Sonic Conquest

Espace. Saturne. QG de Robotnik.

Titubant tel un pantin mal articulé, la créature du docteur Robotnik s'avança lentement vers ce dernier tout en laissant échapper des bruits de respiration saccadés. Bien que Cubot et Orbot reculaient en faisant trembler leur carcasse métallique, leur créateur resta droit devant l'être organique pour affirmer son autorité. Se trouvant à quelques pas de son despote, la créature s'arrêta enfin et commença à scruter la pièce dans laquelle elle se trouvait.

« Quel est cet endroit ? S'interrogea le monstre tout en continuant de frotter le liquide encore présent sur ses écailles.

-Dans ma salle des expériences. C'est grâce à toutes ces machines issus de mon génie que tu es venu au monde ! Annonça avec un sourire le docteur tout en mettant sa main devant sa bouche comme pour essayer de contenir sa joie et un éventuel rire.

D'ailleurs te surveiller était génial ! Tu étais très silencieux, c'était agréable pour faire la sieste ! » Poursuivra Cubot avant de recevoir un coup de pied sur la tête d'une telle puissance que le robot se retrouvera encastré dans la partie murale située à droite de la porte d'entrée de la pièce. Scrutant Cubot et Orbot avec un regard noir et un léger grognement, la créature reprit.

« Pourquoi m'avoir crée ? Qu'attendez vous de moi ? Se renseigna la bête avec un ton grave en levant ses yeux vers son maître, dont les pupilles rouges semblaient se marier avec les diodes environnantes de la salle.

-Je veux que tu m'aides à créer Robotnikland, unité NFN-111. Vois-tu, un hérisson bleu de malheur ainsi que toute sa bande n'arrête pas de me mettre des bâtons dans les roues depuis trop longtemps déjà. Mon souhait serait que tu les mettes hors de notre chemin. Pour cela, je voudrais que tu récupères la flamme ténébreuse que j'ai trouvé à Mazuri. Annonça l'homme-oeuf tout en continuant à garder son sourire mesquin.

Avec la puissance de cette flamme, je deviendrais immortel ?

-Mouhahaha. Crois moi, si cet artéfact pouvait accorder un tel cadeau, je l'aurais gardé pour moi et je n'aurais jamais fait appel à toi. Plaisanta Robotnik en mettant ses mains sur sa bedaine, chose que la créature n'appréciera guère.

En constatant ses yeux froncés, Orbot mettra en garde son créateur quant à une éventuelle rébellion de sa nouvelle progéniture. Tout en aidant Cubot à sortir la tête du mur, le robot à la forme arrondie exprima déjà ses doutes quant à la fiabilité de l'unité NFN-111. Bien entendu, en faisant un geste de balayette comme pour nier ces propos, Robotnik avait une confiance totale en sa créature. C'est-alors qu'ils sortirent de la pièce pour enfin se diriger vers le téléporteur spatial, Cubot et Orbot étant sur ses talons. Après quelques minutes de déambulation dans les coursives de la base spatiale dont la teinte grise dominait, le groupe arriva enfin dans la salle liée à la sortie de la base. Après avoir passé la lourde porte blindée représentant l'entrée de la pièce, Robotnik laissa l'unité NFN-111 prendre les devants et l'escorta jusqu'au téléporteur. Pendant ce court trajet, la créature étudia la salle avec attention. Il s'agissait d'un lieu incroyablement vaste et éclairé via des araignées mécaniques comportant des voyants de forte intensité. De forme rectangulaire, la pièce tenait en son centre protégé par des vitres à l'épreuve des balles, le moyen de quitter la station. Tout en poursuivant sa route, l'unité NFN-111 vit la porte vitrée maquillée du logo du docteur Robotnik s'ouvrir devant lui pour laisser place au sas d'entrée de la machine. Semblable à un tube, le téléporteur semblait faire office de poutre de soutien en vue de sa disposition. En effet, cet appareil s'étendait du sol jusqu'au plafond de la pièce. S'arrêtant net juste devant et continuant d'observer les alentours, la créature vit que son maître ne l'avait pas suivi. Perplexe, celle-ci lui demandera alors des explications.

« Je ne peux pas t'accompagner. Il me reste d'autres choses importantes à faire ici. Puis nous pourrons continuer à se contacter. Fit remarquer Robotnik en levant sa main droite vers son oreille. Le téléporteur te conduira juste à côté de la flamme. Si jamais tu rencontres des adversaires, élimine les ! » Ordonna le docteur en tapant du pied comme pour affirmer sa position.

Après plusieurs secondes de silence presque gênant, l'unité NFN-111 sourit de ses dents acérées et se retourna vers le téléporteur tout en lançant un regard austère par-dessus son épaule envers le docteur. Une fois entré dans la machine, une forte lueur blanche qui dura un temps infime se fit. La créature avait bien disparu. Suite à cela, Cubot et Orbot arrêtèrent de rester cachées derrière l'homme-oeuf. Ce dernier semblait d'ailleurs troublé vis-à-vis de ce dernier échange de regard. Qu'est-ce que sa création voulait insinuer par-là ? Restant pensif, le docteur se retourna et quitta la salle sans entendre ses deux robots qui lui demandait de les attendre.

Terre. Central City. Appartement T3.

La capitaine Topaz dormait à poings fermés avec à sa droite son fiancé. Il s'agissait d'un trentenaire au teint hâlé et arborait une coupe au carré blonde. La chambre dans laquelle ils se trouvaient était de taille modeste, décorée par des meubles en bois blanc ainsi que d'un placard niché derrière des portes noires coulissantes pouvant se glisser dans les murs situé à gauche du capitaine. Devant le lit se trouvait la porte vitrée aussi coulissante menant à l'entrée de la pièce, telle l'ouverture d'un train.

Alors que leur sommeil semblait profond, les deux amants furent soudain tirer de leurs songes par une sonnerie de téléphone de service. Se levant avec difficulté, Topaz prit son appareil situé sur sa table de nuit et décrocha. Le mettant à la frontière de son oreille droite, le capitaine répondit. Il s'agissait du maréchal Ford qui l'appelait de toute urgence à se présenter à une réunion de crise. Acceptant non sans mal cette requête, la jeune femme raccrocha. Comprenant ce que cela signifiait, son fiancé se leva à son tour presque sans aucune difficulté avec une colère contenue.

« Ils ne peuvent pas te laisser tranquille à la fin ? Lança l'homme tout en essuyant ses yeux avec sa main droite.

-Je n’ai pas le choix. Que veux-tu y faire ? C'est l'appel de la nation, Brice. Répondit avec un sourire Topaz tout en prenant ses affaires.

Oui mais je veux dire mince quoi ! T'es en congé. Ils peuvent bien appeler quelqu'un d'autre à la place non ? Poursuivit Brice tout en se levant du lit.

-Et bien malheureusement non. Dans ce genre de situation, le refus est intolérable. » Rétorqua la capitaine tout en se dirigeant vers la salle de bain situé un peu plus loin devant.

Emboîtant le pas, Brice sortit à son tour de la chambre mais sans se changer pour se poser sur une des chaises de la table noire du salon. La pièce était d'un bleu-océan dont les murs étaient ornés de tableaux en tout genre, donnant une certaine animosité en ce lieu. S'étant posé sur une des chaises à proximité de la table, devant Brice se trouvait la porte d'entrée et à sa gauche la cuisine séparée par un muret, ainsi qu'un canapé en cuir menant sur une vaste fenêtre pouvant servir aussi d'écran de télévision. Après ce court interlude, Brice se leva et se mit en tête de préparer un petit-déjeuner rapide pour sa dulcinée. L'entendant sortir de la salle de bain, ce dernier finit les derniers préparatifs, les posa sur un plateau en plastique et les offrit avec frénésie ce qui fera reculer de peur la militaire. C'est-alors que Brice laissa échapper un petit rire.

« Et bien alors ? Je me suis raté à ce point là dans la préparation ? Ironisa l'homme en gardant ses mains sur le plateau.

-De te voir encore habillé avec ce petit caleçon ? Oh que oui ! Rétorqua la jeune femme en faisant clairement signe de jouer le jeu.

Zut alors ! Mon nouveau pantalon est si invisible que ça ? J'aurais dû moins forcer sur cette nouvelle encre chinoise faite pour les espions ! Plaisanta Brice en exhortant sa femme à prendre le plat de victuailles pour mimer les plis de son jean imaginaire.

-Il va falloir que tu fasses un support pour tenir la lampe révélatrice afin d'éviter toute tromperie alors. C'est un ordre ! » Dit Topaz en élevant très légèrement la voix et en fronçant les sourcils.

Presque surpris par cette réaction, Brice esquissa un large sourire puis avoua qu'il trouvait que l'autorité de sa femme lui faisait son charme.

« Et moi ton petit cœur bien intentionné. Fit remarquer la militaire en levant légèrement le plateau.

-Je t'aime Topaz. » Conclut le jeune homme en exécutant un baiser, tout en accompagnant sa femme sur la table du salon.

Terre. White Jungle. À proximité de l'Océan Pacifique.

Pendant que Sonic sommeillait à la cime d'un des nombreux arbres constituant la forêt de White Jungle, Tails finissait de préparer le dispositif pour pouvoir aller infiltrer les anciens bâtiments du docteur Robotnik. L'appareil étant le même qu'utilisé à Tidal Tempest pendant de longs mois durant, malgré la brise hivernale, le renard affublé d'une tenue rembourrée n'eût aucun mal à finaliser le montage. Se situant à une dizaine de mètres de hauteur de l'océan, Tails fit les dernières vérifications de sa tige filetée afin de pouvoir réceptionner le hérisson bleu une fois l'exploration terminée. En jetant un dernier regard vers la falaise, l'animal roux fut prit d'un frisson de terreur. En reprenant son souffle après avoir joint ses deux mains gantés sur sa cage thoracique, Tails se retourna pour appeler son ami. Aussitôt dit, Sonic descendit de son perchoir. Le renard reçut un souffle du vent un peu plus important que d'habitude à ce moment précis. C'est-alors que ce dernier entendit une voix venant de son dos.

« Et bien alors ? Quand est-ce qu'on y va ? Ironisa le hérisson bleu déjà habillé de sa combinaison et tenant le bout du treuil dans sa main gauche en le faisant mouliner comme une fronde.

-Haha, c'est quand tu veux. Il faut d'abord que je t'attache ça. Répondit Tails en se retournant avec un petit rire nerveux, tout en pointant du doigt l'appareil de levage. Tout en attachant les dernières sécurités sur son ami, ce dernier continua de discuter.

« Dis donc, tu es sûr que l'on trouvera des informations sur Robotnik en allant là-bas ?

-Bien-sûr que oui. Grâce à ce pirateur que j'ai fabriqué, tu pourras obtenir toutes les données dont nous avons besoin pour lutter contre Robotnik. Tiens attrape ! » Répondit Tails tout en lançant par-dessus son ami l'appareil en question. L'ayant réceptionné sans difficulté, Sonic commençait à essayer de trouver le moyen de ranger le pirateur.

« Tails. T'aurais pas une poche ou un range-pirateur sur ta combinaison ? Je ne voudrais pas le perdre pendant que je fais trempette.

-Si. Tu as un aimant en forme de tétine vers ta jambe, mets le là.

Tu sais que les tétines ça se met dans la bouche non ? Plaisanta comme à son habitude Sonic tout en plaçant la petite télécommande sur sa cuisse droite.

-Haha, je crois qu'il va me falloir un mode d'emploi pour ce genre d'objet ! Ajouta le renard en mettant sa main sur son ventre, montrant son hilarité. Parfait on est bon ! Sonic, prépare toi ! »

Avec ses dernières paroles, Sonic devint plus solennel et se mit en position pour effectuer le grand saut. Afin d'être en parfaite condition, le hérisson bleu demanda à Tails de faire un compte à rebours à voix haute. S'exécutant sans sourciller, le renard énonça les chiffres assez rapidement de façon à ne pas rendre indécis Sonic et le faire rechigner à sauter. Malgré tout cela, à la fin du décompte, l'animal à piquant ne semblait toujours pas vouloir sauter et ce malgré les innombrables entraînements. Pour y remédier, Tails sortit discrètement un haut-parleur imitant avec une qualité sonore exceptionnelle la voix de Amy. « Oh mon Sonic ! Viens dans mes bras, ça me fait tellement du bien ! »

Après un sursaut de plusieurs centimètres de haut, Sonic ne prit même pas la peine de se retourner et bondit dans l'eau tempérée et agitée de l'océan. Étant en communication avec Tails, le hérisson l'appela aussitôt.

« Comment Amy a réussi à nous retrouver ? Tu lui a dit où on allait ? Se renseigna avec une voix chevrotante Sonic.

-Non, pas du tout ! Pour ta gouverne, elle et Cream sont allées couper du bois pour la cheminée.

Tu veux dire que... ?

-Knuckles y allait avec la force brute, mais moi non. Avoua Tails tout en se retenant de rigoler au point de s'allonger sur l'herbe givrée de la falaise, ses mains se tenant l'estomac.

Sonic lâcha échapper un petit rire. Bien joué Tails ! Mais crois moi, je ne me ferais pas avoir deux fois !

-Bon ma foi c'est pas tout, mais nous avons du travail. Poursuivit le renard en se remettant debout tout en scrutant l'écran envoyant les images de la caméra intégrée à la combinaison de Sonic.

Oui tu as raison. C'est parti ! Je suis pressé de voir ce qu'on va trouver là-bas ! » Termina le hérisson bleu avant d'allumer les lumières de sa tenue de plongée. Tout en vérifiant que le pirateur soit bien mit en place, Sonic commença à effectuer sa nage.

Les enregistrements envoyés par le hérisson bleu ravissait Tails. Les barrières de corail ainsi que les anémones et les varechs constituaient un paysage aquatique d'une rare beauté. Même si le rapport n'y était pas, cela rappelait aux deux amis les ruines abandonnées de Tidal Tempest. En effet, ils remarquèrent que l'environnement océanique pouvait changer la face d'un paysage et d'un habitat. Des habitations terrestres comme Tidal Tempest qui était un enchaînement de bâtisses pouvait devenir un lieu aux allures préhistoriques et précieux tandis que des plantes de couleurs diverses et variées pouvait offrir un ballet flottant voir hypnotisant. Après une heure passée à virevolter parmi les poissons et les rochers, Sonic vit enfin un habitat des plus atypiques. Tails le constata lui aussi en regardant avec attention son écran. Le hérisson venait de trouver la base abandonnée.

En poursuivant irrésistiblement sa percée des eaux, l'animal à piquants entendit une alarme retentir alors qu'il se trouvait à une trentaine de mètres de l'amas de métal. Ainsi, après cette sonnerie, déboula de tous les côtés des nuées entières de robots amphibiens. Sa mobilité étant grandement réduite par la densité de l'eau et la tenue de plongée, Sonic commença à sentir un vent de panique se glisser sous le latex de la combinaison. Cependant, ce dernier fût sauvé par son ami qui lui demanda d'allumer le pirateur et de le régler sur la fréquence 141.12. Dès lors, les engins faits d'acier et de câbles électriques s'arrêtèrent net et retournèrent à leur point de déploiement. Fortement étonné par cette réaction en chaîne, le hérisson remercia Tails pour la création de cet objet qu'il jugea comme le messie avec une petit embrassade sur le casque en pointant la télécommande devant lui.

Par ailleurs, Sonic vit un détail plutôt fâcheux. En effet, parmi les quelques tirs de sommation qu'il avait pu éviter, le hérisson constata que son harnais avait été touché et n'avait donc plus de point de repère pour revenir sur la terre ferme. Logiquement, le hérisson fit volte-face légèrement pour prendre une petite longueur de câble coupé pour pouvoir le bloquer sous un rocher et ainsi, ne pas avoir à le perdre définitivement. Enfin, Sonic put reprendre là où il était rendu à la base. Les images retranscrivaient une carcasse de métal dessinée par un petit donjon entouré d'un anneau couverte par de la verdure, signe de la nature qui reprend ses droits. Par la suite, tout en continuant de brasser, le hérisson se trouvant qu'à quelques centimètres de la base, ce dernier semblait bloqué et ne trouvait pas le moyen de pouvoir entrer. En effet, le moindre perçage pouvait inonder les lieux et donc compromettre toute la mission et s'il enlevait la tenue pour prendre une des entrées de vitesse, le manque d'oxygène lui ferait défaut. De nouveau, Tails entra en scène et ordonna à Sonic de changer la fréquence et de la passer sur 199.66. En un claquement de doigts, un rond se dessina autour du hérisson et s'ensuivit un halo de lumière blanc.

Une fois la lueur volatilisée, l'animal bleu put remarquer qu'il se trouvait dans un hangar décoré de robots démantelés. En effet, cet endroit était plongé dans l'obscurité la plus totale, preuve de l'inaction des machines d'éclairage. Cependant, Sonic fut interrompu par une voix féminine lui souhaitant la bienvenue mais sous l'appelation de l'unité GSA-E. En fronçant les sourcils et en ôtant son casque pour le garder sous le bras gauche tout en mettant la radio en haut-parleur, Sonic questionna le renard.

« Tails, j'ai réussi à m'infiltrer dans la base de Robotnik. C'était pas de la tarte mais ça a fonctionné grâce à ton pirateur. Tu es incroyable !

-Ah merci. Je n'ai fait que mon travail. Se congratula avec modestie le renard en mettant sa main derrière la tête en guise de timidité.

Mais il y a quelque chose qui me dérange. Comment ça se fait que j'ai été reconnu comme étant la machine que nous a envoyé Robotnik il y a quelques mois maintenant ?

-Tu veux dire l'unité GSA-E ? J'ai récupéré des morceaux de son noyau que vous aviez détruit avec Shadow. Ça n'a pas été facile mais j'ai réussi à fabriquer le pirateur grâce à lui.

C'est quand même drôle tout ça. Le robot qui a été fait pour nous éliminer aura été celui qui nous aura été d'une grande aide en fait. Annonça Sonic tout en quittant la salle dont la porte peinait à s'ouvrir, accompagné de la voix saccadée de IASR.

-Haha ça tu peux le dire. Maintenant, il va falloir que tu trouves l'unité centrale qui doit se trouver tout en haut. Connaissant Robotnik, il a dû très certainement la placer au sommet de la tour.

Je m'en occupe de ce pas. J'ai hâte de voir ce que nous cache depuis tout ce temps le docteur Robotnik. Quelque chose me dit que ça va me hérisser les piquants ! » Finalisa Sonic en courant à vive allure dans les couloirs froids et lugubres de la base, chaque craquement externe ponctuant l'aura fantomatique de cet endroit.