là où personne n'est jamais allé
Chapitre 1 : nouvelle aventure
16393 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a environ 4 ans
L'effet lumineux cessa et les trois hommes s'immobilisèrent, l'arme à la main.
« Rangez vos armes, messieurs, nous allons la jouer discrétion. On ne sait rien, potentiellement, du comité d'accueil. Pas de pancartes, pas de fléchage ».
« Ok capitaine », deux voix se firent entendre et les pistolets furent baissés, rangés dans les étuis que chacun des trois hommes portaient à la taille. Aussitôt les réflexes des trois hommes les firent se mettre en action : observation intense et minutieuse, prise d'informations, enregistrements divers et variés. Repérage d'éventuelles traces de vies humaines, signaux sonores, débris quelconques, radiations possibles. Les appareils tournaient à plein régime, s'agitaient en tout sens, on entendait sans cesse les bip des enregistreurs qui fixaient sur les bandes tout le panel sonore des environs.
« Où sommes-nous, Mr Spock ? »
« Capitaine, nous sommes dans une espèce de hangar ou de cave. Mes capteurs ne révèlent rien, ni de bon, ni de dangereux. On est dans un supposé calme». Une pseudo lumière semblait traverser les lattes du plancher au-dessus de leur tête et sur les murs latéraux.
«Et je n'entends rien, je ne relève rien non plus, Scotty et le lieutenant Uhura ont bien fait mention d'un appel de détresse » répondit le capitaine, dubitatif.
« Il va peut-être falloir cesser de nous précipiter au moindre appel de détresse, vous ne croyez pas , Jim ? »
Bones venait de faire part de son sentiment à cet instant, partagé entre son souci de donner de sa personne et de se mettre à l'abri des embrouilles. Il avait tellement pris cher par le passé que cela l'avait rendu méfiant et un peu râleur ; peu enclin à foncer la tête première.
« Chat échaudé craindrait l'eau froide, Prof ? » ironisa le capitaine, ce qui interpella le troisième larron, celui aux oreilles pointues.
« je ne vois ni chat ni eau, ici », annonça-t-il calmement.
« C'est peut-être parce qu'il n'y en a pas un seul, de chat , ici » s'entendirent-ils répondre. Les trois se regardèrent, stupéfaits :
« QUI EST LA ? QUI A PARLE ? », interrogea le capitaine, d'une voix qu'il voulait assurément ferme.
Il n'obtint nulle autre réponse qu'un sifflement strident qui leur fit mettre les mains sur les oreilles, ce truc était en train de leur vriller les tympans. Seul le Vulcain restait impassible, regardant ses deux compagnons courbés en deux, grimaçant et gémissant. Il allait ouvrir la bouche mais se rendit compte que ce n'était pas le moment de digresser sur l'origine de la perturbation, il devait mettre ses amis à l'abri. Il n'avait pas de tampon, de coton, et encore moins de casques à distorsion acoustique, il ne lui restait plus qu'une solution. Pas la plus appréciable, mais l'urgence commandait. Il allait, pour la première fois, opérer doublement. Il se savait plus performant de la main droite mais la gauche allait devoir être à la hauteur.
« Venez Capitaine, Docteur ».
Il venait de se placer entre eux deux, sans éveiller le moindre soupçon. Inhabituel chez lui, ce geste qu'il fit, devait cacher son intention. Il leva les deux bras pour les passer au-dessus de ses deux compagnons pour les emmener loin de la source sonore et précisément, d'un geste bref et intense, il les immobilisa. Une double prise Vulcaine simultanée, au ralenti ils furent attirés par le sol et s'immobilisèrent en position fœtale contre les bottes noires du Vulcain. Il savait que l'effet serait de courte durée, il les avait juste rendus inconscients, afin de protéger les oreilles de ses acolytes. Il sortit son phaser, le régla sur la fonction «protection» et l'activa en un geste circulaire autour des deux, créant une bulle insonorisée, ce qui les tiendrait à l'écart au cas où la source sonore persisterait. Il comptait bien découvrir d'où elle venait. Il n'avait pas eu le temps de le dire à Mccoy et au capitaine, c'était des Larsen qui avait surgi et qui continuaient de déchirer le silence par intermittences irrégulières, rendant impossible une quelconque saisie d'une fréquence ou une mesure de décibels.
« Non, mais je rêve, qu'on me pince, là tou…. AIIIIIIIIIIIIIIE, » se fit-il interrompre en prenant conscience que le muscle de son bras lui faisait mal.
« désolé Prof, mais c'est vous qui l'avez demandé ! » lança le capitaine, un peu moqueur, mais tout aussi bluffé que l'était son voisin. Il leur avait déjà fallu émerger de leur torpeur, ils étaient bien incapables de dire ce qui avait bien pu se passer, ils avaient dû ensuite se sortir de ce champ magnétique, de cette bulle invisible contre laquelle ils avaient effectué une étrange chorégraphie, repoussant et poussant cette illusion. C'est le docteur qui l'avait désactivé en la perçant avec une des seringues qu'il avait dans son mini étui portatif. Ils regardèrent autour d'eux, la même grange, le même plancher poussiéreux au-travers duquel passait le même rayon de soleil qu'auparavant. Seuls, ils étaient seuls, Spock n'était pas là. Ils étaient sur leurs gardes, le phaser en position «neutralisation» dans la main, prêts à défendre chèrement leur peau. Le vrombissement avait cessé mais pas la douleur ; leur tête leur faisait mal. Ils se sentaient désorientés, comme si le bruit, en meurtrissant leurs tympans, avaient fait basculer les cristaux de leur oreille et ils étaient chancelants.
« j'ai autant d'énergie qu'une cacahuète rassie », protestait Bones, en essayant de garder son équilibre. « peut-être devrions-nous reculer contre ce mur, au moins on tiendrait debout ».
« acculés pour acculés, autant que ça nous serve, c'est ça, Prof ? Peut-être avez-vous quand même assez d'énergie pour nous dire ce qui nous est arrivé», demanda le capitaine, un peu exaspéré. Il passa nerveusement sa main dans ses cheveux, cherchant, creusant sa mémoire pour essayer de retrouver la chronologie des événements.
« trou noir complet, capitaine, impossible de me rappeler quoi que ce soit. Bon sang. Et où est Spock ? C'est déjà assez compliqué comme ça, mais en plus il a disparu. On a nos communica… »
Il resta bouche bée, ne finissant pas sa phrase, en voyant devant lui ce spectacle incongru.
« oh, wahoo », lâcha le capitaine, blême. Le plancher vermoulu s'écarta, lentement, en faisant tomber une pluie de poussière sur eux, mais pas un ne bougea, pétrifiés par ce à quoi ils assistaient. Le docteur laissa tomber le phaser, en relâchant les muscles de sa main. Devant eux, qui les surplombait, un rideau rouge était en train de s'ouvrir. Ils furent saisis d'étonnement, ils étaient toujours aussi seuls devant cette immense scène qui s'offrait à eux. Et sur cette scène, il y avait 150 hommes et femmes, musiciens, qui se mirent à produire la plus belle des mélodies jamais entendue à 1000 années lumière à la ronde. Une mélodie douce et puissance, charmeuse et apaisante. Bones et le Capitaine Kirk avaient oublié leur faiblesse et se tenaient là au milieu de cette ivresse harmonieuse. Ils buvaient à la source de cet enchantement, lapant chaque note comme un antidote à leur mal-être, oubliant les pourquoi et les comment, se laissant pénétrer par chaque sonorité cuivrée et chaque envolée de cordes. Mais, soudain, ajoutant encore à leur sidération, si tant est que cela fut possible, ils virent surgir du centre de la scène, un petit promontoire circulaire, s'élever lentement. Sur ce promontoire, un soliste inattendu : Spock qui grattait les cordes de son luth stellaire, faisant monter dans les airs une mélodie tellement irréelle que le Capitaine avait l'impression que ses pieds allaient quitter le sol. Bones, à côté, était médusé, muet, saisi, réduit au silence, incapable de dire un seul mot. Il écoutait. Et là, se produisait en même temps quelque chose d'incroyable, la douleur dans sa tête s'était évanouie. Il avait toute la technologie de son temps, réduite et immédiatement efficace, son tricordeur pouvait tout analyser, tout guérir, enfin presque tout, car à y repenser, il n'avait pas pu... , il n'avait rien pu faire. Oui c'était exact, son protoplaseur stoppait les hémorragies et les épanchements, mais il n'avait su supprimer cette incessante douleur dans son oreille. Et quelques notes sur un instrument improbable avait eu ce pouvoir là ? Non, Léonard Mccoy n'était pas homme à se laisser bercer par ce genre de frivolités ? Et pourtant, le calme était revenu sous son crâne. Et ça, il devait bien l'admettre. C'était logique. Ah non, voilà maintenant qu'il se mettait à paraphraser le gobelin au sang vert.
***« comment on résiste à ça, Bones ? » Le médecin fit un signe de la tête, indiquant à son supérieur qu'il n'y avait pas de réponse positive à cette question. Les yeux du médecin oscillaient entre mélancolie et incrédulité doucereuse. Le capitaine Kirk, chaviré par ses propres remontées émotionnelles, doucement laissait lui aussi venir à lui les sensations et les souvenirs. Ils lui brûlèrent les yeux, ils étaient couleur de cendre, ils avaient la saveur des matins gris et tristes, ils avaient le parfum d'une femme seule qui avait essayé de le faire avancer droit sur le chemin de la vie. L'ombre au-dessus de lui était immense, si vaste, le poids d'un nom était si lourd sur ses épaules. Comment être Jim quand Georges avait été tellement autre chose que Georges ? Il était né le jour où son père avait été arraché à la vie. Il était le fils de l'amour, il le savait, mais il était surtout le fils d'un héros qui avait donné sa vie pour sauver son équipage.
Tandis qu'il relevait lentement la tête, il saisit quelques larmes dans les yeux de son praticien. Ses mains s'étaient mises à trembler, des mains de chirurgien qui n'avaient jamais tremblé auparavant. Devant lui flottait l'image d'une petite chimère, sa fille, toute fragile comme une étincelle. On lui avait déposé dans les bras un petit nid d'ange et il l'avait délicatement soulevée. Il l'avait tenue dans ses bras, il l'avait aimée immédiatement, à l'instant où il avait posé ses yeux sur elle, qu'il avait effleuré sa petite joue. Il avait juste prononcé ces mots « oh mon dieu, elle est si belle ». Oui, leur beauté endormie était tellement belle, si paisible dans son silence, si immobile, dénuée de tressautements ; ils n'avaient cessé pendant de très longues secondes de lui toucher la joue, les doigts, de lui caresser les cheveux, de s'imprégner de la douceur de ses traits. Une empreinte de son petit pied, une empreinte encrée de sa petite main, une mèche de cheveux, et beaucoup de portraits en noir et blanc pour fixer son petit minois. Si peu de temps à l'avoir eu dans les bras, avant de se séparer d'elle, sans pouvoir rentrer à la maison avec elle, sans pouvoir la présenter à sa grande sœur, sans pouvoir l'amener ailleurs que dans son berceau de terre, mais garder d'elle tant de choses.
***Bones poussa un long soupir en entendant le silence autour de lui. La musique s'était éteinte, les instruments s'étaient tus et le rideau s'était lentement refermé. Mais ce silence qui suivit était encore de la musique, il tourna lentement, très lentement la tête, respirant profondément. Il était hors du temps, emmêlé dans un tourbillon de sensations, ne sachant pas comment, n'osant pas dire un mot. A cet instant précis, il se sentait aussi démantibulé, émotionnellement parlant, que lorsqu'il avait été ramené à bord du vaisseau, la première fois où la bestiole à dispersion d'atomes avait fait son œuvre sur lui. Désorienté, propulsé hors de son ressenti en une fraction de seconde. Pour sûr, l'atterrissage était quelque peu violent. A ses côtés, le capitaine tentait, lui aussi, de recouvrer ses esprits, de se refaire une contenance. Il fut aidé par le bip-bip d'un de leurs appareils. Restait juste à le localiser celui-là.
« capitaine, j'ai le mien » ajouta Bones, en se retournant vers la source sonore.
« Et le mien est dans ma poche. Ce qui fait que c'est celui de Spock qui sonne » conclut le capitaine avec un petit sourire.
« Répondez. Enterprise à Capitaine Kirk, répondez. Où êtes-vous, RÉPONDEZ », scandait la voix métallique dans l'appareil. Voix déformée par les distorsions spatio-temporelles.
«Oui, oh, ça va. On vous cherche, minute papillon » grommela Bones en repoussant quelques encombrants sur son passage, se dirigeant au bruit. « c'est ça, continuez de biper, on arrive ». Le capitaine, juste derrière lui, bifurqua soudainement vers la droite et se trouva nez à nez avec son premier officier en charge du commandement scientifique du vaisseau. Ce dernier était là, debout, comme si de rien n'était, impassible. Sans dire un mot, il avança vers un recoin de la grange, localisa son communicateur près d'une bâche, le ramassa et repoussa le rectangle grillagé doré qui protégeait les boutons.
« Spock à Enterprise, Communication établie, parlez ». Le capitaine Kirk et Bones allaient ouvrir la bouche quand Spock leva la main, leur faisant signe de ne pas poursuivre.
« Spock, ici ingénieur Scott, commandant suppléant. Enfin nous vous tenons. C'est quoi ce fourbi ? Ça fait des heures qu'on essaie de vous joindre, on a perdu la liaison quand on vous a téléporté. Qu'avez-vous trouvé ? Où êtes-vous ? Quelle menace pèse sur la population? Et Y en a-t-il ? Nos relevés ne donnent rien, juste une position vers laquelle on vous a téléportés. »
« Illogique, Commandant suppléant. Il est légitime pour vous de vouloir des réponses, alors cessez de poser des questions, ou laissez-moi le temps d'y répondre. » Bones se sentit tout autant visé, c'était évident qu'il aurait eu, lieu aussi, posé quelques dix milliards de questions.
« Nous avons été séparés et avons perdu la notion du temps. Nous allons effectuer une ronde d'observation et nous vous recontacterons. Spock. Terminé » ajouta t-il calmement, avec tout le sang froid dont sa carcasse au sang vert était capable.
« Si ça ce n'est pas une ellipse taille XXL, je ne m'appelle plus Bones » ironisa le médecin chef officier de l'Enterprise, tandis que le Capitaine commençait à faire une inspection des lieux.
« Pardon, docteur. Mais il n'est nullement question d'éclipse » s'interrogea Spock. Et le docteur vit se lever le sourcil gauche du Vulcain, seul signe de son étonnement.
« V'là autre chose. Vous étiez trop près de la sono, hein, c'est ça ? Vous voilà à demi-sourd. J'ai dit ELLIPSE.
***A bord de l'Enterprise. "Carnet de bord du capitaine, coefficient espace-temps 4807.7. Sommes remontés d'une mission de sauvetage suite à un appel de détresse reçu en salle de commande. Me suis téléporté avec Mr Spock et le docteur Mccoy. N'avons rencontré absolument personne. Sommes demeurés dans une vieille grange vermoulue et poussiéreuse. Avons subi des désagréments, le docteur et moi, avons assisté à un étrange spectacle auquel fut mêlé Mr Spock. Il est à cet instant, incapable d'expliquer ce qui s'est produit, il a juste la sensation d'avoir pris part à une expérience. Avons été réunis sans qu'il ne soit possible de fixer une quelconque notion de temps écoulé. Avons très peu de données relevées. Ah si, nous sommes revenus à bord de l'Enterprise avec quelque chose qui est en train d'être décontaminé et analysé ».
***Les lieutenants Sulu, Uhura et l'enseigne Tchekov étaient sur la passerelle. Tchekov avait les manettes de commandement, étant donné que Scotty avait quitté le pont afin de faire quelques ajustements en salle des machines, pour, ensuite, se rendre disponible pour le capitaine Kirk. C'est lui qui les avait téléporté lorsque le capitaine avait recontacté l'Enterprise après avoir fait les relevés nécessaires. Bones avait pensé pouvoir faire les tests sur lui-même et sur Jim, afin de s'assurer que leur audition n'avait pas été atteinte. Mais Bones, arguant que le docteur Sanchez était excellent légiste et qu'à ce titre, il n'était peut-être pas le mieux placé pour…, bref, Bones n'avait pas eu voix au chapitre et c'était le docteur Sanchez qui s'était chargé de l'examen médical.
Les deux officiers de Star Fleet étaient aptes à assumer leurs fonctions, ne souffrant d'aucune lésion auditive. Juste un très léger bourdonnement d'oreille et la sensation d'être un peu désorientés ; que ni l'un ni l'autre n'eurent envie d'expliquer, préférant garder pour eux ce flôt émotionnel qu'ils avaient connu.
En attendant que Scotty les rejoigne, les deux compères étaient rassemblés dans le quartier des officiers pour débriefer comme cela se faisait toujours après une mission de reconnaissance.
« Capitaine, croyez-vous que nous avons suffisamment matière à débriefer ? Car, après tout ; nous n'avons pas pu échanger le moindre mot avec un de leurs habitants et y en a-t-il seulement, à part cet orcheste philharmonique qui a détourné notre officier scientifique ! » ajouta le docteur.
« Oui Léonard, c'est un fait. Spock a sûrement tout un tas de choses à dire. Lui a été au contact. Et « détourné » n'est peut-être pas le mot qui convient. »
***Le capitaine avait fait stocker dans un caisson de décontamination l'amas tissulaire qu'ils avaient ramené de la planète. Un truc étrange qui devrait alors livrer tous ses secrets une fois que son contenu aurait été analysé et déclaré sans risques pour l'équipage. C'était Hikaru Sulu qui se chargeait des premières observations. Il avait tout de suite manifesté une intense curiosité à l'égard de l'agglomérat cellulaire. Mcoy avait émis le souhait de pouvoir le consulter ainsi que Miss Chapel. Tous deux étant d'éminents botanistes. Spock devait les rejoindre un peu plus tard, lui avait été retenu par le docteur M'Benga qui voulait également soumettre le Vulcain à un examen aussi complet que cela pourrait être possible de faire. Spock n'ayant, apparemment , pas vécu la même chose que ses deux compagnons, accepta la convocation. Soucieux d'en apprendre davantage sur l'anatomie et la psychologie Vulcaine, le docteur Mccoy voulait être présent. Etant le supérieur de M'Benga, il n'avait théoriquement pas lieu de demander la moindre autorisation et la question fut réglée lorsque Spock annonça qu'il ne voyait aucune raison d'empêcher le docteur d'assister à l'examen. Bones et M'Benga étaient très pointilleux sur le secret médical mais Mr Spock était dénué de tout ce qui s'apparentait de près ou de loin à une quelque gêne, que les humains auraient appelé pudeur ou susceptibilité.
***Spock tournait le dos à ces deux compagnons et s'affairait à insérer des plaques de différentes couleur dans le computer central, transférant ainsi les données capturées lors de leur mission de reconnaissance sur la planète mf542, ainsi qu'ils l'avaient baptisée.
« pouvez-vous, avant que nous commencions, nous expliquer ce que vous faisiez sur cette scène, avec ces musiciens, Mr Spock », demanda le capitaine Kirk.
Spock, sans se retourner, finissant de récupérer les dernières plaquettes, réagit à la demande de son supérieur:
« J'ai entendu cette perturbation sonore et…
« vous appelez ça une perturbation sonore ? Ça nous a ruiné les tympans » rétorqua Mccoy, d'un ton amer. Ce qui eut pour effet de faire se retourner Spock.
« Tympans, ça vous parle ? » ajouta le docteur, décidément prêt à en découdre.
« J'ai vu ça professeur, étant donné que je vous ai trouvé inconscients et que je n'ai pas eu d'autres alternatives que de créer artificiellement une protection anti décibel pour vous protéger.»
« C'était malin, Mr Spock, merci !» ajouta Kirk en glissant un regard vers Bones.
« Oui, merci. Ce qui m'amène à en déduire que vos super oreilles, en plus d'être pointues, produisent une substance qui vous isole de ce genre de « perturbations sonores, j'ai tout bon ? »
« exactement, docteur. Mais si par substance vous entendez cette espèce de pâte jaunâtre et collante que vous autres humains sécrétez dans vos conduits auditifs, je vous arrête tout de suite, j'en suis dépourvu », annonça Spock d'un ton neutre.
« évidemment, pas de ça chez un Vulcain, », maugréa Bones, en levant les yeux au plafond, provoquant un petit rire chez le capitaine « Donc je disais, j'ai fait la seule chose logique qui s'imposait. J'ai d'abord trouvé ce spectacle fascinant et vous connaissez ma nature curieuse, je me suis approché et j'ai analysé, posé quelques questions et j'ai tenté une expérience ; au demeurant fort édifiante, mais je ne peux pas en dire plus. »
« Croyez moi, Mr Spock , à l'instant où nous avons repris nos esprits et que nous avons vu ce rideau s'écarter ; les mots « expérience » et « édifiant » ne sont pas les premiers qui nous sont venus à l'esprit. Le sourcil noir du Vulcain se releva de quelques millimètres. Ce qui était la seule marque de réaction chez lui, si l'on acceptait parfois un léger, très léger, début de froncement de sourcils, à peine imperceptible.
Bones ne répondit rien ; il n'était pas encore certain de pouvoir aller sur le terrain des émotions avec le Vulcain. Certes beaucoup de choses avaient évolué, Bones avait fini par comprendre que les Vulcains, en tout cas que Mr Spock n'était pas dénoué d'émotions ou de sentiments, mais qu'il s'efforçait de garder le contrôle dessus. Ce qui, pour le praticien clinique, n'était absolument pas la même chose et c'était une donnée intéressante qu'il s'était promis de prendre en compte, y compris pour son propre compte. Exercer un contrôle sur ses émotions, c'était cette fameuse logique dont Spock était le maître incontesté, et Bones commençait à réaliser que c'était tout sauf une tare et qu'il serait bien inspiré de se pencher sur la question, allier logique et ressenti, c'était avoir deux boîtes à outils au lieu d'une.
La petite lampe au mur, sur le communicateur, se mit à clignoter, signalant qu'une communication était établie. Kirk se leva et appuya son index dessus :
« Kirk, parlez ! »
- Je suis à votre disposition, Capitaine. Dernières vérifications faites, je vous rejoins. Et au fait, le cycle de décontamination est terminé. Je vous apporte les premiers résultats.
- Très bien, Scotty. Nous vous attendons. Kirk. Terminé.
***Quelques minutes après, les capteurs de présence installés près du quartier des officiers crépitèrent et les deux doubles portes métalliques s'écartèrent dans un soufflement hydro-pneumatique pour laisser passer l'officier en rouge.
« Permission d'entrer, capitaine ?
« accordée ! », répondit Kirk. Scotty se dirigea vers sa gauche pour aller prendre place autour de la table ronde au centre duquel se trouvait un écran de contrôle. Scotty inséra dans la fente du lecteur la plaquette argentée qu'il avait ramenée du laboratoire. Le téléchargeur opérait, encore quelques secondes et le contenu des analyses s'afficha sur l'écran.
« alors de quoi s'agit-il ? » questionna Kirk. « qu'est-ce que cet amas tissulaire avait dans le ventre ? »
« sûrement rien qui vaille, sinon j'aurais pu le disséquer moi-même ! »
Le débrief dura un peu moins d'une heure. Scotty repassa la bande audio du message de détresse, Mr Spock fit s'afficher la mémoire du radar. Aucun vaisseau Klingon n'avait été signalé.
« Concernant cet orchestre, j'ai juste reçu un signal, comme un code interne, et leur chef m'a lancé un regard pour que je les rejoigne. Et c'est ce que j'ai fait », affirma le Vulcain, à ses deux compagnons qui oscillaient entre perplexité et incrédulité.
« Et ça vous a semblé logique que votre luth soit déjà là ? » demanda le capitaine, d'une voix neutre.
« Parfaitement Capitaine. J'ai supposé que ; non, en fait, j'étais incapable de supposer quoi que ce soit. Il était là, je l'ai pris et j'ai rejoins les autres sur scène ! », ajouta t-il, déconcertant encore un peu plus le capitaine et le docteur. Sur ce, Scotty les abandonna pour retourner en salle de machine et le Capitaine clôtura là le débriefing avant de laisser repartir les deux hommes. Spock se retourna soudain :
« Capitaine, Docteur, aussi logique que tout cela ait pu paraître à mes yeux, je reste convaincu que cela ne peut rester en l'état. C'était fascinant. Je ne saurai me contenter de ce constat et je compte bien mobiliser ce que j'ai de connaissances scientifiques pour tenter de comprendre ce phénomène. »
Le docteur Mccoy, doué d'un brillant esprit analytique, s'y entendait évidemment en matière de science et de neurologie, mais scientifiquement parlant, il ne pouvait pas tout expliquer, et surtout pas expliquer la présence de cet orchestre sur cette planète.
« Nous n'en doutons pas, Mr Spock, et je pense que c'est ce qu'il convient de faire. Nul ne sait ce qu'il en ressortira, mais on ne m'enlèvera pas de la tête que la logique et la raison ne seront pas suffisantes ! »
« Bon, messieurs, nous allons au devant de longs échanges et je suggère que nous allions mettre nos neurones au repos et profiter du silence de nos quartiers. Docteur, je ne sais pas vous, mais j'ai encore quelques sifflements fort désagréables. A plus tard, messieurs »
***Bones avait hérité de l'amas cellulaire qu'il n'avait pas disséqué. Ils en avaient déduit, suite à l'analyse du laboratoire, que cet amas était une masse cellulaire végétalisée. Bones l'emmena dans l'infirmerie pour la soumettre à d'autres tests. Le repos attendrait un peu. Il était seul dans son bureau. L'équipage de nuit avait pris la relève. Il y avait, en ce moment, davantage de médecine ambulatoire, c'est à dire qu'ils avaient un va-et-vient de patients éphémères, qui passaient à l'infirmerie pour des soins mineurs. Rien de grave et aucun traitement ne nécessitant d'immobiliser quelqu'un, ce qui sur un vaisseau de cette taille avec 420 personnes à bord, relevait du miracle.
Il ne pouvait, pour l'instant, pas se résoudre à faire des prélèvements, car le petit être vivant devant lui lançait des petits couinements plaintifs au moment où la pointe du scalpel voulait toucher une de ses feuilles. Aussitôt Mccoy, en proie à une perplexité quasi hors du commun retira l'engin et ne put s'empêcher de murmurer un vague mot d'encouragement et de réconfort, tout en faisant un petit pas de côté. Certes ce mini spécimen botanique était encore embryonnaire mais il n'oubliait pas que pareille créature avait, par deux fois, failli coûter cher à l'Enterprise et à son équipage. Spock avait été changé en amoureux transi après avoir été touché par des spores et il avait également été quasi mortellement touché par une décharge florale. Dangereuse la nature, parfois. De ce fait, il était engagé dans une curieuse observation, qui se transforma en un étrange tête à tête. Ce petit bourgeon était doué d'un certain sens du relationnel, s'il pouvait exprimer la chose ainsi. En clair, elle était en train de lui faire les yeux doux, ou plus exactement elle lui faisait les boutons doux. Chaque petit monticule rosé qui éclosant en de délicates pétales violettes lui adressait un petit signe tout mignon, Bones était en train de se faire conter fleurette par une fleur, et aussi étrange que ce puisse paraître, cela avait des côtés agréables, relaxants. Il approcha délicatement la main d'une des petites feuilles et la caressa, doucement.
« hey, bonjour toi ». Il grimaça du bout de nez, incrédule et perplexe, en voyant que. Non, ce n'était pas possible, mais si, le petit bout de plante en bourgeon venait de lui faire une risette. Il secoua la tête, étouffa un petit rire et recommença. Un petit «atchi» se fit entendre « à tes souhaits, mon cœur » ne put-il s'empêcher de murmurer en souriant, comme il avait pu le faire quand Joanna était petite et qu'il l'avait auprès de lui. Il se remémorait ces quelques instants où, blottie dans ses bras, elle dirigeait vers lui ses petits yeux bleus gourmands et si tendres. Il mit de côté ses bonnes résolutions de logique et de gestions d'émotions pour se laisser aller à ce joli moment de souvenirs et cet étrange communion sensorielle avec ce végétal tout mignon qui lui rappelait sa belle rose à lui, son eremurus Joanna, son lys des steppes, petite fleur étoilée qui aimait tant son papa soleil. Même s'il était éclipsé de sa vie, il savait qu'elle l'aimait. Elle lui disait une fois par mois, par le biais d'un écran viseur qu'il avait dans ses quartiers. Il avait obtenu que les connexions soient plus proches que le rythme d'une par trimestre qui, à l'époque, avait été concédée du bout des dents par son ex-femme. Il avait réussi à faire entendre sa voix pour réclamer un peu plus de temps de présence, et Joanna en avait été si ravie.
En éteignant la lumière de l'infirmerie, il ne put s'empêcher de secouer la tête en pensant à ce qu'il venait de faire. Il avait mis une petite veilleuse à côté de la petite plante et lui avait mis une collerette en tissu, au cas où. Heureusement que l'infirmerie était son univers et que personne n'y entrait sans son accord, car il se doutait bien qu'il aurait très certainement été mis en boîte pour pareil comportement. S'éloignant en direction de ses quartiers, il revint sur ses pas, déverrouilla le sas de l'infirmerie, entra et referma derrière lui. Il passerait la nuit ici. Oh ce n'était pas la première fois qu'on l'aurait trouvé sur son lit de fortune auprès d'un patient, mais c'était bien la première fois qu'il était auprès d'un tel patient.
***Le lendemain sur la passerelle. Kirk venait d'arriver dans la cabine de pilotage. L'équipage de nuit avait été relevé, les hommes qui avaient maintenu les commandes pendant huit heures avaient rejoint leurs quartiers, pour prendre du repos. C'était ainsi sur le vaisseau, par tranche de huit heures, les 420 membres d'équipage se relaient pour assurer les fonctions relatives à la maîtrise et à la trajectoire de l'Enterprise.
Christine Chapel qui allait rejoindre l'infirmerie pour prendre son service, s'arrêta net, surprise par la voix du médecin-chef. Un ton sec, ferme, très autoritaire, qu'elle n'avait que peu eu l'occasion d'entendre. Elle n'aurait pas dit jamais, car chaque personnel naviguant à bord de l'Enterprise avait déjà été témoin de ses humeurs bougonnes et de son ton un peu acerbe ou sarcastique. Disons que le docteur Mccoy n'étant pas homme à avoir besoin d'élever la voix pour obtenir ce qu'il demandait. En général un froncement de sourcils prononcé et une oeillade musclée suffisait, et dans son infirmerie, sa posture lui conférait suffisamment de poids pour commander et infléchir les quelques velléités rebelles.
«Oh, ça suffit. Dis donc, hey, j'ai dit, ça suffit. Aussi vrai que je m'appelle Mccoy, ne t'avise pas de recommencer sinon je vais me fâcher, et tu ne vas pas aimer la suite ! » Qui était cette mystérieuse petite ou très jeune personne que Mccoy était en train de gronder ? Là, comme ça, en première rotation de service, ce qui voulait dire, en langage terrien, qu'on était aux premières heures du jour. Quand elle avait quitté son service, la veille au soir, elle n'avait pas eu connaissance de l'arrivée d'un patient à l'infirmerie. Christine Chapel, sur la pointe des pieds, se faufila dans le couloir, incapable de déclencher l'ouverture de la porte. Non pas qu'elle avait peur ou qu'elle ne souhaitait pas se retrouver face au docteur, non c'était juste que les commandes d'ouvertures étaient désactivées et que son pass ne fonctionnait pas. Il lui restait à actionner la commande vocale à l'aide du boitier à droite de la porte. Sans résultat. Là, ça commençait à devenir inquiétant. Elle fit ce que le manuel de procédure dictait et monta directement à la passerelle. Sur le tableau de bord installé sur l'accoudoir du fauteuil, une petite ampoule bleue s'alluma, indiquant au capitaine Kirk que quelqu'un souhaitait lui parler en priver. Il se leva, fit signe à Spock de prendre les commandes et quitta la passerelle. Il se dirigea vers une des salles communes attenantes au poste de commandement. Il se présenta devant les portes qui s'ouvrirent lorsqu'il tapa le code sur le boîtier noir.« Miss Chapel, que puis-je faire pour vous ? » demanda-t-il en se dirigeant vers la jeune infirmière. Elle était vêtue d'une robe jaune, légère, vaporeuse.
« Vous n'êtes pas en tenue, seriez-vous souffrante ?» Elle fit non de la tête et s'approcha du capitaine, lui tendit un mug fumant. Des volutes de fumée s'élevèrent dans la pièce, dessinant un visage déformé par la fureur. Cela se produisait parfois avec les boissons chaudes à bord de l'Enterprise. Il suffisait de souffler dessus pour que la vision se dissipe, c'est ce que fit Kirk.
« Capitaine, j'allais prendre mon service quand j'ai entendu le docteur Mccoy. Il …, enfin, il n'était pas seul dans l'infirmerie. Je n'ai pas pu entrer, les commandes de portes sont verrouillées et le déblocage par imprégnation vocale est inopérant. Et je n'ai même pas pu utiliser mon communicateur.
« Votre communicateur, hs, vous dites, donnez-le moi ? » Kirk prit dans ses mains l'appareil et l'examina. Un demi-tour à droite, un quart de tour à gauche avec le deuxième bouton et un petit sifflement sonore retentit.
« Tout va bien de ce côté là. Rien d'anormal !» dit-il en lui rendant le petit boitier doré.
« Autre chose, capitaine. Il… et nous n'avons pas de patients, à ce que je sache, et il, euh, comment dire, il parlait d'une voix étrange, une voix dure, sèche. Soit il parlait tout seul, soit il était en train de passer un savon à quelqu'un, quelqu'un qui n'a manifestement pas l'âge pour être à bord de l'Enterprise et qui a fait quelque chose qui a mis notre docteur en rogne.
« Le docteur Mccoy, fâché ? Ça m'étonnerait. C'n'est pas du tout son genre » ajouta t-il taquin. Tout le monde à bord savait qu'il était bougon, râleur et un peu «potage à la crème » disait Scotty, pour ne pas dire « soupe au lait ».
« Nous allons en avoir le cœur net, Miss Chapel, venez ! »
Kirk l'entraîna vers l'infirmerie, non sans avoir, avant, prévenu la passerelle, que Spock gardait le commandement jusqu'à son retour. Il avait à faire à la clinique « et pour votre gouverne, je vais bien », tant il était de notoriété publique que le capitaine Kirk avait une grande allergie pour tout ce qui touchait de près ou de loin cet endroit du vaisseau. Et qu'il y descendait tout le temps avec plaisir pour parler avec Mccoy mais jamais pour son check-up trimestriel et encore moins pour se faire soigner. En règle général, le traitement finissait par arriver jusqu'à Kirk, après que Mccoy se soit livré à une petite course poursuite derrière le capitaine pour limite, le flécher à distance.
***Kirk et l'infirmière Chapel se glissèrent dans un des turbolifts qui jouxtaient la salle des commandes et descendirent au pont 7. Tandis qu'ils se trouvaient encore dans la capsule qui filait à grande vitesse vers le centre de la coque, une petite ampoule bleue, clignota. Kirk poussa le petit bouton pour entendre le message :
«-MIERE, où êtes-vous ? »
Le capitaine Kirk bascula en mode réponse :
« Bones, c'est moi Jim. C'est Christine que vous cherchez ? Elle est avec moi, nous sommes en route pour l'infirmerie. Kirk terminé ».
Il se tourna vers la jeune femme et remarqua son visage sur lequel se reflétait une grande perplexité.
Avait-il vraiment avec un patient ?
« Il sait que même dans mes quartiers, je peux revenir lui donner un coup de main. Et en règle générale, quand je me réveille, j'ai les transmissions qui s'affichent sur mon transcodeur et je suis tenue au courant de ce qui s'est passé pendant mon temps de repos. Il risque de me reprocher de ne pas être ponctuelle mais… La porte bloquée et les commandes vocales désactivées. Il y a faisceau d'étrangetés, quand même, et je ne voudrais pas… Ne pourrait-on pas lui apporter « le petit verre de la paix » glissa t-elle au capitaine qui, amusé par le ton mi inquiet, mi taquin de la jeune infirmière, tapota le bout de son nez et lui posa la main sur le poignet, en un geste d'apaisement :
«Cessez de vous tourmentez, Christine. Il n'est pas en colère après vous. Au ton de sa voix, j'aurais dit qu'il était inquiet de ne pas vous voir. Nous allons maintenant savoir ce qu'il en est. Et il va nous expliquer pourquoi les commandes d'ouverture étaient bloquées. Pas de petit verre de la paix, vous lui offrirez votre plus beau sourire, celui qui fait pétiller vos yeux, et il va s'adoucir, notre cher docteur grincheux. « ça reste entre nous, d'accord ? » gronda t-il gentiment.
« Que mes yeux pétillent ou que notre cher docteur est grincheux » ajouta-t-elle avec une lueur malicieuse dans les yeux. Au moins, le capitaine avait réussi à faire avorter le nœud qui commençait à se faire dans son estomac et à dérider son visage un tantinet tendu.
***Ils quittèrent le turbo lift et marchèrent dans les coursives d'un pas alerte pour rejoindre le médecin chef officier, seul maître à bord dans son infirmerie. Kirk actionna le levier qui commandait les portes hermétiquement closes de la clinique et ils se trouvèrent dans la vaste pièce blanche stérile qui, selon Mccoy, était l'endroit le plus sûr du vaisseau.
« ah vous voilà, Miss Chapel. Venez, je dois vous montrer quel…. »
« laissez-moi me mettre en tenue et je suis à v…, pardonnez-moi, je vous rejoins », ajouta-t-elle. Bones préféra se taire, alors qu'il venait de capter le regard que la jeune femme avait échangé avec le capitaine. Elle laissa les deux hommes et se hâta de passer par le vestiaire pour passer la tenue réglementaire. De la même couleur que celle qu'elle portait, mais d'un bleu « débarrassé » de toutes impuretés qu'elle n'aurait pas manqué de rapporter des coursives.
***un peu plus tard
« Devrais-je être au courant de quelque chose, qui concernerait le rythme cardiaque "chamadé" de deux personnes à qui je porte un grand intérêt ? » demanda Bones, soudainement détendu.
« pas que je sache, Léonard. Mais mettons carte sur table, si vous voulez bien. Christine a demandé à me parler et c'est la raison pour laquelle elle a été en retard pour prendre son service et... » Le bruit des bottes de la dite intéressée se fit entendre et elle coupa la phrase de son supérieur.
-Merci Capitaine, je vais poursuivre…. Voilà, quand je suis arrivée, je n'ai pas pu deverrouiller le sas, les commandes vocales ne fonctionnaient pas et je vous… »
Bones découvrit ainsi qu'elle l'avait entendu enguirlander quelqu'un sur un ton très sec, c'était maintenant à lui de remplir les blancs et de donner les explications. Mais au moment où il allait ouvrir la bouche, une forte secousse ébranla la pièce, le vaisseau et les trois furent précipités au sol, ils eurent juste le temps de se recroqueviller en boule dans un coin de la pièce, incrédules et attendant la suite. Les alarmes retentirent autour d'eux, le phare rouge rectangulaire au-dessus d'eux se mit à clignoter fortement. Un deuxième choc survint, qui secoua encore la pièce. Le capitaine ne revint à lui qu'après quelques minutes, en ayant voulu protéger Christine, il avait heurté fortement le coin du bureau et il s'était assommé.
« je vais bien, enfin je crois » murmura-t-il d'une voix qu'il voulait assumée et solide. Il tenta de se relever, se passa la main sur la nuque, grimaça en voyant sa main rougie de sang. Bones était tout près de lui et examina la blessure :
« une belle entaille, Jimboy ; mais notre infirmière est saine et sauve ». Les secousses avaient cessé mais ils sentirent que la vitesse de distorsion avait grimpé en flèche. Scotty avait dû donner des ordres pour sortir de la zone de turbulence ou échapper à une attaque. Il devait prendre des nouvelles, et tant pis si Bones devait lui courir après avec des compresses ou son hypospray. Heureusement, l'infirmerie était équipée de plusieurs transcodeurs émetteurs. Kirk s'en approcha et appuya sur le bouton :
«KIRK, A PASSERELLE, KIRK A PASSERELLE. RÉPONDEZ. BON SANG, QUE SE PASSE-aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie » Kirk se retourna et lança à Bones un regard noir extrêmement foncé en voyant qu'il lui avait encore appliqué un de ces traitements.
«C'est fini de râler, au moins, ça saigne plus. » ajouta Bones, l'air plus satisfait que jamais.
***salle de l'ingénierie.
« vous vous fichez de moi ? Il ne s'est rien passé ? Absolument rien? Les alarmes se sont déclenchées, Bones, l'infirmière et moi avons valdingué à l'autre bout de la pièce et vous me dites qu'il ne s'est rien passé ? »
Scotty et ses ingénieurs venaient calmement d'expliquer que tout allait bien, rien n'avait été signalé, ni attaque, ni turbulence, ni secousses. Le capitaine, ne comprenant absolument rien, était en passe de piquer une colère noire parce que les dix hommes qu'il avait devant lui maintenaient stoïquement leur ligne défensive. Il faisait des pas sur place et questionnait :
« Scotty, c'est bien vous qui avez donné l'ordre de passer en distorsion maximale ? »
« négatif capitaine, tout était normal. Rien ne s'est produit ». Kirk se passa nerveusement la main dans les cheveux, grimaça quand il toucha la zone blessée :
« Et ça, c'est rien ? Plaie pénétrante, m'a dit notre docteur en chef. Je l'ai rêvé aussi, c'est ça ? Il y a eu deux chocs et ça a valsé sec dans la pièce. Je n'en démords pas. » Et sur ce, il quitta le pont de l'ingénierie.
« Capitaine sur la passerelle », annonça Uhura de sa voix posée et ferme. Ici tout respirait le calme et la concentration. Tout l'équipage était à son poste, nulle trace de ce qui s'était passé. Il se dirigea vers Spock, lui ne manquerait pas de lui faire un rapport détaillé.
« Capitaine, rien à signaler, nous suivons une trajectoire autour de la planète MF 542, comme vous en avez donné l'ordre, nous maintenons une orbite en attendant de déterminer ce qu'il convient de faire avec le peu d'informations que nous avons recueilli et ce message de détresse qui ne semblait pas en être un. Le lieutenant Uhura se tourna vers lui :
« Capitaine, je multiplie les tentatives pour essayer d'entrer en communication, mais personne ne répond. » Kirk se résigna à changer de comportement. Il remercia le lieutenant Uhura et lui donna l'ordre de continuer à lancer des messages et il s'efforça de retrouver une voix calme et posée. Autant conserver son énergie pour résoudre ce sac de nœuds qui ne cessait de se densifier depuis que lui et Bones avaient failli perdre l'usage de leurs oreilles.
« Ok, très bien, merci Mr Spock. Je sais que vous ne dîtes que la vérité, mais il nous est arrivé quelque chose et je finirai par en avoir le cœur net, je veux comprendre dans quoi nous sommes engagés. Pas de mission clairement exposée, un message de détresse qui ne débouche sur rien, une mission de reconnaissance au cours de laquelle Bones et moi avons perdu connaissance, vous qui faîtes connaissance avec un groupe d'artistes, j'aimerai connaître le fond de tout ça et retrouver mes esprits rapidement. Je vous rappelle que nous avons une réception sur l'Enterprise, dans quelques heures et potentiellement, je suis sur une énigme. Et comme je l'ai déjà dit, je déteste les mystères et je déteste quand je ne les comprends pas. On a été violemment secoué mais il ne s'est rien passé et j'ai l'arrière du crâne défoncé.
«Ceci est techniquement impossible, Capitaine, j'y vois là une trace de cette tendance chère aux humains qui consiste à exagérer les faits ».
Kirk leva les yeux au ciel, exaspéré par Spock qui décidément ne pouvait faire autrement que couper les cheveux en quatre.
***dans l'infirmerie
« mais c'est qu'elle voudrait mordre ! T'as des quenottes de trois jours et tu veux me croquer un doigt, attends un peu ! » gronda Christine en retirant sa main de la "plantounette" qui affichait maintenant une belle floraison et un singulier 50 cm de tige, sans compter ses racines qui maintenant débordait de son pot en un vaste réseau de tentacules brunes qui menaçaient de s'échapper dans la pièce.
Bones, qui lui tournait le dos, épluchait des pages et des pages de notes, à la recherche d'une bribe d'infos sur ce qu'il était en train de gérer. Une plante carnivore à croissance ultra-rapide, de surcroît en proie à un rhume stellaire à bord de l'Enterprise qui provoquait maintenant des secousses sismiques quand elle éternuait. Il avait aussi le carnet de notes du lieutenant Sulu qui avait suivi à la trace les courbes exponentielles d'un végétal étrange.
« Bon Sang, Christine, prenez des gants », hurla Mccoy.
« Vous trouvez que mon discours manque de délicatesse, docteur ? Elle est juste en train de m'agresser », ajouta Christine un peu vexée. « Je disais à Mr Sulu que ça finirait par arriver, que viendrait un jour où les plantes se mouveraient et auraient des comportements inappropriés envers nous. Gertrude ou Beauregard ne faisait que s'incliner devant moi et essayer des trucs de drague ».
« Mais non, je parle de vrais gants, des protections. Ne la laissez pas planter ses crocs verts dans votre peau, on ne sait pas ce que ça pourrait donner. Bon sang, heureusement que ce n'est pas une borgia, mais autant être hyper prudent, on se sait jamais !», s'exclama Bones en se tournant vers elle, faisant un geste avec sa main.
« Je pourrai me transformer en géant vert ? Dommage, cette couleur ne sied pas trop à mes yeux ».
Bones secoua la tête en un air désapprobateur.
« Je suis docteur moi, pas botaniste, qui sait ce qui se cache derrière ce truc, non mais regardez-moi ça, on a l'air fin, maintenant, en plus…. » Il venait d'apercevoir la petite collerette qu'il lui avait mise la première nuit. « On dirait une étiquette sur un baobab, et dire que je lui ai murmuré des mots doux et que je lui ai caressé la feuille », osa-t-il dire à voix haute, voyant que Christine était partie.
« Moi je le suis, docteur. Et je vous dis que nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec ce rhizome à croissance vive.
***L'ordinateur de bord sur la console crépita, la connexion avec la terre était établie.
« Joanna Mccoy appelle l'Enterprise. Papa ? T'es là ?
- Officier papa au rapport, point de perturbation dans le réseau ? » questionna-t-il en attendant de voir apparaître la frimousse de sa fille. Ce serait bien la première fois. On avait beau être dans l'espace, à des années lumières du 21ème siècle, on était pas encore capable d'avoir une bonne qualité de liaison entre la terre et l'Enterprise. Quand Starfleet avait besoin de leur filer une mission «à la con», là, pas de souci, ça connectait super bien. La bulle de téléchargement moulina quelques secondes, la liaison allait être bientôt établie. On était jour de connexion et après ce qu'il avait vécu dernièrement, il en avait bien besoin. Il avait établi un périmètre de sécurité autour de son bureau, après avoir injecté un sérum au fameux bébé végétalisé. Le même sérum qu'il avait administré aux tribules lors de leur épique épisode de gigantisme. Il avait eu une demi seconde d'hésitation en se disant qu'il ignorait comment le bébé allait réagir au sérum, s'il lui prenait l'envie de considérer cela comme un engrais, son bureau et peut-être tout le vaisseau aller se retrouver dans le lisier, sans jeu de mots incongrus. A propos d'incongru, c'était à Mr Spock qu'il pensait, c'était à lui qu'il aurait dû confier la garde du petit être malfaisant, avec son sang vert, il serait sûrement à même de contrôler les éruptions de la créature ou bien d'apporter une réponse logique à tout cela. Bones se promit de lui en parler, sans savoir que le capitaine Kirk lui avait déjà demandé de pousser les analyses un peu plus loin.
Enfin, le visage de Joanna apparut sur l'écran.
« Papa, enfin, je te vois, et c'est bon, tu me vois ? » s'exclama-t-elle d'une voix mielleuse et toute malicieuse.
« Oui, je t'entends et je te vois. J'avais le son, mais pas l'image, jusque là. Tu vas bien, ma chérie ? » ajouta Léonard, en s'asseyant devant l'écran. La petite tête brune bouclée opina devant l'écran, faisant danser les petites coccinelles suspendues à ses oreilles.
« Pas de soucis avec les clous sur tes oreilles, ma puce ? » s'encquérit-il.
« non papa, tout va bien, je nettoie tous les soirs avec le produit que tu bois ! » Cette remarque fit sourire Bones, il ne se voyait pas expliquer la différence entre un Armagnac vieilli en fût de chêne et de l'alcool à 70° désinfectant. Il avait donné son accord pour que Jocelyn emmène leur fille se faire percer les oreilles, et il avait apprécié que son ex-femme le consulte avant de donner satisfaction à la fillette. Il était satisfait à double-titre, car en tant que médecin, il avait voulu s'assurer que celui qui allait faire ça aurait respecté les conditions maximales d'hygiène. Comme il avait dit à Jim « celui qui va faire un trou dans les oreilles de ma fille, a intérêt à être triple diplômé de l'école d'ingénieur es-perceurs, car ce que je lui ferai avec mon poing fera passer la foreuse de Néro pour une chatouilleuse à moustique ».
La petite utilisa son heure de connexion pour raconter à son papa son quotidien, ses petits tracas de petite fille. Bones avait toujours pensé qu'on n'était pas humain insouciant, à n'importe quel âge. Il n'avait pu épargner à sa fille amertume et conflits, souffrance et peines, mais il avait envie de croire que c'était possible de continuer à avancer en cueillant de ci de là des petites miettes de bonheur. Au son de la voix de la petite fille, il savait qu'elle allait bien. Il avait eu tant de moments compliqués avec son ex-femme, qu'il avait eu du mal à digérer. Mais pour le bien-être de Joanna, il avait dépassé son animosité et ils étaient parvenus à établir des rapports cordiaux et civilisés. Il n'en demandait pas plus.
« Bonsoir Jocelyn, tout va comme tu veux », lança-t-il en voyant son ex-femme passer devant l'écran avec une brassée de linge dans les mains. Elle lui fit un signe de la tête et lui adressa un petit sourire, tout simplement.
*** il avait fallu longtemps pour pardonner et passer au-dessus des blessures. Cela avait été possible, dernièrement, lorsque Jocelyn lui avait demandé pardon pour tout ce qu'elle lui avait dit, tout ce qu'elle lui avait fait endurer. Il n'était pas resté sourd à ce geste et il l'avait réintégrée dans son cercle affectif, celui dans lequel il avait fait toute la place pour Joanna. Jocelyn s'était engagée à montrer l'intelligence de son cœur pour être une adulte et entourer Joanna, avec tout le respect qu'elle devait à son ex-époux. Ils avaient parlé longuement, un jour où Bones était descendu sur terre. Bones avait loué des chevaux pour une randonnée de trois jours comme ils en avaient fait souvent au début de leurs fiançailles. Une promenade à travers la forêt, dans les sous-bois ombragés. Ils avaient retrouvé un parfum de légèreté et ils s'étaient autorisés une mise à nu émotionnelle. De retour à la maison, ils avaient ouvert ensemble, avec Joanna la petite boite à souvenirs qu'on leur avait donné dans les quelques heures qui avait suivi la non-naissance de leur petite fille. Un petit carton avec quelques cheveux, une feuille de papier avec le contour encré de sa petite main et de son petit pied. Un petit nounours mentionnant son poids, sa taille et l'heure à laquelle elle avait quitté le petit nid douillet dans le bidon de sa maman. Joanna avait beaucoup questionné et son papa et sa maman avait répondu et Jocelyn, encore une fois, avait ouvert son cœur et avait demandé pardon à leur petite fille, d'avoir dénigré si souvent son papa. Cela avait fait tant de bien et Bones était retourné à bord de l'Enterprise avec un immense sourire et les yeux brillants. Il avait payé un coup à boire à ses compagnons d'échappé stellaire, pour fêter sa nouvelle vie et tout ce qu'il avait déposé de son sac à dos.
« Papa, hey , et ben tu sais, je suis en train de faire pousser des trucs à l'école, on a amené de la terre avec nos seaux, et on a planté des graines et on attend que ça pousse ». Bones ne put s'empêcher de se passer la main sur le visage, il s'attendait à tout sauf à ça. La petite en fut quelque peu saisie :
« ça va pas, Papa ? Qu'est-ce que tu as ? »
« Rien ma chérie, tout va bien. C'est juste que j'ai quelque souci avec un truc qui pousse, justement. »
« Oh c'est vrai Pa ? Toi aussi, tu fais du jarnidage ? » Le lapsus était si mignon qu'il ne put s'empêcher d'éclater de rire. Et ça faisait du bien. Juste le genre de traitement qui faisait retomber la pression.
« On va dire ça comme ça, Peanuts »
« Dis papa, tu pourras me donner ta plante, s'il te plaît, Papa ? Dis oui ».
Bones tricota un argument à deux balles pour refuser. Il était hors de question de lui faire parvenir ne serait-ce qu'une seule bouture de ce végétal macrophage. Il lui promit de lui faire parvenir des jolies pierres de lune, qui elles, il l'espérait, ne lui boufferait pas un doigt. Des jolies pierres de lune qu'elle pourrait garder sur sa table de nuit ; qui brillerait vers son plafond. Voilà qui devrait éclipser la frustration de la plante.
« Ecoute-moi, chérie, on va bientôt devoir se dire au revoir. Tu connais les règles de Starfleet, je n'ai pas le droit de faire arriver sur terre cette plante, pas tant que nous l'avons étudié. Pour l'instant, elle a juste envie de me croquer un doigt ! »expliqua-t-il. Il avait décidé de jouer la carte de la vérité, car il savait sa fille redoutable en argumentation quand elle avait décidé de le faire céder sur un point.
« Mais papa, tu vas te fâcher, tu vas dire à la plante « ça s'fait pas», d'accord, Papa, tu lui diras ? » Nouvel éclat de rire chez le papa médecin. Il opina du chef et se promit de suivre le conseil tout doux tout tendre de sa fille. Elle avait une telle confiance en lui. Sur ce il lui envoya une nuée de bisous, il était temps de retourner au travail. Elle salua avec sa petite main et coupa la connexion. C'était elle qui prenait la décision de raccrocher, ce n'était jamais Léonard qui coupait la vidéo, sauf cas d'extrême urgence, ce qui ne s'était produit, au bas mot, que deux fois.
*** Réception sur l'Enterprise
Le plus talentueux des docteurs de toute la galaxie pestait dans ses quartiers, devant la table sur laquelle il avait disposé son rasoir, un peigne et une crème qu'il utilisait sur sa peau. Il avait fait un récurage en règle et avait revêtu sa tenue de gala, celle qui lui enserrait la gorge chaque fois qu'il la mettait. Et comme si ça ne suffisait pas, il galérait à fixer les épinglettes honorifiques sur son veston bleu argenté. Déjà qu'il avait eu un mal de chien à fixer les boutons de manchettes. Et en plus, quelqu'un frappait à la porte. Il grommela, en abandonnant le pins de son insigne sur la table pour aller ouvrir. Quelle ne fut pas sa surprise de voir arriver Miss Chapel. Y avait tout qu'allait pas, mais la vision devant ses quartiers était agréable.
« Bonsoir Christine, que puis-je faire pour vous ? » lui demanda-t-il en portant son pouce à ses lèvres, il n'était pas question de tâcher son uniforme.
« Je venais vous rendre compte des dernières évolutions de la créature, étant donné que vous m'avez demandé de ne pas utiliser les circuits des communicateurs. « Pour l'instant, le sérum que vous lui avez administré, n'agit pas. Elle a continué de se développer, par contre, bonne nouvelle, cela a stoppé les éternuements ; nous ne risquons plus de nous retrouver catapulté contre un mur.
« Le capitaine va être enchanté de savoir ça » lâcha-t-il, à moitié satisfait. Il reprenait déjà son épinglette et essaya à nouveau de la fixer. Christine Chapel vint à son secours.
« Puis-je, docteur ? », lui demanda-t-elle au moment de glisser sa main sous le tissu de la vareuse. D'un signe de tête, il lui donna son accord. Elle parvint à fixer correctement les quatre patchs triangulaires et colorés. Léonard Mccoy détenait la légion d'honneur, le prix de la vaillance de Starfleet et la décoration des chirurgiens de Starfleet. Il était bien sûr fier et honoré d'avoir ces médailles, mais il trouvait que ça lui prenait plus de temps pour s'habiller, car chaque patch devait être retiré lorsque son uniforme partait en décontamination. Non, on ne récurait pas les patchs de Starfleet, ça aurait fait partir le vernis.
« et voilà, tout beau comme un sou neuf », le taquina-t-elle gentiment en lissant du plat de la main le bas de la vareuse. « Avez-vous brossé vos souliers, docteur ? » Il passa et repassa son pied droit sur l'arrière de son pantalon, fit de même avec le pied droit « ça ira bien, de toutes façons, nos hôtes ne baisseront pas les yeux devant nous, et tant mieux, je déteste tout ce protocole, juste bon à nous faire commettre un faux-pas ou à piétiner un tabou. J'espère que ça passera vite ».
Comme retentissait la musique qui appelait les officiers sur le pont, le docteur saisit la jeune botaniste par la taille et l'entraîna dans un petit pas de danse chaloupé. Il avait envie de s'amuser, avant d'aller affronter une réunion de travail et une réception ennuyeuse. Christine sembla apprécier l'intermède. Son docteur était particulièrement charmant et charmeur ce soir, cintré dans son uniforme bleu pailleté. Pas de réception pour elle, elle était de garde à la clinique, c'était elle qui surveillerait le bébé glouton. Il la fit tournoyer sous son bras et la serra contre lui. Elle sentait les jambes du docteur frôler les siennes ; il la faisait glisser à petits pas sur le sol de la cabine. Avec un petit sourire, elle détournait de temps en temps la tête, n'osant pas tout à fait le regarder dans les yeux.
« Docteur, j'hésite entre dire « j'ignorais que vous étiez si bon danseur » et … » Elle s'interrompit quand elle sentit la main ferme du médecin appuyer sur son bras et la faire se pencher en arrière, l'autre main du docteur soutenant son dos. Il la redressa.
« Oui, terminez... » ajouta-t-il soudain curieux et encore un peu plus amusé.
« l'autre option, c'est « j'aurais dû m'en douter que vous étiez bon danseur ».
« Et bien, disons que je suis heureux d'avoir eu ces cours de danse à Starfleet, semestre obligatoire dans le cursus de tout bon officier. Savoir jouer de la seringue et avoir des doigts de fée n'étaient pas suffisant. Et puis… disons que ; ça m'a permis d'être un peu plus ….. sociable, on va dire. Quand je suis arrivé à Starfleet, et bien, ma foi, j'étais plus bon pour la caverne que pour l'ambiance caserne, si vous voyez ce que je veux dire». L'infirmière ne dit rien mais pinça ses lèvres et lui lança un regard plein de compréhension. Oui, elle comprenait qu'il y avait un lourd sous-entendu.
****Elle mit un terme à la petite danse, lui rappelant qu'ils avaient tous deux des obligations. Désappointé, il la laissa partir, il l'aurait bien emmené avec lui ou alors il l'aurait accompagné jusqu'à la clinique. Elle déposa sur sa joue un baiser, après avoir demandé l'autorisation de le saluer ainsi « pour vous donner le courage d'affronter vos responsabilités protocolaires, docteur. Tenez bon. Et si vous voulez, je vous biperai pour vous sortir de là. « Chiche ? » lui lança-t-il, la mine enjouée par le défi qu'elle lui décochait. A dire vrai, il en serait ravi. « Peut-être que mon télécommunicateur bipera le vôtre », ajouta t-il en prenant sa petite sacoche contenant tout ce qui pouvait servir en cas d'urgence : compresse, hypospray et son tricordeur. Il espérait qu'il n'aurait pas à en servir, mais il fallait mieux tout avoir sous le coude.
« Ah, et autre chose, Christine, pour ce qui est de notre « patient », ne vous inquiétez pas, je lui ai posé une puce sous-cutanée, de telle façon que chacune de ses réactions sera enregistrée », dit-il, avant de saisir son communicateur extra-plat, celui des réceptions, et de le glisser dans son étui qu'il avait à l'arrière de son pantalon.
« Donc s'il me mord à nouveau, ce sera consigné » rajouta t-elle, pas du tout rassuré.
« S'il vous mord, c'est lui qui sera consigné, et nous lui limerons les crocs, d'accord ».
Elle lui adressa un petit sourire et le regarda sortir de la pièce.
*** Cette réception officielle avait débuté par une réunion de travail que le capitaine Kirk appréhendait. Une délégation de «Féroziens» avait demandé l'arbitrage de Starfleet, dans une affaire de vol d'eau, un cours d'eau détourné par des «wateragistes» de la tribu d'à côté.
« Nous devons les empêcher, et c'est à la Fédération que nous demandons aide et conseil ! » expliqua leur responsable, en concluant son exposé.
Les approches hostiles s'étaient multipliées, aux dire des «Féroziens» présents autour de la table.
«Nous respecterons la Charte de la Fédération, étant donné que nous nous sommes engagés, mais nous ne tolérerons aucune provocation de la part des «wateragistes ». Spock ne trouva rien à dire à une telle déclaration empreinte de logique. Le capitaine Kirk assura que l'équipage de l'Enterprise se tiendrait à leurs côtés pour aider à maintenir l'équilibre. L'hymne de la Fédération retentit dans la salle du Conseil et les participants se levèrent pour rendre hommage aux valeurs et à la paix. Spock réfléchissait à un moyen scientifique de résoudre le conflit, car il craignait que la bonne volonté d'un côté ne se heurte aux velléités belliqueuses de l'autre partie. Il faudrait, dans l'idéal, créer un canal de dérivation, pour scinder le cours d'eau en deux et ainsi satisfaire les deux parties. Il se promit de soumettre l'idée aux ingénieurs scientifiques de Starfleet, car il ne pouvait décemment pas s'engager sans suffisamment de garanties. Il fallait être sûr que ça marcherait. Scotty, à la cornemuse, entonna le morceau de musique tandis que les drapeaux de Starfleet et de la délégation Férozienne s'élevaient au-dessus de l'autel de la Justice et de la paix étoilée. Les doigts sur les coutures du pantalon, Mccoy, Spock et le capitaine Kirk étaient impassibles, regardant monter l'insigne en tissu pour laquelle ils donnaient le meilleur d'eux.
***Lors de la réception qui suivit, l'atmosphère pesante qui avait accompagné le début de la réunion s'était un peu allégée. Les rafraîchissements étaient en train d'être servis dans le petit salon à côté de la salle du Conseil. Les épouses des Féroziens avaient pour habitude d'inviter chacun de leurs hôtes à partager des jeux aussi divers et variés et aussitôt, des tablées s'organisèrent. Mccoy se retrouva avec Mr Spock pour une étrange partie de cartes qui ressemblait à la belote. On pariait des cacahuètes et le perdant était contraint de les manger, sauf s'il déclarait forfait ; après en avoir trop ingurgité. Le capitaine Kirk avait un certificat médical signé de son praticien personnel, qui lui interdisait de jouer à ces jeux, en raison d'un risque élevé d'oedème de Quincke, suite logique de ces nombreuses allergies. Conséquence de cette contre-indication, le capitaine Kirk était affecté à la danse, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Les cavalières se succédaient entre ses bras, y compris ses propres membres d'équipage qui savouraient clairement l'opportunité de passer un peu de temps au plus près de son uniforme. Il enchaînait les pas de danses, s'accordant juste un peu de temps pour aller prendre un rafraîchissement. De ce fait, passant près des tables de jeux, il alla s'enquérir du tas de cacahuètes de ses deux compagnons. Mccoy faisait équipe avec une charmante Férozienne rousse, tandis que Mr Spock était associée à une jeune femme blonde qui n'en finissait plus de le taquiner. L'ambiance était bonne à la table.
« Oh non, Mr Spock, ne me dîtes pas que vous n'avez pas de cœur ! » ce qui déclencha un commentaire corrosif de la part de Mccoy.
« et voilà, les masques tombent, enfin, je ne suis pas le seul à le reconnaître », lâcha t-il presque hilare, faisant grimper d'un cran le sourcil droit de Mr Spock.
« de quel masque parlez-vous docteur ? Je rappelle que ce n'est pas parce que ma constitution anatomique diffère de la vôtre qu'elle s'en trouve amputée de quoi que ce soit. J'ai tout ce qu'il faut, y compris ce que vous appelez cœur », ce qui accentua le rictus nerveux du docteur. Il adorait ce trait si particulier à l'homme de Vulcain, cette incapacité à comprendre le sens figuré du langage, le second degré et la dérision. Mais ce qui était bien avec un Vulcain accro à la logique, c'est qu'il ne se formalisait pas et ne se vexait jamais.
« En terme de cœur, sens propre ou sens figuré, Mr Spock possède les deux. J'ai eu maintes fois l'occasion de m'en rendre compte. La première fois quand je l'ai vu donner sa vie pour sauver l'Enterprise et la seconde quand j'ai dû lui cautériser une plaie survenue lors d'un atterrissage d'urgence, et j'ai également été amené à effectuer une transfusion sous un déluge de feu ennemi. Son sang a servi à sauver un important ambassadeur de la planète Vulcain. » Les cartes furent momentanément posées sur la table et Mccoy fut invité à en faire le récit, ponctué par « c'était la seule chose logique à faire » formule que Mr Spock affectionnait tant. C'était profondément ancré en lui, comme chacun des préceptes que son père lui avait enseigné depuis son plus jeune âge.
***Une nouvelle supposée nuit stellaire était tombée sur l'Enterprise, la délégation avait été raccompagnée jusqu'au port d'embarquement du vaisseau et les adieux avaient été chaleureux. Ils allaient se revoir bientôt et rien ne serait laissé au hasard ni à l'anarchie de l'autre camp. Les Féroziens étaient assurés du soutien de la Fédération et Mr Spock avait laissé sous entendre qu'il envisageait quelques solutions. Les trois officiers se saluèrent avant de rejoindre leurs quartiers.
« Voilà, Bones, vous allez pouvoir laisser votre cou respirer ! » annonça Kirk, en étouffant un petit rire complice.
« oh bon sang oui, mais d'abord je vais quitter mes souliers et les ranger dans leur boîte en espérant qu'ils ne ressortiront pas d'ici un bon bout de temps », maugréa le docteur, en soupirant.
« Illogique, docteur. Vos souliers n'étant dotés d'aucune volonté propre, il est peu probable qu'ils sortiront seul d'une boîte », assena le Vulcain, droit comme le I de sourcil, les mains croisées dans son dos, comme on le voyait souvent quand il formulait un postulat ; un de ceux qu'il avait en magasin.
« Évidemment, fallait pas la louper, celle-là. Franchement, Mr Spock, vous ne pouvez pas vous en empêcher, et me mettre en boîte à cette heu... ». Le médecin lâcha un soupir et laissa tomber ses bras en signe de défaite, suivi par le capitaine Kirk qui éclata de rire.
« Messieurs, arrêtons-là les joutes verbales et allons nous coucher. A demain. »
« Bonne nuit, capitaine » répondirent les deux hommes et les trois officiers de Starfleet prirent des directions différentes.
***Léonard Mccoy marchait vers ses quartiers. Le secteur dans lequel il se trouvait était en mode actif, mais ceux qui étaient en repos avaient à leur disposition toute une batterie de fonctions pour désactiver les mécanismes sonores des appareils se trouvant à proximité de leur quartier de repos. Mccoy vit que l'infirmerie était encore allumée. Il désactiva l'ouverture automatique qui faisait un peu de bruit et passa en mode manuel. Il poussa lentement la porte et entra dans la clinique. Christine Chapel était assise sur un tabouret blanc à une des tables du laboratoire. Elle s'était assoupie, sa tête reposait entre ses bras. Il s'approcha doucement, et l'appela en un doux murmure. Elle ne réagit pas. Il posa sa main sur son épaule et la secoua gentiment, elle n'eut aucune réaction. Il la prit dans ses bras et la souleva délicatement pour aller la déposer sur un des lits de l'infirmerie. Il vérifia ses constantes, son pouls battait, il pouvait le percevoir, sa respiration était régulière quoi qu'un peu lente. Il palpa l'arrière de son crâne et le dessus de la tête, peut-être qu'elle avait une bosse qui aurait pu provoquer un hématome intro-cranien, mais il ne perçut rien. Il prit son tricordeur et le promena autour d'elle, l'appareil ne révélait aucune douleur, aucune chute de tension, aucun accident circulatoire ou respiratoire. Il se saisit d'un des hyposprays et lui fit une injection. Elle était vivante, en bonne santé mais inerte. Il appuya sur un petit bouton au bord du lit, ce qui actionna une commande. Un drap et une couverture vinrent recouvrir la jeune femme qui restait là, assoupie mais inconsciente. Il passa sa main sur son visage, se frotta le front, pour effacer fatigue et soucis, il mordait le bas de sa lèvre, fronçait les sourcils, réfléchissait aussi vite qu'il le pouvait. Devait-il prévenir le capitaine, Mr Spock et l'officier Sulu ? Certainement, mais pas avant d'avoir une idée claire de ce qui s'était passé pendant son absence. La logique commandait d'aller interroger le tableur qu'il avait connecté à la puce que portait la rhizobactérie qui leur croquait les doigts. Ce qu'il fit. Il s'approcha de la table et éleva la voix, usant d'un ton firme et un peu menaçant :
« Et si jamais j'apprends que c'est toi qui a fait ça à mon infirmière, je vais être très fâché, tu m'entends ? Je vais te "dépétaliser", tu vas voir. »
***dans ses quartiers, Mr Spock, ne dormait pas non plus. Il avait attrapé son luth Vulcain, l'avait mis en fonction sourdine, et grattait les cordes lentement, l'une après l'autre. Il avait, de ci, de là, essayé de repenser à cette étrange expérience qu'il avait menée sur la planète, lorsqu'il avait rejoint les musiciens sur la scène. Il avait répondu à ce qu'il avait perçu comme un ordre, auquel il avait logiquement obéi, mais la partie humaine enfouie en lui y avait vu tout autre chose, comme une pulsion de vie, un incroyable appel émanant du plus profond de son être. Comme il posait le doigt sur la septième corde de l'instrument, quelque chose se produisit. Il fut pris d'un spasme qui le fit trembler, une sensation bizarre, comme s'il était traversé par un courant froid.
« Je t'ai fait monter sur cette scène, pour que tu vives ce moment. Tes amis l'ont vécu d'une intense façon, je sais qu'à leur manière, ils te l'ont dit. Mais toi, qu'as-tu vécu ? » Cette voix lointaine venait du fin fond des ténèbres, il le savait, mais il ne pouvait nier l'évidente d'une présence sonore.
« Je ne sais pas, Mère. C'était fort, cela semblait me nourrir de l'intérieur. Les sonorités, les intervalles des claviers, les montées puissantes des violons, les cuivres, c'était irréel, absolument illogique. Et pouvez-vous me dire ce que mes deux compagnons ont vécu ? » demanda t-il intrigué.
« Je pense que tu le sais, Spock. Une telle intensité que tu as déjà ressenti, au moment où tu as vu la vie quitter le corps de ton capitaine. Eux aussi, ont revécu des moments poignants, bouleversants. La musique a la même force d'évocation qu'un souvenir olfactif, une image. Elle est l'essence même des réminiscences qui apaisent ou qui font monter les larmes aux yeux. Tes amis ont vécu cela grâce à la musique produite ce soir là ; et tu étais de ces musiciens créateurs d'émotions ».
Spock s'était assis sur son lit, la tête entre les mains, désireux d'intégrer cet enseignement que sa mère défunte venait de lui transmettre du plus profond de son vide dématérialisé. Il n'y avait rien de logique là-dedans. Du son que l'on aurait tout aussi bien qualifier de bruit, une suite d'intervalles, des réglages de boutons, de la technique, des machines, tout ce qu'il était, lui aussi était cerveau programmé pour produire des sons à intervalles plus ou moins réguliers. Et ces savants calculs, ces boutons, ces suites d'ordres avaient mis ses deux amis dans un tel état.
« Mère, c'est une arme dont vous me parlez, en tout cas, cela y ressemble beaucoup ». Elle posa sur lui un regard tendre et inquiêt :
« Non Spock, rien de belliqueux là-dedans, si on fait abstraction des cors et des tambours qui ont mené tant de bataillons d'humains dans des boucheries innommables ! »lui répondit-elle.
« Mais Mère, vous allez devoir m'expliquer. Cet orchestre, cette planète, qu'est-ce que tout cela signifie ? D'où viennent ces musiciens que vous avez convoqués ? Que vous m'avez invité à rejoindre ? Et mon Père est-il au courant ? Les relevés ne disent absolument rien. »
« Fils, les réponses aux questions viendront bientôt. »
La voix grésilla et se tut. Le Vulcain se retrouvait de nouveau déchiré, comme il l'avait été si souvent dans ses premières années. La logique commandait d'attendre un signe, qui d'après sa mère, viendrait, mais ce qu'il ressentait était tout autre, et il ne sentait pas bien.
Dans le labo, le tableur révélait quelques marques d'agitation, mais rien qui indiquait que la créature avait de près ou de loin attaqué la jeune infirmière. Bones quitta le laboratoire et revint vers Christine pour poursuivre son examen. Il se saisit de son hypospray, l'actionna en mode « prélèvement ». Peut-être que quelques millilitres de sang livreraient de quoi faire un diagnostique. Il étouffa un bâillement, secoua la tête pour chasser la fatigue qui voulait lui tomber dessus. Il se leva et alla se commander un mug fumant, avant de croquer dans un fruit reconstitué, pour tenir. Il se pencha au-dessus de son micro-biophaseur et commença l'analyse du sang qu'il avait prélevé.
« Bon, maintenant, fini de s'amuser. Ça ne prend plus ta petite moue. Maintenant, on va laisser de côté les sentiments et je vais te montrer de quel bois je me chauffe. » Bones, le regard noir et la main ferme empoigna un sécateur et trancha une des nombreuses ramifications qui partaient de la tige de la bio-plante. Un hurlement horrible jaillit dans la pièce, le cri d'un être vivant mutilé ; une plainte aiguë qu'avec horreur, il identifia. Les yeux écarquillés, le geste pétrifié, il se leva et se précipita dans la pièce d'à côté.
« Oh mon dieu, Christine, mais qu'est-ce que j'ai fait ».
La jeune femme était prostrée sur son lit, les genoux remontés sur sa poitrine, serrant contre elle ses bras, ses jambes qui avaient été comme lacérés. Il ne commenta pas le fait qu'elle était sortie de sa torpeur, il attrapa son proto-plaseur pour cautériser les déchirures sur ses membres. Si une seule artère était touchée, la vie de la jeune botaniste était menacée.
« Saleté de plante, bon dieu, comment j'ai pu être aussi idiot.»
Autant Gertrude était d'une grande sensibilité et rentrait dans sa tige à la moindre agitation, autant ce végétal était maintenant un agresseur en puissance. La fureur déformait son visage. Il multipliait les applications de proto-plaseur au-dessus des plaies, mais il n'avait pas l'impression d'être efficace. La vue brouillée par la colère, il s'efforçait de maintenir le calme dans son esprit, se concentrant sur sa tâche et essayant de bloquer le flot de panique qui menaçait de détruire sa maîtrise. Il voyait le visage de sa patiente virer au gris cireux, il était en train de la perdre. Il s'explosa le poing contre le boîtier de commande :
« KIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIRK, VITE, URGENCE. VENEZ VITE ».
***La sonnerie de l'appel retentit au-dessus de la tête de James Tiberius Kirk, le virant de son lit. Quelle sortie violente. Il visualisa immédiatement le plancher de sa cabine et se releva précipitamment pour aller basculer le biper en mode réponse :
« Kirk à infirmerie, j'arrive ».
Il se rua hors de son cockpit de repos et, torse nu, galopa jusqu'au turbo lift pour rejoindre l'infirmerie. Il avait déjà retrouvé sa vitesse de pointe, malgré ses yeux endormis et un léger fourmillement dans les pieds. Le sang circulait à plein régime dans son corps et il courut à perdre haleine. Il savait que Bones n'allait pas flancher, mais l'urgence dans la voix du médecin chef était flippante. Qu'avait-il bien pu se passer ? Avait-il lui aussi été sorti du lit par une putain d'urgence ? En moins de quinze secondes il était aux portes de l'infirmerie, il déverrouilla le système d'ouverture et fonça vers les lits. Ce qu'il découvrit termina de le réveiller.
« Oh mon dieu, Bones, que se passe-t-il ? » hurla t-il. « c'est quoi ce sang, le vôtre ? Celui de Christine ? Qu'est-ce que je peux faire ? » Bones lui tendit le protoplaseur : « Continuez de cautériser les plaies, moi je vais faire de la suture microchirurgicale. Avant de filer vers le labo il écrasa à son tour le boîtier du télé-transmetteur:
« Mr Spock, ramenez-vous à l'infirmerie. Il nous faut une de vos fusions vulcaines et sortez Mr Sulu de son monde onirique. »
Bones plongea ses deux avant-bras dans deux cylindres qui lui désinfectèrent la peau, avant de se munir d'un scalpel à cautérisation laser immédiate. Il plaça un champ stérile autour de la plante. Il prit délicatement la pousse et s'affaira à réparer les dégâts qu'il avait provoqué. Comme il l'avait fait pour l'oreille de Spock gravement endommagé lors d'une attaque, comme il l'avait fait de nombreuses fois sur des membres d'équipage, il faisait preuve de minutie pour tenter de raccorder les fibres et les terminaisons nerveuses de la plante. Comme en plus, il se sentait un peu coupable, il prenait encore plus de précautions, allant jusqu'à parler doucement, quand le bruit caractéristique des ventouses de porte se fit entendre.
« officier Spock , sur place, que puis-je faire » demanda t-il calmement.
« Comment ça se passe, Jim » questionna t-il sans interrompre son geste.
« J'ai cautérisé la dernière blessure » lança Jim, en maintenant le proto-plaseur sur le bras de Christine. « Plus de saignements, mais elle souffre ».
« Très bien, Mr Spock, faites une fusion mentale d'apaisement à Miss Chapel, puis vous viendrez en faire une à ce végétal blessé, je vous expliquerai. Moi j'ai fini de suturer de ce côté là», annonça t-il, la voix faible, le ton grave.
« attendez docteur, on peut encore faire un peu plus » s'écria Sulu en jaillissant du sas. Il tenait à sa main un petit sachet qu'il était en train d'ouvrir. Il contenait une étrange poussière blanche qui ressemblait à du bicarbonate de soude ou à…
« Lieutenant Sulu, vous nous expliquez ? Dois-je vous rappeler les dégâts que cette poudre a faite ? Est-ce que le mot camé vous dit quelque chose », gronda le capitaine Kirk.
« Ne dites pas d'âneries, capitaine. Il s'agit d'un traitement à visée thérapeutique. C'est de l'aloé vera séchée et que j'ai réduite en très fines particules !» expliqua Sulu en faisant le geste de piler quelque chose avec un mortier. « Normalement, il aurait fallu réaliser une greffe avec le végétal, mais cette plante a déjà subi une lourde intervention et on ne va rien tenter là tout de suite, et puis notre médecin a déjà beaucoup donné de sa personne. » Bones, penché sur la table, mains ouvertes, se frottait le visage et les yeux pour ramener un peu de fraîcheur dans son esprit et se secouer un peu. Quelle nuit de dingue.
« Allons-y, monsieur Sulu. Que voulez-vous que nous fassions ? » demanda Bones, soudain un poil plus vaillant.
Sulu commença à écarter délicatement le bas du feuillage et versa une grande quantité de poussière tout autour de la tige.
« cela va agir comme un engrais pour hâter la reprise, mais en même temps, les agents de l'aloe vera vont modifier le programme interne de la plante, diminuer ses velléités agressives et les remplacer par des molécules ayant des vertus cicatrisantes et calmantes. »
« En gros, vous envisagez une rééducation de ce végétal, c'est ça, Mr Sulu ? » demanda Jim Kirk, un peu soupçonneux. « Je n'ai jamais entendu dire que cela était possible, mais à cet instant précis, j'ai envie de vous croire ».
« croyez-le capitaine, croyez-le. Tout ceci est d'une logique implacable. Influencer sur le cours de croissance d'un être vivant est tout ce qu'il y a de plus faisable, et de surcroit, c'est souhaitable. Maintenant, messieurs, je suggère que nous allions tous prendre un peu de repos. Permettez-moi d'intervenir pour donner un petit coup de main à notre chère infirmière et à ce végétal qui va avoir à mener une sacrée lutte contre sa blessure, contre sa nature et pour son salut, en acceptant ces nouveaux germes ». Et il invita le capitaine et le lieutenant Sulu sortir.
***Cette nuit là Mr Spock fit une fusion mentale supplémentaire, une de plus que celles demandés par Bones, et Bones avait été bien inspiré de les demander au Vulcain. La première apaisa Christine, la deuxième hâta la guérison de la plante et la troisième plongea Bones enfin dans le repos dont il avait tant besoin, pour évacuer l'épuisement, la très forte tension, l'effroi et enfin la culpabilité. Ordre fut donné de laisser le docteur Mccoy dormir jusqu'à complet rétablissement.
***il fallut beaucoup d'abnégation et de courage à Christine pour se rétablir. Les nerfs avaient été un peu malmenés lors de l'attaque et il lui avait fallu réapprendre à faire fonctionner ses bras et ses jambes. A tour de rôle, Jim et l'équipage s'étaient affairés autour d'elle pour la soutenir et la guider dans ses exercices. Sulu lui avait apporté des fleurs, des gentilles jonquilles et il la faisait rire, un tel traitement était assurément salutaire avait reconnu Spock quand bien même il n'avait aucune idée scientifique sur la question. Christine savait au plus profond d'elle-même que faire partie de l'Enterprise était ce qui lui était arrivé de mieux, elle avait trouvé des amis, une famille et des gens qui tenaient suffisamment à elle pour ignorer leurs propres limites. Sulu lui avait expliqué qu'ils allaient devoir éduquer ce végétal, les molécules qui lui avaient été ajouté remplissaient leur fonction, mais la plante allait avoir besoin d'accompagnement. Tous trois collaboraient et finirent par établir un protocole éducatif, similaire à ceux que la Fédération avait mis en place pour chaque nouvelle planète découverte par un des vaisseaux de Star Fleet. Programme d'enseignement, règles strictes et contrôle annuel. Sauf que la plante restait, pour l'instant, à bord de l'Enterprise. Elle avait trouvé place dans le laboratoire de Mr Sulu, qui rendait compte à Miss Chapel et au capitaine des avancées.
***quelques temps après
Cette épreuve avait évidemment un peu plus rapproché la jeune infirmière de Bones, au-delà de leur complicité professionnelle, il lui avait sauvé la vie. Il avait beaucoup hésité, il se sentait tellement coupable ; son accès de colère avait failli coûter la vie à la jeune botaniste.
« Avez-vous entendu ce que je vous ai dit, docteur ? » demanda t-elle en élevant un peu la voix. Elle venait de finir de mettre à jour les dossiers et les relevés, tandis que le docteur Mccoy remplissait des doses dans différents hyposprays pour les mallettes d'urgence des navettes et des ponts. Il était très concentré et ce n'est que lorsqu'il sentit qu'elle lui touchait le bras qu'il leva les yeux vers elles.
« je vous demande pardon, Christine, vous disiez ». Elle lâcha un soupir de dépit ».
« Je vous demandais si vous étiez d'accord de m'accompagner au mess pour déjeuner, ensuite nous pourrions nous téléporter sur Canopus, nous avons droit à un congé, il me semble. » Léonard Mccoy n'aurait pas dit non à une petite fugue.
«Oui, cela serait une bonne idée, cependant je. Enfin. Vous savez Christine, je ne pense pas que… Après ce qui s'est passé, je... » Le brillant médecin chef ne s'était jamais autant emmêlé les neurones dans une prestation orale. Il se trouvait carrément mauvais pour ne pas dire pathétique. Elle ne l'avait pas laissé s'empêtrer et lui avait avait mis un doigt sur la bouche pour le faire taire.
« Docteur Mccoy, maintenant, vous allez arrêter et vous allez m'écouter. J'en ai assez de votre fâcheuse tendance à trouver tout le temps des excuses pour tout. Et en plus, vous sentir continuellement coupable de ce qui m'est arrivé, devient vraiment pénible. Je vous propose cette sortie, car visiblement vous n'allez pas le faire et moi, j'ai envie de passer un peu de temps avec vous, c'est clair ? » Il ne trouva rien à répondre ; elle avait tout dit et avec un ton sans équivoque. Elle avait été nette et précise. Il se dit qu'il devait faire quelque chose. Il lui prit la main et l'emmena loin de l'infirmerie, avalant les quelques centaines de mètres d'un pas alerte, en la priant de le suivre, comme s'il craignait de s'arrêter en route et de ne pas aller au bout de ce qu'il voulait faire. Arrivé près de ses quartiers, il déverrouilla les double-portes et l'invita à entrer.
L'accident de Christine avait fait remonter un lourd passé, mais il avait décidé de dire les choses.
***Il lui avait fallu quelques secondes et une ou deux flûtes de champagne avant de finir par lui avouer que son ex-femme lui avait fait énormément de reproches lorsqu'ils avaient perdu la petite Evanaïa. Il avait été accablé par l'immense douleur mais elle l'avait crucifié avec des mots tellement durs qu'il avait ravalés et enfouis au fond de lui.
« Le jour où j'ai voulu m'approcher d'elle pour un geste tendre, elle s'est détournée de moi et m'a repoussé. Cela m'a fait tellement mal, quelque chose a été brisé en nous ce jour là et notre couple s'est fracassé contre le mur du silence, de l'incompréhension et de la colère. » Il détourna le regard d'elle pour tenter de masquer son émotion, mais il y parvenait de plus en plus difficilement.
« Si je n'avais pas été médecin, m'aurait-elle autant puni, elle m'en a voulu de ne pas avoir pu sauver notre petite fille. A quoi auront servi toutes ces nuits de garde et ces journées interminables à t'attendre si tu n'es même pas capable d'empêcher ta fille de mourir, lui avait-elle balancé à la figure. Si seulement elle lui avait assené une claque, ça lui aurait fait moins mal.
***Christine Chapel avait été très touchée par les confidences qu'il avait réussi à lui faire et ils avaient fini par se rapprocher encore un peu plus. Il lui avait dit aussi que Jocelyn avait fini par enterrer la hache de guerre et qu'ils avaient réussi à trouver la voie de la politesse pour continuer d'élever Joanna. Il lui expliqua que les heures douloureuses du passé s'étaient atténuées mais qu'elles n'avaient point été effacées.
« Je me suis senti tellement mal en voyant ce que je vous avais fait, je ne voulais pas m'autoriser à espérer quoi que ce soit, sachant que j'étais coupable de ce geste maladroit et stupide. Mais elle l'avait fait taire, encore une fois et s'était blottie contre son tee-shirt noir. Il l'avait prise contre lui et lui avait souri tendrement, avant de lui offrir un baiser, le premier d'une longue série d'étreintes et de douces caresses. Il avait goûté la délicate saveur de ses lèvres et s'était laissé aller à ce si joli moment.
***Ils demandèrent les jours suivants à être téléportés pour Canopus où ils passèrent quelques heures délicieuses, grisés par les violentes émotions de l'amour naissant et du plaisir de marcher ensemble en se tenant la main. La nuit qu'ils passèrent à la belle étoile était prometteuse de levers de soleils intenses et sensuels pour les deux officiers de Starfleet, un embarquement pour un voyage au bout de leurs envies, de leur désir qui serait une communion des corps et des esprits, hors du temps, dans l'instant présent de leur immense bonheur.
***Quant à Spock il n'avait eu de cesse de guetter les signes qui étaient sensés apporter des réponses aux questions que la visite de sa mère et l'expérience à laquelle elle l'avait soumise avaient soulevé. Un jour, poussé par une force impérieuse, il demanda à être téléporté sur la planète où tout s'était déroulé. La grange poussiéreuse était toujours là, remplie de bric-à-brac, de centaines d'outils et de bibelots. Spock sentit, au fil des découvertes, qu'il allait devoir se pencher sur des choses sombres, secrètes. Il comprit en voyant des objets à demi réparés qu'il était en phase de cicatrisation. Il demeura à l'affut du moindre bruit, du moindre appel. En ramassant un vieux papier jauni tiré d'un cahier de partitions, il comprit qu'il pourrait y avoir dans son coeur une envie de chanter, de la bonne volonté, une envie de passer outre les codes et les protocoles, de devenir un peu moins sage. Soudain un rayon lumineux vint inonder le fond de la grange, une douce luminosité se diffusa autour de lui, l'attirant. Une mélodie jaillit du fond du silence, il avança vers elle ; et il la vit. Aussi belle que quand elle avait été arrachée, alors qu'elle était si près de lui, sur cet éperon de roche qui avait cédé sous elle. Sa mère était là, elle lui souriait et d'un signe de la main, lui fit signe de s'approcher. Elle tendait les bras, il marcha vers elle et s'arrêta, n'osant pas aller plus loin. Elle lui sourit plus intensément et l'invita à marcher encore plus pour venir près d'elle. Elle ouvrit les bras et il s'y jeta comme le tout petit qu'il n'était plus mais qu'il avait été. Il fut emporté par cette vague de sérénité, il respira longuement, laissa libre cours à des larmes qu'il sentait trop brulantes dans ses yeux. Il se mit à pleurer sans retenue, sans peur, il pleura. Il ne sentit pas tout de suite qu'une main s'était fermée sur lui, une autre main. Plus ferme, plus forte, plus solide que celle douce et tendre de sa mère. C'est en entendant une voix grave l'appeler « Fils » qu'il réalisa que son père était là aussi, les enveloppant lui et l'image cristallisée de sa mère, les protégeant de sa grandeur et de son amour. Oui, il n'avait pas fait qu'obéir à un choix logique, il avait épousé cette femme au nom de l'amour. Et aujourd'hui, il venait apporter à son fils compréhension et soutien, ce qu'il ne lui avait jamais donné par le passé, tout au long de ses années où ils s'étaient ignorés.
***Lorsque l'émotion retomba, Sarek tint à parler à son fils, lui expliquant que cette planète, selon des accords passés avec la Fédération, devenait la nouvelle planète Vulcain. Les sages qui avaient été sauvés l'introniseraient bientôt. Ils y rapatrieraient les archives et toute la mémoire du peuple Vulcain. Ils y reproduiraient les rituels archaïques, ils la repeupleraient et ils pourraient la voir revivre.
« Mais Vulcain va revivre avec une nouvelle essence, matérialisée par la musique et cet orchestre que toi, Fils, a eu l'honneur de voir pour la première fois, avec le docteur Mccoy et le capitaine. Cet orchestre, Fils, renferme à tout jamais le coeur et l'âme de ta mère. Je n'avais pas le droit de récupérer son katra mais ta mère m'a donné une leçon que je n'avais pas lu dans tous les livres que je t'ai forcé à ingurgiter. L'âme humaine ne meurt jamais complètement, elle est une entité tellement puissante qu'elle peut venir s'incruster en quelque chose de vivant, et un instrument de musique est un bien joli réceptacle pour y accueillir ta maman.
« Mais père, vous parlez de quelque chose de vivant, or l'instrument de musique ne l'est... »
« Ah non, Fils, ne commets pas l'erreur que j'ai commise » le gronda t-il affectueusement. « Je viens de l'apprendre à mes dépends, ta mère est vivante en chacun de ces instruments, et elle le sera dans chaque piano devant lequel tu iras t'assoir, et elle sera dans chaque corde du luth que tu as dû serrer bien des fois, et que je n'ai jamais vu, si seulement je n'avais pas été aussi obtus et dur».
***quelques heures après, Spock et Sarek arrivèrent sur l'Enterprise. Scotty eut la surprise de voir qu'une seule téléportation s'était opérée, le père et le fils étant restés enlacés. Une lumière nouvelle brillait dans leurs yeux. Plus rien ne serait comme avant sur l'Enterprise, tant de nouvelles aventures les attendaient tous : nouveaux bonheurs, nouveaux dangers qu'ils affronteraient ensemble.
Le capitaine Kirk donna l'ordre de mettre le cap vers la galaxie et l'Enterprise s'arracha à l'orbite de la nouvelle Vulcain. Sarek y retournerait plus tard.
« Capitaine, veuillez autoriser mon fils à quitter la passerelle ; j'ai du temps à passer avec lui », dit-il en souriant. Le Capitaine Kirk fut ravi de donner cet ordre et Sulu prit la place du Vulcain. Uhura se leva et donna une tendre accolade à Spock au moment où il passa devant elle. Les deux hommes se dirigèrent vers le turbolift qui s'ouvrit sur le docteur Mccoy. Il avait ses lèvres qui venaient de quitter celle de Miss Chapel. Celle-ci devint aussi rouge que la pierre qu'elle portait autour de son cou. Voyant qu'ils avaient un public, il se contenta d'hausser les épaules et se retourna, faussement dérangé :
« Bon sang de bois, vous pouvez pas prévenir, quand vous appelez les turbolifts, c'est pas vrai. Pas moyen d'avoir un peu d'intimité, sur ce foutu vaisseau ». Ce qui fit éclater de rire l'équipage. Spock ne put s'empêcher d'ajouter :
« de la Vokaïa rouge ? J'ignorai qu'il en existait de cette sorte là ».
Et Sulu d'expliquer que c'était dû à la poudre d'aloe Vera qui avait modifié la teinte de la Vokaia.
« Et reste-t-elle radioactive et traçable ? » demanda Kirk, décidément très en verve, et amusé par tout ça.
« Evidemment que non, elle ne l'est pas. Vous me prenez pour qui ? Je suis docteur, pas détective privé ».
Et l'équipage partit d'un nouvel éclat de rire, une fois n'étant pas coutume, le docteur Mccoy avait eu le dernier mot.