Les contes de l'Eiesia - Le coeur d'argent

Luigi et Edelweiss se sont précipités dehors, rapidement suivis par la duchesse Golder. Il y avait une voiture dehors, le chauffeur étant sorti pour regarder vers le ciel. La princesse a suivi son regard et a vu Chrysantheem enfermée dans une sorte de sphère argentée, flottant à plusieurs mètres du sol. Encore plus haut, on pouvait voir Daisy retenue par une espèce de dragon. Le halètement choqué de Luigi a suffi à faire comprendre qu’Edelweiss n’était pas la seule témoin de cette scène, puis Luntrell s’est envolé.

“Luntrell!” cria la princesse. “Reviens, on a pas de plan!”

L’oiseau ne l’a pas écouté.

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Daisy avait un excellent point de vue de la créature qui l’avait emporté, et pour cause: elle était au bout d’un bras de cette dernière, la main enroulée autour de son cou assez ferme pour la tenir, mais pas assez pour vraiment l’étrangler. Quand elle pensait qu’un instant plus tôt, c’était Shokora…

Sa force ne lui servait à rien: en effet, elle n’était pas une bonne position pour en faire usage, et sa magie était aux abonnées absentes.

Donc non seulement Shokora était devenu un dragon aux traits insectoïdes, mais en plus, elle avait réussi à brider sa magie. On peut dire que la journée se terminait aussi mal qu'elle avait débuté.

Puis un éclair est passé, et le monstre a lâché Daisy.

La seconde qui suit, un puissant courant d’air a rattrapé la jeune femme, l’emmenant doucement vers le sol. Edelweiss l’avait visiblement sauvé. Elle lui en devait une belle, maintenant.

Une fois à terre, Luigi a couru vers elle, se concentrant immédiatement sur la marque présente sur son cou. Il était paniqué, mais le choc avait brouillé les sons dans l’esprit de la princesse. Il lui fallut encore quelques secondes avant de finalement comprendre ce qu’il se passe.

"- s'il te plait, Daisy, répond-moi!” supplia l’homme.

La princesse lui a pris le poignet assez doucement.

"Ça va Luigi.” dit-elle. “Juste un peu secouée, ça passera.”

Chrysantheem est lourdement tombée à quelques mètres d’eux, avant de finalement disparaître. Puis Luntrell l’a imité.

En levant les yeux, le couple a vu la créature s’éloigner.

“Shokora!” hurla Daisy en commençant à la suivre. “Reviens!”

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Le monstre étant trop rapide pour elle, la princesse s’est arrêtée en haut des escaliers qui menaient à la ville.

“Shokora! On peut pas t’aider si tu t’éloignes comme ça!”

“Cette chose est…” demanda Luigi, n’osant pas finir sa phrase.

“Aussi étonnant que cela puisse paraître, elle est devenue ce truc quand je l’ai approchée."

L’homme a regardé la créature se diriger vers les montagnes.

“Luntrell devrait pouvoir la pister.” dit-il.

“Si tu te sens de le faire, vas-y.”

Comme d’habitude, Luigi s’est concentré sur la présence du sacran pour l’appeler. Il n’est pas apparu, mais une douleur lointaine s’est manifestée. C’était soudain, douloureux, comme le jour où Luntrell est apparu pour la première fois. C’était la même douleur.

Quand Luigi est revenu à lui, il était à genoux sur le sol avec Daisy a sa hauteur, ses deux mains sur ses bras.

“Ne l’appelle pas si ça te fais mal…”

Résigné, Luigi a abandonné.

“Pourquoi je ne peux pas l’appeler?”

“Je crois qu’elle est capable de brider notre magie, même si je ne sais pas comment c’est possible..”

En se redressant, Luigi a vu que la moitié du château avait été réveillée par l’animation, toute la famille de Daisy étant présente. Des médecins les ont d’ailleurs tout les deux pris en charge, histoire de s’assurer qu’ils n’étaient pas blessés.

Le couple a pu sortir de l’infirmerie une heure plus tard, après avoir appris que leurs sacrans reviendraient certainement dans quelques heures. Ils se sont ensuite dirigés vers la bibliothèque, désireux de savoir ce qui les avait attaqués.

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Edelweiss a vu les deux victimes rentrer dans la bibliothèque. Ça tombe bien, elle comptait faire un point sur ses premières recherches et avait besoin de Daisy. Elle a fait signe à sa petite sœur de s’approcher puis lui a montré une image. Il s’agissait d'une sorte de dragon avec des traits d’insecte et une crinière grise.

“Est-ce que c’est ça qui t’as attaqué?” demanda la princesse aux cheveux longs.

Les yeux de Daisy se sont concentrés sur l’image au bout de son doigt, une reconnaissance allumant ses yeux.

"Ça y ressemblait, oui…” admit-elle. “Qu’est-ce que c’est?”

“On appelle cette créature le Silvalius, l’avatar de l’espoir.”

“Avatar?” s’étonna Luigi. “Comme toi ou tes soeurs?”

Edelweiss a soupiré.

“A vrai dire, je ne sais pas vraiment… je serais tentée de dire “oui”, mais il semble plus proche de la personnification que nous.”

Tout les yeux étaient tournés vers elle.

“Le peu d’informations autour de lui sont dans ce livre” dit-elle en désignant le livre ouvert. “Il est écrit en sarnar, mais je suis capable d’en comprendre les grandes lignes. Par exemple, je traduirai son titre par Les contes de l’Eiesia. A l’intérieur, il est expliqué que le Silvalius est le fils de la peur et de la réalité, deux des souverains de l’Eiesia.”

“L’Eiesia?” interrogea Azalea. “C’est où, ça?”

“Je l’ignore… il me faudra un peu de temps pour percer les secrets de ce livre.”

“Une chose à la fois,” dit Thismia avec son ton dur habituel. “Le Silvalius, puis tu pourras perdre ton temps avec tes livres pleins de poussière.”

Elle avait raison, elle devrait au moins dire ce qu’elle savait avant de plonger dans ses recherches.

“Le Silvalius est une créature de nature agressive, reconnue pour sa force et sa capacité à brouiller la magie autour de lui. Il semble adorer les milieux montagneux ou escarpés. De ce que j’ai lu, il est plus grand que ça, mais je pense que la fusion avec Shokora lui a donné son gabarit. Et un autre détail est sûr: cette chose est tout, sauf un sacran.”

“Mais comment il s’est retrouvé lié à Shokora, alors?”

Tout les regards se sont tournés vers le duc et la duchesse. Ils se sont vite sentis mal à l’aise, ne cherchant pas à s’expliquer.

“Admettez immédiatement,” dit Edelweiss. “Vous allez de toute façon être interrogés en détail.”

La duchesse a finalement parlé.

“Eh bien… Nous avons lié Shokora à une pierre grise au tout début de la guerre face à ces extra-terrestres…”

“Pathétique.” s’insurgea Daisy. "Ça fait plus de cent ans qu’on vous explique que vous avez la place que vous méritez, et tout ce que vous trouvez à faire, c’est de transformer votre fille en monstre.” Elle s’est dirigée vers la porte. “Si vous la cherchez, c’est sans moi!”

Avant que Daisy n'ait complètement quitté la pièce, Azaléa a décidé de lever la réunion, indiquant que les recherches seraient organisées dès le lendemain.