Ghostbusters Underneath
Chapitre 3
My job ain't a job
It's a damn good time
New York, Manhattan , N Moore Street, QG de Sos Fantômes
2 juillet 1990, matin.
Le soleil passait depuis peu seulement par la grande porte du QG, que Ray avait laissée ouverte. La nuit avait été longue, mais le cliquetis qu’il avait entendu toute la nuit depuis son siège passager l’aurait de toutes façons empêché de fermé l’œil si il avait choisi de rejoindre son lit. Il était couché sur le dos sur son plateau à roulette glissé sous l’Ectomobile à inspecter les cardans avec sa baladeuse lorsqu’émergea du sol, à quelques centimètres de lui l’énorme tête verte de Bouffe Tout, comme si le béton avait été de l’eau.
« -J’ai commencé à bosser sans toi, lui lança Ray, les lèvres pincées sur sa cigarette bien entamée. »
Il ne savait pas vraiment dans quelle mesure la créature le comprenait, mais il avait fini par s’y attacher. Egon et lui n’avaient toujours pas d’explication sur son origine, d’où leur théorie de la chimère. Venkman de son côté répétait qu’avoir un fantôme en guise d’animal de compagnie était à l’encontre de l’image de marque de la boite. La vérité c’est qu’il ne l’aimait tout simplement pas, contrairement à Ray, étrangement. Il ne s’agissait que d’une boule de « slime » verte avec deux longs bras, d’énormes yeux jaunes et une bouche ornée de dents large comme des dominos sales (et une haleine qui allait avec), mais Ray était convaincu que Bouffe Tout cherchait à s’intégrer et à communiquer. Ils leur arrivaient même de bricoler ensemble, Bouffe Tout rapportant les outils et semblait avoir un certain de sens de l’humour.
« -Tu m’files le pot de graisse… ? »
La boule verte fila enthousiaste en directions de la servante, et disparue un moment du champ de vision de Stantz. Elle finit par rejoindre à nouveau le dessous de la calandre, nonchalamment, tout en mâchouillant, bouche ouverte, une grosse rondelle de saucisson. Ray s’impatienta :
« -Et mon pot de graisse !? »
Bouffe Tout haussa les épaules, ballot. Ray soupira, et après une courte réflexion passa son index au travers le ventre de son commis, puis badigeonna la rotule de la gelé verte qui lui était resté sur le doigt. Il eut un petit rire satisfait :
« -Bah voilà on y arrive ! »
Puis il balaya du faisceau de sa baladeuse le dessous de la Cadillac :
« -Bien qu’avons-nous d’autres par ici… »
Absorbé qu’il était par la mécanique, Ray ne prêta pas attention au taxi ralentissant, puis s’arrêtant au dehors. Une femme se glissa hors du cab et d’un pas sûr, entra dans le hall de la caserne. Ce n’est qu’à sa hauteur que Ray entendit le bruit des pas, leva la tête et il frappa douloureusement du front une conduite d’échappement. Au juron que Ray lâcha lorsque la braise de sa cigarette lui tomba sur le menton, Bouffe Tout disparu dans le béton, laissant une flaque verte sur le sol. Se frottant la tête, Ray suivait du regard les talons aiguilles de velours noire qui avançaient jusqu’au bureau d’accueil. En lieu et place de la secrétaire dormait Winston, la tête couchée sur ses bras croisés. Des doigts délicats aux ongles rouges vifs déplacèrent doucement le mug de café froid oublié sur le coin du bureau, puis prenant appuis des deux mains, la mystérieuse s’installa sur le bureau. Winston ouvrit doucement les yeux sur deux longues jambes croisées habillé de nylon noir transparent sur les genoux desquelles retombait délicatement une jupe plissé noire. Le menton engourdis et marqué par le tissu de sa chemise à carreaux, Winston réprima son envie de bailler, se passa la main dans ses cheveux coupé court. Son regard remonta le long des boutons nacré de la chemise blanche sur laquelle retombé une fine lavallière noué sous un col serré.
« -Gigi? Fit Winston, émergeant à peine.
-Il n’y a que toi qui m’appel comme ça. »
Giselle avait le sourire en coin et le regard attendri. L’écrin de son carré mi- longs noir corbeau, ses lèvres vermillon, et l’eyeliner de ses yeux de chats donnait à son visage opalin l’aspect de la soie. Winston se ressaisit, surpris :
« -Mais que fais-tu là ? »
Des mois qu’ils ne s’étaient pas revus, ne s’étant plus donné de nouvelle depuis leur rupture, d’un commun accord, après une relation qui avait tenu un peu plus d’un an. A l’époque il était agent de sécurité à La Guardia et elle était DRH pour l’aéroport.
« -Je représente l’Agence de la Protection Environnementale. »
Les choses avaient également changé pour elle. Elle descendit délicatement du bureau pour s’installer sur la chaise face à Winston. Malgré sa veste de costume sombre aux larges épaulettes, on la deviné gracieuse, son chemisier épousant avantageusement ses courbes:
« -Tu fais secrétaire maintenant? fit elle d’un ton amusé
-Notre… Janine est en congé… Que nous veux Peck cette fois? Demanda-t-il calmement, en faisant allusion au chef du service de l’EPA.
- Si il savait que je suis là, il serait hystérique. Plus qu’a l’habitude. »
Voyant qu’elle avait toute l’attention de son ex, Giselle s’expliqua :
« -Il y a peu, je me suis fait plus ou moins débaucher par la mairie, et affecter à l’EPA du troisième district. Je suis officieusement la psy attitré de ce cher Walter. Il vous voue une haine tenace depuis cette histoire de l’immeuble de Central Park West en 84, et votre retour en grâce, ainsi que votre coup d’éclat du nouvel an n’ont pas arrangé les choses. Toujours est-il, que s’il tient à garder son poste, il doit avoir mon accord pour tout ce qu’il entreprend. Une des dernières mesures de notre ancien maire.
-Un homme sage. Plaisanta Winston.
-Plus ou moins, confirma la psy d’une moue dubitative. Bref, depuis quelques semaines Peck est ingérable. Il a décrété qu’il passerait sa vie au bureau, son domicile étant je cite « invivable » et très certainement « contaminé par un quelconque hallucinogène ». J’ai pris ça pour une belle psychose jusqu’à ce que les employés du bureau confirment que depuis que Peck a élu domicile à l’EPA, d’étranges phénomènes se produisent. J’en parle à la Mairie depuis des jours, mais ce n’est qu’hier dans l’après-midi que l’on m’a affirmé pouvoir passer une intervention de Sos Fantômes dans les notes de frais.
-Et te voilà…
-Je dois bien t’avouer, j’avais un peu hâte de voir où tu travailles. »
Ray qui essuyait ses mains et son front, été resté en retrait, écoutant d’une oreille. Il ne put se taire plus longtemps, et, s’approchant de la vieille machine à café posé sur les casiers derrière son collègue :
« -A quel genres de phénomènes avez-vous été confronté ? Puis il se rattrapa en tendant une main franche. Heu, bonjour, excusez-moi, Ray Stantz.
-Dr McNeal, présenta Winston. Giselle McNeal.
-Enchanté. » Elle accompagna sa réponse d’une poigné de main et d’un charmant sourire. Puis elle expliqua :
« -Certain de nos employés travail là-bas depuis plusieurs années. Et rien d’anormal n’avait eu lieu dans les locaux jusqu’à ce que Walter ne décide d’y passer tout son temps. Jours et nuits. »
Ray se saisi du pichet de café chaud, en versa un peu dans la tasse de son collègue pour en réchauffer le contenu, puis rempli l’un des mugs qui trainait à côté de la machine et la proposa au Dr McNeal qui refusa poliment. Gardant la tasse chaude pour lui, Ray enchaina :
« -Il est possible que certaines entités ou manifestations soit liées à des objets. Peck a-t-il rapportai avec lui un objet significatif ? Un livre ? Un bijou ?
-Une vieille couverture et son nécessaire de toilette. A moins que son rasoir ne soit possédé par Freddy Kruegger…
-Jusque-là, dieu merci, on ne l’a encore jamais croisé celui-là. Plaisanta Ray. Et ces manifestations sont de quels ordres ?
-Rien de méchant : des bruits, des silhouettes. Mais c’est assez pour agacer Peck.»
Giselle semblait excédée. Winston se voulu rassurant :
« -On ira voir ça dans la journée si tu es d’accord. »
Du premier étage, en même temps que les bruits de pas descendant les marches deux par deux se fit entendre la voix de Peter Venkman :
« -Raymond ! Mon petit Raymond ! On part en mission ! Vous avez été tellement agréable hier soir que j’ai complètement oublié d’en parler !»
En bas de l’escalier il s’arrêta net a la vue de la charmante visiteuse, se pavana sur deux ou trois pas et lui déclama d’une voix sérieuse :
« -Bonjour.
-Vous devez être le célèbre Dr Venkman. Lui fit Giselle amusée, se levant en lui tendant la main.
-Le « célèbre », oui. En ajoutant après un baisemain sur joué : Et tout ce que vous avez pu entendre à mon sujet est entièrement vrai. »
Winston cassa la mise en scène de son ami :
« -Tu as pu avoir Dana au téléphone hier soir ?
-Oui, elle t’embrasse, tu lui manque terriblement. Menti Peter sans vergogne sans quitté les yeux de Gisèle.
-Qui est Dana? demanda cette dernière à Winston.
-La copine de Peter, avoua Ray. »
Peter se redressa, gardant son indéboulonnable sourire malin. Winston présenta Giselle et le but de sa visite. Visiblement gêné que la bureaucrate ait dans une enveloppe un nouvel ordre de mission de la Mairie, Venkman changea de sujet :
« -Vous êtes Docteur également? Puis il lança un regard en coin a son collègue : Alors mon petit Winston, ça fait quoi d’être le seul de la pièce à ne pas avoir de doctorat ?
-Mais votre ami à bien d’autres qualités que l’on ne trouve pas sur un morceau de papier, vous savez.»
O
Egon posa l’énorme radiocassette sur le plan de travail. Il ne prit pas la peine de déblayer l’établi sur lequel se trouvait, parmi les outils épars, un Bechet rempli de slime. La substance visqueuse rose et mauve faisait de grosses bulles en réaction à la bonne humeur du scientifique. L’échantillon provenait, comme toute la réserve que les chasseurs de fantômes avaient accumulée, de la rivière de slime coulant sous les rues de New York. Egon Spengler et Ray Stantz étaient convaincu que la psycho-énergie résiduelle suite aux évènements de 84 avait formé cette boue au contact des mauvaises vibrations de nombres des habitants de New York, et plus précisément de Manhattan. Toujours selon leurs théories, le taux de criminalité et de violence étant toujours au plus haut, la rivière de slime prospérait, et avec elle les manifestations fantomatiques et paranormales étaient devenues le pain quotidien des New Yorkais. Après de longues nuits de recherche Egon et Ray avait fini par comprendre que si cette substance semblait avoir une conscience et une charge d’énergie négative, il était possible d’en inversé l’humeur. La musique, l’humour ou encore l’amour étaient autant de facteur déterminant. Egon n’était pourtant pas branché théorie new-age, les résultats étaient probant. Ray arriva en trombe au premier étage. Il portait sa combinaison beige, siglé à l’épaule de leur célèbre logo :
« -Allez mon vieux ! Tout le monde sur le pont ! »
Egon leva l’index pour enjoindre son camarade à un peu de calme, et sorti de la poche de sa longue blouse blanche une cassette audio.
« - Veux-tu me faire le plaisir d’écouter ça. »
Il l’inséra dans le lecteur et enfonça le bouton ‘play’. Ray reconnu tout de suite les premières notes.
« -C’est Higher & Higher. »
Cette chanson, Ray ne l’oublierai jamais. Grace à elle, et une bonne dose de slime chargée positivement, ils avaient fait bouger la Statue de La Liberté et sauver New York face de la venue du terrible Vigo lors le soir du 31 décembre.
« -C’est une version acoustique, précisa Egon en repoussant ses lunettes sur son nez. Je te pris de croire que je me suis donné du mal pour la dégoter. »
Le radiocassette vibrait au son de la musique, mais les paroles se firent malgré tout entendre. Ray ne compris pas tout de suite, puis il se pencha vers le récipient de slime et fit à son collègue.
« -C’est incroyable ! On l’avait déjà entendu répéter les paroles en même temps que la chanson, mais là, elle est capable de les retenir et de les réciter! »
Egon, fier de lui confirma les résultats à son ami d’un hochement de tête. Il coupa l’appareil, et le liquide rose envoya une grosse bulle de mécontentement à sa surface. Ray repris :
« -On part tous les quatre. Désolé de te sortir de ton labo. Je t’expliquerai en route. Tu pars avec Winston, prend ton giga-mètre. »
Egon retira sa blouse et la jeta sur le canapé et demanda :
« -Donc tu pars avec Venkman ?
-Oui, je dois l’emmener faire du tourisme. » Ironisa Stantz.