en souriant légèrement. Il se laisse aller, restant immobile pendant de longues secondes oubliant même ses égratignures présentes sur son corps qui le picotent un peu. Il ouvre ses paupières et voyant le savon posé en face de lui, il l’empoigne et le porte à son nez pour s’enivrer de cette odeur fruitée. Soigneusement, il le pose sur sa peau et sur ses plaies, ce mouvement le fait grimacer mais il ne s’arrête pour autant.
Ce moment de bonheur arrive à sa fin, il sort de la baignoire les cheveux et son corps dégoulinant. Il attrape rapidement deux serviettes de bain et s’enroule la taille avec l’une d’entre elles, l’autre se voit s’enrouler dans ses cheveux. Il sort de cette pièce remplie de buée pour rejoindre une des chambres et ainsi se planter devant la garde robe qui s’y trouve. Le brun se trouve face à un grand placard rempli de vêtements masculins. «C’est le paradis ici !» se dit-il tout en touchant à tous les vêtements qui sont présents, c’est bien la première fois qu’il a le droit de choisir entre tant de choses, d’où il vient, tout est imposé et jamais personne n’a le droit à la parole sans se faire mettre un coup de fouet dans le dos. Le bonheur qu’il ressent à cette minute-ci, c’est au delà de ses espérances. Il se prend finalement une t-shirt bleu marine et un pantalon foncé, sans oublier de mettre un sous-vêtement propre évidement. «Qu’est ce que ça fait du bien…» s’écrit-il comme si quelqu’un peut l’entendre à travers ces murs bien épais. Ni une ni deux, le voilà dans le canapé du salon à regarder les images et vidéos étranges qui passent à la télévision. C’est très différent de ce qu’il pouvait imaginer.
Pendant plus de quatre jours, il reste enfermé dans cet endroit sans mettre un pied dehors, il n’a en aucun cas envie d’avoir de la compagnie et il préfère à ce jour que tout le monde le croit mort.
Une heure assez matinale, mais pas assez pour Murphy qui est déjà assis dans son fameux canapé avec ses collations trouvées sur la table longue le premier jour, un cri strident se fait entendre et il se bloque d’un seul coup. Dans la première seconde, il ne sait absolument pas si cela était un cri animal ou humain. Il pose ses sachets sur le côté et il se lève, s’approchant d’un pas lent vers la porte par laquelle il est rentré. Dans la seconde qui suit, le cri retentit de nouveau et en un mouvement court, il attrape un balai qui traîne sur le côté et il ouvre la porte avec force. Sa tête dépasse alors celle-ci et le soleil le fait plisser les yeux; et oui, ça fait quatre jours qu’il n’a pas vu la lumière du jour. Sa main vient rapidement caché son visage à cause de l’agression solaire et il avance sur la terre chaude mélangé à du sable. Rien à changé depuis qu’il s’est coupé du monde, la mer est toujours présente et il reste un instant à contempler cette nature si belle. Il se dit qu’il a raté pas mal de choses ces derniers jours mais après tout, il a toute la vie devant lui pour sortir ou rester dans la maison d’acier. Un gémissement se fait entendre non loin de là et en s’approchant de l’eau, il est surpris de voir un corps peu animé comme s’il est sur le point de mourir. John identifie ce corps et effectivement, il s’agit d’une fille, mais que fait-elle ici et surtout comment a-t-elle a réussit à arriver jusqu’ici ? Surtout en passant par cet océan rempli de créatures mangeuses de tout ce qui bouge… Le manche du ballet pointé sur la jeune fille, il fronce les sourcils en la voyant redresser la tête, elle est quelques peu amoché mais ce n’est rien comparé à lui lorsqu’il a atterrit dans ce même endroit il y a exactement quatre jours. Il s’accroupit près d’elle et il voit qu’elle essaye de parler mais cela lui est impossible, elle a déjà tout donné dans ses cris et maintenant sa voix est en extinction.
«Ne dis rien.»
Murphy ne va pas la laisser dans cet état mais il a un mécontentement profond dans ses pensées qu’il n’ose pas montrer à cette inconnue. Il prend le temps de regarder son corps et apparemment elle n’a pas l’air d’être blessée gravement mais juste essoufflée et très fatiguée. Ses bras se glissent sous ses jambes et son dos puis il l’a soulève. Vu dans quel état elle se trouve, elle n’a pas du manger depuis quelques jours. En tant que bon garçon, il l’emmène dans sa maison d’acier et y referme la porte après l’avoir portée sur le canapé. Il prend le sachet dans lequel il mangeait plus tôt et il lui tend. Sans plus attendre elle le lui arrache des mains et y plonge la sienne à l’intérieur pour y ressortir de la nourriture, de la vraie ! « Elle a l’air si affamée », pense-t-il. Assis sur le canapé à côté d’elle, se soutenant le menton avec sa main, il est penché vers elle.
«Quel est ton nom?»
La jeune fille lui lance un regard rapide mais continue de manger jusqu’à s’en étouffer presque. Elle n’a pas l’air d’avoir envie de partager son identité avec l’inconnu qui se trouve à ses côtés et Murphy l’a très bien remarqué. Il se lève alors et faisant un tour par la salle de bain, il revient un verre rempli d’eau dans la main et le pose sur la table basse en face de la fille qui elle, lui lance un nouveau regard neutre avant d’empoigner le verre et d’y boire la totalité de son contenu. Elle baisse la tête un instant tout en stoppant chacun de ses mouvements comme si elle allait avouer quelque chose de difficile.
«Sandie.»