La vraie vie de l'autre coté du monde - Tome II

-Avant que je n'oublis. Tu ne connaîtrais pas une certaine Ingrid Bernstein dans ton monde ?

Quand elle entendit ce nom, elle arrêta soudainement le mouvement de sa main avec le porte-monnaie de son frère et regarda la déesse d'un air bien curieux et surprise. Ce nom ne lui était pas inconnu.

- Ingrid ... ? Qu'est-ce qu'elle vient faire dans cette histoire ?

-Donc tu la connais

- Bien sûr, même si ça fait un moment que je ne l'ai pas revu.

Elle pencha ensuite sa tête sur le côté, se demandant pourquoi elle lui posait cette question. Si elle la lui posait, c'est qu'elle la connaissait elle aussi.

- Tu la connais aussi ?

Prononça elle a haute voie, a nouveau piquée au vif. La nouvelle arrivante semblait tout faire pour sortir de ses gonds la déesse.

-Ton frère était bien moins vivable que toi, mais lui au moins, sait se plier aux règles et respecter ses supérieurs !

Après quoi elle se rassit dans son fauteuil, regardant le bureau.

-Oui. Elle est arrivée dans notre monde de manière anormale. Selon nos observations avec Zafkiel, nous pensons qu'elle a débarquée ici alors qu'elle était sur le point de mourir dans le monde humain.

Elle ne tint pas vraiment rigueur de ce mécontentement de la déesse, une fois de plus, mais elle fut bien plus intéressée par ce qu'elle venait d'entendre au sujet de son amie. Prise de panique pour elle, craignait qu'il lui ait arrivé quelque chose de grave, elle ouvrit grands les yeux d'une mine inquiète.

- Elle ... elle était sur le point de mourir ... ? Comment ça ?

-Il semblerait que son apparition dans ce monde aille de pair avec un incendie qui se serait déclaré chez elle, tuant ses deux grands parents, et elle aussi, si elle ne s'était pas retrouvée ici. C'est le premier cas de ce genre qui arrive. Pour son arrivée, et pour ses pouvoirs dépassant de très loin ceux de Seiya.

Après avoir eu un bref résumé de sa situation, elle baissa un peu la tête, un peu sur le choc de l'apprendre. Elle n'avait pas eu connaissance de cet incendie chez son ami, mais visiblement, plus de peur que de mal.

- Je n'en étais pas au courant ... Un incendie, et ses grands parents sont morts ... ? La pauvre ...

Elle releva ensuite le visage pour poursuivre la discussion, intriguée par quelque chose. Elle venait de parler de pouvoirs, mais son frère n'avait parlé de pouvoirs que pour les déesses actuellement en place, il ne lui avait pas parlés d'Ingrid. Sans doute parce que celle-ci n'avait aucun lien avec l'histoire de ce monde.

- Des pouvoirs ? Tu veux dire ... comme toi ou Kurumi, ou les autres déesses ?

-Entre autre. Elle s'en approche tout du moins.

- Je vois ... Est-ce que je peux la voir ?

-A l'heure actuelle, elle est au combat, et ne sera pas de retour avant un temps incertain.

- Elle fait aussi partie de la fédération ?

Lui demanda-t-elle curieusement.

-Oui. Elle a tenu elle même a y rentrer.

- Je vois ... Il faudrait que je la vois à son retour.

Dit-elle, pensive. Après ce qu'elle venait d'entendre à son sujet elle ne pouvait pas ne pas aller voir son amie pour lui demander des nouvelles.

-J'ai déjà reçus les premiers rapports de l'équipe dans laquelle nous l'avons intégré, ainsi que ceux la concernant. Nous savions qu'elle avait perdu ses parents étant jeune, puis maintenant, ses grands parents a son arrivée ici. Si tu es son amie, as tu quelque chose a notifier sur elle ?

- Non, pas que je m'en souvienne. On s'est toujours bien entendu ...

Et, en réfléchissant un peu plus longuement sur la jeune femme, elle se rappela d'un détail. Bon, ce n'était qu'un détail justement, et il n'avait peut être pas une grande importance, mais ne savait-on jamais.

- Je me rappelle qu'elle a toujours eu une éducation plutôt stricte, du moins c'est ce que j'ai ressenti les quelques fois où je lui ai rendu visite.

-Comme je le pensais, ou l'attendait....

Ajouta faiblement Kotori.

-Merci. Tu peu t'en aller maintenant.

- Bien ! Je vais enfin pouvoir aller m'amuser un peu héhé ...

Dit-elle en regardant le porte-monnaie de son frère qu'elle refit sauter avec sa main d'un petit sourire qui en disait long sur ses prochaines occupations. Mais avant de s'en aller, il ne fallait surtout pas oublier la formule de politesse qui se traduisait par une courte révérence. Elle avait compris qu'elle détestait que l'on fasse cela pour le jeu, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Et puis, elle ne lui était pas irrespectueuse, au contraire, elle la respectait beaucoup. C'était juste un grand changement pour elle que de la voir ainsi.

- Mes hommages, Kamael Hime-sama.

Elle se releva ensuite, puis se dirigea vers la porte du bureau. Elle l'ouvrit, puis avant de quitter la pièce, elle se retourna de moitié vers la divinité d'un petit sourire complice. En regardant bien, sa tenue était particulièrement étoffée et bien pensée. Elle la complimenta dessus en prenant un peu de distance dans ses paroles. On ne sut pas trop si elle complimentait son amie ou sa déesse, ou peut être les deux.

- La tenue vous va bien.

Elle lâcha un soupir a cela, ayant vite compris que pour elle, a art la torture rien ne fonctionnerai. Au moins elle avait eu encore une fois confirmation de certaines choses pour Ingrid, qui se trouvait alors éloignée de son groupe, dans une foret, dénué d'arbres fleuris. Sur les lignes intérieures Argons, il ne restait que les maigres branches des arbres rachitiques. Pas d'autres décors sombres ou de commentaires tristes a rajouter. C'était toujours la même chose, monotone et terne. Scathachs avançait toujours en figure de proue, a l'avant de l'unité, ses deux armes e main, l'air alerte. A mesure qu'ils s'enfonçaient vers leur objectif final, les monstres se faisaient non pas plus nombreux, mais plus puissants encore. L'objectif fixé par Kokonoe avait été éradiqué, et le suivant, qui était maintenant le final, était proche. Mais ils ne savaient pas de quoi cela retournait.

Le groupe était assez curieux de voir ce qui les attendait par la suite. Ils se demandaient si au moins quelque chose allait sortir de leur ordinaire, du moins pour les anciens. Jusque-là, rien n'avait vraiment différé de leurs précédentes missions. Des monstres de haut niveau, éliminés dans les minutes qui suivent, et encore plus rapidement avec la participation d'Ingrid qui mettait les pieds dans le grand plat pour la première fois. Certaines choses pouvaient l'étonner, la surprendre, mais pour les autres c'était du quotidien. Enfin, ils ne mangeaient pas des monstres aussi puissants tous les jours, mais c'était monnaie courante. C'est donc en espérant une sorte de renouvellement que les légendes marchaient en direction de leur dernier objectif, que certains espéraient surprenant. Du moins Nagi l'espérait.

- Mah ... ils ont été tenaces mais rien de bien dangereux.

Notifia-t-il en marchant calmement, regardant droit devant lui. Il disait cela, mais durant les combats il avait été un peu occupé à ne pas quitter des yeux ses coéquipiers pour leur apporter des soins permanents ainsi que des sorts de renforcement pour les aider dans leurs affrontements, des sorts d'une grande utilité. Cela-dit, il était resté une majeure partie du temps à l'arrière, comme le demandait la classe de prêtre. Et ça, Rachel le lui rappela, elle qui avait lancé des sorts offensifs à la chaîne. Avec sa classe de sorcière elle était aussi restée un peu en retrait car ses attaques le lui permettaient, mais moins que le Maître Thousand.

- C'est facile de dire cela lorsque l'on reste toujours à l'arrière.

Ce à quoi répondit l'homme d'un petit sourire exaspéré en levant les yeux. Il voyait bien où elle voulait en venir avec ce petit pic, mais lui ne demandait pas mieux à se rendre au centre de la bataille. Il était prêtre, mais il avait des réflexes assez exceptionnels en termes d'esquive et de vitesse. Ces aptitudes lui permettaient d'aller au plus près de ses camarades pour les aider, même si ce n'était pas du goût de tout le monde.

- Tu crois que ça me plaît ? Si j'y vais on finit par me gueuler dessus alors ...

Petit a petit, alors que l'unité avançait également pour retrouver Ingrid, partit bien en avant pour dégager la voie, des cendres volaient vers eux. Au contact de leur peau, elles disparaissaient, infimes particules ballottées dans l'air vaporeux de cette guerre. Le sang se faisait sentir au loin, comme une épice qui venait embaumer les narines de nos héros. Le sang métallique, ferreux. Ils débouchèrent alors sur une clairière, ou un fleuve passait jadis, asséché maintenant. La encore, le décor avait été détruit par les récent combats, laissant le groupe a sa contemplation abyssale.

-Qu'est ce que....

Jin ne finis pas sa phrase. Il la laissa en suspens, tout comme sa respiration. Il était certain que le paysage de base ne devait plus ressembler a la verte prairie d'antan, mais avec ce qu'Ingrid avait fait, il était impossible qu'elle le redevienne au yeux du reste. Du moins pas de suite. Ou était la jeune fille ? Elle était posée la, sabre a la main, le sang Argon coulant de la lame. Les bottes posées sur la dépouille d'une créature d'au moins plusieurs tonnes. Elle avait une dent aussi longue et épaisse qu'un couteau de boucher dans sa main.

Son manteau salit et sa manche déchirée, témoignaient seuls de la boucherie qui venait de se passer ici. Ingrid ne les avaient pas remarqués. Elle regardait droit devant elle, le visage froid et...quelque peu vide ? C'était peut être le mot pour désigner son état d'esprit. La main qui tenait son sabre appuyée sur la blessure qu'elle avait au bras, ne bougeait pas, tout comme elle. Son autre main fit un léger mouvement pour jeter au sol, près du visage de la créature la dent qu'elle tenait. Une lueur bleue, faible mais présente était encore scintillante dans les yeux de la femme et dans le reflet de la lame.

Le groupe la voyait blessée comme cela leur arrivaient par moment, mais elle, ne semblait pas pouvoir se faire atteindre avec ce qu'ils en avaient vus. Ses pouvoirs étaient titanesques. Mais, s'approchant d'elle lentement, sans mots, ils comprirent comment la femme s'était retrouvée ainsi. Faisant le tour de la créature qui jonchait le sol, a coté de ses camarades, ils virent alors derrière la masse sur laquelle se tenait Ingrid un charnier. Chair et os brisés étaient étalés au sol, déchiquetés et gisant dans le sang et la boue. Ils s'étalaient su plusieurs centaines de mètres, voire plus. Qui sait de quel point elle était partit pour remonter jusqu'au groupe et achever les derniers obstacles entre elle et eux. En partant seul, Nagi, Jin, ou qui que ce soit, pensait la comprendre quand elle avait dit nettoyer l'avant du chemin.

Elle semblait avoir profité de leurs combats pour partir en esquivant seule les monstres quelques kilomètres loin a l'avant, avant de revenir vers eux en tuant, sans répit et sans repos, sans pitié et sans craintes, toute créature hostile se trouvant entre elle et eux, pour arriver ici, sur le théâtre de son dernier combat. Elle ne maîtrisait pas parfaitement ses capacités, et comme Kokonoe lui avait dit, sous utilisation de sa force, elle avait un temps limité qu'elle semblait maintenant avoir atteint.

Finalement, même Orion qui souriait toujours, et était la première a lui parler, hésita, prenant la parole. Appréhensive comme une petite fille.

-In....Ingrid ? Tu vas bien ? ....Tu es blessée ?

Elle grimpa alors sur la dépouille du monstre sous les yeux horrifiés, choqués, ou terrifiés de ses compagnons. Quand a ceux qui pouvaient encore garder un visage calme, ce n'était la encore qu'en façade. Arrivée près d'elle, Orion lui pris le bras en se penchant vers elle.

-Viens, tu dois te faire soigner par Nagi....allez...

-Je me suis encore souvenus....

Prononça elle a voie basse et faible. Cependant, le groupe pouvait l'entendre en tendant l'oreille vers elle. Orion la regarda alors, cessant son mouvement.

- De quoi parles-tu, Ingrid ?

-Je me suis encore souvenus de cette nuit....chez moi. Comme une vision....entourée de flammes....par ma faute...ou pas.

-Qu'est ce que tu racontes...?

-Je dois continuer a obéir....je dois honorer mon nom, et ma promesse...Les ordres sont la clé.

Personne ne comprenait de quoi elle pouvait bien parler sur le moment, mais on pouvait cependant comprendre la teneur de ces paroles, grace au tempérament observé chez la jeune fille. Ce qui restait en suspens, bien qu'expliqué par un effort surhumain, c'était son état a moitié de choc, ou léthargique, alors qu'Orion la ramenait lentement vers le groupe en la faisant descendre. Tout le monde la regardait, mais c'était surement l'archère qui gardait un regard de peine pour elle, voyant son manteau déchiré au bras droit.

-Je vais te le recoudre quand on fera une pause, d'accord ?

Dit Orion, sans réponse de la part de la jeune fille qui marchait, sans rien dire.

Après un long regard sur la jeune fille qui continuait de marcher vers l'avant, Nagi reposa son regard vers le champ de bataille, ce qu'il en restait. Il regarda de nouveau ce charnier, cette véritable boucherie, au moins aussi monstrueuse que les monstres qui en étaient les victimes. Il ne s'attendait certainement pas à autant de dégâts. Même pour lui qui était maintenant dans la guerre depuis une vingtaine d'années, il n'avait jamais vu une telle chose, hormis de la part des déesses, peut être. Et encore, aucune d'entre elle n'avait été aussi violente. En reliant ce carnage, avec la mine, les paroles d'Ingrid, il sentit que quelque chose n'allait pas chez elle, qu'il y avait quelque chose d'anormal outre ses pouvoirs. Il avait le sentiment que ses craintes étaient en train de se confirmer, il craignait une mauvaise utilisation de sa puissance.

- ...

Rachel qui était proche du prêtre constatait aussi du résultat de la bataille menée en solitaire. Elle devait bien l'avouer elle aussi, c'était impressionnant, en même temps qu'effrayant. Elle était bien plus âgée que le prêtre, mais elle non plus n'avait pas encore eu l'occasion de voir un tel enfer, du moins fait par une seule personne. Cette vision la faisait adhérer aux idées de son ami quant au potentiel danger que la jeune humaine puisse représenter.

- C'est ... impressionnant. Je ne me rappelle pas avoir vu une telle scène sanglante, pas depuis un certain moment du moins ...

Fit-elle remarquer avec une légère déstabilisation dans sa voix, pendant que le Maître Thousand, d'un air plutôt grave, emboîta les pas d'Ingrid, plus rapidement qu'elle pour la rattraper dans son dos. Sans peine il y parvint et, il posa sa main sur son épaule pour l'interpeller. Compte tenu de l'état de celle-ci, c'était risqué, mais il se fichait de ce risque. Il voulait vérifier si elle était encore consciente, et si c'était le contraire, la ramener parmi eux.

- Ingrid.

Prononça-t-il sur un ton des plus calmes mais aussi des plus sérieux, ce qui donnait encore plus d'impact à sa voix d'homme.

À ce contact, la jeune femme se retourna vivement vers lui, pointant son épée juste sous la gorge du prêtre. À ce mouvement brusque, le groupe se mettant en alerte, Orion s'avança devant Ingrid et la serra contre elle, abaissant d'elle même l'arme.

-Ingrid ! Il est avec nous...Tu n'as pas réagis quand je suis venus. Je sais qu'il est moins drôle mais quand même.

Dit-elle d'un sourire quelque peu forcée pour détendre un peu l'atmosphère. Elle la prix par le bras en la sortant du groupe.

-On va aller te nettoyer un peu le bras, et se reposer, hein ?

Jin les regarda alors, avant de regarder le reste du groupe.

-Faisons halte pour le moment. La route est bien dégagée de toute façon maintenant...Et on a besoin de repos aussi...

- Mh, on a tous besoin de repos.

Rajouta Nagi qui, après cette tentative d'attaque surprise à son encontre, regardait ses deux coéquipières s'en aller de leur côté. Enfin, ses coéquipières, visiblement il y en avait une des deux qui ne le voyait pas comme tel. Cette réaction, d'une manière ou d'une autre il s'y était attendu. Dans un état de choc, après avoir été l'auteur d'un massacre de cette ampleur, l'agressivité était une option à envisager, et cette prise d'option le concerter dans l'avis qu'il se faisait de la jeune fille, de l'usage de ses pouvoirs.

Même après la petite période d'entraînement avec Kokonoe, Ingrid ne semblait toujours pas avoir le contrôle. Elle avait gagné en contrôle de son pouvoir certes, mais il y avait encore du chemin dans le contrôle de soi. C'était préoccupant. Qui sait ce qui aurait pu se produire si Orion ne l'avait pas calmé. Il aurait certainement pu l'esquiver, mais là suite aurait été plus compliquée. Si les choses restaient ainsi, il n'allait pas avoir d'autre choix que de demander une rencontre avec les déesses pour parler de son cas. Encore une fois c'était rare de le voir préoccupé de la sorte, il y avait vraiment quelque chose qui le dérangeait chez elle, les risques potentiels qu'elle représentait pour son équipe.

Le feu de camp préparé assez loin du charnier, pour ne pas sentir l'odeur créé, le groupe prit le temps de se reposer. Nagi était assis à côté d'Ingrid, lui administrant les soins magiques pour son bras. La jeune femme semblait avoir reprit ses esprits, mais avait toujours un visage terne, parlant de sa voie bien adulte à elle.

-Desolé pour ça, et tout a l'heure. J'etait encore dans le feu du combat.

- Mah, ce n'est pas grave. Ça peut arriver.

Dit le prêtre en relativisant tout de même grandement la chose pendant qu'il en finissait avec le soin qu'il lui appliquait d'une main. Il ne voulait pas se montrer dur avec la jeune fille, il savait que ce n'était pas la chose à faire dans ce cas présent. Elle n'était pas vraiment dans son état normal. Il se contentait de sourire en usant de sa magie pour finir de la soigner.

Il ne pouvait pas se mentir à lui-même, il craignait son pouvoir, ce qu'elle pouvait en faire si jamais elle venait à perdre ses esprits, mais il ne le laissait pas transparaître afin de ne pas l'inquiéter et d'éviter de susciter de la méfiance en elle. S'il voulait pousser le potentiel de cette équipe agrandie à son maximum il allait devoir bien s'entendre avec elle et la faire se sentir bien au sein du groupe. Bien sûr il ne le faisait pas simplement dans cette perspective, c'était quelque chose de naturel chez lui.

- Tout baigne.

Ajouta-t-il en lui adressant un grand sourire chaleureux et sympathique, peut être même un peu bon enfant, en reculant la main de son corps une fois qu'elle fut complètement guérie, comme si aucune blessure ne lui avait été affligée auparavant. Sa réputation n'était pas usurpée.

Orion lui retira le manteau en se mettant derrière elle.

-Je vais recoudre ta manche, Ingrid !

-C'est n'est pas la peine, c'est pas grand chose.

-Mah, allons, sinon tu ne seras plus aussi jolie hihi.

Un peu contrainte, elle la laissa prendre le manteau, Kokonoe ajoutant.

-Tu te promènes toujours avec du fil et une aiguille, Orion...

-Toujours hihi.

- On ne sait jamais, si elle arrive à court de flèche elle pourra toujours se servir de son aiguille comme projectile en dernier recours haha.

Ajouta Nagi par plaisanterie avec un rire bon enfant qui allait de paire avec son sourire. La situation était peut être un peu étrange, et l'atmosphère assez peu tenable avec ce qui venait de se passer et ce qu'ils venaient de voir, mais cela ne l'empêchait pas de plaisanter. Ce n'était pas "si peu" qui allait l'abattre et le confiner dans le silence.

Tandis que l'elfe se mit à la tâche en gonflant ses joues à cette remarque, Ingrid s'allongea sur la terre sèche, dans un long soupir.

-Je suis si fatiguée...

-Pas très étonnant avec ce que tu as fait.

Ajouta Kokonoe en venant vers elle.

-Tu es restée sur quel palier ?

-Je ne sais pas trop...En combat je ne pense pas vraiment à faire des paliers.

-Tu devrais pourtant. Cela t’aidera à mieux gérer ton temps et ta puissance pour le combat.

-Je sais bien, mais c'est assez compliqué pour moi de penser à ça et au combat en face de moi.

-Tentes quand même de le faire. Ça pourrait te sauver.

-J'essayerai Kokonoe.

-Je ferais la garde avec ma soeur.

Dit ensuite Jin.

- Très bien. Je vous relaierai si vous en sentez le besoin.

Se proposa Rachel dans le calme qui lui était propre et reconnu, avec son éternel parapluie à la main et au-dessus de la tête. Ce n'était pas parce que le terrain aux alentours avait été déblayé un temps plus tôt qu'il fallait se relâcher. Ce temps de repos était toutefois le moment pour s'intéresser à ce qu'il se disait juste devant ou à côté de soi. Le prêtre légendaire venait d'entendre la discussion entre Kokonoe et Ingrid, et elle avait attiré son attention.

- Des paliers ... ?

Demanda curieusement Nagi à son ami. Jusque-là on lui avait seulement dit que l'entraînement de la jeune guerrier avait porté des fruits, mais il n'en connaissait pas les résultats exacts. Il aurait bien aimé en savoir plus à ce sujet.

Kokonoe vit alors Ingrid déjà dormir a poing fermés. La jeune fille était rapidement tombée de fatigue.

-Hé ben...ah, les oui. C'est une petite échelle que j'ai mise en place, pour mesurer sa force.

- Ah, je vois, de ce que j'ai entendu tout à l'heure c'est pour l'aider à adapter sa force et éviter de l'épuiser inutilement.

Il vit ensuite que le regard de la féline se portait quelque part, à côté de lui précisément. Il était curieux de savoir ce qu'elle regardait comme ça.

- Mh ?

Sa curiosité le poussa à se tourner justement du côté où elle regardait. Il vit alors la jeune femme qui était à côté de lui, endormie, mais toujours en position assise. Elle s'était tellement donnée dans sa dernière bataille qu'elle en était tombée morte d'épuisement, allongée au sol. Voir la jeune et fière guerrière ainsi ne manqua pas de le faire doucement rigoler. Comme quoi, elle ne pouvait pas jouer la dure éternellement.

- Dis donc, ça a le sommeil facile par ici. On dirait bien qu'elle aussi à sa limite, c'est qu'elle en serait presque mignonne héhé ...

Ajouta-t-il sur un petit ton plaisantin. Il s'amusait d'elle, mais en même temps il était satisfait de constater qu'elle pouvait se montrer en position de faiblesse, va-t-on dire, devant les autres. Elle leur faisait assez confiance pour se permettre de sommeiller à côté d'eux, à moins que ce fût simplement la fatigue qui ne lui avait pas laissé d'autre choix. Mais il y avait un petit problème, le temps, la température. Eux, ils avaient l'habitude des températures assez basses, aussi bien que chaudes, ils étaient un peu tout terrain, et Ingrid semblait aussi endurer la chose, mais après l'effort qu'elle venait de fournir, et sans sa tenue qui était en train de se faire rafistoler par la couturière de l'équipe, elle allait avoir plus de mal à le supporter, et comme elle dormait, elle était plus vulnérable à la morsure du froid. Le Thousand Master prit une décision pour remédier cela.

- Elle va attraper froid à tous les coups si elle n'a rien pour se couvrir ...

Dit-il en commençant à ôter son grand manteau de prêtre assez usé tout en se levant. Il était assez usé justement, mais il était encore épais et avait encore assez de tissu pour couvrir une bonne partie du corps, il remplissait encore sa fonction de protéger du froid. Son manteau enlevé, il se pencha vers la jeune fille pour la recouvrir doucement de son vêtement pour la couvrir de la tête aux pieds. Il était bien plus grand qu'elle, il y avait donc de la marge, et il avait bien fait attention à placer la capuche au niveau du cou pour bien le mettre à l'abri. Il aurait été dommage qu'elle se réveille avec un mal de gorge.

Avec cette démarche, il avait une allure de protecteur, ou encore de père. Oui, c'était cela, il ressemblait à un père qui veillait à la santé de son enfant. Il y avait comme quelque chose de paternel dans son sourire. C'était une intention toute naturelle chez lui, mais peut être que cette intention traduisait un manque chez lui, un manque de ne pas pouvoir faire cela avec son propre enfant, son propre fils justement. Peut être cherchait-il aussi à se donner bonne conscience en s'occupant d'elle ainsi. Pour le coup c'est lui qui se retrouvait en tenue assez légère. Bien sûr son ensemble noir était un peu épais, mais la couche était bien moindre depuis qu'il avait enlevé son manteau. Mais ça, il ne semblait pas s'en soucier, il ne semblait pas faiblir aux mâchouilles du froid qui commençait à l'attaquer. Par ailleurs, avec son vêtement épais en moins, sans ses grands manches qui lui recouvraient ses mains une grande partie du temps, on pouvait faire plus attention à un bijou qu'il portait à l'annulaire droit.

Ce bijou, c'était une bague, une alliance précisément, tout faite d'or qui brillait d'un léger éclat à la lueur du feu. Qui dit alliance disait mariage, et forcément compagne, épouse. Mais pourtant, aucune des femmes du groupe n’en portait une. Ça aurait été logique de penser que l'une d'entre elles occupait cette place, étant donné qu'il passait tout son temps avec son équipe, mais ce n'était pas le cas. Il était le seul à en porter une. Un père loin de son fils qu'il n'avait vu qu'une fois dans sa vie, une mère que l'on n'avait encore jamais mentionné, ni vu auprès du fils ou du mari, la situation de la famille Springfield semblait assez compliquée.

-C'est qu'il serait presque touchant, pour quelqu'un qui a failli se faire couper la tête.

Dit Kokonoe de côté.

Bien qu'il se sente un peu gêné sur le moment de cette petite remarque, il se reprit rapidement et lui répondit d'un fin sourire joueur et chercheur à son encontre. Elle faisait toujours cette erreur de le provoquer, et après elle venait s'en plaindre. Elle devait bien aimer ça.

- Qu'y a-t-il ? Tu es jalouse ? Tu aimerais être à sa place peut être ... ?

-Surtout pas.

Il retourna s'asseoir là où il était avant de se lever pour couvrir Ingrid, autrement dit à côté d'elle et proche de Kokonoe. Il se tourna vers elle d'un bon sourire taquin, comme à son habitude avec elle. Il devait y avoir anguille sous roche.

- Oh allez, tu peux le dire je ne me moquerai pas.

-Tu aimerais bien que ça soit la réalité mais non, désolé.

- Tu inverses les rôles là ...

Lui répondit le prêtre d'un petit air blasé. Lui, désirer qu'elle le veuille ? C'était une bonne blague qu'il entendait là.

- Ne vas-tu pas avoir froid comme cela, Nagi ?

Lui demanda calmement Rachel qui était en face d'eux et qui profitait également du feu sans pour autant lâcher son parapluie auquel elle semblait assez attachée. C'est vrai que pour le coup il s'exposait maintenant aux basses températures des environs. Il ne montrait pas de faiblesse, mais sur un certain terme ça pouvait avoir des répercussions, même sur lui. Mais là encore, fidèle à lui-même, il n'en tint pas beaucoup compte.

- Mah, t'en fais pas pour moi. Et puis ça revigore un peu des vents frais comme ça.

Dit Nagi d'un sourire confiant et assuré. Pour lui le plus important c'était que la plus jeune du groupe avait de quoi se reposer sans prendre ces risques.

-En espérant qu'elle fasse un peu moins peu la prochaine fois.

Ajouta Jin , calme.

- Quelque chose me dit que d'une manière ou d'une autre elle n'en a pas vraiment eu le choix ...

Rétorqua le prêtre légendaire en se tournant vers la jeune fille qui dormait à point nommé. Il n'avait pas oublié l'état léthargique dans lequel il l'avait trouvé à leur arrivée. De plus, elle a fait mention de souvenirs qui avaient refait surface. Ces souvenirs ne semblaient pas inconnus à ce déchaînement. Si l'on considérait la violence dont elle avait fait preuve, ils ne devaient pas lui être plaisants. Il aurait bien voulu savoir ce dont elle s'était souvenue.

-Mah, je tenterais d'en savoir plus.

Dit Kokonoe.

- Ce n'est pas la peine, je vais m'en occuper.

Répondit de façon surprenante l'homme qui continuait de regarder le corps ensommeillé de la concerné.

-Surement pas. Tout le monde sait ici que tu es trop intrusif justement.

- Et toi justement tu es trop terre à terre avec ta science ...

Dit-il pour se défendre en reportant son regard sur la féline d'un air un peu piqué au vif à cause de cette remarque qui n'était pas très sympathique.

-Sauf que moi je ne harcèle pas les gens.

-Tu as tendance a trop demander si tout va bien Nagi. Kokonoe a raison sur ce coup, tu devrais la laisser faire. En plus, c'est elle qui s'est occupé tout une semaine d'Ingrid. Et tu as tendance a t'en faire un peu trop parfois.

Ajouta Scathachs.

- Excusez-moi de m'en faire pour les gens hein ...

Rétorqua l'homme en question en croisant les bras d'un petit air boudeur assez mignon et enfantin. C'est vrai qu'il avait tendance à se soucier des gens, un peu trop parfois, mais la chose partait d'un bon sentiment. Il était tellement dévoué dans sa cause qu'il ne le remarquait pas. L'apprendre comme ça était donc un peu rude pour lui.

- L'éloignement avec ton fils te rend gâteau avec tous ceux que tu croises.

Lui fit remarquer Rachel, qui avait pour une fois un petit sourire, preuve qu'elle ne disait pas ça méchamment. C'était même le contraire. Même s'il était peut être maladroit avec ça, cela ne changeait en rien le fait que c'étaient des bonnes intentions. Bien sûr, ce n'était pas la personne visée qui allait l'avouer. Elle se contenta de tourner la tête du côté où il n'y avait personne d'une mine pas vraiment convaincue par ce que l'on disait.

- Moi gâteau ... ? C'est la meilleure ... C'est pour les grands-pères ça ...

-Tu es déjà tout vieux a l'échelle humaine hihi !

Rétorqua en toute innocence Orion. Scathachs la regarda alors d'un grand sourire étonnée.

-Pas possible, même Orion le dit ! C'est que ça doit être vrai !

- On ne peut pas tous avoir une queue et des oreilles de chat ou encore des oreilles pointues et pouvoir vivre plusieurs siècles ...

Grommela-t-il de son côté, un peu piqué par la remarque innocente d'Orion. Et oui, il n'était qu'un humain, il faisait parti de l'espèce la plus fragile et à la plus courte espérance de vie. C'était un handicap parmi le reste du groupe, sans compter ma jeune fille aux pouvoirs quasi divins qui venait de les rejoindre.

D'un certain point de vue il était le plus faible du groupe. Il était sur le chemin de la quarantaine, pratiquement la moitié d'une vie humaine. Entendre la petitesse de l'échelle de son espèce lui fit prendre conscience de certaines choses. Enfin, il pensait déjà à ses choses, l'elfe venait seulement de les lui rappeler.

Discrètement il changea son petit air grognon pour une mine assez évasive, tandis qu'il se levait du sol avant de commencer à partir dans une direction. Il voulait se mettre un peu à l'écart pour méditer sur ces choses qui lui traversaient de nouveau l'esprit.

- Je vais faire un tour.

Finit-t-il sur un ton bien différent de ceux employés dans les secondes, même minutes qui avaient précédés. Ce fut un ton calme, dans lequel on pouvait sentir qu'il avait l'esprit occupé par quelque chose.

Le groupe le laissa partir alors sans rien dire de plus.

Le prêtre poursuivit alors son petit bout de chemin de son côté. Il y avait une forêt pas très loin d'ici, à peut être quelques dizaines de mètres. Le paysage était assez mortuaire, une bonne partie des arbres avaient perdu de leur feuillage, mais certains résistaient encore et toujours aux intempéries et aux combats. Sans peur et sans crainte, pour dire qu'il n'avait même pas pris son arme avec lui, il s'aventurait dans le bois sans être équipé. Cela ressemblait à de l'insouciance ou de l'imprudence, mais il savait parfaitement ce qu'il faisait. Il connaissait bien le coin depuis le temps. A force de marcher il se retrouva un peu éloigné du groupe, il voyait simplement la silhouette du feu de camp et celles de ses camarades réunis autour.

Après ces quelques minutes de marche, il s'arrêta et regarda un peu autour de lui pour voir ce qui l'entourait. Le bois était sinistre, mais à part ça il ne semblait pas y avoir de danger. Les monstres et ennemis de la zone avaient dû être éliminés. Il trouva alors un arbre, non pas qu'il était particulier, et en profita pour s'y adosser, et regarder devant lui. Il regardait de ce même air évasif, avec ces mêmes pensées qui lui restaient dans le crâne. L'échelle de vie humaine était petite, bien plus courte que celle des autres espèces. Lui il en était pratiquement à la moitié de sa vie. Il avait eu un fils, qu'il n'avait vu qu'une fois dans sa vie et donc il n'a jamais pu s'en occuper, et une femme qui visiblement n'était pas, ou plus présente à ses côtés. Une situation familiale bien délicate. Il était très connu dans le monde, on l'admirait. Il était le porteur de l'espoir de l'humanité, un exemple pour sa jeunesse. Savoir cela le rendait heureux, grandement satisfait de ses actions, à la fois pour la réputation qu'elles lui apportaient, mais aussi le simple fait d'avoir aidé et sauvé les gens.

Mais après ? Qu'allait-il faire ? Et est-ce que son succès parvenait à combler le vide, le manque de sa famille ? C'était quelque chose d'irremplaçable. Même s'il ne voyait jamais son fils, il tenait à lui. L'arme qu'il lui avait donné, et le pendentif qu'il avait laissé à sa déesse pour qu'elle le lui remette à son prochain anniversaire en était la preuve. Il essayait d'être avec lui d'une manière ou d'une autre, mais ce n'était pas suffisant. En le voyant habituellement, il est taquin, joueur, bon enfant, pratiquement toujours de bonne humeur et altruiste. On le pensait bête aussi, idiot, et certains ne se gênaient pas pour le lui dire. Mais si l'on grattait un peu, c'était un tout autre côté de sa personnalité que nous découvrons, un autre homme, un homme tourmenté par le regret de ce qu'il n'a pas pu faire, en tant que père et en tant que mari, que chef de famille.

- J'ai vraiment foiré pas mal de choses ...

Dit-il dans un long soupir de fatigue, la tête un peu baissée et le dos contre l'écorce de l'arbre. Il était encore assez jeune, mais il le sentait, jour après jour, mois après mois, année après année, il se faisait de plus en plus vieux, et les tumultes de la guerre mettaient son corps à rude épreuve. C'était bien sûr le cas de tous ceux qui y participaient, y compris son équipe, mais encore une fois, il était un humain, il devait se plier aux contraintes de sa race, celles de vieillir et fatiguer vite. Il n'avait plus tant de temps que ça pour s'occuper de sa famille. S'il voulait sauver les meubles, cette guerre devait arriver à terme le plus rapidement possible. C'est avec cette idée dans la tête qu'il leva un peu sa main droite, à laquelle il portait son alliance afin de la regarder. Il la regardait longuement, sa vision lui rappelait celle de la personne à laquelle il était supposément lié par les lois du mariage. A cette même personne, outre le fait de lui avoir fait un enfant, il lui avait fait une promesse. Cette promesse il s'en rappelait très bien.

- Je vais finir cette guerre, peu importe si je dois en perdre un bras ou une jambe.

Prononça-t-il à voix haute, d'une voix calme mais convaincue. C'était cette promesse qui lui avait faite, mais aussi qu'il s'était fait. En terminer avec les conflits pour retourner auprès de ce qu'il lui restait de sa famille afin de remplir son rôle de père. Il n'avait que trop longtemps été séparé de son fils. Le temps jouait contre lui.