SPIDER-MAN MEDIEVAL 1 : LES ESPRITS DE LA TERRE
Suite à cette étrange nuit quelques jours seulement suffirent à transformer le corps et l’âme de Peter. Étonnement personne ne s’en rendit compte. Car le jour il se comportait toujours comme l’aimable garçon de jadis. La nuit c’était une toute autre histoire. Il se glissait hors de son lit à l’insu de son oncle et de sa tante, et testait ses nouveaux dons. Par le biais de ses pieds et de ses mains ils pouvaient adhérer aux surfaces. Sa force, son agilité, et ses réflexes s’étaient décuplés au point de dépasser les limites humaines.
Pourtant le jeune homme avide de savoir, ne cherchait toujours pas d’explication sur l’origine de cet incroyable changement. Son pouvoir en lui-même l’obnubilait complètement. Les problèmes d’argent de son oncle, ils ne les remarquaient même pas. Peter écoutait d’une oreille les confidences de son seul véritable ami Harry à propos du tempérament soudainement ombrageux de son père.
Le masque de Peter était entrain de se fissurer. Le stade de l’évaluation était dépassé. Il voulait à présent user de ses fantastiques capacités. Alors qu’il circulait anonymement dans les rues suite à une nouvelle livraison, Peter s’imaginait soulever une charrette d’une seule main ou marcher sur les murs à la verticale. Tous les regards seraient attirés par cet exploit. Il serait le centre d’attraction.
Une vision bouleversa ses pensées. Deux soldats la prévôté patrouillaient dont Flash Thompson ! Peter songea à ce qu’il pourrait faire subir à son ancien tortionnaire : quelques petites claques histoires de l’humilier lentement ou alors le lancer en l’air et le rattraper au dernier moment afin qu’il panique voir souille son pantalon. Soudain l’objet de son ressentiment était en face de lui. Sans s’en rendre compte Peter l’avait fixé d’une manière insistante. Et Flash l’interprétait comme une sorte de défi.
« T’as un problème, Parker ? » Demanda-t-il toujours aussi arrogant.
La démonstration idéale de ses talents venait de se présenter à Peter. Lui le roturier rachitique allait vaincre le soldat aux muscles saillants devant une vaste assemblée. Il serra les poings se délectant d’avance du combat à venir. De son coté Flash était un soldat encore novice. En revanche il avait l’expérience des bagarres de rue. Si bien qu’il perçut les intentions de Peter. Il tendit alors sa lance à son confrère afin que l’affrontement soit plus équitable et donc la défaite plus humiliante. Il se permit une dernière petite provocation avant la curée.
« Tonton et tata vont devoir ramasser leur petit Peter dans les geôles ce soir, du moins ce que j’en aurais laissé. »
A la simple mention de ses tuteurs, Peter redevint le gentil garçon d’autrefois. Il songea aux conséquences de battre un garde et pas que pour sa propre personne. Oncle Ben et Tante May devraient répondre également de ses actes. D’autres sombres éventualités suivirent la première. Avec sa force actuelle dans quel état laisserait-il Flash ? Certes c’était un rustre. Méritait-il pour autant de finir avec tous les os de son corps brisés ? Et des questions finiraient par se poser au sujet de ses nouvelles aptitudes.
Peter alors recula. Prenant ce geste pour de la lâcheté son rival poussa un soupir de mépris avant de retourner à sa patrouille. Le jeune enlumineur partit à son tour sous les quolibets du petit attroupement provoqué par ce début de duel. Il circula au hasard tout en rageant contre ce pouvoir dont il ne pouvait même pas se servir. Puis les rues lui offrirent un numéro de saltimbanque. Peter qui avait tant besoin de s’évader, se laissa rapidement subjuguer.
C’était un spectacle tout simple comportant une seule artiste. Elle effectuait un numéro de sorcière avec les attributs habituelles : chevelure rousse, grand nez, et ongles crochus. Sa prestation se limitait s’approcher brutalement des enfants à la fois amusés et terrifiés en les menaçant de les manger ou de leurs jeter des sorts. Toutefois l’actrice y mettait une conviction et un humour tous deux communicatifs, qui lui valurent son pesant d’applaudissements. Une fois son numéro terminé elle ôta ses accessoires sauf la chevelure, qui elle était authentique. Ensuite elle fit le tour des spectateurs un bol à la main.
Reconnaissant de cette joie apportée à point nommé, Peter fut parmi les premiers à donner et vit à l’occasion la fausse sorcière de plus près. Elle avait à peu près le même âge que lui et était agréable à regarder une fois débarrassée de ses attirails. Là où Gwen était grâce et tendresse, l’actrice était vivacité et joie. Ses beaux yeux verts perçurent rapidement l’intérêt de Peter envers sa personne. Au lieu d’y répondre par un petit sourire discret, elle alla directement à la rencontre de son admirateur tandis que les autres spectateurs se dispersaient.
« Mon spectacle vous a plut hein ? »
« Oui vous êtes vraiment douée. » Répondit immédiatement Peter sans le moindre cafouillage.
C’est comme si la familiarité de l’artiste déteignait sur lui, et le libérait de sa timidité.
« Je ne crois pas vous avoir jamais vu avant à Oscorpia. » Ajouta-t-il histoire de prolonger la conversation.
« Évidemment que vous ne m’avez jamais vu. Sinon vous vous souviendriez. Personne n'oublie Mary-Jane Watson. »
Elle accompagna la fin de sa phrase par une courbette comme à la fin de son spectacle.
« Et moi je suis Peter Parker. » Dit le jeune homme en l’imitant amusé.
Habituellement ses excentricités déroutaient les admirateurs de Mary-Jane. Alors que celui-ci en suive une lui plut. Il faut aussi avouer que ce fameux Peter était plutôt charmant à sa façon. Si bien qu’elle eut envie de continuer à s’amuser avec lui.
« Tu veux connaitre mon secret pour si bien jouer ? » Lui murmura-t-elle à l’oreille.
Entre le tutoiement et cette proximité soudaine, la timidité de Peter finit par remonter. Si bien qu’il ne sut pas quoi répondre. Ce n’était pas grave. Mary-Jane était habituée à se passer de partenaire lors de ses numéros.
« Le secret, c’est d’y trouver du plaisir. »
« Quel plaisir ? » Répliqua Peter étonné.
Il ne voyait là qu’un travail comme un autre auquel on s’adonnait uniquement dans le but de gagner son pain.
« Le plaisir d’être quelqu’un d’autre. Ça ne t’es jamais venu à l’esprit d’être un chevalier, un enchanteur ou je ne sais quoi ? »
« Oui. » Répondit Peter avec un magnifique sourire.
Il venait enfin de trouver une solution à son dilemme. Mary-Jane tenta de lui parler encore un peu, mais n’insista pas. Son esprit paraissait être partit ailleurs. Peut-être une autre fois qui sait ?