Les contes de l'Eiesia - De sang froid
Pauline planait depuis des heures, maintenant. Mais aucune trace de son ami. Bon sang, comment une bête aussi grosse pouvait être aussi introuvable?
Elle perdit de l'altitude, regardant dans les crevasses. Une semblait assez large pour accueillir un vol de harpies en formation et Pauline y plongea tout naturellement.
Grave erreur! Même si l’entrée était dégagée, il y avait beaucoup d’espaces étroits même pour un gabarit svelte comme le sien. Et à force d’essayer d’esquiver les rochers, elle finit par tomber dans l’épaisse couche neigeuse. Une chance que ce n’était pas de la glace, elle aurait pu gravement se blesser. Pendant que la harpie se redressait, elle sentit un souffle chaud tomber sur elle, la gelant sur place.
Elle n’était pas seule, et sans doute repérée…
La chose était derrière elle, il n’y avait aucun doute. Mais trouver la force de se retourner était d’autant plus difficile. La force de bouger aussi, d’ailleurs.
Un grognement retentit du même endroit que le souffle. Le danger devenait évident. La damoiselle décida de se retourner prudemment, prête à fuir. Reconnaissant le bleu familier d’Achille, elle leva la tête pour constater que c’était bien le monstre qu’il est devenu à Epissons. Comme là-bas, ils se sont contentés de se regarder dans les yeux. Elle devrait fuir, elle le devrait vraiment, mais elle ne pouvait que fixer ce qu’il restait de son frère. Il semblait moins agressif qu’à leur précédente rencontre, mais il était impossible d’en être sûr. Puis la tête de la créature est descendue. Avant que Pauline ne puisse fuir, elle fit la connaissance avec l’énorme langue de la bête.
Dégoûtant.
Puis un cri moins fort que ceux connus à la capitale wafflelime a retenti. Un cri similaire à ceux qu’Achille poussait pour saluer ses pairs, leur montrer sa joie de les voir.
A l’extérieur, il était bien le monstre vu à Epissons, mais avec le caractère de celui qui avait été son premier ami dans la maison Piuma.
Non.
En fait, c’était Achille, complètement Achille, semblant plus épanoui que jamais.
La harpie a décollée, rapidement imitée celui qu’elle considérait comme son frère. Sa force a permis de dégager la voie que Pauline avait emprunté plus tôt, leur permettant de passer sans problème. Puis le temps que la damoiselle ne s’accroche à son dos, l’énorme monstre avait repris une forme que Pauline connaissait mieux. Il n’était pas assez fort pour porter une deuxième harpie, mais l’oiseau carmin s’en moquait, juste heureuse d’être avec la créature bleue.
Cependant, leur agitation a attiré deux autres créatures. La première était un monstre à la fourrure blanche, une crinière bleuté entourant son cou. Tout ce qui n’était pas couvert de fourrure - son ventre, ses immenses griffes et cette imposante tête avec sa gueule pleine de crocs - était gris, presque noirs. Ses yeux bleus pâles étaient d’une neutralité impressionnante. L’autre bête semblait plus massive, semblable à un gros dragon avec une grosse toison qui partait du haut de sa tête. De toutes petites ailes dépassaient de la toison. Elle volait certainement comme un poulet, c’est-à-dire assez peu et plutôt mal. Achille les avait vu, bien sûr.
“Maman, Helen, je vous présente Pauline! Pauline, ces deux créatures sont” il désigna la bête, “ma mère, Elisabeth, et” sa main glissa vers le dragon, “ma soeur, Helen!”
Elisabeth? Donc… Athecryos?
Helen devait être le même genre de bestiole, donc probablement avec un autre nom aussi.
Les deux créatures ont changé de forme, devant deux femmes qui, à première vue, avaient la même tranche d’âge qu’Achille.
“Euh…” hésita Pauline en constatant ce fait. “Ce n’est pas tes deux soeurs, plutôt?”
Helen a éclaté de rire.
“Notre peuple vieillit moins vite que les harpies! Beaucoup moins vite.”
“Hum.” fut la seule réaction d’Elisabeth.
C’était perturbant de voir ces deux femmes côte-à-côtes. L’une était si expressive et rayonnante, comme son frère, et l’autre était à peu près aussi réactive qu’un mur.
“Eh bien, enchanté mesdames!” dit Pauline dans un arc. “C’est rassurant de voir qu’Achille a des attaches familiales comme vous.” Elle étudia un peu plus longuement le trio qui lui faisait face avant sourire. “Et visiblement, son charme vient de là aussi!”
Helen a gloussé, Elisabeth n’a même pas réagi. Par toutes les plumes de la harpie carmin, la mère de ces deux boules d’émotions était vraiment inexpressive.
“Par contre Ach’, on va devoir prévenir les autres que tu vas bien et retourner à Epissons. Je ne sais pas combien de temps notre absence va être couverte…”
Le regard d’Achille s’est éclairci.
“Oui, tu as raison…” Il se tourna vers sa famille biologique. “J’espère qu’on se reverra vite…”
“Tu veux peut-être mon numéro?” Proposa Helen.
L’oiseau bleu sourit puis prêta son portable à la fille à la toison bouclée pour qu’elle y inscrive son numéro. Ceci fait, il récupéra son téléphone et partit à la suite de la harpie.
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Le cri de Pauline déchira le silence de la montagne, suivi par un autre cri plus grave, plus violent. Il était si fort qu’il suffit à attirer tout le monde pour les ramener au vaisseau. Dorota a immédiatement pris l’anciennement disparu dans ses bras, sanglotant en roumain, soufflant qu’elle était soulagée de le revoir. Elle pleurait d’un rien, en ce moment. Il n’était pas impossible qu’elle soit enceinte, mais ils ne pourront vérifier ça que plus tard.
Cursio et Belina ont rapidement pris sa place, heureux de revoir leur frère en bonne santé. Mario est le dernier arrivé, d’abord paniqué par la force du cri, puis soulagé en voyant les harpies réunies. Annabelle suggéra donc de lever le camp et de se dépêcher de retourner au Waffle Kingdom. Mais Mario remarqua vite un problème.
“Attendez… où est Peach?”
C’est vrai qu’elle était censée les attendre ici...
Mais une épiphanie a traversé l’esprit de Pauline.
D’un bond, elle agressa la chose qui se faisait passer pour une simple femme depuis le début, des cris stridents et dangereux s’échappant de sa bouche.
Très vite, des plumes et des papillons ont commencé à voler dans tout les sens, Annabelle rendant les coups avec une agressivité qu’on ne lui avait pas estimé avant cet instant.