Super Mario Bros Collection

Chapitre 2 : La demande

8005 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/06/2023 20:50

OS qui fait suite à "Chante pour moi" et qui va (peut-être ?) marquer un tournant décisif dans la relation entre Bowser et Solfège. Ça, je vous laisse le découvrir ! Car vous savez à quel point le destin peut mettre des bâtons dans les roues.

Romance/fluff ! Préparez-vous.

La demande

Bowser était constamment accaparé par ses pensées.

Depuis quelques jours, l’esprit du grand et respecté Koopa était occupé à imaginer des scénarios où la plupart finissaient mal, très mal. Une simple question d’habitude ! Il n’avait de cesse de penser à Solfège et à ce que ça donnerait si elle devenait sa Reine … La Reine de son empire. S’il n’était plus seul au pouvoir à la tête de sa puissante armée, s’il avait quelqu’un qui le seconderait au quotidien. Que pourraient-ils accomplir tous les deux ensembles ? Main dans la main ? Chaque jour il y pensait, et chaque jour il imaginait ce que serait sa vie avec elle à ses côtés en tant qu’épouse et Reine de son royaume de lave. Sa douceur et sa bienveillance face à sa force de caractère parfois explosive pourraient être une combinaison intéressante, peut-être même bénéfique dans certaines situations. Il n’avait pas froid aux yeux et il resterait celui qui prenait toutes les décisions, mais un peu de diplomatie de temps en temps ne ferait pas de mal s’il voulait un jour conquérir le reste de l’univers.

«Sir, il serait peut-être temps de songer à lui demander sa main … Je suis d’ailleurs assez surpris que vous ne l’ayez pas encore fait ! D’habitude vous ne manquez pas une occasion pour déclarer votre flamme ! A une certaine époque, vous ne vous souciez pas de la réponse.» Kamek intervint dans son train de pensées pour lui dire ce qu’il en pensait après avoir écouté un long monologue de son Roi à priori rempli d’incertitudes. Reniflant lorsque le Koopa géant se leva de son trône, le Magikoopa toucha la pierre rose de sa baguette quand il reprit avec ce même ton indécis qu’il n’avait pas l’habitude d’entendre chez son Maître d’ordinaire sûr de lui en toute circonstance.

«Oui mais si elle refuse ?» S’inquiéta aussitôt ce dernier qui jouait avec ses griffes, son regard nerveux tombant au sol.

«Si vous n’essayez pas, alors vous ne pouvez pas le savoir ! Allons votre Altesse, où est passé votre confiance en vous ? Vous avez tous les atouts nécessaires pour réussir votre demande ! Vous vous êtes longuement entraîné, la cible à juste changé en cours de route. Rien de dramatique ! Je suis positivement certain qu’elle vous dira oui, j’ai un sixième sens pour ces choses-là. N’avez-vous pas remarqué la façon dont elle vous regardait ? Cette étincelle qui anime son regard dès qu’elle pose les yeux sur vous ? Ce sourire qui illumine son visage quand elle vous voit … Elle est follement amoureuse de vous, ça ne fait aucun doute ! Comment vous résister ?» Rappela Kamek d’un petit rebond rapidement suivit d’un sourire rêveur, plaçant ses mains jointes à sa joue gauche à ce romantisme. Tout le monde ici avait remarqué à quel point Solfège était amoureuse de lui ! Sauf le principal concerné.

Et puis, comment pouvait-il même douter de sa capacité de séduction ? Son charme était irrésistible et il le savait parfaitement ! Pourtant il continuait de douter, d’avoir peur d’un potentiel rejet … Ce que ni Kamek, ni les autres n’arrivaient à comprendre après avoir vu la détermination de Bowser pour conquérir le cœur de Peach malgré les nombreux échecs essuyés. C’était quoi la différence ?

«Et si je ne suis pas à la hauteur ? Si après elle me déteste ? Comme avec Peach ?» La voix anxieuse, la grande tortue commença à faire les cent pas devant son trône ce qui agaça vite le Magikoopa en contrebas.

«Regardez-vous votre Majesté ! Vous êtes parfait ! Il n’y a pas plus parfait que vous. Mais s’il vous plaît arrêtez de comparer Solfège à la princesse Peach ... Elles sont toutes les deux différentes et à bien des égards ! Vous ne pouvez pas rester focalisé sur elle, sinon vous n’avancerez pas dans la vie et vous resterez toujours dans le doute.» Révéla-t-il d’un petit haussement d’épaules au moment où le Roi se retourna pour le regarder avec désarroi, ce qui le motiva à poursuivre avec cette fois-ci un ton plus convaincant.

«Faites-moi confiance ! Vous avez toutes vos chances avec elle. Alors soyez confiant et faites-lui votre demande !» Encouragea vivement Kamek d’un pouce levé dans sa direction.

Malgré tout, Bowser continuait de nourrir des insécurités au fond de lui. Ce qui était particulièrement frustrant pour quelqu’un qui se fichait pas mal des avis ! Par exemple avec Peach, il n’avait jamais eu peur de se prendre un refus, même si certes sur le coup ça lui faisait mal il s’en remettait toujours rapidement pour recommencer à espérer l’obtenir un jour. Là, c’était encore une fois complètement différent. Comme depuis le jour où il avait rencontré Solfège … Rien n’était pareil, tout semblait tellement plus compliqué à présent. La peur du faux pas, de lui faire peur, de voir du dégoût dans son regard si tendre … Dans ce regard qui ne portait aucun jugement. Alors qu’il pourrait tout aussi bien lui faire les mêmes déclarations que Peach ! S’étant longuement entraîné avec Solfège pour justement obtenir une réponse positive, il avait donc toutes les cartes en main pour mettre les chances de son côté et réussir. Comme elle le lui avait si bien appris.

Mais alors, pourquoi ?

Depuis son retour du royaume du Temps après la défaite de Tic-Tac, il passait la majeure partie de son temps avec elle comme conseillère. C’était plus fort que lui, il trouvait toujours des excuses. Il avait besoin de la voir, de sentir sa présence ! Car dès qu’il n’était pas avec elle, ses pensées étaient toutes focalisées sur la jeune femme aux cheveux de feu et à ce sourire qui l’ensorcelait … Qui étreignait systématiquement son cœur dans une douce chaleur. Oubliant presque qu’il avait des obligations et une armée à motiver pour un jour dominer les huit mondes comme il leur avait promis depuis si longtemps. Mais elle habitait son esprit, constamment. Il lui arrivait même de ressentir une terrible jalousie à cette proximité qu’elle avait avec son fils, un sentiment incontrôlable qui le prenait aux tripes quand il voyait ses sourires et ses rires destinés à Junior. C’était tellement agaçant !

Alors lorsqu’il avait besoin de réfléchir ou de simplement se retrouver un peu seul, le Roi Koopa se retirait dans ses quartiers là où il pourrait retrouver de la tranquillité. Sa petite bibliothèque privée était le meilleur endroit pour faire le point.

Face à cette grande armoire présentoir qui autrefois arborait fièrement des photos de Peach, Bowser étudia les toutes dernières photos qui avaient été ajoutées à sa collection de souvenirs. L’une était un portrait de Solfège souriante, l’autre son fils retenu dans les bras de cette dernière. Personne à part lui ne connaissait l’existence de cette pièce. C’était son jardin secret … Un endroit pour se recueillir loin du monde extérieur et de cette carapace de dure à cuire qu’il devait porter en permanence pour garder sa réputation de méchant intacte. Les bras croisés, il regarda toutes ces photos qu’il exposait sur cette armoire où des bougies brûlaient à l’infini. Un bref résumé de sa vie y était affiché. Sa première rencontre avec Kamek lorsqu’il était enfant, son tout premier tour de magie noire, son couronnement, l’arrivée de son fils Junior par les cigognes … L’un des plus beaux jours de sa vie. D’un petit sourire émotif, le Koopa effleura le cadre vert du bout d’une griffe à l’adorable bouille de Junior alors âgé de quelques semaines à peine.

Evidemment, il n’y avait plus aucun cadre avec la photo de Peach pour des raisons évidentes. N’ayant plus aucun sentiment pour elle, pas même l’envie de réduire son château en cendres pour l’instant, il ne voyait donc plus l’intérêt d’en exposer. Cependant il avait décidé de garder la copie de son diadème car il le trouvait tellement joli ! Et il faisait beau sur son présentoir. Bowser récupéra ensuite la bague de fiançailles qu’il avait faite faire sur mesure pour Peach, ses sourcils se fronçant de dédain à l’apparence de cette dernière. Il ne l’aimait pas avec son gros diamant incrusté et ses petites pierres roses tout autour de l’anneau. Il ne l’avait jamais aimée, mais il pensait que cette bague allait plaire à Peach à l’époque. Il voulut s’en débarrasser sauf qu’il eut une idée de dernière minute pour plutôt la ranger dans sa carapace en attendant de rendre visite à un certain forgeron.

Jour après jour, les incertitudes de Bowser se multipliaient tandis qu’il attendait le bon moment pour lui proposer de devenir son épouse. Le moment opportun ! Cherchant une occasion idéale pour l’aborder, il perdait toujours son courage au tout dernier moment pour plutôt partir sur d’autres sujets de conversation. Qu’est-ce qu’on s’en fichait d’où était pêché le Cheep Cheep ! Il était ridicule et il le savait ! Et ce manque de confiance en lui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs au point où il avait des accès de colère sans réelle raison, hurlant sur ses gardes ou sur Kamek dès qu’ils avaient la désobligeance de dire quelque chose qui ne lui plaisait pas. Allant d’un simple compliment à une suggestion pour un plan d’attaque. Des choses qui pourtant étaient agréables à entendre mais avec son anxiété et ses doutes, il n’avait plus de stabilité émotionnelle donc il extériorisait sa frustration par la colère.

Comme toujours.

La seule qui arrivait encore à contenir cette colère noire n’était nulle autre que Solfège. Lorsqu’il était avec elle, elle disparaissait. Sans laisser de trace. Sans même devoir chanter pour l’apaiser ... C’était de la magie ! Il n’avait jamais ressenti ça avec qui que ce soit d’autre et il voulait la rendre heureuse. La combler ! Faire en sorte qu’elle soit bien ici dans le château avec lui en compagnie de ses Koopas. Alors quand il avait appris qu’elle déprimait à cause du manque de verdure, ayant sans doute le mal du pays après avoir vu le royaume verdoyant de Peach, il ordonna à ses Koopas bâtisseurs de lui faire une place spéciale. Un petit coin rien que pour elle pour cultiver des fleurs. Un sublime jardin accessible depuis la porte Ouest du château au milieu des terres infertiles, protégé par une barrière de rochers. Il avait assigné un Koopa jardinier juste pour s’occuper de ce petit coin de paradis qui avait pris vie en même pas deux jours de travail ! Un exploit avec cette chaleur étouffante et ces conditions de vie inadaptées.

«C’est magnifique ! C’est à peine croyable ! Vous avez fait tout ça pour moi ? Mais, comment ?» S’émerveilla Solfège quand la main qui couvrait son visage se leva pour dévoiler le petit jardin fleuri. La bouche grande ouverte de saisissement, elle s’avança lentement sur le chemin de pierre menant directement au centre du jardin pour voir qu’il s’y trouvait un banc de marbre blanc sous une arche remplie de fleurs violettes.

«J’ai trouvé qu’il manquait un peu de décorations. Vraiment pas de quoi en faire tout un plat. J’avais juste envie de voir pousser des fleurs dans ce château …» Commenta Bowser derrière elle qui frappait dans ses grandes mains d’un petit rire embarrassé. C’était la pire excuse du siècle !

«Il y a aussi des fleurs blanches en forme de clochettes ? Comment avez-vous su qu’il s’agissait de mes préférées ?» S’étonna ensuite Solfège avec de grands yeux lorsqu’elle se pencha vers les fameuses fleurs qui sentaient si bon. Les mêmes qu’elle avait une fois reçue de la part d’un charmant Koopa. S’accroupissant dans l’herbe fraîchement coupée, elle approcha son visage ravi de l’une de ces fleurs pour sentir leur parfum exceptionnel, laissant sortir un petit gémissement de bonheur. Derrière elle, le Roi feignait la surprise.

«Vraiment ? Je l’ignorais. Je trouvais qu’elles allaient bien avec la couleur de la lave et celle de la roche sombre … Et l’odeur couvre un peu le parfum délicat du souffre.» Rétorqua-t-il d’un haussement d’épaules nonchalant, préférant de loin l’odeur du souffre plutôt que celle des fleurs. Des fleurs dans son château ? Pff, n’importe quoi ! Il n’y voyait aucun intérêt car non seulement c’était inutile mais en plus elles étaient d’une fragilité insultante. Pas de place pour les faibles ici ! Sans parler de l’entretien que ça demandait ces petites choses. Toutefois le merveilleux sourire de Solfège méritait qu’il fasse un effort pour une fois.

«Vous êtes incroyable.» Solfège se mit à rire. Evidemment qu’elle voyait qu’il mentait ! C’était inscrit sur son visage qu’il cherchait des excuses pour expliquer son choix. Il essayait tant bien que mal de se cacher derrière cet air désintéressé, mais c’était un échec total surtout quand elle le regardait avec ce sourire radieux qui brisait cette fameuse facette.

«Je sais oui.» Dit-il d’un ton las en levant un sourcil tandis que le Koopa jardinier volait jusqu’à eux.

«Je vous souhaite la bienvenue Milady ! Aimez-vous votre jardin ? J’y ai mis vos fleurs préférées sous la demande personnelle du Roi ! J’espère que ça vous convient.» Déclara gentiment le Koopa ailé à la carapace bleue d’un petit arc élégant. Il ne se rendit même pas compte qu’il venait de dévoiler une information embarrassante tant il était absorbé par l’humaine face à lui. Il espérait secrètement qu’elle se souvienne que c’était lui qui lui avait offert le bouquet de fleurs la dernière fois.

«Oh que oui, je l’adore ! Encore plus maintenant que je connais l’origine de ces fleurs …» Amusée, Solfège croisa les bras puis regarda discrètement derrière son épaule à Bowser sous le choc. Elle esquissa un sourire espiègle ; «en tout cas, je viendrai ici tous les jours pour me recueillir. C’est un cadeau vraiment exceptionnel ! Merci.»

«M-mais je vous en prie ! J’en prendrai grand soin pour vous.» Balbutia le Koopa jardinier d’un rougissement à ses joues lorsqu’il sentit les lèvres de l’humaine se poser sur son front. Ses remerciements étaient si chaleureux qu’il lui donnait envie de faire des pirouettes dans les airs ! Souriant joyeusement, son expression ravie se transforma rapidement en terreur quand il posa les yeux sur son monarque derrière Solfège. Le Koopa à épines le toisait avec haine, les griffes et les dents en évidence pendant que son imposante carrure se dessinait au-dessus de l’humaine. De la fumée sortait de son museau.

Il avait récolté tous les lauriers alors qu’il s’agissait de SON idée !

«Eh bien je crois que je vais y aller …» Nerveusement, le Koopa ailé frappa dans ses mains avant de se tourner d’un sourire maladroit pour prendre son envol loin du jardin. Terrifié à l’idée de se faire rôtir par son Roi beaucoup trop jaloux. Néanmoins il repartait avec le sentiment d’avoir accompli quelque chose de grand pour quelqu’un de spécial !

«Quant à vous …» Débuta Solfège après s’être levée pour se retourner vers Bowser qui arrêta immédiatement de montrer les dents pour se racler la gorge d’un sourire gêné. Oups. Passant sa main droite dans ses cheveux et sur le point de chercher une autre excuse bidon, le grand Koopa sentit son cœur battre plus vite au visage reconnaissant de la jeune femme.

«Vous ne cesserez jamais de m’étonner. Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous faites pour moi … Pour tout ce que vous avez fait. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de vous le dire, mais je vous en suis extrêmement reconnaissante. Pour tout. Vous m’avez rendue ma liberté, vous avez fait de moi votre conseillère et j’ai adoré chaque seconde passée à vos côtés. Vous m’avez offert un toit et une chambre. Une famille. Et maintenant ça ? Vous me comblez ! Je ne me suis jamais sentie aussi bien de toute ma vie !» D’un élan de joie, elle tourna sur elle-même pour lever les bras à ce jardin féérique avec des roseraies et des arches qui cachaient l’endroit des regards indiscrets. Son sourire était si grand qu’il pourrait atteindre ses oreilles cependant il disparut quand elle remarqua l’expression indéchiffrable de la tortue.

Bowser était à court de mot. Il avait l’habitude de recevoir des compliments et des remerciements à longueur de journée, là n’était pas le problème. Mais de l’entendre de la bouche de cette humaine qui faisait tant chavirer son cœur … Le rendait muet pour une raison étrange. Quelque peu frustré par son soudain manque d’éloquence, le Roi noua ses doigts devant lui de nervosité pendant que Solfège continuait d’admirer le joli jardin fleuri qu’il avait spécialement fait faire pour elle. Il jeta un coup d’œil à gauche puis à droite lorsqu’il eut tout à coup une idée derrière la tête, maintenant qu’ils étaient tous les deux seuls. C’était enfin le moment ! Son moment de gloire ! Il allait la demander en mariage. Le cadre était idyllique, la vue magnifique et il avait la nouvelle bague cachée dans sa carapace prête à être dévoilée à sa future épouse ! Tous les éléments étaient réunis.

Ses yeux rouges suivant les mouvements de la fille accaparée par ses fleurs, Bowser s’approcha de quelques pas en toussotant dans son poing pour attirer son attention.

«Je …» Mais sa gorge devint tout à coup sèche quand il recroisa le regard de Solfège.

Et comme à chaque fois, toute son assurance se volatilisa en un claquement de doigts. Le laissant planté là sans savoir quoi dire ou faire … Son cœur commença à prendre de la vitesse tandis que ses mains devinrent moites. Une drôle de sensation inconfortable qui se répertoria jusque dans sa nuque où il sentit des gouttes de sueur s’y former à son soudain stress. Il pouvait suer ?! Il avait appris quelque chose. Lui qui voulait la perfection, il avait surtout l’air d’un idiot incapable de s’exprimer sur ses sentiments ! Voilà qui était inconcevable pour lui. Cette peur irrationnelle allait finir par le rendre fou ! Sa colère remplaça vite son état de stupeur et avant même que la jeune femme perplexe ne puisse dire quoi que ce soit, il mit aussitôt un terme à ce moment gênant.

«Je dois m’en aller. J’ai du travail qui m’attend !» S’agaça-t-il entre ses dents alors qu’il se détournait sans un dernier regard en arrière pour quitter le jardin avec des pas lourds.

Confuse et triste après avoir vu son expression irritée, Solfège leva sa main vers lui mais il était déjà parti.

En haut de la tour Ouest du château, quatre figures s’y dessinaient dont Kamek, Junior et ses deux gardes Koopas attitrés qui avaient tous les deux gardé leur prénom inventé de la dernière partie de thé. Respectivement Marwin et Charlie. Tous accoudés sur le rebord de cette dernière, le Magikoopa avait une paire de jumelles qu’il braquait sur le couple dans le jardin. Observant discrètement le Roi Koopa et Solfège en contrebas, ils frappèrent leur main à leur front d’un soupir collectif quand Bowser s’éloigna sans avoir même fait sa déclaration.

«C’est pas vrai …» Se plaignit Bowser Jr tout en levant le museau au ciel d’une main sur son front. Ils y étaient presque ! Pourquoi son père avait abandonné au dernier moment ? En plus Solfège avait l’air dépitée, c’était encore pire !

«Changement de tactique !» Annonça ensuite Kamek d’un doigt pointé en l’air.

Leur Roi avait juste besoin d’un petit coup de pouce supplémentaire !

Le jour suivant, Bowser faisait tout pour éviter de croiser Solfège. Evitant carrément les couloirs principaux où il savait qu’elle passait à des heures précises. Il resta concentré sur ses plans d’invasion et ses prochaines conquêtes dans les galaxies voisines, gardait son esprit occupé en permanence. Aux côtés de son chef des armées borgne, il écoutait ou du moins essayait d’écouter ce qu’il lui proposait en termes de stratégie militaire pour assaillir un temple qui contiendrait un grand trésor de pièces d’or. Ce temple serait apparemment englouti dans une grande bulle d’eau avec au centre un noyau de lave qui contiendrait le fameux trésor. Ou quelque chose comme ça … Il n’en était plus vraiment sûr étant donné qu’il avait beaucoup de mal à suivre ses explications avec cette baisse de concentration. Ce que son fidèle général sembla vite remarquer car il le sortit de sa rêverie passagère après avoir bruyamment libéré sa gorge.

«Quelque chose vous préoccupe mon Seigneur ? Vous semblez distrait par quelque chose.» Interrogea ce dernier suspicieux en posant les mains à ses hanches pour plisser son œil à Bowser. Penchés au-dessus d’une carte, il s’apprêta à poursuivre mais son chef adoré le coupa brusquement avec une question inattendue.

«Est-ce que tu me trouves repoussant ?» Demanda-t-il d’une grimace, se désignant lui-même de la tête aux pieds avec ses deux mains.

«C’est une question piège ?» Méfiant, le général leva un sourcil puis croisa les bras, certain qu’il s’agissait d’un test à l’absurdité de cette situation. Il se moquait de lui ? C’était bien la première fois ! Cependant au visage incertain de son Roi apparemment en pleine remise en question, il reprit avec maladresse ; «Votre Majesté, avec tout mon respect, nous avons des priorités plus urgentes à traiter.»

«Continue.» Grommela Bowser alors que ses épaules tombaient de défaite. Décidément, son général ne lui était pas d’un grand soutien … Démoralisé, il essaya de rester concentré sur le reste du débrief jusqu’à l’heure du souper.

Libérant un soupir de soulagement lorsqu’il sorti enfin de cette réunion à mourir d’ennui, le grand Koopa se dirigea machinalement vers la salle à manger pour y croiser son fils Junior à la prochaine intersection. Ce dernier semblait essoufflé alors qu’il se ruait dans sa direction pour lui prendre sa grande main dans les siennes afin de l’entraîner avec lui dans un tout autre couloir. Bowser s’indigna mais son petit garnement de fils n’en avait que faire pendant qu’il le tirait avec lui dans la précipitation pour l’emmener dans sa chambre où l’attendait le chef des Magikoopas. Incrédule, la tortue à épines fronça les sourcils quand il remarqua que son nœud papillon violet de cérémonie était posé sur son lit à côté d’un peigne noir. Il lança aussitôt un regard dubitatif à Kamek lorsque celui-ci s’exprima enfin pour mettre un terme à ce suspense.

«Vous êtes invité à un repas royal ! Mais avant de vous y rendre, je vais faire en sorte que vous soyez présentable et irrésistible. Vous l’êtes déjà bien sûr, mais je veux mettre toutes vos chances de votre côté pour ce diner spécial en compagnie de Solfège. Il faut juste rajouter une petite touche de couleur pour égayer votre teint !» S’empressa de dire le magicien en robe bleue qui parlait du nez tandis qu’il utilisa sa magie pour nouer le nœud autour du collier de Bowser prit par surprise.

«Quoi ?! C’est quoi cette histoire !» S’hébéta-t-il d’un petit sursaut mais le Magikoopa poursuivit ses tours de magie sans prendre en compte le regard massacreur que son Roi lui lança.

«Vous verrez, vous serez au top ! Nous allons tout faire pour que ça marche !» Excité, Kamek sautilla sur son petit tabouret d’un grand sourire enthousiaste.

«Ça va être génial papa ! Je sais que tu peux le faire ! Aller !» Junior frappa dans ses mains après avoir croisé le regard anxieux de son paternel plus aussi sûr de lui depuis quelques jours. Les encouragements de son fils redonnèrent à Bowser ce qui lui manquait tant, du courage. L’admiration contenue dans les petits yeux noirs de Junior ainsi que cette détermination dans sa voix étaient tout ce dont il avait besoin pour retrouver toute son assurance et affronter ses peurs.

«Aieuh !» Grogna Bowser lorsque le peigne tira méchamment sur sa crinière flamboyante, le faisant presque tomber en arrière. Il voulait lui arracher la tignasse ou quoi ?! Il avait carrément senti son visage se déformer.

«Un petit coup de peigne par-ci … Un autre par-là …» Marmonna Kamek sur son tabouret tout en faisant des gestes dans le vide pour contrôler le peigne virevoltant dans les airs. Les cheveux de son Altesse étaient vraiment sauvages ! Difficilement apprivoisables mais après quelques essais infructueux, il réussit enfin à les rendre plus dociles.

«Tada !» S’écria-t-il une fois le travail achevé.

«Est-ce qu’elle sera impressionnée ? Et si elle ne me trouve pas assez élégant ?» Incertain, Bowser se détourna du miroir pour regarder son conseiller et son fils tous les deux en train de l’examiner de haut en bas. D’un doigt replié sous leur menton, ils s’échangèrent un regard avant de se mettre à sourire de satisfaction.

«Vous êtes beau comme un cœur ! Nul doute que vous allez faire forte impression ce soir.» Acquiesça finalement le Magikoopa vraiment fier du résultat.

«Elle te trouve déjà beau sans accessoires.» Révéla Junior à la légère d’un petit haussement d’épaules tandis qu’il laissait traîner son pied sur le tapis rouge, cette information transformant l’incertitude de son père en stupéfaction.

«Elle a dit ça ?» D’un air ahuri, Bowser leva les sourcils mais son fils se contenta de ricaner comme un petit coquin.

«On se dit tout un tas de trucs elle et moi ! Et ouais, je suis son confident ! On a aucun secret. Elle m’a même dit qu’elle te trouvait brave et que ton sourire lui donnait des papillons dans le ventre … Ou quelque chose comme ça. Je trouve ça juste bizarre qu’elle mange des papillons quand elle pense à toi … Je me demande quel goût ça a ? Oh zut !» Se rendant compte de sa bêtise, Bowser Junior plaça rapidement ses mains sur son museau après avoir dévoilé des confidences mais évidemment il était trop tard pour revenir en arrière. Il n’était vraiment pas doué pour garder des secrets !

«Le diner ne va pas tarder à commencer. Laissons au Roi quelques minutes pour reprendre ses esprits et ensuite nous irons au lieu de rendez-vous.» Kamek chassa le jeune prince à la langue bien pendue avant de se retourner vers Bowser pour s’apercevoir que son expression abasourdie n’était toujours pas partie. Avait-il une crampe ? Le Magikoopa se dirigea vers la porte mais avant de la franchir, il se retourna une dernière fois ; «et n’oubliez pas, soyez naturel !»

Être naturel … Attendez, c’était quoi déjà ?!

A vingt heures précises, Solfège fût escortée par les deux gardes Koopas Marwin et Charlie jusqu’au lieu de rendez-vous. Ne sachant pas exactement ce qui l’attendait étant donné que tout le monde s’était gardé de lui donner des explications, la jeune femme en élégante robe rouge à manches longues se dirigea vers une immense porte en métal. Cette porte lui était étrangement familière. Elle avait déjà eu l’occasion de la traverser une fois, mais elle était incapable de se souvenir ce qui se trouvait derrière. Avalant nerveusement, elle laissa ses deux amis Koopas lui ouvrir la porte pour dévoiler une longue passerelle en pierre qui rejoignait une autre porte se trouvant de l’autre côté du vide. Une mer de feu plusieurs centaines de mètres plus bas. Sur sa gauche coulait un gigantesque mur de lave, chauffant cette impressionnante salle reliant deux parties du château par cette unique passerelle.

Maintenant ses souvenirs lui revenaient. C’était ici que son plus grand cauchemar avait eu lieu …

Mais au milieu de la grande et longue passerelle elle pouvait y voir une petite table avec un chandelier et des bougies au milieu de cette dernière recouverte d’une nappe blanche. S’avançant prudemment dans la salle, les yeux de Solfège s’arrêtèrent ensuite sur une tortue familière se tenant derrière le plus grand fauteuil face à elle. Immobile, il attendait sa venue. Les gardes Koopas refermèrent la porte dans son sillage quand elle se retrouva à mi-chemin, son regard s’attardant sur le Roi qui avait l’air aussi nerveux qu’elle ne l’était. Une fois arrivée à la hauteur de la table, elle put voir qu’elle était magnifiquement dressée avec de l’argenterie, des assiettes blanche et or, des verres de cristal, des serviettes rouges soyeuses, le fameux ensemble à thé qu’elle avait utilisé avec Junior … Cette dernière constatation la fit sourire.

«Bonsoir votre Altesse. Vous êtes très élégant ce soir.» Salua poliment Solfège d’une courte révérence après avoir remarqué l’aspect soigné de Bowser. Elle le trouvait très beau avec ses cheveux en arrière, très séduisant.

«Ah oui vous trouvez ?» S’interrogea le Roi Koopa d’un haussement d’épaules hésitant, croisant les mains devant lui pour les empêcher de trembler. Il ne manquerait plus qu’elle ne remarque sa nervosité !

Le petit hochement de tête de l’humaine fit courir son cœur plus vite dans son plastron, au point de le faire rire maladroitement. Être naturel, c‘était le mot d’ordre de la soirée ! Alors concentration. Retrouvant vite son sérieux, la tortue géante s’empressa de contourner la petite table pour tirer la chaise à Solfège afin de l’inviter à s’assoir d’un geste de son bras. Ce qu’elle fit d’un rapide remerciement. Les deux désormais assis face à face, un silence à rallonge s’installa aussitôt tandis qu’ils cherchaient un sujet de conversation pour rompre ce soudain malaise. Nouant timidement ses mains sur ses genoux, le sourire de Solfège mourut peu à peu quand elle se souvint de la scène du jardin et à quel point elle avait été attristée par son départ inopiné. Certaine qu’il avait été sur le point de lui dire quelque chose d’important. Elle se sentait fautive … Persuadée que c’était de sa faute s’il était parti fâché hier après-midi.

«Je voulais vous présenter mes excuses pour hier … Je suis désolée si j’ai dit quelque chose qui vous a contrarié.» S’engagea-t-elle tout en gardant les yeux baissés sur ses mains jointes, affectée par ses évitements.

«Je n’étais pas contrarié !» Réfuta Bowser un peu trop rapidement car il ne contrôla pas le ton de sa voix qui paraissait bien trop menaçante pour ce qu’il pensait réellement. Il avait juste été surpris par ses excuses et il ne voulait surtout pas qu’elle croit que c’était de sa faute s’il avait pris ses jambes à son cou … Jamais. Se raclant la gorge, il reprit avec plus de calme au regard incrédule de son interlocutrice ; «je voulais dire pas contrarié contre vous, hé hé.»

Il ricana bêtement après avoir inséré deux doigts autour de son collier qui lui paraissait soudainement beaucoup trop serré. Il faisait chaud ici ou c’était son imagination ?! Il avait l’impression de fondre, c’était un comble ! Heureusement qu’il n’avait pas endossé tout le reste de son costume où il ne serait même plus en état de parler … Irrité par sa perte de contrôle, le Koopa géant tenta de desserrer un peu le nœud autour de son cou alors qu’il esquissait des sourires maladroits en direction de la jeune femme qui se contentait de le regarder avec compassion. Il se perdit dans ses grands yeux verts, ce qui accéléra naturellement le rythme de ses battements de cœur. Une fois satisfait de la position du nœud violet, Bowser attrapa le rebord de la table trop petite pour s’y accouder lorsque la porte se rouvrit derrière le fauteuil de Solfège pour faire apparaitre une jeune tortue en tenue de servant.

«Messire et gente Dame, voici votre diner !» Déclara Junior d’une voix hautaine tout en gardant le menton haut pendant qu’il marchait vers la table avec des manières. Se concentrant sur ses pas, il faillit trébucher quand son orteil entra en contact avec une pierre, lâchant un petit cri de surprise aux deux plats sous cloche qui tanguaient dangereusement d’un côté à l’autre. Néanmoins il réussit à retrouver son équilibre sans faire de casse.

«La spécialité du Chef ! Cheep Cheep rôti accompagné de sa tarte aux légumes. J’espère que votre repas en amoureux se passe pour le mieux. Si vous avez besoin de moi, je serai dans le couloir !» S’exclama joyeusement Bowser Jr après avoir posé les plaques chaudes devant les deux individus à table, ne se rendant même pas compte de l’impact de ses paroles.

Solfège remercia Junior d’un sourire alors que Bowser essayait de ne pas rire de la situation embarrassante car il avait la fâcheuse tendance à extérioriser son stress par le rire. D’une serviette blanche drapée sur son bras gauche, Junior se pencha vers son père pour lui faire un petit clin d’œil avant de tourner les talons pour rejoindre la sortie. Ce qui fit apparaître Kamek dans son petit nuage rose de magie avec une bonne bouteille de vin de melon, une spécialité du désert Sec-Sec ! Une bouteille inestimable. Resserrant son petit nœud noir autour de son cou, le Magikoopa à lunettes en servit dans les verres de cristal en veillant à mettre quelques gouttes supplémentaires chez Solfège. Comme ça, elle sera encore plus détendue ! D’un petit rire fourbe, Kamek disparu aussitôt pour les laisser tranquille en tête à tête.

«Ça a l’air délicieux !» S’enchanta Solfège qui retira la cloche pour sentir cette incroyable odeur de légumes chauds et de poisson cuit au feu de bois. La vapeur balaya ses cheveux de son visage. Il n’y avait pas à dire, Koopa Cuistot savait comment réaliser cette tarte à la perfection ! Son plat préféré.

En revanche, Bowser ne suivit pas le mouvement malgré l’odeur exquise de son plat. L’observant pensivement de l’autre côté de la table, il joua avec ses couverts jusqu’à ce qu’il ne fasse malencontreusement tomber sa fourchette sur le sol. Cette dernière ricocha plus loin, l’obligeant ainsi à se lever pour aller la chercher. Malheureusement à son mouvement brusque, il arracha presque toute la table avec sa queue après que la nappe s’accrocha à l’un de ses piques. Les verres renversèrent un peu de ce précieux liquide couleur miel tandis que toute l’argenterie tinta à la violente secousse, mais rien ne tomba par miracle. Les épaules de Bowser s’affaissèrent d’un soupir exaspéré alors que Solfège se mit à rire à gorge déployée. Cette table était beaucoup trop petite pour lui ! Agacé par sa maladresse, le Roi sentit cependant une agréable émotion l’envahir aux éclats de rire chaleureux de la jeune femme à priori amusée par tout ça.

Chassant toute colère en un instant.

«Humpf, ce n’est pas adapté pour un Roi de ma grandeur ! Je me demande qui est l’idiot qui a fait ça !» Rouspéta Bowser une fois de retour dans son fauteuil pour croiser les bras d’une petite moue.

«Vous avez raison, vous méritez mieux.» Accorda Solfège d’un hochement de tête, le sourire toujours bien en place. Ce n’était vraiment pas confortable pour un Koopa de sa taille car non seulement il devait faire attention à ses mouvements, mais en plus tout était trop petit pour lui.

Le regard ennuyé de Bowser s’arrêta sur Solfège après cette réponse qui regonfla son égo. Il voulait lui dire qu’il ferait tout pour la mériter, même les plus grands sacrifices, mais il se ravisa après s’être souvenu de ses conseils. Retombant dans un silence cette fois-ci agréable, les deux se fixèrent à l’autre bout de la table sans prêter attention à leur plat. Solfège pouvait sentir ses joues chauffer à son regard insistant contenant une certaine forme d’admiration, peut-être même de l’affection. Il était comme un livre ouvert … Mais il arrivait parfois qu’elle ne puisse pas déchiffrer son visage. La sensation d’avoir des papillons dans le ventre revint tout à coup pendant qu’elle l’admirait d’un sourire évasif, pendant qu’elle contemplait la tortue assise face à elle dépourvu de malice. Elle voyait derrière son masque de méchant, elle voyait le Koopa caché dans sa carapace. Levant brièvement les yeux sur le pique cassé au-dessus de son épaule gauche, elle déglutit à ce douloureux souvenir d’une bataille acharnée avant de reprendre la parole pour alléger l’atmosphère.

«Junior est un enfant formidable. Il possède une grande intelligence pour son âge et il déborde d’imagination avec ses prototypes. Par exemple ce matin il m’a présentée son nouveau vaisseau galactique qui aura la capacité de voyager deux fois plus vite ! Il ne cesse de m’impressionner avec ses talents. Je crois qu’il a un don pour ça.» Admit-elle d’un léger rire, son sourire s’agrandissant à ce qu’il avait réussi à créer pour dissimuler le château et le rendre indétectable aux radars. Elle était si fière de son génie.

«Rien de plus normal, il a hérité ça de son père. Mon fils est brillant et il fera un Roi digne de ce nom lorsqu’il aura atteint l’âge pour diriger.» Rétorqua Bowser en inspectant l’état de ses griffes d’un air supérieur, intérieurement flatté. Toutefois il s’arrêta de les admirer lorsqu’elle reprit dans ce même timbre de voix attendrit.

«J’aime vivre dans ce château. Il n’a peut-être pas les fleurs ni l’air pur de la vallée Champignon, mais je m’y sens bien. Avec vous, avec tout le monde ici. Je n’ai jamais connu d’endroit comme celui-là. Et je dois aussi vous avouer quelque chose …» Solfège s’arrêta au beau milieu de sa phrase pour regarder ses mains et chercher le courage de lui dire ce qui lui pesait sur le cœur. Levant timidement les yeux vers lui, elle vit qu’il attendait impatiemment qu’elle finisse ce qu’elle avait commencé. Son regard brillait avec espoir alors elle laissa parler ses émotions ; «Je … J’ai des sentiments pour vous.»

Dès que ces quelques mots furent prononcés, l’expression surprise de Bowser changea radicalement. Elle voulait poursuivre sur sa lancée mais il semblait préoccupé par quelque chose, sous pression tandis qu’il tirait nerveusement sur son nœud violet pendant que son autre main fouillait rapidement sur son côté droit. Inquiète, elle haussa les sourcils au Koopa qui avait adopté un comportement étrange à sa déclaration. C’était le bon moment ! Maintenant il ne pouvait plus reculer. Sa confession venait de lui donner le courage de se lancer à son tour ! Son cœur tambourinant férocement d’appréhension dans sa poitrine, il en eu presque le tournis alors qu’il se redressait sur son fauteuil mauve pour ensuite poser sa main sur son plastron. Fermant un instant les yeux, il les rouvrit pour faire une expression passionnée.

«Eh bien nous y voilà. Je crois que c’est le moment pour moi de vous dire ce que j’ai sur le cœur depuis si longtemps !» Se mettant à rire d’inconfort, Bowser tendit sa main vers Solfège qui le regardait avec de grands yeux choqués. Il ne se laissa pas déstabiliser pour autant.

«Vous êtes la plus belle créature qui m’a été donné de voir dans ce monde, dans l’univers tout entier ! Les constellations ne rivalisent pas avec vous. Vos yeux sont comme des joyaux, votre voix si douce me guide à travers les ténèbres … Quand je pense à vous, mon cœur s’emballe ! Avant vous, j’ignorai ce qu’était le véritable amour. Jamais je n’aurai envisagé éprouver un tel sentiment pour qui que ce soit ! C’est si fort, ma passion ne connait aucune limite. Je veux pouvoir vivre à vos côtés, à jamais … Voudriez-vous m’épouser ?» Bowser fit enfin sa déclaration en détournant les yeux après avoir timidement sourit à l’humaine immobile sur sa chaise, interprétant son expression béate pour de l’hésitation, le poussant à continuer.

«Je sais que je n’ai pas toujours été très tendre …» Il s’empressa de dire à cette peur qui le prenait aux tripes, tellement plongé dans ses propos qu’il n’entendit même pas la réponse de Solfège.

«Oui !» Coupa-t-elle rapidement d’un large sourire toutefois le Roi ne fit pas attention.

«Que j’ai parfois des sautes d’humeur incontrôlables …» Poursuivit Bowser en gardant les yeux rivés au sol d’une petite pointe de tristesse.

«Oui.»

«Mais vous avez capturé mon cœur le jour où j’ai posé les yeux sur vous !»

«Oui.»

«Ensemble, nous règnerons sur un monde meilleur ! Nous le façonnerons à notre image. Main dans la main … Pour la vie.»

«Oui !»

Enfin à cette dernière exclamation, le Koopa hébété releva les yeux dans la direction de l’humaine émue.

«Oui ?» Répéta-t-il d’une voix hésitante, pas certain d’avoir compris.

«Oui ! Bien sûr que je vous épouserai !» Solfège se mit à rire lorsque les sourcils de Bowser se levèrent si haut qu’ils touchaient presque ses cheveux. Sa bouche était grande ouverte de stupeur, sa main toujours tendue avec l’autre posée au-dessus de son cœur pendant qu’il s’exprimait ouvertement sur ses sentiments.

Oui.

Elle avait dit oui … Il avait enfin obtenu un oui dans sa vie ! Il n’en revenait tout simplement pas. Il était encore sous le choc. Après toutes ces longues années de solitude, tout ce temps où il rêvait de connaître le vrai bonheur, il allait enfin l’expérimenter. Il allait enfin avoir son propre conte de fée avec celle qu’il aimait. Avec sa belle Solfège, sa personnalité bienveillante, sa patience et sa générosité qui l’avaient fait tomber amoureux d’elle. Celle qui avait apporté tant de positivité dans sa vie, celle qui lui avait montré qu’il n’existait pas que la haine et la colère dans ce monde. Elle était un tout. Elle était sa perfection. D’un sourire authentique, Bowser dévoila enfin ce qu’il cachait sous la table pour le présenter à l’humaine qui avait les yeux brillants d’un intense bonheur. Une petite boite noire qu’il ouvrit lentement face à elle pour montrer la magnifique bague à l’intérieur soigneusement posée sur un coussin rouge. Argentée, elle arborait une jolie pierre émeraude taillée en trillion.

Son souffle se prenant à la beauté de cette bague, Solfège se laissa prendre la main gauche pour permettre à Bowser de doucement enfiler la bague à son annulaire. Faisant preuve de beaucoup de prudence avec ses griffes pour ne pas la blesser au passage, une réussite. La bague lui allait à la perfection ! Le joyau émeraude scintillait à la lumière rouge de la lave, serrant à peine son doigt pour ne pas glisser. Petit à petit, les larmes remplissaient ses beaux yeux verts tandis qu’elle regardait la grande tortue face à elle qui jouait nerveusement avec ses mains, lui offrant son magnifique sourire qu’elle aimait tant quand leurs regards se croisèrent. Un sourire véritable … L’émotion était là.

Posant sa main sur ses doigts, Solfège se redressa puis attrapa son menton pour délicatement poser ses lèvres sur les siennes.

Fin

Je les trouve beaucoup trop mignons … Mais si j’ai un jour une autre idée de proposition me viens, je l’écrirai sûrement ici. En attendant je continue les histoires que j’ai en tête et vos petits défis d’écriture 😊 la prochaine histoire fera lien avec celle-ci.

A bientôt, VP


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