The Winchester Lawyer

Chapitre 1 : SPNSuits

24874 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 29/02/2024 12:00

Est-ce qu'Harvey s’était attendu à un coup de téléphone de la part de Samuel Winchester en panique alors qu’il était en pleine bataille pour une des plus grosses fusions de sa vie ? Nope.

Pas comme s’il n’avait pas eu vent de Sam depuis… un peu moins de dix ans ? 

Il y avait eu les années de fac bien entendu, l’affaire de Saint-Louis quelques années après et depuis… Rien. 

Rien du tout et il n’en s’en tenait pas plus mal.

Dès qu’il avait entendu la voix de son ancien camarade de classe à l’autre bout du fil, Donna lui avait lancé un regard qui devait probablement être dans ses propres yeux également. Légère panique, peur, excitation. Colère.

Il avait fait promettre à Sam qu’ils ne devaient plus jamais se recroiser. Saint-Louis lui en avait assez dit. Beaucoup trop même. 

Enfin, sauf s’il fallait encore jouer un tour de force à la loi. Parce que lui avait son examen comparé au brun et il pouvait tordre toute réalité. Parce que s’il rentrait dans un procès, il ferait toujours tout pour gagner. Même une autre affaire impossible. 

C’est à peine s’il fit attention à Mike quand ce dernier entra dans le bureau, il lui fit signe de s’asseoir sur l’une des chaises face à lui. 

« Sam. [ Pitié Harvey, j’te promets que c’était pas Dean, on-] Samuel ! Maintenant que j’ai ton attention, tu ne dis rien de plus par téléphone et vous venez au bureau dès que vous le pouvez. [ Tu- Tu prends l’affaire ? ] Oui, Sam, je prends l’affaire. Je l’ai promis non ? [ Uhmm ] On se voit tout à l’heure. »

Le blond lui haussa un sourcil comme simple question mais il l’ignora pour appuyer sur le bouton de son intercom. 

« Donna- »

« Un latte vanille en venti avec sept doses d’expresso. » répondit la rousse avec, il le savait, un ton qui disait qu’elle était rentrée en mode guerre. Ça, c'était Donna. « Ton après-midi est libre à partir de quinze heures, t’as un rendez-vous avec Noé pour Vanitas’s Memories à quatorze. Et pitié Harvey, ne commence pas avec Dean. »

Il eut un léger sourire quand il entendit le click de la fin de discussion. Avant de se laisser tomber dans son fauteuil avec un long soupir. Bon. 

Bah voilà qu’il était re-rentré dans un monde qu’il avait voulu oublier.

« Sept doses d’expressos ? » lança Mike pour reprendre son attention, avec un ton faussement blagueur. « Passes directement à la cocaïne, ça ira plus vite. »

Si tu savais , pensa-t-il.

« Illégal.» répondit-il avec un léger sourire aux lèvres, qui se transmit à son camarade légalement non-avocat « C’est les dossiers pour Hale ? »

« Yup. J’ai trouvé là comment empêcher la compagnie de Morell de prendre contrôle de l’ensemble de la compagnie. Y a- » il coupa le blond d’un geste de main avant que celui-ci ne commence à se lancer dans ses trouvailles.

« Parfait. Tu vas pouvoir le donner à Jessica et travailler avec elle, en lui disant que j’ai une affaire plus pressante à gérer. »

La tête de Mike était si… ressemblante à un poisson rouge qu’il aurait bien ri si la situation s’y prenait. Ouais, il venait de dire deux choses très surprenantes en une seule phrase. Donner cet énorme dossier et le faire travailler avec leur boss suprême. 

Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour protéger ce gamin.

« Harv-... C’est-... C’est la plus grosse fusion qu’on ait jamais eue et tu la laisses tomber pour… » ce dernier ne termina même pas sa phrase, vu qu’il ne savait pas tout ce que cela impliquait.

« Une promesse. Et crois-moi, tu ne veux pas en savoir plus. » il poussa un léger soupir « Ce n’est que pour cette affaire. »

Le plus jeune fronça des sourcils. Puis, il fit ce que le plus vieux appelait ses yeux de chiots ainsi que la moue. Et par tous les dieux de cette planète, il fallait vraiment qu’il arrête de ne pas savoir dire non à ce foutu génie. 

« Mike. » ce dernier fit encore plus la moue « Mike. Je fais pas ça pour te mettre sur la touche. Je le fais pour te protéger. L’affaire risque d'être très suivie par les médias et je vais être du mauvais côté. Ils vont fouiller et tu dois être le plus loin possible de tout ça, compris ? »

« Harvey, tu me fais flipper là. » le blond s’avança sur son siège pour attraper ses mains jointes. « Qu’est-ce qu’il se passe ? »

Il avait envie de prendre cette main et de l’embrasser, faisant envoler tous les soucis possibles et imaginables. Mais il ne pouvait pas. Il savait ce qu’il allait se passer dans les mois à venir et cela allait être… horriblement moche.

Alors il releva ses mains pour serrer celles du plus jeune. 

« Tu le sauras bien assez tôt, crois-moi. En attendant, tu dois parler à Jessica et tu vas devoir gérer mes affaires en cours pendant un certain moment. Prends Katrina avec toi. »

Troisième chose maintenant qui était très surprenante de sa part de demander. 

Alors il ne s’étonna pas réellement du regard presque terrifié de son associé. Pas plus que le silence qui en suivit avant que Mike ne passe la porte avec les dossiers sous le bras.

Il vit le mouvement de Donna avant même qu’elle ne passe la porte une fois le blond assez loin.

« Je sais que tu te hais à l’instant, mais c’est pour le mieux. Que ce soit par rapport à l’affaire ou au boulot des Winchester. » 

Il ferma les yeux un instant en se rappelant cette foutue nuit à Saint-Louis, où Sam l’avait appelé en panique parce que son-frère-était-enfermé-pour-un-meurtre-qu’il-avait-commis-mais-pas-commis-parce-que-ce-n’était-pas-lui-mais-un-monstre-et-


Et Harvey avait arrêté d’écouter avant de filer à Saint-Louis en deux deux parce qu’il voulait des réponses par rapport à la mort de Jessica, la disparition de Sam et cet appel qui n’avait aucun sens. Bien entendu, la rousse avait sauté dans l’avion avec lui parce que cela était extrêmement rare de voir le jeune avocat partir en furie comme cela.

Ouaip. Dire qu’ils regrettaient était à la fois vrai et faux. 

« Il va s’en mêler, n’est-ce pas ? » demanda-t-il, mais ce n’était pas réellement une question. 

La rousse face à lui fit une grimace, ce qui était une réponse en soi. Bien sûr que Mike s’en mêlerait. Cela concernait Harvey et Donna, les deux personnes les plus importantes dans sa vie, encore plus depuis sa séparation définitive avec Rachel. 

Les deux hommes savaient que leur amie voyait toujours la brune de temps en temps, mais beaucoup moins qu’avant. Par respect pour le blond, le temps que les deux exs arrivent à être dans la même pièce sans avoir l’impression d’étouffer. 

Cela allait mieux d’ailleurs, ils arrivaient maintenant à travailler ensemble et commençaient à passer au-dessus de la trahison. 

Puis, il était quasiment sûr que Mike était passé à autre chose vu qu’il semblait s’intégrer très facilement dans le jeu entre Donna et lui.

Mais ça, c’était un tout autre genre de conversation.

La rousse lui lança un regard peu impressionné et il essaya vraiment de ne pas se sentir juger par ce dernier. Il fallait qu’elle arrête de lire dans son crâne.

« Silence. » fit-il avec un raclement de gorge.

« Je n’ai rien dit. Je t’ai juste regardé. » répliqua-t-elle avec un sourire amusé, il alla répliquer mais elle le coupa. « Certes, je me demande comment ton cerveau peut passer d’un des moments les plus fous de notre vie à notre probablement meilleure nuit future mais qu’importe. Tous les chemins mènent à ce cerveau- là  »

Cette fois, ce fut lui qui lui lança un regard peu impressionné. Même si l’envie de lui tirer la langue, comme une certaine personne, était très tentante. 

« Plus sérieusement, » reprit-il « tu vas le bourrer de toutes mes affaires en cours, tellement que les seuls mots qui sortiront de sa bouche sont ceux qu’il va lire pendant les jours qui suivent. »

« Harvey, le procès de Dean risque de durer des mois. Et si tu ne prends pas de nouveaux clients, ce que tu risques grandement de faire, te connaissant, il va bien falloir qu’il suive l’affaire. »

Il espérait vraiment que non.

« Qui sait, je suis le meilleur négociateur de la ville. Je pourrais p’t’être mettre ça dans ma poche d’ici demain soir. »

Ce ne fût pas un regard peu impressionné, mais un regard triste que la rousse lui rendit. Parce qu’ils savaient tous deux que c’était un mensonge.

Il poussa un soupir. 

« Je vais me préparer pour l’entretien avec Noé. Quand Mike aura besoin de savoir, on lui en parlera. »

« La vérité ? » demanda-t-elle.

« La vérité. » confirma-t-il.

Elle lança un regard vers le couloir avant de se lever et de s’avancer par-dessus le bureau afin de l’embrasser. Ce n’était pas neuf. Ils n’avaient jamais réellement discuté de leur relation mais elle avait toujours été là. Certes, chacun allait voir ailleurs de temps en temps mais ils savaient tous deux que c’était l’un l’autre qu’ils voulaient. 

Et Mike. 

Il fallait juste mettre le plus jeune au courant de la situation. Une autre fois.

Il regarda la rousse sortir de son bureau et se lança à la recherche du dossier de Vanitas’s Memories pour se replonger dans une dernière affaire avec Mike avant un bon moment.

.

Bien entendu, Jessica l’attendit à la sortie de sa réunion avec Noé. Après un geste de sa part pour que Mike reparte travailler sur les affaires en cours, ils marchèrent en silence vers son bureau. Il savait déjà ce qui l’attendait. 

Il suffit que la porte se ferme.

« Es-tu devenu fou ? Tout mettre sur le dos d’un avocat illégal et le mien comme si le monde s’arrêtait de tourner pour une seule affaire ? »

« Jessica... » commença-t-il d’une voix plaidante mais elle le coupa.

« Tu as intérêt à avoir une excuse en béton armé parce que je m’en fous de combien tu rapportes à ce cabinet, je te fous à la porte, Donna et Mike avec toi. »

Il la regarde, attendant de voir si, cette fois, il peut s’expliquer et face au silence, ainsi qu’au regard courroucé, il ne dit que deux mots pour commencer.

« Saint-Louis. » lança-t-il comme simple explication et sa mentor le regarde comme s’il venait de lui demander de laisser tomber le cabinet à Hardman. Une nouvelle fois. « Mon client a de nouveau besoin de mes services. Et je ne peux pas avoir Mike à mes côtés, ne serait-ce qu’au début de l’affaire, n’est-ce pas ? »

L’avocate grince des dents sans s’en cacher. Et il sait qu’il vient de marquer un point. Voire plusieurs. Parce que, aussi peu étonnant que cela le soit, bien entendu que sa mentor et patronne connaissait le monde qu’il avait découvert cette fameuse nuit. Parce que pourquoi Jessica Pearson ne serait pas au courant d’un monde si proche et si surréel ?

Elle pouvait être pire que Donna. Et cette dernière savait déjà tout ce qu’il y avait à savoir sur les gens.

« Dès que tu as les détails de cette affaire, je veux le savoir. Dès que le vent médiatique se sera calmé, Mike sera avec toi sur cette affaire. » il ouvrit la bouche pour la contrer mais elle lui coupa la parole d’un doigt « Je ne veux rien entendre. Tu veux sauver Dean Winchester une nouvelle fois ? Tu prends le plus gros cerveau de cette firme avec toi. Nous ne pouvons pas perdre une affaire de meurtre ou autres choses toutes aussi peu ragoûtantes. Tu prends cette affaire, tu la gagnes. Fin de la discussion. »

« Encore mieux si je la gagne avant un procès, n’est-ce pas ? » fit-il avec un sourire en coin, celui légèrement arrogant qui le sortait tellement souvent du pétrin.

Jessica lui lança un regard torve en réponse.

« Cela ira très probablement au procès, tu le sais aussi bien que moi. »

Et ce fût avec ceci qu’elle termina définitivement la conversation, sortant du bureau comme elle était entrée, telle une bourrasque prête à tout déraciner sur son passage. Il lança un regard à Donna qui lui offrit une seule grimace en réponse.

Il se massa les tempes avant d’aller mettre un de ses vinyles en marche et de commencer à chercher des infos sur ce qui était sur le dos du frère aîné de son ancien camarade de fac. 

.

Bien entendu, ils apparurent quelques heures après, une fois qu’Harvey eut le temps de regarder la longue et infinissable liste des accusations contre Dean. Entre meurtres, kidnappings, dégradations de biens privés et publics, sans passer par tout ce qui concernait de près ou de loin les cimetières… Il regarda le nombre de plaintes qui sont éparpillées sur plusieurs États – tous -, de preuves, de témoignages… 

Comment avaient-ils foutu pour trouver autant de choses à relier alors que la plupart de ces choses n’étaient pas, de près ou de loin, réellement liées à Dean ?

Il se doutait qu’une partie l’était vraiment. Ne serait-ce que certaines images et vidéos. P’t’être même quelques témoignages de passants – pas des victimes ou des survivants, ils préféraient oublier ce qu’il s’était passé ou apprenaient à s’en protéger. 

Ils apparurent et Harvey posa les yeux sur les deux frères en grosses boots, jeans et chemise à carreaux. 

Et il vit les yeux de Mike qui regardaient ces deux hommes très détonants dans le paysage se faire ouvrir la porte de son bureau par Donna, avec un sourire non réel de cette dernière avant qu’elle ne ferme la porte derrière eux.

Sam n’attendit pas vraiment pour lui faire une accolade, parsemé de mercis murmurés dans son cou. Et il serra la main de Dean avec un sourire.

« Toujours magnifique, Donna. » commença ce dernier, faisant rouler des yeux la rousse, un sourire en coin aux lèvres alors qu’elle s’assoit dans un des fauteuils près du canapé où les deux frères se laissent tomber.

Harvey se plaça face à Donna et il haussa un sourcil à ce sourire en coin. Elle répondit par des gros yeux et il balaya cela d’un geste de main. 

Comment avait-il pu oublier que sa meilleure amie et femme de sa vie avait couché avec le même homme que lui à quelques jours d’intervalles ? Bonne question. Mais un échange avait suffi pour qu’il s’en rappelle. 

« Dean... » lança Sam avec un ton fatigué, ton qui était très souvent utilisé, il en était sûr. 

Le susnommé offrit un sourire en coin à son frère avant de lever les mains en l’air. Et Harvey vit très bien l’anneau sur son annulaire gauche. 

« Dean Winchester est marié ? » fit-il à voix haute. Faisant pouffer Sam à l’air totalement fier de son aîné. Il se tourna vers le premier « T’es sûr que c’est ton frère ? »

« Yep. J’étais là quand c’est arrivé. » sourit-il en réponse, avant de se tourner vers le blond avec un regard presque haineux. « J’étais aussi là quand ils ont commencé à s’arracher leurs fringues dès qu’ils ont pu. »

Donna se mit à rire derrière sa main à l’image et il essaya vraiment de ne pas la suivre. 

« Je ne suis même pas sûr de vouloir savoir. » Harvey se releva légèrement dans son fauteuil avant de reprendre, plus sérieusement « Bon, que s'est-il passé pour que vous vous fassiez prendre comme deux gamins la main dans les bonbons ? »

Dean poussa un soupir, s’enfonçant encore plus dans le canapé avant que le brun ne commence à expliquer que la chasse qu’ils avaient eue, à genre quelques rues plus loin à vrai dire, ce qui fit tiquer autant lui que Donna, avait été… compliquée pour ne pas dire un bain de sang. Un nid de vampire s’était installé dans un étage vide d’un des immeubles voisins et certaines victimes, sous le charme de leurs ravisseurs, avaient été voir les flics à peine sorties de l’immeuble. Vêtements en sang et en lambeaux. 

Qui les flics allaient croire le plus ? Des jeunes femmes et hommes pleins de sangs, de morsures et autres marques ou un mec avec une machette à la main ? 

Étonnamment, pas le mec de la trentaine avec des armes blanches sanglantes.

Donc il avait fini au poste, sous les yeux de Sam qui venait d’arriver avec la voiture pour fuir, avant que deux de leurs amis – une certaine Charlie et un certain Kevin – n’arrivent à le faire sortir par un miracle, composé à la fois de lois, de technologie et d’argent. 

Puis Sam avait appelé Harvey, prêt à partir en trois secondes chrono si l’avocat ne prenait pas l’affaire. Le résumé de l’histoire prit des heures et le ciel dehors commençait à devenir sombre, la nuit approchant.

« Ok. Donc je vois pourquoi l’accusation principale est le meurtre. Mais comment ils ont réussi à lier autant de plaintes et témoignages d’autres états ? »

« L’une des survivantes était possédée par un démon qui avait un pacte avec les vampires. Il se servait des morts comme sac de viande et allait torturer les familles, les poussant à faire des deals pour essayer de revoir leur proche déjà mort. Ce qui veut dire qu’on lui a fait perdre une grosse source de pouvoir… »

« Et donc il a réussi à trouver des liens entre ces plaintes et vous pour enfoncer Dean un peu plus dans la merde. » finit Donna et Sam acquiesça.

« Charlie en a effacé une bonne partie. » voyant l’air dubitatif d’Harvey, le brun le rassura « Elle est très douée, indétectable même. Elle a fait énormément de choses et elle m’a appris des tours que je pouvais même pas imaginer. Sinon, on ne l’aurait pas autorisé à mettre les mains là-dedans et risquer de nous foutre tous dans une merde plus profonde. »

« Puis on va éviter de faire perdre à notre seul et unique avocat son boulot. » finit Dean avec un ton sans humour. « Pas comme si on pourrait en retrouver un qui nous croirait avec tout ce bordel. »

Ce qui… n’était pas faux. 

Même si, et il lui suffit d’un regard envers la rousse pour savoir qu’elle pensait la même chose, une certaine personne lui vint en tête, capable de les croire sur parole. 

Il allait vraiment devoir faire venir Mike sur cette merde n’est-ce pas ? Il en était déjà dépité. 

« Il y a quelques survivants qui déclarent que vous les avez sauvé. » lança-t-il en repensant à ce qu’il avait pu voir sur le dossier « Ce qui peut nous aider à plaider assistance à personne en danger. Même si cela va être difficile de faire oublier que vous avez tué des gens à la machette. Parce que le meurtre est toujours illégal. »

Il prit une seconde, commençant à voir son plan se mettre en place dans sa tête. Cela allait prendre des jours mais c’était faisable. 

« On va devoir regarder toutes les accusations contre vous et voir si elles sont liées ou non à votre… activité. Une fois qu’on aura fini le trie, Charlie pourra s’occuper de celles qui sont réelles et je garderai les fausses pour démonter l’argumentaire adverse. Et il faut que les vidéos des caméras dudit étage disparaissent. »

« Mais il faut que l’on trouve un moyen de faire disparaître les preuves papiers. » ajouta Donna.

Et elle n’avait pas tord. Si les preuves n’étaient plus dans les bases de données, c’était très bien. Mais beaucoup étaient encore faites sur papier et cacher celles-ci allaient être impossible. Même avec tout l’argent du monde. 

« Je peux me débrouiller pour que le juge ne les utilise pas, vu qu’elles n’existent pas dans mon dossier. »

« Où, » commença Dean avec un sourire, « on peut utiliser quelqu’un qui se téléporte à volonté et lui demander de faire disparaître les documents. »

« Tu as ça dans ta poche ? » blagua Harvey mais le blond ne fit que sourire un peu plus avant de prononcer un nom.

Et bordel, heureusement que le cabinet était fermé depuis quelques heures et que seul très peu de personnes restaient après la fermeture parce qu’il aurait eu du mal à expliquer comment un homme en trench-coat a pu arriver dans son bureau par magie.

« Bonjour. » fit ce dernier, le dénommé Castiel, il supposait.

« Cas’, voici Harvey et Donna. » continua Dean avec un grand sourire. « Monsieur, madame, voici Castiel, ange et mari. »

L’avocat s’étouffa dans son verre d’eau. Avant de regarder un peu plus l’homme téléporté par magie, trouvant en effet une bague similaire à Dean à son doigt. 

Donc… Dean Winchester… Qui avait couché avec lui avant de lui avouer qu’il n’accepterait jamais cette partie de lui, était marié à un homme. Très bien. Bien pour le blond. On appelle ça une belle sortie du placard. 

« Bel homme. » s’amusa Donna avec simplicité, après un examen visuel bien plus poussé que le sien sur l’ange.

« Merci. » répondit ce dernier sans pour autant bouger de son coin.

Ce qui fit sourire Harvey. Il devait donner à la rousse une énorme augmentation. 

« Tu peux t’asseoir Cas’ » lança Sam. « Harvey nous a déjà sauvé la mise y a longtemps et on devrait pouvoir s’en sortir à nouveau. »

« J’aimerais bien. » répondit le brun en fronçant les sourcils « Mais je suis coincé. »

Les deux frères froncèrent les sourcils à leur tour avant de se tourner vers Donna qui ricanait sous sa main. 

Bien entendu, qu’une fois que cette femme extraordinaire avait eu vent d’un autre monde, elle avait trouvé une manière de le connaître par cœur et de tout savoir à son sujet. Elle était une encyclopédie à elle toute seule et il ne savait combien de fois elle s’était réfugiée dans son appartement après avoir eu vent d’un mort par une créature de ce monde caché. 

Ils ne se battaient pas. Ils ne voulaient pas. Mais ils avaient peut-être aidé à créer une des bases de chasseurs les plus prolifiques de ce côté du continent. 

Du moins, Donna avait. Lui n’avait fait que regarder cette déesse rousse faire travail monstrueux après travail monstrueux tout en l’épaulant comme il pouvait.

C’était comme ça qu’ils avaient connu Derek Hale, héritier de Hale Compagny, une entreprise qui aidait à financer des réserves naturelles et d’autres projets dans ces ordres. Le gars était à New York après la mort de sa famille, de sa meute, et avait été mis en examen par un duo de chasseurs ne savant que faire d’un loup-garou. 

La rousse avait mis deux secondes avant de demander à ce que quelqu’un rentre du bon sens dans le crâne de ces deux crétins et d’aider le jeune homme à se calmer avant de tuer quelqu’un. Ce qui avait poussé Donna à se donner encore plus pour empêcher des horreurs de se produire sous son nez.

Dans les deux camps. Quitte à radier ses propres hommes.

Aujourd’hui, la base tournait sans la rousse à ses rênes. Mais il savait qu’elle y retournait assez régulièrement pour voir comment cela se passait. Et que Walter demandait régulièrement des conseils quand le cas était trop épineux et émotionnel.

Lui obtenait des clients et des affaires presque impossibles à défendre et les gagnait avec un malin plaisir. C’était une des raisons pour lesquelles Jessica ne disait rien quand il lui glissait ce genre de dossier sur son bureau. 

Parce que cela faisait une bonne pub du cabinet à une communauté qui ne possédait pas réellement de représentation. 

Donc, voir un ange coincé dans un coin du bureau ? Normal. C’était Donna.

« Comment as-tu... ? » déclara Sam avec un ton stupéfait. 

« Oh allons, Sam. Je suis Donna. » répondit-elle avec un sourire. 

Les trois hommes se tournèrent vers lui, toujours surpris ou circonspect, et il ne fit que hausser les épaules. 

« Je ne sais rien. » fit-il, aussi innocemment que possible. « Seulement qu’elle a glissé des protections pour toutes créatures existantes dans tous les recoins de l’immeuble ainsi que des chemins spécifiques à chaque espèce pour qu’ils se retrouvent piégés dans certaines parties de l’immeuble. »

Les trois chasseurs papillonnèrent des yeux quelques secondes. Castiel fût le seul à reprendre la parole.

« C’est impressionnant. J’ai rarement vu si grand stratége. » 

Donna resplendit sous le compliment. Une créature millénaire la complimentait, elle avait bien raison de le faire. Elle se leva pour aller défaire le piège. Et elle ne le referma que quand l’ange en sortit.

« Pourquoi m’as-tu appelé ? » demanda le brun en s’installant près de Dean.

Et Harvey vit le moment où ce dernier se rapprocha le plus possible de l’autre homme, passant son bras derrière son dos et s’amusant avec les cheveux de ce dernier sans que celui-ci émit une seule objection ou signe qu’il s’en souciait. Une intimité de couple qui était ensemble depuis longtemps.

Lui et Donna eurent un regard tendre. 

« Parce que j’ai besoin de toi ? » ce qui fit pouffer Sam et hausser un sourcil à son mari. « Ok, parce que j’ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi avec ton mojo. »

Ils parlèrent un peu plus stratégie pendant peut-être une heure ou deux. Avant de décider de rentrer pour la nuit. En sortant du bureau, ni lui ni Donna ne furent vraiment étonnés de voir Mike en train de venir vers eux.

Le blond eu l’air, en revanche, assez confus en voyant que les clients étaient toujours présents et il s’arrêta quelques mètres avant le petit groupe, la bouche s’ouvrant et se fermant plusieurs fois. 

Il lança un regard à Donna qui hocha la tête. Autant commencer les présentations. 

« Mike » à son nom, le plus jeune repris sa marche vers eux « je te présente Dean Winchester, mon client du moment. Son mari, Castiel, et son frère Sam. Vous trois, voici Mike, mon associé sur la plupart de mes affaires. »

Sous-entendant très fort pas celle-ci, ce que les deux frères semblent comprendre sans qu’il n’ait besoin d’insister. 

« Heureux de vous rencontrer. » lança Mike en serrant la main des trois hommes tour à tour.

« De même gamin. » lança Dean, il ouvrit la bouche pour en dire plus mais Sam le coupa.

« On va vous laisser pour ce soir Harv’. Il se fait tard et la fatigue commence à me rattraper. »

« Pas de soucis, on se tient au courant et je vous revois bientôt. »

Les trois hommes continuèrent leurs marches, non sans qu’ils entendent Castiel demander s’il ne pouvait pas éviter l’ascenseur et partir sans eux. Ce qui fit froncer les sourcils de Mike alors que lui eut une sensation de panique. 

Wtf cette question. Qui, au grand qui, prendrait les escaliers de manière normale dans un immeuble de plus de soixante étages ?

Ils entendirent Dean rire, disant un peu trop fort que son mari ne tenait vraiment pas l’alcool. Et merci les multiples dieux existants, ils s’éloignèrent assez pour qu’ils n’entendent pas la suite.

« Tu voulais quelque chose Mike ? » demanda-t-il pour faire en sorte que cette dernière minute disparaisse du cerveau du blond. 

Ne serait-ce avant qu’il commence à essayer de lier des bouts d’informations entre elles.

« Juste te dire que la fusion s’est très bien passée. Morell a démissionné de sa place de CEO et la compagnie est maintenant sous le contrôle de Derek. Sans compter son mari qui a visiblement décidé de littéralement remettre à zéro celle-ci. »

La rousse lui lança un regard entendu, plein d’espièglerie, avant de commencer à prendre ses affaires. Ouais, c’était à attendre de Stiles. Il allait probablement faire de cette entreprise ‘’soi-disant’’ innovante de technologie écologique la future branche de son projet de remise en liberté des animaux en danger. En trouvant de nouveaux lieux de vies à des créatures surnaturelles en passant, ni vu ni connu. 

« Parfait. Bon boulot. » sourit-il et il vit le moment où le plus jeune s’illumina au compliment. 

Ce qu’il ne ferait pas pour le voir continuer d’être un soleil sur patte. 

« Oh et Noé a rappelé durant ton rendez-vous. Il a réussi à obtenir plus de fonds, comme tu l’as dit, auprès de de Chloé d’Apchier. Le contrat est en route vers son équipe d’avocats. »

Il acquiesça à la nouvelle, car ce n’était pas plus mal. Chloé d’Apchier était peut-être une grande chercheuse dans les pathologies du sang mais elle était surtout à la tête d’une petite fortune dû à ses ancêtres. Et elle connaissait Vanitas depuis assez longtemps pour ne pas essayer de lui voler son projet d’institution médicale sous le nez.

« Encore des rapports, soldat ? » s’amusa-t-il.

« Non, mon commandant. J’finis toujours le travail pour lequel on me paie. »

« Si c’est pour commencer votre combat de réplique de film, » lança Donna, le coupant avant même qu’il ne puisse répondre, « je vous laisse les garçons. »

« Oh, allez, » fit le blond avec amusement, « je suis sûr que tu arriverais à nous suivre sans problème. »

Et ils continuèrent comme ça jusqu’à sortir du bâtiment, rire aux lèvres, léger flirt et touchés sous couvert de mouvement un peu loupé. La rousse rentra la première dans un taxi et les deux hommes la regardèrent partir comme deux crétins bavant devant la plus belle femme du monde. 

Meh. Lui au moins en avait conscience, pensa-t-il en voyant l’air totalement rêveur de son ami.

« Aller va, j’te ramène. » déclara-t-il en bousculant gentiment ce dernier. 

Qui leva les mains en l’air tel un gamin de douze ans. 

.

Il reçut un appel de Sam assez tôt le lendemain matin. Il grogna un poil dans l’appareil alors que son ancien camarade lui présentait ses excuses, lui disant qu’il avait oublié ce que c’était, des horaires d’humains lambda, et il lui promit de lui laisser le temps de se réveiller un peu plus avant de rappeler. 

Ce qu’il fit. Toujours avant le réveil d’Harvey, mais il ne fit que pousser un grand soupir en voyant l’heure de son réveil et de prendre l’appel, sans grogner cette fois. 

Le brun lui apprit que lui, Castiel et Charlie avait fait le tri de toutes accusations sur Dean durant la nuit, ce qui eu l’effet d’un seau d’eau froide et le réveilla définitivement, et qu’ils avaient déjà réussi à détruire toutes celles qui étaient reliées à leur boulot. Et que l’ange avait déjà fait son p’tit tour dans toutes les agences policières et fédérales possibles. Ce qui voulait dire que même si les avocats face à lui montrait des preuves, il pouvait littéralement leur dire ‘’ah ouais ? Pas sur serveur, pas de preuve en agence, vous vous foutez de ma gueule, j’veux un abandon de toutes les charges’’ comme ça, jour un.

Il regarda p’être son téléphone pendant une seconde ou deux avec choc. Avant que Sam ne l’appelle plusieurs fois parce qu’il ne répondait pas.

Il avait l’impression d’avoir trois Mike, très différents certes, en face de lui et il avait presque envie de les faire bosser pour lui. Quitte à ajouter des fraudes dans son sillage, autant en prendre plusieurs ?

La voix de Jessica dans son crâne n’eut même pas besoin d’exprimer plus qu’un ‘’Non’’ catégorique pour qu’il oublie l’idée dans son café.

« Tu as d’autre chose pour moi ou tu veux mon boulot ? » ricana-t-il et Sam le suivit.

« Y a bien autre chose, mais pas au téléphone. Tu as du temps avant de partir bosser ? »

Il regarda l’horloge face à lui et il eut quasiment envie de pleurer de voir que ce n’était même pas l’heure à laquelle la plupart des associés arrivaient au cabinet, pour les plus téméraires d’entre eux ou ceux croulants sous le boulot. Ce n’était même pas encore l’heure où Jessica arrivait. 

« Café. J’ai besoin de beaucoup de café. »

« Starbucks ? » proposa Sam « Donna m’a transmis ta commande. Tu m’envoies ton adresse ? »

« Pitié oui. » fit-il avant d’entendre son camarade rire de l’autre côté du téléphone.

Ils raccrochèrent et il s’efforça de ne pas s’effondrer sur l’îlot de sa cuisine devant son café encore chaud. Une douche, décida-t-il. Une douche et il irait mieux.

Son vieil ami était là près d’une demi-heure plus tard, les deux énormes verres de cafés avec lui et un grand sourire. Ainsi qu’un sac dont il n’avait aucune idée sur le contenu.

« Pain perdu. » répondit son vis-à-vis alors qu’ils s’asseyaient dans le salon. « Me rappelle encore ton p’tit dej préféré, merci bien. »

« Et je me rappelle que tu hais les framboises. Chacun sa mémoire. »

Sam ricana et ils prirent leur café, doux café, précieux café. Mike dirait qu’il commençait à se transformer en Gollum, probablement. Ouais, avec le sommeil qu’il avait en moins, il n’aurait pas tort. Il leur fallut moins d’une demi-heure pour cela et il regarda l’heure en se disant que maintenant était l’heure où Jessica arrivait au boulot. Par les dieux.

« Alors » lança-t-il en nettoyant les restes de leur repas, « l'autre chose ? »

Le brun émit un long bruit de bouche, signe qu’il cherchait ses mots. Et il aurait envie d’en rire, vu son manque de sommeil. Il savait tout du monde surnaturel et pourtant son camarade ne savait pas par où commencer. 

« À vrai dire… Le démon dont on t’a parlé, il ne nous causera plus de problème. » il émit un bruit interrogatif et le brun continua « On a… Urf, j’en reviens pas trop de dire ça mais bon, on est techniquement en bons termes avec le Roi de l’Enfer ? Crowley nous aime bien et nous a souvent aidé par le passé, comme on l’a aidé également. Disons plus une alliance qu’une amitié mais il fait en sorte qu’on continue notre boulot sans trop de problème de sa part et quand on lui parle d’un gars qui ne suit pas ses consignes, on s’en occupe ou lui. À condition qu’on laisse les personnes ayant fait un deal respecter leur part. »

Donc les gens mourraient sous les dents des chiens de l’enfer et les Winchester tournaient la tête. Enfin bon, ils ne pouvaient pas sauver tout le monde et ces gens connaissaient les conséquences. Il était avocat. Il comprenait que des fois, il devait tourner la tête. Ne pas voir, ne pas comprendre. Faire genre. Compartimenter était facile quand on ne voyait pas, ne connaissait pas. 

L’indifférence était aisée. 

« Donc, il n’y aura que les vrais syndromes de Stockholm en témoignages. »

« Et des gens qui pensent nous avoir vu mais ne nous ont jamais vu. » finit le chasseur avec un sourire « Enfin, à moins qu’ils ne trouvent quelque chose mais Charlie a tellement enfoui le truc que je pense que c’est impossible. Je pourrais même pas en déterrer un dixième et je l’ai vu faire. »

« Tant mieux. » 

Il n’y avait vraiment pas besoin de mettre plus de soupçon ou de bordel dans tout ça.

Harvey laissa le silence s’installer alors qu’il continuait de nettoyer et Sam se perdit dans la contemplation de l’espace. Ce n’était pas un silence gênant, après tout, ils avaient été plus ou moins colocataires pendant un temps. Avant qu’ils ne rencontrent Jessica. 

Ah, cette fille avait été un tsunami dans la vie du brun. Cela l’avait grandement amusé à l’époque. Elle l’avait eu en laisse presque dès la première seconde, tel un pauvre chiot aux yeux trop grands. C’était ce qui les avait éloignés également, dans un sens. Mais ils avaient continué à être amis malgré tout et il adorait voir son camarade suivre les mots de la blonde comme dans une transe. 

Puis, ils étaient partis vivre ensemble. Puis, Jessica était morte dans les flammes et Sam avait disparu. Puis, il y avait eu Saint-Louis. Et silence radio jusqu’à hier. 

Il ne s’étonna même pas de sentir Sam près de lui quelques secondes après, appuyé sur son frigidaire comme si de rien n’était alors qu’ils savent tous deux où ça mène. Ils avaient joué à ce silence pendant des mois. 

« Tu as presque la vie que je voulais, tu sais ? » il ricana, parce que le brun était plus près de Mike que de lui. Sur n’importe quel niveau. « Arrête de rire. Tu as le diplôme que je voulais, une vie normale, loin des monstres et de la chasse. Une famille stable. »

« Ton frère est stable. » rétorqua-t-il, parce qu’il connaît les histoires du blond élevant son petit frère. L’alcool déliait toujours les langues. « Et les monstres ne sont jamais loin. »

Son camarade émit un bruit de gorge avant de reprendre : « Ouais, j’ai eu vent de la Chasseuse n’ayant jamais chassé. Et je pense ne pas dire de bêtise en disant que c’est Donna. »

Il ne fit que lui lancer un regard et Sam pouffa dans sa barbe. 

« J’aimerais dire que je suis surpris… »

« Mais tu ne l’es pas. » finit Harvey pour lui, se posant contre l’évier avec un sourire en coin.

« Absolument pas. S’il y a bien une personne pour arriver à ça, c’est elle. Avec toi à ses côtés. »

Il ne fit que hausser la tête, n’argumentant pas qu’il n’avait fait que protéger les arrières de son amie. Ce n’était pas non plus totalement juste. Il avait bossé dans la base également. Oui, bien moins que Donna. Mais il avait mis la main à la pâte dès qu’elle le lui demandait. 

Et l'argent ne provenait quasiment que de sa poche. 

« Et je suis sûr que tu n'avais pas une vie de bachelor en tête non plus. »

Le visage de son camarade se ferma légèrement à la mention sous-jacente. Oui, il avait eu les réponses qu’il voulait suite à la mort de Jessica. Sur le fait qu’une créature avait eu la jeune femme. Il n’avait jamais su s'il y avait eu vengeance ou non. Il n’était même pas sûr de vouloir le savoir. C’était il y a longtemps maintenant. 

« Non, en effet. » répondit enfin Sam. « Je m’imaginais avec Jessica, p’t’être des enfants. Œuvrant pro-bono dans une clinique de droit social. »

« Alors, je n’ai rien de la vie que tu voulais. Hors le diplôme de droit. »

Ils ricanèrent tous deux une nouvelle fois, un peu plus amer chacun cette fois. Et le silence reprit sa place. Avant qu’Harvey se dise que merde, ça n’avançait à rien de le laisser continuer.

« Tu n’as jamais attendu des heures avant de demander. » lança-t-il avec un sourire amusé. 

« Je n’avais pas vraiment peur de marcher sur les platebandes de Donna avant. » s’amusa l’autre homme.

L’avocat en rit presque, avant de s’avancer dans l’espace personnel de Sam, qui était toujours plus grand que lui, bordel. 

« Pas encore totalement les siennes. » marmonna-t-il presque contre les lèvres du chasseur. Qui en ferma les yeux.

« Ok. » répondit simplement le brun sur le même ton. Avant de l’embrasser avec douceur.

Cette douceur n’avait jamais été Sam. Alors ce baiser ne dura pas. Et les lèvres du brun devinrent à la place voraces, possessives. Destructrices. Il n’eut qu’un hoquet de surprise, vite avalé par les lèvres sur les siennes, les dents contre les siennes, en sentant les mains du plus grand passer sous ses cuisses pour le faire monter sur l’îlot de la cuisine. 

Ça. Ça, c’était plus Sam.

Même durant leurs années de jeunesse, quand il était assistant du prof de droit et que le brun était encore un première année. Même quand ils finirent dans un lit ensemble la première fois, après la fête de fin de trimestre. Même quand ils finissaient plus souvent dans la colocation de l’un ou de l’autre. 

Sam avait toujours été plus du genre à prendre, prendre et prendre. 

Les hauts volèrent ensemble dans une précipitation douloureuse. Cela faisait depuis tellement d’années qu’ils n’avaient pas fait ça. Depuis Jessica. Son bas lui fut presque arraché des jambes, le froid sous lui le faisant grimacer une seconde avant que cette grimace ne soit avalée à nouveau. 

Les mains posaient des marques, il le savait à la force des doigts dans ses chaires. Les ongles laissèrent des griffures, il le sentait à la légère douleur de sa peau. Mais Harvey s’en moquait. Parce que même s’il ne rendait pas le même désespoir, le même désir de possession, il rendait coups par coups. 

Il ne s’étonna même pas de voir un éclat d’excitation dans les yeux bruns quand il perça la peau des lèvres de ce dernier avec ses dents. Ni même de la force avec laquelle il finit par être complètement allongé sur le marbre froid. Ni par la vitesse par laquelle il offre, offre et offre alors que Sam prends, prends et prends encore. 

Ils étaient tous deux essoufflés, le plus grand, le visage perdu dans le torse de l’avocat, quand ils terminèrent. Dans un coin de sa tête, il se dit qu’il n’avait pas fait de jogging aussi épuisant qu’une baise avec Sam Winchester depuis bien longtemps. 

Ni même aussi douloureux pour ses jambes. 

Son dos allait probablement le haïr dans quelques heures.

Ils restèrent ainsi quelques secondes, quelques minutes. Parce que même si le chasseur était un amant possessif, il voulait de la douceur. L’avait toujours voulu. Il ne savait juste pas comment la demander. 

Harvey avait compris cela très tôt dans leur pseudo-relation. Et il voyait que cela n’avait pas changé malgré les années. 

Alors, les mains jouant avec les mèches brunes, il laissa le plus jeune prendre ce dont il avait vraiment besoin durant peut-être une dizaine de minutes avant de lui tapoter l’épaule. 

Sam en grogna légèrement.

« Comparé à toi, je suis attendu à un boulot où je suis censé montrer ma tête. » lança-t-il et il sentit sous ses mains les épaules de son amant d’un jour se secouer.

« Tu vas avoir besoin d’une douche. » répondit ce dernier avec un éclat de rire.

« Non sans rire... J’aurai pas deviné avec mon foutre sur le torse crétin. »

Il n’avait pas besoin du tout d’être aidé à descendre de son comptoir et pour tenir droit quelques secondes. Nope. En marchant vers sa douche, il savait que Sam ne serait plus là une fois qu’il en serait sorti. Et il ne fit que lever les yeux au ciel en voyant le texto de ce dernier, une fois qu’il eut fini de s’habiller. 

Désolé de partir comme ça, mais j’me suis dit qu’il valait mieux que je t’empêche pas plus d’aller au boulot. Merci encore de prendre l’affaire. Et merci Harv’. 

« Ouaisouais, m’a manqué aussi crétin. » dit-il dans sa non-barbe, sans l’envoyer.

Il ne répondit même pas au regard de Donna quand celle-ci le vit arriver. Quand bien même il savait qu’elle savait très bien qu’il venait de se faire baiser. Nope. Pas besoin d’en parler.

Il ne lui lança qu’un regard noir quand elle ricana en le voyant s’asseoir avec précaution sur son fauteuil.

.

Bien plus tard, la rousse rentra dans son bureau avec les nombreux documents qu’il avait commencé à rédiger, sans vraiment savoir si l’un d’eux était une bonne idée ou non. Bien entendu, il savait qu’il devait trouver un moyen de faire croire que tout cela était un homicide involontaire, de la légitime défense qui avait mal fini. 

Mais comment ? Il ne pouvait pas s’appuyer sur les caméras, de toute manière, elles n’auraient fait que montrer que cela était prémédité pour sauver les victimes. Et cela montrerait également les dents non naturelles de certaines personnes durant le combat. 

Il pouvait s’appuyer sur Sam mais il n’irait pas bien loin, vu qu’il était le frère de l’accusé. Et il pouvait très bien se trouver dans les feux croisés, quitte à devenir lui-même accusé des mêmes plaintes s’il le mettait à la barre. Donc contre-productif. 

« Tu es toujours aussi sûre qu’il n’y a pas une agence fédérale s’occupant des cas surnaturels et les empêchant d’être révélés au grand jour ? » demanda-t-il, alors qu’elle s’asseyait face à lui, regardant chaque début de stratégie devant lui.

« Nope. Ou alors, elle est cachée par des sorts que je ne peux pas contrer et elle en a visiblement rien à foutre des Winchesters. »

Ce qui était la chose illogique. Il avait lu les livres, merci bien, Donna les avait trouvés et avait ri pendant des heures dans son canapé, à en pleurer quand elle avait lu leurs vies sexuelles être posées sur papier car ils avaient osé coucher avec Dean. Et les frères avaient arrêté l’apocalypse. Juste ça.

Il ne connaissait pas la suite des évènements, vu que les livres n’avaient jamais été publiés, que ce soit via maison d’édition ou par une fan un peu trop au courant des choses. Et il s’en moquait. Cela était suffisant pour qu’une, si elle existait, agence du surnaturel les coupe du radar.

Mais pourquoi être en vaine quand on peut être dans la merde ?

Il poussa un soupir et elle lui rendit un sourire encourageant. 

« Au lieu de te prendre la tête à propos du procès, si tu allais déjà voir ce que le gars en face veut. »

« Et moi qui croyais que tu écoutais toutes mes conversations téléphoniques. » il se laissa tomber un peu plus dans le fauteuil de cuir. « Il pense que j’ai trafiqué toutes ses preuves et je dois le retrouver devant le juge Higgins dans l’après-midi. »

« Au moins, tu sais qu’elle t’aime bien. » 

Logique, vu qu’il avait évité la prison à son maintenant fiancé. Orion aussi était un chasseur mais il n’avait pas été inculpé pour meurtre, lui. Seulement pour ‘’faute professionnelle’’, à cause de sa couverture en tant que garde du corps. 

Une faute professionnelle de tabasser un fantôme, ouaisouais.

« J’peux pas non plus lui dire ‘’hey mon client est dans le même métier que ton homme donc parjure-toi pour la bonne cause.’ ’ » 

Donna grinça des dents en réponse, parce qu’il avait raison. Ils se tournèrent en concert en attendant Mike toquer à la porte. 

« Hey. » fit-il en rentrant, non sans réellement passer la porte et la rousse et lui lui sourirent « Jessica m’envoie parce qu’elle n’a pas eu ton rapport ? Et pour te dire que c’est bon pour Vasilisa également, on a fait signer son cadet à ne pas prendre parti pour les parents durant la fin des négociations. »

Ah. C’est vrai qu’il n’avait pas eu de nouvelle de cette affaire. Enfin, il s’en occuperait plus tard. Là, il avait deux soucis, Dean et son rapport pour Jessica.

Il grimaça et le blond lui lança un regard amusé.

« Tu as oublié le rapport, n’est-ce pas ? »

« Harvey... » s’exclama Donna et il lui lança un regard. « J’veux bien que ce matin fût… sportif mais tu sais comment elle est sur ce genre d’affaire. »

Sportif. Il allait la tuer. Il pouvait très bien voir son sourire. La tête du blond se pencha adorablement sur le côté et il se sentit autant fondre qu’il vit le moment où la rousse fit de même.

« Enfin bref. » fit-il pour que le plus jeune n’en demande pas plus, même s’il vit la lueur de compréhension dans les yeux bleus.

Ainsi qu’autre chose, qu’il utiliserait une fois cette affaire finie bordel.

« Je vais aller la voir ça ira plus vite. » il se leva, non sans grimacer un peu, ce qui fit grandir la jalousie dans le regard électrique, « Donna, si tu peux me trouver des infos sur l’avocat d’en face, ça serait génial. »

« Sur, j’ai déjà commencé à te faire un résumé. » répondit-elle en se levant également, non sans en profiter pour lui toucher le bas du dos.

« Jamais je divorce. » 

« Conquête trop aisée est bientôt méprisée. » récita-t-elle avec un sourire amusé, faisant ouvrir la bouche de Mike. Avant qu’il ne fasse un petit son excité qui fit sourire les deux plus vieux.

« J’en étais sûr ! Tu peux nous suivre dans nos répliques. Bon c’est Shakespeare mais ça compte. »

« J’ai jamais dit que je ne pouvais pas. » 

« Tu as juste pris sa non-réponse pour une réponse, comme quoi, tu as toujours à apprendre, padawan. »

Un ‘gnagnagna’ en suivit, alors que la rousse secouait la tête, sourire aux lèvres, en se rasseyant à son propre bureau et que les deux hommes partaient vers le bureau de Jessica pour l’un et le bureau des associés pour l’autre.

.

Faire son rapport à Jessica fût rapide, bien que son regard en disait long sur ce qu’elle pensait de son retard à le faire. Et vu que celui-ci se posa sur l’entièreté de son corps, il était à peu près sûr que sa débaucherie du matin se voyait sur sa tronche.

Il ne remercierait pas Sam. Nope. 

Surtout pas quand Louis lui lança un regard amusé à le voir boitiller après avoir trébuché pour éviter un cadi de courriers. Il avait envie de tuer Sam là tout de suite.

« Dis à Dean que je vais tuer son frère et que je ne pourrai plus le représenter. » fit-il à Donna en s’arrêtant à son bureau alors qu’elle lui tendait des papiers.

« Bien sûr. Je lui dirai donc que son ancien coup d’un soir s’est retapé son p’tit frère et que ce dernier a brisé son avocat. » Elle leva enfin les yeux de son écran et elle était fière d’elle. « Autre chose ? »

« Je retire ce que j’ai dit. Je veux le divorce. »

« Mieux vaut être célibataire que mariée à un chieur. »

« Je n’aurai pas dû te conseiller Persepolis. » grommela-t-il en rentrant dans son bureau, sous le ricanement de la rousse.

Comme il s’en était douté, la juge Higgins avait beau comprendre de quoi l’affaire en retournait, elle avait les mains liées et ne pouvait arrêter les accusations tant qu’il n’avait pas plus. Mais au moins, elle lui accorda que Victoria, l’avocate de l’État, ne puisse utiliser les preuves qui n’avaient aucuns précédents dans les agences d’où elles venaient. 

Ce qui lui enlevait une épine du pied. Déjà pas mal. 

Mais l’audience n’aboutit pas à plus, vu qu’aucun des deux avocats ne se mettait sur un accord et que, à raison, Victoria pensait qu’il avait réussi à corrompre tout un système judiciaire avec des coups de fils qui n’existaient pas. Et de l’argent qu’il n’avait pas déboursé. 

Harvey était à deux doigts de lui donner son relevé téléphonique et son compte bancaire juste pour voir sa tronche mais il se dit que faire ça au procès aurait plus d’impact. 

Et donc serait plus jouissif encore.

Oui, il était un connard, il n’avait jamais dit le contraire. 

Il bossa encore quelques heures sur l’affaire avant de rentrer, accompagné de Donna cette fois. Depuis la séparation du plus jeune, eux et Mike se retrouvaient hors du bureau pour boire un coup ou regarder un film. Juste histoire de passer du temps ensemble. 

C’était autant parce que le blond semblait en avoir besoin au début que parce qu’ils avaient discuté tous les deux de leur attrait pour le chiot aux yeux toujours émerveillés. Et la tension qu’il y avait toujours eu entre eux trois. 

Mike était déjà dans l’appartement quand ils entrèrent, sacs de malbouffe sur le comptoir de la cuisine. 

Donna regarda la scène une seconde avant de mourir de rire.

« Ohmesdieux. » fit-elle entre deux rires et le blond la regardait comme si un alien venait de se poser dans le salon. « Pitié, dis-moi que tu as nettoyé avant de poser la bouffe. »

« Hein, comment... » 

« Comment... » demanda-t-il en même temps que le plus jeune, qui venait de lier le commentaire ‘’sportif’’ du matin avec la crise de rire face au comptoir, se mit à rougir telle une tomate en regardant le marbre avec intérêt.

« Je ne veux même pas savoir comment tu as pu deviner ça en fait. » finit-il, quelques secondes après. « Et Mike, ne commence pas à tout enlever, j’ai nettoyé. Merci bien mais je mange là-dessus. »

« Oh, tu t’es fait manger, ouais. » continua-t-elle, les larmes aux yeux. Et il lui lança un regard torve. Ce qui la fit s’arrêter. « Il t’a même pas… Honteux. »

« Euh… » 

« À moins que tu veuilles en faire partie Donna, arrête de parler de ma vie sexuelle. » demanda-t-il et il vit l’éclat d’envie qui passa dans les yeux de sa camarade. 

Mais elle ne fit que lever les mains en l’air, avant d’aller embrasser la joue de Mike qui était toujours aussi confus. Adorable. 

« Oh oui chinois ! » lança-t-elle avec joie « Tu sais comment séduire une femme toi, pas comme Harvey. »

« Visiblement, il a bien séduit quelque chose, si j’ai bien suivi la conversation. »

Il roula des yeux, prenant place à l’îlot de la cuisine, entre ses deux camarades qui commencèrent à manger. Ce qui n’empêcha pas Donna de continuer.

« Compte pas, c’était déjà arrivé. » 

« Je suis toujours là. » fit-il en soupirant alors que le blond s’amusait de son air désespéré. 

« J’ai faux ? » 

Il ignora la question. Sauf qu’on toqua à la porte et il en était sûr, l’univers avait décidé de le punir. Il lança un regard à la rousse.

« Ah non, j’ai rien fait. »

« J’imagine que je vais donc rencontrer celui qui t’a fait rencontrer le marbre ? »

Donna pouffa une nouvelle fois, recrachant presque ses nouilles. Et il ne fut pas surpris de voir Sam, Dean et Castiel derrière la porte, avec un sac en plastique et une pizza. 

« Castiel, je peux te demander si je suis maudit ? » les deux frères parurent un peu surpris par le ‘bienvenu’ tandis que le susnommé fronça les sourcils en regardant de haut en bas Harvey. 

« Non, tu ne l’es pas. »

« Putain de parfait. » marmonna-t-il en se poussant, les laissant entrer tout de même.

Ce qui permit à l’ange de passer les barrières de sa sorcière non sorcière, vu que l’appartement était presque autant protégé que le bureau.

Donna eut un grand sourire en les voyant et elle prit dans ses bras autant Sam que Dean, avant d’embrasser la joue de Castiel. Tandis que Mike serra juste la main de chacun de ces trois hommes, bien qu’avec un regard un peu plus étrange quand il eut celle de Sam en main.

Parfait. 

Deux anciens amants face à la femme de sa vie qui essayait, avec lui, de draguer l’homme de sa vie. 

On aurait dit le début d’une mauvaise blague.

« Je vois qu’on a été en retard. » lança Dean en posant la pizza près des contenants asiatiques.

« Pas comme si vous aviez prévenu. » rétorqua-t-il en sortant plus de bières du frigo alors que ces trois nouveaux convives s’installaient sans demander leurs restes.

« J’ai insisté mais Dean et Sam semblaient convaincus que cela ne poserait pas de problème. » Les deux frères en questions se regardèrent avec un regard amusé avant de hausser les épaules.

« On pensait que le bon vieux Harv’ serait solo’. » 

« Tu es à peine plus jeune que lui, Dean. » s’amusa la rousse en piquant un nem dans l’assiette de celui qu’elle défendait. Il lui fit une grimace et elle maintint son regard en croquant dans la nourriture.

« De toute manière, le plus vieux dans cette pièce est Cas’. » ricana le blond, ne mordant pas à la pique. Il s’appuya légèrement sur son mari qui fronça les sourcils, ne sachant pas vraiment comment répondre à ça.

Au moins, visiblement, quelqu’un lui avait dit de ne pas parler de sa nature devant Mike. 

« Oh oui ! » fit ce dernier avec beaucoup trop de joie pour une part de pizza, cette dernière à moitié dans la bouche. « Y a du fromage dans la croûte. Tu vas être obligé de goûter Harvey. »

Il poussa un soupir, léger sourire aux lèvres, regardant du coin de l’œil Donna qui avait un sourire tendre à l’image, avant de porter son regard vers le blond. 

« Et c’est même pas toi qui me le fais découvrir. Déçu ? »

« Meh. J’ai quand même gagné la guerre. »

Harvey pouffa à cela. Et il en oublia presque la raison pour laquelle ce groupe s’était formé dans son appartement à force que les conversations, les rires et les heures passent. 

Mais tout cela lui revint à la figure quand, plus tard, alors qu’ils étaient passés dans le salon avec leurs bières ou autres boissons, Mike ouvrit son cerveau à nouveau.

« Je ne sais toujours pas pourquoi Harvey a lâché notre plus grosse fusion pour ton procès Dean. À vrai dire, je sais même pas ce que sont les accusations. » s’amusa-t-il, presque sur le ton de la blague.

Tous, hors Castiel, se tendirent à la question. Et le blond le remarqua très facilement. 

« C’est… Compliqué. » commença Dean. « Mais je suis accusé de quelque chose que je n’ai pas fait. »

C’était peut-être l’alcool, ou simplement le fait que le Winchester paraissait très convaincu de ce qu’il disait, ou le fait que oui, techniquement, il n’avait tué personne de vivant, mais il se mit à pouffer légèrement. Faisant pouffer Donna à son tour.

Et le plus jeune en haussa un sourcil, tandis que le chasseur en fronça. 

« Comment tu veux expliquer ça, si tu trouves ça drôle ? » 

Le ton, un poil défensif, un poil colérique, ne lui plut pas vraiment mais il décida de ne pas y répondre. Après tout, la rousse lui avait demandé de ne pas commencer.

… 

Techniquement, Dean avait commencé.

« Il est accusé de meurtre. » commença-t-il et son associé en perdit la mâchoire, incrédule. « Il n’a pas commis de meurtre, ‘fin oui mais légitime défense. Dean s’est retrouvé dans une situation de prise d’otages et en voulant aider les victimes, il a dû se défendre pour pouvoir s’en sortir. Des gens sont morts mais des innocents sauvés. »

« Dean est un homme bon. » fit la voix forte de Castiel, sur un ton qui ne laissait pas le choix, plein de conviction et de protection. 

Vu que le gars avait sorti son époux de l’Enfer, ouais, il pouvait avoir ce genre de certitude. 

« Il ne devrait même pas être accusé de quoi que ce soit. Si seulement il voulait bien m’éco- » le brun fût coupé par les lèvres de son homme, sous le rire gêné de Sam.

Harvey en fronça les sourcils et, quand il croisa le regard du brun, il comprit que ce dernier lui cachait quelque chose. 

Mais il ne fit que prendre une nouvelle gorgée de sa bière. 

« On en a déjà parlé mon ange. » le ton de Dean était plein d’amour mais ferme, ne laissant pas de place ni de temps à son compagnon de répondre. « On a besoin d’Harvey sur celle-ci. Encore. »

Et tadam, le mot de trop pour réveiller l’intérêt de Mike. Il pouvait voir un regard similaire au sien sur le visage de la seule femme de la pièce.

« Encore ? » demande le plus jeune. Ce qui fit ouvrir puis refermer la bouche de Dean comme un idiot.

Cheh.

« J’ai déjà sorti Dean d’une situation similaire quand j’ai commencé à Pearson Hardman. Dans un autre état. »

« Quoi ? Il était aussi accusé de meurtre ? » le regard totalement surpris de Mike aurait pu l’amuser si le terrain ne devenait pas glissant vers le surnaturel.

« Un sosie a tué pas mal de personnes. Les flics ont attrapé Dean, quelques heures après, ils ont retrouvé le corps du sosie avec une balle dans le crâne. »

La moitié de ce qu’il disait était faux ou partiellement faux mais bon. Il n’allait pas expliquer maintenant à Mike qu’il avait dû convaincre la cour et le jury que deux hommes, hors jumeaux, ne pouvaient avoir exactement le même ADN ou encore exactement le même corps. Et qu’ils ne pouvaient donc mettre une prison un sosie à la place d’un autre, même si l’un a dû se défendre de l’autre en le tuant.

Ouais… Un autre jour. Avec plus d’alcool. 

Il allait se servir un Scotch après sa bière. 

« Wah-... Faudra que je lise le procès, ç'a dû être une plaidoirie de l’enfer. »

Les quatre camarades ayant été sur place eurent un rire aigre. Si seulement il savait.

« De ce que j’ai entendu, quand ils ont décidé de t’appeler, tu as réussi à l’innocenter parfaitement. » relança Castiel. « Merci pour ça d’ailleurs. »

« Mon boulot. Mais il y avait une grosse caution à payer, surtout. »

« Toutes mes économies, durement gagnées au poker quelques jours avant. » chouina le chasseur en s’affalant dans le canapé dans un grand geste dramatique. « Et j’ai dû demander à Bobby de nous envoyer de la thune pour payer ce qu’il manquait. »

« Tu m’as jamais dit ça. » s’étonna Sam « Je pensais que c’était John. »

Dean émit une sorte de rire étranglé, le genre de son qui ressemble beaucoup trop à de la colère mêlée à de la peine.

« Ah parce que tu pensais vraiment que notre père répondait au téléphone à ce moment-là ? »

Le plus jeune des Winchester grimaça à la réponse, repensant sûrement à l’époque. C’était peu après la mort de Jessica. Harvey savait que c’était justement parce qu’ils cherchaient leur père, disparu suite à une chasse, qu’ils s’étaient retrouvés à Saint-Louis.

Vu le ton, il pouvait deviner qu’ils l’avaient retrouvé et que cela ne s’était pas déroulé comme prévu. 

« Donc meurtre. » reprit Mike, retournant la conversation vers quelque chose de visiblement un peu moins chargé, si c’était possible. « Sympa. Depuis quand tu fais du droit criminel, Harv’ ? »

« Depuis que je donne un coup de main. »

« Dire que Sam ne voulait pas t’appeler. » fit Dean, presque exaspéré. « Vu tout le bazar de la dernière fois. »

Le petit frère eut l’air légèrement gêné, alors il se dit que cela devait être plus à comment cela s’était fini entre eux deux plutôt que le bazar de l’affaire en elle-même. Il en avait presque oublié l’agressivité de Sam, ou sa douleur tournée en colère, suite à ses questions par rapport à sa camarade décédée.

« Une promesse est une promesse. » déclara-t-il en haussant les épaules, finissant enfin sa bière. « Puis, j’aime gagner l’ingagnable. »

« Eeeet revoilà l’égo. » firent Mike et Donna ensemble, avant de se regarder et de rire.

Il leva les yeux au ciel, faisant de même pour aller se servir son doux verre de Scotch. 

« J’peux aider sur l’affaire si besoin. » lança son associé avec un peu d’espoir dans la voix. « Tu sais que j’aime bosser sur de nouvelles choses et Jessica et moi avons finis avec les affaires en cours. J’ai littéralement rien, à moins qu’un client débarque en panique. »

« T’as pas tes propres clients ? » après tout, Mike était passé Junior suite à son retour dans le bureau. 

« C’est calme pour eux également. »

Il entendait tout l’espoir dans la voix du jeune. Mais il voyait surtout dans les yeux bruns de la rousse qu’il devait se taire encore un peu.

« Alors va nous dégoter une nouvelle fusion, au lieu de fouiner dans mes affaires. » 

Son ton était léger mais le blond ne fit que bouder à ce dernier. Aucun des trois Winchester ne se mêla de la conversation et il en fût bien heureux. Enfin. Bien entendu…

« Toujours à la jouer solo, ça n’a pas changé. » s’amusa Sam avec un petit rire. « C’était pareil à la fac. »

Donna pouffa et il vit le moment où le blond voulut le défendre mais il coupa court.

« Tu étais en première année. J’étais l’assistant de ton prof. Tu t’attendais à ce que je te demande de l’aide Winchester ? »

« Tu aurais pu ! J’ai eu 190 à l’examen, j’te rappelle ! »

Mike en siffla, impressionné. Quand bien même ils étaient trois dans cette pièce à savoir qu’il faisait mieux. Oh par les dieux, Harvey ne voulait pas savoir ce que donnerait son cerveau en tant que chasseur ou en tant que connaisseur du surnaturel.

Il roula simplement des yeux à cela. 

« Mais ça vaut pas mon sans-faute. » ricana Mike. Ce qui rendu bouche-bée le brun.

« Dois-je rappeler que techniquement, tu triches ? » 

« Tu gâches mon fun, Donna. » elle lui envoya un baiser pour toute réponse.

« Comment ça, il triche ? » demanda Castiel.

« Il a une mémoire eidétique. » répondit Harvey, ce qui fit froncer les sourcils de Dean et de Sam.

« Oh, je vois. Ton premier souvenir date de quand, si ce n’est pas indiscret ? »

Le blond se tortilla un peu dans son siège, piquant une gorgée de son verre sous son regard ahuri qui fit rire un peu plus Donna dans sa main, avant de répondre.

« Je devais avoir trois-quatre ans. Je parlais pas encore parce que tout se mélangeait trop. Et quand le psychologue a pris à part mes parents pour calmer leurs angoisses, une dame du nom d’Agnès m’a tenu compagnie. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais elle m’a pris dans ses bras et a réussi à calmer mon cerveau entièrement. Puis, j’ai réussi à parler. »

Lui et Donna se regardèrent sans vraiment savoir quoi dire suite à cette annonce. Ni l’un ni l’autre n’avaient entendu cette histoire. À vrai dire, il n’avait jamais pensé à demander le premier souvenir du blond.

« Cette Agnès avait-elle des cheveux brun ? Enceinte ? » reprit Castiel, presque impatient. 

Ce qui étonna Mike.

« … En effet. »

L’ange sembla retomber dans le canapé comme un soufflet, et Dean fût à ses côtés en un instant.

« Une de tes sœurs ? » demanda ce dernier, et le premier ne fit qu’acquiescer. « Eh bien, tu vois, pas toute ta famille sont des emplumés merdiques. »

Les deux bruns lancèrent un regard plus ou moins blasé, plus ou moins colérique à cette affirmation. Le Winchester ne fit que lever les mains en l’air en signe d’apaisement. 

« Oh. » fût tout ce qui sortit de la bouche du blond. 

« C’est compliqué. » fit une nouvelle fois Dean, et cela faisait deux fois qu’il disait cela. « Cas’ vient d’une famille très grande, mais il a perdu beaucoup de monde de vue en choisissant de rester avec nous plutôt que de se battre dans un des nombreux camps dans sa famille. »

Ouais. Le Paradis devait être une très grande famille en effet.

Et vu ce qu’en disaient les livres, ouais, personne n’était d’accord. C’était vraiment la manière la plus simple et basique de dire qu’il y avait des guerres civiles dans ce que beaucoup considéraient comme la paix ultime.

Donc Mike avait été calmé par un ange. Par la grâce de Dieu. Le gamin était un miracle. Meh, il l’aimait toujours pareil.

« Et si on partait sur un sujet plus sympa ? » demanda Donna sans vraiment attendre une réponse de leur part « J’aimerais bien savoir comment Dean, le Dean charmeur de ses dames, a fini avec un si bel homme. »

Sam se mit à rire à la question tandis que le susnommé commença à raconter cette histoire avec qui, il présumait sans les éléments surnaturels, était tout de même très… Winchester. Un combat contre un groupe de personnes, des insultes parce que l’un ne veut pas admettre qu’il s’est blessé. Un baiser pour faire taire l’autre et lui faire avaler un anti-douleur. 

Bien joué à Castiel.

« C’est quoi votre profession au fait ? J’ai pas demandé encore. »

Mike et ses questions pourtant basiques qui les foutaient dans le feu. Oh par les dieux.

« On bosse pour une agence de garde du corps. » lança Sam, avec un mensonge parfait. « T’en a pt’’être entendu parler ? La Scholomance ? »

Donna tourna si rapidement sa tête, que n’importe qui trouverait cela suspect. Et il se retint à peine de faire de même. Parce que la Scholomance était la couverture de sa base de chasseur. Il aurait pu lui en parler avant de les foutre sous les roues. 

Parce que ouais, Donna était nommée comme créatrice sur les documents et lui comme principal fond. Même s’ils n’y foutaient plus régulièrement les pieds et que la rousse avait offert les rênes à Walter.

« Jolie. L’École du Diable. Réputée dans tout le pays en plus. Pour ça que Dean est rentré dans le guet-apens, j’imagine. »

« Ouais. On m’a dit que l’une de mes anciennes protégées était là-dedans. J’pouvais pas ne rien faire. »

Sam remarqua son regard noir et il lui offrit un sourire conscrit. Ce qui fit tourner le regard bleu sur lui et le blond haussa un sourcil.

« Je ne cesse de le répéter, mais j’aime avoir toutes les infos avant de me lancer dans la cage au lion. »

Son ton fit grimacer la moitié de la pièce, même ses deux collègues pour qui il n’était pas réellement adressé. Les deux frères eurent au moins l’air de s’en vouloir un minimum de l’informer à quelques jours du procès. Ouais, ils étaient de grands menteurs. Mais maintenant, il allait devoir convaincre une gamine de mentir à la barre. Rien que ça. Joie.

« On en reparlera demain. Je n’ai pas envie de me prendre la tête maintenant. D’ailleurs, je sais que vous, Winchester, vous n’avez pas d’heures réelles mais nous oui, donc on va p’t’être arrêter cette petite fête ici. »

Il ne fallut pas longtemps pour que les trois chasseurs sortent de l’appartement, non sans une excuse marmonnée à moitié de la part du plus jeune d’entre eux. Donna et Mike restèrent avec lui le temps de ranger le bazar et, une fois n’est pas coutume, ces deux-là eurent la flemme de rentrer chez eux.

« Désolé. » fit Mike, une fois qu’ils finirent de préparer la chambre d’ami pour que Donna y dorme. « Je pensais pas mettre les pieds dans le plat en leur posant des questions. »

Il poussa un soupir, avant de donner un coup d’épaule au plus jeune, gentiment. 

« Ne t’inquiète pas. J’aurais dû m’en douter avec eux. Ils sont très secrets et garde leurs cartes aussi proches que moi. »

Cela eut pour effet de faire ricaner son camarade et cela lui suffit. 

La rousse les embrassa tous les deux sur la joue, p’t’être un peu plus près des lèvres qu’à l’accoutumée, et les vira de sa chambre avec un sourire. 

Ils se regardèrent, avant de rire et d’entendre celui de la femme de l’autre côté de la porte. Il profita du rire du blond pour lui embrasser la joue également, le laissant bouche-bée, avant de monter se coucher dans son lit. 

Meh. Pas une si mauvaise soirée.

.

Dire que le lendemain, une fois qu’il eut l’intimité de son bureau pour appeler Sam et l’incendier avant de les faire venir tous les deux à lui dans l’heure, fût une journée amusante… Il n’y avait qu’un pas.

Donna eut le plaisir de sourire à Dean, lui disant qu’Harvey n’était pas trop énervé. Ce qui amena le plus vieux Winchester à se tourner vers elle à peine étaient-ils rentrés parce que oui, l’avocat n’était pas trop énervé. Il était furieux.

Un grand changement de vocabulaire.

« Tu- » commença le blond avant que la rousse lui fasse un clin d’œil en fermant la porte derrière elle. 

Les deux Winchester, sauveurs du monde, regardèrent l’avocat avec une légère peur dans les yeux. Il mentirait en disant que cela n’était pas quelque chose de très jouissif.

« J’espère que vous avez un plan pour convaincre une jeune femme de faire de Dean son ancienne protégée » commença-t-il avec une voix aussi froide que le pôle Nord, reprenant les mots du chasseur « car je ne vais pas me parjurer pour votre cul. Maintenant que vous avez amené ça sur la table et que Mike, Mike bordel, est au courant de cela, si je ne l'amène pas à la barre, je vais ressembler à un crétin. »

Les deux frères se regardèrent quelques secondes, plusieurs jeux de regards passèrent entre eux, allant de la question à la résiliation peu heureuse.

Et Sam se tourna vers lui avec un air angoissé.

« On peut demander à Crowley de s’occuper du témoignage. »

Il disait ce qu’il disait là ? 

« Tu veux foutre un démon à la barre...? Tu veux faire posséder une jeune femme ?! Es-tu totalement inconscient !? »

Visiblement, la rousse l’entendit à travers la vitre parce qu’elle se tourna de sa chaise pour lui lancer un regard paniqué. Magnifique. Comme s’il n’avait déjà pas envie de foutre par la fenêtre ses deux crétins d’anciens amants. 

Maintenant, il avait en plus envie de les fracasser avec la batte de baseball qui était si près de lui. 

Par les dieux.

Il ferma les yeux quelques secondes pour essayer de se calmer. Se fichant bien de ce que Sam pouvait dire pour le convaincre.

Parce que le pire ?

Il n’avait pas de réel choix. Il ne pouvait pas courir le risque de payer ou faire chanter quelqu’un à se parjurer pour Dean. Oui, il pouvait essayer mais l’ampleur de l’affaire était trop grande pour qu’il se mette à bluffer ou tricher et ensuite se faire découvrir. 

Parce qu’il ne pouvait pas gérer cela comme une fusion. C’était du surnaturel. Cela ne devait pas se savoir. Cela devait être sans faute.

Bordel.

Bordel .

Sa main partit presque seule à la rencontre de son bureau. Faisant sursauter les deux chasseurs et faisant taire le brun. 

« Après cette affaire, j’en ai rien à foutre Sam, vraiment rien, vous oubliez mon numéro. » il releva le visage vers le susnommé, qui le regarda avec des yeux pleins de tristesse. « Clair ? »

« Clair. » accepta Dean après quelques secondes de silence, voyant que son petit-frère ne semblait s’y résoudre. Il continua d’une voix désolée « Crowley fera ça de manière douce, elle ne s’en rendra même pas compte. »

Il se mit à rire, amer. « Ah parce que toi, tu t’en rends pas compte quand il te manque des jours de ta vie ? Tu t’en rends pas compte quand tu as un trou noir de plusieurs jours ? Tu te rends pas compte que c’est chelou que tu sois nommé comme témoin dans les journaux alors que tu n’en as aucun souvenir ? »

Le plus vieux eut la bonté de grimacer aux faits qu’il balançait en l’air, comme si cela n’avait aucune importance. 

Il savait. Il savait que les Winchester avaient la mauvaise habitude de détruire le monde si c’était pour sauver l’autre. Il l’avait lu. 

Mais cela semblait si logique dans les livres. Car après tout, il n’y avait que des liens brefs, des personnes qu’ils ne connaissaient pas forcément depuis des années. Seul Bobby, dans les personnages, personnes, cités dans les livres qui avaient une importance pour les frères. P’tain, il avait été un idiot de penser que, vu les liens qu’il avait avec les deux, il aurait p’t’être pu être épargné.

« S’il y a autre chose, c’est maintenant que vous passez à table. » reprit-il, avec une voix terne. « C’est votre dernière chance, après, je ne veux plus rien entendre qui n’est pas planifié par mes soins. Ou je jette l’affaire et vous vous démerdez à trouver un moyen de sortir de là. »

Sam ouvrit la bouche pour s’offusquer mais la main de son aîné sur son torse l’empêcha de dire quoique ce soit. Ses yeux rencontrèrent ceux de Dean et, visiblement, ce dernier n’avait pas fait que sortir du placard depuis qu’ils s’étaient quittés environ dix ans plus tôt. Il avait aussi grandi et compris que des fois, cela ne servait à rien d’essayer de réparer quelque chose, hors le briser encore plus.

« Je comprends Harv’. On en a déjà demandé beaucoup. » 

« Dean... » commença son frère mais il se tut à nouveau après un regard. Avant de soupirer.

« À vrai dire, on aurait pu effacer cette affaire avec l’aide de Castiel. » fit Dean, le faisant hausser un sourcil. « Les anges peuvent effacer la mémoire. Le problème est que vu que Cas’ n’est plus vraiment un ange depuis très longtemps, son mojo lui coûte plus. Et changer autant de mémoires... » la voix du blond tomba, son regard se fit plus sombre « J’peux pas laisser l’homme que j’aime se détruire à cause d’une erreur que j’ai commise. »

Donc ce n’était pas une destruction pour se sauver l’un l’autre, c’était une destruction pour en éviter une à une tierce partie. Harvey ne savait pas si cela rendait sa conclusion de plus tôt plus horrible pour lui ou si cela lui faisait monter un peu de compassion.

Si Mike devait se retrouver en procès, il en ferait probablement de même. Si Donna se retrouvait encore une fois sur une estrade, il ferait en sorte de ne pas le regretter à nouveau.

« Appelle Crowley. On va le rejoindre dans un bar à quelques rues, histoire de ne pas faire plus chelou que cette affaire ne l’est déjà. »

« Maintenant ? » demanda Sam d’une voix étonnée. 

Comme si voir Harvey flancher sur toute cette histoire et reprendre du poil de la bête en quelques minutes était une chose étrange. 

Alors que c’était ce qu’il faisait, à chaque putain d’affaire. À chaque match de boxe. 

Tu prends un coup, tu te relèves et tu rends le coup.

« Maintenant, Sam. »

.

« Hello boys. »

L’avocat regarda le démon face à lui. Le Roi de l’Enfer. Et il se dit, qu’en effet, il n’avait aucune envie de se retrouver contre cet homme. Peut-être que certain ne le trouverait pas intimidant par sa taille mais il pouvait déjà dire que l’écossais, à l’accent, avait plus d’un tour dans son sac et savait très bien mener sa barque.

Ou son Enfer, il imaginait.

La conversation fût aussi sympathique d’un bon Scotch avec un peu d’arsenic à l’intérieur. Le fait qu’il soit connaisseur du premier sembla assez plaire au démon pour qu’il accepte de jouer le jeu, à condition de pouvoir obtenir un deal en contrepartie. 

Les deux frères s’offusquèrent à la demande mais il n’en fût pas surpris. Pourquoi faire les choses gratuitement ? C’était un démon, il était avocat, les deals c’étaient leur commerce n’est-ce pas ?

« Allons boys  » les rappela à l’ordre Crowley, buvant une gorgée de son propre verre, « votre ami comprend très bien, bien mieux que vous, le business. Je ne vois pas pourquoi vous en faites un drame. »

« Crowley. » grogna Sam, et Harvey eut presque l’impression de compter pour le jeune homme. 

Au lieu de servir de garde-fou de dernière minute et de sexbot utilisé. Urf, valait mieux oublier.

« En quoi consiste le deal ? » demanda-t-il, coupant court au brun qui sembla avoir trébuché d’une marche imaginaire. 

Le démon sourit simplement. « Pourquoi je te le dirai ? Tu es obligé d’accepter de toute manière pour sauver notre écureuil et éviter à l’élan une crise cardiaque. »

Harvey serra les dents.

« Crowley. » retenta le brun. « Il n’y a pas de deal avec lui. Considère que c’est avec moi. »

L’homme presque éternel haussa un sourcil à cela, avant de poser son verre sur le bar. Et Harvey eut envie d’envoyer son poing dans la figure de son ancien camarade de fac mais il n’en fit rien. Il se rappelait pourquoi cela s’était si mal fini la dernière fois.

Parce que Sam avait la trop grande tendance de le faire se sentir comme un gamin ne pouvant rien faire, car il avait plus d’expérience avec ce genre de monde que lui et probablement un héros complexe. Comme la putain de demoiselle en détresse. 

Pas comme son partenaire. Pas comme son allié. 

Comme un putain de boulet.

« Très bien. » fit le démon, le coupant dans sa colère. « Tu me dois une faveur Sam. Et je plaiderai pour ton frère. Maintenant, j’ai besoin de savoir qui je dois être pour cette petite pièce de théâtre. »

.

« Comment ça s’est passé ? » lui demanda Donna, à peine posait-il ses fesses dans sa chaise. 

Elle ferma la porte et s’assit face à lui alors qu’il buvait son verre de Scotch presque d’une traite. Elle en ouvrit la bouche pendant une seconde avant de grimacer.

Yup. Aussi mal.

« T’sais, je pensais qu’on comptait un minimum pour ne pas être foutu sous leur destruction. » elle lui lança un regard triste, tendre, du style qui disait ‘oh chéri… ’’ « Mais ouais, j’aurais dû le voir avant. J’aurais dû dire non. J’aurais dû ne jamais promettre de les aider à nouveau. »

La rousse se leva pour aller se chercher un verre pour elle-même. Et le silence se fit confortable entre eux alors qu’il faisait tourner la dernière goutte de sa boisson dans le fond du sien.

« Je pense qu’avec la vie qu’ils ont, la co-dépendance et ce à quoi tu es prêt à sacrifier pour garder la personne concernée ne change pas la place que nous avons dans leur vie. »

Il pouffa, mais elle ne fit que s’appuyer contre son bureau, assez près de lui pour qu’il sente sa robe contre sa chemise. Assez près pour que, si quelqu’un rentre, ils se posent des questions. Mais qu’importe.

Sa main vide se porta à sa cuisse et elle la prit dans la sienne.

« Je n’étais que le personnage d’une histoire. La jolie fille qui finit dans le lit du héros. Et tu étais plus que le sauveur et le réchauffeur de couette. Tu étais l’ami, l’amant, celui qui lui a relevé la tête de l’eau. Celui qu’il a manqué. Comme Dean a manqué Cassie quelques tomes plus tôt. »

« Il avait Jessica. J’avais Scottie. » 

« Et il est celui que tu as manqué également. » finit-elle, sa main lâchant la sienne pour venir se porter à sa joue. « Tu aurais essayé avec lui sans Jessica. S’il n’était pas parti à la recherche de son père. S’il était rentré avec nous. »

Il ferma les yeux à cela, soufflant légèrement. Peut-être bien oui. Il aurait pu. À l’époque, il aurait essayé. Il aurait remis Sam à la fac, l’aurait soutenu dans ses études. L’aurait épaulé pour rentrer à Pearson Hardman avec lui. 

Aurait. 

« Tu es sûre de vouloir de moi avec tout ce que tu viens de dire ? » ricana-t-il, mais elle savait que ce n’était qu’une défense faible. Une demande d’être rassuré. 

Elle lui sourit. 

« C’était une autre époque. Je sais que tu es loin d’être cet homme prêt à prendre son ancien ami sous ses ailes pour le sortir d’un autre monde. Et Sam est encore plus loin qu’avant d’accepter cette aide. »

« Mike pourrait te dire que je le fais tout de même. » 

Elle leva les yeux au ciel. « Mike est autre chose. Mike est… la pièce du puzzle qui manquait. Sam était un barrage. »

« Un barrage qui m’a vidé d’énergie. » finit-il avec un humour sans légèreté.

Elle balança sa tête vers le côté, comme pour approuver ses dires. Avant de boire une gorgée de son verre.

« Tu vas gagner le procès ? » demanda-t-elle, après quelques secondes de silence.

« J’ai le Roi de l’Enfer dans mon camp. Difficile de perdre non ? »

.

Harvey se retrouva face à Victoria quelques jours plus tard pour une déposition de son témoin. Qui était en fait un démon dans le corps d’une des victimes des vampires. Avec, dans ses papiers, des documents faussement datés montrant que Dean et Sam travaillaient en effet pour la Scholomance et que toute cette affaire n’était qu’un cas de légitime défense. 

Et le démantèlement d’une cellule de fous voulant tourner leurs victimes en distributeur à volonté de sang pour de la revente au marché noir. 

Il ne devrait pas être étonné mais Crowley jouait à merveille les jeunes femmes victimes de PTSD et en totale admiration de son sauveur et ancien garde du corps.

Il offrit à son adversaire une porte de sortie, une offre plus que généreuse de caution pour service rendu et aucune peine de prison. 

Victoria s’en alla en grinçant des dents. Crowley, sous l’apparence de la jeune Jude, fit de même rapidement et Dean le remercia une nouvelle fois avec une main sur l’épaule. Mais il ne fit que lui donner un acquiescement pour toute réponse.

Il n’était pas encore totalement prêt à pardonner la merde dans laquelle il était et celle qu’il avait accepté de commettre pour sortir le blond de ce merdier.

L’avocat regarda celui-ci s’en aller sans demander son reste, Castiel étant à l’entrée de l’étage à l’attendre, et il ne fût même pas surpris de voir un autre blond accoudé au mur face à lui.

« Tu tires au flan ? » demanda-t-il avec ce sourire blagueur qu’il savait n’être qu’un masque.

Et Mike le savait aussi, parce qu’il le suivit sans qu’il dise quoique ce soit.

« Jessica m’a dit de venir voir où tu en étais, vu que nos clients sont étonnamment calmes. Et je voulais savoir si t’avais besoin d’un coup de main. »

Quelque part sur le chemin, il se dit que ouais, il avait besoin de toute l’aide qu’il pouvait avoir. Surtout celle de Mike et Donna. Plusieurs mains. 

Bref.

Il était désespéré de bien des manières après cette semaine de l’Enfer. Dont le Roi venait de quitter le cabinet. 

« P’t’être plus tard. Pour le moment, je gère. » 

Mike pencha la tête à cela et il n’essaya même pas d’argumenter plus. Mais le plus jeune si.

« Ça avait l’air tendu avec Dean après la déposition. Ça s’est mal passé ? »

Donna releva la tête en les entendant arriver et rentra dans son bureau parce qu’elle savait déjà qu’il allait devoir boire quelque chose. Et elle allait l’empêcher de prendre du Scotch à, il regarda sa montre, neuf heures trente du matin.

Ce qui n’était pas une mauvaise idée en soi, humainement parlant, pour ne pas paraître trop désespéré ou alcoolique sur son lieu de travail.

« La déposition s’est passée comme prévu. Mais c’est la dernière fois que je prends une affaire pour les Winchester. » répondit-il simplement et son camarade grimaça.

Avant d’essayer de passer la rousse, qui avait les bras croisés sur sa poitrine, afin d’au moins boire un verre d’eau. Ils se bataillèrent du regard quelques secondes avant qu’il ne lève les bras et aille s’asseoir dans un des fauteuils de cuirs.

« Tu semblais en bons termes avec eux pourtant. » lança Mike alors que Donna lui servait un verre d’eau, fière d’elle suite à son abandon.

Il le prit et commença à boire, ne voulant répondre à cela alors que les deux amours de sa vie s’asseyaient autour de la table basse avec lui. 

« Dean et Sam ont une manière de faire… » commença Donna mais que dire sans parler de démon, possession et tout le putain de bazar dans lequel ils étaient « qui n’est pas juste pour certaines parties. »

Le chiot humain eut un visage pensif à cela. Avant de s’enfoncer un peu plus dans le cuir du canapé dans lequel il était assis.

Et il poussa un soupir. 

« J’ai fait des recherches sur eux. » Oh, il s’en doutait. « Ils sont censés être morts y a des années, suite à une altercation avec le FBI. Mais quand j’ai essayé de trouver le pourquoi ils avaient été incarcérés, je suis revenu bredouille. »

C’était dans les livres ouais. Il se souvient encore d’avoir écouté Donna lire cette partie avec horreur dans la voix, autant au moment où ils furent enfermés que quand ils apprirent pour l’explosion. Et, après vérification, comme chaque fois, ils trouvèrent l’article de ladite explosion ayant eu lieu.

Bien entendu, oui.

« Scholomance privilège. » fit-il, parce que cela était vrai. En partie. Du moins pour ceux qui entraient réellement dans la société.

« J’ai donc vérifié la Scholomance. » lui et la rousse n’eurent pas besoin de se regarder pour savoir qu’ils pensaient tous deux la même chose : et merde. « Et je ne savais pas que vous aviez une société en plus de travailler ici. »

Il grimaça au ton de Mike. Et il n’essaya même pas de se défendre avant même d’entendre les reproches de ce dernier.

« Harvey. Si Victoria tombe là dessus, elle va t’accuser de conflit d’intérêt ainsi que d’avoir créé des faux pour protéger Dean. Parce que je sais qu’il n’était pas dans les fichiers le lendemain de la soirée chez toi mais par miracle lui, son frère et son mari y sont depuis des années d’un coup, d’un seul. »

Un coup de Charlie. Parce que pourquoi pas utiliser toutes les ressources qu’il avait à portée de main maintenant qu’il détruisait un peu plus la vie de Jude sans qu’elle n’en ait conscience ? Pourquoi ne pas y aller à fond dans l’horreur et la malhonnêteté ?

Il avait de la chance que Donna soit d’une compréhension sans fond, parce qu’il jouait autant avec sa propre carrière que la sienne et la réputation de la base qu’ils avaient fondée.

« Elle peut appeler à conflit d’intérêt, mais la juge Higgins me laissera sur l’affaire de toute manière. Et pour les fichiers… Ce n’est pas un problème. »

Les yeux ronds, la bouche ouverte. Mike le regardait comme s’il avait une autre personne devant lui. Le regard bleu se tourna vers la rousse qui ne fit que rendre un regard calme et faussement serein. Avant que l’océan ne se reconcentre sur lui.

« Je ne sais pas ce que vous manigancez, mais vous allez me devoir une grosse explication si vous voulez que je repense à vous parler. »

Et il sortit de la pièce. 

Harvey ferma les yeux, envoyant sa tête en arrière pour essayer de ne plus penser. Pour essayer d’oublier à quel point sa vie semblait enfin avancer dans la bonne direction avant que Sam Winchester l’appelle en panique. 

À quel point il avait été si près d’avoir les deux personnes les plus extraordinaires de sa vie à lui et à lui seul. 

Il n’ouvrit pas les yeux en entendant les pas de Donna sur le tapis. Ni même quand celle-ci lui agrippa l’épaule en soutien, en compassion, avec la même douleur qu’il pouvait ressentir.

« Rentre. » lui ordonna la rousse. « Je vais aller voir Jessica, lui expliquer ce que je peux et je te rejoindrai. Et nous déciderons de ce que nous ferons pour Mike. »

Il acquiesça une seule fois, les lèvres serrées. Avant de planter son regard dans le sien. 

« Que ferai-je sans toi ? »

« T’écraser et brûler. » fit-elle avec un sourire.

Et il eut vraiment du mal à ne pas rire. Parce que bien entendu, bien entendu, elle lui offre l’une des seules et uniques répliques de la défunte Jessica dans ces putains de livres de malheur.

.

Donna n’arriva qu’une heure après lui et il était étonné qu’elle soit arrivée aussi vite. Même s’il savait qu’elle était une force de la nature, Jessica Pearson l’était tout autant. Mais ces deux femmes étaient celles qui le connaissaient le mieux et si l’une disait qu’il était cuit, l’autre ne pouvait que le croire. 

Il n’avait été au bureau que deux petites heures. Deux petites heures et cela avait suffi à le bouffer de l’intérieur. 

Toute cette semaine le bouffait de l’intérieur. 

Il était encore sous la douche quand il entendit ses talons sur le parquet puis sur le carrelage de la salle de bain. 

« Comment ça s’est passé ? » demanda-t-il. 

Après tout, ce n’était pas la première fois qu’elle le verrait nu de toute manière. Et ils avaient l’intention de faire en sorte que ce ne serait pas la seule fois non plus. 

« Elle comprend le fait que nous soyons ici et prend en charge le dossier pour aujourd’hui. »

Il soupira de soulagement à cela. Pour quelques heures, il pouvait oublier les Winchester. Hormis si bien sûr, ils venaient encore toquer à sa porte au pire moment, comme l’univers avait visiblement envie de le faire depuis le début de tout ce bordel.

Il fit un son de surprise, par contre, en la voyant entrer dans la douche avec lui. 

« Qu- » 

Harvey oublia les mots qui voulurent sortir de sa bouche car une autre venait de se poser sur les siennes. Et il oublia tout, hors le corps de Donna contre le sien, ses mains sur son torse et ses épaules, ses lèvres contre les siennes et l’eau coulant sur eux.

Elle lui offrait une diversion. Une diversion qu’ils voulaient tous deux refaire depuis des années. 

Et quel homme était-il pour refuser cela ? 

En tout cas, il était bien trop faible, bien trop épris d’elle, pour dire non. Alors ses mains se portèrent à ses cuisses et elle fût sur lui en un instant. Leurs lèvres et langues continuant une danse disparue plus de dix ans auparavant. 

Elle émit un léger cri à cause du carrelage froid et ils ricanèrent tous deux à cela avant qu’il ne fasse tourner le pommeau de douche afin que l’eau réchauffe le mur derrière elle. Et leurs lèvres reprirent leur danse. 

Les ongles de la rousse s’accrochèrent à ses épaules et il s’accrocha à ses cuisses. Ses mains finirent dans ses cheveux, s’agrippant à n’importe quelle mèche et les siennes se perdirent à l’exploration de son corps. Ses hanches bougèrent sur lui et il faisait tout son possible pour que les siennes tiennent le corps qu’il portait dans ses bras. 

L’eau ne couvrait pas réellement les sons qu’ils faisaient. Il ne l’aurait pas voulu de toute manière. Des années qu’il rêvait de ces derniers durant certaines nuits où il se laissait être faible, à penser à une chose qu’il avait manquée pendant des années. À une femme qu’il aurait dû couvrir dès le premier jour. 

Elle lui répondrait que le temps fait tout et que c’est ce temps qui fait qu’ils seront parfaits quand ils seront enfin ensemble. Eux. 

Et Mike, qui avait explosé ce qu’elle avait mis des années à gratter et à gratter. 

Ses barrières étaient mortes. Elle avait commencé à les détruire et il avait mis le coup de grâce. 

Il ne s’attendait pas à ce que le monde comprenne. Il voulait juste les avoir à ses côtés jusqu’à la fin du monde.

(Cette dernière semblait plus proche que sa propre mort, vu ce qu’il avait lu.)

Elle lui sourit, caressant ses joues avec douceur. Et il ne put que l’embrasser à nouveau. La serrer plus fort contre lui, dans ses bras. L’aimer plus fort, juste une dernière fois. C’était ce qu’ils avaient dit la dernière fois également.


Sauf que cette fois, c’était une dernière fois avant Mike. 

Ils ne parlèrent pas quand ils se lavèrent. Ni quand il lui offrit un verre de jus de fruit ou quand elle se servit dans les céréales qu’elle adorait et qu’il avait toujours chez lui –à côté, dans le placard, se trouvait celles du blond.

Ils ne parlèrent pas, quand ils finirent par s’avachir sur l’un des canapés, à prendre une sorte de brunch qu’il avait cuisiné en deux-deux et qu’elle avait confectionné un coin plus douillet que le cuir brut. 

Ils ne parlèrent que bien plus tard, quand le soleil était encore haut dans le ciel mais qu’il avait l’impression qu’il était bien des heures après le coucher du soleil. 

« Tu veux lui dire. » commença-t-il, telle une évidence. 

La femme dans ses bras, cette femme fabuleuse qui voulait bien de lui après toutes ces années à l’attendre, se faufila un peu plus, si c’était possible, dans ses bras avec sa cuillère de glace dans la bouche. 

Elle était adorable.

Et sa perte si elle entendait ses pensées actuellement.

« Je pense qu’on a pas trop le choix. » répondit-elle sans le regarder, ses yeux fixés sur le canapé face à eux. « On le savait depuis le début de toute manière. Et on aurait pas réfléchi autant de temps si ce n’était pas lui. »

« Si cela avait quelqu’un d’autre, Jessica ne me forcerait pas à le faire venir sur l’affaire. » elle fit un bruit de gorge à cela « Qu’importe que cet imaginaire ait une aussi bonne mémoire que lui. »

« Ce quelqu’un ne serait également pas une personne qu’on voudrait dans nos vies. Et qu’on veut garder dans celle-ci. » elle insista sur le mot ‘’garder’’ et il lui embrassa le crâne.

« Donc on va lui expliquer. »

« Et espérer que cela suffise pour qu’il nous pardonne ton comportement. »

« Hé. » elle se mit à pouffer à sa réaction.

.

Il appela Mike au milieu de l’après-midi, lui disant de venir à l’appartement dès qu’il le pouvait pour qu’ils discutent. Et il dut promettre le fait que oui, ils allaient véritablement parler. Lui et Donna étaient d’accord pour tout avouer de toute manière.

Et, il était à peu près sûr que de toute manière, Mike avait déjà lu sa plaidoirie du procès de Saint-Louis durant ses recherches sur Dean. Après tout, elle était dans les archives du bureau. 

Harvey ne fût pas surpris de le voir seulement un quart d’heure après la fin des heures d’ouverture. À croire qu’il était légèrement parti en avance pour arriver le plus vite possible. Le pire était que Jessica l’avait probablement laissé faire, vu que lui et Donna étaient ici de toute manière.

Il le fit entrer et lui servit un verre de Scotch avant même que le plus jeune ne s’assoie. Celui-ci les regarda avec une légère panique dans les yeux.

« Ok. » fit-il en posant le verre sur la table basse. « Maintenant, je suis inquiet. »

Le plus vieux regarda la rousse et celle-ci acquiesça. 

« On va te parler d’une chose qui va changer ta vision de voir les choses. Littéralement, changer ta réalité à vrai dire. » Mike resta silencieux, appréhendant ce qui allait le frapper métaphoriquement et Harvey était prêt à tout pour l’épargner encore un peu mais il ne pouvait pas « Le surnaturel existe. Monstres, bons ou mauvais. Les Dieux païens ou non. Tout le bestiaire possible et imaginable de chaque culture du monde. »

Le blond eut un ricanement. Mais il s’arrêta bien vite en voyant le visage de ses deux amis.

« Hein ? »

« Sam et Dean sont... » reprit Donna, en croisant ses mains sur ses genoux « Ils ont grandit dans ce monde-là. Leur mère est morte dans des conditions étranges, accrochée au plafond et prenant feu. Chose qui ne peut exister dans un monde rationnel. Mais qui existe quand tu apprends l’existence de créatures dotées de pouvoirs impossibles. »

Mike prit son verre et en prit une grosse gorgée. Parce que cela n’avait pas de sens hein. 

« Leur père a appris pour le surnaturel et a commencé à chasser pour retrouver la chose qui a tué sa femme. Entraînant ses fils dans cette vendetta. Ils ont donc grandi chasseurs. Et ils le sont encore aujourd’hui. » continua-t-il, d’un ton égal. 

« Sam est allé à la fac avec Harvey, voulant échapper à cette vie et vivre normalement. Mais leur père a disparu et Dean est venu le chercher pour lui demander de l’aide. En rentrant quelques jours après, il retrouva sa petite amie dans la même position que leur mère. Et il reprit la chasse. »

Il se souvenait encore des confessions hurlantes. Des mots passant les lèvres de Sam, si promptes à l’horreur de leur monde et à l’horreur humaine. Il comprenait à l’époque et le comprenait encore aujourd’hui. Le brun voulait la mort de la chose ayant tué deux des femmes de sa vie. Mais la vengeance n’entraînait rien de bon. 

Oh, il avait essayé de dissuader Sam. Mais il n’avait pu se résoudre à le faire quitter sa seule famille tangible. Sa petite amie était morte quelques mois avant, leur père toujours disparu. Dean était sa seule famille. 

Quand bien même Harvey aurait voulu compter parmi cette dernière ne serait-ce qu’un minimum. 

« Ce qui nous amène à Saint-Louis. » 

« J’ai lu la plaidoirie. » coupa Mike « Une histoire de sosie au même ADN. C’est scientifiquement impossible mais Dean avait un alibi à chaque meurtre et la seule différence entre son double et lui est le collier qu’il porte encore aujourd’hui. »

Il acquiesce. « Dean et Sam sont allés à Saint-Louis pour aider un ancien camarade de sa classe, Zach. Qui était accusé du meurtre de sa propre petite amie alors qu’il était chez sa sœur ce soir-là. La créature, un Shapeshifter, en voyant que sa trace avait été repérée, a pris l’apparence de Dean pour lui faire porter le chapeau. Allant jusqu’à presque se faire avoir par les flics pour bien montrer le visage de Dean. »

« Tu racontes des salades. » 

« Mike. » s’imposa Donna avec une voix douce, compatissante, parce qu’ils savaient tous deux ce qu’il ressentait à l’instant. « J’étais là également… Crois-moi, j’aimerais oublier mais c’est impossible. J’ai vu Dean tirer dans la tête de son double. Qui avait des yeux reptiliens. » 

Le blond avala une autre gorgée de son verre d’alcool. Avant de passer ses mains sur son visage.

« Dean a donc été accusé et emmener par les flics pour homicides. J’étais déjà sur place, vu que Sam m’avait appelé dès que les portraits robots de son frère étaient apparus en ville. Et j’ai pris l’affaire à bras-le-corps en me disant que l’impossible n’était pas impossible à gagner. Parce que oui, Dean avait un alibi pour tous les meurtres, dont surtout ceux qui sont arrivés avant qu’ils soient en ville. Et surtout parce que Donna et Rebecca, la sœur de Zach, ont témoigné en notre faveur pour cacher le surnaturel au monde. »

« Ce qui nous ramène à aujourd’hui. » dit le plus jeune avec un ton presque… résigné. 

« Ce qui nous amène à aujourd’hui. » confirme Donna. « Dean et Sam étaient en chasse pas très loin, contre un nid de vampires. Sam était en train d’aller chercher la voiture pour une fuite anticipée quand Dean a été attrapé. Et, étant déjà à New-York de toute manière, il a décidé d’appeler Harvey pour la promesse qu’il avait faite. »

Il eut un ricanement amer à cela. Parce que ouais, il avait fait une promesse et la tenait. Malheureusement, il n’avait qu’une parole. 

Cela fit tourner le regard bleu vers lui et il vit le moment où l’étincelle d’espoir, que tout cela soit une blague, disparu. Il les croyait. Il allait essayer de revoir sa vie entière pour découvrir comment il avait pu manquer ça. Comment il allait faire pour éviter que ce monde rencontre le sien. 

Harvey le savait. C’était ce que Donna et lui avaient essayé de faire pendant un temps. Avant que la rousse ne dise merde au monde et prenne les choses en main, comme la déesse qu’elle était. 

« Je vais avoir besoin de plus d’alcool pour continuer cette discussion. » finit par dire Mike. Et il se leva sans attendre pour aller chercher la dose de plus. « Et je veux savoir tout ce que vous savez. »

« Oh chiot. » lança la rousse avec un ton triste. « Si tu savais. »

Alors, elle commença à tout lui expliquer. Il répondit à toutes ses questions. Les heures passèrent et ils finirent par commander à manger pendant que Donna sortait ses livres, bestiaires et grimoires des étagères de la bibliothèque, cachés par des couvertures de code de droit. 

Ils parlèrent de la Scholomance, de cette base de chasseurs qu’ils avaient construite pour offrir une sécurité en plus en ville et pour servir de couverture aux chasseurs du coin. Qui avait grossi et grossi jusqu’à devenir ce qu’elle était aujourd’hui. 

Harvey lui expliqua que certains clients étaient des créatures également. Que la plupart des pro-bonos qu’il avait fait dans sa carrière étaient des affaires comme celle-ci. 

Il aurait aimé prendre en photo Mike quand il lui expliqua que Derek était un loup-garou et que son compagnon et Donna s’amusaient régulièrement à un concours de magie. Juste histoire d’être en forme. 

Même si la rousse n’était pas une réelle sorcière à proprement parlé. Elle avait juste décidé d’apprendre pour se protéger et protéger les gens qu’elle aimait. 

Le plus jeune absorbait le tout, posant toujours plus de questions, de plus en plus complexes, au fur et à mesure que les heures passaient, que les verres et la nourriture disparaissaient.

Ils étaient tous les trois assit à même le sol, autour de la table basse, à regarder les livres de Donna pendant que Mike devenait à son tour une encyclopédie du surnaturel. 

Il lança un regard à la rousse par-dessus le blond, plongé dans les lignes que celle-ci avait écrites sur certains types d’homonculus, et il vit le même désir que le sien. 

Dieux que cette capacité, cette mémoire et intelligence, avait le pouvoir de l’embraser. 

Peut-être c’était l’alcool, ou juste de voir le plus jeune dans son élément, ou l’attente qui durait depuis trop longtemps, mais il porta sa main au menton de celui-ci pour le faire tourner vers lui et il l’embrassa. 

Définitivement un peu de tout, pensa-t-il en sentant l’alcool sur les lèvres de Mike. 

Ce dernier n’eut pas le temps de dire quelque chose que Donna le fit tourner vers elle de la même manière, avant de prendre ses lèvres à son tour. 

Quand elle se recula, leur camarade les regardèrent tour à tour, bouche ouverte, lèvres pleines, rouges et humides, sans qu’un son ne passe. 

« On va s’arrêter là pour ce soir. » dit Harvey, d’une voix calme et presque murmurée. « On va tous aller dormir et demain, nous parlerons. »

Mike ne put qu’acquiescer, la bouche encore ouverte, alors que lui et Donna se levèrent ensemble, partant dans une chambre chacun, comme ils avaient pu le faire plusieurs fois ces derniers mois. 

.

Harvey fût le premier réveillé le lendemain matin. Et il essaya autant qu’il pût de préparer le petit-déjeuner sans déranger le blond qui dormait, dans une position étrange, sous de nombreuses couvertures sur le canapé face à lui.

Donna sortie de la douche avec une longue serviette autour d’elle, lui lançant un clin d’œil avant de piquer une myrtille de son bol et de repartir s’habiller. 

Plusieurs minutes après, ils étaient devant un énorme petit-déjeuner, à se demander s’ils allaient vraiment devoir réveiller le plus jeune qui semblait s’être un peu plus emmitouflé dans les couvertures entre-temps. 

« Tu t’en occupes. » lui lança la rousse dans un murmure. Et ils se bataillèrent du regard, peut-être une minute, avant qu’il ne perde la partie.

Il lui fallut p’t’être une dizaine de secondes où il appela le blond et le secoua avant que ce dernier n’ouvre soudainement les yeux et émette un son.

« Debout soldat, le p’tit dej est prêt et on a toujours une affaire de meurtre à terminer. »

Seul un bruit de gorge fût émis en réponse mais il eut le plaisir de voir le monstre sous les couvertures marcher vers l’un des tabourets du comptoir de la cuisine. En embarquant au moins deux desdites couvertures avec lui. 

Adorable.

Donna lui présenta un café et Mike mit peut-être trois secondes à le faire disparaître dans son estomac. Et il y eut un silence alors qu’ils commencèrent à manger. 

« J’ai pas rêvé hier soir, hein ? » demanda le blond plusieurs minutes plus tard, bien plus réveillé. 

« Le surnaturel existe, oui. » répondit-il, même s’ils savaient tous les trois que ce n’était pas l’entière réponse à la question posée. 

Le plus jeune lui lança un regard torve, histoire de bien lui faire comprendre qu’il voulait avoir confirmation de l’autre chose passée le soir d’avant. La rousse en pouffa, avant de s’avancer vers Mike, de prendre son visage dans ses mains et de le dévorer sur place. 

Voir les yeux grands ouverts et définitivement réveillés du plus jeune le fit rire. 

« Je dors toujours, c’est ça ? » lança ce dernier tout de même, toujours ahuri quand elle le relâcha. Et elle roula des yeux avant de lui pincer la joue. « Aouh. Nope. J’suis réveillé. Oh, bordel. »

« Dis non, et tout ceci ne sera qu’histoire ancienne. » 

Mike le regarda avec encore plus de stupeur qu’avant. Comme si l’idée de dire non était aussi stupide que de fumer de la beuh et aller pisser dans le bureau de Louis. 

(Ouais, ils étaient défoncés, faut pas leur en vouloir.)

« Non. » fit le blond et voyant le visage des deux autres personnes, il bougea ses mains dans tous les sens avant de reprendre. « Non, je dirai pas non. Ohmondieu, vous pensez vraiment que je vais dire non ? Je pensais tellement être absolument pas subtile. Genre pire que quand j’essayais de draguer Rachel. Genre vraiment vraiment pas doué pour cacher mes béguins. Genre vraiment vraiment- »

Donna le coupa en l’embrassant rapidement et il dégonfla comme un ballon.

Ok, il voulait voir ça tous les jours maintenant. C’était adorable et à mourir de rire. Et la meilleure technique pour faire taire Mike visiblement. Que du bonus.

« Oh, on le savait. La discrétion n’est pas ton fort en effet.» lança-t-elle en ricanant. « On veut juste être sûr que c’est ok avec toi. Parce que tu as dix ans de moins que nous, parce qu’il y a des risques si certains l’apprennent au bureau. Parce que ça sera nous trois face au monde et ce dernier n’est pas forcément très compréhensif. Parce que nous vivons dans un monde de requins prêt à faire saigner pour prendre notre place. La tienne ou celle d’Harvey. »

« Ok. » répondit-il, comme si c’était la réponse la plus simple du monde. 

« Tu ne veux pas y réfléchir avant d’accepter ? » demanda Harvey tout de même. 

Le blond le pointa avec sa cuillère, qu’il avait toujours à la main depuis tout ce temps : 

« Si tu crois que je n’ai pas un minimum réfléchi à ce qu’une relation avec l’un de vous ou vous deux ferait peser dans la balance, tu me connais mal. »

Il fit un mouvement de tête à cela. Car il aurait dû s’en douter de toute manière.

« Parfait. » le ton de Donna était presque ronronnant et ils la regardèrent avec étonnement. Elle ne fit que sourire. « Cela va être encore plus fun maintenant que je vais pouvoir vous rendre fou de nouvelles manières. »

Elle s’en alla à la salle de bain après cela, laissant les deux hommes avaler leur salive avant de se regarder, une pointe de désir dans chacun des regards.

« On est foutus. » déclara Mike, d’une voix qui semblait très intéressée par le fait de l’être. 

« Yup. »

« On doit aller au bureau les garçons. Bougez-vous ! » les rappela à l’ordre Donna depuis la salle d’eau et ils se dépêchèrent de finir leur repas.

.

La journée fût plus facile à supporter avec Mike à ses côtés pour éplucher les différents plans qu’il avait mis en place et pour continuer d’avancer sur l’affaire. 

Il ne fit aucun commentaire quand Jessica et lui se croisèrent dans le couloir, alors qu’elle lui haussa un sourcil comme question muette. Mais son silence dû être une réponse en soi car sa mentor ne fit que sourire, un sourire en coin presque tendre et maternel, avant de lui tapoter l’épaule.

En lui disant bien entendu, de détruire son adversaire. 

Harvey en oublia presque ses états d’âmes des jours précédents. Jusqu’à ce que Victoria apparaisse dans son bureau.

« Que puis-je pour vous ? » fit-il en rentrant dans son bureau. 

Il lança un regard à Donna qui ne fit que hausser les épaules. Donc, elle ne savait rien. 

« Je veux comprendre pourquoi vous prenez cette affaire. » lui répondit la femme avec un ton serein. « Vous ne faites pas dans les meurtres, du moins pas réellement. Et c’est la deuxième fois que vous vous mettez devant pour Dean Winchester. »

Voilà la mention de Saint-Louis qu’il attendait depuis un moment.

« Parce que j’ai promis à son frère de le sortir de là, vu qu’il est innocent. »

La blonde face à lui sembla prendre sa réponse de manière solennelle. Comme si le fait d’avoir une parole était bien plus important que tout le reste. 

« S’il ne l’avait pas été, vous auriez fait de même. » 

« La question ne se pose pas, vu qu’il n’est pas coupable. » 

Il ne comprenait pas réellement le chemin de cette conversation. Ils avaient une audience avec le juge dans moins d’une semaine et aucun d’eux ne pouvaient plus vraiment faire quelque chose avant cela. 

Après tout, Harvey avait posé une offre appuyée d’un témoignage en béton armé. L’autre avocat ne pouvait que trouver une faille ou accepter. Ou attendre le jugement d’Higgins.

« Mais nous savons tous deux qu’il l’est. Après tout, cela avait beau être des vampires, il les a tués. »

Il se força à rire. 

« Des vampires oui, tout à fait. Car vivre dans un monde avec des personnes assez folles pour kidnapper des gens pour vendre leurs sangs ne vous suffit pas. »

« Allons, monsieur Specter, ne nous voilons pas la face. Nous savons tous deux ce dont il en est réellement. Alors parlons franchement. » Victoria bougea légèrement, mettant ses mains dans les poches et plantant son regard dans le sien. « Vous allez m’offrir votre client sur un plateau et vous retirer de l’affaire. »

Harvey fronça les sourcils au ton doucereux. Avant de comprendre ce dont il en retournait. L’avocate face à lui était un vampire également. Peut-être même l’une des cheffes du nid que Dean avait massacré. Et elle essayait de le charmer pour faire ce qu’elle voulait. 

Mais elle ne savait pas que Donna avait neutralisé ce genre de pouvoir dans l’immeuble.

Il ne fit que sourire.

« Et si j’enlevai plutôt un zéro de la caution ? » sa réponse choqua la blonde face à lui. « Oui, les p’tits tours de passe-passe ne marchent pas par ici. Alors, je vous souhaite une bonne soirée et vous reverrai à l’audience. »

L’avocate regarda autour d’elle, se demandant probablement si elle ne pouvait pas faire autre chose, mais elle tomba sur le regard de Donna qui, il pouvait le deviner, avait dans sa main un petit sac de sorts. Bien en évidence pour les personnes dans le bureau, comme elle et lui, mais pas pour le reste des personnes passant devant.

« Oh. » fit-il en la regardant partir. « N’essayez pas cela sur le juge Higgins. Vous risquez de vous retrouver face à un mur plus grand encore. »

.

Harvey informa Dean de l’heure de l’audience et il ne s’étonna pas réellement de voir Sam dans son bureau quelques heures après le passage d’information.

Par contre, voir Mike également dans ce dernier, avec les bras croisés sur son torse, comme s’il attendait patiemment d’exploser. Il y avait bien des raisons possibles à cela mais il pouvait voir que le brun était également prêt à en découdre. 

Ça, il ne voyait pas pourquoi.

« Qu’est-ce qu’il se passe ici ? » demanda-t-il en rentrant dans son bureau et fermant la porte. Donna les entendrait par l’intercom de toute manière.

« Tu avais dit que cela n’irait pas jusqu’au procès et maintenant, on a une audience ? » lança le chasseur.

Pendant trois secondes, Harvey se demanda si le brun avait oublié qu’il n’avait jamais promis quoique ce soit hors la victoire. Et il avait prévu d’aller jusqu’au procès de base.

C’était un miracle, diabolique, qu’ils n’aboutissent à pas plus qu’une audience.

« Les audiences valent mieux que les procès. » répondit au tact-au-tac Mike. « Et c’est un peu obligatoire quand on arrive pas à un accord avec la partie adverse. »

« On avait un accord ! » hurle presque le brun et Harvey dû cligner des yeux plusieurs fois vu le regard ahuri de ce dernier. « Tu m’as dit qu’on avait un accord ! »

« Je t’ai dit qu’on avait un accord de proposé, pas qu’il avait été accepté. Ce que je vais faire forcer durant l’audience. »

« Les audiences ne sont jamais aussi expéditives Harv’. » fit Sam en ricanant.

Il connaissait Mike. Il connaissait les points de ruptures qui le foutaient en larmes, qui relâchaient toute sa compassion et sa force dans la face du monde. Qui l’énervaient au plus au point. Il voyait que le blond s’énervait. Mais il ne voyait pas le point de départ.

Ou, pensa-t-il, le point de départ avait été hier soir. Après les discussions sur l’affaire, sur la possession d’une innocente, sur la relation que lui et Sam avaient eu par le passé. Parce que, quand il avait dit qu’ils diraient toute la vérité à Mike, ensemble lui et Donna, il raconta tout.

« Statistiquement, une trentaine de pourcents des affaires peuvent se finir par le juge dès la première audience. » la voix du blond ne laissa pas le brun répondre. « Les pourcentages montent plus il y a d’audiences. À vrai dire, les statistiques sont plus faibles à partir du moment où l’audience se transforme en procès, parce que c’est le jury qui prend la décision finale. Et le juge n’y peut presque rien. »

Le chasseur regarde le plus jeune avec choc, comme s’il se prenait une claque dans la figure. C’était souvent le cas, quand Mike se mettait à mettre en marche les rouages de son cerveau. Il se forçait à cacher un sourire à cela.

« De plus, le juge Higgins connaît Harvey. Connaît la Scholomance. Sait pour le monde dans lequel on vit. Elle est bien plus apte à accorder notre faveur que n’importe quel juge du comté. Donc au lieu de te plaindre que ton frère doit porter un costume dans ce qui va être l’une des plus grosses pièces de théâtre de votre vie, va lui en trouver un qui n’est pas celui qu’il porte pour jouer aux agents du FBI. »

Sam ouvrit la bouche pour la refermer plusieurs fois. Il lança un regard implorant mais Harvey ne l’aida pas. Il savait, oh, il savait, que c’était la peur et la douleur qui rendait Sam agressif. Que cette dispute, grand mot pour l’échange actuel, était sûrement une manière tordue d’essayer de réparer ses torts de la dernière fois.

Cherchant probablement à avoir encore l’avocat dans ses bonnes grâces malgré tout. Pour leur amitié et plus passée.

Mais Harvey en avait fini.

C’était le clou dans le cercueil. Un pieu dans le cœur d’un zombie. 

« On te verra à l’audience Sam. » fit-il simplement, clôturant l’échange.

Comme il clôture ses affaires.

Son ancien camarade lui rendit un regard plein de désespoir et de colère mais s’en alla sans un mot. Suivit rapidement de l’entrée de Donna dans le bureau.

« Eh bien, Mike. » commença-t-il après un léger silence, voyant les larges épaules de Sam disparaître au loin. « Ce fût… intense. »

Le blond roula des yeux, ses épaules se déliant légèrement de leur position pleine de colère.

« Le ‘’Harv’’ m’a légèrement énervé j’avoue. Sans compter la méfiance totale. »

Il avait envie de défendre Sam à propos de la méfiance mais se dit qu’il ne valait mieux pas. Après tout, tout cela sera bientôt derrière eux donc qu’il dise quelque chose ou non ne changerait rien. 

La rousse poussa un ricanement « Déjà possessif gamin ? »

Les joues du plus jeune se tintèrent légèrement et il avait envie de le dévorer à l’instant même. 

« Techniquement, j’en ai le droit. Et puis comme Harv’ le dit. La vie est comme ça. » dit-il en plaçant sa main vers son abdomen avec sa meilleure slash pire imitation du plus vieux, avant de monter sa main au niveau de son crâne. « Je l’aime comme ça. »

L’avocat roula des yeux à son tour, faisant un plus rire la femme à ses côtés. 

« C’est bien, le jeunot apprend vite. » fit-elle en tournant autour de lui, calant son visage dans son épaule. « Que devons-nous lui apprendre ensuite, je me demande. »

Elle disparut presque aussi vite qu’elle finit sa phrase, laissant les deux hommes aussi tendus qu’une corde d’arc.

« Ok. Ok, je vais mourir de son pouvoir et j’en suis très heureux. » lança le blond, regard toujours perdu vers la rousse. 

Il ne pouvait qu’approuver. Mais il n’était pas en réserve. En souriant légèrement, il s’approcha de son associé, qui retourna ses yeux océan sur lui avec appréhension. La bonne, celle qui vous donnait envie de chuter avec elle. Avec une lenteur calculée, il refit la cravate, toujours un poil trop à droite du blond.

« Maintenant Mike, tu vas retourner dans ton bureau en n’oubliant pas que, même ton cerveau est très bon pour retenir des chiffres, je suis celui qui va conclure… cette affaire. »

Le susnommé avala sa salive, avant de partir un peu précipitamment du bureau.

« Conclure. Vraiment Harvey ? » entendit-il la voix de Donna à travers l’intercom.

« Apprendre, vraiment Donna ? »

Il n’entendit que le rire de sa compagne en réponse.

.

Dean se présenta à l’audience avec un nouveau costume. Il le savait parce qu’il pouvait voir l’air totalement amusé qu’il a en marchant vers lui, faisant un tour sur lui-même pour lui montrer l’effet du costume. Castiel n’en perdait pas une miette derrière lui et Sam fit la moue.

Le tableau l’amusait. 

« Prêt Winchester ? » demanda-t-il en lui serrant la main quand il passa derrière la porte qui menait au centre du spectacle.

« Oh oui, Specter. »

Au moins un qui avait totalement confiance en lui. Comme toujours pour le charmeur de ses dames. Et messieurs. 

« L’honorable maître Higgins arrive. Debout. »

El’ lança un hochement de tête à Harvey et celui-ci cacha son sourire tandis que l’audience commençait. D’abord l’énonciation des faits. Des pièces à convictions et de la déposition de Jude. Du manque de professionnalisme de Victoria voulant imposer des accusations inexistantes et diffamation envers son propre professionnalisme.

Il ajouta chantage, juste pour voir le regard presque noir et veinés de la vampire face à lui. Il ne fit que sourire. 

La juge Higgins avait presque l’air de bien s’amuser aux dépens du monstre dans la pièce.

Car oui, El’ devait être très au courant de ce qu’il y avait dans sa salle d’audience. Quiconque penserait le contraire serait un idiot. 

« J’ai proposé un accord plus que raisonnable à Mme Petrova en raison des preuves sous vos yeux, votre Honneur. Que mon adversaire ne veut pas accepter. »

Il donna l’accord en question à la juge qui le regarda pendant quelques secondes avant que Victoria ne se lève de sa chaise

« Votre Honneur, je sais qu’une grande majorité des preuves sont contre moi et mes clients mais je vous en conjure, donnez-moi raison et allons jusqu’au procès. »

Il reconnut à nouveau la voix doucereuse et il ne fût pas la seule dans la pièce. Les trois chasseurs se relevèrent légèrement dans leurs chaises, visages froncés, tandis que Donna ramenait son sac à main à elle.

Mais la brune en haut de l’estrade ne fit que continuer de lire les documents devant elle.

« Votre Honneur. » recommença Victoria, la voix plus doucereuse encore de compulsion. « Votre Honneur ! »

« Je ne suis pas sourdre, maître Petrova. Maintenant, laissez-moi lire cet accord. »

La vampire parût outrée, ahurie, par le ton sans appel de la juge. Et elle se laissa tomber sur sa chaise, défaite. 

Meh.

Il ne pouvait pas dire qu’il ne l’avait pas prévenu.

Orion était peut-être un très bon chasseur, un des meilleurs de New-York même. Mais El Higgins était la meilleure sorcière. Alors les sorts de base étage de vampire ? Autant essayer de creuser un mur en béton armé de plusieurs mètres d’épaisseurs avec ses ongles.

« Maître Petrova. » la vampire releva la tête à son nom. « Vous allez prendre cet accord. Maître Specter, vous pouvez ajouter une victoire à votre compteur. L’affaire de Dean Winchester contre le comté de New York est terminée. Disposez. »

Dean cligna des yeux quelques secondes avant de regarder Harvey et Mike, puis Donna, comme s’il s’attendait à pire. Oh, vu les souvenirs de Saint-Louis, probablement. Mais la juge savait également que mettre le surnaturel en avant n’était pas une bonne chose.


Elle avait autant envie que Dean et Harvey d’en finir avec cette histoire.

« On a gagné. » fit l’aîné des chasseurs avec une voix surprise.

« Yup. » répondit Mike, en rangeant ses papiers. 

« Oh, monsieur Winchester. » fit la voix de la juge qui se levait doucement de sa chaise. « J’attends votre caution dans les jours qui arrivent sur mon bureau. »

Dean buggea durant quelques secondes avant que Sam ne lui donne un coup dans l’épaule par-dessus le demi-mur.

« Ou-Oui votre Honneur, au plus vite, votre Honneur. »

La brune ricana légèrement à cela, avant de se planter devant le bureau de la vampire.

« Maintenant, vous et moi, allons avoir une petite discussion à propos de ce qu’il vient de se passer. Dans mon bureau, maître Petrova. »

Harvey ne savait pas si Victoria était terrifiée ou juste abasourdie mais en tout cas, elle marcha derrière la juge Higgins avec grande réticence. Mike lui fit une grimace amusée à cela et il sourit en réponse.

« Oh fuck. » reprit Dean dans le silence amusé de son élan « C’est fini. »

« Oui Dean. On peut rentrer à la maison. Avant que Charlie ou Kevin ne détruisent totalement le bunker. »

Le blond eut à la fois horrifié et amusé de ce fait. Choses que l’avocat eut du mal à savoir comment il pouvait mélanger ces deux choses si différentes.

Ils étaient arrivés hors des murs du palais de justice quand Dean l’attrapa par l’épaule.

« Je sais que tu ne veux plus rien à faire avec nous maintenant que c’est fini. » commença-t-il avec un peu d’espoir dans la voix. « Mais, une dernière bière, pour fêter la victoire. C’est trop demandé ? »

Il se tourna vers Donna et Mike, l’une bien plus enthousiaste à l’idée que l’autre. Mais il penchait pour la première. Parce qu’il avait une histoire avec ces hommes. Même si son homme ne le comprenait pas encore, pas réellement, ou peut-être si, un peu trop, si l’on pensait à Trevor. Qu’importe. Cela serait la dernière.

« Dernière bière. » accepta-t-il avec un sourire. 

Il se permit même de sourire à Sam, plus tard dans la soirée, quand Mike débattait avec Castiel du Paradis en lui-même sous les yeux amoureux de Dean et Donna. Les deux hommes, avocat et presque avocat, sortirent du bar, histoire de prendre l’air.

« Je suis désolé. » fit le brun et il ne fit que boire une gorgée de plus de sa bouteille de verre. « Je sais que je suis très différent d’avant et que certaines choses sont devenues plus dures chez moi avec tout ce qu’il s’est passé dans ma vie. Je ne voulais pas donner l’impression que- »

« Que tu me pensais pas capable de faire mon boulot. Je sais Sam. » 

« Ok. » répondit ce dernier avec un soupir de soulagement. 

Un silence reposant se fit. Il avait temps besoin de repos après tout ça, retourner à sa vie bordélique mais facile. À ses deux amours qui sont maintenant siens. 

Sauf que le repos n’était pas pour tout de suite, seulement une fois la nuit, cette dernière nuit, passée.

« Mais tu as toujours été comme ça. » continua-t-il sous l’étonnement de son ancien camarade. « Tu t’attends toujours au pire et tu ne cherches pas à comprendre que des fois, le pire n’est pas ce que tu penses, mais ce que tu dis en prévention de ce danger possiblement non existant. Je n’ai pas oublié Saint-Louis. Je n’oublierai pas la possession. Je n’oublierai pas ta colère. »

« Harvey- »

« Non Sam. » fit-il en se tournant vers son ancien ami, son ancien amant, son ancien presque quelque chose. « Je sais. Je sais que la douleur te fait cet effet. Depuis toujours. Depuis que je te connais. La mort de Jessica n’a fait que l’amplifier. La chasse n’a fait que la faire grossir encore plus. Car tu perds. Tu perds tellement de gens. Connus ou non. Mais tu te bats toujours. Et je suis fier de toi pour ça, je te le dis en tant qu’ami pour cette dernière nuit. Mais après tout ça, je ne regrette pas de te dire que je n’oublie pas. Et que je ne te pardonne pas. »

Le silence suivit sa tirade. Durant lequel ils ne purent qu’entendre la musique sortant du bar, les autres clients discutant et riant, les voitures passants devant eux. Le silence tira et tira et tira -

« On s’est manqué y a des années, n’est-ce pas ? » demanda Sam, dans une voix qu’il aurait pu ignorer tellement elle était basse. 

« On s’est manqué quand tu as connu Jessica. Quand tu as décidé de continuer à chasser avec Dean. » répondit-il d’une voix calme, douce, le genre de voix que Donna utiliserait dans ce genre de moment. Très différente de ce qu’il était, mais il se le permettait pour cette fois. « Je ne t’en veux pas. Je t’en veux pour la colère, pas les raisons. »

Le brun acquiesça, comme s’il comprenait. Il n’en savait rien à vrai dire. Ils ne firent que boire une nouvelle fois à leurs bières. 

« J’en suis désolé. » reprit Sam. « Pour Saint-Louis, pour ici. »

« Je sais. »

« Mais tu ne me pardonnes pas. » 

« Non. »

Un jour, peut-être, l’eau coulera assez sous les ponts pour qu’il regrette de couper les liens avec Sam de manière complète et irrévocable. Mais il se doutait qu’il y aurait toujours une manière de les retrouver s’il le souhaitait.

Ne serait-ce que par la Scholomance et le réseau des chasseurs.

« Eh bien, je vais profiter de cette dernière soirée avec mon ami. Avant de reprendre la route. »

Il pouffa à cela, faisant sourire Sam légèrement.

Ils ne purent rentrer à nouveau, car les quatre autres sortirent pour les retrouver. Mike s’affala presque sur son dos, se plaignant de sa présence non disponible pour lui et Donna tandis que la rousse riait d’une blague, probablement non intentionnelle, de Castiel. Il vit le regard entre Dean et son frère, avant que le plus jeune des deux ne sourie et que l’aîné ne secoue la tête. 

« Aller Specter, que la prochaine fois ne soit pas dans une prison ou dans un tribunal. » lança Dean en tenant son mari par la main.

« Il n’y aura pas de prochaine fois Winchester. » dit-il d’un ton amusé mais le blond ne fit que lui faire un clin d’œil.

Et il regarda les trois hommes partirent dans un sens. Avant de se faire interpeler par Mike, qui tenait la main de Donna, dans l’autre sens de la rue. 

Il sourit avant d’arriver vers eux, de prendre le sac à main de la rousse dans sa main gauche et de prendre celle maintenant libre de sa compagne dans celle de droite.

Yup.

À la prochaine fois, Winchester.

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