L'ange en éclats
Melissa.
Derrière la porte de sa chambre d'hôpital, Castiel était assis sur son lit. Malgré le fait que, la veille au soir, les médecins lui avaient fait prendre une impressionnante quantité de petites pilules multicolores, il n'avait pas dormi de la nuit. Pour donner le change, il s'était sagement allongé sur le lit, les yeux fermés, et avait patiemment attendu que le temps passe. Il en avait profité pour découvrir comment Lucifer avait torturé son ami quand celui-ci était enfermé dans la Cage avec lui. Mais, comme tous les anges, Castiel n'était pas un grand habitué de la culpabilité au regard de l'Humanité. Du coup, quand elle fît son apparition, vivre ce que le cadet des frères Winchester avait vécu ces derniers mois par sa faute fût pire que l'Enfer que Sam avait connu entre les mains de Lucifer. Pourtant, être un ange avait quelques avantages quand il s'agissait de surmonter les affres de l'Enfer : les blessures subies prenaient moins de temps pour cicatriser. Des visions de son frère aîné [1] avaient bien tenté de le tourmenter un moment mais il était finalement parvenu à les éjecter du tableau une petite heure plus tôt et, avec elles, sa culpabilité. À l'aube, il allait mieux.
La veille, quand il s'était souvenu de ses actes, il s'était senti impardonnable. Il avait sincèrement voulu bien faire mais comprenait maintenant qu'il n'avait pas agi de la meilleure façon avec Dean, Sam et Bobby. Il avait trahi la confiance qu'ils avaient en lui. Il en avait ressenti de la honte. Et, si Dean ne l'avait pas rattrapé, il aurait sans doute commis l'irréparable pour expier ses erreurs. Il n'avait jamais voulu devenir le dieu violent et impitoyable qu'il avait été après avoir absorbé les âmes du Purgatoire. Et il aurait préféré rester Emmanuel, le guérisseur amnésique plutôt que de s'en souvenir. Ce n'était pas étonnant que l'aîné des frères Winchester ait reculé à l'idée de lui rappeler leur ancienne amitié. Pourtant, si Meg ne lui avait pas dit qu'il était un ange, ils seraient sans doute morts, à l'heure qu'il était. Elle leur avait une fois de plus sauvé la vie, aux dépens de ses semblables. Peu après dans la même soirée, les frères Winchester et elle étaient tombés d'accord pour interner l'ange à l'imperméable le temps qu'il disparaisse des radars des démons. Castiel ne voulait plus blesser qui que ce soit mais, à cause de ça, il avait sérieusement besoin d'elle pour veiller sur lui. La démone s'était donc portée volontaire pour lui servir de garde du corps sous couvert d'être une infirmière.
La porte de la chambre s'ouvrit et un aide-soignant déposa un plateau sur la table près de l'entrée. Puis, tendant un verre d'eau et une petite coupelle de nouvelles pilules colorées à Castiel, il lui demanda :
“Alors, monsieur, comment s'est passée votre première nuit parmi nous ? Vous avez bien dormi ?”
“Non, je n'ai pas dormi. L'un de mes frères m'a tourmenté une bonne partie de la nuit.”
“Vous avez d'autres frères que les deux qui étaient avec vous hier soir ?”
Il fallût quelques secondes à Castiel et un coup d'œil au nom inscrit sur l'étiquette du bracelet à son poignet pour comprendre que, pour le protéger, Dean et Sam l'avaient fait interner sous le nom de Castiel E. Winchester [2]. Découvrir que ses amis l'avaient présenté comme leur frère le submergea de gratitude envers eux et ce sentiment lui tira un sourire doux. Tout en avalant les pilules que l'aide-soignant avait posé dans sa main, l'ange opta pour un demi-mensonge qu'il espérait convaincant.
“J'en avais d'autres mais ils sont morts et j'en suis responsable. J'ai pensé à ça toute la nuit. C'est ce qui m'a empêché de dormir.”
“Ah, d'accord. Et bien, vous pourrez en parler à votre groupe de parole tout à l'heure, si vous voulez. Il commence à 10h15. Vous voulez quoi, pour votre petit-déjeuner ? Café, chocolat, thé, lait, confiture, miel, beurre ...”
“Je ne ... mange pas.”
“Ben va falloir, parce que les pilules qu'on vous donne vont vous abîmer l'estomac si vous ne mangez rien.”
“Oh, très bien ... Alors je prendrai du lait et du miel, s'il vous plaît. Merci.”
L'aide-soignant versa le lait dans le bol qui se trouvait sur le plateau et posa un récipient de plastique operculé qui contenait le miel demandé avant de sortir, laissant Castiel seul avec lui-même. Ce dernier s'attabla avant de réaliser qu'il n'avait, pour tout couvert, qu'une cuillère en plastique et pas de couteau pour couper son pain. Il se releva et sortit de sa chambre à la recherche de l'aide-soignant. Le charriot de service était devant la porte de la chambre d'à-coté. Il y récupéra un couteau, en plastique lui aussi, et retourna dans sa chambre en silence. Il allait fermer sa porte quand il entendit la patiente de la chambre voisine crier et l'aide-soignant lui répondre en haussa la voix.
“Mademoiselle Glover, calmez-vous où je devrais vous attacher ! Et vous savez comme moi que vous n'aimez pas quand on vous entrave. Vous allez avoir un groupe de parole ce matin, vous pourrez dire ce qui vous fait peur à ce moment-là. En plus, vous allez rencontrer un nouveau patient. Il est arrivé hier soir. Il est très gentil, alors évitez de crier après lui ... Vous voulez manger comme d'habitude, aujourd'hui ?”
Castiel n'entendit pas la réponse et, après avoir fermé la porte, il s'assit devant son bol de lait. Vingt-cinq minutes plus tard, ayant mangé et bu, il enfila le pantalon et les chaussures d'Emmanuel et sortit de sa chambre. Il avait décidé de faire un tour pour découvrir les lieux. Sa première idée fût d'aller voir sa voisine de chambre car son nom de famille lui était familier mais la pièce était vide. Il erra donc un moment dans les couloirs jusqu'à la salle commune. Un lève-tôt était attablé devant des cartes et faisait une partie de solitaire. Sur une autre table, il y avait une pile de boîtes de jeux. Il prit la première et la retourna pour en lire les règles. Il fallait déplacer des pions en forme de chevaux et chaque joueur devait faire faire un tour complet aux quatre pions d'une même couleur pour remporter la partie. Les déplacements étant décidés par un dé. Après avoir regardé si personne ne le voyait faire, il secoua la boîte d'un coup sec. Dans la fraction de seconde qui suivit, plateau et pions étaient en place. Il commença à jouer, seul, avec les chevaux rouges. Il n'avait pas choisi la couleur, c'était simplement celle qui se trouvait à main droite pour lui. Il avait trois de ses chevaux au pied de l'échelle quand on vînt le chercher pour le groupe de parole.
“Je range et j'arrive.”
“Bien ... En tout cas, vous savez comment jouer pour être sûr de gagner ... Je veux dire que si vous jouez seul, c'est le meilleur moyen de gagner, vous ne croyez pas ?” – lui dit l'aide-soignant en l'aidant avant de le guider jusqu'à la salle où se réunissait le groupe.
“Non, ce n'est pas pour ça que j'y jouais seul. En fait, je n'y avais jamais joué, et je voulais voir si j'avais bien compris les règles.”
Tandis que Castiel finissait de ranger le jeu, quelques patients commencèrent à arriver dans la salle où allait avoir lieu la séance du groupe de parole. Il y avait douze chaises, placées en cercle. Une d'entre elles était occupée par le médecin et deux autres par des infirmiers, dont Meg. Ils s'étaient assis en laissant un intervalle de trois chaises vides entre eux. Les deux places directement à gauche du médecin ainsi que les trois entre les deux infirmiers était vides. Une femme d'environ trente-cinq ans s'installa sur la chaise la plus éloignée à gauche de celle du docteur. Elle se trouvait ainsi face à l'infirmier, qu'elle trouvait très séduisant et à qui elle faisait du rentre-dedans depuis qu'elle était arrivée à l'hôpital. Quelques instants plus tard, une autre patiente vînt s'asseoir à côté d'elle.
“Hé, non, viens pas de mettre à côté de moi, toi ! T'es complètement dingo et j'ai pas envie de choper ta maladie ! T'as qu'à aller t'asseoir à côté de la nouvelle infirmière.”
“Je ne vais pas m'asseoir à côté d'un démon, ça va pas ta tête ! Aucun Glover ne s'assiérait à côté de l'un d'eux, même si sa vie en dépendait. Et si tu crois que j'ai plus envie d'être assise à côté de toi, tu rêves ... Mais je préfère encore être à côté de toi qu'en face, au moins d'ici, j'te vois pas ! En plus, la place est prise.”
“Putain, ça y est, elle va encore nous parler de ses histoires de démons et de monstres ... T'aurais pas pu la fermer, Mary !” – lança une autre patiente en s'asseyant à droite de l'infirmier.
Sans écouter la-dite Mary, qui refusait qu'elle s'asseye près d'elle, l'autre s'installa à côté du médecin en se balançant nerveusement. De sa chaise, Meg la regardait, interloquée. Les Glover avaient été une famille de grands Chasseurs, mais ils étaient tous morts depuis au moins vingt ans. Et cette fille l'avait identifiée comme un démon au premier coup d'œil. Le médecin se pencha vers la patiente pour lui dire :
“Tout va bien, Melissa. Respirez, comme on vous l'a expliqué et ça va passer ...”
“Kaçé-kaçé [3] - [4]... Kaçé-kaçé ... Kaçé-kaçé ...” – répondit-elle.
“Oh, merde ! La voilà qui recommence avec son ‘Kaçé-kaçé’. Là, t'as vraiment fait fort, Mary !”
C'est à cet instant précis que Castiel passa la porte de la pièce. Meg quitta sa chaise et se dirigea droit vers lui. S'adressant à l'aide-soignant, elle dit :
“C'est bon, je vais me charger de lui. – Le soignant s'éloigna en saluant Castiel. En s'adressant à l'ange, Meg reprit, à voix basse – Bon sang, Castiel, je suis à peine arrivée que je suis déjà repérée. La femme à côté du médecin. Elle a dit à tout le monde que j'étais un démon. Heureusement, les autres ne l'ont pas crue. Du coup, elle s'est mise à dire ce truc bizarre. Et ça agace les autres patients.”
Castiel n'écoutait plus Meg. Il s'avançait vers Melissa, l'air profondément attristé. Il s'arrêta à deux mètres d'elle. Le médecin tentait de la calmer, en vain. Il avisa l'ange.
“Allez vous asseoir, Monsieur Winchester.”
Castiel ne bougea pas. Il fixait la femme qui répétait en boucle sa litanie, en accélérant peu à peu son rythme. Il fallait qu'il agisse, et rapidement, pour l'aider. Mais s'il utilisait ses pouvoirs angéliques devant les patients, cela attirerait l'attention de tous, et en premier lieu celle de Crowley et de ses démons.
“Kaçé-kaçé ... Kaçé-kaçé ... Kaçé-kaçé ... Kaçé-kaçé ... Kaçé-kaçé ... Kaçé-kaçé ... Kaçé-kaçé ... Kaçé-kaçé ...”
L'ange s'avança un peu plus. Il n'était plus qu'à une cinquantaine de centimètres de Melissa quand le médecin lui dit :
“Je vous ai demandé d'aller vous asseoir, Monsieur Winchester. Infirmière Meg, accompagnez-le à sa place.”
Lorsque l'intéressée lui prit le bras pour le guider, Castiel se dégagea sans brusquerie, lui adressant un signe de dénégation de la tête. Il avait l'air déterminé à ne pas bouger. Meg n'insista pas. De son côté, Melissa avait encore accéléré la cadence, ne faisant pratiquement plus de pause entre chaque phrase.
“Kaçé-kaçé, kaçé-kaçé, kaçé-kaçé, kaçé-kaçé, kaçé-kaçé, kaçé-kaçé, kaçé-kaçé, kaçé-kaçé, kaçé-kaçé, kaçé-kaçé ...”
Castiel tendit le bras vers elle. Il fallait qu'elle le regarde en face s'il voulait réussir à la calmer. Au fur et à mesure qu'il approchait sa main du menton de Melissa, celle-ci accélérait encore.
“Monsieur Winchester, c'est la dernière fois que je vous le demande, allez vous asseoir maintenant !” – s'impatienta le médecin.
Melissa allait maintenant si vite que l'on aurait pu croire à un train à vapeur lancé à pleine vitesse dans le lointain.
“Kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç-kaç ...” – Castiel, effleurant à peine le menton de Melissa de son index, la força à relever le visage vers lui. L'effet fût quasi-immédiat – “Kaç-kaç-kaçé ...” – Elle le regarda et ses yeux s'écarquillèrent. Son visage s'illumina tandis qu'elle se jetait sur lui en criant – “Trouvé !”
Sous l'impulsion, il bascula en arrière, suivant le mouvement de sa chute. En quelques secondes, il se retrouva, étalé au sol, avec Melissa, qui lui était tombé sur le torse, en train de rire aux éclats en répétant :
“Kaçé-trouvé ... Kaçé-trouvé ... Kaçé-trouvé ... Kaçé-trouvé ... Kaçé-trouvé ...”
Meg arrêta le médecin et l'infirmier qui allaient intervenir pour les séparer tandis que Castiel posait une main sur la joue de Melissa et que, du bras opposé, il l'enlaçait pour la faire rouler sur le côté et se dégager de dessous elle en la regardant avec une infinie douceur.
“Oui, Mel', tu m'as trouvé ! Maintenant, calme-toi.”
Mary, voyant Castiel être aussi familier avec une femme qui devait lui être inconnue, lâcha soudain :
“Non mais c'est pas parce qu'elle change de disque que vous devez baiser sur place, non plus !”
L'ange se releva et, avec l'air le plus sérieux du monde, il répondit à Mary :
“Je n'ai pas envie de m'accoupler avec Melissa pour l'instant.”
Melissa, qui venait seulement de se relever à son tour, éclata de rire. Il se tourna vers elle, surpris par sa réaction. Elle lui prit par l'avant-bras, juste au-dessous du coude, et posa sa tête dans le creux de son épaule, toujours riant, avant de dire
“Seulement ‘pour l'instant’, Cas' ?”
Castiel la regarda, interloqué. Soudain, il saisit le sous-entendu, involontaire de sa part, de ses paroles.
“Ce n'est pas ce que je voulais dire, Mel'.” – lui répondit-il, d'un air gêné.
“C'est ce que tu as dit, pourtant ! – elle tenta de ne pas rire de nouveau. Puis, tout en désignant Meg de la main, elle ajouta – et apparemment, je ne suis pas la seule à avoir compris ça de cette façon.”
Castiel se tourna vers la démone et celle-ci haussa les épaules dans un geste d'impuissance. Mais l'ange à l'imperméable voyait bien qu'elle riait aussi sous cape. Il baissa les yeux, hésitant entre se taire et rire à son tour de la situation. Il opta finalement pour la solution la moins facile pour lui, car la plus humaine, et sourit avant de prendre Mel' par le poignet et de lui dire :
“Mel', si ça ne te dérange pas, j'aimerai que tu viennes t'asseoir avec moi. Je veux dire, à côté de moi.”
En désignant la place en face du médecin, elle répondit.
“Castiel, la seule autre place où j'accepterai de m'asseoir est celle-là. Il n'est absolument pas question que je sois à coté de cette ...”
D'un simple lever de doigt à la hauteur de sa bouche, Castiel l'interrompit.
“C'est moi qui vais m'asseoir à côté de Meg. Ça ne me dérange pas. – voyant que Mel' fronçait les sourcils, l'ange ajouta – Je te promets de t'expliquer ça plus tard. Maintenant, tu viens avec moi.”
Sans attendre qu'elle soit d'accord, il l'entraîna à sa suite, Meg sur les talons. Quelques minutes plus tard, chacun des présents, en commençant par l'homme assis à droite de Meg, s'étaient présentés à Castiel. Quand arriva le tour de Mel', elle dit :
“Castiel, tu me connais depuis toujours, en ce qui me concerne et tu sais tout ce qu'il y a à savoir sur moi, alors j'ai pas besoin de te dire quoi que ce soit. Mais pour Meg, il faut qu'elle sache que je suis un Chasseur, avec tout ce que cela implique. Je sais me battre, je sais pratiquer un exorcisme et je sais ce qu'elle est. Si tu me demandes de la tolérer, je t'obéirai, Cas', mais que ce soit clair, je ne l'aime pas et si elle te fait une crasse, je la reverrai en Enfer sans une hésitation.”
“Je te demande de ne pas faire ça, Mel'. Meg est quelqu'un de bien, malgré ce qu'elle est. Elle nous a déjà sauvé la vie plusieurs fois, à Dean, Sam et moi. Et même si nous sommes dans des camps opposés, elle est mon amie, au même titre que toi.”
“Monsieur Winchester, dîtes-moi, Melissa vient de dire que vous la connaissez depuis toujours, pouvez-vous nous dire comment vous vous êtes rencontrés ?”
“Oh, oui, bien sûr ... C'est très simple, en fait ... J'étais présent, le jour de sa naissance. Je connaissais ses parents.”
Linda, la femme qui s'était assise entre l'infirmier et Melissa, leva la main. Le médecin lui donna la parole.
“Je voudrais juste demander quelque chose à – elle hésita un instant – Castiel, c'est ça ? – L'ange opina – Alors voilà : t'avais l'air de savoir ce qu'elle disait, tout à l'heure ... Tu sais, quand elle répétait son ‘kaçé-kaçé’ en boucle. Mais aucun de nous n'a jamais pigé ce qu'elle racontait. Comment t'as compris ce qu'elle avait dans la caboche.”
“Elle parlait en français. La famille de sa mère est d'origine cajun [5]. Le français est la première langue qu'elle a appris à parler, enfant. Sous le coup d'une émotion forte, il n'est pas rare qu'une personne bilingue depuis l'enfance se mette à utiliser sa langue maternelle pour exprimer ce qu'elle ressent. Même si elle ne l'a pas parlé pendant des années. Est-ce l'un de vous se souvient quand elle a commencé à dire ses mots ?”
“Oui, j'étais déjà là. – répondit Linda – C'était il y a quelques mois, on regardait la chaîne d'info, dans la salle commune. Et d'un coup, ça lui a pris, comme ça. Je me souviens vaguement que c'était à l'époque où ils ont parlé de ce gars qui était entré au QG d'un parti politique où tout le monde est mort. Les caméras de sécurité l'avait filmé. Il entre, il y a une grosse lumière, comme une espèce de phare, et quand la lumière s'est éteinte, il était le seul encore debout ... tous les gens présents, à part lui, étaient morts [6].”
Castiel baissa les yeux quelques secondes avant de soupirer.
“Je me souviens de ce jour-là. J'étais tout près de là, quand c'est arrivé. Mel' a dû me reconnaître ... Et oui, elle parlait de moi. Elle disait ‘Cas' est cassé’. Elle a compris que je n'étais pas moi-même, ce jour-là.”
“Cas', je t'ai cherché pendant un an et demi avant d'être amenée ici. Tu ne donnais plus de nouvelles, j'ignorais même si tu recevais mes messages, alors j'ai fait ce que tu m'avais dit, la dernière fois que je t'avais vu. C'est comme ça que je me suis retrouvée ici. Et quelques semaines après mon arrivée, je te vois à la télé, sur les images de cette caméra de vidéosurveillance. Et effectivement, c'était très clair que tu n'étais pas toi-même. J'ai eu l'impression de voir ton père [7], au milieu de cette lumière dont parlait Linda ... Et ça, ça m'a fait peur !”
“Tu veux dire ...” – Melissa saisit la main de Castiel juste à temps pour l'interrompre. Elle n'avait pas envie de le voir être traité d'illuminé par le personnel et les autres patients.
“Oui, Cas', c'est bien ce que je veux dire ...”
À SUIVRE ...
[1] Lucifer, qui appelle Castiel “Petit frère” dans l'épisode 7.17.
[2] Le ‘E.’ est pour ‘Emmanuel’. Ce prénom, d'origine hébraïque, signifie ‘Dieu est avec nous’. Quant à l'idée de cacher Castiel sous son vrai prénom et le nom des Winchester, elle vient du fait qu'il est souvent plus efficace, pour cacher quelque chose, de le mettre en pleine lumière. Les démons savent que les frères Winchester s'appellent Dean et Sam. Ils n'iraient pas embêter un Winchester qui s'appellerait autrement. Ce serait sans intérêt pour eux, même s'il s'appelait Castiel !
[3] Comme personne ne comprend ce qu'elle dit à ce moment là, j'ai opté pour une orthographe un peu ... inexacte. Mais ce “Kaçé-kaçé ... ” est une phrase courte, dite en français. La bonne orthographe viendra plus tard dans le texte. Les points de suspension sont là pour séparer les différentes fois où Melissa la prononce.
[4] Je sais qu'on a pas besoin d'un ‘ç’ avant un ‘é’, mais la cédille a une bonne raison d'être là ...
[5] Les cajuns (cadiens, en français), sont des francophones originaires d'Acadie (région qui réunissait les actuelles provinces de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Edouard) au Canada et déportés vers la Louisiane, alors colonie du Royaume de France, au milieu du 18ème siècle.
[6] Ce que Linda vient de raconter à propos “du gars qui est entré au QG d'un parti politique” se déroule dans le 1er épisode de la 7ème saison.
[7] Aussi connu sous le nom de ... Dieu.