Planet Hell (Tome I) The Year 2149

Chapitre 5 : « J’ai trouvé la beauté dans la tempête. »

2776 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/01/2021 14:34

J'ai trouvé la beauté dans la tempête(1). Á cet instant, où les bourrasques de vent viennent frapper les parois de la navette, la seule beauté que Sally parvient à trouver est la solidarité qui se créé entre les adolescents. Tandis que certains aident d’autres à se réfugier à l’intérieur du vaisseau, d’autres s’allient pour fermer l’entrée de la navette avec un morceau du parachute d’atterrissage. Ce n’est pas sans difficultés qu’ils y parviennent, le vent de la tempête ne cessant de s’engouffrer dans le tissu.

Le regard de Sally se redirige vers celle qui se trouve à sa droite. Raven, un micro-casque sur la tête, tente inlassablement de contacter l’Arche avec la radio qu’elles sont parvenues à réparer ensemble. La brune pose un regard désespéré sur Finn qui est allongé sur une table d’opération improvisée avec une plaque de métal et des caisses de provisions. Une énième fois, elle s’adresse à l’Arche : « J’appelle la station orbitale, est-ce que vous m’entendez ? Je suis sur Terre avec les Cents. On a besoin de votre aide. 

— Vous êtes sur un canal confidentiel, fini par répondre une voix masculine dans l’appareil. Veuillez décliner votre identité ! ». A l’entente de cette réponse les adolescents, qui se sont réfugiés à l’abri dans la navette, viennent se regrouper autour de la radio. « Je suis Raven Reyes, de la section Mécha. J’émet à partir d’un poste situé sur Terre. Les Cents sont ici, et en vie. Merci de nous connecter au Docteur Abby Griffin.

— Raven ? demande cette fois-ci une voix féminine, après plusieurs secondes de blanc. Tu es là ? ». La jeune femme donne le micro-casque à Clarke pour qu’elle puisse elle-même discuter directement avec sa mère. La blonde lui explique avoir besoin de son aide pour sauver Finn du coup de poignard que le natif lui a asséné. « Clarke, ici le Chancelier, intervient une nouvelle voix. Tu veux dire qu’il a des survivants sur Terre ?

— Oui. La Terre est de nouveau habitable mais on n’est pas seuls.

— Est-ce que mon fils est près de toi ?

— Non, Monsieur. Je suis désolée. … Wells a… Votre fils est mort.

— Clarke, reprend la voix de sa mère après un long instant de silence, je vais te guider. » Un violent coup de vent vient secouer la navette. La voix d’Abby devient de moins en moins compréhensible. A cause de la tempête, la communication avec l’Arche est compromise.

Sous les indications de Clarke, Raven, Octavia et Sally préparent le matériel pour l’opération à venir en attendant de retrouver une liaison avec l’Arche. Bellamy entre dans la navette avec, derrière lui, deux garçons qui semblent trainer un homme sur le sol. Ils le lâchent subitement au milieu de la pièce, révélant son visage aux autres. Sally et Octavia reconnaissent immédiatement le natif rencontré quelques heures plus tôt. « Bordel, qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? s’emporte la blonde en s’approchant. Pourquoi tu es retourné le chercher ?

— On veut des réponses, non ?

— Tu veux surtout te venger. » intervient Octavia. Le jeune homme ignore la remarque de sa sœur et ordonne aux deux autres de monter le prisonnier au troisième étage de la navette. Entendant que la radio fonctionne, son regard affiche soudainement une grande inquiétude. Il lui faut quelques secondes pour reprendre ses moyens avant de monter l’échelle qui mène à l’étage supérieur.

L’arrivée du natif au sein du camp ne présageant rien de bon, Sally décide de monter à son tour pour s’assurer que certaines limites ne soient pas dépassées. En passant l’écoutille du troisième niveau, la jeune femme découvre que le natif est attaché débout, les bras écartés. Ce dernier reprend conscience et se débat contre les entraves qui le maintiennent. Bellamy ordonne immédiatement aux deux adolescents qui l’ont attaché de vérifier les attaches et de les resserrer si besoin. « Dis-moi que c’est une blague ! s’exclame la blonde en attrapant le poignard que tient Bellamy. Tu comptes vraiment le torturer ?

— Fous le camp !

— Octavia a dit qu’il l’avait soignée. Et qu’il lui a même évité de se faire tuer.

— Et on en parle de Finn et Japser ? Ainsi que de Roma, Diggs ou encore John qui, eux, n’ont pas eu la chance de s’en sortir ?

— Rien ne te dit que c’est lui qui a fait ça.

— Je m’en fou de qui a fait ça. On a besoin de savoir contre qui on se bat. Combien ils sont. Pour quelle raison ils tuent les nôtres. Et lui, il va me le dire. » Il arrache l’arme blanche des mains de la jeune femme, lui laissant une entaille dans la paume, et s’avance vers le natif d’un pas menaçant. Elle tente de l’empêcher de toucher à l’homme en lui attrapant le poignet mais il se défait de son emprise d’un simple mouvement de bras. « Drew ! Miller ! Faites-la sortir ! 

— Je vous déconseille de me toucher. » grogne-t-elle. Les deux jeunes hommes s’échangent un regard railleur en s’approchant d’elle. Lorsque le premier, Drew, tente de lui attraper le bras, elle l’esquive en pivotant simplement son buste puis saisit son avant-bras. Elle tire le garçon à elle pour le frapper d’un puissant coup au visage avec son poing de libre. Il tombe au sol, quelque peu sonné. Quand Miller tente sa chance en essayant de l’attraper par la taille, sur le côté, elle lui bloque les bras puis tire dessus, d’un coup sec, vers le bas tout en remontant son genou qui vient heurter la tête du garçon. Elle relève ses prunelles vertes haineuses vers Bellamy. En voyant son poing se resserrer sur le manche du poignard, elle lui lance avec une agressivité quelle ne parvient à cacher dans sa voix : « Toi aussi tu veux tenter ta chance ?

— Ne me tentes pas ! grince-t-il en se tenant prêt à attaquer.

— Vas-y ! Qu’est-ce que t’attends ? ». Sur ces mots, le jeune homme se lance sur elle en levant son poignard. Sally ne bouge pas, loin d’être terrifiée. Pour seule défense, elle place sa main devant elle. La lame traverse sa chair sans qu’elle ne sourcille. Bellamy l’observe, abasourdi par son calme. D’un balayement de la jambe, elle vient taper dans les chevilles de son adversaire pour lui faire perdre l’équilibre. Puis le pousse, le faisant tomber sur le dos. La jeune femme retire l’arme plantée dans sa main tout en se positionnant au-dessus de lui. Elle pose sa paume ensanglantée sur son cou et la pointe de la lame sur sa poitrine, au niveau du cœur. « Sally ! s’écrit la voix d’Octavia dans son dos.

— Tu peux interroger cet homme pour avoir toutes les informations que tu souhaites, dit-elle sans prêter attention à la jeune fille. Mais ne le touche pas ! ». Puis elle se redresse en jetant l’arme à terre. La brune s’empresse d’accourir auprès d’elle pour observer sa main meurtrie qu’elle entoure ensuite d’un morceau de tissu trouvé non loin de là.

Assise sur une caisse de plastique, Sally observe depuis maintenant un bon moment Bellamy poser des questions à son prisonnier. Elle se contente de suivre ses mouvements, pour s’assurer qu’il ne blesse pas le natif, sans réellement prêter attention à ce qu’il dit. Dans son esprit se joue en boucle la scène qui s’est déroulé une demi-heure plus tôt. Elle, qui voulait éviter que certaines limites soient dépassées, a elle-même franchi la ligne. Mais elle se rassure en se rappelant que seul son sang a coulé.

À cette pensée, elle baisse son regard sur sa main qui est emprisonnée dans un bandage de tissu sale. Bien que l’idée d’activer sa régénération lui a traversé l’esprit plusieurs fois, elle sait qu’il lui vaut mieux oublier les avantages des Seigneurs du Temps si elle veut assurer sa survie en restant avec les Cents.

La voix de Miller, interpellant Bellamy, ramène la jeune femme à la réalité. L’adolescent, qui fouille dans les affaires du natif, montre à son leader une petite boîte en métal contenant plusieurs fioles. Il lui demande s’il a une idée de ce que cela peut être. Bellamy observe le contenu quelques secondes sans trouver de réponse. Il repose la boîte puis prend le carnet qui se trouve au fond du sac fait avec une peau animale.        

Lorsque le natif le voit s’emparer de ce qu’il a de plus précieux, il se met à tirer sur ses attaches. « Là, on a trouvé quelque chose qu’il ne veut pas montrer. » se réjouit son bourreau. Bellamy ouvre le carnet pour y découvrir de nombreux dessins. Parmi toutes les reproductions de paysages se trouve un portrait, celui d’Octavia. Le jeune homme fixe le papier quelques instants avant de s’empresser d’ouvrir le carnet à une autre page. Il découvre alors un croquis du camp et, sur la page d’à côté, des bâtons dont certains sont recouverts par une croix. « Si on compte tous ces traits, commence-t-il, je parie qu’on arrive à cent deux, avec Raven et moi. Et il y a en a dix de barrés. » Il se lève pour aller se repositionner face au natif. « Dix. Comme ceux que l’on a déjà perdu. … Il nous surveille depuis notre arrivée. ».

La trappe s’ouvre brusquement avec fracas, faisant écho à l’orage qui gronde au-dehors. Clarke et Octavia passent l’écoutille pour rejoindre le troisième niveau. La blonde s’avance ensuite vers le natif pour lui montrer le poignard qu’elle tient dans sa main gauche. Il s’agit celui que l’homme a utilisé pour blesser Finn. Par crainte de ce que la jeune fille pourrait faire, Sally se lève et s’approche de quelques pas.

Clarke dévisage le prisonnier en lui demandant de quel poison la lame est-elle imbibée. Bien évidemment, elle n’obtient aucune réponse. Bellamy se rappelle alors les fioles trouvées quelques instants plus tôt. Il les ramasse pour les donner à la jeune femme. Cette dernière les observe toutes mais elle ignore laquelle pourrait servir. Elle le supplie alors de lui indiquer quelle fiole peut sauver Finn.

Les supplications ne servant à rien, Bellamy décide de prendre les choses en mains. Il détache une ceinture d’un des rares sièges restant de l’étage et revient se planter devant le natif. Lorsqu’il lève sa nouvelle arme, prêt à donner un premier coup, une main attrape son poignet. « Il ne parlera pas, s’emporte-t-il en se tournant brusquement vers Sally, sans pour autant parvenir à se défaire de l’emprise de la blonde. Et, à moins que tu aies une autre idée pour le faire parler, c’est notre seule solution. ». Deux options se présentent soudainement à Sally. Soit elle s’immisce dans l’esprit de l’homme, et prend ainsi le risque de se trahir devant les autres, ou elle laisse Bellamy le torturer. C’est à contre-cœur, et avec une immense honte, qu’elle lâche le poignet du jeune homme.

À l’aide de son poignard, Bellamy déchire le t-shirt de l’homme. Puis il se repositionne face à lui. Il lui assène un premier coup au niveau des côtés. Puis un second au visage. Clarke vient ensuite s’agenouiller au pied de l’homme pour étaler les différentes fioles sur le sol. « Montre-lui l’antidote ! » supplie Octavia les larmes aux yeux. Mais pour seule réponse ils obtiennent un regard défiant.

Bellamy pose une main sur l’épaule de la blonde au sol pour lui demander de se relever et redonne plusieurs coups qu’il enchaine à une cadence plus rapide. Sous la colère, ses frappes deviennent de plus en plus fortes. Le mousqueton à l’extrémité de la ceinture vient tailler la peau de l’homme à chaque coup. Ne supportant plus ce spectacle, Sally détourne le regard.

La beauté a fini par disparaître dans la tempête pour laisser place aux anciens démons de la jeune femme. Le mensonge, la violence, l’égoïsme ; sont-ce donc les seuls traits qu’elle est capable de développer au contact d’autres êtres vivants ? C’est probablement pour ça, qu’en réalité, elle a toujours choisi la solitude à la compagnie humaine.

Au niveau inférieur, la voix paniquée de Raven appelle désespérément Clarke. L’état de son petit-ami ne cesse d’empirer. « Dis-nous où est-l’antidote ! » supplie la blonde en se remettant au niveau des fioles. Une nouvelle fois, elle n’obtient aucune réponse. Bellamy se saisit de son poignard et l’enfonce au travers de la main de l’homme. Sous la douleur, il se met à trembler. Mais aucun son de douleur ne lui échappe.

Raven surgit de la trappe en demandant à Clarke ce qui lui prend autant de temps. « Ce type ne parlera pas, se désole la blonde.

— On pari ? » dit-elle arrachant deux câbles d’alimentation. Elle fait se rencontrer les deux extrémités déchirées. De ce contact jaillissent des étincelles. A chaque pas qu’elle fait dans sa direction, le natif tente de se reculer. La brune pose les câbles contre son torse pendant quelques secondes. Pour la première fois, il ne parvient pas à intérioriser sa douleur.

Dans un acte désespéré, Octavia s’empare du poignard du natif qui traine sur le sol puis passe la pointe de la lame le long de son avant-bras. En la voyant se mutiler, une soudaine peur prend possession des yeux de l’homme. La jeune fille s’approche de lui et s’agenouille en prenant les fioles dans ses mains. Du menton, il indique celle qui contient le remède. « Celle-là ? » demande-t-elle en levant celle désignée. Il acquiesce d’un mouvement de tête. Elle donne alors l’antidote à Clarke qui, une fois le contrepoison en main, redescend auprès de Finn, Raven sur ses talons.

Au petit matin, comme tous les délinquants, Sally s’active pour remettre en état le camp que l’ouragan de la veille a dévasté. Alors qu’elle s’apprête à ramasser un pan de métal de la muraille, la voix de Raven la tire du vide mental qui s’est installé en elle. « Je te rend ton tournevis sonique. » sourit-elle en lui tendant l’appareil. Sally le saisit puis le range à l’arrière de son jean. « J’ignorai que Smith avait une fille, continue la brune en mettant ses mains dans les poches de son bombers rouge.

— Comment tu sais que s’est un tourn… Smith ?

— Ouais, fait-elle comme si c’était une évidence. John Smith, le petit génie de la Station Mécha. Il n’y a que lui que je connaisse capable de fabrique un tel gadget. ».

Ce nom, John Smith, suffit à faire perdre pied à la jeune femme. C’était l’un des noms d’emprunt du Docteur. C’était même son préféré.

Le TARDIS et maintenant ce John Smith qui est capable de fabriquer un tournevis sonique. Cette faille n’était en rien le fruit du hasard. Quelqu’un, quelque chose, ou peut-être même l’univers, voulait que les deux Seigneur du Temps se retrouvent ici, à cette époque. Mais pourquoi ?

 

(1) « J’ai trouvé la beauté dans la tempête. » est tirée de la chanson Goodbye stranger de Tarja Turunen.


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