When you say you love me

Des semaines... Un temps bien trop long, enfermé dans cette cellule. La relève de ses geôliers marquait le passage du temps de manière régulière.

Au début, il avait bien essayé de les effrayer en usant de ses dons psychiques. Mais il avait dû se rendre à l'évidence, les humains d'Atlantis n'étaient pas de ceux qui se laissent facilement impressionner.

Les gardes le fixaient impassibles, arme au poing, jusqu'à ce qu'un autre groupe prenne le relais et ainsi de suite. De temps à autre, le major Sheppard venait lui rendre visite. Le wraith grogna de mépris. Le militaire venait justement de quitter la pièce. Aujourd'hui Sheppard avait réussi à le mettre hors de lui. D'habitude il arrivait à maîtriser ses émotions et à contenir la rage qui bouillonnait en lui. Malheureusement la faim commençait à le tirailler et il avait perdu son sang froid quelques instants.

Outrage suprême, le major lui avait même donné un nom. Steve... un nom humain qui lui déplaisait énormément. Elle au moins n'avait jamais osé lui faire cet affront.

Elle... Steve inspira profondément. Penser à elle calma sa mauvaise humeur. Naya avait toujours su apaiser le maelstrom de ses pensées. Où était-elle à présent ? Sûrement morte à l'heure qu'il est. A cette idée le wraith senti une douleur lui étreindre le cœur. Tant de semaines loin de la ruche. Si Naya avait pu survivre à bord de son vaisseau c'était parce qu’il l'avait décidé et que les autres wraiths n'osaient pas le défier.

Mais aujourd'hui, il n'était plus là pour la protéger et ses congénères avaient dû faire un vrai festin de la jeune femme. Steve réprima un cri de rage. Il s'accroupit dans un coin de sa cage et laissa son esprit s'égarer dans ses souvenirs.

Like the sound of silence calling,

I hear your voice and suddenly I'm falling

Lost in a dream.

Like the echoes of our souls are meeting,

You say those words, my heart stops beating.

I wonder what it means.

What could it be that comes over me

At times I can't move.

At times I can't hardly breathe

Les darts venaient de rentrer et la récolte avait été bonne. Affamé Steve se dirigea vers les cocons dans lesquels leurs proies attendaient. Sans réfléchir il s'approcha de sa future victime, une jeune femme qui venait d'être placée dans la réserve. Le wraith posa sa main sur l'humaine et commença à aspirer sa force vitale. Quelques instants plus tard, il s’interrompit en grognant de frustration. Quelque chose n'allait pas. Il s'attaqua aux malheureux prisonniers contenus dans les alcôves entourant la jeune femme. Le feu de la faim enfin apaisé, il revint vers celle qui lui avait causé un si grand désarroi. Elle n'avait pas crié une seule fois. Ni quand il avait tenté de se nourrir d'elle, ni quand il s'était acharné sur ses compagnons d'infortune. Semblant attendre quelque chose, elle restait silencieuse tout en le fixant de son regard vert.

Approchant son visage de celui de l'humaine, il respira son parfum. La fragrance de la peur flottait dans l'air mais de façon ténue. Steve ne parvenait pas à déterminer l'odeur de ce corps qui semblait lui dire : « Tu ne peux pas me faire de mal ! » Furieux de ne pas comprendre se qui se passait, il attrapa la jeune femme, la fit sortir du cocon et l'emmena plus loin dans la ruche. Arrivé dans une section inusitée de leur garde-manger, il fit entrer sa prisonnière dans une des cellules vides. Puis tournant les talons, il regagna son poste sur la passerelle.

Le wraith laissa s'écouler plusieurs jours avant de retourner voir l'humaine qui hantait désormais ses pensées. Sans un mot, il entra dans la cellule et s'approcha de sa victime. La bloquant contre une des parois, il huma l'odeur entêtante qu'elle dégageait. La jeune femme n'avait pas bougé. Le nez toujours enfuit dans les boucles brunes de sa prisonnière, Steve posa sa main sur le haut de sa poitrine et lui rendit chacune des précieuses secondes de vie qu'il lui avait prises lors de leur précédente rencontre. Quand il eu terminé, il voulut s'écarter d'elle mais à sa grande surprise, elle le retint en posant une main fraîche sur sa joue.

• Que m'as-tu fait ? Demanda le wraith de sa voix grave juste avant que leurs lèvres ne se rejoignent.

• Je te retourne la question. Répondit-elle lorsqu'il mit fin à leur baiser.

When you say you love me

The world goes still, so still inside and

When you say you love me

For a moment, there's no one else alive

Un wraith et une humaine ensemble. Voilà bien une idée absurde. C'était contre nature et pourtant Steve ne pouvait plus se passer d'elle. Naya, car tel était son nom, l'obsédait et lui faisait faire des choses insensées. L'embrasser, caresser son visage, respirer son délicieux parfum. Il pouvait passer des heures entières à la garder serrée contre lui.

Quand elle se blottissait dans ses bras, plus rien n'existait autour d'eux. Ni soldats, ni wraiths de haut rang, ni même la reine à laquelle il avait juré fidélité et obéissance. Non quand Naya était avec lui, l'univers tout entier semblait s'arrêter de tourner. Dés qu'il en avait l'occasion, il rejoignait la jeune femme dans sa cellule. Et au fur et à mesure que s'écoulaient les jours, se séparer d'elle devenait plus difficile.

You're the one I've always thought of.

I don't know how, but I feel sheltered in your love.

You're where I belong

And when you're with me if I close my eyes

There are times I swear I feel like I can fly

For a moment in time

Somewhere between the heavens and earth

I'm frozen in time

Oh when you say those words.

Steve n'oublierait jamais le jour où Naya et lui franchirent définitivement le point de non retour.

Il l'embrassa sur le front comme à chaque fois qu'il s’apprêtait à la quitter. Mais quand il se détourna pour franchir la porte organique qui les séparait du reste du vaisseau, elle se colla contre son dos en murmurant :

• Reste s'il te plaît... reste avec moi !

Il sentit les mains de la jeune femme se glisser sous son manteau de cuir, ses doigts chercher la peau sous le tissu. Le wraith grogna de satisfaction en se tournant pour lui faire face. Bien que le lieu fut peu propice, ils firent l'amour à même le sol brumeux de la ruche. Ils ne prirent conscience de l'inconfort de la situation que lorsqu'ils se séparèrent épuisés et à bout de souffle.

Malgré cela Naya et lui restèrent un long moment enlacés et tandis qu'elle caressait les excroissances de sa colonne vertébrale, il émit un son guttural que l'humaine perçut comme une sorte de ronronnement de plaisir. Quand il s'en rendit compte, il s'arrêta instantanément et afficha sur son visage un air impassible qui fit bien rire la jeune femme. Mal lui en prit car il la fusilla du regard et lui dit d'une voix glaciale :

• Tu es ma compagne désormais ! Néanmoins cela ne te donne pas tous les droits.

Malgré tout Naya continua de sourire au wraith. Elle approcha son visage du sien et murmura :

• Je crois que je t'aime...

When you say you love me

The world goes still, so still inside and

When you say you love me

For a moment, there's no one else alive.

« Je crois que je t'aime » Pff l'amour, encore une invention humaine complètement stupide. Les couples ne se forment que pour assouvir certains besoins ou pour perpétuer l'espèce. Les sentiments n'avaient rien à voir là-dedans ! Du moins c'est ce que Steve se répétait dans l'espoir de faire disparaître le trouble que les paroles de la jeune femme avaient fait naître en lui.

Un éclair couleur acier ainsi qu'une mèche de cheveux qui tombe sur le sol, le sortirent de sa torpeur. Il était tellement préoccupé par les derniers mots de sa compagne qu'il n'avait même pas sentit qu'elle s'éloignait de lui. Naya avait passé son manteau et lui avait coupé quelques cheveux avec le poignard qu'il gardait toujours dans la doublure de celui-ci. Une mèche de sa propre chevelure était posée à ses côtés et elle s'appliquait à tresser deux anneaux où se mêlait en un saisissant contraste, le blanc des cheveux wraiths et le brun des cheveux humains.

• Que fais-tu ? Finit-il par demander tout en se rhabillant.

• Nous appelons ça des Akiels. Répondit Naya en terminant la confection du deuxième anneau. Elle le déposa dans la main de son amant.

• Que veux-tu que j'en fasse ? Lâcha-t-il soudain suspicieux. Steve remarqua alors qu'elle portait le sien autour du cou.

• C'est une tradition... commença-t-elle par répondre avant de s'arrêter net. Heu... c'est... c'est juste ornemental.

A la soudaine hésitation de sa compagne et au rouge qui avait coloré ses joues tout aussi brusquement, Steve comprit qu'elle lui cachait quelque chose. Il s'insinua dans l'esprit de Naya à la recherche de réponses puis sans un mot, il sorti de la cellule et rejoignit son poste. Quand il fut seul, il regarda de plus près l'Akiel qu'il tenait toujours au creux de sa main. Au souvenir des pensées de la jeune femme il sourit, passa le bijou autour de son cou et le glissa sous ses vêtements.

And this journey that we're on.

How far we've come and I celebrate every moment

When you say you love me

That's all you have to say.

I'll always feel this way

Elle ne dit pas un mot se contentant d'effleurer l'anneau tressé posé sur le torse de son compagnon. C'était désormais un petit rituel qu'elle effectuait chaque fois qu'ils avaient fait l'amour. Naya s'appuya sur un coude et plongea son regard dans celui de son amant.

• Je t'en prie n'y va pas ! Le supplia-t-elle.

• Allons ce n'est qu'une mission de reconnaissance. Dit-il en lui caressant la joue. Le temps de voir d'où provient l'émetteur et je serai déjà de retour auprès de toi.

• J'ai un très mauvais pressentiment...

• Ne t'inquiète pas, tout ira bien. Murmura-t-il pour la rassurer.

• Je t'aime ! Dit-elle dans un souffle avant de l'embrasser.

When you say you love me

The world goes still, so still inside and

When you say you love me

For a moment, there's no one else alive

When you say you love me.

Do you know how I love you

Aujourd'hui Steve regrettait de ne pas être resté auprès d'elle. Depuis qu'il avait tenté, sans succès, de se nourrir de la victime que le major Sheppard lui avait accordée, le wraith se sentait mal. Ses maudits humains s'étaient joués de lui et la mort le consumait de l'intérieur. Le regret de ne pas avoir eu le courage de dire à Naya ce qu'il ressentait pour elle, fut la dernière chose à laquelle il pensa avant de rendre son dernier soupir.

Ces mots qu'il n'avait jamais osé lui dire : « Moi aussi je t'aime ! »