Neela

Chapitre 8

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:52

Le ciel était aussi bleu que la veille au dessus de leur tête. Neela sa demanda s'il faisait toujours aussi beau sur Corellia. Ils traversèrent des quartiers tous plus luxueux les uns que les autres avec des jardins aux couleurs éclatantes à chaque coin de rue et des bâtisses aux murs blancs et ronds. Le contraste avec la misère du Secteur Bleu était frappant.


- S'il y a un traître parmi les membres du gouvernement, dit Obi-Wan, ma présence va le paniquer. Sa peur le poussera à commettre une erreur, c'est certain. Il va aussitôt tenter de joindre ses complices.


- Et s'il sait où est la Sénatrice Coriolan, alors nous le saurons aussi! s'exclama Neela avec joie.


Obi-Wan acquiesça puis demanda :


- Je peux compter sur toi?


- Oui Maître!


Neela se rendit compte trop tard de ce qu'elle avait dit. Le Jedi s'arrêta net.


- Je suis désolée, s'excusa-t-elle précipitamment. Je ne voulais pas...


Elle aurait voulu se gifler et disparaître sous terre. Obi-Wan posa sur elle un regard triste, sembla vouloir dire quelque chose, puis se ravisa.


Ils continuèrent leur marche en silence, le coeur serré.


La Corona Hunt était une grande bâtisse d'une dizaine d'étages en forme d'arc de cercle, avec un dôme central qui à lui seul devait faire la taille de plusieurs maisons. Un magnifique jardin s'étendait autour, et les longues feuilles argentées des arbres se penchaient comme des lianes au dessus de l'eau claire des bassins. De minuscules oiseaux pas plus grands qu'une phalange virevoltaient en rasant les parterres de fleurs, formant des essaims bourdonnants et multicolores. Cela ressemblait à un paradis. Pour Neela qui n'avait jamais vu que la grisaille du métal et du verre, les fragrances de l'air étaient un enchantement. Elle ne put s'empêcher de sourire, laissant les rayons de Corell la traverser, porteurs de toute la beauté de ce qui l'entourait. Elle aurait voulu disparaître dans la lumière, dans le vent, faire étinceler l'eau et jouer avec la chevelure des arbres. C'était magnifique.


Ils avançaient sur une allée de sable blanc, aussi pur que de la neige. Leurs pas n'y laissaient aucune empreinte. Devant eux, les marches de pierre étaient gardées par des hommes en uniforme. Neela jeta un dernier coup d'oeil émerveillé à la beauté du jardin puis se concentra sur ce qu'elle devait faire : devenir invisible, pour que personne ne remarque sa présence dans le sillage du Jedi.


Celui-ci se présenta et les gardes le firent entrer dans le hall, en attendant de prévenir le Gouverneur. La magnificence de l'intérieur de la bâtisse ne faisait aucunement honte à l'extérieur. Le sable blanc était présent partout, formant des dessins cristallisés sur le sol et ornant de grandes vasques où se dressaient d'étranges fleurs aux pétales si fines qu'elle en étaient presque transparentes. Curieuse, Neela s'approcha et en frôla une du doigt. Aussitôt celle-ci prit une couleur rouge brique et se fossilisa, devenant dure comme la pierre. Coupable, la jeune fille se plaça devant son méfait et ne bougea plus.


- Le Gouverneur va vous recevoir, veuillez monter je vous prie.


Le messager qui était parti annoncer l'arrivée du Jedi était revenu.


Obi-Wan gravit le large escalier menant à l'étage, qui faisait comme un balcon au dessus du hall. La rampe de l'escalier était en sable cristallisé et Neela la sentit rugueuse sous ses doigts. Elle pressa le pas, car elle s'attardait trop devant les peintures accrochées aux murs, toutes représentant les cinq mondes gravitant autour de Corell et les trois espèces les peuplant : les Humains, les Dralls et les Séloniens.


Le Gouverneur Lame Edena les attendait dans un bureau hexagonal aux meubles parfaitement blancs. La lumière y entrait à flots par de larges fenêtres et la luminosité de la pièce agressait les yeux. Neela dut serrer les paupières : elle était davantage habituée à la pénombre.


- Général Kenobi.


L'homme avait l'air fatigué dans sa lourde tenue d'apparat et s'assit avec un soupir dans son siège. Il fit signe au Jedi de l'imiter.


- Je me demandais quand vous arriveriez, reprit-il. Je me doutais bien que vous ne trouveriez rien sur Coruscant. Tous les problèmes semblent malheureusement provenir d'ici. J'ai écourté mon voyage sur Panescan  pour pouvoir vous aider si vous en aviez besoin.


- Vos suppositions sont fondées, répondit Obi-Wan. En fait, la plupart des pistes mènent à vous.


- Vous m'accusez? se redressa le Gouverneur.


- Non, le calma le Jedi. Mais quelqu'un trouve apparemment votre présence indésirable et fait tout pour que vous quittiez votre poste.  Y a-t-il des personnes en particulier que vous soupçonneriez de souhaiter votre départ?


Lame Edena eut un triste sourire.


- La plupart des gens avec qui je travaille rêveraient d'être à ma place.


- Des personnes capables de passer à l'acte, précisa Obi-Wan.


- Kosuko Vorru, soupira le Gouverneur. C'est l'adjoint du chef de la CorSec. Mais ce poste ne l'intéresse pas. Il a fait savoir depuis quelques temps qu'il présenterait sa candidature si de nouvelles élections avaient lieu. Avec tout ce qui se passe en ce moment, les membres du Conseil ne tarderont pas à demander ma démission. La plupart voteront pour lui. Il achètera les autres, ou les évincera.


- Est-ce le seul que vous soupçonnez?


- Oui.


- Pourrais-je le rencontrer?


- Je peux lui demander de venir, si ça ne vous dérange pas d'attendre ici quelques minutes.


Obi-Wan accepta et le Gouverneur appela un garde pour transmettre le message. Lorsque le garde fut reparti, le Jedi engagea la conversation sur Coriolan.


- Vous connaissez bien la Sénatrice?


Un sourire sincère détendit les traits soucieux du Gouverneur.


- Oui, je pense. Elle est toujours pleine d'énergie, toujours prête à se battre pour une cause, de la plus infime à la plus importante. Sous ses airs de jeune fille fragile réside une volonté de fer. Et un sacré caractère! Elle a apporté de la fraîcheur et de la vitalité à nos vieilles institutions, a remué les membres du Conseil et les a fait sortir de leur torpeur, ce qui n'a pas plu à tout le monde. Mais elle ne s'en souciait pas. Tout ce qui comptait pour elle, c'était sa planète.


Lame Edena soupira.


- Et maintenant, elle est on ne sait où, toute seule, prisonnière. Peut-être même qu'elle est morte.


- Je vais faire tout mon possible pour la retrouver au plus vite, promit Obi-Wan, incapable de trouver des arguments pour le rassurer. Il n'était pas sûr lui-même que ses ravisseurs laissent la vie à la Sénatrice. S'ils avaient réussi à récupérer les informations qu'ils cherchaient, elle ne leur servait plus à rien.


- Quelque chose d'étrange s'est passé la semaine dernière, hésita le Gouverneur. Je ne sais pas si cela a un quelconque rapport avec l'enlèvement...


- Racontez-moi, l'encouragea Obi-Wan.


- Je possède depuis dix ans une panthère des sables nommée Akkala. C'est la seule de son espèce qui ait été domestiquée. Elle m'accompagne partout et est pour moi le meilleur des gardes du corps. Elle m'a plusieurs fois sauvé la vie. Elle a disparu la semaine dernière. Je pense qu'elle a été volée. Mais je ne comprends vraiment pas ce qu'elle représente dans toute cette histoire. Peut-être est-ce une simple coïncidence, mais mon instinct me dit le contraire.


Le Jedi resta silencieux, réfléchissant. Neela se sentit affreusement mal à l'aise. Elle ne pouvait pas garder son secret plus longtemps. Tout semblait être étrangement relié et chaque pièce du puzzle avoir une importance.


- Kosuko Vorru est arrivé Monsieur.


Lame fit un geste du bras pour signifier au messager de laisser entrer son invité. Neela se fit la plus discrète possible. Elle devrait surveiller chacun de ses mouvements et le suivre lorsqu'il sortirait.


Kosuko Vorru était un homme grand et sec, aux traits fins mais irréguliers, la bouche tirée par une expression vaniteuse. Ses vêtements étaient simples et droits. Le peu de cheveux qu'il avait sur le crâne étaient soigneusement coiffés en arrière. Il s'avança en toisant le Jedi avec défi. Il n'avait pas du tout l'air impressionné ou  stressé par sa présence comme celui-ci l'avait prédit. Puis il s'inclina devant Lame Edena.


- Vous m'avez demandé Gouverneur?


- En effet. Le Général Kenobi a quelques questions à vous poser.


- En rapport avec l'enlèvement notre bien-aimée Sénatrice?


- Je m'intéresse à toutes les personnes qui ont pu la connaître, répondit calmement le Jedi face au ton insolent de Kosuko.


- Je n'ai guère passé de temps avec elle. Mon Gouverneur la connaît bien mieux que moi.


Obi-Wan changea brutalement de sujet.


- Avez-vous une propriété sur Corellia ou sur un des quatre frères?


- J'ai une villa près de Tyrena. En quoi cela vous regarde-t-il?


- En rien, vous avez raison, sourit le Jedi. Je me demandais seulement si vous aviez assez d'espace pour accueillir un grand animal, une panthère des sables par exemple.


Déstabilisé, Kosuko perdit une seconde son expression arrogante.


- Je ne suis pour rien dans ce vol, se défendit-il. Et je ne vois d'ailleurs pas l'intérêt que j'aurais pu trouver dans une telle affaire.


- Vous avez raison, acquiesça Obi-Wan. Et je suppose que vous n'aviez aucune idée des raisons qui ont poussé la Sénatrice Coriolan à partir si vite pour Coruscant.


- Aucune.


- Alors je n'ai plus de questions, termina le Jedi.


Kosuko parut furieux qu'on l'eut convoqué pour si peu. Il voulut répliquer mais se retint, s'inclina et sortit d'un pas hautain. Neela jeta un coup d'oeil vers Obi-Wan et celui-ci lui fit un discret signe de tête. Alors elle respira profondément et suivit l'homme qui passait la porte.


Il descendit les escaliers, sortit du bâtiment et elle eut peur qu'il n'emprunte un véhicule et qu'il ne la sème. Mais il partit à pieds et elle le suivit sans encombre. Il l'emmena dans la partie moderne de Coronet, où les immeubles de métal s'élevaient vers le ciel. Les arbres et les jardins se firent rares, bien que des parcs étalent parfois une tache de verdure au milieu du bitume. Il pénétra dans un immeuble et elle fit de même, le talonnant sans qu'il s'en rende compte. Elle monta dans le même ascenseur que lui mais il ne lui prêtait toujours aucune attention. Ils débouchèrent dans un hall d'accueil où un droïde secrétaire s'affairait devant un écran d'ordinateur.


- J'ai une importante communication à passer, que personne ne me dérange, lui ordonna Kosuko sans même le regarder.


Il entra rapidement dans un bureau et claqua la porte au nez de Neela. Celle-ci regarda avec frayeur le droïde secrétaire, sachant que s'il la repérait, tout était fichu. Elle devait entrer tout de suite. De la même façon que dans la salle du Majestic, elle plongea son esprit dans les volutes bleus et abstraits du souvenir du tableau Jedi. Mais cette fois-ci elle garda le contrôle d'elle-même. Elle poussa la porte le plus silencieusement possible et entra.


Par chance, Kosuko était totalement concentré sur la silhouette crépitante projetée par son holocom. Celle-ci portait une bure qui ressemblait étrangement à celle d'un Jedi et la capuche était rabattue sur son visage.


- Si Kenobi est venu jusqu'au Gouverneur c'est qu'il n'a aucune piste, disait la voix sifflante et froide de l'apparition holographique.


- Mais il savait pour la panthère, objecta Kosuko.


La voix prit un accent menaçant et la terreur se lut sur le visage du chef adjoint de la CorSec.


- Celle que vous avez perdue? Retrouvez là et achevez le plan, sinon j'enverrai quelqu'un le faire à votre place et je lui laisserai tout le loisir de s'occuper de vous.


Kosuko s'inclina en tremblant.


- Je la retrouverai.


- Bien.


 La silhouette sombre disparut et l'homme déglutit. Il composa un nouveau numéro sur l'holocom et une autre forme bleue apparut, une forme familière à Neela.


- J'ai un travail pour vous.


- Quel travail? crissa Garshyk Nellso.


- Trouvez Trandil Sal, le contrebandier. Il a quelque chose qui m'appartient. Récupérez la marchandise et tuez le.


- Facile : il est dans son vaisseau.  Tout sera fini dans moins d'une heure.


Neela sentit son souffle s'accélérer. Elle se concentra et tenta d'apaiser sa respiration.


La communication s'interrompit et la jeune fille ne perdit pas un instant. Elle se précipita hors de la pièce, passa en trombe devant le droïde secrétaire qui fut incapable de comprendre ce qui se passait et s'engouffra dans la cage d'escalier. Elle descendit vingt étages en courant, manquant plusieurs fois de tomber la tête la première. Lorsqu'elle fut dehors, elle fonça vers la Corona Hunt en priant pour qu'Obi-Wan y soit encore.


Son voeu fut exaucé : le Jedi était dans les jardins, se promenant dans les allées de sable blanc. Elle reprit son souffle pendant quelques secondes puis se précipita vers lui. Elle lui relata ce qu'elle avait vu, lui mentionna la présence de la panthère dans les soutes de l'Aile Cinglante et lui expliqua le danger que courait Sal. Obi-Wan réagit sans perdre de temps. Il y avait un garage dans les jardins où étaient rangés les landspeeder de la Corona Hunt. Il convainquit rapidement le gardien de les laisser partir grâce à un léger mouvement de main et ils embarquèrent dans un appareil. Il s'engagea à pleine vitesse dans les rues, effrayant les passants et fonça vers l'astroport.  


Le voyage dura une dizaine de minutes, mais Neela songea que c'étaient les dix minutes les plus angoissantes de sa vie. Le Jedi conduisait avec habileté mais elle serrait souvent les paupières avec frayeur, persuadée qu'ils allaient percuter quelqu'un. Puis la silhouette de l'astroport se profila devant eux, cependant le landspeeder ne ralentit pas. Il pénétra dans le bâtiment, slalomant entre les chariots transportant le fret, et faisant fuir les gens sur son passage. Enfin, ils arrivèrent à l'Aile Cinglante.


- Trandil! appela Obi-Wan en descendant du landspeeder, sentant que son ami était tout proche.


Seul un réflexe fulgurant lui permit d'éviter le tir de blaster qui lui répondit. Il activa son sabre laser.


- Sors de là et cache toi quelque part, ordonna-t-il à Neela qui était toujours dans le landspeeder.


Mais elle n'eut pas le temps de s'exécuter : les réacteurs de l'Aile Cinglante s'allumèrent en grondant et une chaleur bleue emplit le hangar. Obi-Wan la prit par le poignet et la tira hors de l'appareil.


Ils sortirent du hangar, poussés par le souffle brûlant. Neela regarda avec stupeur l'Aile Cinglante s'élancer vers le toit fermé et le pulvériser dans un affreux bruit de tôle déchirée.


- Il nous faut un vaisseau! dit le Jedi en regardant autour de lui.


Neela sut immédiatement ce qu'elle devait faire. Elle courut vers l'endroit où elle avait laissé le chasseur de la CorSec la veille, et songea que la journée qui venait de s'écouler avait semblé durer toute une année. Elle fouilla dans sa poche et en sortit la petite carte électronique qui déverrouilla l'appareil. Personne n' y avait touché : même les plus dangereux voleurs du Secteur Bleu avaient trop peur de s'immiscer dans les affaires la CorSec.


Obi-Wan la regarda faire avec incrédulité.


- Les questions seront pour plus tard, décréta-t-il en grimpant à bord.


Il décolla et suivit l'Aile Cinglante à travers le trou que le vaisseau avait laissé dans le plafond de son hangar.


- La CorSec équipe ses engins de tous les gadgets dernier cri pour suivre la trace énergétique de la plus petite des capsules de survie, marmonna le Jedi tandis qu'ils fendaient l'atmosphère.


Il observa le tableau de bord et sourit :


- Sal avait raison. Si on lui laisse croire qu'il nous a semé, on devrait pouvoir le suivre à la trace.


Il ralentit alors qu'ils sortaient de l'attraction de Corellia et alluma un écran. La trace de l'Aile Cinglante y était parfaitement visible, même si elle diminuait avec le temps. Le vaisseau se dirigeait vers Tralus.


- Je suis désolée, dit doucement Neela.


- Pourquoi?


- Si je vous avais dit que Sal cachait cette panthère, il n'aurait pas été mis en danger ainsi.


- Il s'est mis dans le pétrin tout seul, rétorqua Obi-Wan. Il est le seul à blâmer, ne pas m'en parler était son choix.


- Vous ne m'en voulez pas? s'étonna la jeune fille.


- Non. Mais si tu as quelque chose d'autre à me dire, c'est le moment!


Ils se dirigeaient lentement vers Tralus, la signature énergétique de l'Aile Cinglante se déplaçant sur l'écran radar.


- Les pièces se mettent en place, réfléchit le Jedi tout haut. J'ai seulement du mal à saisir pourquoi Kosuko Vorru tient tant à cette panthère.


- Elle appartient au Gouverneur, répondit Neela. Il veut sûrement l'utiliser contre lui.


Obi-Wan resta perplexe. Puis il murmura avec tension :


- Cet animal est mortel. S'il s'en sert pour tuer quelqu'un, alors le Gouverneur sera accusé. Une suspicion de meurtre est suffisante pour l'éloigner du pouvoir jusqu'à la fin de sa vie.


S'en servirait-il pour tuer Trandil Sal? Non, la vie d'un contrebandier n'avait pas beaucoup de valeur. Seul le meurtre d'une personne importante serait efficace. Une personne comme la Sénatrice Coriolan par exemple.


- Dis m'en plus sur celui que Vorru a appelé en premier, reprit-il.


- On aurait dit un Jedi, répondit Neela. Son visage était caché par une capuche comme la vôtre. Je ne peux rien dire de plus.


Devant elle, le dos d'Obi-Wan se raidit.


- Un Jedi, murmura-t-il. Même en hologramme sa présence inspire la terreur n'est-ce pas?


- Oui.


- Alors c'est ce que je craignais. Ce n'est pas une simple affaire de politiciens corrompus.


Neela n'osa pas demander de plus amples explications car ils approchaient de Tralus. Le monde frère de Corellia était beaucoup plus vert et beaucoup plus nuageux. Son jumeau Talus situé sur la même orbite, le suivait de près. Le chasseur entra dans l'atmosphère et Neela se sentit aussi mal que lors de sa première descente. Elle n'aurait jamais pensé revivre ça une seconde fois dans le même appareil. Puis le chasseur se posa en douceur dans une immense prairie, loin de toute civilisation. L'air était humide et l'herbe très verte.


- Où sommes-nous? demanda Neela, posant son pied sur la terre molle.


- A bonne distance de l'endroit où l'Aile Cinglante a atterri, répondit Obi-Wan en la rejoignant. Je veux bénéficier de l'effet de surprise.


- Et par où doit-on aller? interrogea la jeune fille, regardant avec désespoir de tous les côtés, l'horizon n'étant partout qu'une ligne verte et floue.


- Par là, indiqua le Jedi sans hésiter.


Il se mit à courir et elle le suivit, ses pieds collant à la terre humide. Ils arrivèrent bientôt au sommet d'une des collines vert tendre et découvrirent en dessous d'eux un creux de terrain qui abritait trois bâtiments agricoles disposés en arc de cercle. Au centre était posée la carcasse brillante de l'Aile Cinglante.


Ils dévalèrent la pente.


Le vaisseau de Trandil Sal était vide, et la caisse dans la soute avait disparu.


- Ces bâtiments sont trop grands, il va falloir se séparer, grogna Obi-Wan.


Il regarda pensivement Neela puis lui sourit.


- Des fois je me demande ce que je ferais sans toi, dit-il.


La jeune fille sentit une onde de joie la parcourir des pieds à la tête. Elle s'élança vers une des portes avec l'impression d'avoir des ailes dans le dos.


Mais son enthousiasme retomba lentement lorsqu'elle se retrouva seule dans les couloirs sombres, et il laissa la place à une peur insidieuse. Les murs étaient humides et l'air frais. La bâtisse semblait abandonnée depuis plusieurs années. Neela laissa glisser ses doigts sur les pierres froides, avançant silencieusement. Elle traversa de grandes salles totalement vides, où même les lampes avaient été enlevées. L'endroit était si inaccueillant qu'elle pouvait sentir les poils de ses bras se hérisser. Soudain, un feulement rageur déchira l'air et elle sursauta, manquant de crier de frayeur. Elle se retint juste à temps, son coeur faisant un bond dans sa poitrine et accéléra en direction du bruit. Elle ne tarda pas à trouver la pièce où la panthère des sables était enfermée. Et l'animal n'était pas seul.


- Tais-toi! ordonna une voix que Neela avait déjà entendue quelque part.


Un grésillement retentit puis la plainte de l'animal s'éleva, en même temps qu'une odeur de chair brûlée se répandait. Neela s'avança discrètement pour regarder dans la salle. Elle ne reconnut pas le visage de l'homme qui torturait la panthère mais se souvint où elle avait entendu sa voix. C'était le complice de Legan Nbo à la Résidence, celui qu'elle avait blessé d'un tir de blaster. Il avait emmené la Sénatrice Coriolan jusqu'ici. D'ailleurs la jeune femme était présente, accroupie au milieu de la pièce, toujours vêtue de sa chemise de nuit blanche, une couverture sur ses épaules. Elle se tenait près de Trandil Sal, allongé au sol, inconscient.


Neela espéra qu'Obi-Wan avait entendu le cri de la panthère des sables et allait rapidement la rejoindre, car elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire.


- Il est temps de libérer notre invitée, reprit le ravisseur doucereusement. Elle doit être suffisamment énervée maintenant. Un bon coup de griffe et tout est fini!


- Akkala ne me fera jamais de mal, cracha Coriolan avec mépris. Ayez plutôt le courage de me tuer vous-même!


L'homme se rapprocha dangereusement d'elle avec un rictus mais elle ne recula pas.


- C'aurait été un vrai plaisir de te fermer le clapet. Mais le plan est le plan, n'est-ce pas?


Il se détourna.


- Allons-y.


Neela était terrifiée. L'odeur de brûlé était toujours dans ses narines et ses mains tremblaient. Toutes les émotions se mélangeaient en elle, la terreur, le dégoût, la colère, bouillonnaient à l'intérieur de sa poitrine et l'empêchaient de réfléchir.


Puis le canon froid d'un blaster se posa sur sa nuque.


- Attends, crissa Garshyk dans son dos. Nous avons une invitée surprise.


Neela retourna brutalement sa colère contre elle-même. Elle s'était laissée dominer par ses émotions et était redevenue parfaitement perceptible.  


- Neela?


Coriolan était totalement déconcertée. La jeune fille avança vers elle, poussée par la pression du pistolet.


- Qui est-ce? demanda le complice de Legan Nbo avec suspicion.


- Une espionne, répondit le Géonosien. Elle m'a suivi sur les chantiers navals.


- Pour qui travailles-tu?


L'homme s'avança vers elle, menaçant, faisant grésiller son long bâton électrique. La panthère des sables grogna à travers les barreaux de sa cage.


- Pour lui, mentit la jeune fille en désignant Sal du pied.


Son agresseur parut la croire.


- Elle ment, intervint Garshyk. Elle a posé son vaisseau de l'autre côté de la colline. C'est un chasseur de la CorSec.


La bâton crépitant se plaça à quelques millimètres de la gorge de la jeune fille, dont le souffle se fit court. Elle pouvait presque sentir la douleur qui allait lui être infligée.


- Je l'ai volé! supplia-t-elle.


Le bâton resta suspendu au même endroit durant un instant qui sembla être une éternité. Puis il recula. L'homme haussa les épaules.


- Aucune importance, dit-il. On finit le travail et on s'en va.


- Personne ne va nulle part, s'interposa un nouvel arrivant.


Un Nikto à la peau blême se tenait dans l'encadrement de la porte. Il tenait deux gros pistolets laser dans chacune de ses mains et semblait déterminé à les utiliser au moindre mouvement suspect.


- Déposez vos armes, ordonna-t-il. Je veux juste la panthère. Après je vous laisse régler vos affaires tranquillement.


Neela ne comprenait rien. Qui était ce type? Comment avait-il su qu'ils étaient ici? Et allait-il vraiment les abandonner à leur sort?


Le Géonosien obtempéra et déposa doucement son blaster au sol. L'homme fit de même avec son bâton électrique, puis le poussa vers le Nikto d'un geste du pied. Akkala gronda furieusement.


- Je vous offre votre panthère, sourit-il en appuyant sur le bouton d'un boîtier accroché à sa ceinture.


La cage s'ouvrit et le félin bondit. Le Nikto tituba sous la charge, incapable d'utiliser ses lourds pistolets et libéra l'embrasure de la porte. Le Géonosien et son acolyte se précipitèrent pour s'enfuir. Neela et Coriolan échangèrent un regard puis prirent chacune un bras de Trandil Sal et le tirèrent tant bien que mal, tandis que le Nikto et la panthère des sables se débattaient toujours dans un féroce corps à corps.


- On n'arrivera jamais à sortir assez rapidement, souffla Coriolan.


Neela ne répondit pas, serra les dents et avança plus vite.


Tandis qu'elles s’acheminaient péniblement le long d'un couloir, portant et tirant le corps lourd et inanimé du contrebandier, Neela et Coriolan furent soudain surprises par le silence. Le bruit de lutte qu'elles entendaient jusque là loin derrière elles, venait de se taire. Les deux jeunes femmes s'arrêtèrent, échangèrent un regard anxieux, se doutant de ce qu'il s'était passé et se retournèrent.


Akkala se tenait derrière elles, les muscles tendus à l'extrême, prête à bondir sur elles avec toute sa puissance.


- Akkala non! supplia Coriolan. C'est moi!


Mais l'animal était aveuglé par la rage, par la douleur causée par le bâton électrique et par le goût du sang coulant de ses crocs. Elle ne distinguait plus aucune odeur hormis celle de la peur, entêtante et musquée et qui masquait toutes celles qui auraient pu lui être familières. Elle bondit et Neela cria en voyant s'envoler le félin avec une grâce meurtrière, ses longues griffes empoisonnées fendant l'air.


Au milieu de sa course, la panthère fut projetée avec violence contre le mur et retomba sonnée sur le sol, étourdie par le choc.


- Courez! cria Obi-Wan, sa main encore tendue en avant. Je m'occupe de Sal!


Neela hésita, regardant tour à tour Coriolan, Sal et le Jedi. Celui-ci lui lança un regard sans appel : elle devait partir tout de suite. Alors elle s'élança et rejoignit Coriolan qui courait déjà. La sortie apparaissait sous la forme d'une raie de lumière qui se faisait de plus en plus grande au fur et à mesure qu'elles avançaient puis enfin elles virent la lumière du jour à travers l'encadrement d'une porte et sortirent à l'air libre.


Coriolan s'avança sous les faibles rayons de Corell filtrant à travers la couche de nuage, étonnée de sentir le souffle du vent sur son visage.  Avec horreur, Neela vit son ravisseur debout à une dizaine de mètres, un blaster braqué sur elle.


- Je vais finir le travail, dit-il avec un rictus.


Neela se précipita et heurta la Sénatrice de toutes ses forces. L'homme appuya sur la détente.

Laisser un commentaire ?