Faire semblant jusqu'à y arriver

Chapitre 1 : Partie 1

15945 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/02/2017 22:06

Si Jim devait choisir son plus grand atout, ce serait ses grands yeux bleus qui, sous la bonne luminosité, brillaient comme les étoiles qu’il aimait tant. Ce n’était pas seulement parce qu’il pouvait charmer n’importe qui avec eux – vraiment n’importe qui : femmes, hommes, extra-terrestres, et quiconque vivait et respirait – Jim était très fier de son habilité à observer son entourage et à lire en eux. Ce n’était pas seulement de la fierté. Pour Jim, être capable de voir était une question de vie ou de mort. Il n’aurait jamais pu survivre à son enfance s’il n’avait pas su voir où les bouteilles de bière allaient atterrir; il n’aurait jamais pu faire face à la première vague d’exécution sur Tarsus IV s’il ne l’avait pas vue venir. Plus important, Jim n’aurait jamais été capable de venir à bord de l’Enterprise, et encore moins devenir son Capitaine, si ses yeux ne n’avaient pas vu pas les étoiles qui l’ont menés là où il se tenait aujourd’hui.

 

Comme n’importe quel être humain normal, Jim s’appuyait énormément sur sa vue. Et s’il la perdait un jour ? Ce serait dévastateur.

 

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« Je ne comprend pas pourquoi je dois te suivre ici, » grogna Bones alors qu’il marchait péniblement à travers une jungle dense d’immenses plantes exotiques.

 

Jim leva les yeux au ciel tout en créant prudemment un chemin plus praticable pour ses meilleurs amis. Bones n’était pas fait pour les régions humides et tropicales où la moitié de la végétation avait des épines le long de ses feuilles ou crachait d’étranges substances. Cinq minutes après l’atterrissage il s’était déjà éraflé la main sur une plante après avoir trébuché.

 

« C’est toi qui a décidé de venir, Bones, » lui rappela Jim en soupirant. Il maintenu une large feuille au dessus de son ami afin que celui-ci puisse passer sans se cogner sa tête.

 

« Comme si j’allais te laisser aller seul sur une planète étrangère pour faire des recherches scientifiques sur ces fichues plantes.»

 

« Je ne suis pas tout seul. Spock, Sulu, et toute l’équipe scientifique se sont téléportés avec moi. »

 

« Et si tu touches une plante et te mets à gonfler comme un ballon ? Tu penses qu’ils sont équipés pour empêcher ta gorge de se fermer ? »

 

« Je suis sûr qu’ils en sont capables. La plupart d’entre eux ont un certificat de secouriste. » Jim fronça les sourcils. « J’ai l’impression que la majorité du vaisseau est certifié maintenant. Même Scotty. Alors qu’il ne quitte presque pas l’Ingénierie. »

 

Maintenant c’était le tour de Bones de lever les yeux au ciel. « Et pourquoi penses-tu que c’est ainsi, Jim ?»

 

Jim haussa les épaules. « J’ai un équipage ambitieux qui veux tout comme moi t’éviter toi et la menace que représente l’Infirmerie ? »

 

« C’est parce qu’ils ont un stupide Capitaine qui a l’instinct de préservation d’un moustique. » 

 

« Hey ! Quand ai-je été rétrogradé de mouche à moustique ? »

 

« Après que tu ais chargé dans un entrepôt remplis de dangereux criminels en portant seulement un maillot de bain, idiot. »

 

Jim fit la moue, passant au travers d’un autre groupe de feuilles. « Je pense que je vaut une mouche au moins, Bones »

 

Il regarda au loin, gardant un œil sur Spock, Sulu, et les trois autres scientifiques qui se rassemblaient autour d’un arbre particulier, l’air concentré et fasciné. Jim faillit éclater de rire. Des passionnés, pour la plupart, et pour une fois il n’en faisait pas partie, secret ou pas. Il ne s’était téléporté que pour explorer, se dégourdir les jambes et satisfaire son besoin d’aventure.

 

La jungle était remplie d’éclatantes et vives couleurs. Contrairement à la terre, la plupart des plantes étaient rouges magenta, maculées de pois verts foncés, mais les couleurs étaient nuancées entre chaque espèce. Certaines étaient longues et hautes, comme des épis de maïs, et avaient des rayures orangées. D’autres étaient arrondies, avec des rayures bleues et jaunes citron. La multitude de couleurs était à la fois désorientante et à couper le souffle.

 

En outre, chaque plante avait évolué pour développer une sorte de mécanisme offensif afin de se défendre. D’après ce que Jim avait appris en regardant l’équipe de Science étudier chaque nouvelle plante, certaines sécrétaient des poisons – Jim avait rapidement compris lesquelles éviter et se maintenait, avec Bones, le plus loin possible de celles-ci – alors que d’autres sécrétaient du venin attrape-mouche, bougeaient et se nourrissaient de tout ce qui s’approchait. Une plante cracha même une sorte de liquide muqueux sur Sulu. Heureusement, Spock avait mis le pilote en sécurité, car il s’avéra que c’était un acide dangereux qui creusait à travers les sous-bois et le sol pour former des trous.

 

« Je te rétablirais au rang de mouche si tu parviens à revenir des deux prochaines missions sans une égratignure, » répliqua Bones.

 

Jim se retourna, les yeux sur la coupure de Bones qui n’avait toujours pas été traitée. « Tu réalises l’ironie de ta déclaration, n’est-ce pas, Bones ? »

 

« Ce n’est rien, Jim. Relax. Ça n’a pas besoin d’être soigné maintenant. »

 

Jim sourit, trouvant la chose amusante. « Dans ce cas, peut-on parier de l’argent là-dessus ? »

 

Bones leva les yeux au ciel. « Tu as un problème, tu sais ? »

 

« Je ne t’ai jamais vu refuser un pari. Qu’est-ce que cela dit sur toi ? »

 

« Que je suis ami avec toi depuis bien trop longtemps. » Bones leva une main que Jim serra volontiers. « 100 crédits.»

 

« Très bien. » Jim tapota le dos de Bones et commença à reprendre sa marche. « Ne le dit pas a Spock ou il me réprimandera à nouveau. »

 

« Tu as peur du diablotin ? »

 

« Ses sermons et ses critiques sont pires que les tiennes, Bones. »

 

« Vraiment ? »

 

« Tu n’utilises que des métaphores et tournes en rond. La plupart du temps je peux juste t’ignorer jusqu’à ce que tu arrives au but, mais Spock ? Il me force à la soumission avec sa logique. »

 

« D’abord, toi soumis ? Ensuite, la « logique » ? Quel âge as-tu, 4 ans ? »

 

« Je suis surpris que tu ais totalement ignoré la partie où j’ai dis que je t’ignorais la moitié du temps, » Jim pouffa, se baissant vivement pour éviter une longue feuille sur son chemin.

 

Bones qui n’était pas aussi rapide rentra en plein dedans, jurant au moment où elle le gifla. Les yeux bleus de Kirk brillèrent d’amusement. Cela jusqu’à ce que Bones ne pointe quelque chose derrière lui, l’air confus et alarmé.

 

Jim se retourna rapidement, alerte, mais il n’était pas assez rapide. Tout ce qu’il vit fut une plante de deux mètres s’abattre sur lui et Bones et leur cracher un liquide épais et transparent.

 

Instinctivement, Jim se tourna afin que la majorité de son corps protège Bones, alors que celui-ci tentait de l’éloigner. Jim senti à peine la main de Bones sur son épaule droite avant d’être consumé par une intense sensation de brulure.

 

Il se pencha, soufflant tout en frottant ses yeux afin d’enlever le liquide qui y avait pénétré.

 

Près de lui, il entendit Bones jurer, « Putain, cette merde brule ! » et instantanément il réalisa que, peu importe la nature du liquide, c’était rentré dans la coupure de Bones. Et, basé sur les plantes de cette planète, il y avait une très grande chance que ce soit du poison qui coulait maintenant dans les veines de Bones.

 

Jim devait agir. Même s’il ne pouvait pas voir Bones pour le moment, il pouvait se représenter la lacération de quelques centimètres sur la main du docteur – celle qui avait attrapé Jim. Clignant des yeux pour dissiper le brouillard de sa vision sans grand effet, Jim arracha un bout de son tee-shirt et attrapa McCoy, le tirant vers de lui. Sans hésitation, il attacha le morceau de vêtement autours de son avant-bras comme un garrot et leva le bras du docteur.

 

« Capitaine, Docteur ! » cria Spock. L’équipe avait dû entendre l’agitation et revenait en courant.

 

Jim sentit des mains sur lui et les repoussa, gardant toujours le bras de son ami levé. « Soignez Bones. C’est allé dans son système sanguin ! »

 

Spock et le reste des scientifiques se penchèrent sur McCoy tel un essaim, tandis que Sulu écartait Jim.

 

« Tu vas bien, Kirk ? » demanda Sulu, regardant attentivement le visage de Jim. Ses yeux étaient injectés de sang. Alarmé, Sulu se rapprocha et commença à examiner les yeux de Kirk, soulevant doucement ses paupières. « C’est rentré dans tes yeux ? »

 

« Comment va Bones ? » demanda Jim en retour, grimaçant lorsque les doigts de Sulu touchèrent sa peau sensible.

 

« Je ne sais pas.» Sulu se retourna pour jeter un coup d’œil à McCoy qui se disputait avec Spock, lui disant qu’il devait s’occuper de Jim alors même que sa main était furieusement rouge.

 

Les deux se ressemblaient sur ce point, mais le danger était encore présent. Toutes les plantes ici avaient différents mécanismes défensifs et offensifs – ils ne pouvaient traiter ni Jim, ni McCoy avant de savoir ce qui les avait affecté.

 

Retournant son attention sur Jim, Sulu parla rapidement. « Kirk, c’est important. Est-ce que tu sais quelle plante a craché ce truc sur vous ? »

 

« Je suis peut-être un génie, mais même moi je n’est pas mémorisé toutes les plantes sur cette foutue planète ! » lança-t-il.

 

« Décris-la alors ! Tu as une mémoire quasi eidétique ! »

 

Jim ferma ses yeux, cherchant dans ses souvenirs les plus récents jusqu’à ce qu’il trouve une image du feuillage. « C’était grand, à peu-près deux mètres. Clair, vert olive avec des taches oranges fluo. Ça ressemblait à une Dionée attrape-mouche avec un bulbe géant sur la tête. »

Sulu se détendit enfin. Lorsque Jim le sentit à travers les mains de l’officier sur ses bras, sa propre inquiétude diminua.

 

« Ce n’est pas du poison, n’est-ce pas ? » demanda-t-il quand même, juste pour confirmer.

 

« C’est paralysant. Ennuyant mais pas mortel. »

 

Jim laissa sortir un soupir de soulagement, ignorant fermement les élancements de douleur qui commençaient à apparaître à l’intérieur de lui. « Eh bien, tu devrais te dépêcher d’aller le dire à Spock et Bones avant que l’un d’entre eux ne frappe l’autre. »

 

Sulu pu finalement intervenir dans la discussion animée de McCoy et Spock (Jim avait tout suivi depuis le début – comment était-il capable de faire tant de choses en même temps, Sulu n’en avait aucune idée, mais hey, ce n’était pas exactement un génie comme Kirk). Spock insistait pour examiner McCoy alors que celui-ci lui répliquait que tout allait bien. Les deux étaient clairement exaspérés l’un par l’autre, ce qui était impressionnant vu l’origine vulcaine de Spock.

 

« Hey ! Pas besoin de vous égorger ! » cria Sulu, se dirigeant immédiatement vers eux. « Kirk vient juste de me dire quelle était la plante. C’est une Dionaea chikorita. C’est juste paralysant. On va cependant probablement devoir retourner à bord pour contrer ses effets. »

 

« Tu vois ! Je t’avais dis que j’allais bien ! » grogna McCoy. « Où es Jim ? Est-ce qu’il va bien ? »

 

« Oui, il est Ok, » répondit Sulu, se retournant pour monter Jim.

 

Seulement, il ne se tenait pas là où il était supposé être.

 

Jim était tombé, étendu sur le sol parmi la terre et les feuilles, convulsant et tressautant avec de petits grognements.

 

« Jim ! » appela McCoy, se précipitant et atterrissant lourdement sur ses genoux devant son ami. Il tourna rapidement et prudemment Jim sur le côté afin qu’il ne s’étouffe pas dans son propre vomi.

 

« Monsieur Sulu, vous nous aviez dit que cette plante n’était pas empoisonnée ! » cria Spock, déjà en train de sortir son communicateur pour une téléportation.

 

« Elle ne l’est pas ! » protesta Sulu. « J’en suis sûr ! »

 

« Ce pauvre idiot est allergique ! » cria McCoy. « Ramène-nous sur l’Enterprise. »

 

Jim se calma soudainement, son corps complètement lâche. Le manque soudain de bruit était effrayant.

 

« MAINTENANT ! » hurla McCoy.

 

Les lumières tournoyèrent autours d’eux, ne laissant rien derrière elles.

 

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Ce furent les incessants et irritants bips des moniteurs qui réveillèrent Jim. Il était entouré par l’obscurité mais supposa que le bandage autour de sa tête, couvrant ses yeux, en était la cause.

 

Il s’assit, grognant et tenant sa tête lorsque le monde entier se mit à tourner de façon écœurante. Tout son corps était douloureux, comme s’il avait dû courir trois marathons consécutifs. Et tous ses muscles semblaient tendus et cassés à la fois.

 

Immédiatement, Jim comprit ce qui s’était passé.

 

« Ah mince. Putain d’attaque… je les déteste, » gémit-t-il dans le vide. Mais, même s’il ne pouvait ni voir, ni sentir la présence de qui que ce soit, il savait que Bones était assis juste à côté de lui. « Est-ce que j’ai encore eu une réaction allergique ? »

 

« Oui, idiot. » sortit la voix de Bones. Comme Jim s’y attendait, il se tenait près de lui. « Un peu du crachat de la plante est rentré dans tes yeux et tu as eu une réaction. Ce fichu truc était paralysant. Je ne peux toujours pas sentir ma main droite. M’Benga a dû faire la majorité de ton traitement. »

 

« Attends, tu ne peux pas sentir ta main ? » demanda Jim inquiet.

 

« Ça aurait pu être pire. Si tu n’avais pas fait de garrot, ça aurait été mon bras entier. Donc merci pour ça. Mais relax, Jim. C’est seulement temporaire. Spock travaille sur un antidote. »

 

« Si c’est temporaire, pourquoi Spock travaille-t-il sur un antidote ? »

 

« Tu as déjà perdu toute sensation dans ta main dominante ? »

 

Jim ouvra la bouche pour répondre mais fut interrompu.

 

« Ne réponds pas, » dit rapidement McCoy. « Je n’ai pas envie d’écouter une autre de tes histoires de fou. Ça va juste me donner un ulcère. Le point est que, si le diablotin peut me rendre ma main plus tôt, je suis partant. »

 

Jim ne pouvais pas s’en empêcher et leva un sourcil, le remuant de façon suggestive « J’ai besoin de te présenter à une fille la prochaine fois qu’on va à un bar ? »

 

« Arrête de penser à ce genre de chose, Jim. » répondit McCoy sèchement. Il y avait un problème et cela attisa la curiosité de Jim. Il n’arrivait pas à comprendre quel était le souci et attendis donc patiemment que Bones se manifeste. Comme il ne le fit pas, Jim pris les devants.

 

« Bones ? » demanda-t-il à voix basse.

 

« Je suis docteur, Jim. Chirurgien de métier, tu te rappelles ? » dit Bones doucement.

 

Jim compris immédiatement. Bones avait les mains les plus précises – elles étaient les seules auxquelles il faisait pleinement confiance. Les mains de Bones étaient ce qui le définissait, comme les yeux bleus de Jim. En tant que docteur – en tant que chirurgien, perdre toute sensation dans sa main dominante était l’une des plus noires et profondes peur du Docteur. Et voilà qu’il était là, en train de le vivre.

 

Alors Jim fit la seule chose qu’il pouvait faire et retomba dans ses coussins, soupirant avec incrédulité. « Allez, tu es juste fâché parce que maintenant tu devras faire du travail supplémentaire pour compenser. C’est juste temporaire, non ? C’est pas très grave. En plus tu es ambidextre, n’est-ce pas ? »

 

Lui rappeler que les choses n’étaient que temporaires était juste ce dont Bones avait besoin. Et le fait que Jim ne semblait pas prendre la situation au sérieux rendait tout… Eh bien, moins dramatique.

 

Bones soupira. « Tout le monde n’est pas comme toi, Jim. »

 

« Mais toi oui. Ne mens pas. Tu es comme moi : tu aimes laisser les gens deviner. »

 

« Comment sais-tu que je le suis ? Tu ne m’as jamais vu écrire ou faire quoi que ce soit avec ma main gauche avant. »

 

« Tu as des callosités sur ta main gauche ; ta poigne est aussi fort que celle de droite. Et comme tu l’as dit, tu es chirurgien. Tu es entrainé pour utiliser tes deux mains. Je continue ? »

 

Il y eu une pause. « Tu es un véritable phénomène, tu sais ça Jim ? »

 

« Et tu es surpris ? Je pensais que tu me connaissais mieux que ça, Bones. Je suis blessé. »

 

Bones ricana. « Je n’étais pas surpris. J’exposais juste un fait, Jim. »

 

« Je ne sais pas si je devrais oui ou non être fâché contre toi pour ça »

 

« Eh bien, fais moi savoir quand tu auras décidé. »

 

« Je te le ferai savoir dès que tu m’auras enlevé ce bandage. Ça me démange. »

 

« T’es un vrai gamin. » Mais Jim l’entendit tout de même se lever et s’approcher. Si ça avait été n’importe qui d’autre, l’instinct de Jim l’aurait probablement forcé à attaquer la personne la plus proche, vu à quel point sa vision était encore obscurcie. Mais Jim se sentait en sécurité entre les mains de Bones. (La main s’il voulais être exact pour le moment.)

 

« Alors, combien de temps suis-je resté KO ? » demanda Jim lorsque que la compresse commençait à être décollée.

 

« Juste quelques heures. »

 

« Pourquoi as-tu bandé mes yeux ? »

 

« On a dû nettoyer chaque trace de ce paralysant ou tu aurais eu une autre réaction. Tu en as reçu dans les yeux, ce que tu as oublié de mentionner lorsque nous étions sur la planète. » il y avait maintenant une pointe de désapprobation dans les mots de Bones, mais Jim l’ignora facilement. « M’Benga a dû aller dedans et s’assurer que tout était propre. »

 

Jim se raidit. Il ne savait pas pourquoi il n’avait pas enregistré plus tôt le fait que c’était M’Benga qui l’avait opéré lorsque Bones l’avait mentionné plus tôt. Maintenant qu’il était au courant, il ne savait pas quoi en penser. C’était connu que Jim détestait les docteurs, les hôpitaux et même tout ce qui se rapportait vaguement à la médecine. De plus, il avait assez de problèmes de confiance pour détruire une école entière de psychologues.

 

« Relax, Jim » dit Bones au-dessus de lui. « J’ai confiance en M’Benga. C’est un bon docteur. Et j’étais là tout le temps. Si tu ne lui fais pas confiance, fais moi confiance. »

 

« Bien sûr que je te fais confiance, Bones, » répondit Jim gentiment, mais son ton était un peu distant. Il avait une sensation désagréable dans son estomac et l’angoisse était en train de le gagner. Il connaissait ce sentiment. Qu’est-ce qui allait mal tourner maintenant ?

 

La dernière partie du bandage avait été enlevée. « Voilà, » dit Bones, se tournant pour attraper un ophtalmoscope. « Assis toi juste bien droit, Jim. Je dois vérifier tes yeux une dernière fois avant de te laisser partir. »

 

Quand il pivota à nouveau, il vit Jim assis droit comme un bâton sur le lit médical. Toute sa posture était raide, ses muscles assez tendus pour avoir des crampes. Ses grands yeux bleus regardaient fixement devant lui dans le vide, ou du moins semblaient. On pouvait sentir la peur émaner de tout le corps de Jim : il était pratiquement en train de la crier.

 

McCoy fut aussitôt alarmé, bondissant sur ses pieds comme s’il venait d’être frappé par un éclair. Il n’avait jamais vu Jim aussi terrifié. Et cela comprenait Jim quelque secondes après avoir été renvoyé de l’Académie pour une bagarre, Nero, en train de revivre Tarsus et son enfance, et même faisant face à son beau-père en personne. Cette… cette peur pure et complète était quelque chose dont Bones n’avais jamais imaginé Jim capable.

 

Et cela l’effrayait comme jamais.

 

« Jim qu’est-ce qui ne va pas ? » demande Bones affolé, une main déjà tendue vers son meilleur ami. « Parle moi. Qu’est-ce qui se passe ? »

 

Jim dégluti difficilement, ses yeux agités, comme s’ils étaient incapables de se fixer sur quelque chose. Quand il parla, ses mots étaient à peine plus hauts qu’un murmure. « Bones… je ne vois rien, » il inspira.

 

McCoy se figea. Il n’était même pas sûr d’avoir entendu correctement. « Quoi ? »

 

Une des mains de Jim attrapa la main gauche de McCoy (celle qui était fonctionnelle), et la serra fort comme si sa vie en dépendait.

 

« Je ne vois rien ! »

 

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Pendant les trois prochaines heures, Jim passa toute une batterie d’examen. Tout ce temps, il resta de glace et silencieux. Personne n’avait jamais vu Jim aussi calme. Il était aussi obéissant, presque comme une poupée manipulée par un marionnettiste.

 

Cela semblait faux mais personne ne pouvait lui en vouloir.

 

Jim était aveugle, mais c’était temporaire. Du moins, c’est ce que McCoy et M’Benga lui dirent. Et c’est ce qu’ils lui dirent tous. Il avait été laissé sur son lit médical pendant que McCoy et Spock se disputait vivement sur la chose à faire dans le bureau du Docteur.

 

« Tu ne peux pas rapporter ça à Starfleet, Spock, » grogna McCoy. « Ils le révoqueront et le colleront dans un hôpital. »

 

« Oui, Docteur. Ils l’admettront dans un hôpital mieux à même de traiter sa condition, » répondit Spock doucement.

 

« Il n’a pas besoin d’être hospitalisé. C’est seulement temporaire. »

 

« Pour combien de temps ? Que se passera-t-il si sa vision ne revient pas avant une semaine, ou un mois ? Cela pourrait même durer plus longtemps. Nous ne pouvons pas le protéger à tout moment, Docteur. Nous avons chacun nos obligations. »

 

« Est-ce que tu t’écoutes, mec ? Je sais que tu n’es pas totalement Vulcain, salaud. On parle de Jim là ! Tu te soucies de lui. Je le sais. Tu ne peux quand même pas envisager de l’envoyer loin quand il a besoin de nous. Pas quand il a le plus besoin de nous. »

 

Spock tourna sa tête curieusement. Il avait d’abord pensé qu’envoyer Jim dans un hôpital de premier ordre au plus tôt aurait permis à celui-ci d’être soigné le plus vite possible, mais il y avait un tranchant dans les mots de McCoy qui fit Spock s’interroger à nouveau sur raisonnement. « Expliquez ça, Docteur. »

 

McCoy passa ses doigts gauches dans ses cheveux, expirant difficilement. « Tu sais, en temps qu’être vivant, nous prenons nos sens comme acquis, mais nous avons tous une peur profondément enfouie de perdre l’un d’entre eux. Pour moi, c’est mon sens du toucher – mon habilité à bouger mes doigts et à pratiquer en tant que docteur. »

 

« Je suis désolé, Docteur, » dit Spock, regardant précisément la main et le poignet figé de McCoy sur son côté.

 

McCoy l’écarta avec l’autre « Ce n’est pas à propos de moi maintenant, Spock. Je sais que mon problème est temporaire. Celui de Jim ? Je n’en sais rien. Et Jim se repose toujours sur sa vue. Je ne sais pas si il sait comment gérer tout ça. »

 

Ils jetèrent tout deux un coup d’œil à travers la porte en verre pour regarder le visage endormi de Jim, l’inquiétude et la peur grandissant dans leur esprit.

 

« Que lui avez-vous dit, Docteur ? »

 

« Que peu importe ce qui était arrivé, c’était seulement temporaire, comme pour moi. Je lui ai dit que le paralytique avait paralysé son nerf optique, ce qui explique pourquoi il ne peut pas voir maintenant. »

 

« Donc vous avez menti. »

 

« Je n’ai pas menti. Je ne lui ai juste pas dit toute la vérité. »

 

Et la vérité était que le corps abimé de Jim n’avait pas seulement eu une réaction allergique au paralytique. Il avait eu une réaction autonome. Dans des termes plus simples, le corps de Jim s’était attaqué lui-même lorsque la réaction allergique s’était produite, et dans le processus, Jim avait perdu la vue. Ajouté au fait que c’était un paralytique qui avait pénétré ses yeux ? Médicalement, cela avait du sens, mais cela voulait aussi dire que McCoy ne savais pas combien de temps allait durer son aveuglement.

 

« Que proposez-vous alors docteur ? »

 

« Garde le à bord. Il a besoin d’être dans un environnement familier, autours de gens qu’il connaît. »

 

« Je pense que nous devrions au moins informer l’Amiral Pike. »

 

« Normalement, J’aurais été d’accord. J’ai confiance en Pike et Jim aussi, mais nous allons le mettre dans une position difficile. Il est lié à ses obligations. »

 

« Tout comme nous, Docteur. »

 

« Mais pas autant que lui. Nous sommes sur un vaisseau sous le commandement direct de Jim, ce qui veut dire que nous avons plus de liberté que n’importe qui dans la flotte. Jim ne voudrait pas entrainer Pike dans cette histoire – moins de personne au courant, mieux c’est. »

 

« Nous ne pouvons pas empêcher l’équipage de savoir. L’état de Jim est trop évident, trop facile à détecter. Il est impossible de le cacher. »

 

« Je ne te le demande pas. L’équipage couvrira Jim. »

 

« Peux-tu le garantir ? »

 

McCoy leva les yeux au ciel. « Cet imbécile a déjà sacrifié sa vie pour presque chaque personne sur ce maudit vaisseau. Je pense qu’il est en sécurité. »

 

Spock réfléchit un moment avant de finalement céder. « Entendu. Cependant, Je pense qu’il serait préférable de ramener Jim dans ses quartiers avant qu’il ne se réveille. Comme vous l’avez fait remarquer, il se sentira plus en sécurité dans un environnement familier. »

 

« Oui, certainement. Il va se sentir particulièrement vulnérable maintenant. Il ne sera pas content de rester à l’Infirmerie. »

 

« Je présume que vous ne souhaitez pas qu’il se réveille seul et désorienté. Devrions-nous rester avec lui jusqu’à son réveil ? »

 

« Je me demande si c’est une bonne idée. Il pourrait être extrêmement instable lorsqu’il reviendra à lui, afin de se protéger.

 

« Mais nous devrions rester, » continua McCoy, sortant déjà du bureau pour se diriger vers Jim. « Je ne veux pas qu’il se réveille seul. »

 

Il ne le dit pas à voix haute mais Spock savait que c’était une tradition pour McCoy de rester aux côtés de Jim à chaque fois que celui-ci était blessé. C’était bien connu que même le Capitaine s’attendait à ce que McCoy se trouve près de lui à chaque fois que quelque chose tournait mal – c’était comme ça que Jim jaugeait la sévérité de ses blessures. Si McCoy était déjà en train de se plaindre et de vociférer lorsqu’il regagnait conscience, il savait que tout allait bien et que l’incident était mineur. Si il se réveillait avec un McCoy silencieux et tendu, eh bien, cela voulait juste dire qu’il l’avait échappé belle. Jim essayait alors de ne pas s’y attarder et devenait toujours délibérément plus docile afin de ménager son meilleur ami.

 

Spock suivit McCoy et aida le docteur à soulever Jim du lit et à le stabiliser. En même temps, il jeta un coup d’œil à l’expression inquiète du Docteur et se demanda si la même figurait sur son visage.

 

Jim était l’homme le plus fort que Spock connaissait – il avait survécu à tellement, perdu tellement, et réussissait tout de même à sourire chaque jour. Spock ne pouvait l’expliquer avec sa logique ; il était constamment stupéfait par l’humain qu’était Jim Kirk. S’il y avait une chose en quoi Spock avait foi, c’était son Capitaine. Mais ça ? Jim sans son extraordinaire vue qui avait sauvé des centaines, des milliers, si pas de millions de vies ? Spock ne savait pas comment son ami allait réagir à ça.

 

Et honnêtement ? Il était effrayé à l’idée de le découvrir.

 

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Seuls les ténèbres étaient présents lorsque Jim s’éveilla. Ses yeux étaient fermés, mais il savait qu’il était entouré par l’obscurité, et que cela resterait ainsi lorsqu’il les ouvrirait. C’était un sentiment familier – un qu’il ne connaissait que trop bien et qu’il redoutait toujours, peu importe les circonstances. En dessous de ses doigts il pouvait sentir les habituels draps et couvertures de Starfleet. Bien que les matériaux soient tous les même dans le vaisseau, Jim savait que ceux-ci lui appartenaient, ce qui voulait dire qu’il se trouvait dans ses quartiers.

 

Il resta allongé, analysant son entourage sans sa vue. Il devra s’y habituer – autant commencer maintenant. Il y avait deux présences dans sa chambre – une proche de la porte et l’autre sur son lit. Leur respiration était calme et légère ; il pouvait à peine les entendre, mais elles étaient clairement là. Il n’avait pas besoin de sa vision pour deviner qu’il s’agissait de Spock et Bones (il compris que Bones était celui le plus proche de lui – c’était une sorte de tradition pour eux). Cependant, même s’il appréciait que ses amis soient restés pour s’assurer qu’il ne se réveille pas seul, il ne pouvait pas faire ça maintenant. Il ne pouvait pas supporter leurs questions inquiètes et leur pitié.

 

C’était toujours le pire – le regard de quelqu’un qui avait pitié de toi. Ça le faisait se sentir petit et examiné à la fois, comme s’il n’y avait aucune échappatoire à leur regard. C’est comme s’il n’y avait ni espoir ou amour, ni désir ou quiétude. Seulement la honte et la réalisation qu’il n’était rien d’autre qu’un échec.

 

Et Jim ne pouvait pas supporter ça maintenant. Même s’il ne pouvait rien voir.

 

Il s’assit droit, laissant les deux couvertures tomber à côté de lui, et ouvrit doucement ses yeux. C’était comme il s’y attendait – l’obscurité totale.

 

« Jim ? » demanda Bones. Il le sentit s’approcher de lui.

 

Jim l’ignora. « Lumières, 100%. »

 

« Jim, » protesta Spock, un moment trop tard.

 

Jim perçu le changement dans l’atmosphère, sentant la légère chaleur de la vive lumière sur sa peau, mais il ne vit aucune différence. Même s’il s’y était attendu, le cœur de Jim se serra, et inconsciemment, il se replia sur soi-même, serrant ses genoux et se faisant le plus petit possible, en essayant vainement de paraître moins vulnérable qu’il ne l’était déjà. C’était comme si son âme entière avait été laissée vide.

 

« Sortez, » dit-il calmement à Spock et à McCoy.

 

McCoy essaya immédiatement d’atteindre Jim, mais le langage corporel de celui-ci menaçait de le blesser si McCoy ne faisait que l’érafler. McCoy recula – il n’avait jamais était sur le point de faire les frais de la tristement célèbre aura « touche moi et je te tue » de Jim.

 

Spock s’avança. « Jim, s’il te plaît calme toi. »

 

« Sortez, » gronda Jim à nouveau, cette fois-ci un peu plus fort.

 

« Jim… » essaya Spock.

 

« DÉGAGEZ ! » hurla Jim.

 

Spock et McCoy tressaillirent. Jim n’avait jamais levé la voix contre eux, et encore moins avec une telle peine et colère dans son ton. Ils firent donc la seule chose qui semblait juste – ils sortirent sans un autre mot.

 

Jim entendit la porte se fermer. « Ordinateur, lance le protocole JT5475, » murmura Jim. « Et lumières 0%. »

 

Et il fut à nouveau plongé dans les ténèbres. Pas que ça fasse une quelconque différence.

 

Seul, Jim ne pouvais pas se permettre de succomber à la panique et à la peur. Il n’avait jamais eu peur du noir. Il était né, avait été élevé, et avait grandi dans les ténèbres. Peu importe où il allait, l’obscurité le suivait – il n’avait jamais laissé la nuit ne serait-ce qu’une once de faiblesse, car sinon, elle l’aurait consumé entier sans hésitation.

 

Il n’avait jamais eu peur. Il n’y avait jamais eu de raison, car bien qu’il vivait dans les ténèbres, il savait que quelque part, d’une façon au d’une autre, une lumière l’attendait. Ça pouvait ne pas être grand chose – un simple rayon de soleil par-ci par-là, ou même juste une bougie – mais elle était toujours là quand Jim en avais le plus besoin.

 

Il n’y aurait rien maintenant.

 

Il ferma ses yeux et laissa sa tête tomber entre ses genoux. Qu’allait-il faire sans sa vue ? Il devrait abandonner son titre de Capitaine et quitter sa maison, sa famille. Tout ce dont Jim avait besoin pour se sentir vivant – pour être en vie – dépendait de ses yeux. Ses fichus, inutiles yeux…

 

Sortant de son lit avec un cri furieux et empli de tristesse, il balaya tout de son bureau. Des choses se brisèrent en atteignant le sol et le mur avec force. Il avança, retournant complètement la table ainsi que la chaise, qui se brisa à l’impact.

 

Il se cogna les orteils et était sûr qu’il recevait des bleus en rencontrant par hasard des meubles durant son carnage, mais le désespoir dans son cœur éclipsa et submergea toute douleur physique qu’il pouvait ressentir.

 

En quelques minutes, l’entièreté de la chambre de Jim était saccagée et renversée, comme si un ouragan était entré et avait tout détruit, à l’exception de quelques bibelots que son équipage lui avait offert. Ceux-ci étaient tenus en sécurité dans leur propre petit coin, le seul encore intact des quartiers de Jim.

 

Les mains tremblantes, il atteignit ses biens les plus précieux. Ses doigts ne touchèrent d’abord rien d’autre que du bois, mais alors qu’il continuait à chercher, il finit par trouver. Il sentit les bords lisses de la guitare qu’Uhura lui avait offert, les courbes de la pièce d’échec dont Spock lui avait fait cadeau, les pages froissées du livre de Sulu, et surtout la douceur du lapin en peluche que lui avait donné Chekov.

 

Gentiment, il attrapa l’animal à deux mains. Il n’était pas très grand : à peu près trente centimètres de haut et quinze de large. Il pouvait sentir l’âge du lapin – les années de confort et d’entraide qu’il avait offert à Chekov lorsqu’il était enfant – grâce au tissu usagé et au peu de coton encore à l’intérieur. Une petite et enfantine partie de son cerveau avait besoin de cette consolation, et il le serra fort contre sa poitrine, enfonçant sa joue dans la tête du lapin.

 

Il sentit ses forces le quitter soudainement, et il tomba au sol, s’appuyant lourdement sur le mur. Des larmes roulèrent silencieusement sur ses joues et il ne fit rien pour les arrêter.

 

Il laissa l’hideux désespoir s’emparer de lui et l’entrainer sous l’océan noir et profond où il se noyait. Les cordes cruelles du destin attachées fermement autours de ses membres, lui coupant la circulation et l’empêchant de bouger. Il ne pouvait plus respirer, plus fonctionner, et petit à petit, il s’effondra et se brisa.

 

Pour la première fois dans sa vie courte et tourmentée, Jim lâcha prise.

 

Pour la première fois dans la vie de Kirk, les ténèbres avaient gagné.

 

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« Comment va Kirk ? » demanda inquiète Uhura au moment où Spock et McCoy revenaient de la chambre de Jim. Ses yeux bruns remarquèrent l’expression de détresse de McCoy et le corps inhabituellement tendu de Spock et comprit immédiatement que ça s’était terriblement mal passé, et elle n’était pas la seule à s’inquiéter pour Kirk.

 

L’équipage entier avait été extrêmement préoccupé de la santé de leur Capitaine lorsque Spock avait annoncé que celui-ci était temporairement aveugle. Il avait souligné que, sous aucune circonstance, il ne fallait rapporter l’état de Jim, et leur demanda de respecter leur Capitaine et son intimité ainsi que son autonomie lorsqu’il se sentira assez bien pour se balader dans le vaisseau. Bien que légèrement alarmé, l’équipage avait accepté de garder leur Capitaine en sécurité sans aucune protestation ou question, contrairement à ses camarades les plus proches.

 

Dès que Uhura, Chekov, Sulu, et Scotty apprirent que McCoy et Spock ramenaient Jim à ses quartiers, ils s’étaient précipités pour les voir, mais Spock et McCoy ne leur avaient pas permis d’entrer. Ils avaient attendu dans la chambre du Vulcain pendant à peu près une heure avant que les deux ne reviennent. 

 

Ils affichaient des visages choqués et avaient l’air tellement hébétés qu’on les avait fait s’asseoir.

 

« Que s’est-il passé ? » demanda Sulu. « Est-ce que Kirk va bien ? »

 

« Tu crois qu’il va bien ? » jeta McCoy, la colère remplaçant rapidement la panique et la peur. « L’homme est aveugle ! Tu irais bien à sa place ? »

 

« Calme toi, Leonard, » intervint rapidement Uhura. « Nous sommes tous inquiets. Ne te fâche pas contre nous pour ça. » Elle se tourna vers en Spock resté silencieux. « Pourquoi n’êtes-vous pas avec lui ? Je croyais que vous n’alliez pas le laisser seul au risque qu’il fasse quelque chose de stupide. »

 

« Il ne nous voulait pas là-bas. Il a été extrêmement catégorique, » répondit Spock. « Et en colère, » ajouta-t-il après une seconde de réflexion.

 

« Jim nous a crié dessus. Il nous a demandé de dégager. » McCoy fit une pause, réprimant un frisson. « Je ne l’ai jamais vu comme ça, Uhura. Je ne savais pas quoi faire. Je ne sais toujours pas quoi faire. »

 

« Je pensais que son état n’était que temporaire, » dit Sulu. « Le sait il ? »

 

« C’est ce que nous lui avons dit, mais on est même pas sûr à cent pour cent. Et même si c’était le cas, c’est sûrement déjà une seconde de trop pour que Jim puisse l’endurer. »

 

Chekov se figea. « Qu’est ze qu’on va faire alors ? Comment allons-nous l’aider ? »

 

Scotty soupira et posa une main sur l’épaule de Chekov. « J’pense pas qu’on puisse l’aider pour l’moment. C’est quelqu’chose qu’il devra résoudre par lui-même. »

 

Il y eu un grondement de mécontentement à peine étouffé par les murs séparant la chambre de Jim de celle de Spock. Tout le monde tressaillit lorsqu’ils entendirent le premier verre se casser et qui fut rapidement suivi par de nombreux bruits sourds de fracas.

 

McCoy bondit, voulant vérifier que Jim ne s’était pas fait mal, mais Scotty s’avança et l’attrapa.

 

« Docteur, on peut pas l’aider pour l’moment, » dit Scotty avec un sérieux inhabituel. « Y doit s’y résoudre avant qu’on puisse l’aider. Laissez-le s’défouler. Il ira bien. »

 

« Mais…! » commença McCoy.

 

« Non. Tu laisses Jim tranquille, t’entends ? »

 

« Est-ce que tu t’entends, mec ? » grogna McCoy.

 

« Est-ce que toi tu t’entends ? Dis moi, Docteur, qu’est c’que tu pourrais faire maintenant qui aidera Jim ? T’sais aussi bien qu’n’importe qui ici qu’il va pas t’écouter s’il est aussi désemparé. Et même, qu’est ce qui t’fais croire qu’il nous écoutera alors qu’on a aucune idée de c’qu’il est en train de vivre? Si tu lui parles maintenant, tu vas faire qu’aggraver les choses. On peut pas l’aider pour l’moment – on peut seulement l’soutenir. »

 

« Vous ne pouvez quand même pas nous suggérer de laisser Jim seul, Mr. Scott, » protesta Spock. 

 

« C’est pas c’que j’ai dit. Nous serons toujours près d’Jim s’il a besoin de nous. Il n’est jamais seul, et il le sait, donc s’il demande d’l’espace, on devrait le lui donner. En tant qu’ses amis et sa famille, on devrait l’aider d’une autre manière. » Sulu releva sa tête, envisageant l’idée. « Alors, qu’est-ce que tu propose, Scotty ? »

 

« Uhura et toi devraient surveiller toutes les communication à partir d’maintenant, juste pour être sûr que personne n’rapporte l’état de Jim à la base. Chekov et moi on va essayer d’faire un programme qui détectera et annulera toute communication qui pourraient poser un problème à Jim. Docteur, tu devrais aller dormir – tu vas pas beaucoup nous aider si t’es épuisé. Quand tu seras reposé, tu devrais travailler avec Spock pour trouver quelqu’chose qu’aidera les yeux de Jim. »

 

Scotty était déterminé – son expression était dure. « J’le dirai encore une fois : vous laissez Jim tranquille, vous entendez ? Personne l’ennuie à propos d’sa santé ou n’demande s’il est Ok. C’est juste remuer l’couteau dans la plaie. Si y veut nous parler, il viendra quand il sera prêt. Jusque là, vous faites n’importe quoi d’autre qui pourrait aider. Compris ? »

 

Tous hochèrent la tête.

 

« Bien. » Un sourire paru sur le visage de Scotty. « Maintenant, j’ai des choses à faire pour rendre l’vaisseau plus praticable pour Jim… »

 

//////////////////////////////////////////////////////////////

 

Les muscles de Jim lui faisaient mal lorsqu’il revint à lui. Il était assis sur le sol et un désordre total l’entourait. Ça aurait pu être triste et embarrassant si Jim s’en souciait. Doucement, il se leva, encore appuyé contre le mur. Basé sur son horloge interne, il avait été endormi pendant un moment – probablement pendant plus ou moins cinq heures. Il était légèrement surpris que personne ne l’ai appelé ou se soit assuré qu’il aille bien, mais là encore, il avait lancé le protocole JT5475, un programme qu’il avait écrit dans son système afin d’assurer un verrouillage total de ses quartiers. Personne, même si Chekov, Spock, et Scotty s’alliaient ne pouvait le contrer.

 

Soupirant et respirant profondément, il commença à se rétablir. Après s’être effondré ainsi, il ne pouvait rien faire d’autre qu’aller de l’avant. Jim n’était rien si pas un survivant – il ne pourra peut être pas vivre comme avant que cette merde n’arrive mais il devra faire avec pour le moment. Bones lui avait dit que son état n’était que temporaire – Jim devait se raccrocher à ça, ou il ne pourrait jamais s’en remettre – il y avait donc encore de l’espoir.

 

Il n’avait jamais été du genre à s’assoir et à ne rien faire de toute façon. S’il n’allait pas pouvoir voir dans le futur proche, alors Jim avait juste à s’adapter et à reconstruire ses barrières. Ceci ne le définira pas. Ceci ne le découragera pas. Jim était trop intelligent et fort pour ça.

 

Le lapin était encore dans ses mains, mais il n’avait plus besoin de l’étreindre comme si sa vie en dépendait (Il n’était pas encore prêt à le lâcher non plus…). Dans les tréfonds de l’obscurité, Jim commençait à avancer. Même s’il ne savait pas où il allait, au moins il bougeait – il refusait de s’avouer vaincu.

 

Il n’était pas assez optimiste pour penser que tout serait fini en un jour ou deux. Son état pouvait durer des semaines, ou peut-être même plus, ce qui voulait dire qu’il allait être complètement vulnérable pendant ce temps là. Et il refusait d’être un poids pour ses amis et son équipage – il ne voulait pas les faire sombrer avec lui.

 

Différents plans commencèrent à germer dans son esprit. Il était peut-être limité pour le moment, mais il pouvait encore faire certaines choses. Décidé, il se força debout, s’adossant un bref moment contre le mur alors qu’il rassemblait son courage. Il savait que, maintenant, tout le monde à bord était probablement au courant de son « problème », et, même s’ils voulaient sûrement tous bien faire, Jim n’était juste pas habitué à compter sur quelqu’un. Mais il savait qu’il n’allait pas pouvoir refuser un peu d’aide cette fois-ci.

 

Il allait avoir besoin d’aide – grand moment – mais il devait faire le premier pas.

 

Prenant une grande inspiration, Jim se redressa, tenant encore le lapin, et bougea afin de s’asseoir confortablement sur son lit.

 

Avec plus de cran que ce qu’il avait réellement, il dit doucement, « Ordinateur, annule le protocole JT5475, et appelle Docteur McCoy. »

 

Il attendis patiemment que Bones décroche – il savait que ça n’allait pas prendre très longtemps.

 

Avant même la fin de la première sonnerie, Bones répondait déjà. «  Jim ? » L’inquiétude et la préoccupation se faisaient sentir dans ce seul mot.

 

« Salut, Bones, » dit Jim d’un ton penaud. Il grimaça en entendant la pointe de tristesse dans sa voix.

 

« Je euh… » Bones ne savais pas comment commencer. Demander si Jim aller bien ne ferait que rajouter de l’huile sur le feu – Jim détestait la pitié et détestait cette question.

 

« Est-ce que tu peux m’aider ? » demanda rapidement Jim avant de risquer de s’enterrer dans son triste petit coin avec une couverture sur la tête.

 

Il pouvait déjà entendre Bones bouger – probablement en train de quitter l’Infirmerie (il pouvait entendre les bips des moniteurs cardiaques). « Toujours. De quoi as-tu besoin ? »

 

« Juste…euh…viens ici ? »

 

« Ok, je serai là dans une minute. »

 

Bones se déconnecta et Jim pris le temps de bouger un peu afin d’être plus confortable.

 

Quand Bones arriva, il frappa, ce qui donna presque envie de rire à Jim. Ça montrait à quel point il lui avait fait peur – Bones était impoli et grossier. Il n’avait jamais eu aucun sens de l’intimité, entrant même dans la salle de bain lorsque Jim prenait sa douche. (Il aurait eu envie de dire que cela avait changé après qu’il soit devenu Capitaine, mais non. Ce n’était pas que lui – Spock le faisait aussi, mais il partageait une salle de bain avec le Vulcain. Bones n’avait aucune excuse.)

 

« Entre, » appela Jim.

 

Bones entra, ses yeux s’ajustant instantanément au noir. Il repéra Jim assis les jambes croisées sur son lit, vers le centre, et tenant un lapin en peluche entre ses jambes. Ensuite, il vit le chaos qui se trouvait autours de lui – des morceaux de verre d’une tasse ; des éclats de bois, vestiges de son bureau encombraient le sol. Vu comment la chambre était si maigrement décorée avant, Bones était surpris du degré de destruction dont Jim était capable.

 

« Où as-tu eu le lapin ? » demanda Bones en s’approchant prudemment – principalement pour éviter le désordre sur le sol.

 

« Chekov. »

 

« Ah. Ok. »

 

Un silence gênant tomba. Jim n’avais jamais aimé les silences gênants et était généralement le premier à les briser. Cette fois-ci n’était pas différente.

 

« Je suis désolé de t’avoir crié dessus. Et sur Spock, » ajouta Jim après coup.

 

« Ça va. On a compris, » dit rapidement McCoy, entrant complètement dans la chambre et fermant la porte derrière lui. (Jim alluma les lampes lorsque la porte se ferma – Bones, au moins, devait encore être capable de voir). « Enfin, pas vraiment, mais on a compris que ça allait être difficile pour toi. Qu’est-ce qu’on peut faire pour aider ? »

 

Jim serra le lapin un peu plus fort. « C’est seulement temporaire, n’est-ce pas ? 

 

McCoy s’assura qu’il n’y ait absolument aucune hésitation dans sa voix. « Oui. »

 

« Dis-le. »

 

Confus, McCoy se figea. « Quoi ? »

 

« J’ai besoin de l’entendre. Dit le haut et fort, Bones. »

 

« Ton aveuglement n’est que temporaire, Jim. Tu vas aller bien. » répondit McCoy fermement. Il ne mentait pas vraiment – jusqu’à preuve du contraire, McCoy allait croire que c’était temporaire.

 

« Combien de temps ? »

 

« Je n’en ai aucune idée. Une semaine, peut-être ? C’est la même chose pour mon bras. »

 

À ça, Jim réagit. « Ta main est encore paralysée ? »

 

« Oui. Je suis à l’arrêt jusqu’à nouvel ordre »

 

« Tu veux dire ‘nous sommes’ à l’arrêt jusqu’à nouvel ordre. »

 

« Jim… »

 

« Non, non. J’ai compris. Vous ne pouvez pas avoir un Capitaine aveugle aux commandes. Vous ne pouvez même pas avoir un homme aveugle à bord. » Jim ne pouvait pas cacher l’amertume de sa voix.

 

McCoy tressaillit, pas que Jim pouvait le voir, mais il le sentit.

 

« Ça va, Bones, mais j’ai besoin de ton aide. »

 

« Tout ce que tu veux. »

 

Jim sourit, bien que McCoy s’aperçu que c’était quelque peu forcé. « Est-ce que tu peux ranger ma chambre pour moi ? »

 

Presque sidéré, McCoy se trouva en train de lever les yeux au ciel et de retrousser ses manches. « Mince, Jim, je suis un docteur, pas une bonne. »

 

« Tu ferais une charmante femme de ménage, Bones, » plaisanta Jim.

 

« Continue comme ça et je te frappe. »

 

« Mais je suis aveugle ! »

 

« Je n’ai pas de scrupule à frapper un aveugle si c’est toi. Tu es probablement toujours plus dangereux que Sulu. »

 

Un air pensif traversa le visage de Jim.

 

« Oh non, Jim. Tu n’es pas autorisé à défier Sulu dans un match, » dit Bones tout en ramassant des choses et en les jetant dans la poubelle.

 

Jim fredonna, pensif, tenant encore le lapin. Bones pensa que Jim avait l’air attachant comme ça, et il semblait si jeune. Ici, bien qu’étant aveugle et complètement vulnérable, il s’autorisait à se relaxer en présence de Bones. Se sentant en sécurité, même en sachant que son ami n’avait qu’une main fonctionnelle.

 

Cela fit sentir à Bones que tout ce qu’ils avaient traversés - chaque blessure, chaque regrettable circonstance, et chaque douleur et souffrance qu’ils avaient endurés – le valait bien. Parce qu’ils avaient enfin trouvé un endroit où ils pouvaient se sentir en sécurité et aimé.

 

Et Bones sentit que Jim le savait aussi. Il y a cinq ans, avant l’académie, avant l’Enterprise, Jim se serait caché, laissant les ténèbres le consumer. Il n’aurait jamais montré son visage – il aurait fui, trouver un coin où se cacher jusqu’à être capable de tout supprimer et de tout enterrer à l’intérieur de lui afin de ne plus rien ressentir. Et ensuite, qui sait ce qu’il lui serait arrivé ?

 

Mais voilà où était Jim maintenant, si innocent avec un lapin en peluche dans ses mains, et fredonnant doucement à lui-même alors que Bones ramassait les morceaux de verre tranchant qui pourraient être facilement être utilisés contre lui.

 

Bones ne pouvait pas s’empêcher de sourire. Ce n’était pas seulement Jim : il avait tous parcouru un long chemin pour en arriver là.

 

« Je vais bien, Bones, » dit Jim, sortant Bones de ses pensées. « Vraiment. »

 

« Je te crois, » répondis Bones sans aucun sarcasme.

 

« Non, vraiment, » continua Jim, sans avoir encore compris ce que McCoy venait de dire, « Je veux dire, ça n’allait pas avant et je ne serais sûrement pas à cent pour cent Ok jusqu’à ce que je récupère ma vue, mais je ne vais pas me mettre à me morfondre. Est-ce que tu peux m’imaginer en train de me morfondre? »

 

« Oui. Tu le fais à chaque foie que quelqu’un prouve que tu as tort. »

 

« À part ça, le point est que… » Jim s’arrêta, les paroles de Bones faisant surface. « Attends. Tu me crois ? »

 

L’incrédulité dans sa voix exaspéra Bones. « Ça t’en a pris du temps. Je croyais avoir le brevet des les discours interminables. »

 

« Tu l’as, c’est pourquoi ça m’étonne qu’il n’y ai pas eu de sermon sur comment je devrais prendre soin de moi et ne pas être un idiot qui se cache dans le noir toute la journée. »

 

« Si tu étais en train de faire ça, je ne serais pas là, en train de nettoyer tes affaires pour toi. »

 

« Oh. » Jim se tut.

 

Bones s’arrêta et se redressa pour regarder fixement Jim. « Jim, si tu as besoin d’espace, on va te le donner. »

 

Jim ne savait pas s’il avait bien entendu. « Quoi ? »

 

« C’est parce qu’on te connait, Jim. On sait que ça va être dur pour toi et que tu as ta propre manière pour gérer les choses. Si tu as besoin de temps et d’espace, on ne va pas t’étouffer. Juste… si c’est ça dont tu as besoin, promet moi que tu sortiras de temps en temps pour nous donner signe de vie. Je détesterais avoir à venir nettoyer après que ton corps ait empuanti tout l’endroit. Pense au diablotin ! Il partage une salle de bain avec toi ! Et sa sensibilité ? »

 

« Waouh, je sens l’amour, » se moqua Jim.

 

« Je suis sérieux, je ne ramasserai plus après toi. »

 

Jim souris. « Merci, Bones. » Il fit une pause, essayant de trouver les bons mots. « Je…je vais avoir besoin d’espace, mais je promets, je viendrai te trouver de temps en temps. »

 

« Pas seulement moi, Jim. Les autres aussi. Il se soucient tous de toi. »

 

Jim hésita. Être comme…ça…était une chose devant Bones – c’était complètement différent avec le reste. Bien sûr, il leur faisait à tous confiance et se souciait de chacun d’eux, mais c’était d’une façon ou d’une autre différent. Jim ne pouvait pas l’expliquer avec des mots.

 

Au diable ses fichus problèmes. Il était plus fort que ça. Il n’était pas faible. Non, il refusait d’être faible.

 

« Je te le promets, » répondit Jim avec une détermination plus forte. Il donna à Bones un petit, quoique sincère sourire. « Je ne suis pas seul n’est-ce pas ? »

 

« Non tu ne l’es pas. Maintenant, puisque tu vas juste rester assis là, est-ce que je peux appeler le diablotin pour aider ? Je n’ai qu’une main fonctionnelle tu sais. »

 

Jim ricana. « Oui, j’imagine. » Il pencha se tête légèrement en arrière. « Ordinateur, appelle Spock pour moi. »

 

Spock devait être en train d’attendre près de son communicateur, car il répondit encore plus vite que Bones. « Capitaine, » salua Spock.

 

Jim pouvait entendre un étrange écho au travers des murs – ce qui le surprit quelque peu. Mais Bones continuait de nettoyer. Jim avait dû être le seul à l’entendre. Il sourit à cela – il semblait que ses sens s’étaient affinés pour compenser sa vue.

 

« Spock, peux-tu passer par mes quartiers ? Et apportes un sac poubelle. »

 

Bien que confus, Spock répondit simplement, « Entendu, » et raccrocha. Merci mon Dieu – il apprenait à ne plus questionner l’absurdité de Jim. 

 

Une minute plus tard, on frappait à la porte de Jim. Il ne bougea pas, sachant très bien que McCoy répondrait pour lui.

 

Spock leva un sourcil au désordre autour de lui, mais ne dit rien et se mit immédiatement au travail. Avec eux, la chambre de Jim fut propre en dix minutes. Le sol était impeccable et toutes les objets cassés avait été poussé dans un coin de la chambre que Jim ne pouvais pas atteindre à moins de le faire exprès.

 

« Nous demanderons à quelqu’un de venir remplacer tes meubles, Jim, » dit Spock alors qu’ils finissaient.

 

Jim agita seulement sa main. « C’est bon. Je le ferai moi-même plus tard. Je ne veux pas que qui que ce soit rentre dans ma chambre jusqu’à ce que ça passe. »

 

Spock hocha la tête, compréhensif. Jim ne voudrait laisser aucun étranger s’approcher de lui jusqu’à ce qu’il soit plus confiant (et honnêtement, moins vulnérable.) « Bien sûr. » dit Spock à voix haute.

 

« Tu as besoin de quoi que ce soit d’autre, Jim ? » demanda Bones.

 

Jim secoua la tête. « Non, merci. »

 

 « Je dois retourner à l’Infirmerie, mais appelle-moi s’il le faut, Jim. »

 

« Oui, je le ferai. »

 

« Et je sais que je n’ai pas besoin de te dire ça mais… »

 

Jim lui coupa la parole. « Oui, je sais. Je ne quitterai pas ma chambre à moins que l’un d’entre vous soit avec moi. J’ai compris. »

 

« OK. Appelle moi, Jim. N’importe quand. »

 

« Tu m’étouffe, Bones, » Jim sourit.

 

McCoy leva les yeux au ciel. « Oui, oui. J’ai compris. Je m’en vais. À plus tard, petit. » Et il partit. (Jim entendit le son de la porte s’ouvrir et se fermer.)

« Je vais également me retirer, » prévient Spock avant de se tourner pour partir à son tour.

 

« Attends, Spock. »

 

Spock se retourna pour faire face à Jim. « Oui, Jim ? »

 

Jim se mordait la lèvre, semblant extrêmement peu sûr de lui. « Je euh… »

 

« Je ne rapporterai rien au Commandement, Jim, si c’est cela qui t’inquiète. »

 

« Quoi ? Oh, non. Je ne m’en fais pas pour ça. Je voudrais juste te demander une faveur. »

 

« Je ferai si possible de mon mieux. »

 

« Est-ce que tu pourrais t’entrainer avec moi ? »

 

Spock hésita. « Je ne pense pas que cela soit sage, Jim. »

 

« Oui, je sais que je suis handicapé pour le moment, mais je ne peux pas rester à rien faire. C’est juste impossible. » Il y avait de la panique dans la voix de Jim maintenant. Elle était bien cachée, mais Spock s’était entrainé à détecter le moindre indice.

 

Immédiatement, Spock changea de tactique. « Jim, pourrais-tu expliquer ta pensée ? »

 

Ce n’était pas non, et Jim s’en rendit compte. Il passa sa main dans ses cheveux et expira, clairement ennuyé à l’idée de devoir mettre des mots sur ses émotions. « Tu me connais, Spock. Tu sais que je déteste être inactif plus que n’importe qui. »

 

Spock regarda son ami. C’était la première fois qu’il voyait Jim aussi effrayé et contrarié. Bien que celui-ci le cachait bien, les signes étaient évident et rendirent Spock encore plus protecteur. Le Vulcain ferait tout pour son ami ; cela ne changera pas aujourd’hui. « Très bien. »

 

Pour la deuxième fois, Jim n’était pas sûr d’avoir bien entendu. « Attends, quoi ? Tu acceptes, juste comme ça ? »

 

« Oui. »

 

« Pas de sermon sur pourquoi ce n’est pas une bonne idée ? »

 

« Non. Où souhaiterais-tu travailler ? »

 

Clairement toujours confus, Jim eu l’air un peu hésitant lorsqu’il répondit. « Euh… Une des plateformes d’observation j’imagine ? La numéro trois est habituellement inutilisée. »

« Entendu. Devrions-nous y aller maintenant ? »

 

« Oui, certainement. Est-ce que tu peux m’attraper quelques vêtements d’entrainement dans mon placard ? »

 

Sans mot, Spock obéit et se rapprocha de Jim. Il tressaillit lorsqu’il réalisa que le Vulcain se tenait près de lui, et Spock se fit la remarque de rendre ses pas plus perceptibles en approchant son Capitaine.

 

« Merci, » dit Jim, saisissant ses vêtements.

 

Alors qu’il les attrapa, la main de Jim frôla accidentellement celle de Spock et celui-ci fut soudainement envahit par un sentiment écrasant de désespoir, de frustration et de crainte. Il y avait tant de peur piégée à l’intérieur de Jim. La peur d’être impuissant, faible et vulnérable aux attaques – ou de ne pas être capable de se protéger, lui ou les personnes auxquelles il tenait. Il craignait que son état ne dure pour toujours et de ne plus jamais être capable de revoir les étoiles qui symbolisaient pour lui l’espoir et le futur. Il se noyait, se noyait, se noyait, et le seul moyen de garder la tête hors de l’eau était pour lui de faire quelque chose. Calculs et plans tournaient sans cesse dans sa tête et Spock pouvait voir la merveille qu’était l’esprit de Jim : toujours en marche, pensant, planifiant.

 

Et il comprit enfin. Jim voulait se perfectionner en s’entrainant – pour s’assurer de ne pas être un poids mort. Ainsi, si le pire arrivait, il pourrait partir seul et disparaître. Plus important, il avait besoin de se sentir fort. D’être comme il avait toujours été, sûr de lui et de son habilité à combattre, à lutter. Il avait toujours vécu en se frayant un passage vers le sommet ; il ne savait pas comment avancer d’une autre manière. Il s’il ne pouvait plus avancer? Eh bien, même Spock avait peur de répondre à cela.

 

La voix de Jim le sortit du tourbillon d’émotions. « Spock ? »

 

Le Vulcain se reprit immédiatement. « Jim. »

 

Jim le regardait curieusement, mais il était évident qu’il n’avait pas réalisé que Spock avait lu ses pensées par accident. Si ça avait été le cas, il aurait été impossible pour Jim de rester calme.

 

« On y va ? »

 

Spock jeta un coup d’œil à son Capitaine, surpris que celui-ci ait eu le temps de se changer sans même qu’il ne s’en aperçoive. Cela montrait à quel point les émotions de Jim étaient agitées, assez pour distraire Spock, mais il se secoua. « Auras-tu besoin que je te guide ? »

 

Jim secoua la tête, déjà en train de se glisser hors du lit pour se mettre sur ses pieds. « Juste marche et parle et je suivrai. Mais préviens-moi si je suis sur le point de rentrer dans un poteau ou quelque chose dans le genre. »

 

« De quoi devrais-je parler ? » dit Spock, montrant la voie vers la porte. Elle s’ouvrit et se referma derrière eux.

 

« N’importe quoi. »

 

Spock commença à marcher lentement dans le couloir, surveillant Jim attentivement. « Il est difficile de parler de ‘n’importe quoi’ car ‘n’importe quoi’ n’est pas quantifiable. »

 

Jim avait une main tendue, ses doigts touchant le mur. Ses yeux étaient grands ouverts, ce qui aurait pu rendre Spock perplexe s’il n’avait pas lu les pensées de Jim. Celui-ci voulait donner l’impression que tout était normal. Pas pour l’équipage, mais pour lui-même. Il allait faire semblant jusqu’à y arriver.

 

Néanmoins, à la remarque de Spock, l’air concentré de Jim fut légèrement brisé. « Bon, alors raconte-moi une histoire. »

 

« Que voudrais-tu entendre ? »

 

« Tu choisis. Quelque chose d’intéressant. »

 

Spock réfléchit un moment, toujours en train d’observer Jim quelques pas derrière lui. Le front de celui-ci était ridé et il était en train de ‘regarder’ ses pieds. Spock compris soudain que Kirk comptait ses pas, créant un plan mental de son vaisseau bien-aimé. Instantanément, il su quelle histoire raconter.

 

« Lorsque j’était enfant, » commença Spock, ralentissant ses pas alors qu’ils arrivaient à un virage, « J’était raillé par d’autres garçons de mon âge pour être mi-Vulcain. »

 

« Salauds… » dit Jim entre ses dents, et bien que Spock ne soit pas ennuyé par son passé, il apprécia tout de même la remarque.

 

Il continua. « Un jour, plusieurs enfants et moi-même avions été amené aux catacombes. Comme farce, les garçons me laissèrent en arrière intentionnellement et je fus perdu dans le noir. Cependant, j’avais prédis un tel incident, et avais prudemment compté et mémorisé le nombre de pas qui me séparaient de la sortie. »

 

Jim sourit à nouveau. « Tu as deviné ce que je faisais, n’est-ce pas ? »

 

« C’est une bonne idée. »

 

« Comment ça s’est terminé ? »

 

« Qu’est-ce qui s’est terminé ? »

 

Ils étaient à quelques pas de la plateforme d’observation favorite de Jim.

 

« Que s’est-il passé après que tu sois sorti de la grotte ? »

 

« Mes pairs étaient certains de ne pas me voir sortir et avaient déjà annoncé la nouvelle à mon père. Quand je réapparus et rapportai les faits, il les punit sévèrement en les humiliant publiquement. »

 

« Ça devait être génial. »

 

« C’était très satisfaisant. » Spock s’arrêta près de la chambre plongée dans le noir, ses excellents yeux s’ajustant à l’obscurité. Jim, en entendant les pas de Spock s’arrêter, fit de même. « Comment voudrais-tu commencer, Jim ? »

 

« Je ne sais pas vraiment. »

 

« Qu’espères-tu accomplir ? »

 

« J’espère trouver quoi faire sans mes fichus yeux. » expliqua Jim tout en s’échauffant. « Tu sais quoi ? Juste frappe moi. »

 

Spock était abasourdi. « Pardon ? »

 

« Juste frappe moi, Spock. » Jim leva ses deux mains et lui fit signe d’approcher avec ses doigts. « Frappe moi. »

 

« Je ne penses pas, Jim. »

 

« Allez, Spock. Je dois savoir si je suis capable de sentir ou d’entendre quelque chose. Frappe moi. »

 

« Jim, je ne me sens pas à l’aise à l’idée de… »

 

« Spock, ta mère était un hamster et ton père sentait les baies de sureau. » cria soudainement Jim.

 

Bien que Spock ne compris pas la référence, il fut choqué par la voix forte de Jim et sorti un rapide coup.

 

Jim se tourna légèrement, mais pas assez pour éviter le revers de Spock. Il y eu un craquement retentissant et Jim tomba, tenant son nez. « OW ! » haleta-t-il. Mais au moins son nez n’était pas cassé, seuleument meurtri. Il connaissait bien la différence.

 

« Jim, est-ce que ça va ? Je suis désolé. »

 

Mais Jim souriait à Spock. Même sans ses yeux, il avait su que le coup arrivait. Plus précisément, il avait su où il allait atterrir. Il y avait eu un changement dans l’atmosphère – une cassure dans l’air lorsque la main de Spock s’était approchée de son visage. Bien qu’il n’ait quasiment rien entendu, il avait senti le vent généré par le poing de Spock quelque millisecondes avant l’impact, ce qui voulait dire qu’il pouvait sentir venir les coups – il devait juste travailler sur son temps de réaction.

 

Excité, Jim sauta sur ses pieds, la douleur déjà oubliée. « Encore, » demanda-t-il, levant ses poings en position défensive.

 

« Jim, tu devrais laisser le docteur McCoy examiner ton nez. Je l’ai peut-être cassé. »

 

« Pas de sang, pas de problème. De plus, il n’est probablement que contusionné. Je le montrerai à Bones quand on aura finit. Allez Spock, Frappe moi à nouveau. »

 

« Tu es la personne la plus exaspérante que j’ai jamais rencontré, Jim, le savais-tu ? »

 

« Oui, et c’est pour ça que tu vas céder. Frappe moi ! »

 

Spock frappa à nouveau, mais cette fois, il manqua presque. Jim reçu quand même le coup, mais pas là où Spock avait visé. Il avait raté sa cible de quelques centimètres. Ses yeux s’agrandirent lorsqu’il réalisa que ce n’était pas un hasard. En un coup, Jim avait trouvait un schéma.

 

Il était, sans aucun doute, un véritable génie.

 

« Encore ! » cria Jim, déjà rétabli.

 

Spock mit plus de force dans son coup, et cette fois, Jim l’évita.

 

Kirk sourit à pleines dents. « Ooh yeah. Voilà de quoi je parle. Viens, Spock. Donne moi tout ce que tu as. »

 

La demi-heure qui suivi, Spock et Jim se battirent vraiment. Au début, c’était lent et Jim se faisait frapper plus que le contraire. Ça lui prit un moment avant de sentir la trajectoire des coups et d’affiner son instinct lui montrant où bouger et comment réagir. S’il se concentrait fort, il pouvait sentir la cassure dans l’air causée par le mouvement des membres contre la gravité. Il n’était pas aussi fort et rapide qu’avant, mais était tout de même persuadé de pouvoir maintenir sa position un petit moment.

 

À la fin, Jim était couché sur le sol, en sueur, épuisé, et souffrait légèrement, mais il était surtout euphorique. Aucun mot ne pouvait décrire ce sentiment de puissance.

 

Spock aurait souri à l’expression heureuse de Jim s’il n’était pas Vulcain, malgré le fait que son ami soit couvert de bleus. « Jim, je pense que tu devrais aller voir Docteur McCoy maintenant. »

 

« Oui… Je pense que je n’arrive même plus à marcher, » soupira Jim.

 

« Voudrais-tu que j’appelle le Docteur McCoy ici ? »

 

Jim s’assit, grimaçant. Ouais. Il y avait des côtes abimées ici. « Non, ça va. »

 

« Tu dois être traité, Jim. »

 

« Je sais. Est-ce que tu peux me ramener à ma chambre ? Bones peux nous retrouver là. »

 

Spock s’approcha et guida doucement la main de Jim (le poignet était enflé et Spock sentit une pointe de culpabilité au fond de lui) à son épaule. Jim monta avec précaution sur le dos de Spock, grognant à cause de la douleur.

 

Lentement, Spock porta Jim au travers des couloirs jusqu’à sa chambre, le posant sur son lit. Il appela McCoy et jeta un coup d’œil à son Capitaine, tressaillant intérieurement à la vue des bleus couvrant le visage de celui-ci. Le pire d’entre eux était le coup au nez – le premier que Spock avait lancé. Plus que tout, il avait peur de ce que McCoy allait lui faire après ça.

 

« Jim, j’ai de la paperasse à finir, donc si tu veux bien m’excuser, » mentit Spock.

 

Jim ricana. « Oui, sors d’ici avant que McCoy n’arrive. Promis, je ne te dénoncerai pas. »

 

« Merci » répondit simplement Spock.

 

« Merci à toi, Spock, pour ce soir. Je te suis vraiment reconnaissant. »

 

« Je t’en prie, Jim. »

 

Spock se retourna pour partir via leur salle de bain commune. Il était sur le pas de la porte lorsque Jim l’appela à nouveau.

 

« Spock ? »

 

« Oui ? » demanda-t-il.

 

« Est-ce que tu peux garder ça secret ? »

 

« Puis-je demander pourquoi ? »

 

« Juste…Je ne veux pas que ça se sache. »

 

« Très bien. »

 

Jim sourit. « La perte de vue et tout, ça te rend tellement plus complaisant, n’est ce pas ? »

 

Les yeux de Spock s’adoucirent. « Je ne peut ni affirmer, ni contester cela. »

 

« Même heure demain ? »

 

« Bien sûr, Jim. Je te verrai demain. »

 

On frappa à la porte et en un éclair, Spock était parti, laissant Jim à ses rires et ses bleus.

 

C’est ainsi que McCoy le trouva et bien qu’il l’ait réprimandé pour son imprudence pendant la totalité du traitement, Jim pouvait entendre son ton heureux dans ses mots. Bones était évidemment content de voir son ami de meilleure humeur.

 

 « Donc, qu’est ce qui s’est passé déjà, Jim ? »

 

« Je me suis cogné à une table. »

 

McCoy soupira. « C’est ça, et je suis une jolie petite fée. »

 

Jim sourit encore plus. « C’est mon histoire et je m’y colle. »

 

« Très bien, ne me dit rien. Juste ne le fait plus, où je te laisserai souffrir comme tu le mérites. »

 

« Tu es trop gentil pour faire réellement faire ça, Bones, et tu le sais. »

 

« Oui, oui. »Bones s’approcha et ébouriffa les cheveux de Jim avec sa main fonctionnelle (l’autre était toujours paralysée, tout comme les yeux de Jim). « Dors un peu, d’accord ? Il est tard. Tu as besoin d’un sédatif ? »

 

Jim y pensa et finit par secouer sa tête. « Je pense que ça ira. »

 

« Très bien, à demain, Jim. »

 

« À plus tard, Bones. »

 

Bones partit sans un autre mot. Jim attendit que la porte se referme avant de bouger à nouveau.

 

Il était temps de passer à la deuxième étape.

 

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Avec plus de détermination, Jim ouvrit la porte. Il sentit un courant d’air légèrement plus froid que dans sa chambre, et sortit. Même après que sa porte se soit fermée, il resta immobile, écoutant attentivement.

 

Quelques voix se rapprochaient – toutes deux féminines. Elles n’étaient probablement pas très bâties – leurs pas n’étaient pas lourds – et semblaient plus petites que Jim – leur voix provenait de quelque centimètres en-dessous de la taille de Kirk. Il n’était pas familier avec le son de leur voix et devina qu’elles étaient probablement sous-officiers.

 

Que son hypothèse soit juste ou pas, Jim si figea lorsqu’il réalisa qu’elles se rapprochaient rapidement. Inconsciemment, il ouvrit les yeux, essayant d’avoir l’air le plus normal possible. Il n’avait aucune idée de comment elles allaient réagir ou pire, comment il allait réagir.

 

Malgré avoir rassemblé sa confiance et son courage, c’était différent que d’être en compagnie de Spock et Bones – des personnes qu’il connaissait et à qui il faisait pleinement confiance. Il pouvait déjà sentir chacun de ses poils se hérisser, ses muscles se tendre. Sans sa vue, il était plus que jamais sur ses gardes – près à combattre et à se défendre si nécessaire.

 

« Capitaine Kirk ? » entendit-il lorsque l’une des filles l’appela. (Jeune, lui communiqua son cerveau. Probablement dans la vingtaine, tout comme lui). Elle semblait confuse et inquiète à la fois.

 

Immédiatement, Jim sentit son corps se raidir encore plus – ce genre de ton le mettait toujours sur la défensive. Il resta silencieux, mais ça ne dura pas longtemps. La fille recommençait déjà à parler.

 

« Capitaine, où allez-vous ? » demanda-t-elle. Cette fois, son ton était totalement différent – comme si elle parlait à un proche ami. Il n’y avait aucune trace de pitié, d’inquiétude ou de peur. C’était léger et chaleureux.

 

« Euh…En Ingénierie… » Pris par surprise, Jim répondit honnêtement sans vraiment y penser. Il aurait dû inventer quelque chose – elles n’allaient certainement pas le laisser aller dans un endroit aussi dangereux pour lui. Il était prêt à ce qu’elle conteste et l’emmène chez McCoy. Son corps semblait rétrécir, le rendant plus petit, comme un enfant sur le point de se faire gronder.

 

« Oh ! C’est justement là-bas que nous nous dirigions. Voudriez-vous nous accompagner, Capitaine ? »

 

Les yeux de Jim rétrécirent alors qu’il tentait de détecter la moindre fausse note dans ses mots, mais tout ce qu’il pu entendre fut une sincère curiosité et de l’espoir.

 

« Allez, Capitaine, » supplia l’autre fille (par sa voix, elle semblait avoir le même âge que son amie. Peut être plus.), « Je vous promet que vous ne le regretterez pas. N’est-ce pas, Pénélope ? »

 

Elle flirtait avec lui ? Jim était perplexe. Qu’est ce qui était en train de se passer ? Mais si elle flirtait vraiment avec lui, il était plus à l’aise pour répondre de la même façon. Après tout, être charmant était sa seconde nature. Il le savait aussi bien qu’il respirait.

 

Il sourit aux deux filles. « Pourquoi pas, ce serait mon plus grand plaisir, » répondit-il avec un léger accent du sud.

 

Elles se mirent à rire. « Vous imitez Dr. McCoy maintenant ? » dit la première fille, Pénélope, en riant.

 

« Ne lui dite pas, » répondit Jim.

 

« Eh bien, Capitaine, » dit le deuxième fille, « Passez devant. »

 

À ça, Jim hésita. Il savait qu’il était supposé tourner à gauche, mais il n’avait aucun idée sur comment aller en Ingénierie sans sa vue.

 

L’une des filles – Jim voulu penser que c’était Pénélope – attrapa son bras droit et commença à le conduire dans le couloir, discutant bruyamment. Immédiatement, dans un recoin de son cerveau, il se remit à compter ses pas. Le chemin vers la plateforme d’observation était à l’opposé de sa destination actuelle.

 

« Donc, Capitaine, Charlène et moi parlions de notre temps à l’académie, » (c’était bien Pénélope) dit-elle, pleine de vivacité, « Vous étiez toujours au centre de l’attention. Était-ce vous qui aviez prouvé au Professeur Lee que sa théorie mathématique sur la physique théorique avancée était fausse ? Celle sur le trou de verre de Schwarzschild ? »

 

« Vous êtes au courant de ça ? Je pensais que le professeur Lee était déterminé à enterrer cette affaire sous un amas de bureaucratie. »

 

Charlène parla (elle était à sa gauche). « Bien sûr que nous sommes au courant. Nous sommes sous les ordres du lieutenant Scott – et à chaque fois qu’il en a l’occasion, il en parle. »

 

Jim ricana. « Ça ne me surprend pas. Scotty n’aime pas beaucoup Lee. »

 

Les pas des filles ralentirent. Jim les imita inconsciemment, il sentit un minuscule tiraillement sur son bras droit. Son cerveau compris instantanément qu’ils tournaient à droite.

 

« Participiez-vous seulement au cours de Physique Théorique Avancée ? » demanda Pénélope.

 

« Euh…non. Je m’ennuyais et avais décidé de m’asseoir pour voir de quoi ça avait l’air. Lee donnais cours ce jour là et parlait de sa théorie sur les trous de verre. On a fini par se retrouver dans un immense débat sur si, oui ou non, les trous de verres pouvaient être traversés dans les deux directions. »

 

L’admiration et l’intérêt se reflétaient dans leur voix, maintenant. « Est-ce possible ? »

 

« Oui, mais seulement s’il est stabilisé par une matière exotique à densité énergétique négative. Où si tu as de la matière rouge sous la main, mais je ne sais pas ce qu’il est advenu de cette chose après l’affaire Nero. »

 

Le rythme ralentit à nouveau, cette fois jusqu’à un arrêt complet. Il entendit Charlène à sa gauche se rapprocher et appuyer sur le bouton du turbolift.

 

Les portes s’ouvrirent et Jim entra sans avoir une chance d’y réfléchir. Charlène entra à son tour et il sentit l’ascenseur descendre.

 

« Savez-vous pourquoi le Lieutenant Commandent Scott n’apprécie pas Lee ? » demanda Pénélope.

 

« Je ne suis pas sûr à cent pour cent, mais je crois que c’était Lee qui avait convaincu Scotty d’expérimenter sur le beagle d’Archer. La suite, je suis sûr que vous la connaissez. »

 

Alors qu’ils parlaient, le turbolift atteignit l’étage de l’Ingénierie. Les portes s’ouvrirent et soudainement, Jim n’était plus sûr de rien. Il y allait certainement avoir plus de monde ici – il était presque sûr que la section gamma serait bientôt là, généralement lorsque les Ingénieurs sortaient. Scotty et ses hommes avaient toujours d’étranges horaires.

 

Même avec ses yeux grands ouverts, il était certain que tout le monde allait être capable de lire l’hésitation dans ses pas et ses mouvements. Il était impossible pour Jim de cacher le fait qu’il était aveugle.

 

Charlène contourna Jim pour lui faire face (il pouvait l’entendre par le location du son de sa voix), Doucement, elle toucha la joue de Jim.

 

« Capitaine, Tout va bien se passer. Vous aller voir. Vous êtes notre Capitaine – cela ne changera jamais. Jamais. » dit-elle gentiment. Ensuite, sa voix devint plus forte et avait une pointe d’amusement. « Je pense que le Lieutenant Commandent Scott a de nouveaux jouets pour vous. »

 

Bien que les bavardages et les cliquetis (certains provenant de la machinerie, reconnu Jim) ne changèrent ni en volume ni en ton, il était certain que Charlène avait fait cette scène à leur arrivée afin que l’équipage sache et puisse garder un œil sur lui. Il ne savait pas s’il était mortifié ou extrêmement touché par leur attention envers lui.

 

Un léger sourire apparu sur le visage de Jim et il suivit volontiers Charlène, laissant ses pas et le bras de Pénélope le guider, mais c’était aussi l’Ingénierie. Il connaissait cet endroit aussi bien que sa propre chambre. Il se sentit plus sûr de lui – pas autant que lorsqu’il avait sa vue – mais c’était déjà plus qu’au début de ce fiasco. Et cela fit déjà une énorme différence.

 

« Jim ! » il entendit Scotty l’appeler.

 

« Hey salut, Scotty, » sourit Jim. Les pas de Scotty se firent de plus en plus proche jusqu’à ce qu’il sente la main rugueuse de celui-ci sur son bras.

 

« Comment ça s’passe, Jim ? » Scotty se tourna vers les deux filles. « Pénélope, Charlène, qu’est c’que vous faites ? N’avez-vous pas du travail ? » Il n’y avait absolument aucune colère dans ses mots – seulement de la chaleur et de la gratitude. « Sortez d’ici. Et merci, les filles, d’avoir attraper notre Cap’tain pour moi. »

 

« Oui, merci beaucoup, Pénélope, Charlène. Je vous suis très reconnaissant. »

 

« Non, merci à vous, Capitaine, » répondit Pénélope, s’approchant pour embrasser Jim légèrement sur la joue. Il sentit Charlène faire de même. Et ensuite il les entendit partir – vers l’Ingénierie centrale.

 

Scotty ricana, tapotant Jim sur le bras. « Toujours aussi beau parleur, hein ? »

 

« Hey, je n’y peux rien ! » plaisanta Jim.

 

« Qu’est c’que tu fais là de toute façon Jim ? » demanda Scotty, guidant Jim subtilement par le bras plus profondément en Ingénierie.

 

« J’allais te demander de me faire des jouets, mais Charlène et Pénélope m’ont dit que tu m’en avais déjà préparés ? »

 

« C’est c’que j’ai fait. Laisse moi t’montrer. »

 

« Et c’est pour ça que tu es mon préféré, Scotty. » Jim fit une pause. « Donc, tu peux me dire pourquoi personne ne remarque l’évident ? Ces filles ont vraiment tout fait que tout ait l’air normal. »

 

« Ça c’est l’amour de ton équipage pour toi, Jim. Quand ils ont appris c’qui était arrivé, ils ont juste tous décidé de t’laisser faire comme si rien n’avait changé. »

 

Jim était honnêtement déconcerté. « Pourquoi ? »

 

« Parce qu’ils savent tous à quel point ça va être difficile pour toi jusqu’à c’que tu récupères la vue, et ça n’t’aidera pas si on s’mets à marcher sur des œufs. » Scotty poussa Jim dans une chaise. « En plus, te connaissant, tu vas probablement trouver un moyen pour changer ça en un avantage, n’est c’pas ? »

 

Jim sorti un petit sourire dans la direction générale de Scotty (Il était difficile de connaître sa location exacte vu les nombreux sons et bruits en Ingénierie qui faisaient un peu résonner la voix de Scotty). « Je travaille dessus. Qu’est ce que tu as pour moi ? »

 

Jim sentit Scotty mettre doucement quelque chose de petit dans son oreille. « Ça fonctionne un peu comme les échos – ça scannera le chemin en face de toi en utilisant des ondes sonores et bipera si t’es sur le point d’rentrer dans quelque chose. Tu veux tester ? »

 

Jim secoua la tête, il était sûr d’être désorienté en Ingénierie – il y avait trop de choses partout, « Nan, je te fais confiance. C’est voyant ? »

 

« Seulement si tu tournes ta tête. »

 

« Merci, Scotty. »

 

« Remercie Chekov aussi. Il a aidé pour le design. » Il y eu un autre son alors que Scotty apportait quelque chose d’autre.

 

Jim grimaça, réalisant ce que c’était. « Si c’est une canne, tu peux la garder. Même si c’est hors du pont. »

 

« McCoy nous a dit que t’aurais besoin d’un truc comme ça, » protesta Scotty. « Et y’a des bons trucs dedans. »

 

Debout, Jim s’approcha (un peu maladroit) et tapota Scotty sur l’épaule. « Merci, mais non merci Scotty. Je suis bien avec cette oreillette. »

 

« T’es sûr ? »

 

Jim n’avait pas besoin de voir pour savoir que Scotty fronçait les sourcils. Il lui fit un sourire rassurant. « Oui, l’oreillette est super. Merci. »

 

« Je t’en pris, Jim. »

 

« Je devrai rentrer à ma chambre maintenant, » dit Jim.

 

« T’as besoin d’quelqu’un pour t’ramener ? »

 

« Je pense que ça va aller, Scotty, » répondit Jim avec un léger sourire.

 

Sa formulation avait un double sens, et Scotty compris rapidement, mais il avait tout de même besoin d’être certain.

 

Scotty le scruta un peu plus. « T’es sûr ? »

 

Il n’y avait aucune hésitation dans la voix de Jim maintenant. La détermination et l’assurance étaient évidentes sur son expression calme. Jim sourit. « Oui, vraiment. Ça va aller. Promis. »

 

Et il le croyait vraiment.

 

C’était jusqu’à ce que Bones fiche tout en l’air.

 

Car c’est là que tout s’effondra.

 

 

À suivre…

 

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Faites moi savoir si la suite vous intéresse ! Les critiques sont bienvenues !

 

 

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