Les contes de l'Eiesia - De sang froid

Le soir-même, Mario quitta la petite salle d’eau attenante à la chambre qu’il partageait avec Peach. Leur relation était encore platonique, et ce, à la demande de la princesse. Cette dernière était allongée sur le lit, le corps tourné vers table de nuit où reposait le crâne qu’elle avait sur la tête quelques heures plus tôt.

“Sacrée journée, hein…” admis Mario en s'asseyant de son côté du lit.

“Oui…” souffla la princesse sans se retourner.

Une pause, avant qu'elle ne se retourne.

“Il s’est passé quelque chose, tout à l’heure…”

“Ah?”

La blonde a commencé à raconter son dialogue avec Annabelle quand tout le monde cherchait Achille, puis sa vision d’une espèce de monstre-papillon à la place d’Annabelle quand elle a reçu le crâne. Le cœur de Mario sauta un battement. Il avait aussi eu cette vision il y a plusieurs mois, quand il aidait les Piuma à retrouver Ezera. Que Pauline l’ait vu était logique, que Achille, Cursio ou Belina pensent l’avoir vu est probable, mais il n’en n’avait jamais parlé à Peach. Une chose est sûre, ça sentait mauvais.

“J’ai un mauvais pressentiment…" reconnut le plombier. “Cette Annabelle est tout sauf digne de confiance.”

Peach fredonna d’approbation.

“Il parait que Daisy a obtenu une sorte de don pour détecter les dangers… peut-être qu’elle pourra nous éclairer sur cette femme…”

“Luigi m’en a parlé, elle ne l’a pas tout le temps… mais le comportement de Pauline en dit long… Elle ne s’est jamais battue comme ça… Même avec la matronne Piuma alors qu’elles se sont détestées pendant des années.”

Un silence pensif tomba sur le couple. Pour éviter que l’ambiance ne devienne plus lourde, Mario éteignit la lumière après ça, s’allongeant pour dormir.

C’est environ deux heures plus tard que Peach s’est soudainement mise à hurler. Quand Mario alluma la lumière, il vit sa conjointe dans un état proche de la transe, parlant de l’Eiesia, du retour de l’Idée Noire. Sur la table de nuit, le crâne brillait, semblant différent à celui que Peach avait porté plus tôt. Une autre voix s’est faite entendre

Mayes mayes mayes….

Ça venait du crâne, Mario y mettrait sa main à couper. Après avoir secoué Peach plusieurs fois pour tenter de la réveiller, le plombier jeta l’os au sol. Le crâne a cessé de briller et la princesse s’est calmée, se rendormant instantanément. 

C’était… assez perturbant. Bien trop pour qu’il se rendorme l’air de rien. Ce n’était pas dans les habitudes de l’homme, mais il prit son téléphone et sortit de la cabine prendre l’air, appelant la dernière personne qu’il avait contactée.

“Allo…?” gémit la voix de Luigi, endormi.

Une autre voix se fit entendre en fond, probablement celle de Daisy, puis une porte qui s'ouvrit et se ferma.

“J’espère que tu as une bonne raison pour m’appeler à 1h du matin…”

“Il s’est passé quelque chose, je ne peux pas le garder pour moi....”

Luigi le laissa raconter l’incident, mais peu à peu, ce silence qui était juste attentif devint plus alerte.

“Quelque chose va se passer.” fini par déclarer le garçon vert. “Ce… ce que je t’ai pas dit à propos de Shokora est que le truc qui la possédait venait aussi de l’Eiesia... “

“Quoi?”

“Ouais, c’est bizarre…. Il semblerait que ce soit un royaume perdu antérieur au premier empire de Sarasaland… Mais c’est difficile d’avoir des traces de ce royaume, on ne sait même pas où il était…”

“Ah…”

“Et…. “mayes” est un mot issu du sarnar, il signifie… mort...."

Mario a dégluti, tout cela n’indiquait rien de bon.

"Écoute," reprit Luigi, “on en parlera plutôt de vive voix demain matin…” il bailla. "Je ne me sens pas de tenir une conversation pareille à cette heure-ci et par téléphone…”

“D’accord… bonne nuit.”

“Bonne nuit.”

Un bip est sorti du combiné, signalant la fin de l’appel. Bien que Mario ne se sentit pas de se rendormir, il décida de regagner sa cabine, sentant le regard pesant d’Annabelle dans son dos. Un de ses papillons devait être dans les parages, probablement pour le surveiller. 

Une fois dans la sécurité de sa chambre, Mario fut surpris de voir le crâne à sa place initiale, sur la table de nuit. Peach dormait comme une masse, il était donc impossible qu’elle ait ramassé l’os. Maintenant incapable de dormir, l’homme se retrouva à fixer le plafond, bien trop aux aguets pour ne serait-ce que se reposer.

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Le lendemain matin, alors que l’ensemble du groupe se dirigeait vers le palais, une masse est tombée sur Pauline, hurlant de façon incontrôlée. Cette dernière tenta tant bien que mal à l’apaiser, rapidement aidée par les autres harpies. Après examen, la forme était aussi une harpie que Mario n’avait jamais vu. Frederick finit par s’approcher, implorant son père de se calmer.

Oh.

C’est vrai que Craig était une harpie. C’était sans doute lui.

Quand il était enfin calmé, Frederick a expliqué qu’il s’était passé “quelque chose d’inexplicable” et qu’ils feraient mieux d’aller voir. Sentant quelque chose de mauvais arriver, Mario a devancé tout le monde pour aller voir ce qu’il s’est passé.

Entre les gardes qui couraient ça et là dans le château, un certain chaos régnait. La forme de Luntell passa au-dessus du plombier rouge et se mit en vol stationnaire.

“Hé! Luigi!” cria-t-il. “Ton frère est arrivé!”

La forme de Luigi se faufila dans le désordre, attrapant Mario par le bras et s’éloignant des couloirs principaux. Quand ils étaient enfin dans un endroit où il pouvait s’entendre sans crier, Mario pu voir une expression inconnue chez Luigi, de la peur, mais avec une profonde forme de confusion.

“Je… je sais que je t’avais promis une discussion, mais ce n’est pas le moment…” admit le garçon vert.

“Que se passe-t-il?”

“C’est… à propos d’Eclair et Daisy…”

“Elles…. l’une a tabassé l’autre?”

“NON!”

Le peu de contrôle que Luigi avait encore a disparu de ses yeux.

“Elles ont disparu…"