L'épreuve du Pardon

Chapitre 1 : L'épreuve du pardon

Chapitre final

1799 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/05/2024 21:03

"Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum Fanfictions .fr : Mamma Mia ! (mai – juin 2024)."


Sur Naboo, dès les premières lueurs de l'aube, Ruwe et Jobal Naberrie se tenaient devant la porte de leur grande demeure, se préparant pour le voyage qui les attendait. Leur maison, jadis un somptueux domaine, avait perdu de sa splendeur au fil des années, chaque pierre, chaque recoin portant le poids du chagrin qui avait assombri leurs vies. Le temps et la douleur avaient terni ses couleurs, effaçant peu à peu la beauté qui avait autrefois illuminé ces murs. Les fleurs qui avaient jadis orné les jardins étaient fanées, et les fenêtres qui avaient autrefois laissé entrer la lumière étaient maintenant noircies par la poussière.

Chaque année, à la même date, les Naberrie s'imposaient un pèlerinage qui leur crevait le cœur. Visiter le tombeau de leur fille, Padmé Amidala, le jour de l'anniversaire de sa mort. Cette année était particulière, il y a un an, les rebelles triomphèrent de l'Empire, mettant fin au règne sanguinaire de Shiv Palpatine.

Jobal ajusta son châle autour de ses épaules frêles, son visage marqué par les années reflétant à la fois la fatigue et la tristesse. Ruwe, à ses côtés, sentait son cœur battre plus fort à mesure que le moment fatidique approchait. Ils quittèrent leur maison silencieuse et se dirigèrent dans leurs speedeurs vers le château, où se trouvait le mausolée des reines de Naboo. Le soleil se levait lentement à l'horizon, teintant le ciel de nuances de rose et d'orange, mais leur esprit était obscurci par le poids de leurs souvenirs.

Alors que Ruwe et Jobal approchaient du château, après avoir garé leurs véhicules, leurs pas résonnant sur les pavés anciens, une silhouette mystérieuse attira leur attention. Une jeune femme, le visage baigné de larmes, se hâtait de quitter les lieux, évitant tout contact avec les autres.

Jobal sentit un serrement au cœur en voyant cette jeune femme. Pendant un bref instant, une lueur d'espoir traversa son esprit. Était-ce possible que ce soit leur fille, Padmé, revenue d'entre les morts ? Mais non, ce n'était qu'un rêve fugace, une illusion créée par le chagrin et le désir désespéré de la revoir.

Ruwe posa une main réconfortante sur l'épaule de son épouse, comprenant le tourment qui la submergeait. Ils échangèrent un regard empli de tristesse et d'acceptation, se rappelant une fois de plus que Padmé était partie, qu'elle ne reviendrait jamais. Ils laissèrent la jeune femme poursuivre son chemin, respectant sa douleur et sa peine. Ils savaient que chacun portait son fardeau de chagrin, que chacun devait trouver son propre chemin pour faire face à la perte.

Sur la tombe de Padmé, entre les pétales de fleurs fraîches déposées avec soin, le couple n'eut pas l'occasion de se recueillir, leurs regards directement dirigés vers une enveloppe pliée avec soin et déposée sur la tombe de leur fille. Le papier légèrement froissé, comme s'il avait été tenu et retourné maintes fois avant d'être déposé là. Avec une curiosité mêlée d'émotion, Jobal saisit l'enveloppe et la retourna lentement. Ses yeux parcoururent les lignes écrites avec une écriture délicate, presque féminine, et ses lèvres remuèrent silencieusement alors qu'elle absorbait le contenu.

"A vous qui trouverez cette lettre sur la tombe de la reine Amidala, veuillez lui la lire, moi je n'ai pas pu, les larmes m'en ont empêché."

Jobal s'exécuta, ouvrant l'enveloppe pour découvrir une lettre. Elle lut à haute voix :


**Chère Maman,**


Je me tiens ici devant ta tombe, dans le silence pesant de ce mausolée triste dédié à ta mémoire. Je t'avoue que l'idée de venir te rendre visite n'était pas la mienne, mais une obligation que Luke m'a imposée comme dernière épreuve avant de terminer mon entraînement à la voie de la Force. Selon lui, pour achever ma formation, je dois faire face à mes propres démons et tenter de comprendre et d'accepter le destin tragique de notre famille.

Quand j'étais enfant, j'ai grandi dans l'ombre de ton héritage sans même te connaître. Breha et Bail Organa, tes amis, m'ont adoptée et élevée avec amour. Malgré leurs affections, j'ai su très jeune que je n'étais pas de leur sang, une intuition en moi me le répétait sans cesse. Devenant chaque jour de plus en plus ton reflet qu'ils ne pouvaient plus éviter, ils n'ont pas eu d'autre choix que de me dire la vérité. En amis fidèles qu'ils étaient, ils se sont plus concentrés sur me faire part de ton passé glorieux, de ta lutte pour la liberté et la justice dans la galaxie, que sur ta mort lamentable. Tes actes de courage ont été célébrés, tes sacrifices honorés, mais pour moi, tu n'étais pas une héroïne, tu étais la mère qui m'a abandonnée. Tous les récits épiques t'entourant, tout le charisme que tu dégageais dans les holocrons de Papa quand tu te tenais fièrement devant le Sénat ne répondait pas à la question qui hantait mon esprit : pourquoi ? Pourquoi as-tu cédé à la mort ? Pourquoi je n'étais pas assez pour que tu t'accroches à la vie ?

Pendant des années, j'ai porté en moi cette incompréhension qui s'est transformée avec le temps en colère sourde envers toi. Je ne comprenais pas comment une femme aussi forte avait laissé le chagrin là consumer. Tu étais une femme d'honneur Maman, une femme de combat. Mourir à cause d'un homme n'était pas digne de toi.

Ma colère a atteint son sommet quand j'ai non seulement appris que j'avais un frère jumeau qui a souffert encore plus que moi, mais pire j'ai découvert l'identité de celui dont tu avais permis de te briser le cœur. Dark Vador, le bras droit de l'Empereur, le symbole même du mal et de la tyrannie. Celui responsable de la destruction de ma planète Alderaan, de la mort de mes parents adoptifs et de millions de personnes à travers la galaxie. Comment pouvais-je accepter le fait qu'une personne aussi sombre, aussi malveillante soit liée à moi ? Comment pouvais-je te pardonner de nous avoir laissé, mon frère et moi, par dévotion pour ce monstre ?

Tout au long du voyage m'amenant ici à toi dans mon vaisseau, je n'ai cessé de remuer ma frustration. Alors que je m'approchais de ta planète, j'ai reçu un appel. C'était Han qui demandait de mes nouvelles. Tu dois sûrement te demander, qui est ce Han ? Han est mon amour, mon mari, l'homme qui m'a offert le plus beau des cadeaux.

Après lui avoir parlé, après m'avoir fait rire comme seul lui sait faire, après m'avoir dit qu'il m'aime, j'ai enfin compris. J'ai compris que j'allais atterrir sur cette planète où j'allais juger une femme pour avoir aimé avec sincérité, que j'allais juger une femme qui a perdu espoir alors que moi-même je l'avais perdu quand l'homme que j'aime m'a été pris. Ah oui, je suis bien ta fille, maman. Je te le confirme, nous ne savons pas aimer avec modération, c'est soit l'indifférence totale soit la passion folle avec nous.

J'ai compris que ce n'était pas seulement de la colère que j'éprouvais en venant te voir, mais aussi de la honte. Pas envers toi mais envers moi. Comme je te l'ai dit, Luke a bien plus souffert que moi, alors que je me pavanais dans les hautes sphères de l'Empire, lui était caché dans le désert aride et sans pitié de Tatooine. Toi et Vador, vous ne l'avez pas épargné et pourtant, il a décidé de vous pardonner, de lâcher prise. Au lieu de vous en vouloir, il célèbre le fait d'avoir une sœur rebelle, un père Jedi et une mère reine. Il n'est pas crédule, il n'excuse pas le passé mais avance pour assurer un meilleur avenir. Et il ne le fait pas pour lui, mais pour mon fils.

Oui, mon fils, maman ! Je t'avais dit que Han m'avait offert le plus beaux des cadeaux. Cet enfant qui est en moi et qui n'étant aujourd'hui que de la taille d'une graine illumine déjà mon être comme un phare dans la tempête. Il ne tient qu'à moi de laisser sa lumière me montrer le chemin.

Alors aujourd'hui, devant toi, je vais la suivre cette lumière. Au nom de cet espoir, au nom de cette vie innocente qui va bientôt débarquer et qui ne doit pas être entachée par ma colère. Au nom d'un passé que nous devons enterrer une fois pour toute et d'un futur que nous devons écrire de nouveau. Je te pardonne, Maman. Je te pardonne pour ton absence, pour tes choix, pour les tourments que tu as endurés. Je te pardonne car je sais maintenant où venir me recueillir quand j'aurais besoin de réconfort dans le souvenir d'une femme comme moi, qui a tout donné pour cette galaxie. Je te pardonne dans l'espoir que si un jour je fauterai envers mon fils, il me pardonnera aussi. Je sais maintenant que jamais je ne trouverai la paix si mon fils portait en lui une goutte de rancœurs envers moi. Je te pardonne donc, Maman, pour être sûr que ton repos soit éternel.

Je te remercie aussi, pour ce que tu m'as légué, cette force et détermination qui continuent de brûler dans mon cœur. Tous ceux qui ont su que j'étais ta fille n'ont jamais raté l'occasion de me faire remarquer que je les tenais de toi. Je te promets de vivre chaque jour en honorant ta mémoire, en poursuivant le combat pour la liberté et la justice que tu as si ardemment défendus.


Ta fille, Leia.


PS: Fichu Luke, il a bien réussi son coup. Sous ses airs de gentil garçon, il est très perspicace. Il va falloir que je lui flanque une raclée durant notre prochain duel au sabre laser, sinon, il va prendre la grosse tête à ne plus pouvoir enfiler le casque de son X-wing. La prochaine fois, je viendrai avec lui et il te racontera comment je l'ai battu. À bientôt, maman. Je t'aime.

Laisser un commentaire ?